Tshala 3
Ecrit par miss.mkb
Tshala 3
-tshala, tshala
J’entends une petite voix fluette m’appeler et mon corps être secoué mollement. J’ouvre lentement les yeux pour tomber sur ma petite sœur Jolie. De 12ans ma cadette, elle est notre petite dernière. Et entre elle et moi, il y a mon frère Daniel qui est âgé de 16ans, puis il y a ma sœur Huguette qui elle est âgée de 14ans, après vient Gradi qui lui a 12ans, et enfin Jolie qui a 7ans. Cette dernière n’avait encore que quelques mois quand notre père nous a quitté et de ce fait, nous la choyons autant que possible malgré notre situation précaire car contrairement a nous, elle n’a pas eu la chance de connaitre l’homme merveilleux qu’était notre paternel.
-tshala, t’avais promis de m’accompagner a la répétition aujourd’hui, dit-elle la mine boudeuse et les mains croisées sur la poitrine
Elle et quelques filles de l’école de dimanche de notre église doivent danser pour un évènement qu’on aura dans 3 semaines à l’église.
-humm ok, donnes moi quelques minutes afin que je me débarbouille un peu le visage et puis on y va
-ouaaaiiiiiiisssss, crie-t-elle en sautillant avant de sortir de la chambre
Je me lève à mon tour puis vais prendre le seau posée
devant la maison et vais puiser de l’eau dans la cour. Une fois mon seau rempli
à la hauteur voulue, je vais derrière la maison et me barbouille le visage un
petit peu et les pieds. Je retourne dans la chambre me changer, et opte
pour une mini
robe singlet bleue que j’ai acheté au marché il n’y a pas longtemps. Je me
maquille légèrement, mets des sandales de même couleur que ma robe puis vais
rejoindre Jolie qui jouait avec Sarah, la fille de la voisine d’à-côté. -Jo, on y va Elle vient vers
moi en courant puis nous nous mettons en route l’instant qui suit. Nous sommes
samedi aujourd’hui et comme tous les weekends, je suis chez moi à la maison,
avec ma famille. Je ne dors sur mon lieu de travail qu’en semaine, et les
weekends je suis chez moi. Ce qui me permet de me reposer et de me ressourcer auprès
des miens. Mais ce weekend est un peu spécial.
Je veux en profiter pour pouvoir réfléchir par rapport à mon histoire avec
Axel. J’aime cet homme, c’est indéniable mais cette histoire est bien trop compliquée
pour mon jeune Age. A 19ans, les autres filles de mon âge, vont à l’école en
plus d’être dans leurs amourettes avec des garçons du même âge et profitent de
leur jeunesse. Moi pendant ce temps, je ne trouve rien de mieux à faire que de
m’amouracher de mon patron qui en plus est marié. Qu’est-ce-qui n’a pas marché ?
Ce n’est pas ainsi que mes parents m’ont éduquée. Ma mère me tuerait si elle
savait que j’étais la maitresse de mon patron. Bien que je ne sois pas fière de
moi et que je sache quelle serait la bonne chose à faire, les sentiments sont là
et je ne me sens pas la force de le quitter. Il est mon premier et j’en suis
follement amoureuse. Je suis frustrée et meurtrie par les conditions de cette
relation qui ne sont idéale ni pour lui, ni pour moi, et encore moins pour sa
femme même si elle n’est au courant de rien. Je préfère profiter de ce que je
vis avec lui aussi longtemps que ça durera car je ne sais pas ce que demain
nous apportera. -bonjour Tshala,
ça va ?
Je souris à maman Mireille qui est la maman à la tête de l’école de dimanche. C’est une très gentille dame de taille moyenne et de teint noir. Elle me fait la bise et caresse la tête de jolie avant que cette dernière n’aille rejoindre ses petites camarades qui ont déjà commencé à danser dans un coin.
-bonjour maman, je vais bien et toi ?
-je vais bien aussi
-comment va ta maman ? Je ne l’ai pas vu dimanche passé
-elle ne se sentait pas très bien, mais elle va bien mieux maintenant
-Ah ! Dieu merci, et au travail ? Ça va ? Tu t’es finalement accommoder avec ta patronne ?
-oui, j’ai fini par m’habituer ; je suis là pour mon travail et rien d’autre
-c’est bien ma fille, concentres toi sur ca et rien d’autre
-ok maman, moi je vais y aller, j’ai de la lessive à faire
-oh ok, donnes ceci au jardinier en partant, dit-elle en me tendant un râteau
Je le pris puis me dirigeait vers le parterre de fleurs qui bordait l’entrée de l’église ou je remarquai trois hommes en train de travailler. L’un d’eux était accroupi pendant que les deux autres étaient debout et s’activaient à tailler les pointes des rosiers. Celui debout était de dos et apparemment au téléphone. L’un des ceux qui taillaient les rosiers me vit approcher et me détailla d’une façon qui m’amusa. Il avait ce regard du genre « pas mal la petite » que toute femme aime voir dans le regard d’un homme. Je me sentais flattée et gênée à la fois. Je n’étais qu’une jeune fille qui découvrait à peine l’autre sexe, avec à son compteur, un seul petit copain pas officiel. J’avais encore du chemin à faire avant d’être à l’aise avec ce genre de regards posée sur moi.
-bonjour, leur dis-je quand je fus suffisamment proche
-bonjour, me répondirent les deux qui travaillaient sur les rosiers
Celui pendu au téléphone s’éloigna un petit, le téléphone toujours collé a l’oreille.
-maman Mireille m’a demandé de vous donner ceci, dis-je en leur tendant le râteau
-oh ! Merci beaucoup, répondit celui que j’avais remarquai quand je m’approchais, puis-je avoir ton nom ?
-je m’appelle Tshala
-comme le mamu national, demanda l’autre d’un air étonné
-oui, répondis-je en souriant
-tu es Luba comme elle aussi ?
-Non, moi je suis du Bandundu
-ah ! Mais pourquoi ce prénom Luba dans ce cas
-mon papa avait été toujours un de ses grands fans donc il a décidé de m’appeler ainsi
-ah ! D’accord, mais sinon, tu sais que tu es très belle ?
Je me contentai de sourire en me triturant les doigts nerveusement. Il était plutôt mignon. Environ 1m75, boule à zéro et une barbe bien coiffée. Il n’était pas aussi bien bâti que axel mais il était pas mal.
-je m’appelle Junior, et lui c’est Steve, dit-il en indiquant son ami qui nous regardait interagir avec un air amuse
-enchantée, euh, je dois y aller
-déjà ? C’est possible d’avoir ton numéro au moins ?
- euh je ne préfère pas, dis-je en me retournant pour m’en aller
-bon, je bas en retraite pour aujourd’hui mamu nationale, mais je reviendrai à la charge, dit-il en me faisant un clin d’œil et un grand sourire
Je ricanai puis m’en allai en pensant à combien amusant il était. C’est la sonnerie de mon téléphone qui me tira de ma sonnerie. C’était Axel qui m’appelait. J’étais la debout à me demander si je devais répondre ou pas quand le téléphone s’arrêta avant de se mettre à sonner à nouveau prsqu’aussitôt. Apres quelques secondes, je décidai de prendre l’appel.
-allo
-bonjour chérie
-bonjour Axel
Je l’entendis soupirer avant de me dire
-tu m’en veux toujours ?
-je ne t’en veux pas Axel, je suis lasse
-humm, ou es-tu ?
-à l’église
-vous avez culte ?
-non, j’étais simplement venue déposer Jolie a sa répétition de danse
-ah ok, attends sur moi place, je viens te chercher
Il a déjà eu à me déposer ici dans le passé.
-ok
Je retournai donc en direction de l’église une fois qu’il eut raccroché. J’étais tellement concentrée dans mon téléphone que je me cognai la tête contre quelqu’un.
-aie, gémis-je de douleur
-je suis désole Mlle, mais à ma décharge vous ne regardiez pas ou vous alliez non plus
Je levais mon regard car il était plus grand. Mais une fois que je croisai son regard. Dieu. Est-il possible d’avoir d’aussi beaux yeux ?
-vous allez bien ?
Bien ? Je n’en sais rien. Je sais juste que j’ai l’esprit embrouillé en ce moment et ma tête est toujours bloquée sur ses yeux.
-rhoooo toi tu ne peux pas faire attention un peu toi, comment tu cognes ma belle mamu nationale comme ça ? Quand on est grand comme un lampadaire, on évite de cogner les honnêtes citoyens, espèce de Mutombo Dikembe
La phrase de Junior eut le mérite de me faire sortir de ma léthargie et de me faire rire aux éclats.
-ça va mamu ? me demanda Junior
-je vais bien Junior, t’inquiètes
-bon, faut excuser ce gros beta la, il n’est pas méchant hein, il est juste trop grand et oublie que nous ne le sommes pas tous
Le concerné nous regardait juste de façon neutre sans rien dire. Je le regardai furtivement, attirée inlassablement par ses yeux. Mais c’est à peine s’il me regardait. Il semblait préoccupé par autre chose plutôt. Junior quant à lui continuait à lui faire des fausses remontrances, ce qui m’amusait. Il s’excusa puis nous laissa pour répondre à un coup de fil qu’il venait de recevoir.
-il va bien ? C’est à peine s’il a dit quelque chose
-oh ! Te préoccupes pas de lui, il a juste quelques soucis avec sa petite amie
-ah ok
Je restai la à papoter avec Junior jusqu’à ce que Axel n’arrive. Je dis au revoir à Junior puis montai dans la voiture. Quand Axel démarra, je croisai le regard de l’ami de Junior qui me regardait d’un air indéchiffrable. Je décidai d’en faire fi et me concentrer sur la route.
-ou allons-nous ? Demandais-je a Axel qui roulait déjà depuis une dizaine de minutes et n’avait pipé mot
-c’était qui le gars avec lequel je t’ai trouvé ?
-pardon ?
-tu m’as bien entendu
-euh un gars qui travaillait sur les fleurs de l’église
-donc tu ne l’as rencontré qu’aujourd’hui ?
-euh oui
-et tu étais déjà si familière avec lui ?
-attends, tu me fais une crise de jalousie là ?
Pour toute réponse, il fit contracter ses mâchoires et ne dit plus aucun mot jusqu’à ce qu’il se gare devant une grande maison dans le quartier de Mbinza. Il me demanda de descendre et de le suivre, ce que je fis. Il frappa au portail et un type en uniforme qui faisait office de sécurité nous ouvrit. Il connaissait Axel apparemment puisqu’il nous laissa entrer sans poser aucune question. La cour avait un terrain sablonneux et la maison semblait encore en chantier à en juger par les outils de construction et les ouvriers qui travaillaient dans un coin de la cour. La maison semblait être la seule chose achevée dans ce chantier. Elle était plutôt grande, un peu moins que la maison où il vit avec madame actuellement, mais ça restait impressionnant. Axel sortit son trousseau de clés et ouvrit la porte. Nous entrâmes et nous dirigeâmes vers le salon. Il me demanda de m’asseoir avant de disparaitre derrière une porte et revenir plus tard avec un plateau sur lequel étaient posé six mangues, un couteau et du sel. Je souri. Il me connaissait si bien. Je ne lui ai jamais dit que la mangue était mon fruit préféré. Il m’a observée et l’a remarqué. Et chaque fois qu’il sent qu’il a vraiment merde, il m’en achète. La toute première fois que ça été le cas, j’en ai pleuré d’émotions. J’étais touchée qu’en si peu de temps il ait pu remarquer une telle chose. Il vint s’asseoir à côté de moi et posa le plateau sur la table. Nous nous sourîmes l’un à l’autre avant que je ne prenne la première mangue et l’épluchai afin que nous la mangions.
-bébé, me dit-il alors que nous venions de finir la troisième mangue
-oui
-je te demande pardon, je n’aurais pas dû m’emporter comme je l’ai fait tout à l’heure
-spécialement quand tu es marié et que je ne suis que ta maitresse
-ne dis pas ça Tshala, dit-il en prenant mes mains dans les siennes
-ne dis pas quoi ? N’est-ce pas la vérité ?
-tu sais parfaitement que tu es bien plus que ça ?
-Ah !oui ? Et quel est ce plus ?
-…
-tu vois ? Je ne suis rien du tout Axel, dis-je les sanglots dans la voix
Je baissai les yeux et me mis à pleurer en silence. Axel posa ma tête sur son épaule et se mit à me consoler. Je me laissai faire et en profitai. Il m’avait manqué. J’avais besoin de lui malgré les conditions pas idéales de cette relation. Je sais que c’est mal mais je ne veux pas y penser pour le moment. Bientôt nous nous mimes à nous embrasser et une chose en entrainant une autre, nous nous retrouvâmes au lit à faire l’amour. C’était très passionné, comme toujours. C’est dans ces moments que je me demande si j’arriverai à me défaire de l’emprise de cet homme. Repus, nous nous embrassions calmement quand il me dit :
-je t’aime Tshala. Et tu n’es peut-être pas ma femme sur les papiers, mais dans mon cœur, tu l’es
Mon cœur fondit a ces mots et je l’embrassai à en perdre haleine.