Yomi : chapitre 10

Ecrit par Djiffa

  Shadé a été très touchée par le coup de fil anonyme. J'imagine donc quand elle saura la vérité en surprenant Oladé et Adjolé  en flagrant délit !  Shadé est d'une jalousie maladive,  elle ne supporterait pas.

 

Nous étions en pleine discussion quand je reçus un coup de fil de mon ami Kayodé me disant qu'il m'attendait chez moi. Je lui demandai de rentrer chez lui et que j'allais passer en quittant Shadé. Kayodé est un homme mais nous nous entendons bien. Il nous aidait Shadé et moi à mieux comprendre certains cours pendant notre cursus universitaire. Il est très gentil et me dépanne de temps en temps. Il a l'habitude de me rendre visite mais moi je ne suis allée chez lui qu'une seule fois, quand il était en convalescence. Emiola acceptait que Kayodé me rende visite mais ne tolérait pas que je me rende chez lui.

 

Je restai avec Shadé une bonne partie de la journée  puis je me rendis chez Kayodé. Il vivait  avec sa mère, son frère et sa sœur. Sa mère est divorcée de son père depuis que Kayodé avait l'âge de trois ans. Par la suite,  sa mère eut sa sœur et son frère  avec un  autre homme que je vis ce jour-là en sortant de chez lui.

 

Kayodé salua  le mari de sa mère avec respect, me fit attendre un instant pour chercher sa voiture et me ramener chez moi. J'avais l'impression d'avoir déjà vu cet homme. Mais où. ?

 

Pendant le trajet, je posai la  question à Kayodé.

 

- dis-moi Kayodé, c'est qui l'homme qui est rentré chez vous et que tu as appelé tonton?

 

- c'est  le père de ma sœur et de mon frère. Il passe chez nous assez souvent.

 

- et pourquoi il ne vit pas avec vous ?

 

- c'est une longue histoire. Mais pour résumer, il est marié et a des enfants.

 

- et c'est cela qui est une longue histoire. ?

 

- ma mère m'a raconté que c'était son fiancé quand ils étaient jeunes. Ils s'aimaient beaucoup mais ils étaient tous pauvres.  Finalement, il a épousé une fille unique  de famille riche.  Quelques années après, il a de nouveau croisé ma mère alors qu'elle venait de divorcer.  Comme ils s'aimaient toujours, ils ont repris leur relation. Ma sœur  et mon frère sont alors nés.

 

- Est-ce que sa première  femme est informée. ?

 

- non, si elle est informée, ce serait grave. 

 

- Comment s'appelle-t-il. ?

 

- André.

 

-  et son nom famille?

 

- Parayiso.

 

Je me rappelle à présent  où je l'ai vu. A la fête d’Ijoma, la sœur d'Oladé. Ainsi, le père d'Oladé avait des enfants dehors! Ça c'est un scoop. Si jamais malgré qu'Oladé la trompait,  Shadé tentait de lui pardonner, j'utiliserai cette information pour lui prouver que tel père, tel fils, afin de l'en dissuader. Pour l'heure, je garderai bien au chaud ce secret dans mon cœur. On ne sait jamais quand j'en aurai besoin.

 

- pourquoi demandes- tu tout cela Yomi.?

 

- toi aussi Kayodé, tu sais que je suis très curieuse.  Changeons de sujet.

 

Kayodé me ramena chez moi. A peine entré, je vis Emiola assis sur la cour de ma maison, m'attendant.

 

- Dis donc Yomi, tu n'es pratiquement plus chez toi ces derniers temps. Tu as trouvé du travail. ?

 

- Emiola, si tu n'as rien d'intéressant à me dire, s'il te plaît, tais- toi.

 

- qu’est- ce qui se passe Yomi ? Tu as beaucoup changé. Tu ne viens plus me voir, tu ne décroches plus mes appels. Qu’est- ce qui t'arrive?

 

- il m'arrive que j'en ai marre de toi. Je ne veux plus qu'on soit ensemble. Prends ton chemin Emiola.

 

- Arrête de plaisanter Yomi. Ne fais pas de bêtises.

 

- qui plaisante. ? Je suis très sérieuse.  Mets-toi dans ta tête que c'est bien fini.

 

Je le laisse planté là et voulut me diriger vers ma chambre mais il me retient de ses mains.

 

- s'il te plaît Yomi, ne fais pas ça. Je suis entrain de me battre pour trouver du travail et commencer à prendre soin de toi. J'ai fait de nouveaux entretiens de travail. J'attends les résultats. Sois patiente.

 

- j'ai dit c’est fini. Lâche-moi.

 

 Il voulut continuer à plaider. Je ne sais même pas quand je lui administrai une gifle cinglante de toutes mes forces.  Puis je rentrai dans ma chambre.

 

Que venais- je de faire? Emiola ne méritait pas ce traitement malgré tout. Je regrettai mon geste et je ressortis de ma chambre mais il était parti. Dommage. Je le laisserai se calmer puis demain matin tôt, je me rendrai chez lui. Après tout, c'est  pour lui seul que mon cœur bat.

 

Dommage que la pauvreté veut nous séparer. Le lendemain matin tôt,  je me rendis chez Emiola. Je vis son père,  Monsieur Sélom Opapo. Sélom n'est pas le vrai père d'Emiola mais c'est lui qui l'a pratiquement élevé. Pour la petite histoire,  Emiola n'a jamais connu son vrai père.  Sa mère lui avait raconté que bien avant qu'elle ne se rende compte de son état de grossesse,  il avait disparu.  Emiola avait une sœur,  Abeni qui est la fille de Sélom et de Madame Dossi,  la mère d'Emiola.

 

Je saluai respectueusement le père.

 

- Bonjour mon père.

 

- Bonjour Yomi. Tu es rare ici ces derniers temps.

 

- ce sont les soucis mon père. Depuis que j'ai mon diplôme,  je n'ai toujours pas du travail.

 

- garde espoir ma fille. Toi au moins tu as le diplôme,  moi je ne l'ai jamais eu. Un jour l'heure de Dieu sonnera pour toi et Emiola. Tu ne dois pas te décourager.

 

- merci mon père.

 

- mais ma fille,  pourquoi tu t'es bagarré avec Emiola hier?

 

Je fus étonnée que pour si peu,  Emiola ait déjà alarmé ses parents.

 

- c'est dans un moment de colère mon père,  je m'en excuse.  C'est la raison pour laquelle je me suis levée tôt pour venir m'excuser auprès de lui.

- il faut te contrôler Yomi. La colère ne donne pas un bon résultat.  La preuve,  tu l'as envoyé à l'hôpital.

 

- hôpital. ? Comment ça. ?

 

- Emiola avait terriblement mal aux dents toute la semaine dernière et finalement deux dents de sagesse lui ont été enlevées avant - hier. Tu sais qu’ôter les dents de sagesse est une intervention délicate. Et tu l'as giflé sur cette même mâchoire qui lui faisait déjà mal. La nuit, il n'a pas pu dormi,  il saignait abondamment et nous l'avons emmené à l'hôpital. Il y est avec sa mère.

 

Je mis mes mains sur ma tête en signe de désolation. Qu’ai- je fais?

 

- je ne savais pas qu'on lui avait enlevé des dents mon père.

 

- et comment aurais- tu pu le savoir si tu ne lui rends plus visite et ne décroche pas ses appels. ? Même quand il passe chez toi,  tu n'es pas là.

 

- Dans quel hôpital est-il mon père. ?

 

- L'hôpital public. J'y allais quand tu es venu.

 

- ok mon père,  je vous suis.

 

Une fois à l'hôpital,  je n'ai pas pu voir Emiola parce qu'il était gardé en observation.  Je vis juste sa mère qui était assise sur une terrasse en face du bloc principal de l'hôpital.  Dès que Madame Dossi me vit,  elle commença à me toiser. Néanmoins, je m'approchai d'elle.

 

- Bonjour ma mère.

 

- tu salues qui Yomi. ?  Tu as vu dans quel état tu as mis mon fils. ?  C'est même quoi avec toi. ? Si tu ne veux plus de lui, as- tu besoin de le gifler. ?

 

- ma mère,  je ne savais pas que des dents lui ont été enlevées de ce côté.  C'est la colère,  je n'ai pas fait exprès.

 

- tais-toi méchante. Comme tu vois là,  personne ne peut entrer dans la salle. Donc je te demande de partir. Et je ne veux plus te voir chez moi.

 

 Elle se prenait pour qui même. ? Son fils n'a rien,  je le suis,  et elle se permet de me narguer!

Alors,  furieuse,  je lui répondis  dans un accès de colère.

 

- je vais même venir faire quoi chez vous encore? C'est une maison que vous avez? Garde ton fils pauvre là. Mange-le si tu veux. N'importe quoi.

 

J'ai le défaut de parler mal aux gens quand je suis en colère.   Aujourd'hui,  je me rends compte que c'est mauvais. La colère conduit le plus souvent à des résultats néfastes tels que la violence verbale ou physique. La colère m'a poussé à porter main à Emiola qui s'est retrouvé à l'hôpital. La même colère m'a fait manquer de respect à celle que je devrais considérer comme ma belle-mère. En ayant des colères intenses,  nous augmentons les risques d'avoir des problèmes de santé.  La colère est l'une des causes de la tension artérielle.

 

Le plus dur est que  quand la colère passe,  on commence par éprouver des sentiments de culpabilité  et des remords. Et l'on se rend compte que notre réaction a été exagérée.

Dans tous les cas,  la colère porte un germe de destruction car elle provoque  négativement des changements profonds sur notre état d'esprit. Il vaut mieux l'éviter.

 

Je rentrai chez moi ce jour-là abattu et triste. J'aimais sincèrement Emiola malgré tout. Je commençais même à penser qu'après que Bola ait épousé Shadé, nous irons,  Emiola et moi, en Occident pour y faire fortune. Ainsi,  j'aurai l'amour et l'argent. Mais voilà que je viens de manquer de respect à sa mère. Comment réparer ça. ?

 

En attendant de penser à une stratégie,  il faut que je me concentre sur mon plan pour séparer Shadé de Bola. Car cela me donnera accès d'aller vivre à l'étranger avec le seul homme que j'aime.

 

A suivre.......

 
YOMI