Une fois n'est pas coutume

Ecrit par Fleur de l'ogouée


Sandra Mbourou


Ce week-end tout les enfants sont chez maman, donc je me suis donnée la mission de faire sortir les deux vielles, un bon vendredi soir comme ça ce n’est pas un jour où il faut dormir au contraire il est idéal pour sortir en boite, il y a toujours moins de gamins que le samedi, en plus le coin où je vais les emmener il est hyper classe et la clientèle est essentiellement mûre. Je vais tâter le terrain sur whatsapp, histoire de voir si elles envisagent de faire autres choses que dormir.

- Bonjour les filles Mbourou on fait quoi ce soir?

- Lydia: Coucou es-ce que on avait un programme?
- Mélanie: Lydia toi aussi tu réponds à une question par une autre question.

- Lydia : Ah laisse-moi, un resto asiatique ça vous tente?

- Oui mais c’est trop sage pour l’occasion, si après on termine en boite de nuit ça me conviens.

- Lydia: Tu veux que Marc vienne me chercher sur la piste de danse

- Laisse le pauvre homme tranquille je l’ai croisé chez maman il a dit pour lui y a pas de problèmes ses potes passent jouer aux jeux vidéo là-bas

- Mélanie : Lydia tu n’as pas d’excuses cherche seulement ta tenue oh

- Lydia: Mameh Sandra tu es pointue hein jusqu’à tu connais même le programme de mon mari, la Méli toi tu veux aller en boite?

- Mélanie: Oui moi je veux aller danser

- Lydia : Bon OK on se retrouve chez toi à 21h et on part avec moi voiture

- Le goût ohhhh à toute je me prépare déjà


Je suis trop contente girl night out avec mes sœurs d’amours ça m’avait manqué, les amies c’est bien mais rien ne remplace une sœur. Après avoir finis de me faire ma manucure maison, je passe à l’épilation se sentir fraîche et propre ça booste la confiance, surtout qu’il me faut faire des rencontres pour remplacer mon taré d’ex petit ami, il me faut un nouveau gar oui mais pas n’importe quel rigolo, c’est pas parce que j’ai 25ans que je vais sortir avec un jeune sans situation, si on me traite de matérialiste parce que j’exige le haut du panier ce n’est pas mon problème, je n’ai pas besoin de l’être quand on me regarde on sait que je ne manques de rien, donc il faut en avoir un minimum dans la poche pour m’avoir. Une fois le ravalement de façade de la tête au pieds terminé je me trouves parfaite, j’enfile une robe noir mi longue, moulante et dos nu, vraiment avant ma petite poitrine me complexait mais je suis bien contente de pouvoir porter de tout, je mets mes Louboutin noir et je prends une petite pochette que je vais pouvoir mettre en bandoulière quand on sera en boite. Finalement je prends la route en direction de chez Mélanie, je n’aime vraiment pas conduire, il faut que je songes à demander à maman de me prêter son chauffeur de temps en temps ou de m’en prendre un.

Quand j’arrive, je les trouve au salon elles sont canons mes aînées, Lydia dans sa tenue chic pantalon chemise paire de talon compensée et Mélanie dans le même style mais avec une chemise avec épaules dénudée et une paire d’escarpins.

- Ouh lala la température monte d’un cran, vous êtes sexy hein les vieilles

- Lydia: pardon toi-même d’abord

On embarque toutes dans la voiture de Lydia, j’en profite pour poster des vidéos et photos sur tout mes réseaux sociaux, j’ai des milliers de followers, les gens apprécient mon mode de vie, les beaux restaurant, les vêtements chics et les voyages, les jeunes filles ne sont obnubilés que par le paraître de nos jours. Je dis souvent à certaines de mes amies que je suis héritière, certes notre père n’était pas milliardaire mais il nous a légué une sommes assez colossale à chacune et donc sortir avec un homme ne me rends pas dépendant de lui contrairement à d’autres qui sont prêtes à toutes les folies pour avoir le dernier téléphone à la mode.

Nous arrivons enfin au restaurant il est chic, le cadre est vraiment beau, en matière de restos branchés dans Libreville il n’y a personne qui s’y connaît mieux que Lydia, elle pourrait être guide touristique spéciale coin où manger. Je manges assez léger pour pas que le ventre se dessine dans toute chose il faut être stratégique. Pendant le repas on discute de nos semaines et on échange les dernières nouvelles, tout est assez calme pour Mélanie et moi, contrairement à Lydia qui a toujours des semaines mouvementées le quotidien ne doit pas toujours être facile à gérer quand on mère de quatre enfants dont deux sont des pré ados, et c’est encore plus difficile parce que Marc qui songe à récupérer légalement la fille de sa défunte sœur qui vit avec des tantes inconnues dans des conditions plus ou moins défavorables

- Marc a trop le grand cœur j’espère que ça ne se retournera pas contre lui

- Mélanie: Vraiment on se connaît ici-là, le père de la petite est où?

- Lydia: Elle n’a jamais dit qui il était de son vivant et aucun homme ne s’est manifesté, j’ai proposée qu’on la soutienne financièrement dans un premier temps, on verra la suite après

- Mélanie : Je crois que c’est la meilleure option hein

On a continué à discuter dans une ambiance paisible, après une petite retouche maquillage dans la voiture nous sommes allées en boite

- Lydia : Je ne sais pas pourquoi j’ai acceptée hein, une vielle comme moi en boite

- Mélanie : Ah pardon entrons seulement, moi aussi je suis une tantine mais nous sommes déjà là.



Mélanie Mbourou


La première fois que je suis rentrée en boite c’était avec Thomas il m’avait promis de m’emmener en boite quand j’aurai le bac, il a économisé pendant des mois pour qu’on est un salon et une bouteille, il avait son petit poste d’informaticien avec lequel il nourrissait sa famille c’était un brave homme, il travaillait dur et ne s’en plaignait pas. Pourquoi la vie nous a séparer si tôt, j’essaie d’enfouir tous ses souvenirs qui remonte à la surface et je me faufile entre les gens en suivant Sandra, nous arrivons à une table qui nous a été réservé par le proprio lui même, on s’assoit tranquillement. Une serveuse s’approche avec nos boissons, vraiment on est avec une VIP. Sandra se déhanche gracieusement sur la piste de danse tandis que Lydia et moi essayons tant bien que mal de suivre le rythme de la musique.


2h du matin

«Coller coller coller la petite» nous sommes toutes les trois déchaînées sur la piste de danse, on se lâche sans se préoccuper du regard des autres, l’adrénaline monte nous poussons à nous essouffler, concentrer sur ma danse je fermes les yeux pour mieux ressentir la musique et au moment où je les ré-ouvres mon regard croise celui de quelqu’un, mais pourquoi la ville là est petite comme ça, genre de tous les endroits il a fallu que je tombe sur lui ici et aujourd’hui, Sandra qui l’a aussi aperçu me dis

- La Méli tu ne vas pas le laisser pourrir ta soirée, continuons à nous amuser

Je reprends de plus belle mes pas de danses, je ne vois pas pourquoi il va gâcher ma soirée. Je continues sur ma lancée c’est hyper relaxant de faire abstraction de son quotidien juste pour quelques heures. Je me sens libre et revigorée, l’instant d’une soirée je suis vivante, je ne ressens pas de douleur, mon cœur est en paix. Quand je sens mes pieds me supplier de m’arrêter après avoir tout donné sur la piste je retournes m’asseoir j’enlève mes escarpins pour soulager un peu la douleur, pendant que j’étanche ma soif je le vois s’approcher de moi.


Bradley Davis

Quand je suis rentré je l’ai directement vu sur la piste, plus belle que les fois précédentes, souriantes, se trémoussant dans tous les sens, elle provoque quelques choses de fort en moi, quand nos yeux se sont rencontrés j’ai vu le regard noir qu’elle m’a lancé, du coup je n’ai pas eu le courage d’aller vers elle, je suis directement allé retrouver mes potes à leur table. Mais je n’ai pas arrêté de la regarder danser, elle est magnifique chacun de ses sourires m’enivrent, chaque fois qu’elle se déhanche j’ai l’impression que mon cœur ne tiendra pas longtemps sans elle près de moi. Elle semble être fatiguée, assise toute seule à sa table c’est le moment où jamais, d’un pas décidé je vais la rejoindre. En y allant je me fais intercepter par un de mes anciens plan cul, elle colle ses grosses fesses sur moi sans tact, je me dégages tant bien que mal, et elle se retourne choquer et s’en va, vraiment trop de poison humain dans cette ville, tu couches avec elle une fois et elle pense que c’est le contrat. J’arrive enfin devant celle qui m’intéresse, je souffle avant de parler

- Bonsoir Mélanie tu vas bien?

- Très bien

- Je t’ai appelé, écris mais jamais aucune réponse

- J’ai pourtant été très claire lors de notre dernier échange

- Tu ne m’as jamais laissé une chance de t’expliquer la situation

- Vas y

Je la regarde surpris je ne sais pas quoi répondre car effectivement j’étais en très mauvaise posture mais pour ma défense nous ne sommes à l’étape de la drague pour l’instant, mon petit écart avec Tatiana ne devrait pas être autant pris à cœur, je n’ai évidement pas le courage de lui dire quoi ce soit. Je reste bêtement silencieux à la regarder

-C’est bien ce que je pensais me dit elle, retourne d’où tu viens. d’ailleurs il me semble que tu as une fan dans la pièce ça tombe bien pour toi. Je ne fréquentes pas les hommes qui ne savent pas ce qu’ils veulent, tu ferais mieux de retourner à tes petites jeunettes, moi la vielle je n’ai rien à te dire.

Elle a raison, je ne me suis pas conduis en gentleman, mais ce n’est pas pour autant que je ne sais pas ce que je veux, c’est d’une femme comme elle dont j’ai besoin dans ma vie, je ne peux pas dire que j’ai changé mais ces derniers temps, je drague moins, la frivolité ne m’attire plus, j’ai besoin de beaucoup plus. Au moment où je m’apprête à sortir mes meilleurs arguments je vois un jeune homme qui s’approche de nous, il la prend dans ses bras et lui fais la bise, un petit garçonnet de rien du tout il se prend même pour qui? Il ne voit pas qu’elle parle avec un homme?

Je retournes m’asseoir tellement énervé que je boudes pendant toute la soirée, le bon monsieur danse et rigole avec elle et ses sœurs mais qui ça peut bien être. Je les vois partir tous les quatre vers 4h du mat, impuissant je restes là assis. À cet instant je réalise que je ressens quelque chose pour elle, je ne saurai expliquer quoi mais c’est un mélange de plusieurs ressenti, elle me plaît vraiment. Pour l’avoir je dois être totalement libre, il faut que me débarrasse définitivement de cette sangsue de Tatiana c’est plus possible, depuis qu’elle est revenue de son voyage elle ne me lâche plus, ce soir j’ai dû rusé pour qu’elle ne me suive pas ici. Mais en même je me sens hypnotisé par chacune de ses paroles, quand je prends la décision de la faire partir il suffit que nous nous retrouvions dans le lit pour que je ne puisse plus dire aucun mot, je me sens comme envoûté par ses charmes. Si je croyais en toute ces histoires de maraboutage, j’aurai dit qu’elle pratique de la sorcellerie pour me garder, mais je n’y crois pas, ça doit être sa manière de faire l’amour qui est différente.

Je finis ma soirée assez tôt et hyper déçue de comment se passent les choses avec Mélanie, tout ça parce que je laisse une enfant me perturber. En arrivant je ne m’attendais pas à la voir ici, ça présence m’a perturbé, l’image d’elle dansant joyeusement sur la piste s’est imprimé dans mon cerveau. Une fois rentré je trouve péniblement le sommeil, a bientôt la quarantaine je me retrouves à vouloir me caser avec la seule avec qui mon charme de tombeur n’agit pas. À mon réveil j’appelle Sam et Paul mes potes que je considère que je considère avec le temps comme mes frère, j’ai besoin d’un avis extérieur. Autour d’un bon bouillon de poisson pimentée que j’ai acheté chez une dame pas loin, je leur raconte toute l’histoire avec Mélanie. J’ai besoin d’avis extérieurs.

- Sam: Man vrai vrai tu es maboule toi même tu gaspilles, tu as la vrai femme devant toi et c’est une petite gamine qui va te prendre pour son mougou

- Paul : Sincèrement la petite Tatiana que j’ai vu ici là, tu penses que c’est une femme à mettre à la maison?

- Les gars moi même je sais que sur ce coup j’ai merdé et j’ai l’impression de l’avoir perdu, hier en boite vous avez as vu comment ça c’est passé.

- Paul : Frère arrête de t’embrouiller, si tu as réussi à avoir une soirée avec elle, tu pourras en avoir une autre.

- Sam: C’est pas nous qui allons t’expliquer comment draguer une nana à ton vieil age

J’éclate de rire, mais au fond ils ont raison, il faut que je cesse de m’apitoyer sur mon sort et que j’agisse enfin comme l’homme mûr que je suis. Je ne peux pas laisser cette femme passer comme ça sans avoir tout tenter. Dès aujourd’hui je vais tellement la coller qu’elle ne comprendra rien et cette sangsue de Tatiana je lui réserve aussi une mauvaise surprise.



Mélanie Mbourou


Le réveil a été difficile je ne suis pas habituée a ce genre d’excès, chacune des parties de mon corps me fait souffrir, mes pieds sont tout engourdis et j’ai une atroce migraine. Je me sors du lit avec beaucoup de peine, Sandra dort encore et je suppose que Lydia est rentrée chez elle aux premiers rayons de soleil, heureusement qu’elle a un mari compréhensive parce que certains maris vieux jeu n’auraient pas apprécier qu’elle découche quitte à ce qu’elle rentre seule à 4h du matin à la maison. Je passes au salon, Hervé dort encore on a juger plus prudent qu’il passe la nuit ici et comme la chambre d’ami est devenue celle de Maëlle il a juste proposé de dormir sur le canapé. Je me fais bouillir un peu de citronnelle histoire de boire quelque chose de chaud, en passant par le salon pour rejoindre la véranda, je bouscule un meuble et le bruit réveille Hervé. On fini par se poser tout les deux et on commence à discuter de tout et de rien, il est vraiment intelligent et débrouillard ce garçon, au fil de la discussion je remarques que quand il parle de Sandra il a les yeux qui brillent et en plus hier il la dévorait du regard, je lui demandes alors sans détour si elle lui plaît et sa réponse franche me surprends

- Je t’apprécie beaucoup Mel donc je vais être sincère. Oui j’ai des sentiments pour elle mais je sais qu’il ne sont pas réciproques alors je préfères les enterrer et rester le bon ami plutôt que la perdre.

- Mais tente ta chance on ne sait jamais?

- Mélanie tu es la grande sœur de Sandra, et je te respecte beaucoup, mais ne nous voilons pas la face. Elle et moi ne jouons pas dans la même cours, mes parents sont retraités et leurs maigres pensions suffit à peine pour les nourrir, je répares du matériels électro ménager pour vivre, je loues une chambre miteuse dans un quartier miteux, soyons réaliste je n’entre dans aucuns de ses critères.


Nous restons un instant sans rien se dire il y a un silence gênant, je sais que ma petite sœur aiment les grandes choses mais voilà un homme pour elle, je revois Thomas en lui et vu comment mon Thomas a bien tourné je sais que Hervé aussi pourra avoir ce même parcours, cependant je ne veux pas m’immiscer entre eux, si il décide qu’il est mieux pour lui de garder le silence, je vais faire abstraction de cette information. On a changé de sujets et parler de leurs cours, il m’a dit que réviser avec Sandra l’aide à se dépasser. Quand elle s’est enfin réveillée on fait la cuisine, musique à fond. Après manger ils sont partis et je me suis retrouvée seule dans cette maison, donc je me suis plongée dans le travail. Le meilleur moyen de vaincre la solitude c’est d’être occupé.


La veuve