Dès qu'il vit le gardien au portail, Karl comprit que le pire était arrivé. Il éteignit la voiture et s'accouda au volant en baissant la tête.

-Tout est de ma faute, se dit-il.

Son désir de vengeance venait de conduire son frère au suicide.

-Comment vais-je pouvoir vivre avec cela ? Comment pourrais-je regarder à nouveau Donan en face ? se demandait 'il la mort dans l'âme.

Le mieux pour lui serait de disparaître pour ne pas faire plus de mal à Donan. Il était la dernière personne qu'elle voudrait voir en ce moment. Il était le responsable de son malheur. Il releva la tête et s'apprêta à démarrer la voiture pour s'en aller. Mais sa conscience l'en empêcha. Partir serait lâche ; lui criait t'elle. Il était hors de question qu'il fasse preuve de lâcheté en plus de sa cruauté. Oui, il avait été inflexible face aux supplications de Donan ; il lui avait même fait du chantage..... C'était le moment d'assumer les conséquences de ses actes.

Il sortit de la voiture et se dirigea vers la maison. Le gardien l'informa que Donan avait dû être endormie par le médecin. Il décida de repasser le lendemain. Il roula machinalement jusqu'à sa résidence et s'enferma dans son bureau avec pour seule compagnie, sa bouteille de whisky. 

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QUELQUES JOURS PLUS TARD

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Dans le cortège funèbre qui accompagnait son époux à sa dernière demeure, Donan était certes triste, mais toujours en colère. Comment pouvait-on autant aimer un être de son vivant et lui en vouloir autant à sa mort ? Et pourtant tels étaient ses sentiments envers son défunt mari. Peut-être que si elle avait lu sa lettre, elle aurait pu comprendre son acte ; se dit 'elle. Mais elle se refusait de le faire. Quelque soit ses raisons, il aurait dû lui en parler et non commettre l'irréparable. Elle n'avait plus que faire maintenant de ses raisons. Cela ne le ramènerait pas à la vie, cela ne comblerait pas le vide qu'il avait laissé en elle, ni n'effacerait la tristesse de ses enfants. Elle se devait d'être forte pour elles, ses bébés n'avaient plus qu'elle désormais. Instinctivement, elle les serra plus près d'elle.

Quand le cortège s'arrêta et que le chauffeur vint leur ouvrir la portière, elle sortit comme une automate de la voiture, prit les petites mains de ses filles qu'elle serra fort, appuyé d'un regard plein d'amour pour chacune d'elle, pour leur donner du courage. Sa sœur Dinan qui était devenue son ombre depuis ce jour fatidique lui murmura à l'oreille :

-Sois forte ma belle......

Elle acquiesça de la tête et commença à avancer derrière la dépouille de son mari qu'on amenait à sa dernière demeure.

Et quand vint le moment de l'ultime adieu où la dépouille de son cher mari commença à descendre dans son sépulcre, où il reposera pour toujours, la colère qui fut son rempart depuis ce jour fatidique disparut par enchantement laissant place à un profond désespoir. Elle eut tout à coup froid et commença à trembler et à sangloter. Elle serra fort ses filles contre elle ; elles étaient désormais tout ce qui lui restait de cet homme qu'elle avait sincèrement et désespérément aimé de tout son cœur. Sa sœur qui était juste derrière elle l'enlaça et la serra contre elle........

Sur le chemin du retour, alors qu'elle s'apprêtait à entrer dans la voiture pour quitter le cimetière, elle remarqua Karl qui se tenait non loin ; elle s'arrêta le temps d'un bref regard et s'engouffra dans la voiture. Elle savait qu'il avait essayé plusieurs fois de la voir durant ces derniers jours. Mais elle n'avait plus rien à lui dire. Il voulait les détruire et il y était parvenu ; il pouvait désormais disparaître à jamais de leur vie. Quant à elle, elle ne voulait plus jamais le revoir, ni lui adresser la parole.

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UN MOIS PLUS TARD

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Occupée à rédiger certains courriers professionnels, Donan n'avait pas vu le temps passer. Certes elle n'avait pas encore repris officiellement le travail ; mais elle gérait quand même tout depuis la maison. Elle avait trouvé dans le travail, un exutoire pour oublier sa douleur. Elle s'y donnait à fond et sa secrétaire faisait la navette chaque jour entre le bureau et son domicile pour les différentes signatures. Leur principal associé sur le projet du complexe hôtelier, ayant finalement renoncé à se retirer, elle n'avait plus à s'inquiéter pour la faillite. Elle était certaine que c'était Karl qui avait dû finalement renoncer. Mais pour elle, le pire était déjà arrivé : elle aurait préféré la faillite au décès de son époux. Quand elle s'était résolue à lire finalement la lettre que ce dernier lui avait laissé, elle avait compris son sacrifice pour sa famille, mais ne pouvait s'empêcher de continuer à lui en vouloir et encore plus à Karl qui l'avait sans le vouloir ou non, conduit à ce choix. Cet homme avait par son désir de vengeance détruit sa famille et elle ne lui adresserait plus jamais la parole. Elle rejetait systématiquement ses nombreux appels et avait formellement interdit au gardien de le laisser entrer dans la maison.....

Le bruit de la porte du salon attira soudain son attention. Le gardien n'entrait jamais sans frapper au préalable. Elle se leva pour aller voir qui c'était, mais dès qu'elle ouvrit la porte du bureau pour sortir, elle se retrouva nez à nez avec Karl.

-Bonjour Donan, murmura t'il.

Il avait apparemment su déjouer la surveillance du gardien pensa Donan. Peu désireuse de savoir comment et fidèle à sa promesse de ne plus jamais lui adresser la parole, elle se retourna simplement et alla s'asseoir. Elle prit son portatif et se concentra là-dessus ignorant sa présence.

Déconcerté, Karl lui demanda :

-Quoi ? Tu n'es pas en colère ? Tu ne me demandes même pas comment j'ai fait pour entrer ?

S'en suivit un long silence que Donan n'était pas décidée à rompre.

Karl s'avança finalement vers elle, laissa sa fierté de côté et s'agenouilla à ses pieds :

-Je suis vraiment navré Donan ! Je n'ai jamais voulu que les choses en arrivent là. Je n'ai jamais souhaité la mort de mon frère. J'étais aveuglé par mon désir de vengeance et mes sentiments pour toi n'ont fait qu'attiser ma rancune envers lui. Je lui en voulais de t'avoir. Ton amour et ta loyauté envers lui en dépit de tout m'ont rendu fou de jalousie et... injuste. Pardon de ne pas t'avoir écouté pendant qu'il était encore temps... Je m'en veux terriblement. Pardonne-moi Donan ! Parle-moi s'il te plaît !

Donan sentait de la sincérité dans ses propos, mais elle lui en voulait trop pour qu'ils puissent la toucher. Elle lui jeta un coup d'œil et se rendit compte qu'il coulait les larmes. Elle reporta vite son attention sur son écran, un tantinet émue finalement de voir cet homme en pleurs à ses pieds. Elle continua toutefois de se murer dans son silence. Après quelques minutes, Karl se leva le cœur lourd, se rendant à l'évidence qu'elle ne lui répondrait pas. Arrivé au niveau de la porte, il se retourna et lui dit :

-Adieu Donan ; je quitte définitivement Amazonia demain. Mais je serai toujours là pour vous, si mes nièces et toi avez besoin de quoi que ce soit. Tu n'auras pas besoin de me contacter directement. J'ai laissé consigne à mon représentant ici pour qu'il veille sur vous. J'ai laissé ses coordonnés à ta secrétaire.

Il se tut encore un moment, animé d'une dernière lueur d'espoir qui finit par disparaître au fil des minutes.

-Ton silence me tue Donan ; finit 'il par souffler avant de s'en aller.

Donan se leva à son tour, verrouilla la porte et s'effondra en larmes.

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FIN DU TOME I

MERCI À TOUTES CELLES QUI ONT PRIS LA PEINE DE LIKER ET COMMENTER JUSQU'À PRESENT!!!!!

VOS AVIS SUR CE PREMIER TOME?

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LE PREMIER CHAPITRE DU TOME II TOUT DE SUITE!!!