Une rencontre...
Ecrit par imalado
Comme prévu pour l’arrivée de Dan, Elisabeth s’occupa du dîner. Christopher et Brian sont restés dans le séjour, à jouer aux échecs et à parler boulot. Marie, de temps en temps, descendait en cuisine pour aider. Dan ne tarda pas à rentrer. De chaleureuses et émouvantes retrouvailles. Il ne se sépara du bébé qu’à l’heure du dîner.
A table, le climat n’était pas des plus agréables. Dan se sacrifia, essayant de détendre l’atmosphère « étrangement » lourd. Il parla de son voyage à Venise. Une ville magnifique. Il promit d’amener Marie et le bébé pour un séjour. Les gens y sont courtois et accueillants. Suggérant ainsi à Brian et Elisabeth d’y faire un tour.
Après le dîner, ils s’installèrent dans le séjour, autour de la cheminée, quelques tasses de chocolat chaud sur la table basse. Au bout d’un moment, Dan et Marie proposèrent à Brian et Elisabeth d’être le parrain et la marraine de Claire, leur petite fille.
Dan, avec plaisir. Claire, c’est un si beau prénom. Je suis vraiment touchée que vous aillez pensé à nous.
La soirée se prolongea tard dans la nuit. Dan s’excusa, il avait besoin de repos après un tel voyage. Marie le suivit. Fuyant le silence qui pesait et de plus en plus lourd, Christopher quitta le séjour. Brian resta un moment avant d’entamer la conversation. La toute première après le refus d’Elisabeth. Chose qu’il appréhendait.
Tu n’as donc rien dit à Marie ?
Non. Elle était sur le point d’accoucher, ça lui aurait fait encore plus de stress.
Je vois. Mais tôt ou tard, il faudrait qu’ils sachent qu’on n’est plus ensemble Elisabeth.
Cette phrase résonna en elle comme une cloche d’église. C’était officiel. Il venait de rompre avec elle. Mais bien entendu qu’elle n’espérait pas qu’il la pardonne immédiatement, mais renoncer ainsi à « eux » ? Elle avait répondu « non » à sa demande, pas qu’elle ne l’aimait pas, ou plus, mais parce qu’il ignorait trop de choses à propos d’elle. Mais là, sa réaction la surprenait tout autant. Il ne voulait rien ? Ni explication, ni le pourquoi ? Est-ce qu’il s’en foutait ou était-il seulement trop « blessé » pour vouloir en parler ?
Brian est quelqu’un de réservé, il préfère garder ses sentiments pour lui, attendant toujours le bon moment. Mais il faut en parler, c’est la seule solution. Elle avait besoin qu’il comprenne, qu’elle ne voulait pas le blesser, et qu’elle voudrait plus que tout l’épouser, seulement si Christopher n’était pas son frère…
Brian…
Que voulait-elle dire déjà ? Par où commencer ?
Ses magnifiques yeux marron la fixaient. Elisabeth les avait vus plus aimants. Là, ils étaient vides et tristes à la fois. Avant elle pouvait voir à travers eux à quel point il était heureux de l’avoir, elle, à quel point il appréciait la contempler. Mais à cet instant précis, elle ne se voyait plus de la même manière. Ils ne se comprenaient plus. Tout était flou. Elle ne savait plus par où commencer, et resta silencieuse.
Je suis épuisé de la journée Lise. Voudrais-tu remettre cela à plus tard ?
Elle hocha la tête. Il était lassé. Bien sûr d’elle tout simplement. La femme qu’il aimait profondément lui avait brisé le cœur. Faisant de lui un homme meurtri. Elisabeth sait à quel point il lui est difficile de s’attacher à quelqu’un. Elle-même le posait souvent la question : « Pourquoi moi Brian ? ». Il souriait et comme toujours, il répondait : « C’est à mon cœur, qu’il faudra demander, mais je sais une chose, c’est que je suis fou de toi, Je t’aime Lise ».
Et chaque fois, qu’elle doutait, non pas de leur amour, mais d’elle-même, elle plongeait son regard dans le sien. Il l’apaisait et la comprenait. Il était tout simplement présent…
Ils s’étaient rencontrés au St Thomas’ Hospital. Quand sa mère y était hospitalisée, elle passa toutes les nuits à son chevet jusqu’à la dernière… Et confusions faites de leurs rencontres, Brian avait choisi le nom de famille de sa mère, Allan, ne voulant pas tirer profil de son nom, qui déjà lui ouvrait toutes les portes. Il voulait réussir dans la médicine malgré les réticences de son père.
Une fois qu’elle s’était réveillée la nuit, elle descendit chercher du café, et croisa Brian à qui, elle demanda de l’aide. Il lui avait dit que le café n’y était pas mal comme dans tous les hôpitaux, mais qu’il avait un surplus de café de chez « Four Corners Cafe » qu’il emportait chaque fois qu’il était de garde.
Si jamais vous devez passer la nuit, je vous déconseille le café d’ici, ce n’est pas mal, mais peu mieux faire…
Je tacherais de m’en souvenir. Merci.
Vous avez quelqu’un ici ?
Oui, malheureusement. Ma mère. Un cancer.
Oh je suis sincèrement navré. Anne-Marie Lans ? C’est cela ?
Merci. Oui, c’est elle.
Votre mère est une dame extraordinaire.
Vous la connaissez ?
Oui, c’est moi qui l’ai affecté au service cancérologie. Docteur Allan, mais appelez-moi Brian.
Elisabeth Lans, Lise.
Après cette nuit, il passa les prochaines à lui apporter du café et à bavarder de tout et de rien.
Il réussissait à lui accorder quelques moments d’oubli face à cette maladie qui emportait petit à petit son seul repère. Il la rassurait, que tout irait bien. Il s’accordait le temps de passer quelques fois dire bonjour à Anne-Marie, jusqu’à la fin. Il était même venu aux obsèques.
Une attention qui toucha particulièrement Elisabeth. Quelques temps après, elle lui apporta un œuvre d’art moderne « Mother and child » de Giannakaki, une grecque, qu’elle avait pris le soin d’apporter pour sa mère. Un cadeau qui s’estimait à deux mille sept cents euros. Brian n’en revenait pas.
C’est trop !
Non, l’art n’a pas de valeur réelle tant elle est immense. Vous pourriez l’accrocher à votre sinistre bureau… Je n’ai jamais vraiment aimé les hôpitaux. Ça me donnerait le courage de passer de temps à temps vous voir. Ceci pour vous remercier d’avoir été là quand ça n’allait pas, et pour vos cafés.
Il l’a croyait folle, un tel présent pour quelques cafés ? Mais c’est folie qui l’attira encore plus vers elle.
Et si ça vous plait assez, peut-être seriez-vous tenté de faire un tour dans ma galerie d’art ?
Brian n’y connaissait rien à l’art, ni la peinture, ni la sculpture et encore moins la photographie. Mais il trouvait de la magie à l’écouter parler de sa passion. Et d’une part, elle avait basculé le cours de sa vie faite de routines. Il n’était plus submergé par l’hôpital. Outre ses heures de service, il avait de quoi s’occuper.
Puis tout doucement, sûrement l’amour vint…
Mais qu’avait-elle fait mon Dieu ? Qu’avait-elle fait ?