XIV

Ecrit par Les petits papiers de M

Romain

Aujourd’hui, je me suis rendu très tôt au cabinet afin de liquider tous les dossiers qui pourraient me retenir tard ici. Ce soir, c’est l’évènement de l’année au Boulot avec en prime la virginité aux enchères de Sweety. Je ne tiens pas à rater une seule seconde de cette soirée. C’est l’un de mes moments préférés parce qu’il est organisé chaque année avec énormément de soin. A tel point que tous nos habitués étrangers l’attendent pour clore leur séjour ou font le déplacement exprès pour y assister.

Et pourtant, les tickets d’entrée ne sont pas donnés. Les consommations et la nuitée avec les filles coûtent deux fois plus cher. C’est aussi la seule fois de l’année que nous ouvrons la loge des voyeurs pour les partouzes, que les étrangers au club sont admis à condition de prendre part aux activités échangistes. Cela nous permet de dégoter de nouvelles filles pour le harem parce qu’en général il ne vient que des putes d’autres clubs, des escortes ou des maîtresses. Je n’ai vu que rarement des épouses y participer. Et c’était toujours des couples échangistes.

Il y a tellement d’activités en cette seule nuit que nos clients ne sont jamais repus et en redemandent. Ce qui fait que chaque édition est attendue avec impatience et nous fait engranger des sommes folles. Raison pour laquelle je dois m’assurer de n’être absolument pas empêché par quoi que ce soit. Je me suis tellement appliqué qu’à dix-sept heures j’étais déjà en route pour chez moi. Objectif : passez quelques heures à la maison pour que l’impératrice ne râle pas parce que je ne rentrerai pas de la nuit.

En rentrant, je me suis directement dirigé vers la cuisine qui est le centre nerveux de la maison. En la concevant, j’avais fait mettre une table en plein milieu. Le but était d’éloigner les enfants de notre salle à manger au décor luxueux et aux meubles délicats lorsqu’ils étaient beaucoup plus jeunes. Au fil des années c’était devenu la pièce qui rassemblait tout le monde chaque soir.

En y entrant je suis tombé sur les jumeaux avec leur nounou d’amour comme ils ont surnommé Bella. Je ne la côtoie pas beaucoup bien qu’elle vive avec nous depuis plusieurs années. Les domestiques, c’est le domaine de Philo. Et moins je m’en approche, plus j’évite les problèmes. Même si Philo n’est pas particulièrement suspicieuse, j’aime mieux qu’on ne m’accuse pas de draguer la domestique ou un truc dans ces eaux là.

Et Bella, c’est plutôt une fille quelconque qui ne fournit aucun effort pour prendre soin d’elle. Elle est constamment en caba ou en boubou et toujours la tête attachée comme si elle était veuve ou musulmane. Je me demande si à cette allure un homme posera les yeux sur elle afin de lui faire quitter notre maison. Elle sera peut-être sauvée par ses incroyables talents culinaires. Parce qu’elle cuisine vraiment très bien. Ne dit-on pas que le chemin vers le cœur d’un homme passe par son estomac ? Mais une fois encore ce sont les oignons de sa patronne, pas les miens. De toute façon, nous ne lui payons plus de salaire depuis que Philo m’a dit qu’elle a trouvé du travail. Et puisque sa présence nous permet de nous absenter le cœur en paix, elle peut rester autant qu’elle veut.

En me voyant, les enfants sont venus se jeter dans mes bras en me posant tout un tas de questions sur la raison de ma présence si tôt à la maison. Bella, comme à son habitude a murmuré un rapide ‘’bonsoir Yaya’’ tête baissée avant de disparaître de la cuisine.

-         Où est votre mère ?

-         Philo (entrant) : je suis là. Bonsoir chéri

-         Bonsoir l’impératrice

-         Tu t’y mets aussi ?

-         C’est vous qui avez commencé donc supportez

-         Vaïk t’a chassé du boulot ou quoi ?

-         Pourquoi vous me posez tous cette question. Vous n’êtes pas contents de me voir ou quoi ?

On a tous pris la direction de notre chambre en continuant de papoter. Je sentais mon portable qui vibrait sans arrêt dans ma poche. Il faut vraiment que je me dépêche de sortir d’ici avant que Rachelle ne débarque m’arracher les yeux devant Philo.

Bella

Mon portable n’arrête pas de sonner et chaque notification supplémentaire de message me rend davantage nerveuse. Ça fait une heure que je suis en petite combinaison sexy sous mon caba, mes chaussures et mes tenues de rechange dans mon sac et la tête attachée pour dissimuler ma péruvienne. Je viens de finir de poser mes ongles, mais impossible de sortir de la maison.

Tout le temps que nous avions mis à planifier cette soirée, je n’ai jamais imaginé que Philo refuserait de me laisser sortir ce soir. J’ai failli m’évanouir lorsqu’elle m’a dit non.

-         Mais yaya ! je serai avec Mysti

-         Justement. Tu es suffisamment sortie ces vacances, tu ne trouves pas ? A cette allure, je me demande si tu économises même l’argent que tu gagnes en travaillant

-         Mais yaya, c’est une invitation. Ce n’est pas nous qui payons

-         Et c’est qui Bella ? ça y est ? tu as déjà commencé avec les histoires des hommes ?

-         Non yaya

-         Donc quelles sont ces fêtes où tu ne cesses d’aller ? qui sont ces hommes qui t’invitent et depuis aucun n’est encore venu au moins montrer le visage pour qu’on sache avec qui tu traînes dehors ?

-         Yaya, je jure, il n’y a pas d’hommes

-         Donc c’est seulement avec Mysti tu vas en boîte tout le temps comme ça ?

-         Oui yaya

-         Prend moi bien pour une conne

-         Yaya je t’assure que je ne mens pas

-         Puisque vous n’êtes que toutes les deux, achetez les boissons et venez mettre la musique dans ta chambre ici. Parce que vendredi prochain, tu ne pars nulle part

-         Yaya pardon. J’ai promis que je

-         Bella ! n’abuse pas. Tout ça c’est même ma faute. C’est moi qui ait permis tout ça

La bonne dame m’avait planté là et était partie. Je n’ai même pas osé aborder à nouveau le sujet. Les gens qui ne s’énervent jamais là faut même pas les tenter quand leur humeur change. Donc j’ai fait profil bas tout le reste de la semaine pour éviter les problèmes.

J’avais tout planifié avec le gardien pour sortir en douce vers 20 heures. Ce que je n’avais pas prévu, c’était que l’empereur rentre tôt à la maison. Un vendredi !

Mysti (sms) : dis-moi que tu ne t’es pas dégonflée Bella

-         Bien sûr que non !

-         Et pourquoi tu n’es pas encore là ? Rachelle est sur le point de nous couper la tête à Lily et moi

-         Ma co, walayi c’est pas ma faute. L’empereur est à la maison

-         Merde, merde, merde ! tu es sûr qu’il ne ressort pas ?

-         Je ne sais pas. Ça fait deux fois déjà que Philo m’a fait appeler en cuisine pour leur faire quelque chose. Obligée d’attacher la tête et porter le caba sur ma combi. Heureusement que je n’étais pas encore maquillée

-         Ça tombe vraiment mal hein ! c’est quelle histoire ça

-         Vraiment croise les doigts pour moi. Il n’est que 19 heures. J’ai deux heures encore avant ma première apparition

-         Oui, mais les gens demandent déjà à te voir. En plus le tapis rouge est déjà ouvert et Rachelle est déjà dans tous ses états

-         Mais je vais faire comment

-         Ah Bella. Le pire qui puisse t’arriver c’est que Philo se fâche un peu. Si tu fais profil bas un moment elle va se calmer. Mais si tu rates la soirée ici ! tu seras blacklistée à vie. Tu penses à tout ce qu’on a investi ? où allons-nous trouver ton sosie à pareille heure ?

-         Je suis dépassée. Je ne sais pas quoi faire.

-         Trouve une solution. Je vais gérer Rachelle en attendant

En désespoir de cause, je me suis agenouillée pour prier. Parce que si je m’absente ce soir, si je les lâche, il vaut mieux que je ne remette plus les pieds au boulot. Trente minutes plus tard, c’est le cœur au bord des lèvres que j’ai entendu des pas se diriger vers ma porte.

-         Gardien (frappant) : Bella, bella !

-         Oui ! c’est bon ?

-         Oui. L’empereur est sorti. Il a dit à madame, à demain

-         Sérieux ?! merci Seigneur !

-         Ah petite, ce n’est pas gratuit hein

-         Ah Diallo ! tu aimes trop l’argent. Tiens cinq mille on gère le reste après. Si jamais madame commence à me chercher, dis que tu as frappé à ma porte mais je dormais déjà

-         Compte sur moi. Si tu me gères bien, moi je suis avec toi. Faut seulement dire au beau-frère de ne pas m’oublier

-         Diallo, pardon pars. Je suis déjà en retard

J’ai essayé en vain d’avoir un taxi en appelant soft taxi et Bénin taxi, mais un vendredi soir à l’heure de pointe ? Impossible. Je me suis juste lancée à la recherche d’un zem en cabas, sandales aux pieds et portable en main.

Une fois arrivée à l’entrée de service, je n’ai même pas eu le temps d’en placer une que Mysti me tirait sous la douche dans sa chambre.

-         Lily : il faut que la prochaine fois que Queenie passe vérifier, tu sois au moins déjà maquillée. Tu as failli nous faire tuer tout à l’heure

-         Le Padre est déjà arrivé ?

-         Mysti : oui. C’est d’ailleurs ce qui rendait Queenie nerveuse. Mais il est occupé avec les invités. Pas évident que tu puisses le voir

-         J’aimerais bien le voir. Ne serait-ce qu’une fois avant de partir

-         Lily : tu comptes encore partir après ce soir ?

-         Je ne sais toujours pas. Tout dépend de comment ça se passe avec celui qui va remporter l’enchère et si on me propose une place définitive aussi

-         Mysti : si tu as une place définitive, il faut que tu puisses travailler la nuit. Comment comptes-tu régler ça ? surtout après l’incident de tout à l’heure

-         Je trouverai un moyen

Lorsque je me suis vue dans la glace après le travail de la maquilleuse, j’en suis restée bouche bée. J’étais à la fois voluptueuse et innocente. Elle n’en avait pas trop fait. Elle avait juste fait ressortir mes yeux et ma bouche avec un magnifique rouge à lèvres. Le tout était couronné par ma perruque courte dont elle avait savamment bouclé les mèches.

-         Mysti : j’ai un cadeau pour ta première apparition ce soir

-         (ouvrant le paquet) : nooon ! je n’oserais pas porter ça

-         Lily : cette fille m’étonnera toujours. Dans quelques heures tu vas être nue comme un ver devant un inconnu. Donc arrête-moi les conneries et laisse-nous te faire belle

-         Mysti (riant) : tu m’ôtes les mots de la bouche

Elles m’ont aidé à enfilé la magnifique combinaison robe choisie par Mysti. Grise avec des reflets argent, elle ressemblait à une robe normale avant de se fendre des deux côtés sur le devant à chacun de mes pas jusqu’à la naissance de mes cuisses. Le cou était un profond V qui ne s’arrêtait qu’à la limite de mon nombril devant et à la naissance de mes reins dans le dos.

-         Lily : Tu es scandaleusement sexy

-         Mysti (me mettant des créoles dorées) : ils seront tous à tes pieds ce soir

-         Queenie (entrant dans la pièce) : trêve de bavardages. Le défilé du harem commence. Bougez-vous.

J’ai récupéré mon masque que Lily m’a aidé à mettre. Il accentuait davantage l’effet mystérieux de mon regard et faisait ressortir ma bouche. Je me sentais tout excitée en suivant les filles au club.

Le programme de la soirée était assez simple. Entre 18 heures et 21 heures, l’ouverture du tapis rouge, du bar, des salles pour les expositions des gadgets et tout ce qui touche au domaine du sexe : encens, godes, dessous, lubrifiants, jouets, etc

A partir de 21 heures le gala débutait par le défilé des filles qui étaient présentées à tour de rôle par Queenie. Le but était aussi de rafraîchir la mémoire des clients pour leur faciliter les votes. Et pendant qu’ils dinaient, se succédaient les discours, les animations, les votes et pour finir les remises des trophées. Les salons d’échangisme et de partouze  étaient alors ouverts pour concrétiser les affinités et les rencontres de la soirée. Ceux qui n’étaient pas intéressés pouvaient poursuivre leur nuit avec une fille du harem, siroter leur verre au bar ou s’installer dans les loges de voyeurs. Cette année bien évidemment ce sera moi la star, la cerise sur le gâteau de cette soirée.

Toutes les filles ont été présentées et ont pris place à leurs tables. C’est alors que dans une chorégraphie très osée sur le titre de SM de Rihanna j’ai fait mon apparition sous un tonnerre d’applaudissements au milieu de six danseuses professionnelles.

J’avais le cœur battant sous les lumières et les regards lubriques, curieux et parfois indifférents des hommes de la pièce. Mais d’eux tous, il n’y en avait qu’un dont le regard perçant et indéchiffrable avait retenu mon attention. Il était malheureusement maqué donc je ne distinguais que ses yeux et ses lèvres. Je ne sais pas pourquoi de la centaine de personnes présente, mes yeux l’avaient tout de suite capté et n’arrêtaient pas de le rechercher à chacun de mes mouvements. Et il semblait aimer ça puisqu’il n’arrêtait pas de me fixer non plus.

A la fin de ma chorégraphie j’ai fait un petit défilé seul sur le podium pour qu’ils puissent tous m’admirer avant de rejoindre ma place à la table de Mysti et Lily.

-         Mysti : je suis si fière de toi ma belle. T’as assuré

-         Le plus important reste devant. Dis moi…

-         Oui

Je me suis retournée en voulant lui montrer le bel inconnu pour qu’elle me dise qui c’est mais il n’était plus à sa place.

-         Je voulais te montrer quelqu’un mais je ne le vois plus de ma position

 

Romain

Je suis à ma table installée dans le fond de la salle d’où j’observe et coordonne la soirée. Cette année, j’ai décidé que les prix seraient remis par nos meilleurs fournisseurs, Queenie et Serges. C’est ma façon à moi de les mettre également en lumière pour la façon dont ils participent au succès du Boulot.

J’étais en train de vérifier la liste des inscrits pour la vente aux enchères afin de leur faire parvenir leur pancarte numérotée lorsque l’arrivée de la pucelle sur la scène a été annoncée. En arrivant ce soir, je n’avais pas eu l’occasion de discuter avec elle. Cette vente aux enchères avait littéralement affolé nos habitués. Ils étaient venus nombreux en espérant l’emporter.

Et en posant les yeux sur elle, je ne peux leur en vouloir. Les photos n’avaient littéralement pas su saisir tout le sex appeal que dégageait cette petite. Comment a-t-elle pu rester vierge jusqu’à ce jour, me suis-je demandé en souriant. Et un instant plus tard, son regard captait le mien, sensuel, expressif. Queenie avait fait du bon boulot avec elle. Une fois déviergée, elle sera l’une des nouvelles stars du harem.

-         (me penchant vers Queenie) : c’est décidé, on la garde

-         Ah bon ? tu n’attends pas de voir le résultat de sa première nuit ?

-         Peu importe l’issue, cette petite a du potentiel. Tu vois comme elle se déhanche, comme elle se mord les lèvres avec son regard à la fois effronté et innocent ? elle sait jouer, elle aime jouer. On peut en faire un très bon produit. Je m’en occuperai personnellement

-         Comme d’habitude. Si tu es convaincu j’en suis ravie alors. Tu as parcouru totalement la liste ?

-         Oui. Et je n’aime pas les numéros 7, 12 et 20

-         Pourquoi ?

-         Le 7, c’est Tracy. Lesbienne, sado masochiste et échangiste. Elle a bien dit qu’elle ne voulait pas être fouettée

-         Qui sont les deux autres ?

-         Idriss et Malal.

-         Les pires sur lesquels elle pourrait tomber. De toute façon on ne les laissera pas gagner

Au même instant, Malal s’est approché de nous. De tous les libanais que nous recevons, son pote et lui sont les seuls qui franchissent régulièrement les limites du correct avec les filles. On avait déjà dû les vider à plusieurs reprises et je pense sérieusement au meilleur moyen politiquement correct de les bannir de mon club.

-         Malal (caressant le bras de Queenie) : comment tu vas ma belle ? j’attends toujours que tu me laisses te goûter tu sais ?

-         Tu attendras encore un peu mon coco. Que puis-je pour toi ?

-         Me laisser gagner le bijou que vous mettez en vente ce soir

-         En auras-tu seulement les moyens ? vous êtes nombreux dans la course

-         J’espère alors qu’ils ont les poches aussi pleines qu’Idriss et moi. Parce que nous sommes bien préparés. Ce sera forcément l’un d’entre nous

-         La fin de la soirée nous le dira

Il était parti rejoindre son pote à sa table après m’avoir ignoré comme d’habitude. Il ne connait pas ma vraie identité mais il sait que je ne le porte pas dans mon cœur.

-         Queenie (me prenant le bras) : j’espère que celui que tu as choisis pour surenchérir est venu les poches pleines

-         T’inquiètes, il a des fonds illimités

-         Ah bon ? qui est-ce ?

-         Moi-même

-         Quoi ? mais pourquoi ?

-         Comment ça pourquoi ? pourquoi ne pourrais-je pas le faire si elle me plaît ?

-         Et tu as décidé ça quand ? sans prendre la peine de m’en parler ?

-         Pourquoi tu t’énerves ? serais-tu jalouse ?

-         Tu es vraiment con. A quoi bon organiser ces enchères si c’est pour que nous les gagnions nous-même ? elle bosse ici. Tu aurais couché avec elle de toutes les façons ! Mais tu vas nous faire débourser de l’argent après tout ce qu’on a dépensé pour cette soirée et nous faire perdre les 25% que j’ai pu obtenir sur la vente ? tout ça parce qu’elle est belle ? excitante et…

-         L’imprésario : et la Queen pour remettre ce trophée du client le plus généreux de l’année. Sous vos applaudissements !

C’est en me toisant de toute la force de ses yeux qu’elle a quitté la table en direction du podium. Je ne pensais pas que ma petite blague à propos d’être l’enchérisseur du boulot la contrarierait à ce point. Serait-elle jalouse ? Ou le bateau de l’amour avec Loïc prendrait-il déjà l’eau ? bien que présent sur le territoire, il n’était pas à la soirée. Eh bien ma belle, si tu penses retrouver ta place à mes côtés, tu te mets le doigt dans l’œil bien profond. Tu viens même de désigner la nouvelle favorite. Je ne l’avais pas remplacée par Mysti parce que je la trouvais déjà trop proche de moi.

Mais Sweety la pucelle, tout innocente est parfaitement taillée pour le rôle. Je la façonnerai rien que pour moi. Peu importe ceux avec qui elle couchera, elle n’aura qu’un seul maître, moi. Et ma chère Queen, tes yeux rougiront très fort quand tu trouveras ta place prise une fois que bébé gigolo t’auras larguée. C’est tout fier de mon idée que j’ai envoyé un sms au numéro 15 assis à quelques tables de moi.

-         A partir de maintenant, ce n’est plus pour le boulot que tu surenchéris, mais pour moi-même. Je la veux. Vas jusqu’à deux millions.

Une fois le message lu, j’ai eu droit à un sourire et un léger coup de tête dans ma direction. La jalousie aveugle vraiment Queenie. Comment peut-elle croire que je serais assez bête pour participer aux enchères que j’ai moi-même organisé.

-         L’imprésario : à présent, le clou de la soirée, l’évènement le plus excitant du harem, celui que vous et je dois l’avouer même moi attendons avec impatience !

Sous les applaudissements excités de la salle, il a sorti une fausse pancarte en jurant qu’il participait aussi aux enchères.

-         Accueillons maintenant, la perle du harem.

Les lumières ont été baissées dans la salle alors que les rideaux derrière l’imprésario s’ouvraient sur Sweety assise sur une chaise haute de dos. Elle nous donnait une vue imprenable sur sa chute de reins. Alors que la musique commençait elle nous a fait face pour nous laisser voir… son nouveau masque. Cette fille commençait sérieusement à me plaire. Elle jouait avec les nerfs de la salle, faisant durer le suspense, alors que je savais que jamais elle n’enlèverait son masque. Bien que plus petit que le précédent, celui-là ne donnait pas davantage d’indices sur son identité, surtout à cause de la lumière.

-         Imprésario : oh la la ! vous sentez la chaleur dans la salle, comment la température monte ? qu’est-ce qu’elle est belle mon Dieu ! (prenant la main de sweety) viens ma belle, tourne-toi

Elle a fait lentement un tour sur elle-même prenant tous son temps pour bien montrer ses atouts à la salle

-         Bien, messieurs c’est le moment ou jamais de sortir vos chéquiers si vous voulez avoir cette merveille pour vous. Nous avons vingt valeureux guerriers inscrits. Lequel l’emportera ? notre huissier est juste là pour s’assurer que tout se passe comme il faut. Et les enchères débutent à 200 mille francs.

Il n’avait pas terminé sa phrase que le numéro 2 portait l’enchère à 300 mille. Notre belle tournait autour de l’impresario en se déhanchant lascivement  et en le caressant de temps à autre et feignant de l’embrasser, ce qui rendait la salle totalement euphorique. J’en venais même à douter qu’elle soit vierge tant elle nous allumait tous. Il nous la faut vraiment au harem. Avec cette belle ambiance nous avons rapidement atteint le million. Ils n’étaient plus que quatre en lice. Le 3, le 12, le 15 et le 20.

-         Le 12 va l’emporter. Il vient de porter cette enchère à l’incroyable somme de un million ! un million pour une nuit au paradis. 1 million une fois, un million deux fois ! un

-         Numéro 15 : un million 50 mille

Malal et Idriss, assis à la même table lui ont tous deux lancés un sale regard avant de se concerter. Et ça été le début d’un sacré combat entre le 15 et le 12 à partir de là. A tel point que toute la salle retenait son souffle au fur et à mesure qu’Idriss s’énervait visiblement alors que mon élément annonçait avec calme et classe ses enchères.

-         Queenie (à mon oreille) : je ne le connais pas mais il nous rend un grand service en tenant tête à ces idiots. Tu sais qui sait ?

-         Un client récent. Leroy, je ne sais plus son nom de famille. Mais il est clean

-         Tant mieux. J’espère qu’il a autant d’argent sur lui qu’il est en train d’en miser. Le gagnant doit remettre la somme cash à Sweety à l’issue

-         Ils le savent tous et ont fait le dépôt de leur montant maximum à l’huissier à leur arrivée. Les perdants récupèreront leur enveloppe à la fin

-         Ok. En tout cas c’est chaud. Je ne pensais pas que ça irait si loin

-         C’est surtout parce qu’Idriss est borné. Il ne veut pas lâcher l’affaire

Nous étions maintenant à un million 600. J’espère sincèrement que ces abrutis n’ont pas plus de deux millions avec eux. Au-delà, je trouve que c’est cher payé pour un cul de pute, fut-il vierge. Leur duel commençait à devenir ennuyeux. Le sentant probablement, Sweety a entamé une danse de la tentation en s’effeuillant, rendant la salle folle au point où les numéros 2 et 3 sont revenus dans la course. Et au moment où le dernier vêtement tombait dévoilant d’affolants dessous et une chaînette en or autour de sa hanche, nous avons entendu un montant qui nous a tous laissé bouche bée.

-         Voix : trois millions !

-         La salle : wooouuuuhhhhhh

Histoires de famille