Vicissitudes : Chapitre 23
Ecrit par Djiffa
AUTEUR : DJIFA BLESSINGS
Adéline
Que m’arrive t-il ? Pendant que Wilson rentrait dans la voiture de son
frère, je titube et je tombe sur un tronc d’arbre situé devant le
portail de la prison ; des larmes coulent de mon visage ; je ne réalise
pas ce qui vient d’arriver ; quelqu’un peut-il m’expliquer ?
Suis-je dans un rêve ou est-ce la réalité ? Pourquoi Wilson me traite de
prostituée ? Est-il fou ? Je suis sûre qu’il ne se porte pas bien ; il
n’est pas dans son état normal ; ou alors, il a joué à la comédie pour
me tester, pour voir ma réaction ; ça doit être cela. Je suppose que
Eric l’emmène chez eux ; même si je suis interdite d’accès, je vais
quand –même y aller ; je dois comprendre.
J’essuie mes larmes et je
hèle un taxi-moto ; je lui indique la direction à prendre et je monte
rapidement ; après vingt minutes environ, j’arrive à destination mais
comme je m’y attendais, le gardien m’empêche d’entrer. Je lui demande
alors de m’appeler Wilson. Il me fait savoir qu’il n’y est pas ; je lui
demande si Eric n’est pas revenu ; il secoue la tête ; je reste devant
le portail et décide de les attendre ; sûrement qu’ils ont pris un
chemin un peu plus long. De toute façon, seule la grue pourrait me faire
partir d’ici. Wilson me doit des explications.
Maman Eric
Dans quelques minutes, Wilson va à nouveau franchir le seuil de cette
maison ; s’il ne tenait qu’à moi, il va moisir en prison ; mais comme
c’est Dieu qui décide, il a été libéré. Vivement la lecture de cet
testament pour que chaque enfant ait sa part ; en attendant, je suis
obligée de le laisser vivre ici ; tout à l’heure à son arrivée, je vais
lui sourire comme d’habitude ; Wilson ne doit jamais se douter que je le
déteste. Ainsi, il ne se méfiera jamais de moi et je continuerai d’être
comme il aime à le dire « sa deuxième maman chérie ». Tout ce que je
souhaite, c’est que les biens soient divisés en part égale pour chaque
enfant ; si la part de Wilson est plus élevée que celles de mes enfants,
alors là, je ne vais pas tolérer ; je ne lui dirai rien mais c’est en
lui souriant que je le poignarderai dans le dos.
Lolita
Adeline devrait être déjà rentrée avec Wilson ; pourquoi elle ne
m’appelle pas pour me le dire ? Je lui téléphone sur le champ ; elle
décroche avec une voix empreinte de tristesse :
- Allo
- Comme tu as retrouvé Wilson, tu me zappes, n’est-ce pas Adé ;
- Loli, laisse moi où je suis ; actuellement je suis chez Wilson ; je t’expliquerai une fois de retour ;
- tout va bien j’espère ;
- pas vraiment. Mais ne t’inquiète pas, tout va s’arranger ; je te rappelle
- A tout à l’heure alors.
Je suis surprise par les informations que Adéline me donne ; que
fait-elle chez Wilson alors qu’elle est interdite d’accès dans sa
famille ? Elle était censée revenir chez elle avec Wilson. Bref, comme
elle l’a dit, elle me donnera des explications plus tard ; pour l’heure,
il faut que j’aie une petite discussion avec Issifou ; il n’est
toujours pas clair avec moi ; je le rejoins dans la chambre ; il est
couché, l’avant-bras posé sur son front ; visiblement, il réfléchit ; je
l’apostrophe :
- Issifou, il faut que tu me dise quels sont tes plans avec ta voleuse de mari.
Il ne me répond pas ; je reprends, énervée :
- tu as l’obligation de me répondre ; c’est comment avec toi ?
- Lolita, change le ton sur lequel tu me parles ;
- Je te parle comme je veux ; j’ai quand même le droit de savoir
ce qui se passe ; une femme est enceinte de toi ; la moindre des choses
est de m’informer sur la suite des évènements ;
- Je n’ai pas
de compte à te rendre madame ; finalement, c’est ma mère qui a raison
quand elle te traite d’irrespectueuse ;
- Bravo ; aujourd’hui
ta mère a raison ; je vais te dire une chose Issifou ; si cette dame
n’avorte pas, je vais devoir te quitter car je ne veux pas d’un enfant
hors mariage encore moins d’une coépouse ;
- Très bien, la porte est par là.
Issifou à prononcer cette dernière phrase en me montrant la porte du doigt. Mon Dieu, je rêve ! Mon mari a complètement changé.
Wilson
J’arrive devant le domicile familial avec la voiture conduite par Eric ;
le gardien nous ouvre le portail ; je remarque la présence d’Adéline
qui cherche à entrer également ; je l’observe se débattre avec le
gardien qui la tire par le bras ; je descends de la voiture et j’intime
l’ordre au gardien de la lâcher :
- que cherches-tu ici Adéline ?
- je suis venue te voir Wilson ; j’ai besoin d’explications ;
Je la regarde et je secoue la tête ; quelle hypocrite ! Je lui réponds :
- les explications tu n’en as pas besoin ; tu sais que tu es une
véritable garce ; quand tu me regardes Adéline, je ressemble à quelqu’un
qui peut épouser une prostituée ?
- que racontes-tu Wilson ? Sur quoi te bases-tu pour m’accuser ?
A ces propos d’Adeline, je demande à Eric de me sortir l’enveloppe que
j’ai pris soin de garder sur moi jusqu’à ma sortie de prison. Je le
tends à Adéline qui l’ouvre avec empressement. Elle fait semblant d’être
étonnée, puis réagit :
- parmi ces photos, une seule est
réelle Wilson ; c’est celle où je suis avec Darius, l’homme qui m’a
fait un prêt pour payer ta caution ;
- est-ce que tu
t’entends parler ? Tu ne sais même pas mentir ; un homme t’a prêté de
l’argent pour que tu paies ma caution sans rien avoir en retour ? En
plus une somme si élevée !
- il m’a prêté vingt trois
millions que j’ai complété avec dix-sept millions que m’a remis ta
grand-mère lors de ma visite au village ;
Franchement Adéline
me surprend ; elle sait que si elle appelle le nom de ma grand-mère, je
vais chercher à en savoir plus et à lui demander d’entrer pour qu’on
cause ; où est-ce que ma grand-mère allait trouver une telle somme ? Je
pensais connaître Adéline !
Au même moment, ma sœur et ma mère se rapprochent de nous et ma mère s’écrie :
- mais que se passe t-il ici ? pourquoi de tels éclats de voix alors que tu viens de rentrer mon fils chéri?
- C’est Adéline maman, elle est me trompait sans vergogne ; je
lui ai demandé de continuer sa prostitution sans moi mais elle insiste ;
- Calme-toi mon fils chéri, tu viens d’arriver ; tu ne dois pas
t’énerver ; c’est parce qu’elle n’est pas sérieuse que nous lui avons
interdit l’accès de cette maison ;
- L’accès de cette maison lui est interdit ?
- Bien sûr ; elle ne te l’a pas dit ?
- Jamais maman ; elle ne m’a rien dit ;
- Elle a même tenté de séduire ton frère ;
Je me tourne vers Adéline qui protestait que c’était des mensonges :
- oui Wilson, j’ai été interdite d’accès mais c’est parce que j’ai refusé les avances d’Eric ton frère ;
- regarde toi Adéline, Eric mon frère te fait des avances et tu
ne me dis pas ; trouve un autre argument ; tu es mauvaise ; au lieu de
reconnaître tes torts, tu formules un gros mensonge pensant réussir à
diviser ma famille ; sous tes airs de fille angélique, tu n’es qu’un
démon.
- je ne te l’avais pas dit parce que je ne voulais pas que tu aies du chagrin alors que tu es en prison ;
- sors d’ici, Adéline ;
- Wilson écoute moi !
- Gardien, faites la sortir.
Issifou
Je ne supporte plus la façon dont Lolita me parle. Elle est très
arrogante quand elle est énervée ; je pense que je suis trop doux avec
elle et c’est pourquoi elle me manque de respect. Après tout, je suis
son mari ; à cause d’une erreur, elle veut la mort d’un enfant et me
faire commettre un péché encore plus grave que le précédent ; quoi qu’on
dise, un enfant est une bénédiction ; pourquoi ne veut-elle pas
comprendre la situation ? Ce n’est déjà pas facile pour moi ce qui nous
arrive. Au lieu de me parler calmement pour qu’on trouve un terrain
d’entente, elle hausse le ton et menace de me quitter ! Eh bien qu’elle
s’en aille ! Ce n’est pas parce que je l’aime que je dois tout tolérer.
Je m’habille et je sors pour prendre de l’air ; j’ai besoin
de me rafraîchir les idées. Je gare ma voiture près d’un arbre non loin
de la maison ; je commence à penser à ma vie de ces derniers mois, qui
n’a plus rien de la vie tranquille que je menais avant la naissance de
ma fille. A quel moment ai-je échoué ? Jusqu’à l’évènement de la gifle,
je ne me reprochais rien ; quand j’ai constaté la tension entre ma mère
et ma femme, j’ai déménagé pour protéger ma femme. Son orgueil à
outrance ne lui a pas permis de regagner la maison très vite en
s’excusant ; j’ai peut-être eu tort de la sortir mais c’était ma seule
façon de lui faire admettre la gravité de ses actes ; mais je ne
m’attendais pas à ce que nous restions séparés tout ce temps et surtout
en désaccord. Le désir sexuel m’a poussé à succomber aux charmes de
Kadessa, qui du reste fait tout pour me plaire ; si je devais retourner
dans le passé, après la mairie, je ne commettrai plus l’erreur de vivre
dans la maison de ma mère ; j’aurais alors évité tous ses problèmes
entre elles. Il vaut mieux ne jamais faire vivre ensemble pour une
longue durée belle-mère et belle-fille.
Maintenant quoi qu’on
dise ce qui est fait est fait ; la réalité est que Kadessa est enceinte.
Ai-je le droit de la laisser fille-mère pour qu’elle soit la risée de
ses amies et de sa famille ? Même si elle a tout fait pour me séduire,
elle ne m’a pas obligé à quoi que ce soit. Même si cela va en l’encontre
de ma vision, je me dois d’être juste. Je vais utiliser le temps qui
reste entre ce jour et son accouchement pour réfléchir si je dois
l’épouser ou pas ; avec le temps, je verrai bien. Maman peut bien partir
en France chez Moussilimi en attendant.
Khadidja
Ma
belle- mère viendra passer trois mois avec nous. C’est mon mari qui l’a
décidé ainsi. Il dit que sa mère lui manque. Je souhaite juste que tout
se passe bien. Cela fait quinze ans que je vis en France. Je suis venue
très jeune. À force de vivre ici je ne fonctionne plus selon la
mentalité africaine. On peut dire je suis complètement occidentalisée.
J’appelle Moussilimi mon « coq » et il m’appelle « ma poule ». Tout
fonctionne très bien entre nous depuis quatre ans que nous nous sommes
mariés. Mais comme tout n’est jamais parfait, nous avons un problème: la
conception. Pourtant les examens médicaux n’ont révélé aucun
dysfonctionnement. Mais le bébé ne se pointe pas. Depuis quelques mois,
ma belle-mère nous interroge à propos. Je me demande d’ailleurs pourquoi
elle s’y intéresse tant. Comme si c’est elle qui va élever mon enfant
quand il naîtra. Bref je n’ai rien contre ma belle-mère. Tant qu’elle
sait se tenir, elle passera un bon séjour chez nous. Mais si elle
déconne, je la remettrai à sa place sans-gêne.Moi je fonctionne comme
les blanches.
Adeline
Pleurer ne suffirait pas à calmer la
douleur que je ressens en ce moment. Après que le gardien m’ait fait
sortir, je reste figée sur place incapable de bouger. J’ai l’impression
que je suis en train de rêver et que bientôt je vais me réveiller. Mais
hélas! C’est la réalité.
A Suivre..................