Troubles
Ecrit par Saria
***Yaa***
J’étais plongée dans mes dossiers. La fourmilière Klemp Com était bien silencieuse, tout le monde était déjà rentré. C’est le moment que je préfère, en fait depuis quelques jours je reste travailler tard sur mes dossiers. J’en avais fini avec les interviews, il fallait que j’avance sur l’étude de l’audit qui a été fait et voir comment initier les réformes.
Je me déchausse et enlève l’élastique qui retient mes cheveux long et drus (chaque matin je dois batailler avec le babyliss pour les lisser). Je m’installe en tailleur, puis me plonge dans le rapport que j’avais en main. Je prends des notes au fur et à mesure. Combien de temps suis-je restée là ? Je ne n’en sais rien. Je sursaute lorsque j’entends toquer à la porte de mon bureau…hum à l’heure-là qui ça peut bien être. Un peu inquiète quand même je vais ouvrir et je tombe sur Amal.
Amal : Service d'étage !
J’éclate d’un rire soulagée, je me masse la nuque tout en m’effaçant pour le laisser entrer. Il avait un sac en main et se dirige vers le petit salon aménagé. Il commence à sortir ce qu’il avait apporté. Je me rapproche attirée par les effluves…hmm chinois, il a rapporté du chinois. Trop chou ce mec…
Moi : Amal ?
Amal : Oui ? Installez-vous s’il vous plaît.
Je me fais servir et je ferme les yeux pour savourer ma première bouchée de neem.
- Vous ne devriez pas faire ça dit-il la voix rauque.
J’ouvre les yeux pour tomber sur le même regard trouble que j’avais rencontré l’autre fois en boîte. Pour détendre l’atmosphère qui s’était chargée d’électricité.
Moi : hum hum…Comment avez-vous su que j’étais encore là…Et que j’aime manger chinois.
Amal : Ça fait trois jours que je vois de la lumière sous votre porte quand je rentre. Je me doute bien que vous ne prenez rien, je me suis dit que ce soir vous aviez bien mérité une pause…Gye Nyame n'arrêterait pas de tourner pour autant. Pour le chinois eh ben disons que je vous ai entendu au téléphone la dernière fois avec votre copine je suppose.
Son attention me touchait vraiment ! C’était la première fois que cela m’arrivait. C’est vrai que quand je travaille j’oublie de me nourrir. Je me souviens que quand j’étais encore sur les bancs Granny devait batailler dur pour que j’avale quelque chose quand je prépare mes examens.
Moi : Oh…Fallait pas…C’est gentil en tout cas. Mais vous ne devriez pas être rentré ?
Amal : Vous vous voulez savoir si quelqu’un m’attend ?
Moi : Euh…hmmm…Euh.
J’éclate d’un rire gêné
- C’est le cas ?
Amal : Non…Rassurez-vous personne ne m’attend et vous ?
Moi : Moi ?! Non non non
Amal : Même pas au Ghana ou quelque part dans ce vaste monde que vous parcourez ?
Moi : Non.
***Amal***
Elle était juste craquante comme ça : les pieds nus repliés sous les fesses, le chignon strict de la journée a été défait.
Sous l’intensité de mon regard, elle baisse les yeux, ce qui prouve qu’elle est troublée…Une mèche rebelle se détache et je la remets en place en douceur et en profite pour lui caresser légèrement la joue. Elle lève les yeux vers moi, alors j’oublie tout…Je rapproche mon visage d’elle centimètre par centimètre elle continue de me regarder. Ma bouche n’est plus qu’à quelques millimètres nos souffles se mêlent. Je l’embrasse, elle gémit alors j’approfondis mon baiser. J’enfouis mes doigts dans ses cheveux doux et soigneux. Yaa répond à mon baiser, ses doigts fébriles se posent sur mon torse et déboutonne les premiers boutons de ma chemise.
Je pose une main sur l’une de ses fesses que je presse, ça me fait l’effet d’une décharge ! C’est elle qui met fin à ce moment torride. Elle se redresse, passe une main tremblante dans ses cheveux pour essayer d’y mettre de l’ordre, sa poitrine se soulevait rapidement, comme si elle essayait de reprendre son souffle. Moi je reboutonne ma chemise de façon nerveuse...puis enfonce mes mains dans les poches de mon pantalons comme pour les empêcher d'agir seules.
Moi : Yaa...
Yaa : Non non Amal. Je…Je s’il te plaît…Je ne fais jamais ça… je ne mélange pas le plaisir et le boulot.
Moi : Yaa s’il te plaît…
Yaa : Amal…Je te prierai de t’en aller
Moi : Ok…Je pars ce soir mais soit sûr qu’on en reparlera !
***Yaa***
Mais qu’est-ce qui m’a pris ? Qu’est-ce qui m’arrive ! Nom de Dieu ! Je suis en mission, j’ai une tâche à accomplir, j’ai travaillé dur pour ça !
Je rentre chez moi perdue. J’appelle PearlA et je lui
raconte ce qui m’arrivait. La sorcière ! Elle éclate de rire.
Moi (vexée) : Merci hein ! Ravie que mes malheurs t’amusent
PearlA : Qui te parle de malheur ! Ma puce on te demande de livrer la marchandise
Moi : Mais PearlA ! Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?! Je suis sa boss, j’ai une mission à remplir j’ai travaillé dur pour en arriver là. Si je fais un faux pas Nana ne va pas me louper !
PearlA : Qui te dit d’oublier pourquoi tu es là ? Amuses-toi un peu…Lève le nez de tes dossiers ma chère et prends du bon temps. Et pour ce que je sais ton Amal là est dans de bonnes dispositions.
Moi : Ce n’est pas MON Amal
PearlA : Question de temps.
Je raccroche frustrée ! Ma meilleure amie se ligue contre moi. « Dis que tu n’as pas aimé être dans ses bras, que tu n’as pas gémis, que quand sa langue s’est faufilé à travers tes lèvres à la recherche de la sienne tu n’as pas…Stooooop !!!! Stop ! Boucles-là ». Comme on le dit un malheur n’arrive jamais seule, il fallait que ma conscience s’en mêle aussi. Je me dirige vers la salle de bain en espérant que la douche froide que je vais prendre me calmera, pour le sommeil je sais que c'est râpé à moins d'un miracle!
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