Un début de conséquence
Ecrit par Farida IB
Cynthia CLARK…
Je me hâte de descendre pour ouvrir la portière à Joe lorsqu’il gare sur le parking de l’hôtel.
Joe (sortant du véhicule) : c’est à moi de le faire.
Moi : pour une fois, que je décide d’être gentille.
Joe (ton rieur) : c’est vrai que ce n’est pas tous les jours que tu l’es.
Moi : M. NOUMONDJI que voulez-vous insinuer par là ?
Joe (sourire dérisoire en me rapprochant de lui) : moi ? Oh rien du tout
Il pose ses lèvres sur les miennes pour un baiser rapide puis nous nous avançons vers le restaurant de l’hôtel Kingston où nous attendaient Austine et son fiancé. J’ai décidé de faire les présentations officielles ce soir, en d’autres termes, j’assume enfin de sortir avec un rouquin (rire). Pendant que nous marchons vers eux, je peux entrevoir le sourire narquois que me fait Austine jusqu’à atteindre leur niveau.
Nous : bonsoir,
Eux (se levant) : bonsoir,
Austine : enfin, les stars de la soirée nous honorent de leur présence !
Moi (me justifiant) : toutes nos excuses pour le retard, c’est de ma faute.
Austine : je n’en doute pas une seconde.
Je lui lance un regard noir auquel elle réplique par un sourire en coin.
Austine : asseyez-vous donc, prenez place !
Joe : merci
On s’assoit tous avant que je ne procède aux présentations.
Moi (le sourire scotché aux lèvres) : Austine, Emmanuel, je vous présente mon ami Joe NOUMONDJI.
Joe précisant : son petit ami.
Moi riant : d’accord autant pour moi donc ! Elle c’est Austine AGBEKO, plus qu’une sœur qu’une amie et voici son fiancé Emmanuel OSSENI. Emmanuel est aussi passionné de voiture que toi, (à Emmanuel) tu as trouvé ton jumeau !
Emmanuel (lui serrant la main en souriant): ah oui ? Ravi alors ! (enchaînant) J’ai enfin l’honneur de mettre un visage sur ce prénom, j’ai tellement entendu parler de toi bro.
Joe : ah ouais ? En bien ou en mal ?
Emmanuel : en bien, bien sûr.
Joe : nous sommes deux alors.
Le téléphone d’Emmanuel vibre, il fixe l’écran avant de se tourner vers Aus qui lui fait signe qu’il peut le décrocher.
Emmanuel (se levant) : excusez-moi, je vais prendre cet appel.
Nous : ok !
Un serveur s’avance vers nous pour prendre nos commandes, nous choisissons rapidement avant de retourner la carte à Austine qui se charge de la sienne et celle de son chéri. Nous reprenons nos discussions une fois le serveur éloigné puis c’était le tour de Joe de se lever pour prendre un appel. Il fait juste deux pas qu’Austine me donne une tape sur le bras.
Moi (frottant la partie) : Aïeuhhh !! Qu’est-ce que j’ai encore fait ?
Austine (louchant sur les fesses de Joe) : la bêtasse ! Regarde le cul d’enfer que porte le mec et puis il dégage un charisme là qui donne seulement le tournis (secouant la tête dans tous les sens) donc tu voulais passer à côté de ça !? Quand je te dis que tu es trop bête !!
Je regarde Joe qui s’est retourné vers nous très embarrassée.
Moi doucement : Aus, je crois qu’il nous entend.
Joe : ouiii !!
Austine (balayant l’air de la main) : ohh ça ne fait rien, je ne fais qu’apprécier !
Moi (ton réprobateur) : Aus !!
Austine : mais quoi ?
Je secoue la tête en même temps que Joe qui continue son chemin.
Moi (me tournant vers elle) : tu veux me mettre mal à l’aise c’est ça ?
Austine : tu survivras ! Il faut dire les choses telles qu’elles sont sinon c’est de l’hypocrisie.
J’ai préféré ne pas répondre de toute façon avec Austine, ce sera peine perdue, elle sait tout faire sauf garder sa langue dans la poche.
Les garçons nous rejoignent plus tard et la soirée reprit son cours. Joe nous raconte des blagues et son air si détendu m'interpelle. Je me qu’il doit forcément avoir un cadavre dans son placard. De ne pas me juger, je suis juste prudente lol. Ne dit-on pas que celui qui a été mordu par le serpent, se méfie des cordes ? Bah, quand on a un passé comme le mien, on devient à la limite parano. Le gars ne peut pas réunir en lui seul toutes les qualités, No it’s just unreal ! Ça voudrait dire qu’à lui seul, il est beau, sexy, intelligent, drôle et maîtrise l’art culinaire et pour couronner le tout gentleman raffiné (unbelievable !). Bof peut-être que je me fais des idées et qu’enfin la providence m’envoie quelqu’un de bien pour panser mes plaies. C’est Aus qui me sort de mes pensées.
Austine : à quoi penses-tu ?
Moi : à rien chérie, tu disais que vous avez finalement décidé pour la date du mariage.
Austine (sourire radieux) : oui, le 25 prochain. (à Emmanuel) C’est choisie exprès pour mon anniversaire n’est-ce pas, Manu ?
Celui-ci avait l’air dans les vapes, il a fallut qu’on l’appel tous pour qu’il réagisse. Je pense, il paraît préoccupé depuis qu’il a reçu ce coup de fil.
Moi : tu es sûr que ça va ?
Emmanuel (buvant une gorgée de son cocktail) : oui…Oui ça va.
Austine suspicieuse: on ne dirait pas chéri, tu as l’air tendu depuis que tu as reçu ce coup de fil. Une mauvaise nouvelle ?
Emmanuel (forçant le sourire en lui caressant la joue) : ça va chérie, ne t’inquiète pas.
Nos commandes arrivent plus tard, puis nous mangeons en bavardant gaiement sur le déroulement du mariage, tout le monde participe à la conversation sauf Emmanuel qui n’arrêtait pas de surveiller l’écran de son téléphone. À un moment Austine craque.
Austine : on peut rentrer si tu veux.
Emmanuel (se voulant rassurant) : je vous suis très bien, c’est juste que ce plat de bœuf bourguignon a du mal à passer.
Austine : mais bébé, c’est ton plat préféré.
Joe : tu peux le changer si tu veux.
Emmanuel : non, non merci. Je crois que je vais plutôt y aller, (se tournant vers Aus) tu peux rester avec eux ça ne me dérange pas.
Austine (posant un regard insistant sur le sien) : non, je vais te raccompagner (à Joe) ça ne te dérange pas, j’espère.
Joe : non non, le moins du monde. Ravi d’avoir fait votre connaissance.
Austine : moi de même, on se voit une prochaine fois.
Emmanuel : je vous présente mes excuses.
Nous : pas de soucis, t’inquiètes.
Il veut laisser un chèque sur la table mais Joe l’empêche en lui faisant signe qu’il s’en occupera. Ils s’en vont et je me retourne vers Joe gênée alors qu’il me rapproche de sa bouche par l’échancrure de ma robe avant qu’on ne se lance dans un tendre et doux baiser.
Joe (mettant fin au baiser) : au moins leur départ nous donne libre cours de faire ça !
Son regard goguenard me fit éclater de rire, l’atmosphère se déride aussitôt, mais nous ne tardons plus non plus à nous mettre en route. Le trajet vers la maison se fait en silence, il faut dire que le slow qui passe et le champagne que j’ai pris toute à l’heure m’enivre un peu. Je prends le temps de le détailler, il a son profil sérieux qui lui rend un point sexy. C’est dans ce genre de moment que mon poule s’accélère et je ressens comme des picotements dans l’entrejambe. Le type dégage quelque chose, je vous assure, ou simplement que je suis en train de tomber amoureuse de lui. Nul doute que c’est le cas, Oh my God ! Tu es foutue Cynthia.
Joe : tu penses à quoi ?
Moi (me raclant la gorge) : à toi,
Joe (d’une voix douce) : c’est bon de t’entendre dire cela, en fait, je te ramène chez toi ou tu viens dormir chez moi ?
C’est justement le moment qu’a choisi la voiture pour se mettre en panne. Sauver par le gong lol, de toute façon, je n’aurai pas su quoi répondre.
Joe (sortant du véhicule) : reste dedans, je vais voir ce que c’est.
Moi (mimant un sourire) : c’est toi l’expert mon beau.
Il ouvre la carrosserie du véhicule et le bricole un moment puis reviens le redémarrer en un coup.
Moi (sur un ton de plaisanterie) : waoohh t’es un génie de la mécanique ou quelque chose comme ça ?
Joe souriant : c’est rien de magique, c’est le relai de pompe qui s’est déplacé.
Il se retourne et me fixe en prenant un ton sensuel.
Joe : j’ai entendu dire que ta carrosserie à toi à besoin de grands travaux.
Moi (le fixant déconcertée) : elle n’a pas osé !
Il hoche la tête, mais la fille-ci me veut quoi ?
Moi : aux dernières nouvelles, ma carrosserie à moi est encore neuve donc pas besoin de réparation.
Il se redresse brusquement.
Joe : que veux-tu insinuer par là ? Que t’es encore vierge ?
Je hoche lentement la tête, avoir trente ans et être encore vierge n’est pas mauvais en soi sauf que c’est un pan de ma vie que je n’aime pas trop dévoiler. Ça fait un genre, mais je suis bien obligée là parce que je n’aime pas du tout la tournure que prennent les choses.
Joe (me prenant de court) : je crois qu’on devrait se marier.
Moi : tu aimes trop blaguer toi.
Joe : je suis persuadé que non, j’ai rencontré l’ange en personne et je ne laisserai personne d’autre finir sa vie avec lui.
Dites-moi les filles, on répond quoi là là ?
*
*
Florent GBEVOU…
Je suis la progression de Fifamè vers la voiture jusqu’à ce qu’elle monte, j’attends qu’elle finisse de s’installer pour lui poser la question qui me brûle les lèvres depuis qu’elle m’a appelé en catastrophe.
Moi : bonsoir (elle répond.), que se passe t-il ? Il y a quoi de si urgent ?
Fifamè : il n’y a pas le feu ne t’inquiète pas, tu connais le parc automobile de Selena Ju à Sèmè ?
Moi (hochant la tête) : on va faire quoi là-bas ?
Fifamè (simplement) : tu verras.
Je démarre et fait la manœuvre pour sortir sur la voie principale, nous prenons d’abord une pause en route pour déjeuner avant de garer quarante-cinq minutes plus tard devant le concessionnaire automobile. On descend et referme les portières à la fois puis je la suis un peu intrigué jusqu’à ce qu’on ne pénètre le Showroom et qu’on arrive vers le vendeur. On se salue brièvement puis se dernier nous redirige vers un immense garage qui abritait plusieurs véhicules après qu’elle lui ait dit quelques mots.
Fifamè : vas-y Florent, choisis celle qui te plaît.
Moi : tu sais bien qu’en ce qui concerne les voitures, les goûts diffèrent selon le sexe.
Fifamè : choisis simplement ce qui t’aurait fait plaisir à toi.
Moi : euh okk.
Je jette un coup d’œil parmi ces véhicules aussi luxueux les uns autant que les autres et tombe amoureux direct d’une Rolls-Royce Phantom. On nous l’envoie et puis elle me demande deux fois de suite si c’est cela mon dernier choix. Je hoche également la tête deux fois de suite puis nous refluons vers le bureau du vendeur. Ce dernier attend qu’on se rasseye sur les sièges visiteur pour me tendre un document que je devais apparemment signer.
Moi (le fixant perplexe) : pourquoi devrais-je signer ce document ?
Fifamè : signe d’abord puis on en parlera.
Je signe les papiers malgré moi puis elle tend un chèque au vendeur qui y jette un coup d’œil rapide dessus avant de conclure.
Vendeur : le compte y est Mme LOCKO, nous allons revisiter le moteur et vous l’envoyer dans trois jours.
Fifamè : ok, c’est réglé donc ?
Vendeur : oui oui, merci. Ça été un plaisir de faire affaire avec vous.
Fifamè : le plaisir est partagé.
J’attends une seconde fois qu’on redémarre pour poser plus de questions.
Moi : tu m’expliques ?
Fifamè : tu viens de t’acheter une nouvelle voiture.
Moi : comment ça ? Je n’ai jamais programmé en acheter une, je n’en ai pas les moyens d’ailleurs.
Fifamè : les documents, c’est toi qui les as signés, la voiture est en ton nom et c’est ton cadeau de bienvenu.
Moi : cadeau de bienvenu ?
Fifamè : dans notre future vie à deux.
Moi : tu me fais une blague ou quelque chose du genre?
Fifamè : Florent, tu les as bien signés ces papiers ? (je secoue la tête.) Avec ta signature, (je secoue à nouveau la tête.) donc ce n’est pas une blague. Dans trois jours, tu l'auras à ton domicile, tu peux laisser celle-ci à ta femme. Je lui prendrai un chauffeur pour ses déplacements, elle est enceinte et avec les risques qu’elle encoure, c’est mieux qu’elle évite de rouler une moto.
Moi (la fixant abasourdi) : tu n’as pas à faire cela !
Fifamè : hee, je le fais pour toi. Laisse-moi prendre soin de toi.
Cette affaire commence à être sérieuse, au début, je m’étais dit qu’elle finirait par se dégonfler devant mon indifférence, mais c’est totalement le contraire. Ce n’est pas sa première fois de se montrer aussi généreuse envers ma famille et moi, j’avoue que ses aides m’ont permis de maintenir le rythme de mon ancienne vie, mais je reste sceptique devant tant de générosité. J’espère que cela ne me retombera pas en plein visage.
Moi : merci, mais il ne fallait pas le faire.
Fifamè : tout le plaisir est pour moi. (du tic au tac) Et le traitement de Nadine, ça avance ?
Moi : tout est rentré dans l’ordre, sa grossesse se déroule parfaitement. Ton docteur est vraiment efficace.
Fifamè : c’est le meilleur au Bénin en ce moment, je suis heureuse qu’elle soit sauvée du danger.
Moi (lui lançant un regard entendu) : ça ne te dérange vraiment pas la place que tu occupes dans cette histoire ? Fifa, tu as tout pour avoir un homme bien dans ta vie. Tu le mérites, pourquoi t’infliges-tu ceci ?
Fifamè : c’est toi que je veux dans ma vie, et personne d’autre.
Moi : excuse-moi d’être aussi direct, mais je n’ai envie d’aucune femme que la mienne.
Fifamè : j’attendrai le temps qu’il faut pour cela également.
Je pousse un long soupir, elle doit vraiment avoir un boulon qui craque cette femme.
*
*
Salifou DIOMANDE...
Je suis enfermé dans mon bureau lisant le plan de financement d’une nouvelle entreprise à Dakar dans laquelle je prévois de faire des investissements. J’ai pris l’habitude de me réfugier ici depuis que cette femme que je préfère ne pas nommer a fait irruption dans ma vie. Rien qu’en une semaine, elle a réussi à semer de la zizanie dans ma vie et pour la première fois dans ma vie, j’ai fait du mal à ma femme (soupir). Lorsque les erreurs du passé retombent sur nous, on ne peut qu’assumer. Sauf que j’ai tellement peur de blesser Mariam, je risque même de la perdre. Elle n’en est pour rien dans cette histoire, enfin en partie, mais elle ne me comprendrait pas. Cette IVG qu’elle a faite, c’est entièrement de ma faute, je me sens tellement coupable que je n’arrive même plus à la regarder en face. J’aurais dû être honnête depuis que j’ai franchi le seuil de cette porte que tout ça ne serait pas survenu.
Je fixe l’écran de mon téléphone qui n’arrête pas de sonner, je n’ai pas envie de décrocher, mais si je ne le fais pas elle attendra la nuit profonde pour réitérer ses appels.
Moi (décrochant d’une voix furieuse) : tu veux quoi encore ? Je crois qu’on s’est déjà tout dit cet après-midi.
Elle : c’est ta fille qui demande à te parler.
Moi soupirant : passe-la moi !
Je parle avec la petite un moment puis elle lui reprend le téléphone de force.
La petite ripostant : mais maman, je n’ai pas fini de lui parler.
Elle : ça suffit pour aujourd’hui, je dois lui dire quelque chose.
La petite (pas du tout d’accord) : tu fais toujours ça maman, c’est moi qui ai demandé à lui parler.
Elle criant : va dans ta chambre et que ça saute.
Moi soupire frustré : tu es obligée d’être aussi dure avec elle ?
Elle : c’est ma fille, je fais ce que je veux.
Moi : je te rappelle que c’est la mienne également, même si tu as attendu dix-huit ans pour me le dire.
Elle : peu importe ça reste ta fille !
Moi : bref, tu voulais me parler de quoi ?
Elle : notre popote est finie.
Moi m’énervant : tu n’as que ça dans ton vocabulaire ! Penses-tu trouver un rond sur moi si ma femme exigeait autant de moi ? Pourtant, elle s’occupe de trois enfants elle.
Elle : ce n’est pas ma faute si elle ne sait pas profiter de ce qui est à sa portée.
Moi : je vous enverrai un chèque demain !
Je raccroche sans lui laisser le temps de répondre, j’en avais marre de l’entendre. Elle savait me mettre de mauvaise humeur cette bonne femme, je maudis vraiment le jour où nos chemins, ce sont croisés.
Je ressors du bureau avec une bouille amarrée pour retrouver ma femme dans la chambre gisant au sol dans un mare de sang.
Moi (me précipitant sur elle) : Mariam qu’est-ce qui ne va pas ?
Mariam : mon ventre, j’ai très mal au ventre…