Vicissitudes : Chapitre 22
Ecrit par Djiffa
AUTEUR : DJIFA BLESSINGS
Adeline
Aujourd'hui, je me suis réveillée avec un sourire aux lèvres car Wilson
sort de prison. L’Avocat ami de Issifou m’a prévenu de la date et de
l’heure de libération. Les portes du Commissariat lui seront ouvertes et
dès qu’il sortira, je pourrai le voir.
Je suis excitée de voir Wilson après deux mois ; je suis encore plus
heureuse de pouvoir désormais passer du temps avec lui comme je veux ;
je suis impatiente de revoir et de serrer dans mes bras le seul homme de
mon cœur, mon tendre et bien aimé Wilson. Je l’emmènerai d’abord chez
moi pour qu’il puisse réfléchir à quoi faire ; comme autrefois,
j’imagine que nous allons nous embrasser, échanger fréquemment de longs
baisers et des caresses à couper le souffle ; nos retrouvailles
sonneront le début d'une nouvelle relation pleine d'amour et
d'épanouissement.
Je me lève tôt et après mon bain, je
m’attèle à cuisiner le mets préféré de Wilson. Je range soigneusement
mon appartement pour qu’il soit accueillant et qu’il ne sente pas la
vétusté des lieux ; de toute façon, aucun appartement ne serait pire que
la prison.
Eric
Wilson sort de prison aujourd’hui ;
depuis que j’ai appris que la caution est payée, je lui rends visite
pour connaître le jour exact de sa libération ; je n’avais pas prévu
qu’il sorte un jour de la prison ; heureusement que j’ai pris mes
dispositions. Lorsque j’avais informé maman, elle était surprise et m’a
interrogé :
- où est-ce que cette Adéline a trouvé tout cet argent pour payer sa caution ?
- cela ne peut provenir que des hommes ; et aucun homme ne lui donnera gratuitement beaucoup d’argent maman ;
- même si c’est le cas, l’intention est noble ; car si moi en tant que
jeune fille, des hommes me donnent de l’argent jusqu’à ce que j’arrive à
rassembler quarante millions, j’irai plutôt investir dans une affaire
rentable ; ou cette fille est bête, ou elle aime aveuglément Wilson.
- Comment est-ce qu’on va faire maintenant ?
- On a rien à faire ; sa chambre est toujours là ; après tout la maison
porte le nom de votre père ; nous informerons le Notaire de la mise en
liberté de Wilson et il procèdera à la lecture du testament.
- Tu n’as pas peur de son retour maman ?
- Peur pourquoi Eric ? C’est moi qui ait mis Wilson en prison ?
- Je veux parler de la gestion des biens de papa ;
- Où est le problème ? Ton père a trois enfants et une femme ; donc
nous aurons la meilleure part ; si le partage est injuste, nous allons
faire opposition, c’est tout.
- Il est difficile de contester un testament notarié, maman.
- Dans tous les cas, ton père sera équitable.
Avant de me rendre au Commissariat pour chercher Wilson, je passe
d’abord chez le Notaire de mon père pour une petite visite de mise à
jour. Comme d’habitude, il n’est pas content de me recevoir :
- bonjour très cher notaire ;
- dis-moi ce que tu as à dire et dégage d’ici.
- Bien, mon frère sera libéré tout à l’heure ; il va sûrement te contacter pour la lecture du testament.
- Et alors ?
- Et alors, je viens m’assurer que notre accord sera respecté ;
- Sortez de mon bureau ;
- Attention, ne haussez pas le ton avec moi, sinon vous savez ce qui vous attend. A bientôt.
Je sors de son cabinet et je prends la direction du Commissariat ; une fois là-bas, je croise Adéline qui attendait.
Darius
Je m’inquiétais pour rien car le jour où Darla m’a appelé, la signature
de mon contrat de prestation s’est bien déroulée ; je suis certain que
c’est ma prière prononcée pour vaincre l’esprit démoniaque qui a porté
ses fruits. J’espère qu’elle ne cherchera pas à me contacter avec un
autre numéro de téléphone ; je ne veux plus jamais avoir affaire à elle
dans ma vie. En même temps, mes pensées s’envolent vers Adéline mais je
me retiens de l’appeler ; elle a dû certainement déjà payé la caution et
doit être en ce moment en train de passer de bons moments avec son
fiancé ; je ressens un brin de jalousie m’envahir. Mais je reste
confiant que Dieu m’enverra une femme comme elle ; parlant de Dieu, je
l’aime beaucoup et je crois en lui ; mais notre relation n’est pas assez
forte ; je ne prie que lorsque j’ai des soucis où quand je m’apprête à
négocier un gros contrat.
Le mois dernier, j’ai croisé un
Religieux sur un vol de retour de Banguy ; il m’a beaucoup parlé de Dieu
mais pouvait-il en être autrement ? C’est son travail ; en retour, je
lui ai aussi parlé de contrats et il a ri. Il m’a laissé sa carte de
visite et m’a fortement recommandé de le contacter et que Dieu aurait un
plan pour moi ; c’est ce qu’ils disent tous ; je ne l’ai donc pas cru ;
le plan de Dieu pour moi, c’est l’obtention de gros contrats. Je pense
que je dois être ouvert d’esprit ; qui sait si en fréquentant l’église,
je ne vais pas rencontrer de grands opérateurs économiques avec qui
faire affaire ? En tant qu’Entrepreneur, il faut être à l’affût de
nouvelles opportunités.
Adéline
Je suis arrivée bien en
avance. Je n’arrive pas à croire que mon Wilson sera libre ; j’étais
dans cet état d’excitation quand je vois Eric arriver. Qu’est-ce qu’il
fait ici ? Il est peut-être venu voir Wilson ne sachant pas qu’il
sortira tout à l’heure. Aux dernières nouvelles, il avait cessé de venir
selon ce que Wilson m’avait dit ; les données ont peut-être changé ;
comme je n’ai pas vu Wilson depuis deux mois, il se peut que j’ignore
beaucoup de choses. Il se rapproche de moi et me salue :
- bonjour Adéline
- bonjour Eric
- que fais-tu là dehors ?
- je pourrais te poser la même question ?
- j’attends Wilson ; je suppose que tu es là pour la même raison;
Je suis surprise et je l’interroge :
- c’est Wilson qui t’a demandé de venir l’attendre ?
- Qui d’autre voudrais-tu que ce soit ? N’oublie pas que c’est moi sa famille ;
- Je suis aussi tout autant importante pour lui ;
- Je n’en disconviens pas ; mais souffre que je vienne le chercher. Il est mon frère avant d’être ton fiancé.
J’hausse les épaules ; de toute façon, la famille de Wilson n’a pas
voulu payer sa caution ; alors c’est moi qu’il suivra d’abord avant
d’aller leur rendre visite ; je compte d’ailleurs quand nous serons
chez moi tout lui dire à propos d’Eric et de la froideur de sa mère
envers moi. Si cela ne tenait qu’à moi, nous vivrons ensemble à compter
d’aujourd’hui. Que Wilson aille vivre avec ses gens ne me rassurent pas
du tout ; d’ailleurs quand je lui aurais tout dit, il comprendra et les
évitera.
Notaire
Cet imbécile d’Eric me tend les nerfs. Il
me fait un gros chantage ; en tant que Notaire, je dois être intègre et
sans opprobre ; les gens nous font confiance après leur mort pour
exécuter leurs volontés ; c’est pour cela que nos honoraires sont élevés
car c’est comme si nous vendons la confiance qui est une denrée rare.
Je suis très connu et j’ai exécuté les volontés testamentaires de
nombreux clients. Je suis d’ailleurs reconnu comme le Notaire le plus
crédible du pays. Les membres du gouvernement et les grands dignitaires
du pays ont recours à moi en matière de notariat.
Malheureusement,
Will le père d’Eric ne pourra bénéficier des qualités qui ont fait ma
réputation. En effet, à cause de mon imprudence, je me retrouve dans une
situation où j’ai été obligé de modifier le testament. Quand j’y pense,
j’ai envie de m’arracher les yeux. Quel idiot j’ai été !
Je me
souviens encore comme si c’était hier ; j’étais dans mon bureau quand
Eric a demandé à me voir en tant que nouveau client ; je revenais juste
de la France où je suis allé suivre un traitement médical pendant trois
mois. Eric me salue, s’assoit et se présente en tant que fils du défunt
; je lui fais savoir que son père décédé depuis deux mois, je déciderai
d’un jour de commun accord avec la famille pour la lecture du testament
; mais il m’informe que son frère aîné venait d’être arrêté et qu’il
souhaiterait que cette lecture se fasse en sa présence. A la suite de ce
souhait, il demande à lire le testament. Bien évidemment, je refuse ;
c’est contre nos règles ; Eric ricane, se lève puis jette sur ma table
une grande enveloppe qu’il avait pris soin de cacher dans son sac à dos.
A son départ, j’ouvre l’enveloppe et je tombe sur des photos où je me
reconnaissais avec des jeunes filles ; j’ai failli piquer une crise ;
j’ai le vice d’aimer le sexe ; j’aime les partouze mais je les fais
toujours à l’extérieur, jamais dans mon pays ; Eric a dû me piéger
puisque ces photos ont été prises à Abuja. Le petit a bien préparé son
coup. J’ai compris que c’est lui qui m’a envoyé ces femmes et je suis
tombée dans le piège.
Par la suite, il m’a menacé de mettre
les photos ainsi que la vidéo sur les réseaux sociaux; j’ai pensé à ma
femme, mes enfants, mes frères et sœurs, mes collègues notaires, mes
amis, mes employés, ma réputation nationale et internationale. Ma vie
serait foutue en un clin d’œil ; autant mourir ! A contre cœur, j’ai
donc accepté de modifier le testament tel qu’Eric le voulait. Cette
situation a été une bonne leçon pour moi ; désormais je fais attention
et j’ai même cessé d’être aussi vicieux. Je fuis les femmes.
Wilson
Je sors de la prison et une bouffée d’air frais m’envahit. Si je
n’étais pas un homme, j’allais pleurer de joie car je suis sortie d’un
lieu que je ne souhaite pas à mon pire ennemi. Je ne serai plus entouré
de bestioles, dans le noir la nuit ; je n’entendrai plus les bruits de
fond des cris de prisonniers qui se font fouetter jusqu’à ce qu’ils ne
soient plus capables de marcher. Je n’aurai plus à m’allonger sur le sol
avec comme seul oreiller un essuie-tout, dans une petite cellule, le
visage boursouflé par les piqûres d’insectes. Je n’aurai plus à voir les
gardiens de prison sortir à l’extérieur avec des détenus décédés, faute
de soins adéquats. Je n’aurai plus à nettoyer les toilettes sales et
crasseuses. Parfois les gars faisaient leurs besoins dans les cellules
ou sur un morceau de carton. C’est l’enfer derrière les barreaux.
Heureusement que maintenant je suis délivré de toutes ces horreurs.
Je remarque la présence de Eric et d’Adeline ; je les salue ; Adeline a
fait semblant d’être joyeuse et m’a sauté au cou ; mais je suis resté
de marbre ; elle m’interroge :
- Mais Wilson, tu n’es pas content de me voir ?
- Ne t’avais-je pas dit de refaire ta vie ? Que viens-tu chercher ici ?
- Non, je choisis rester avec toi, ma vie c’est avec toi.
Elle voulait prendre ma main mais je la repousse violemment en lui disant :
- Prostituée, continue ton chemin, ne cherche plus jamais à me voir ; Eric, allons-y.
Larissa
Mon grand-frère chéri sort de prison aujourd’hui. Peut-être que ce que
j’ai dit à ma mère l’a fait réfléchir et elle a payé sa caution ;
l’essentiel est qu’il soit là ; ce matin, j’ai arrangé sa chambre
moi-même. Tout est impeccable. Je l’ai fait avec plaisir car Wilson a
toujours été un frère exemplaire ; il me protège et me conseille. Je le
préfère de loin à Eric qui est hautain et imbu de sa personne ; j’aurais
préféré que ce soit Wilson l’enfant de ma mère. Cette dernière m’a
demandé la fois dernière de ne plus m’attacher à Wilson mais plutôt à
Eric car nous sommes ses deux enfants ; elle me recommande de ne jamais
faire confiance à Wilson parce qu’il ne m’aimera jamais comme si nous
étions de même mère ; mais maman se trompe ; moi je ne vais pas
encourager la division ; depuis que Wilson a été arrêtée il y a deux
ans, j’ai chaque jour prié son retour sans perdre espoir; j’imaginais
qu’un jour, j’allais le voir franchir à nouveau le seuil de cette
maison. Je suis heureuse car dans quelques heures, ce sera le cas.
Adéline
Que m’arrive t-il ? Pendant que Wilson rentrait dans la voiture de son
frère, je titube et je tombe sur un tronc d’arbre situé devant le
portail de la prison ; des larmes coulent de mon visage ; je ne réalise
pas ce qui vient d’arriver ; quelqu’un peut-il m’expliquer ?
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