Tourments

Ecrit par lelechu

Boris

J’arrive au bureau ce matin, la tête ailleurs. Le regard perdu dans le vide, je reste assis plusieurs minutes sans pouvoir me concentrer sur mes dossiers. 6 mois déjà ! 6 longs mois de vie commune, 6 mois à espérer, 6 mois à la désirer, 6 mois à tenter de la récupérer mais aucun changement. Il s’est créé entre nous une tendre amitié, une douce complicité. Nous nous empressons tous les 2 de rentrer chaque soir du boulot. Parce que oui elle a repris le boulot. Son contrat avec ma boite prend même officiellement fin ce soir mais elle a déjà ouvert une agence ici pour ne pas être obligée de partir à nouveau. J’ai plutôt été rassuré de sa décision. Ça m’aurait anéanti de la voir éloigner ma fille de moi. Bref ! on s’entend plutôt bien mais elle m’évite comme la peste. Avant que sa maman ne parte, elle et moi ne perdions pas une occasion pour nous embrasser et nous peloter quand on se retrouvait seul et j’en étais même arrivé à être pressé que maman s’en aille pour qu’on puisse se retrouver. Mais quand elle est partie, Jasmine a commencé sa fuite. Elle s’arrange toujours pour ne jamais être seule avec moi. Quand ça arrive, elle a toujours un argument pour disparaitre dans la seconde qui suit. On a maintenant une nounou pour Jade, en plus de ma gouvernante. Elle peut donc souffler un peu mais madame s’arrange pour ne jamais avoir du temps pour qu’on discute. J’ai perdu du poids, de désespoir et de frustration. Je l’aime, je la veux à nouveau dans ma vie. Cette fois ci, je veux faire les choses bien. Je veux l’épouser, je veux la rendre heureuse, rattraper tout le temps qu’on a perdu par ma faute. Ma plus grande peur en ce moment, c’est qu’elle décide de partir de la maison. Je la connais. Je connais son côté indépendant. Je ne sais plus quoi faire. Je crois que je vais devoir faire appel à Tacha. Elle est la seule à pouvoir m’aider. Des coups donnés à la porte me sortent de mes pensées. 

- Oui entrez !

Ma secrétaire franchit le seuil de ma porte.

- Monsieur vous avez de la visite. Elle n’a pas de rendez-vous.

- Qui ?

- Nathalie.

Je pousse un soupire d’exaspération. Pas ici Seigneur et pourquoi aujourd’hui ? Nathalie est une partenaire d’affaire que j’ai rencontré il y a 1 mois. Elle est entrain de diversifier ses prestations mais dans un premier temps, elle a besoin de mon entreprise pour de la sous-traitance. Nous avons établi et signer le contrat mais depuis la bonne dame ne me lâche pas d’une semelle. Inventant sans cesse des prétextes pour me voir. Elle me fait du rentre dedans sans aucune gêne et sans retenu. Elle est splendide, c’est même plutôt une bombe. Classe, riche, belle et intelligente. Mais moi je n’ai plus rien à donner à une femme qui n’est pas ma Jasmine. Même pas du sexe. C’est elle qui me fascine, qui m’obsède qui me hante. C’est elle seule que je veux.

- Faites-la entrer ! Dis-je en me préparant mentalement à l’affronter.

- Bien Monsieur.

Quelques minutes plus tard, c’est une Nathalie des plus sexy qui pénètre dans mon bureau. Elle porte une robe en coton marron qui épouse parfaitement ses rondeurs, de sa poitrine à son ventre magnifiquement sculpté et s’évase légèrement en plis souple sur ses hanches pour s’arrêter juste après ses fesses. Elle porte des talons si hauts que je me demande comment elle arrive à se déplacer sur ces échasses. Je ne regarde pas le reste de ce qu’elle porte parce qu’honnêtement, elle ne m’intéresse pas. Je me mets debout pour la saluer. Avec un sourire, elle vient déposer un baiser au coin de mes lèvres. Son parfum envahit aussitôt mes narines. Je la prends par les épaules pour pouvoir la repousser si elle essaie de tenter autre chose mais elle ne fait rien d’autre et va s’installer dans le canapé qui se trouve à l’angle de mon bureau, m’obligeant ainsi à l’y rejoindre.

- Bonjour Mademoiselle BA

- Boris stp arrête d’être aussi protocolaire. Toi et moi savons que je ne suis pas ici pour parler travail. 

Je pousse un soupire silencieux. Ça va être plus difficile que je le pensais. Aujourd’hui elle ne s’encombre même pas de faux semblant. Ok !

- Pourquoi es-tu donc la Nathalie ? je demande en m’asseyant. Aussitôt, elle glisse sur le tissu en cuir et se rapproche de moi. Sa cuisse dénudée frôle la mienne. 

- Pour te voir. Pas le chef d’entreprise mais l’homme. Et comme pour appuyer ses dires, elle pose une main parfaitement manucurée sur ma cuisse et entreprend de remonter. Je me saisis de sa main pour la retirer quand la porte s’ouvre brusquement sur Jasmine. Je garde mon calme mais je suis absolument affolé. Cette scène peut porter à confusion. Le corps de Nathalie est trop proche du mien et je lui tiens la main que j’ai oublié de relâcher quand j’ai vu qui était entré. Mon Dieu ! à quand un peu de repis ? je suis épuisé.

- Euh Bonjour. Dis Jasmine. Excusez-moi de vous avoir dérangé. Je vais repasser.

- Non ! Dis-je précipitamment en me levant.  Tu ne déranges pas. Dis-moi.

Elle hésite un peu avant de refermer la porte et de me tendre une clé USB. Nos regards s’accrochent. Elle baisse le sien en premier mais j’ai le temps d’y lire de la colère, de la contrariété et de la tristesse. Je laisse mes doigts s’attarder sur les siens. Jasmine est magnifique. Quand je la vois, j’ai l’impression que plus rien n’existe à part elle. Elle m’éblouit. Aujourd’hui elle est moulée dans un pantalon rouge bas d’éléphant et taille haute sur lequel elle a enfilé un chemisier transparent qu’elle a enfilé dans le pantalon. Ses jambes fuselées et légèrement arquées depuis les cuisses sont mises en valeurs par la coupe du pantalon. J’ai envie de lui demander de se retourner pour que je vois comment ses fesses ressortent. A cette pensée, je bande automatiquement. Je suis parti tôt ce matin. On ne s’est pas vu à la maison. Je prends le temps de l’admirer en silence, complètement oublieux de mon invitée à problème. Ce soir, aura lieu sa réception d’aurevoir. J’ai tenu à ce qu’on l’organise parce qu’en dépit de ce qu’elle représente pour moi, c’est une collaboratrice très talentueuse et excellente dans son domaine. J’espère qu’on pourra entre 2 discours, parler un peu de nous deux.

- Euh, tu pourrais copier le fichier et me rendre la clé stp ? j’ai du boulot à terminer et ton invité t’attend.

Elle est jalouse ! une joie indescriptible s’empare de mon être. Si elle est jalouse, ça veut dire qu’elle tient quand même un peu à moi. Qu’est-ce que je raconte ? je sais qu’elle tient à moi et pas qu’un peu. La question est de savoir si elle est prête à me donner une autre chance. C’est là tout le problème. Je m’installe derrière mon ordi et copie le fichier puis je lui tends la clé. Elle me la retire des mains sans ménagement et se dirige vers la porte. Je reste assis sans pouvoir bouger, les yeux braqués sur cette paire de fesses qui remuent de manière indécente dans le pantalon. Mon envie d’elle se fait si insistante, que je suis incapable de donner le change malgré la présence de Nathalie. Je reste assis dans mon fauteuil, les yeux fermés. 

- C’est donc ça ? me demande une voix toute proche.

J’ouvre les yeux pour tomber sur Nathalie qui m’observe avec une lueur indéchiffrable dans les yeux.

- Quoi ? je lui demande

- C’est cette femme qui t’empêche de me voir. 

Je ne réponds rien. Elle s’installe confortablement sur mes cuisses et me parle à l’oreille.

- Tu sais, je ne te demande pas de m’épouser. Je suis une femme libre et je ne me sens pas encore prête pour une quelconque relation sérieuse. C’est juste que tu me plais, énormément. J’ai envie de toi Boris. Ton corps me rend folle. Je ne rêve que de t’avoir dans mes bras, entre mes cuisses. Tu n’imagines pas l’effet que tu me fais. J’ai rencontré des hommes dans ma vie, mais je n’avais jamais été autant attiré au paravent. Essaie-moi. Juste une fois, je te promets que tu ne vas pas le regretter. Je vois bien que pour le moment ce n’est pas l’amour fou avec cette femme, alors faisons-nous du bien en attendant. Regarde l’état dans lequel tu te trouves.

Sans que je puisse prévoir son geste, elle referme les doigts sur mon érection et me prodigue une caresse qui me fait serrer les dents. Je me lève brusquement manquant de la renverser. 

- Jamais Nathalie. Je suis désolé mais je ne suis pas intéressé. Tu es une belle femme mais j’en veux une autre. Je te prierai de ne plus avoir ce genre de gestes déplacés à mon égard. Je n’aimerai pas être obligé de mettre fin à notre collaboration pour une histoire sans importance alors n’insiste pas. 

- Quel genre d’homme es-tu exactement Boris pour refuser une femme comme moi ? je ne te demande aucun engagement. Je veux juste…

- Nathalie stp ne me pousse pas à bout. Tu crois que mon problème actuellement c’est comment prendre du plaisir ? J’en ai de plus sérieux donc ne me prend pas la tête. Tu vois la femme qui vient de sortir ? Je l’aime comme un dingue et parce que justement j’ai cumulé des erreurs bêtes de ce genre-là, je suis en train de la perdre. Je n’en dors pas les nuits, je suis l’ombre de moi. Regarde-moi putain ! Tu vois sur ce visage-là un homme heureux ? Je suis au bout de rouleau. Je veux récupérer ma femme. Si tu ne peux pas m’y aider, ne viens pas me créer d’autres problèmes. Bonne journée.

Je finis ma tirade et je m’affale sur mon fauteuil en me tenant la tête d’une main. Après quelques minutes de silence, j’entends le bruit de la porte signe qu’elle est partie. J’ai honte d’avoir explosé comme ça mais elle m’a fait perdre le contrôle. A cause d’elle, Jasmine va encore plus me détester. Seigneur ! Vais-je arriver à la récupérer un jour ? Je prends mon téléphone et je vais dans mon WhatsApp. Je cherche une ancienne conversation avec Tacha et je lance un appel en priant qu’elle soit connectée. 

- Allo Boris ?

- Tacha, comment tu vas ?

- Bien et toi ? 

- Ça va tout doux. Ça fait un moment. Tu m’as lâché.

- N’inverse pas les rôles hein ! C’est bien toi qui n’as plus mon temps depuis que ta petite princesse est là. Comment elle va d’ailleurs ?

- Lol. Tu n’as pas tort. Elle va super bien. Et ton mari ?

- Cava cava. Dis-moi plutôt ce que je peux faire pour toi. Quand tu m’appelle comme ça, c’est que Jasmine est concernée.

- (Soupirs) Oui tu as raison. J’ai besoin de ton aide.

- Pour quoi exactement ?

- J’ai besoin de lui parler, de tenter quelque chose mais elle ne me permet plus de l’approcher. On s’entend bien, très bien même. Mais elle s’arrange toujours pour que nous ne soyons jamais seul. Tacha je sais que j’ai merdé mais j’aime ta sœur comme un fou. Je n’en peux plus de cette situation. Aide-moi stp. Je veux juste qu’on parle, qu’elle m’écoute, qu’elle me dise si quelque chose est encore possible entre nous. Mais elle n’acceptera jamais si je le lui propose un diner pour discuter.

- Je peux te faire confiance ?

- Sur ce que j’ai de plus cher, je ne la ferai plus jamais souffrir volontairement Tacha.

- Au prochain écart, tu me trouveras sur ton chemin. Elle m’a dit que ce soir vous avez une réception.

- Oui on organise quelque chose pour lui dire aurevoir convenablement et la féliciter pour son excellent travail.

- Pourquoi ne pas en profiter ?

- J’y ai pensé mais j’ai peur de me gourrer. Je ne sais pas vraiment comment elle le prendra, tu vois ?

- Je suis son amie donc crois moi quand je te dis que si tu utilises bien cette soirée, ça peut être la fin de ton calvaire.

- Comment je fais alors Tacha ?

La conversation dure encore un peu et je raccroche un peu soulager mais incapable de me concentrer, je sors et je vais dans le bureau d’André. Il se montre content de me voir.

- Mec comment tu vas ?

- Cava, je fais aller et toi-même ? J’espère que tu m’as enfin trouvé une belle sœur ?

- Peut-être, je vois quelqu’un mais c’est au stade embryonnaire. On s’étudie. Donc tu vas patienter. En parlant de ça comment ça évolue avec Jasmine ?

- Ça n’évolue pas. Je suis désespéré.

- Tu penses que c’est à cause de ce Romuald ?



André/Andy 

Le regard que le type m’a lancé, si ces yeux étaient des pistolets, je serais mort sur le champ hein, ce n’est pas du jeu.

- Mec ne me regarde pas comme ça. J’essaie juste de t’aider.

- C’est pour m’aider à faire quoi au juste ? à mourir de jalousie ? Est-ce que tu sais à quel point j’aime cette femme au moins ?

- Boris c’est bon. Je n’ai fait que poser une question toute bête. Relaxe ! Tu es tendu là.

- André je ne plaisante pas avec des choses comme ça. C’est toute ma vie qui se joue en ce moment. Si elle préfère un autre homme à moi, je ne sais pas si je vais me relever.

Ok ! Là ça va un peu chauffer. Je voulais le sonder pour voir sa réaction parce que pas plus tard que ce matin, j’ai aperçu ce Romy avec Jasmine. Ce qu’elle m’a dit c’est qu’ils allaient à la rencontre d’Assane dans un restaurant. Elle était nerveuse et troublée et Romuald ne se gênait pas pour la réconforter de manière un peu trop appuyée à mon avis. Elle ne voulait pas que Boris soit au courant car elle craignait sa réaction. Je les ai donc regardé partir tous les 2 en me demandant si je devais ou pas le dire à Boris. C’est lui qui doit être à la place de Romuald. Il est jaloux et possessif et il a certainement la haine contre Assane mais pour elle, il se serait maitrisé. C’est à lui de la soutenir dans ces moments-là. Aussi clairement qu’on voit que Jasmine n’est pas amoureuse de Romuald, on voit que ce dernier n’a d’yeux que pour elle même s’il fait de son mieux pour le cacher.

- Boris je dois te dire quelque chose, mais il faut d’abord que tu me promettes de garder ton calme. Ça concerne Jasmine.

Il s’est contenté de lever la tête et de me fixer dans les yeux, la peur dans le regard. Il croit que je vais lui dire que Jasmine et Romy sont ensemble ? 

- Ce n’est pas ce que tu crois. 

- Parle André stp !

- Tu n’as pas pro…

- (Haussant la voix) Parle André merde !

- Putain calme toi ! Tout à l’heure Jasmine et Romy sont sorti du bureau pour le rendez-vous avec Assane. Il est venu la chercher. Elle ne voulait pas que tu sois au courant parce qu’elle craignait ta réaction si tu te retrouvais en face d’Assane.

Il s’est laissé tomber sur la chaise la plus proche en se passant les mains sur le visage.

- Elle est entrain de vivre un des moments les plus difficile de sa vie et elle a choisi quelqu’un d’autre pour l’épauler.

- Justement je pense que tu devrais y aller Boris. Elle a eu peur de ta réaction mais c’est clair que c’est avec toi qu’elle aurait aimé affronter ce type. Je peux te donner l’adresse du restaurant dans lequel il se trouve mais seulement si tu es sûr de pouvoir garder ton calme. Tu dois y aller seulement pour elle, pour la soutenir et rien d’autre. Elle seule doit être ta priorité. Tu n’y vas ni pour te disputer avec Romuald, ni pour démolir Assane. Est-ce que tu te sens capable de te maitriser ?

- Oui, je veux juste être près d’elle Andy. Tout ce que je veux c’est la soutenir dans cette épreuve. Je ne ferai plus rien qui puisse éloigner Jasmine de moi.

- D’accord. Je vais te donner l’adresse.

- Merci, tu es plus qu’un ami et je te revaudrai ça.




Tel un feu dévorant