Synthia 3

Ecrit par Aura

*Synthia

Je suis restée dans la chambre pendant quelques temps. Je me suis changée, troquant ma robe en lambeaux contre un jean et un Tee-shirt. Pendant tout ce temps, je n’ai cessé de contacter Marc-Levy. Malheureusement, son numéro était toujours injoignable. Je suis finalement descendue au salon, où j’ai pu constater que la plupart des invités étaient toujours là malgré que la nuit soit tombée. Arielle était assise sur le canapé, les yeux complètement enflés, les cheveux en bataille, la robe en mauvais état. Elle était silencieuse, le regard posé sur je ne sais quel objet, perdue dans ses pensées. On sentait qu’elle avait beaucoup pleuré et qu’elle n’était pas dans son état normal. Sa mère, assise à côté d’elle, ne cessait de la réconforter. A ma vue, j’ai senti à quel point tous les regards étaient posés sur moi. Je n’avais pas à être psychologue pour deviner qu’on me tenait responsable de la situation. Personne n’a osé m’adresser la parole. Ils étaient tous plongés dans un silence qui ne disait pas son nom. 

- Est-ce que tu as pu le joindre ? m’a lancé Arielle, toujours dans la même position. 

- Non, lui ai-je répondu. 

- D’accord. 

- Ne m’en veux pas Arielle, je ne savais pas que…

- Laisse tomber. Je veux juste mon fils et rien d’autre. 

- Ok. Mais tu parles comme si tu étais la mère biologique de ce gamin. Tu n’as fait que l’adopter alors cesse de le prendre à cœur. 

- Est-ce que tu es folle ou tu le fais exprès ? s’est offusquée Arielle.

- Quoi la vérité est trop dure à accepter ? Ce n’est pas ton fils biologique, donc arrêtes d’exagérer. 

- Grrr je vais te tuer si tu continues !!! 

Elle était sur le point de se jeter sur moi lorsque sa mère la stoppa dans son élan puis se tournant vers moi, elle me lança :

- Synthia ma fille, je sais que tu es comme une sœur pour Arielle, mais je crois que cette fois-ci, tu ne reflètes pas ce rôle. Tu devrais te sentir coupable de la disparition de cet enfant et surtout avoir honte de te tenir encore debout ici sans une seule once de tristesse et de culpabilité. En tant que marraine de David, je crois que tu serais appelée à te plier en quatre pour le retrouver. Si seulement ta conscience ne joue plus son rôle, laisse au moins tes sens te dicter ta conduite. Arielle n’a certes pas porté David dans son ventre, mais elle joue son rôle de mère avec perfection. Il n’est pas dit que la mère adoptive n’a pas d’importance. Dans ce cas, tu vois bien que ta sœur est d’un grand apport pour ce garçon. Si elle n’avait pas été là, nous savons tous ce qui lui serait arrivé. Alors je te prie de revenir à un peu plus de conscience et régler ce bazar que tu as orchestré. Et si seulement tu montes sur tes grands chevaux, t’inquiètes, je t’apprendrai à grimper sur le dos d’une fourmi. N’en arrivons pas là, d’accord. 

- C’est d’accord maman. 

- Bien. Recontactes ce gars jusqu’à ce que tu le joignes. Tu ne seras de retour ici que lorsque tu auras récupéré cet enfant et ce peu importe le temps que cela te prendra. 

- Ok. 

- Maintenant, vas-y et que ça saute. 

- Et si je ne fais pas ce que vous dites, qu’est-ce que vous me ferez ? 

Elle m’a largement souri avant de dire :

- Je vais t’enterrer vivante moi-même et crois-moi ce n’est pas une métaphore. 

Dès qu’elle s’est exprimée de la sorte, j’ai ressenti un froid terrible dans le dos et je me suis imaginée la scène. Je n’ai plus eu d’autre choix que d’obéir. Voir ce sourire machiavélique se dessiner sur ce beau visage m’a complètement bouleversée. Les minutes qui ont suivies, je suis sortie de chez moi emportant avec moi mon téléphone, mes cartes bancaires et un pull pour me protéger du froid. J’ai pris la direction de Sublime pour obtenir l’adresse de Marc-Levy, sans autant cesser de l’appeler via son numéro de téléphone.  

En me rendant à l’entreprise, j’ai rencontré le directeur de l’entreprise, Mr Cédrick. Etant totalement désespérée, je lui ai fait part de ce que je traversais et surtout le besoin urgent de rencontrer ML pour récupérer David. Il était pratiquement 19 heures et je commençais à redouter le pire. Avec beaucoup d’hésitations, Mr Cédrick a fini par me dégoter les coordonnées de ML. Mr Cédrick s’est proposé de m’y accompagner mais j’ai refusé pour ne pas le mettre dans des difficultés. Je ne sais pas d’abord si David se trouve réellement avec ML, ensuite je ne sais pas comment il prendra le fait de débarquer aussi tard chez lui de surcroit avec son supérieur à mes côtés. 

J’ai hélé un taxi en direction de son chez lui. En chemin, j’ai fini par le joindre :

- Allo Marc, euh

- Salut Synthia ! Alors quoi de neuf ? 

- Bof pas grand-chose. J’aimerai juste savoir si tu as David avec toi ? 

- Oui, il est avec moi. Il s’est même endormi. 

- Oh merci Seigneur. 

- Quoi, qu’est-ce qui se passe ? 

- David avait disparu et tout le monde a pensé à du kidnapping. 

- Vous êtes sérieux là ? 

- Oui, il faut voir Arielle pour prendre conscience de la situation. 

- Mon Dieu, pourquoi est-ce qu’on me prend toujours pour le diable ? 

- J’en sais rien. 

- Merde Synthia. J’ai demandé à Arielle d’emmener le petit faire un tour et elle était d’accord pourtant. Et c’est ce que j’ai fait, je l’ai emmené faire un tour dans les environs. Malheureusement, ce cher petit gars m’a vomi dessus au point de salir mes vêtements et mon téléphone en même temps. Le téléphone s’est mouillé et j’étais obligé de rentrer chez moi pour aller me changer avant de rentrer vous le déposer. Navré qu’on est cru à n’importe quoi de ma part. 

- Je suis désolée. Je lui ai dit qu’elle se trompait sûrement car tu n’aurais jamais eu ce genre d’intentions à son égard vue tout l’amour que tu éprouves pour elle. 

- Merci de défendre ma cause. Bien, je ne sais pas si je peux arriver tout à l’heure puisque le petit dort. 

- Pas grave, indiques-moi ton adresse pour que je vienne le chercher. 

- Ok, je te fais un texto.

 

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(En larmes 3 jours plus tard)

Je n’aurai pas dû croire tout ce que ce Marc-Levy disait. Je n’aurai pas dû m’en tenir à ses fausses promesses, je n’aurai pas dû croire que c’était quelqu’un de bien. Je n’aurai pas dû lui accorder ma confiance et m’en tenir à ce visage d’agneau. Aujourd’hui je suis bafouée, déshonorée, blessée autant physiquement que moralement. Qu’est ce qui m’est arrivé pour ne pas voir tous ces signaux d’alarme. J’ai gâché notre amitié, perdu ma sœur de cœur pour mes conneries. Comment vais-je l’expliquer ? Ils avaient tous raison : Marc-Levy n’est qu’un monstre et de la pire espèce. Arielle avait tout à fait raison sur son compte, mais je n’ai rien vu venir.  Je m’en suis tenue aux apparences et j’ai récolté qu’un tissu de malheurs. 

Je me suis rendue au logement de Marc-Levy ce soir-là. Je me souvins qu’il était habillé en chemise et en pantalon avec des sandales aux pieds. David était bel et bien couché sur le canapé. Contrairement aux autres jours, il ne souriait plus. Il était en colère et j’avais mis tout ceci sur le compte des fausses accusations. En le voyant dans cet état, j’ai pris peur, mais j’ai fini par prendre courage pour chercher à le prendre aux bons sentiments et récupérer David. Il m’a balancé :

- Tu as osé pénétrer dans la tanière du loup !!! Saches qu’en y ressort que complètement détruit. 

Je n’ai pas compris ce qu’il m’avait dit et je l’ai pris pour de l’amusement. En m’approchant de plus bel pour prendre David dans mes bras, j’ai constaté que ses vêtements étaient tachetés de sang et il agonisait. Au moment où je me suis rendue compte de l’ampleur de la situation, j’ai senti sa main me saisir et me propulser contre le mur. Peu de temps après, recouvrant mes esprits, je me suis retrouvée sur un grand lit en baldaquin, déshabillée et attachée de part et d’autre avec des menottes. Je l’ai aperçu rentrer dans la chambre, nu comme un vers. Il s’est approché de moi qui ne cessait de le supplier de ne pas faire cela. Trop tard, il s’était introduit en moi de manière la plus violente qui soit. Il ne cessait de me frapper, m’insulter et s’enfoncer au plus profond de moi éveillant toute la douleur que mon corps pouvait éprouver. J’ai pleuré, crié, supplié, mais personne n’est venu à mon secours. 

Il a recommencé son manège un nombre incalculable de fois. Il me battait, me brulait, m’insultait jusqu’à ce qu’il en a eu marre. J’ai perdu mes cheveux, j’ai des côtes cassées et mon appareil génital quasi-inexistant puisqu’il a enfoncé une bouteille cassée à l’intérieur et ce à dix reprises. Il m’a sodomisé, drogué, la liste est trop longue.  Je me sentais morte.

Je ne sais combien de jours ce sont écoulés avant qu’il ne me détache, me donne une grande robe pour me vêtir et le cadavre de David. Si ça ne tenait qu’à moi, je pouvais mourir pendant qu’il m’infligeait ces tortures mais je me devais d’être forte pour le ramener avec moi et le sauver de son emprise. Malheureusement, il était trop tard. J’ai pris mon filleul dans mes bras et j’ai rampé jusqu’à la sortie. Au salon, j’ai découvert un autre cadavre et j’ai découvert qu’il s’agissait de Mr Cédrick. Pauvre de lui !!!


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Je ne suis arrivée à l’entrée de la maison sans l’aide de personne. Malgré le cadavre de David et mon corps endolori, j’ai tenu bon à l’emmener à bon port. Maintenant, sa mère peut le récupérer et moi, oui moi, eh ben je peux me reposer juste un peu. Oui juste un peu et on pourra se disputer Arielle. Je pourrai te dire que je suis désolée et que tu avais raison. Oui c’était, c’est un monstre. Oui un père monstrueux qui a tué son propre enf….. 

(Elle rend l’âme au seuil de la porte de chez elle aux aurores, sans qui que ce soit à ses côtés, juste elle et un petit garçon qu’elle tient bien serré contre elle)


Cœur en chantier