Vicissitudes : Chapitre 19

Ecrit par Djiffa

AUTEUR : DJIFA BLESSINGS

Adeline
Dieu Merci, tu es trop bon ! C’est ce que je me répétais dans mon cœur jusqu’à arriver à la banque. Comme c’est Samedi, il y avait du monde mais cela ne me dérange guère ; j’attendrai le temps nécessaire ; je ne reviendrai pas lundi car il me faut retirer cette somme aujourd’hui.

Lorsque c’est mon tour de passer à la caisse, l’on me demande de patienter deux minutes, le temps que l’on passe un coup de fil à Darius pour obtenir son approbation ; lorsque le montant est élevé, c’est la procédure.
Après que Darius ait confirmé la transaction, l’on m’invita dans une salle où je n’étais qu’avec le payeur.

Mes yeux pétillent quand le caissier insère l’argent dans la compteuse de billets. Je suis aux anges quand l’argent m’est remis en mains propres ; j’avais tellement peur d’une éventuelle agression par les bandits dans la ville que je me suis rendue dans les toilettes de la banque ; j’ai enlevé ma robe et j’ai réparti l’argent dans mes sous-vêtements, mes chaussures et même sur ma tête que j’ai attachée avec un foulard. Oh la peur ! Elle nous fait faire des choses ! Mais je préfère être prudente car notre pays est très insécurisée.

Je rentre chez moi car je n’avais pas de compte bancaire dans laquelle déposer les sous ; il faudrait bien que je pense à en avoir. j’eus l’idée de téléphoner à Adéline pour qu’elle me le sécurise dans son compte bancaire ; en effet, je souhaiterais payer la caution de Wilson aussi rapidement que possible mais il va falloir me renseigner pour connaître la procédure ; je ne peux même pas l’annoncer à Wilson car je ne peux plus lui rendre visite ; je n’ai pas non plus les coordonnées de son Avocat ; je l’ai juste rencontré une fois ; c’est sa famille qui l’avait engagé ; je ne veux même pas que mon projet de payer la caution de Wilson soit connue par sa famille ; comment vais-je donc procéder ? Je pense que Issifou peut m’aider ; comme dans tous les cas, je dois voir Lolita, je vais me rendre chez eux. Mais avant, je vais dormir car je me sens fatiguée. Je pense même qu’il vaut mieux que j’aille demain dimanche en quittant l’église.

Eric
Lors de ma dernière visite, Lorsque j’ai montré les photos montées à Wilson, son regard s’est assombri ; il était déçu et m’a même demandé de lui laisser les photos ; après cet acte, je décide de suivre aussi Adéline pour voir comment elle passe son temps ; j’ai ainsi hier eu l’opportunité de la photographier discrètement avec un homme ; ce qui est étrange, j’ai déjà vu cet homme ; avec un peu d’efforts, je vais me rappeler les circonstances de notre rencontre.

J’ai même pu avoir un scoop : je l’ai photographié avec mon smartphone alors que l’homme en question lui remettait un chèque. Je n’ai plus besoin de perdre mon temps à la suivre ; j’ai déjà obtenu en une demi-journée ce que j’espérais. Lors de ma prochaine visite, j’en ferai part à Wilson pour l’enfoncer définitivement.

Maman Issifou
Je viens de recevoir un coup de fil de mon fils aîné Moussilimi qui est en France. Il tient à ce que je leur rende visite ; j’ai même déjà obtenu mon visa de trois mois ; je devrais voyager dans deux semaines ; mais avec la situation qu’est venue m’exposer la mère de Kadessa, je suis obligée de repousser le voyage et d’organiser le mariage rapidement avant que la grossesse ne s’exhibe. Je sais qu’en Islam, ceci n’est pas permis mais que voulez-vous ? Nous les êtres humains cherchons toujours à contourner les règles propres à nos religions surtout lorsque ces prescriptions ne nous arrangent pas ou mettent en jeu notre réputation.

Je me rends donc chez mon fils contre son gré ; aucune femme ne peut m’interdire de le voir ; je sonne et la domestique vient m’ouvrir ; elle me fait savoir qu’Issifou n’est pas encore rentré. Je décide de l’attendre. La domestique m’installe et me sert à boire ; je demande d’après ma petite fille Fatima. La domestique me répond :

- Sa maman lui fait prendre son bain ;

- Ok, j’attends qu’elle finisse ;

Après quelques minutes, Lolita vient me saluer avec Fatima ; ma petite fille court vers moi et je la prends dans mes bras ; c’est ma photocopie ; je l’adore.

Lolita s’assoit en face de moi et m’entoure d’attentions : « maman, tu veux du jus ? Maman, je te sers à manger ? » Maman par-ci, maman par là. Je reconnais à peine Lolita dans ses attitudes ; apparemment, elle a décidé de me tolérer et d'être plus gentille . Au cours de nos échanges, je lui présente mes excuses d’avoir insulté ses parents et je sens qu’elle était surprise.

Issifou
Lorsque je rentre, je vois ma mère qui m’attendait ; je n’ai aucune envie de discuter avec elle mais comme elle est déjà là, je veux bien l’écouter. Lolita s’excuse et nous laisse seuls.

- qu’est-ce que tu veux me dire maman qui ne peut attendre demain ?

- ça pouvait attendre demain ; c’est juste que j’ai pensé qu’en venant ici, j’allais profiter pour voir Fatima ; vous devriez la laisser vivre avec moi ;

- maman, la mère de Fatima n’est pas invalide pour que tu puisses s’occuper de sa fille à sa place ;

- ce n’était qu’une proposition ; et puis de toute manière, j’aurai bientôt un autre petit enfant qui me fera autant ma joie que Fatima ;

- ah oui maman ? La femme de mon frère serait donc enceinte ?

- Non, pas du tout ; quand bien même je ne sais pas ce que ces deux-là attendent. Je parle plutôt de l’enfant que Kadessa va te donner ;

Je sursaute car je ne savais pas que ma mère a déjà été informée. Je lui réponds :

- chuuut maman, ne parle pas de ça ici ;

- et pourquoi pas ? J’espère que tu ne comptes pas cacher cela à ta femme ;

- tais-toi s’il te plaît maman, elle pourrait t’entendre ; je lui dirai mais avec tact ; dis-moi, c’est Kadessa qui t’a informé ?

- Non, sa mère :

- Ok, maman ; je viendrai te voir demain pour en discuter ;

- Bien mon fils ;

- Maintenant, changeons de sujet.

Je discute encore un moment avec maman puis elle s’en va. Je lui propose d’emmener Fatima et la domestique car je voulais être seule avec Lolita pour lui annoncer la nouvelle. J’irai les chercher demain. Une fois la nuit tombée, je tourne et me retourne dans le lit ; je ne savais pas comment aborder la question avec Lolita.

Lolita
Alors que je ne m’y attendais pas, ma belle-mère a débarqué chez nous aujourd’hui ; si je lui demande de prévenir avant d’arriver, l’on dira que je suis impolie. Mieux je me tais. J’étais en train de laver Fatima à son arrivée ; dès que je finis, je me rends au salon pour la saluer ; je m’assois en face d’elle et la regarde jouer avec Fatima ; je n’arrive pas à comprendre qu’elle aime ma fille mais pas moi ; peut-on aimer le fruit et haïr l’arbre qui l’a produit ?

Une des surprises aux quelles j’ai eu droit lors de sa visite se révèle être les excuses qu’elle m’a présentées pour avoir insulté mes parents ;

- Lolita ; quand j’ai dit que tes parents sont des crève-la-faim, je ne le pensais pas vraiment ; je voulais te dire quelque chose qui te ferait très mal car je n’ai pas digéré le fait que tu aies poussé Issifou à déménager.

- J’ai compris, maman Issifou.

Je tombais des nues. Ma belle-mère qui s’excuse ! Je sui certaine que c’est le travail d’Issifou. C’est un homme juste, sans parti pris. Autant il m’a obligé à présenter des excuses à sa mère, autant il a exigé qu’elle en fasse de même. J’en suis émue ; j’ai épousé un homme de qualité ; je n’aurais pas dû être si orgueilleuse. L’essentiel est que je sois de retour et que l’incident avec ma belle-mère soit clos.

Issifou
Le lendemain matin tôt, Lolita aborde le sujet fatidique :

- Issifou, tu es sorti hier pour rencontrer ta copine ; tu ne m’as plus rendu compte ;

Je la regarde sans savoir quoi lui répondre. Je n’arrive pas à lui parler et pourtant je sais que je dois l’informer. Lolita me questionne à nouveau :

- Chéri, as-tu effectivement rompu avec elle comme tu me l’as promis ?

- Non Loli ;

- Et pourquoi ?
- Parce qu’elle m’a annoncé qu’elle est enceinte.

Lolita se lève d’un bond ; elle hurle presque :

- elle est quoi ?

- enceinte ;

Lolita met ses deux mains sur sa tête ; de grosses larmes commencent à couler sur ses joues ; cela a été très difficile de la calmer ; elle pleurait encore et encore.

- arrête de pleurer Lolita ; calme-toi.

- comment puis-je me calmer Issifou ? Te rends-tu compte que le pire est arrivé ? Tu ne pouvais pas te protéger ; as-tu imaginé que cette fille puisse porter des maladies et que tu pourrais me contaminer ?

- tu poses trop de questions à la fois, Loli ;
Lolita se calme un moment, essuie ses larmes puis m’interroge :

- Que comptes-tu faire à présent ?

- je n’ai pas d’autre choix que d’assumer mes responsabilités envers cet enfant ;

- non Issifou, tu as le choix ;

- que veux-tu dire ?

- fais-la avorter.

- Lolita, tu m’envoies commettre un crime ?

Adeline
Je me lève très joyeuse ce matin et je m’apprête rapidement pour l’église ; j'ai besoin de rendre grâce à Dieu ; je suis aux anges. La miséricorde de Dieu est fraîche et se renouvelle chaque jour.

En quittant l’église, comme je l’avais prévu dans mon programme, je me rends chez Lolita ; j’ai besoin d’elle pour la sécurisation de l’argent et de Issifou pour les démarches à mener quant au paiement de la caution. Je lui téléphone pour la prévenir mais elle ne décroche pas. Je laisse tomber et je Le portail de la maison de mon amie est légèrement entrouvert ; je n’ai pas eu besoin de sonner ; je suis entrée et déjà depuis la porte du salon, j’entends des éclats de voix. Je me demande ce qui se passe ici. Je prends le téléphone pour appeler Lolita encore une fois sans succès ; je choisis alors de taper à la porte ; c’est Issifou qui vient m’ouvrir ; il a un regard étrange ; je le salue :

- bonjour Issifou ;

- bonjour Adé ;

- il y a un problème ?

- non, ça va ; entre et prends place.

- Et Fatima ?

- Elle se trouve chez ma mère ;

J’étais persuadée que quelque chose n’allait pas ; je demande d’après Lolita et avant qu’Issifou n’aille l’appeler, elle-même sort en entendant ma voix. Elle a le visage déconfit ; ses yeux sont rouges et gonflés. Cela se sent qu’elle a beaucoup pleuré ; elle s’assoit dans le canapé et me salue :

- Adé, c’est comment ?

- Tout va bien mais par contre on dirait que tu vas mal ;

Elle soulève la tête et lorgne Issifou. Celui-ci sans mot dire disparaît du salon et nous laisse entre filles. Je questionne ma copine :

- Loli, c’est quoi le problème ?

- Adé, le pire est arrivé ;

- Qu’appelles-tu pire ?

- Issifou a mis une femme enceinte.

- Quoi ! Depuis quand ?

- Il dit qu’il l’a rencontré au moment où j’étais chez toi.

Lolita a prononcé cette dernière phrase en sanglotant.

- Ne pleure pas Loli ; calme-toi ;

- Comment puis-je me calmer Adéline ? Je vais avoir une coépouse puisque Issifou refuse de faire avorter l’intéressée ;

- Loli ! Tu n’es pas sérieuse ? Tu veux que le bébé soit avorté ?

- Et pourquoi pas Adéline ? Je ne veux pas d’enfant hors mariage.

- En tout cas, je ne suis pas d’accord avec toi. C’est comme si tu commettais un crime.

- Tu me souhaites donc une coépouse ?

- Est-ce que Issifou est obligé de l’épouser ? Il peut juste assumer ses responsabilités envers l’enfant.

- Tu ne connais pas Issifou ; il va l’épouser pour se soulager la conscience et dans ce cas je vais devoir divorcer car je ne peux supporter une coépouse; la seule solution est donc l’avortement.

- Calme-toi Loli ; relaxe- toi ; ne prend aucune décision dans la colère. Laisse passer au moins une journée et va demander conseil à ta sœur ; je te conseille aussi de prier.

- Adéline, si Dieu m’aimait, il n’allait pas permettre que cette fille soit enceinte.

- Arrête de parler ainsi. Calme-toi. Va prendre ton bain ; je vais t’aider à faire le repas de midi et nous allons bavarder de tout et de rien, cela te détendra.

Darla
Nous sommes lundi matin et le travail recommence. Quand Lolita a des problèmes, je le sais ; elle a toujours un regard terne et elle est silencieuse. A la pause, je décide de l’aborder.

- Lolita, qu’est-ce qui ne va pas ?

- Mon mari me montre de toutes les couleurs ; il a engrossé une femme ;

- Sapristi ! pendant que tu étais dehors ?

- Tu as tout compris ;

- Oh mon Dieu ! Courage Lolita ; Dieu te fortifiera dans cette épreuve ;

- Je lui demande de faire avorter cette voleuse de mari mais il ne veut pas ; j’ai envie de tuer cette femme !

- Non, ce n’est pas la solution ; méfie toi des pensées négatives car elles s’attaquent à l’esprit et au corps ; avoir des pensées négatives créent des résultats négatifs ; tu sais Lolita, je pense que le moment est venu pour toi de donner ta vie à Dieu sans lequel tu ne pourras jamais avoir la victoire ;

- Laisse cette affaire Darla ; je dois résoudre ce problème avec mon intelligence.

- Tu fais erreur Lolita ; sais-tu que si tu étais attachée à Dieu, jamais tu ne giflerais ta belle-mère ? Car je trouve que cet acte est la source de tous ces problèmes. Avec Dieu, tu pourras te contrôler, avoir la maîtrise de ton corps, de tes pensées, de ta vie. Dieu peut te faire restaurer ton équilibre. Je ne te parle pas d’église ni d’autre religion, je te parle de ce Dieu qui a créé le ciel et la terre, ce Dieu qui nous a tous créé. Confie toi à lui et il te guidera ; Les idées négatives te seront épargnées ; quand Dieu te guide, tu arrives inévitablement à bon port.

- Darla, l’évangéliste !

Adeline
J'ai pris rendez- vous avec Issifou pour mardi soir car la situation le dimanche est telle que nous ne pouvions pas discuter. Comme convenu,je me rends donc chez lui. Il n'est pas encore rentré. La petite Fatima s'élance vers moi et je la prends dans mes bras. Bientôt j'aurai également un petit garçon ou une petite fille; en effet, je suis sûre que dès la sortie de Wilson, nous allons nous marier.
Je suis tellement excitée pour sa prochaine libération ! Enfin, nous allons pouvoir continuer à vivre notre amour si magnifique. J’explique à Lolita comment je me suis faite aidée par Darius. Elle me félicite et espère que bientôt Wilson sera libre. J’attends que Issifou revienne avant de poser le problème du paiement de la caution :

- Adéline, même si tu ne retrouves pas son Avocat, tu pourras payer cette caution. Je vais t’indiquer la procédure.

- Merci Issifou. J’ai hâte que Wilson soit libre.

Moussilimi
Je suis très heureux de la prochaine venue de ma mère ; je ne l’ai pas vu depuis trois ans et elle me manque. Je suis impatient de la retrouver. Je l’aime beaucoup.Elle viendra partager ma routine pendant un moment.

A suivre......

Vicissitude