Une drôle de scène
Ecrit par lpbk
Mon retour au travail s’est fait progressivement.
Après la chute que j’ai faite, il y avait toujours des risques de complications
ce qui ferait en sorte que je perde connaissance encore une fois. Mais pour le
moment, tout se passe pour le mieux. Je me sens en pleine forme. Maintenant, il
faut juste que je me tienne tranquille et que j’attache mes lacets quand
Philippe est dans les parages. Je fixe l’heure depuis mon arrivée au bureau. Il
arrive dans une heure. Cela va vous laisser le temps à moi et à Elie d’établir
un plan pour qu’il croie que je suis de nouveau célibataire.
Elie arrive en trombe dans mon bureau.
— Angie ! Je sais ce qu’on va faire ! Tu m’as donné une idée
hier quand on est sortie de l’hôpital.
— J’espère que ce n’est pas un plan de fou, cette fois encore…
— Non, ça va être simple tu vas voir. Viens on va aller voir Marc.
— Pourquoi faire ?
— Pour qu’il joue le rôle de ton mec.
Hein ? Elle est folle ou quoi ? Marc ne va
jamais accepter de faire ça.
— Elie, je veux qu’il croit que je suis célibataire, pas le
contraire !
— Ben oui, c’est ça. Viens !
Elle me prend la main et m’amène à son bureau. Elie
fait son plus beau sourire et demande :
— Marc, mon beau Marc…
Elle, avec ses yeux de petit chat, on ne peut rien lui
refuser.
— Elie, qu’est-ce que tu veux encore me demander ? Je t’ai dit non.
Je ne peux pas t’aider cette semaine, j’ai trop de travail avec mes dossiers
sur le droit criminel.
— Non, ça n’a rien à voir avec moi… C’est Angie.
— Je ne connais rien au droit familial moi.
— Ce n’est pas du travail que je te parle. Coudonc, tu as juste le travail
en tête, toi ? Tu sauras qu’il y a des choses beaucoup plus importantes
dans la vie ! Angie a besoin de toi, il faut que tu sois son mec.
Marc regarde mon amie comme si elle venait d’une autre
planète.
— PARDON ?
— Oui, oui juste une heure pas plus.
— Ecoute Elie, je sais que j’ai l’air de ne pas avoir de vie comme ça,
mais je peux m’occuper tout seul de ma vie amoureuse.
— C’est seulement pour faire semblant.
— Je ne te suis pas là…
— Angélique a un gros béguin pour un homme. Mais pour l’aider je suis
allée dire qu’elle avait quelqu’un dans sa vie. Masi là, il faut qu’il pense
qu’elle est célibataire, tu comprends ?
— Pas vraiment… Dis Marc en soupirant.
— En tout cas, là ce que je voudrais c’est que tu fasses emblant de sortir
avec Angie. Et tout à l’heure quand Philippe va arriver, tu vas faire semblant
de te chicaner avec elle et vous allez rompre devant tout le monde. Comme ça,
Philippe va croire qu’elle est libre. Est-ce que c’est assez clair pour
toi ?
— Oui… Oui… Bon, c’est correct. Je vais vous aider.
— Merci ! Merci ! Merci ! T’es un amour !
Je regarde mon amie inquiète et demande :
— T’es sûre que ça va marcher ? Ecoute, je suis vraiment mauvaise
comédienne.
— Pas grave ! Maintenant, il reste juste que Philippe arrive. S’il
n’est pas en retard, évidemment.
Evidemment, Elie avait raison, Philippe est en retard.
Il arrive au bureau pour installer la pièce de mon téléphone.
— Bonjour Angie !
— B… Bon… Bonjour !
Je bafouille encore. Je regarde ailleurs gênée.
Vraiment, ce gars fait tout pour me figer. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs.
Pendant que Philippe exécute sa tâche, Marc arrive
dans mon bureau.
— Angie, je voulais te dire que…
Bon, ça y est. La pièce de théâtre commence. Je le
regarde dans les yeux et je lui dis assez sèchement :
— Bon, tu es là.
— Ben oui…
— Au moins, je te vois ici parce qu’à la maison, je ne te vois jamais.
— Je travaille beaucoup, tu le sais.
— Ah bon ! Tu travailles tellement que tu n’as pas eu le temps de
ramasser tes bas sales.
Masi qu’est-ce que je raconte ? Philippe ne
croira jamais ça… Ah ! Que je suis bête. Je n’aurai jamais dû suivre les
plans d’Elie.
— Hein ? De quoi tu parles ?
Là, je sens que mon collègue est confus. En tout cas,
une chose est sûre c’est que mon collègue est mauvais comédien aussi. Vraiment,
je pense que j’aurais dû trouver une meilleure excuse pour engueuler mon faux
chéri.
Je regarde aussi Philippe et je sens qu’il est mal à
l’aise de la situation, il vient pour sortir du bureau en disant :
— Je vais vous laisser régler vos problèmes…
— Non, c’est correct, tu peux rester ! Il faut que tout le monde
sache comment mon chéri est minable. Il se laisse trainer partout. Il pense que
je suis une boniche. En plus… il… il… il…
Bon, déjà, je ne sais plus quoi inventer. Philippe se
rend bien compte que je suis perdue dans mes pensées. Il sort de la pièce. Je
vois mon amie qui arrive à ses côtés. Philippe lui demande :
— Ce n’était pas l’amour fou entre ces deux-là ?
— Ah ! Tu parles de leur chicane ? Ça leur arrive souvent de se
disputer pour le ménage, les bas sales… Ils s’embrassent pendant un instant et
ils se disputent après. C’est comme ça depuis des semaines.
— Ah… Je vais donc attendre avant de finir mon job.
— Ouais ! Ça ne devrait pas être long…
Moi, de mon côté, je fais exprès pour parler bien
fort.
— JE CROIS QUE J’EN AI ASSEZ DE TES CONNERIES ! TU…
— Je quoi ?
Réfléchis vite, Angie ! Vite ! Il faut que
ce cauchemar s’arrête !
— TU… TU… PUES !
Là, je marque un point. Mon collègue ne prend pas une
douche tous les jours, c’est évident. Pourquoi ne pas utiliser un élément vrai
pour m’aider ? Toutefois, je ne suis pas certaine que mon collègue
apprécie cette remarque.
— Hein ?
— OUI, TU DEVRAIS PRENDRE UNE DOUCHE DE TEMPS EN TEMPS. CA
M’ECOEURE ! AHHHHH… JE NE VEUX PLUS T’AVOIR DASN MA VIE ! TIENS TES
LETTRES D’AMOUR, JE N’EN VEUX PLUS !
Je prends des feuilles au hasard et je les déchire
devant lui.
— ET REGARDE CE QUE JE FAIS AVEC L’AFFREUX VASE QUE TU M’AS OFFERT A LA
SAINT-VALENTIN !
Je le lance par terre et il éclate en morceaux.
— T’ES FOLLE OU QUOI ?
Il était temps qu’il réagisse.
— OUI FOLLE D’ETRE SORTI AVEC TOI ! JE PEUX PLUS T’ENDURER !
— EH BIEN, JE PARTAGE CE SENTIMENT§
Je crie assez fort :
— C’EST FINI ENTRE NOUS ! JE NE VEUX PLUS RIEN SAVOIR DE TOI !
JE MERITE MIEUX QU’UN… QU’UN… CROTIN COMME TOI !
Marc s’en va. Ca y est. Mission accomplie. Je pense
que mon collègue va m’en vouloir longtemps. Je n’avais pas d’autres choix.
Philippe entre dans mon bureau pour terminer son travail
et ensuite il me regarde.
— Je suis désolé.
— Pourquoi ?
— Pour ton chéri. Pour cette rupture.
— Ah ça… C’est pas si grave dans le fond…
Tout à coup, j’ai envie qu’il me touche, qu’il me
prenne dans ses bras.
— J’ai tellement de peine. Je me sens comme un vieux torchon. Je ne
pourrais plus jamais aimer un autre homme.
— Ben non, ne dis pas ça, laisse toi du temps, Angie.
— Je suis si triste. J’ai besoin que quelqu’un me prenne dans ses bras.
Philippe voulant bien faire me prend dans ses bras et
me serre contre lui. Je suis si bien. J’en profite en faisant semblant de
pleurer sur son épaule, si douce, si…
— En plus, mon chat est mort ce matin… sniff…
J’ai trouvé une bonne excuse apparemment puisqu’il me
sert encore plus fort contre lui. Bravo, Angie ! Pour une fois, je ne suis
pas tombée.