Une nuit d’enfer
Ecrit par deebaji
Grâce à la prise d’initiative de Jimmy et à la tactique de Jeronimo, nous avions pu échapper à une potentielle fusillade, voire à l’annulation totale de tous plans que nous avions à réaliser, chose qui serait vraiment décourageante surtout si c’était juste à nos débuts que nous essuyons déjà un échec. Il faut l’avouer, sur ce coup, il s’en fallu de peu pour que tout tombe à l’eau, sans la présence de Jeronimo, Jimmy se serait surement fait prendre et nous aurait vendu aux policiers comme étant ses complices, voir même ceux qui l’avaient incité à commettre ce vol ou encore, nous aurions tous été simplement pris dans le même filet en essayant de lui venir en aide. Heureusement que j’avais Jeronimo à mes côtés, il avait su amadouer les deux bonnes poires qui se tenaient en face de nous sans que quoique ce soit de grave ne se produise, c’était clair ce mec était certes une brute mais ça restait un génie et pout ça, il avait tout mon respect et mon admiration. Bref, nous avions réussi notre coup et il fallait maintenant rattraper Jimmy pour lui faire comprendre de faire demi-tour et de nous suivre à la planque, de peur qu’il ne se sauve avec la voiture et jouisse seul des revenus sous prétexte que c’était lui qui l’avait volé et que donc elle lui revenait avec les bénéfices de la vente. Pas que je ne lui faisais pas confiance à Jimmy mais c’était plus que prévisible que cela se passe comme ça. Il pouvait même décider de vendre la voiture volée tout seul puis de disparaître avec l’argent de la vente et de nous laisser sans un sous les poches vides. Nous avions déjà évité la tempête avec les deux policiers maintenant, il fallait éviter la catastrophe avec Jimmy. Alors, Jeronimo passa la première vitesse et s’élança dans une longue accélération pour rattraper Jimmy, le souci c’est qu’il avait son gyrophare allumé et, le pauvre Jimmy en s’apercevant qu’il était suivi ne s’imagina pas une seule seconde que c’était ses complices dans cette voiture de police, c’était bien trop risqué de chercher même à savoir si c’était nous. Mon Dieu, ce mec tenait à sa liberté. Et nous, de l’autre côté, nous ne savions pas que Jimmy avait changé de direction pour éviter que les flics ne le suivent et découvre notre planque. Nous nous pensions plutôt que Jimmy avait juste voulu nous la faire à l’envers et qu’il tentait de garder tous les bénéfices de la vente pour lui tout seul. Et c’est ainsi que débuta une véritable course poursuite de folie entre membres d’une même assemblée, Jimmy ne savais même pas que Jeronimo était dans le coup, raison de plus pour laquelle il ne voulait pas du tout s’arrêter. Nous l’avions poursuivis en voiture pendant au moins une demie heure avant que le pauvre ne se retourne pour vérifier si il nous avait semés et qu’ il ne nous aperçoive moi et Alfred, vêtus en vêtement de police en compagnie d’un autre flic qui n’avait pas vraiment bonne mine, il s’était imaginé qu’on l’avait piégé avec la complicité du policier et se remit à accélérer parce que si jamais ses soupçons étaient avérés, il se retrouverait assez vite en prison et nous nous en sortirions indemnes en l’ayant vendus pour un poste misérable au sein de la police. Il se mit à angoisser et se mit à conduire à grande vitesse, il n’était bien plus possible de le rattraper alors j’ai pris le micro qui sert de haut-parleur pour la police et je lui ai demandé de s’arrêter, croyant qu’il allait vraiment le faire. Quel con je faisais, ce n’est que là, qu’il se mit à encore plus accéléré et je ne pouvais pas lui crier dans le micro que nous avions réussi à semer les deux autres policiers cela paraîtrait très suspect et il y aura de grosses répercussions. De plus, si par malchance ces deux bonnes poires trainaient eux aussi dans le même secteur que nous et entendait, il serait assez compliqué de leur expliquer pourquoi nous disions les avoir semés. Chose qui rendit la tâche encore plus difficile et pénible. J’enrageais, et je stressais. Je me posais des questions. Comment avait-il pu nous faire ça ? Pour qui se prenait-il ? S’était-il moqué de nous tout ce temps ? Avait-il perdu la tête ? Quelle mouche l’avait piqué ce mec ? Il fallait vite le rattraper et lui mettre le grappin pour lui retirer la voiture parce qu’il allait à trop grande vitesse, le moindre oubli, la moindre erreur, la moindre incartade et il faisait un accident grave dans lequel il pourrait peut-être perdre la vie et bousiller complètement la voiture. Mon Dieu, quelle situation troublante ! Que faire ? Comment l’arrêter dans sa course ? Seule, une intervention divine pouvait faire qu’il s’arrête et qu’il se calme sans avoir à démolir complètement la voiture. La seule issue était que son réservoir s’épuise et qu’il soit obligé de sortir de la voiture pour recharger ou de s’arrêter dans une station pour faire le plein d’essence. Mais encore fallait-il que cela arrive, le réservoir était plein et vu le temps depuis lequel il était en plein accélération sans s’arrêter, il n’était pas près de se vider ce fichu réservoir. Mais alors, que faire ? Comment l’arrêter ? Comment l’atteindre ? Il nous distanciait de vraiment loin et n’était pas près de faire une reverse pour nous saluer. Ça serait de la folie, il fallait tout de même l’arrêter avant que le pire ne se produise, avant qu’il ne rentre dans un mur et qu’il ne perde la vie en fracassant la voiture qu’on venait de voler. Une véritable soirée endiablée, pour un début on croirait que l’univers tout entier était contre ce vol, vu les nombreuses complications auxquelles nous avions dû faire face. Je regardais les pneus de la voiture qui crissaient en roulant et c’est alors que me vint une idée de génie. Nous avions des armes dans la voiture et nous étions en pleine course. Qu’est ce qui pourrait faire freiner Jimmy dans sa course folle et le forcer à s’arrêter sans que le pire ne se produise ou qu’il n’abime pas la carcasse de la voiture ? Rien apparemment sauf, sauf un sacrifice, je vous rassure, nous n’allions pas sacrifier Jimmy pour une voiture non, mais j’allais sacrifier les pneus de la voiture, en tirant dessus pour les faire se dégonfler lorsqu’il serait sur une longue route, ainsi la voiture s’arrêterait progressivement et nous pourrions le rattraper et rentrer sans danger. Un plan assez compliqué à réaliser, il fallait bien viser pour éviter de toucher un point sensible ou même de trouer la carcasse de la voiture avec une balle. Personne ne voudrait acheter une voiture trouée avec une douille de balle ça serait de la folie et, il ne fallait pas non plus qu’en essayant de tirer sur le pneu j’abime la voiture elle-même ou que je blesse Jimmy ou encore que je l’affole à cause des coups de feu. Il fallait être rapide et efficace pour éviter le pire, mais je n’avais jamais touché une arme à feu de ma vie, c’est à peine si je savais viser au lance pierre et encore si j’atteignais bien ma cible ou que j’étais adroit des mains. Qui donc pourrait tirer sans que cela alerte les gens et que nous soyons obligés d’avoir à nouveau la police sur nos côtes. Je n’en savais rien, Alfred n’avait jamais tenu d’arme de sa vie et Jeronimo était toujours au volant, il ne pouvait pas tirer avec précision en roulant en même temps, ça serait du suicide. Que faire ? Si nous arrêtions la voiture pour échanger de place et qu’il puisse tirer pendant que je conduisais, Jimmy aurait assez de temps pour nous distancier suffisamment et s’enfuir pour de bon, si nous continuions de le suivre, ça n’en finirait pas ou il finirait rentrer dans un mur ou dans un arbre, perdre la vie et détruire la voiture, c’était une véritable nuit d’enfer, j’en avais des sueurs froides dans le dos. Comment pourrais-je expliquer à ses parents que leur fils s’était tué dans un accident de voiture, avec une voiture qu’il avait volée parce qu’on le lui avait demandé ? Comment pourrais-je dormir en paix après que mon camarade soit mort par ma faute ? Nous avions déjà quitté Brooklyn et nous nous dirigions à toute vitesse vers Staten Island, il fallait agir et l’arrêter rapidement, Jeronimo n’avait aucun pouvoir dans cet arrondissement et si jamais Jimmy se faisait prendre c’était définitivement fini pour nous. Le jour aussi allait bientôt se lever et les gens allaient nous voir en train de nous poursuivre mutuellement dans les arrondissements de New York. Bon sang, je commençais à réaliser les immenses et innombrables risques que nous avions pris et les lourdes conséquences qui pourraient en découler. Mais, ce n’était pas encore le moment de baisser les bras et d’abandonner, au contraire. C’était le moment d’assumer et d’être un homme en portant le pantalon, c’était le moment de prendre encore plus de risques que nous n’en avions déjà pris face à l’adversité. Des risques, oui mais lesquelles ? Tout simplement ceux par lesquels, je brandirai le calibre 7.65 de Jeronimo par la vitre et je tirai une balle dans le pneu de l’Audi dans laquelle se trouvait Jimmy. Je n’avais jamais tenu une arme de ma vie, je n’avais jamais appris à tirer de ma vie, je ne savais pas viser, je n’avais jamais été dans une armurerie et pourtant, je savais que je pouvais le faire, que je pouvais tirer dans les pneus sans que cela ne fasse de vague, sans que même Jimmy ne s’en aperçoive avant que la voiture ne s’arrête et sans abîmer la voiture ou les vitres par un tir raté. Alors, j’ai pris une grande inspiration, j’ai fait le vide dans ma tête, et j’ai tendu mon bras droit en dehors de la voiture, j’ai attendu d’être suffisamment rapproché et j’ai tiré, non je rigole. J’avais les mains qui ne cessaient de trembler, je ressentais de la peur à l’idée de commettre une erreur et de nombreuses fois j’ai hésité et j’ai voulu renoncer, et c’est alors que Jeronimo m’a lancé un regard depuis le rétroviseur et m’a demandé si je croyais réellement qu’il allait accepter d’être sous les règles d’un trouillard de première comme moi ou encore qu’il allât accepter de lui laisser sa fille ? Quelle humiliation ! Merde, pour qui se prenait-il ? J’avais la rage mais, ce n’était pas le moment d’exploser comme une lopette, cela ne ferait que nous faire perdre du temps et aggraver la situation parce qu’il en était capable. Jeronimo était capable de nous jeter Alfred et moi, hors de sa voiture de prendre la fuite puis de revenir nous chopper et nous faire incarcérer et cela sans le moindre sourcillement, il savait que je n’avais plus les enregistrements il n’y avait donc plus que l’argent qui le retenais à mes côtés, si je n’étais pas capable d’en faire, il m’abandonnerait tout simplement sans la moindre forme de procès. J’ai compris qu’il fallait agir et arrêter d’être l’adolescent plein de rêves incapable que j’étais et qu’il fallait passer à l’acte, il fallait tirer. Alors j’ai pris son pistolet calibre 7.65, j’ai observé un moment, j’ai attendu d’être à l’aise dans ma position avec l’œil collé au pistolet et d’un coup. Pan ! J’ai tiré, c’était la première fois de ma vie que je le faisais, le bruit était fort et assourdissant mais, c’était également la première fois que je réussissais mon tir avec la précision que j’avais voulu. En plein dans le mil, la balle avait atterri dans le pneu gauche et il commença à se dégonfler, après quoi, nous avions enfin pu rattraper Jimmy et il fallait maintenant lui expliquer la situation, ce fut une nuit des plus tendues…