UNE NOUVELLE PAGE

Ecrit par princesse tia

_Mais où sont elles donc toutes passées ? Elles dorment si profondément que ça? D'habitude Dada a le sommeil léger.

Véronique toquait à la porte de sa grand mère depuis une quinzaine de minutes, sans réponse. Son cœur battait la chamade. Ça faisait tellement d'années qu'elle ne les avait pas vues et plusieurs mois qu'elles ne s'étaient pas parlées. 

Fatiguée de toquer sans réponse, elle finit par se faire une place sous le minuscule hangar qui leur servait de cuisine, pour dormir un peu en attendant que le jour se lève totalement. Avant de s'endormir, elle pensa à Houéssi et au châtiment sévère qu'elle aura à subir pour l'avoir aidé à s'échapper. 


_Madame,  madame, qui êtes vous ? Vous cherchez quelqu'un ? Demandait une voix qui tira Véro du sommeil profond dans lequel elle était plongée. 

Elle ouvrit les yeux et se rendit compte que le soleil s'était déjà levé. Il devait être presque 8h. Elle était si épuisée qu'elle avait dormi longtemps. Elle s'assit et s'étira. Après quoi, elle reconnu la personne qui l'avait ôtée des bras de Morphée.

_Bonjour Da Abla, salua t elle en souriant à leur voisine.  

_Vero, mon Dieu c'est bien toi ? Demanda celle ci avec l'air de quelqu'un qui était devant un fantôme. 

_C'est moi da Abla, c'est bien moi.

_Mon Dieu, tu as tellement changé.

Elle ne croyait pas si bien dire. Véronique était plus amaigrie que jamais. Le fait d'avoir arrêté ses produits éclaircissants et les mauvais traitements qu'elle avait subi au couvent, le fait de ne pas pouvoir prendre une douche correcte pendant tout un mois, avaient donné un aspect vraiment horrible à sa peau. Son teint avait prit une couleur noire sale, des acnés pilulaient sur son visage, les tresses qu'elle avait depuis Abidjan et qu'elle n'avait pas eu le temps de changer avant leur départ précipité, étaient sales et emmêlées, pour peu on aurait dit une folle. Par dessus tout, elle dégageait toujours cette odeur de pourriture. 

_Mon Dieu, je ne t'ai pas reconnu, continuait Da Abla. Où étais-tu passée ? Où sont tes enfants ? Tes bagages ? 

_Huuum! Tout ça c'est une longue histoire ma mère. Mais dis moi s'il te plaît, où sont mes sœurs et ma grand mère ? J'ai toqué en vain  quand je suis arrivée et là je vois que la porte est toujours fermée. La cuisine aussi a l'air de n'avoir pas été utilisé depuis un bon moment. Elles ont voyagé ?

Da abla au lieu de lui répondre, soupira profondément et prit un air embarrassé. 

_Ecoutes, dit elle enfin. Viens d'abord te doucher, tu m'as l'air d'en avoir bien besoin. Il s'est passé beaucoup de choses en ton absence, mais je t'expliquerai ce que je peux. Viens maintenant.

Véronique la suivi le cœur battant. Elle avait le pressentiment que ce qu'elle allait apprendre n'était pas très joyeux, vu le ton de la dame. Cette dernière lui fit prendre une très longue douche rafraichissante et lui trouva des vêtements propres. 

_Te voilà un peu plus présentable mais tu vas devoir t'occuper de tes cheveux plus tard, lui dit da abla en déposant devant elle un plat d'ignames bouillies accompagnés d'huile de palme et de piment. Manges maintenant. Tu en as sûrement besoin.

Véronique se jetta sur la nourriture et englouti tous les morceaux en un rien de temps, tellement elle était affamée. 

_Merci beaucoup da abla, merci, fit elle après avoir bu de grandes gorgées d'eau.

_Huuum! Je t'en prie, c'est rien. Mais où étais tu passée Véronique ? Ta grand mère et tes sœurs se plaignaient de ne plus avoir de tes nouvelles depuis des mois.

_Oui ça fait maintenant un mois que je n'ai pas pu leur donner signe de vie, mais je peux tout leur expliquer. Elles sont où da abla ? Tu ne m'as pas encore répondu depuis là. 

_Huuuum! Véro, il va te falloir être très forte. 

_Da abla tu me fais peur, il ya quoi? Parles s'il te plaît.

_Je ne sais pas par où commencer. 

_Commences par le milieu, la fin, partout, mais parles s'il te plaît, la pressa Véronique dont le cœur battait de plus en plus fort. 

Da abla garda le silence pendant près de cinq minutes et dit enfin dans un souffle :

_Vero, Dada Joséphine nous a quitté en ton absence.

_Quitté? Mais pour aller où ? Demanda Véro qui ne comprenait rien.

_Elle....... Elle est morte Véro. Dada Joséphine est partie.

Véronique poussa un cri étranglé et se plaqua la bouche d'une main. Elle eut tellement de mal à reprendre sa respiration que da abla cru un instant qu'elle lui faisait une crise. 

_Noooooon, nooooon, nooooon, c'est pas possible, nooooon, répétait elle sans cesse en pleurant toutes les larmes de son corps.

_Je suis désolée, ma fille, je suis désolée, la consolait da abla. 

Elle savait combien elle était proche de sa grand mère.

_Quand est ce arrivé? Quand donc ? Demanda Véro toujours en larmes. 

_Il ya 4 mois maintenant.

_Non c'est impossible, comment ça 4 mois? Pourquoi personne n'a pensé à me prévenir ? Bon sang mais pourquoi ? 

_Tes sœurs t'ont contactée mais il paraît que tu as chargé ton mari de leur dire que tu ne pouvais pas rentrer. Dès que la maladie l'avait clouée au lit et qu'elle sentait venir la fin, elle t'a réclamé, elle a demandé qu'on te prévienne, elle voulait te voir. Et elle n'avait que ton nom à la bouche jusqu'à la fin. Tes sœurs m'ont assuré qu'elles t'avaient prévenue dès le début de la maladie mais ton mari a dit que tu l'avais chargé de leur dire que tu ne pouvais pas rentrer. Lorsqu'elle est morte, votre mère, vos grands frères étaient là et ensemble ils ont encore appelé plusieurs fois mais c'était à chaque fois la même réponse. Tu avais juste envoyé un peu d'argent pour l'enterrement et c'était tout. Après, elles n'ont plus jamais eu de tes nouvelles. Je croyais que tu étais au courant mais lorsque tu m'as demandé où étaient tes sœurs et ta grand mère, j'ai compris que quelque chose clochait.

_Non, c'est pas vrai, Joseph n'a pas pu me faire ça. Da abla je n'ai jamais été au courant du décès de Dada. Lorsqu'elle est tombé malade, je l'ai senti, j'ai senti une forte envie de lui parler, de savoir comment elle allait. Oh mon Dieu........

_Au même moment elle te réclamait de toutes ses dernières forces.

Véronique se leva et se mit à marcher dans la pièce. Elle pleurait tellement qu'elle avait du mal à reprendre sa respiration.

C'était plus des larmes de colère qu'autre chose. Elle était en colère contre Joseph de lui avoir fait une chose pareille alors qu'il savait l'amour qu'elle portait à sa grand mère. Elle lui en voulait à mort.

_J'ai insisté pour l'appeler, pour savoir comment elle allait et Joseph m'a assuré qu'il l'avait appelé, qu'il lui avait parlé. Il l'avait même fait devant moi. Il m'a dit qu'elle avait été très malade mais qu'elle allait mieux et après il m'a dit qu'il lui avait envoyé de l'argent en mon nom. Et....... après ça il m'assurait prendre de ses nouvelles souvent. Mon Dieu j'ai fait tellement de rêves sur elle. Quasiment chaque nuit pendant un mois. Je la voyais mais elle ne parlait pas, elle s'asseyait juste et jouait avec mes enfants en silence. J'aurai dû deviner que quelque chose clochait...... mais je lui faisais confiance, je lui ai tellement fait confiance à Joseph oh! mon Dieu. 

_Desolée de devoir te dire ceci dans un moment aussi douloureux pour toi mais.....tu as été stupide, fit da abla. Tu as été stupide, très stupide Véro. 

Elle le disait en secouant la tête avec regret. Elle déplorait le fait qu'une jeune femme aussi intelligente que Véronique ait pu se laisser avoir ainsi.

_Oh! Mon Dieu......, Seigneur Dieu....., Répétait sans arrêt Véronique. 

_Maintenant viens me raconter d'où tu viens comme ça, dans cet état. Où as tu laissé tes enfants ? Il est où ton salopard d'homme ?

Véronique s'assit et raconta à da abla toute l'histoire depuis la menace de Joseph de lui prendre les enfants, jusqu'à sa fuite du couvent. À la fin de son histoire, elle avait tellement pleuré, qu'elle était vide de larmes. 

_Huuuum mon enfant, si j'ai quelque chose à te dire après tout ça, c'est que ton amour pour cet homme t'a perdue. D'ailleurs ça ce n'est pas de l'amour c'est de la pure bêtise. On n'aime pas aussi bêtement. Oui il faut aimer mais en gardant quand même la tête sur les épaules. Cet maudit jeune homme t'a gâché la vie et tu l'as laissé faire, par stupidité, par naïveté ou peut être les deux. Mais tu peux encore essayé de reprendre ta vie en main. Ici dans ce village, tu n'auras plus vraiment la paix. Ça me fait mal de te dire ça mais, ici tout le monde te considère désormais comme l'ingrate, la cruelle et la traîtresse qui a abandonné sa grand mère. On ne peut pas leur en vouloir parce que tout le monde dans ce village a été témoin de la façon dont cette vieille t'a élevée avec amour. Toi et ensuite tes sœurs. Ils ne pourront jamais comprendre pour quelle raison tu n'as pas été présente pour elle à ses dernières heures ou au moins pour l'accompagner à sa dernière demeure. Personne ne voudra comprendre ça, ils t'en veulent tous. Et c'est impossible que tu racontes ton histoire à chaque personne. Alors pars ma fille, récupère tes enfants et allez recommencer une nouvelle vie ailleurs. Cet Joseph je ne saurai dire s'il t'avait envoûté ou quoi mais j'espère que maintenant tu as les idées bien claires et que tu ne te laisseras plus jamais avoir bêtement, ni par lui, ni par aucun autre homme. Tu m'as bien entendue ?

Véro hocha la tête en signe d'affirmation.

_Mais.....et mes sœurs alors? Demanda t elle.

_Tes sœurs ont quitté le village. Elles n'arrivaient plus à s'en sortir toutes seules alors Naomi a rejoint vos parents aux Ghana et Marguerite se fait employer comme bonne à tout faire à Lomé. Beaucoup de nos jeunes filles le font maintenant alors elle y est allé aussi. Selon les nouvelles que j'ai reçues, ça ne va pas trop mal pour elle. Si tu veux je peux demander à Crépine l'adresse de la maison où elle se trouve pour que tu ailles lui rende visite.

_Ah! Elles sont toujours amies. C'est bien de voir que certaines choses n'ont pas changé. 

Da abla lui répondit d'un sourire triste.

_Que vas tu faire maintenant ? Lui demanda t elle.

_Je..... je ne sais pas, je ne sais pas........ Je vais sortir prendre un peu d'air, je reviens, fit elle en se levant promptement.

_D'accord, tu en as besoin je comprends. Mais viens prendre un foulard et voile toi les cheveux, tu as l'air d'une folle avec cette tête.

Véro obéit et sortît de la pièce en marchant telle une somnambule.  Elle n'avait aucune idée d'où elle allait. Elle ne faisait que marcher, sans prêter attention aux gens sur son chemin. Certains la regardaient avec hostilité, d'autres avec étonnement et pitié vu son apparence et tous murmuraient sur son passage. 

Au bout de quelques minutes, elle se rendit compte qu'inconsciemment ses pas l'avaient menée à l'unique cimetière du village. Les larmes plein les yeux, elle chercha la tombe de sa grand mère et après de longues minutes de recherche la trouva enfin.

_Oh! Dada, ma dada chérie, je suis tellement désolée, s'écria t elle en s'agenouillant devant la tombe. Pardonnes moi dada, je suis tellement désolée. Je suis désolée de Tu avais raison sur toute la ligne, depuis le début. Je n'aurai jamais dû faire confiance à Joseph, je n'aurai jamais dû partir. Il m'a tellement fait souffrir tu sais. J'aurai dû rester et prendre soin de toi oh dada, ma petite dada chérie. Pardonnes moi je t'en supplie, de là où tu te trouves maintenant, pardonnes moi. Maintenant je ne sais même pas par où commencer à ramasser les morceaux de ma vie, je suis perdue, totalement perdue et tu n'es même plus là pour me guider. N'eusse été pour Angela et Luc, je me serai donné la mort tu sais. Mais ils n'ont personne à part moi et je m'en voudrais de leur faire cela.

Elle s'assit sur la tombe, le regard perdu, jusqu'en début d'après midi, avant de rentrer chez da abla. Lorsque celle-ci la vit arriver, quelque chose dans ses yeux lui fit peur. Les derniers vestiges de la Véronique qu'elle connaissait avant, avaient disparus. La Véronique qui était revenu du cimetière était une nouvelle personne, une personne qui avait l'air de ne plus attendre grand chose de la vie. 

_Da abla s'il te plaît, puis je passer la nuit chez toi ? Demain je m'en irai.

_Bien sûr tu peux rester ici cette nuit. Mais où comptes tu aller ? 

_A Lomé. Je vais essayer d'offrir une vie convenable à mes enfants maintenant que la mienne est terminée, répondit Véronique d'un ton qui fit comprendre à da abla qu'elle ne devait pas poser plus de questions. 

Le lendemain matin très tôt,  munie d'un sac plastique qui contenait, un pagne, deux ou trois vêtements dont Abla lui avait fait don, son argent et  l'adresse de sa sœur, Véronique quitta le village qui l'avait vue grandir. 

Arrivée à Lomé, elle se mit à la recherche de la maison où Marguerite travaillait. Ne connaissant pas vraiment la ville, elle dû se renseigner un peu partout et il sonnait 8h lorsqu'elle arriva devant la maison. C'était une grande et belle villa. 

_Bonjour frère, fit elle en guise de salutation au vigile qui se trouvait là. 

_Oui bonjour Mme. Vous cherchez quelqu'un ? 

_Oui, c'est ici que travaille Marguerite ? 

_Il ya un problème ? 

_Je suis sa grande sœur, je m'appelle Véronique. Ça fait 4ans que je ne l'ai pas vue, j'etais pas au pays. Pouvez vous me l'appeler s'il vous plaît ? 

Le vigile acquiesça et rentra quérir Marguerite. Quelques minutes plus tard,  celle ci arriva en courant. 

_Mon Dieu Véro c'est bien toi ? Demanda t elle en s'arrêtant devant sa sœur.

_C'est moi Magui, c'est moi, répondit Véro en la prenant dans ses bras. 

_Viens ne restons pas là, fit Magui en la prenant par la main pour la faire rentrer dans la maison. 

_Waouh! Eh! Ben..... elle est belle cette maison. T'as de la chance. 

_Oui on peut dire ça, confirma Magui avec un petit rire.

Elle amena sa sœur dans la cuisine où elle était affairée avant que le vigile vienne la chercher. Elle lui offrit un siège et un jus d'orange frais. 

_Tu as bonne très mine. Tu es bien traitée ici n'est pas ?

_Oui j'ai de la chance. Ma patronne vit seule et elle ne me pose aucun problème tant que je fais tout comme il faut. En plus elle paie bien. Elle est haïtienne, elle travaille pour une société ici et elle est là pour trois ans. D'ici là j'aurai économisé assez pour ouvrir un petit commerce. J'ai vraiment eu de la chance de tomber ici. Comme on dit, il y a un Dieu pour les pauvres. Maintenant dis moi Véro, pourquoi nous as tu abandonnées ? Tu n'as même pas daigné être présente lorsque dada est décédée. Elle t'a beaucoup réclamé tu sais, elle n'avait que ton nom à la bouche jusqu'à la fin. 

_Huuuum! Magui c'est une longue histoire.

_Racontes la moi, je ne demande qu'à comprendre. Je t'en ai énormément voulu tu sais mais je me suis dit à un moment qu'il devait y avoir une explication à ton comportement, ce n'est pas ton genre d'agir ainsi. Par contre Naomi je ne sais si elle pourra te pardonner. Tu sais qu'elle était très attachée à toi et pour le moment elle n'est pas assez grande pour comprendre certaines choses. Elle t'en veut encore plus parce que si tu avais été là, elle n'aurait pas été obligée de retourner à Accra avec maman. Tu sais comme nous détestons vivre dans ce foyer avec papa qui boit, qui bat maman, nous bat aussi parfois, nos grands frères qui se droguent et tout. Moi je ne pouvais pas la prendre avec moi. Je devais me chercher d'abord. 

Véronique mesura encore une fois la portée des dégâts causés par son absence. Elle se lança dans le récit de ses aventures, à sa sœur. 

_Mon Dieu, tu en as traversé des choses, s'apitoya Marguerite lorsqu'elle eût fini. Je suis désolée Véro. 

_Ne le sois pas soeurette. Je l'ai bien cherché. J'aurai dû écouté Dada depuis le début.

_Huuum! Ce n'est pas moi qui te dirais le contraire. Que comptes tu faire maintenant ?

_Bon, la première étape c'est de trouver un téléphone pour rentrer en contact avec tanti Nafissa et voir comment on peut s'arranger pour qu'elle m'envoie les enfants. Il faudrait aussi qu'elle règle la question de la caution de notre chambre là bas. Un an de caution c'est beaucoup. Normalement c'est à Joseph de la récupérer mais non je vais faire libérer la chambre et récupérer l'argent pour m'occuper des enfants. 

_Yes, bien dit. Voilà que tu commences à te réveiller. 

_J'aurai voulu aller régler tout ça moi même mais ça va coûter cher. Avec le peu d'argent que j'ai actuellement, je vais essayer de trouver une petite pièce pas chère et accueillir les enfants. Ensuite on verra. 

Magui regarda longuement son aînée avec pitié. Impossible de lui en vouloir vu tout ce qu'elle a traversé et qu'elle traversait, encore que ce n'était pas terminé. 

_Pour le téléphone tu peux emprunter le mien pour appeler. 

Véronique leva la tête vers elle, étonnée. 

_Tu as un téléphone maintenant toi? 

Marguerite rit fièrement.

_Ah! Mais oui très chère, ça fait partie des privilèges de ma fonction. 

Elle alla dans le vaste salon de sa patronne et revint avec un téléphone portable, pas vraiment dernière génération mais c'était suffisant pour appeler.

_C'est Mme Gerda qui me l'a donné peu de temps après mon arrivée, pour pouvoir me joindre à tout moment. Mais le crédit de communication c'est moi même qui l'achete. 

_C'est super. 

_Tu as copié le numéro de ta tanti nafiatou quelque part ? 

_On dit tanti Nafissa et j'ai le numéro en tête. 

Marguerite sourit en disant :

_Tu n'as donc pas perdu ta bonne mémoire là hein! C'est bien. Moi j'ai du mal à retenir mon propre numéro de téléphone. Bon maintenant donnes moi le numéro pour que nous appelons ta tanti là. 

Véronique donna le numéro à sa sœur qui lança l'appel et mit le haut parleur. Elle écouta la sonnerie le cœur battant. Enfin, tanti Nafissa décrocha. 

_Allô Véronique c'est toi? Demanda immédiatement celle ci.

_Allô oui tanti c'est moi. Comment tu as su ?

_Personne ne m'appellerait avec un numéro du Togo si ce n'est toi ou ton mari. Alhamdoullah ma fille tu es vivante. Mais où étais tu donc passée ? Et ton mari comment il va ? 

_Huuum! Tanti sa famille m'a accusée d'être la responsable de son état et ils m'ont enfermée dans un couvent horrible avec lui. Je n'avais plus aucun contact avec le monde extérieur. Il a fallu que je m'enfuis. C'est long à expliquer au téléphone tanti. Et mes enfants comment ils vont? Ils se portent bien ? Luc n'a pas beaucoup pleuré ? 

_Ils vont bien ma chérie, ils vont bien. Tu leur manque c'est tout sinon ils vont bien. Je leur disais que tu appelais toujours lorsqu'ils étaient à l'école. J'ai trouvé tous les arguments pour qu'ils ne croient pas que tu les avais abandonné, ne t'en fais pas. Actuellement même ils sont à l'école. 

Véro se dit qu'elle ne remercierait jamais assez cette dame pour le cœur rempli de bonté qu'elle avait.

_Merci tanti Nafi, merci pour tout, seul Dieu pourra te rendre tout ce que tu as fait pour mes enfants et moi. Merci. 

_Ce n'est rien ma chérie, j'ai pris plaisir à le faire. 

Véronique lui demanda un dernier service, celui de ranger ses dernières affaires qui restaient dans la chambre et de les lui expédier en même temps que les enfants. Quand aux affaires de Joseph et les meubles, Véronique demanda à ce qu'ils soient liquidés à des acheteurs d'objets d'occasion et que l'argent lui soit envoyé avec celui de la caution de la chambre, non sans avoir précisé que tanti Nafissa devant enlever les frais de voyage des enfants là dedans.

_D'accord ma fille, j'ai tout noté. Tout sera fait exactement comme tu le veux. Dans une semaine au plus tard je vais régler tout ça. Et tu sais pour les enfants, ne t'inquiètes pas. Je vais guetter un jour où quelqu'un que je connais bien voyage, pour les lui confier. Je connais beaucoup de sœurs qui viennent faire des emplettes dans votre grand marché à Lomé là bas. 

_D'accord tanti. Merci beaucoup. 

_Je t'en prie. Lorsqu'ils seront rentrés de l'école je vais te rappeler pour que tu puisses leur parler. Je peux te joindre sur ce numéro ? Demanda Nafissa. 

Véronique leva les yeux vers sa sœur qui écoutait la conversation, pour demander son avis. Marguerite lui fit un signe de la tête pour lui faire comprendre qu'elle était d'accord. 

_Oui tanti tu peux me joindre sur ce numéro. 

Après les salutations d'usage, elle coupa la communication et soupira. 

_Merci pour le téléphone Magui. Je te rendrai l'argent du crédit que j'ai utilisé.

_Ne sois pas idiote, tu n'as rien à me rendre. 

Son aînée sourit et fit mine de se lever pour partir. 

_Je vais y aller Magui, je dois me mettre à la recherche d'un logement. Mais je reviendrai te voir. Tu pourrais m'indiquer les quartiers les moins chers ici? 

_Mais enfin Véro on ne trouve pas un logement en une journée comme ça ici. C'est pas au village. Où vas tu dormir le temps de trouver le logement? 

Véronique se rassit, affaissa ses épaules dans un geste de désespoir.

_Je ne sais pas mais je dormirai peut être dans un marché ou sous la clôture de quelqu'un. Je sais pas.....

_Tu es folle ? Tu veux te faire violer? Ici c'est la capitale Véro. Écoutes j'ai une idée. Tu peux rester avec moi quelques jours le temps de trouver un logement. 

Véro regarda sa cadette comme si elle venait de s'échapper d'un asile psychiatrique.

_Tu délires ou quoi Magui ? Ici ce n'est pas chez toi. 

_Oui mais tu peux rester. Je loge dans la dépendance, j'ai mes sanitaires et tout là bas. Dans la journée je suis ici mais le soir après le retour de Mme Gerda, je viens juste la servir et lorsqu'elle n'a plus besoin de moi je me retire. Elle ne vient jamais chez moi là bas. Tu peux rester. Nous ferons juste attention à ce qu'elle ne te voit pas. Et puis c'est seulement pour quelques jours. 

_Mais et le vigile ?

_Ne t'en fais pas pour Esso il ne dira rien si je le lui demande.

Véro hésita longuement mais voyant qu'elle n'avait pas le choix, elle finit par accepter la proposition de sa sœur. 

_Huuum! D'accord mais je vais très vite chercher le logement et partir d'ici.

_Bah! Voilà que tu es raisonnable.

Véro resta clandestinement dans la villa pendant 4 jours. Chaque matin après le départ de Mme Gerda, elle se préparait elle aussi et sortait chercher une pièce à louer dans les bas quartiers de la capitale. Au quatrième jour elle finit par trouver une minuscule pièce à 7000f le mois. La cour et les sanitaires étaient commune à pas moins d'une dizaine de ménages. Le quartier n'était pas très propre et selon ce que Véronique avait vu, ce devait être encore pire pendant la saison des pluies. Elle était vraiment désolée de devoir faire vivre ses enfants dans un tel environnement mais sur le coup, elle ne pouvait leur offrir mieux. Dès le lendemain matin elle emmenagea avec son sac plastique . Huit jours après, elle alla récupérer ses enfants, ses bagages et l'argent que tanti Nafissa avait envoyé. 

_Mais c'est très petit ici maman, s'écria Angela en pénétrant dans la pièce pour la première fois. Et ça pue un peu dans le quartier. 

_Je sais Gela, je sais que c'est un gros changement pour nous tous mais c'est juste pour un temps, je vous le promets d'accord ? 

Elle les prit tous les deux dans ses bras et les serra à les étouffer. 

_Mes bébés, vous êtes toute ma vie maintenant. On va s'en sortir. Je vous le promets.

Véronique ou une vie...