Un cri à en fendre l'âme

Ecrit par Les Chroniques de Naty

Chapitre 25

 

Trois semaines ! Trois semaines d’angoisse, de pleurs, de douleur, de tristesse. Trois semaines que je ne vis plus. Je suis morte à l’intérieur! J’ai l’impression que mon cœur a cessé de battre depuis déjà trois semaines.

Oh mon Dieu quelle désillusion!!! Léon s’en est allé sans un regard pour moi, pas même un simple adieu. Rien ! Il m’a laissée, m’a abandonnée sans remord, ni regrets. Quand je pense à tout ce que j’ai fait pour lui, mon cœur se serre encore plus. J’ai luttée pour lui, pour notre amour ; je me suis mise ma famille à dos rien que pour ses beaux yeux. Tout ce que je demandais en retour c’était un peu d’amour et de reconnaissance. J’ai tout fait pour lui, je me suis donnée à lui sans réfléchir aux conséquences de mon acte. J’ai tenu tête à mon père par amour pour lui, j’ai brisé les espoirs de ma mère pour lui ! La liste de tout ce que j’ai fait pour lui est loin d’être exhaustive.

Mais la plus grande preuve d’amour selon moi, a été le fait d’avoir pris l’argent de mon mari pour le lui remettre. J’ai volé Aly, je lui ai pris trois millions de francs et j’ai mentis sur une pauvre innocente. Tout ça par amour. Que ne ferrons nous pas pour le bonheur et le bienêtre de l’être aimé? J’étais prête à tout pour Léon, et je pense avoir tout fait pour lui, l’amour ne s’en tient pas qu’aux paroles ; les actes doivent aller de paires avec les paroles. Et pour ma part je pense avoir tout dit et tout fait pour cet amour qui aujourd’hui a causé ma perte.

J’ai été esclave de mes sentiments, je les ais laissés me guider. Je n’ai pas réfléchie avec ma tête ni mon esprit ! J’ai fait taire ma conscience et mon esprit de discernement ; je me suis laisser guider par mon amour, un amour inconditionnel. Je n’ai pas su voir clair en Léon et maintenant j’en paye le prix fort. J’ai été esclave de mon cœur et je souffre à présent comme jamais je n’ai souffert. Je suis tombée de mon petit nuage, et la chute est des plus douloureuses.

Je ne mange plus, je ne dors plus, je ne sors même plus de la maison. Je ne veux voir personne. Je ne veux parler à personne. Pauvre Aly en dépit de tout de ce que je lui ais causé comme peine, il est là avec moi et me soutient. Même en ne sachant pas la raison de mon abattement. Il est là avec moi, s’inquiète pour moi et prends soin de moi. Il ya des jours où il ne va même pas au travail rien que pour passer la journée à mes côtés.

Aujourd’hui est samedi et il a décidé de rester avec moi et annuler toutes ses sorties. Rien que pour être avec moi ! Chaque fois que je le regarde, mes yeux se remplissent de larme. Quand je le vois, je repense à toutes les méchancetés que j’ai bien pu lui faire et je suis envahi de remords. J’ai perdu beaucoup du poids à force de pleurer. Je suis anéanti et je ne sais plus quoi faire.

—Hey mon cœur tu vas te rendre malade si tu continues ainsi. Dit-il en me prenant la main. Je ne sais pas exactement de quoi tu souffres puisque tu refuses de me parler. Tu sais ma chérie, je suis ton mari et j’ai promis devant Dieu et les hommes de te protéger envers et contre tout. Donc tu peux bien comprendre ma douleur quand je te vois te morfondre ainsi pendant trois semaines d’affilés. Je me dis que je n’ai pas été là pour toi, je ne t’as pas assez protégé raison pour laquelle ce malheur t’a atteint. Je t’en prie dis-moi ce qui ne va pas. Je me fais tous sorte de scenarios.

-…

—Je t’en conjure dis quelque chose ma belle !

Je ne pouvais pas parler. Comment t’expliquer que je t’ai trompé ? Que j’ai été tellement conne. J’ai crachée sur ton amour pour une histoire de pacotille. Comment te dire que j’ai été naïve au point de me laisser berner par un homme que je croyais connaitre et en qui j’avais confiance ? Comment te dire que j’ai fait fi de toute la tendresse que tu as pour moi en allant chercher ailleurs ce qui est à ma portée ? Et le comble, comment te dire que je t’ai volé 3.000.000fcfa pour les remettre à mon amant ?

Il ya tellement de chose que j’aimerai te dire, mais non seulement le courage me manque ; mais la honte m’accable. Une honte que je n’ai jamais ressentie auparavant. J’ai honte de moi et de tout ce que j’ai bien pu faire.

—Je veux rester seule s’il te plait.

—Non je ne te laisserai pas seule ! Arrête de me repousser. Ayana je t’aime et j’ai horreur de te voir pleurer. Je ne supporte vraiment pas de te voir triste. Allez viens ici.

Il me prend dans ses bras et m’embrasse. La chaleur de son corps m’avait manquée. Je me rends compte un peu tard peut être de la chance que j’ai d’avoir cet homme à mes côtés. Je prie pour qu’il ne sache jamais rien de tout ce que j’ai fait, sinon c’en est fini de moi et de mon mariage. Je me sentais tellement bien ainsi dans ses bras. Mon cœur saignait, je l’ai fait souffrir et lui est toujours là pour moi.

Oh mon Dieu finirait je un jour de payer pour ma bêtise ? Malheureusement je ne le pense pas.

Je finir par m’endormir dans les bras d’Aly.

La sonnerie de mon téléphone résonnait comme dans un rêve et j’étirais ma main pour l’attraper. Je décrochais sans même regarder le numéro.

—Allô dis-je d’une voix pâteuse.

—Bonsoir tantie dit la personne au bout du fil. Je suis l’amie à ta petite sœur Mouna. Et elle ne…

Dès que j’entendis le nom de ma sœur, je me levais d’un bond.

—Qu’est ce qu’elle a ? Qu’est ce qui ne va pas avec Mouna ?

L’amie en question se mit à pleurer, et là je perdis tous mes moyens.

—Viens vite elle ne se sent pas bien. Nous sommes à la clinique depuis ce matin. Mais on dirait que l’opération ne s’est pas bien passée et elle ne fait que saigner. Continua-t-elle en pleurant de plus belle. Viens vite je t’en prie.

Elle me donna l’adresse de la clinique. Je raccrochais et je me levais assez vite pour me passer de l’eau sur le visage afin de me réveiller un peu et me mettre un habit décent. Mais le souci c’est que je ne pouvais pas conduire dans cet état ; je suis bien trop faible. Et si je demandais à Aly de m’accompagner ! Mais il voudra savoir à tout prix ce qui ne va pas avec Mouna, et là qu’est-ce que j’allais répondre. Après maintes réflexion et hésitations, je décidais de lui demander de m’accompagner, peu importe la situation ; la vie de ma sœur est en danger. Après on pourra parler de tout ce qui l’a envoyé à l’hôpital, l’essentiel c’est qu’elle aille bien.

—Aly ? Aly ?

Aucune réponse ne me parvient.

 Mais où a-t-il pu bien passer.

Je l’appeler sur son téléphone, et il décrocha à la première sonnerie.

—Qu’ya-t-il ma puce ?

—Reviens vite à la maison s’il te plait. Mouna est à L’Hôpital et son état est assez grave. Faut vraiment qu’on s’y rende rapidement.

—D’accord je reviens dans quelques minutes.

Dix minutes plus tard nous sommes en route pour la clinique. Je ne savais pas s’il fallait informer mes parents ou attendre de la voir d’abord. Aly eut la sagesse de ne pas me poser de question, car il voyait à quel point je suis morte d’inquiétude pour ma sœur.

Seigneur fasse qu’elle n’ait rien de grave, fasse que ce ne soit qu’une fausse alerte. De la maison jusqu'à l’hôpital je ne faisais qu’implorer Dieu.

A notre arrivée, je rappelais l’amie de Mouna et elle m’indiqua le service gynécologique où elle se trouvait. Quand elle me vit, elle se mit à pleurer.

-Que se passe-t-il avec Mouna ? Dans quelle chambre est-elle ?

—Ils l’ont emmené en salle de réanimation ! L’opération s’est bien passée d’après ce que le médecin m’a dit. Mais elle saignait beaucoup, et ils n’ont pas réussi à arrêter l’hémorragie. Il a dit qu’il va devoir lui faire une transfusion sanguine et qu’heureusement qu’elle est d’un groupe sanguin répandu, cela dit il a vite trouvé une poche de sang. Mais depuis je n’ai plus de nouvelles. Dit-elle au bord des larmes.

—D’accord. Comment t’appelles-tu déjà ?

—Je me nomme Marthe?

—Ok Marthe ne t’inquiète pas. Elle ira bien ; restons calme et attendons le docteur. Je suis sûre que c’est rien de bien grave.

Nous nous asseyons tous les trois dans la salle d’attente ; j’ai peut-être dis à l’amie de ma sœur de se calmer, mais je suis bien loin d’être calme. J’ai tellement peur qu’il n’arrive quelque chose à ma sœur. Je m’en voudrais à mort s’il lui arrivait quoique ce soit.

Les gens entraient et sortaient de la clinique comme on le fera dans un supermarché. Sauf que là certains pleuraient et d’autres riaient. J’ai toujours détestée les hôpitaux avec cette entêtante odeur d’alcool et de médicament. Un couple fit son entrée, la dame est visiblement à terme et l’homme la tient du mieux qu’il peut. Il a un sac contenant surement les affaires du bébé qui naitra bientôt. Les voir ainsi me fis penser à ma situation actuelle. Mes yeux croisèrent ceux d’Aly et je crois qu’il a suivi la scène tout comme moi. Je baissais la tête honteuse. Je ne voulais pas revenir sur ce sujet, en tout cas pas maintenant. Actuellement le plus important c’est la santé de Mouna. Tous les autres problèmes peuvent bien attendre.

Déjà plus d’une heure que nous attendons et toujours aucune nouvelle de ma sœur. Mon inquiétude grandissait encore plus.

—Merde ! Qu’est qu’il peut bien faire depuis ce médecin ? Il nous laisse sans aucune information. Ce n’est vraiment pas normal. Dis-je énervée.

—Calme-toi Ayana. Je pense qu’ils savent ce qu’ils font et s’ils n’ont encore rien dit, c’est qu’il n’ya rien à dire pour l’instant. Me rassura Aly. Mais une chose m’intrigue, comment se fait-il que Mouna se fasse opérer sans que tes parents n’en soit informés ?

Voici la question que je craignais le plus.

—C’est une longue histoire. Répondis-je évasive.

—Essaie de résumer ! Parce que c’est clair que cette histoire ne renferme rien de bon.

—N’insiste pas Aly. Ce n’est vraiment pas le moment de développer des théories bidon.

Il m’énervait à vouloir absolument savoir ce qui se passe ; c’est vrai qu’il a le droit de savoir, mais ce n’est pas une chose facile à dire.

—Ok tu peux refuser de me dire, mais tu ne peux pas m’empêcher d’informer tes parents. Parce que la situation est bien plus grave que ce que tu ne crois. Ta sœur est en salle de réanimation après avoir perdu beaucoup de sang à la suite de je ne sais quelle opération. Alors la moindre des choses est de tenir tes parents informer de ce qui se passe.

Je le regardais en écarquillant les yeux d’horreur.

—Tu ne vas quand même pas faire ça ?

—Et je suppose que c’est toi qui va m’en empêcher n’est-ce pas.

Sur ce, il sort de la salle d’attente. Je le regardais partir et je n’en croyais pas mes yeux. C’est sûr que mon heure a sonné, si jamais mon père venais à apprendre la raison pour laquelle Mouna est dans cet état, je ne donne pas cher payer de ma peau. Et qu’en sera-t-il de maman ? Je n’ose même pas imaginer ce qui se passera.

Oh mon Dieu jusqu'à quand ce cauchemar prendra-t-il fin ? Je n’en peux plus de tous ces drames familiaux. La grossesse de Mouna, le remariage d’Isaac, le départ de Léon et maintenant la cerise sur le gâteau, Mouna se retrouve dans une situation critique.

Aly revient s’asseoir comme si de rien n’était.

—Je viens d’appeler ton père et ils sont en route avec ta mère et Nafi. M’annonça-t-il. Comment as-tu pu cacher à tous que ta sœur était malade ? Ils ne savent même pas qu’elle est à l’hôpital. Car elle a quitté la maison hier soir en disant qu’elle passerait la semaine chez nous pour se reposer du stress de l’examen. Mais je ne me rappelle pas avoir vue Mouna dormir à la maison. Qu’est-ce que tu as encore fais Ayana ?

Je ne répondis pas. Je veux juste me réveiller de ce mauvais rêve. Car je suis sûre et certaine d’être dans un cauchemar.

Une demi-heure plus tard, mes parents faisaient leur entrée dans la clinique. A voir le visage des uns et des autres, je pouvais déjà deviner ce qui s’est passé sur le trajet. Papa a la mine serrée, maman et Nafi ont les yeux rougis. Je baissais la tête pour ne pas croiser leur regard.

Papa salua Aly qui lui donnait sa place. Je cédais la mienne à maman.

—Mon fils que se passe-t-il ici ? Où est Mouna ? demanda-t-il.

—Comme je le disais au téléphone, elle est encore en salle de réanimation. Cela fait bientôt deux heures que nous attendons et nous n’avons toujours pas de nouvelles d’elle.

Il se passa une main sur le visage en récitant des versets coraniques. Maman éclata en sanglot accompagnée par ma sœur. Je me sentis tellement mal. Cette situation me fait tellement souffrir que je veux être à mille lieux d’ici pour ne pas avoir à répondre à toutes les questions qui ne tarderont pas à fuser.

—Mais de quoi souffre-t-elle au juste ?

—Nous n’en savons rien d’abord. Raison pour laquelle nous sommes là.

—Mais qui vous a informé ? Qui vous a dit que Mouna est ici ?

—C’est son amie qui a appelé Ayana pour le lui dire.

Papa se tourna vers cette dernière pour en savoir plus. Ça se voyait qu’elle avait peur. Ses larmes n’arrêtaient pas de couler et elle avait le regard perdu. La pauvre!!!

—Ma fille que se passe-t-il ? Pourquoi ton amie s’est-elle retrouvée ici ? De quoi souffre-t-elle ? Parce que lorsqu’elle quittait la maison hier soir elle se portait très bien. Elle a dit qu’elle partait se reposer chez sa sœur. Alors comment se fait-il qu’elle se retrouve dans une salle de réanimation ce soir ?

Marthe ne parlait pas, elle gardait la tête baissée. Elle tremblait et j’imagine à quel point elle doit être effrayée par tout ça.

—Ok je vois que tu ne veux pas parler dit papa. Il se tourna vers moi. Mais toi Ayana tu peux bien me dire ce qui se passe, vu que c’est toi que son amie a appelée en première position au lieu de nous ses propres parents. Cela sous entends que tu es en mesure de nous dire ce dont souffre ta sœur. Par ailleurs elle était censée être chez toi en ce moment. Alors comment se fait-il qu’elle soit ici, dans cet hôpital entre la vie et la mort ? Sa voix se brisa. Je t’écoute Ayana, qu’est qui ne va pas avec ta sœur ?

C’est la première fois que je vois papa parler avec autant d’émotion dans la voix. Oh mon dieu que ne donnerais je pas pour ne pas être ici!!! Je ne parlais pas et je jouais avec le pan de ma robe comme j’avais l’habitude de le faire lorsque nous étions petites et qu’on me surprenait entrain de faire une bêtise.

—Ayana j’attends une réponse cria soudainement papa.

Sa voix nous fit tous sursauter. Je voulus répondre quand j’entendis le médecin dire le nom de Mouna.

—Maïmouna Sy Savané ? Où est la famille de la patiente Maïmouna Sy Savané. Répéta-t-il plus fort.

Nous accourons tous dans sa direction.

—Oui docteur nous sommes là. Répondit papa ; Comment va-t-elle ? Je suis son père.

Le médecin nous regardait tous. Il avait l’air vraiment désolé pour nous.

—C’est votre fille monsieur ? Commença-t-il ;  papa acquiesça et il continua. Saviez-vous pourquoi votre fille est ici ? Il fit non de la tête. Ok dit le médecin. Votre fille était enceinte de trois mois.

Maman poussa un cri à s’en fendre l’âme.

—Comme je le disais elle était enceinte et elle a voulu se faire avorter ; mais vue que la grossesse était beaucoup trop avancée, il ya eu des complications. Elle a perdu beaucoup trop de sang et malgré la transfusion sanguine que nous avons faite, son organisme a rejeté le sang.

 Il se tut un instant, ce petit moment me semblait être une éternité. Son organisme a certes rejeté le sang, mais comment va-t-elle après tout ça ? C’est la seule chose qui m’importe à l’ instant T. comment va ma sœur?

Il se racla la gorge et repris la parole.

Esclave de mon cœur