Travail

Ecrit par Saria

***Accra-Ghana***

***Clinique du Dr Kofi***

***Hannah***


Je demande l’autorisation pour accéder à la salle où on a installé Yaa. Dès qu’elle me voit entrer, elle essaye de se redresser avant de se recoucher essouffler, apparemment une contraction. Je me baisse à son niveau.


Moi : Egude ?

Yaa : Oui Granny ? Qu’est-ce que j’ai ? Je n’arrête pas de vomir et cette douleur qui ne me lâche pas ! Granny je vais mourir ooh !

Moi : Non chérie, tu ne vas pas mourir…Tu vas donner la vie. Le bébé que tu voulais tant est là. Il va falloir être courageuse et faire ce que le docteur et son équipe vont te demander ? Si tout va bien dans quelques heures tu pourras serrer ton enfant contre toi. Tu as compris ?

Yaa : Oui…Mais tu restes avec moi non ?

Moi : Je voudrais bien mais je ne peux pas mon cœur…Il faut que je trouve des affaires pour le bébé et toi…Nana est là et Amal doit être en route…Tu ne seras pas seule. Je te donne les bénédictions tout se passera bien !

 

Je me redresse et je m’en vais après lui avoir baisé le front.


 

***Pendant ce temps quelque part à Accra***

***Chez les Séké***

***Amal***


Je décroche mon téléphone 2H45 mn j’espère que ça en vaut la peine hein. Lorsque je reconnais la voix de Nana j’ai des sueurs froides, j’espère que Granny n’a rien.


Nana : Bonjour jeune homme… S’il te plaît rejoins nous rapidement à la clinique du Docteur Kofi…C’est au sujet de Yaa dépêche toi !

Moi : Ok


J’étais sonné, clinique du Docteur Kofi…Au sujet de Yaa…Bizarre ! Je roule assez vite à cette heure-là les rues sont quasiment désertes. Dans le hall j’aperçois la haute stature de Nana, je me dirige vers lui.


Nana : C’est bien que tu sois là ! Yaa est rentré hier matin. Tout allait bien, jusqu’à ce qu’elle nous réveille à cause des douleurs au ventre. On arrive ici, le docteur nous annonce qu’elle est en plein travail.


Moi : Quoi ?! Quel travail ?

Nana : Elle est en train d’accoucher.

Moi : Parce qu’elle est enceinte ?!

Nana : Oui…Je crois qu’elle-même ne se doutait de rien…Désolé nous sommes tous sous le choc !

Moi : Ok ! Je vais appeler ma mère.


Vous imaginez mon état d’esprit ? J’ai un flots d’émotion qui me traverse, le chagrin, le doute, la colère, l’espoir, la peur, la joie…Bref c’est compliqué. Au bénin il devait sonner 3h55mn.


Maman : Allo ? Amal ?

Moi : Oui maman…Alors pour faire court Yaa est rentrée hier, elle est enceinte et là elle est en train d’accoucher apparemment elle-même ne savait pas !

Maman :….

Moi : Maman ? Tu es là ?

Maman : Oui mais pourquoi ta femme et toi vous ne faites jamais les choses simplement comme des gens normaux ?! J’arrive !


Elle raccroche. Je demande à la voir, on me met une combinaison avant d’être accompagné dans la salle. Mon regard tombe sur elle et je sens quelque chose m’envahir. Je me dirige vers elle, elle me fait un sourire tremblant vite effacer par un gémissement de douleur ! Instinctivement, je lui prends la main et me met à lui parler avec douceur.


Yaa : Amal…J’ai mal !!!

Moi : C’est normal chérie, il faut que tu sois courageuse !


Pour toute réponse, elle m’enfonce ses ongles dans la paume de la main. Wow ! Ah ça j’ai un vague aperçu de ce qu’elle ressent. On me donne une serviette et je lui tamponne le front de mon autre main.


A 6h50 mon fils voit le jour, on le pose contre le sein de sa mère, nos regards émus se rencontrent. Il pèse 2 Kilos 500 grammes. Il se met à vociférer dès sa sortie, le bonhomme a du coffre même habillé de rose (c’est ce que son arrière-grand-mère a rapporté) ! Après quelques soins on les installe dans une chambre particulière. Je sors de là lessivé.


Je rentre me laver et me changer. Lorsque j’ouvre le jet d’eau tiède sur ma peau toute la tension accumulée se relâche et je pleure comme un gamin. Les angoisses de ces derniers mois, la tourmente et là elle revient comme elle est partie…Elle revient enceinte…Pour accoucher ! J’appelle ensuite Mike qui m’écoute longuement. Je vous jure que ça a été dur !


Je me prépare à repartir à l’hôpital. Je reçois les coups de fils de mes sœurs, puis de mon père qui vient de déposer maman à l’aéroport. J’appelle aussi Granny pour qu’on coordonne les achats, elle m’avait envoyé une liste par message. Je récupère aussi quelques affaires pour Yaa.


Après avoir tourné près de deux heures en ville, je retourne à la clinique. Yaa dormait profondément, je me rapproche d’elle. Elle n’avait pas changé, toujours aussi belle, elle bouge un peu et là le choc…Son alliance n’était plus là. Je recul comme si j’avais reçu un coup de poing dans l’estomac. Le doute m’assaillit et si ? Non non Yaa ne me ferait pas ça, néanmoins je compte rapidement dans ma tête. Le bébé est forcément de moi ! Forcément !!!


Au même moment, elle ouvre les yeux. Je m’efforce de ne pas laisser transparaître ce que je ressens.


Moi : Hey !

Yaa : Hum…Hey !

Moi : Comment te sens-tu?

Yaa : Comme si un camion m’avait roulé dessus…

Moi : Lol je comprends, maman est en route, papa et les jumelles t’envoient le bonjour.


Elle essaye de se redresser et je me précipite pour l’aider. Je lui cale des oreillers dans le dos.


Yaa : C’est à moi ça ?


Je me retourne et je vois qu’elle indiquait du menton le magnifique bouquet de roses rouges que je lui ai acheté en venant.


Moi : Euh oui…Il te plaît ?

Yaa : Et comment ?! Il est magnifique ! Merci !

 

C’est étrange, on se parle comme si on ne s’était jamais quitté. Je découvre le plaisir de lui faire plaisir, toutes ces petites choses qu’on donne sans calculer. J’en étais là quadn le médecn qui l’a accouché entre.


Nous : Bonjour docteur !

Médecin : Alors madame comment vous sentez-vous ce matin ?

Yaa : Bien merci docteur…Euh désolée de vous avoir traité d’incompétent…Je ne me savais pas enceinte…C’est terrible !

Médecin : Ne vous inquiétez pas, les cas de déni de grossesse existe même si c’est rare…Du coup vous avez réglé normalement, vous avez pris environ six kilos, et le ventre n’a pas poussé. Votre cerveau n’a pas enregistré l’information du coup la grossesse ne s’est pas manifesté.

Yaa : J’espère que mon bébé va bien, puisque la grossesse n’a pas été suivie.

Médecin : Oui ne vous inquiétez pas, c’est un bon gaillard…De toutes les façons le pédiatre passe ce matin.


Nous discutons encore un peu, il explique que les infirmières passeront pour la mise au sein du petit.


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Au delà de la glace