Test de personnalité
Ecrit par lpbk
Ce baiser n’a rien de tendre.
Il prend. Il se venge. Il réclame après
toutes ses années. Il se remémore ce qui a été. Il regrette ce qui aurait pu
être aujourd’hui.
Je ne contrôle plus rien. Mes mains
s’aventurent sur le corps d’André, se nouent autour de ses épaules avant de
s’agripper à sa tête que je tire doucement.
Un gémissement s’échappe de mes lèvres,
lui permettant d’introduire sa langue dans ma bouche, de la fouiller, de la
redécouvrir.
Mon corps se presse contre le sien,
heureux de le retrouver, comme si nous nous étions quittés la veille.
Je savoure ce bouche-à-bouche que
j’attendais depuis si longtemps. J’y participe activement.
André n’est pas en reste. Ses doigts se risquent
partout sur mon corps, laissant des trainées brûlantes sur leur passage. Je
suis en feu, mais aussi tellement mouillée, excitée. Mon corps hésite entre se
liquéfier ou s’embraser.
Je tire sur sa chemise, et laisse courir
mes paumes sur son torse puissant. J’ai envie de suivre la ligne de poils qui
descend plus bas mais n’ose pas.
Drelin-drelin.
Je gémis lorsqu’André prend l’un de mes
seins en coupe et commence à le titiller.
Drelin-drelin.
Je
soupire lorsque sa bouche s’aventure sur ma joue, mordille le lobe de mon
oreille gauche avant de descendre dans mon cou.
Drelin-drelin. Drelin-drelin.
Mes yeux que je ne me souviens pas avoir
fermés s’ouvrent de stupeur. Que faisons-nous ?
Drelin-drelin. Drelin-drelin.
— Mélanie ! Tu es là ? m’interpelle une voix à
travers la porte.
Je repousse André, qui ne semble pas
comprendre ce qui lui arrive.
Nos respirations sont courtes, erratiques.
Nous nous regardons aussi éberlués l’un que l’autre. Je porte une main à mes
lèvres que je sens gonflées et quelque peu meurtries. J’observe mon invité.
André est aussi débraillé que je pense l’être. Sa chemise sort en grande partie
de son pantalon et plusieurs boutons ont sauté sous l’assaut de mes mains.
— Que… commence-t-il.
Je pose un doigt sur ses lèvres alors que
la sonnette résonne à nouveau dans mon appartement suivi de coups répétés sur
le battant.
— Mélanie ! C’est Hailey. Je sais que je suis en
avance mais nous étions prêtes alors autant commencer les festivités tout de
suite.
Merde, de crotte, de merde !
Réfléchis Mélanie ! Réfléchis !
Je me passe une main dans les cheveux qui
doivent être dans un été pitoyable mais je m’en inquièterais plus tard. Je pose
une main sur mon front comme si ce simple geste pouvait m’aider à trouver une
solution pour faire déguerpir la jeune femme de mon pallier. Je ne veux surtout
pas qu’elle croise André. Elle pourrait penser… des choses qui ne sont pas. Ou
peut-être un peu.
Je prends une grande inspiration et crie à
travers la porte :
— Hailey ! Je ne t’attendais pas… Je… j’arrive dans
quelques minutes. Je… euh… je termine de répondre à quelques mails avant de
partir pour le week-end.
Je sens ma voix qui manque d’assurance
mais espère qu’Hailey ne s’en apercevra pas.
— OK ! Nous t’attendons en bas. Ne traine pas.
— Je me dépêche, lançai-je encore.
Premier problème résolu. Il me reste le
second, qui me fixe avec un regard où le désir ne s’est pas éteint malgré
l’interruption inopinée ou opinée.
— Je dois y aller, commençai-je, sans laisser à André le
temps de dire quoi que ce soit. Il faut que tu partes.
— Il faut que je parte ? répète-t-il, narquois. Tu
es sérieuse, là ? Je pense plutôt que nous devrions avoir une conversation
après ce qu’il vient de se passer, continue-t-il en me montrant d’un geste de
la main.
— Une autre fois, si tu veux mais là, tu as entendu
Hailey. Les filles m’attendent pour l’enterrement de jeune fille de ta sœur et
je suis conviée donc…
— Je vois, répond-il, à moitié convaincu par mes
arguments. Mais nous n’en resterons pas là.
— Si tu veux ! acquiesçai-je, pressée de le voir
déguerpir pour avoir le temps de reprendre mes esprits avant d’affronter les
filles. Maintenant, si tu veux bien… dis-je en ouvrant grand la porte.
— Très bien. Je m’en vais, cède-t-il enfin, à mon grand
soulagement, tout en avançant. Mais je passerais te chercher lundi midi. Nous
irons manger ensemble et nous discuterons de tout cela, ajoute-t-il en passant
devant moi. comme je te l’ai dit tout à l’heure, ça n’est pas fini entre
nous !
Sur ces paroles, il se penche une dernière
fois et pose délicatement ses lèvres sur les miennes. J’ai à peine le temps de
réaliser qu’il vient de m’embrasser une seconde fois en quelques instants qu’il
est déjà parti.
Je referme doucement la porte derrière lui
et m’y adosse le temps de reprendre mes esprits.
Je suis encore émoustillée. Tellement
mouillée.
Je dois l’admettre : si Hailey ne
nous avait pas interrompus, j’aurais été incapable de résister à André et ce
baiser n’aurait qu’été le prélude à une relation plus poussée, dirons-nous.
Dans le fond, mon ex-amant a bien raison ; nous devons parler et ce,
d’urgence.
Ce baiser a été une surprise totale mais
nos corps se sont retrouvés et reconnus. Finalement, n’étions-nous pas que deux
gamins qui n’ont pas su se parler et s’écouter ? Aurions-nous une seconde
chance de renouer et de voir ce que l’avenir nous réserve ? Nouerions-nous
une liaison passionnelle ou une relation de longue durée ?
Ses questions me trottent et ne
m’apportent aucune réponse. Il faut que nous mettions carte sur table une bonne
fois pour pour toute.
Brrrrr !
Le vibreur de mon smartphone me rappelle à
l’instant présent.
Olivia, 18h32 :
Nous t’attendons toujours. André n’a pas été efficace ?
Merde ! Elles l’ont vu. Evidemment…
Suis-je bête ? Hailey a bien dit qu’elles m’attendaient devant
l’immeuble ; lorsqu’il est sorti, elles ne pouvaient pas le manquer.
Mélanie, 18h34 :
Je descends.
Première étape de cette soirée :
séance beauté et cocooning.
Hailey et Tessa ont décrété qu’Olivia
avait besoin d’être chouchoutée avant de dire le grand « Oui ».
Notre chauffeur nous emmène à Bali.
Lorsque nous arrivons au SpaNail, nous sommes accueillies comme des princesses.
Du champagne nous attend dans un seau rempli de glaçons, à côté duquel est posé
une assiette garnie de divers macarons et autres douceurs.
Dans le salon il règne une ambiance
asiatique : du bambou au mur, des plantes vertes sur des étagères, des
couleurs pastels relaxantes mais aussi une musique douce et un esprit zen tout
à fait apaisants. Ces éléments nous aident à nous sentir détendues à peine le
seuil passé.
— Bienvenue mesdemoiselles, nous accueille une jeune
femme. Je suis Lucie, laissez-moi vous présenter, continue-t-elle en désignant
tour à tour chaque esthéticienne qui attendent en ligne de s’occuper de nous,
Aya, Rim, Tania et Oumi. Nous nous occuperons de vous selon vos souhaits durant
cet après-midi.
Et effectivement, elles s’occupent de
nous.
Nous avons le droit à une manucure qui
comprend un gommage des mains avant un soin et un massage. Ce premier aperçu de
détente se termine par une pose de vernis selon les goûts de chaucune.
Vient ensuite le tour des pieds, qui
subissent à peu près le même sort que nos menottes. Nous en profitons pour
déguster des mets mis à notre disposition.
— Pour mettre un peu d’ambiance, lance Claire, je nous
ai trouvé quelques tests psycho.
— Bonne idée Claire, approuve Tessa.
— J’ai aussi préparé des papiers, ainsi chacune notre
tour nous tirerons le thème de l’un de ses quizz et nous devrons répondre en
toute honnêteté aux questions.
Olivia approuve totalement cette idée et
bat des mains telle une petite fille.
— Olivia, tu commences, décrétons-nous.
— Est-il l’homme de ma vie ? lut-elle après avoir
pris un petit papier dans un sac de toile que lui tend sa future belle-sœur.
— Très bien. Première question : quand vous pensez
à ses centres d’intérêts et aux vôtres, vous réalisez : petit a, qu’ils
sont nombreux ; petit b, qu’ils sont exactement les mêmes ou petit c,
qu’ils sont très éloignés.
— Je dirais qu’ils sont nombreux, déclare la future
mariée après un instant de réflexion.
Les questions s’enchainent nous faisant
glousser pour certaines d’entre elles.
— Dernière question, déclare Claire. Concernant vos
désirs sensuels, lit-elle en rougissant nous donnant par la même occasion une
autre raison de rire. La plupart du temps : petit a, vous avez envie aux
mêmes moments ; petit b, quand l’un a envie, l’autre pas ou petit c, vous
vous ajustez à l’envie de l’autre.
— Nous avons tout le temps envie, plaisante Olivia.
Nous rions franchement, comme des gamines.
Claire se concentre pour calculer les points d’Olivia selon les réponses.
— Alors, s’enquit l’intéressée, est-il l’homme de ma
vie ?
— Résultats… annonce Claire en miment un batteur. C’est
ta deuxième moitié. Pour toi, c’est l’homme parfait. Il est comme toi et
partage les mêmes centres d’intérêt que toi. Mais, car il y a toujours un
« mais » quelque part, une personne qui aime tout ce que tu fais, te
bombardes de compliments, etc. tu vas vois ça finit par être… lassant !
conclut la jeune femme. *
— Je ne me lasserais jamais de mon Pierre, argue Olivia.
Il est absolument par-fait ! N’est-ce pas ?
Nous approuvons toutes, car oui Pierre est
l’homme parfait pour Olivia. Ils sont faits l’un pour l’autre, c’est évident.
Chacune leur tour, les filles tirent un
papier dans le sac et sa voisine lit le test auquel elle doit répondre.
Nous nous amusons follement et même nos
esthéticiennes semblent y prendre plaisir.
— A ton tour Mélanie, annonce la future mariée. Il ne
reste qu’un papier.
Je me saisis du petit bout de feuille et
te déplie pour y lire :
— Ets-il un ami ou plus ?
— Ohhhh ! s’enthousiasment les filles.
— Le sujet parfait pour toi, ma chérie. André est-il
simplement un ami ou…
— André est un ami, point final.
— Vraiment ? s’enquit Olivia. Eh bien, ce test nous
le dira dans ce cas.
— Alors, tu les poses tes questions ou tu attends que
nous ressemblions à de vieilles filles aux vagins flétris ? l’admoneste
Hailey, en riant, ce qui me rappelle les propos tenus par Coralie quelques mois
plus tôt. Elles sont vraiment faites pour s’entendre ces deux-là.
— Oh c’est bon, espèce de rabat-joie, a rabroue Tessa,
joviale.
— Allons-y. Tu te confies sur le nouveau voisin de
palier qui ne te laisse pas indifférente. Sa réaction : il rigole, se
montre curieux et intéressé ; il te demande si cette attirance est
réciproque ou il te dit de faire attention, il ne le sent pas.
— Dernière réponse ! s’esclaffe Tessa. Il est
tellement possessif.
— Tu n’as pas tort, commente, à son tour, Hailey.
— Je valide, acte la reine du jour.
Je n’ai pas eu mon mot à dire et j’avoue
que cela me soulage. Je n’aurais pas su quoi choisir. A une époque, j’aurais
répondu comme les filles et certains éléments récents me font penser que la
réponse reste appropriée actuellement ; cependant, il a eu l’air
enthousiaste lorsque je lui ai parlé de ma prétendue relation avec Ethan.
— Tu lui parles de la soirée fille à laquelle tu vas
participer la semaine prochaine. Il trouve cette idée sympa et te demande ce
que tu vas faire ; il te suggère de partir plusieurs jours avec tes amies
ou i pense que cette idée tombe à pic car il avait des rendez-vous de son côté.
Connaissant André, continue Olivia sans me laisser le temps de répondre, il
ferait semblant de trouver l’idée cool mais va t’interroger pour savoir ce que
tu fais, avec qui et où.
— Pire qu’un interrogatoire de la Gestapo, acquiescent
ses meilleures amies.
— Vous sortez du café. Il passe devant toi et te tient
la porte ; il tient la porte et te laisse passer en premier ou il sort
quelques mètres devant toi sans tenir la porte.
Je ne réagis pas immédiatement. Les précédentes
questions n’ayant pas eu besoin de moi pour trouver la réponse, je ne percute
pas lorsque ma cliente s’adresse à moi.
Mélanie ? me rappelle-t-elle.
— Oui, je réfléchissais, fis-je mine de me justifier. Je
dirais qu’André est très gentleman et qu’il me tiendrait la porte pour me
laisser le précéder.
Plusieurs questions succèdent à ces trois
premières et cette fois, les filles tiennent compte de mon avis. Ainsi elles
apprennent que si nous étions à une soirée, je pense qu’André me ferait danser ;
que la phrase qu’il pourrait me dire souvent serait « Quand me refais-tu
ton célèbre tiramisu ? » en riant même si je pense plutôt qu’il me
demanderait de lui cuisiner un poulet rôti. Il ne m’a ensuite jamais parlé de
ses ex même si j’en ai connues certaines soit pour les avoir rencontrées, soit
parce que ma mère m’en a parlées. Si nous prenions un verre avec mes amies, il
serait du genre à s’intéresser vraiment à elle et à me dire ensuite tout le
bien qu’il en pense, ce que les filles reconnaissent volontiers.
— Quel compliment t’adresserait-il facilement ? Tu
es magnifique, tu es vraiment quelqu’un sur qui je peux compter ou tu es
vraiment rigolote.
— Aucun des trois ne me semble approprier, dis-je,
ironique.
— Faux ! s’alarme Hailey. Il dirait sans doute que
tu es magnifique, qu’il peut compter sur toi et que tu es rigolote. Il aurait
du mal à choisir même si le premier compliment serait parfait.
— Va pour la première réponse, valide Olivia. Avant-dernière
question, maintenant. Pour un diner en tête-à-tête au restaurant, il commande
du champagne en apéritif et t’invite, il te dit spontanément combien il adore
ces petits moments rien qu’à deux ou il commande plus chez que toi et propose
de partager l’addition à moitié. Déjà, je raye cette dernière option. André ne
ferait jamais cela.
Et je ne peux qu’être d’accord avec elle. Pour
preuve, il paie l’intégralité du mariage et n’a eu aucune contestation depuis
le début, malgré les factures aux montants astronomiques que je lui ai
adressées.
— Avec toi, commente Claire, qui jusqu’ici n’a participé
que de loin à ce test, je dirais qu’il adore ces petits moment à deux.
Je suis étonnée par l’honnêteté dont fait
preuve Claire, moi qui pensais qu’elle en avait après lui malgré son mari.
— Totalement d’accord, concèdent les filles.
Je souris à la jeune femme et ne conteste
pas cette réponse.
— Pour terminer, quand vous êtes ensemble, il passe son
temps à te toucher et à t’enlacer, il te fait pas mal de chatouilles pour un
rien ou il reste assez distant au niveau du physique.
Je me sens rougir comme un coquelicot face
à cette question.
— Je pense que la réponse semble évidente, commente
Tessa.
Je valide la première.
— Parfait, conclut Olivia.
Elle prend le temps de faire le compte des
points en fonction de mes réponses et surtout de celles des filles, avant d’annoncer
le verdict que j’attends avec fébrilité, je dois l’admettre. Ce n’est peut-être
qu’un test bidon dans un magazine qui l’est tout autant mais bon… Je ne peux m’empêcher
de me demander…
— Votre relation est ambiguë, lit Olivia. Si le dialogue
es une entente intellectuelle certaine font partie des dimensions de votre
couple, il n’empêche pas un autre mode de relation. Si vous n’êtes aujourd’hui
qu’amis, il est temps de vous poser les bonnes questions. Avez-vous envisagé l’éventualité
d’aller plus loin ensemble ?