1: Family affair

Write by Gioia

***Belle Laré AW***


Je me presse pour aller chercher les enfants parce qu’Eli m’a fait signe tardivement pour décommander à cause du travail. Je n’apprécie pas mais bon les imprévus arrivent. J’enseigne toujours à l’école américaine donc je dois m’arrêter à l’école la fontaine pour prendre Aïdara et Mally avant de mettre le cap sur le collège Protestant de Tokoin pour prendre ma grande Elikem. 


J’allais prendre le von de l’ecole des petits quand une autre voiture venait dans le sens inverse avec une conduite hasardeuse. J’ai donné trois coups violents sur mon klaxon. J’étais même prête à descendre pour insulter le chauffeur quand j’ai reconnu Ciara au volant de sa Sorento.  C’est elle qui descend en premier sa vitre quand elle est à mon niveau 


Ciara: Ho madame faut nous chauffer doucement c’est même quoi? elle dit quand Hope assise devant me fait un coucou timide de la main 


Belle: je devais savoir depuis que c’était toi avec la conduite des gens qui ont eu le permis la nuit là, je réponds en rigolant comme elle. 


Snam: Helloooo Taataa Bellaaaaa, Mally a fait pipi au......commença-t-elle en passant sa tête vers l’avant 


Sa mère s’est retournée vers elle les yeux menaçants, ce qui m’a fait éclater de rire. Je n’entends pas à cause de la distance mais si je me fies au visage serré de Ciara elle est probablement entrain de la traiter d’agban noutouvi (littéralement couvercle de marmite. Désigne les gens qui sont au parfum de tout). Les gestes de mains et les joues gonflées de Snam veulent sûrement dire qu’elle lui sort son, OH j’ai encore fait quoi moi?


J’allais crier à Ciara de laisser ma fille en paix quand on nous a klaxonné de chaque côté toutes les deux, jusqu’à nous rajouter qu’on croit que Lomé c’est pour nos parents ou bien. Un a même rajouté le con de ma maman. Le togolais est champion pour dire à son frère qu’il est mal éduqué ou sans éducation mais quand le moment arrive qu’il montre lui même sa part d’éducation il fait quoi? Il attaque le con des pauvres mamans comme ma zizèle là-bas à la maison. Faut pas me plaindre quand même. Je suis dans le lot là. 


Je me gare à la place que je trouve de libre et m’arrête un moment pour discuter avec l’ancienne maîtresse de mon Aïdara. Elle l’a tenu au CE1 et tient actuellement Mally en plus de Snam pendant que ma deuxième fait le CM1. 


Si je lui ai confié c’est parce que cette femme a non seulement la pédagogie mais elle a pris ma fille un peu comme son enfant. Sans jugement. Avec une patience qui dépasse des fois  la mienne. Cette femme m’a prouvé qu’il y’a des gens qui sont fait pour une carrière spécifique. J’ai même appris d’elle pour améliorer mes rapports avec mes élèves. Parce qu’on l’oublie souvent mais après les parents, les autres éducateurs de nos enfants sont les enseignants. 


Je ne l’ai vraiment compris que lorsqu’il a fallu scolariser notre deuxième fille. À trois ans on a essayé bien qu’on était pas vraiment prêt émotionnellement. Mais maman et ma belle-mère nous répétaient que la couver n’aiderait pas les choses. Nous avons donc opté pour l’école américaine en dépit des coûts dispendieux. Étant moi-même enseignante au lycée là-bas on s’est dit que je pourrais faire plus facilement le suivi. Quand Aï a commencé l’école elle ne parlait autant que ce qu’on attend d’un enfant de trois ans. Elle avait des problèmes d’élocution en plus d’un langage très mince et des problèmes d’attention. J’ai tout expliqué à sa maîtresse en plus des techniques qu’Eli et moi avions trouvé pour canaliser sa concentration à la maison. 


Après un mois, je suis devenue la conseillère de la maîtresse sans même m’en rendre compte. C’était à moi de l’encourager et la convaincre que ma fille fait des progrès. Peut-être pas autant que le reste de la classe mais elle en fait quand même. Il a fallu qu’Eli fâché un jour demande si elle n’a jamais un mot positif à dire sur Aï pour que je me rende compte qu’on perdait notre temps là-bas. 


Nous avons tenu une année avant de changer pour une école spécialisée. Le premier trimestre passe, on est patient bien que lorsqu’on demande à Aï ce qu’elle a fait à l’école, elle dit juste jouer. Deuxième trimestre, on se rend compte qu’Aï n’a pas l’air d’apprendre grand chose. Je pose donc directement la question à son instructeur et il me dit qu’honnêtement ma fille a un niveau un peu plus élevé que le reste de la classe donc il n’a pas grand chose à lui montrer. Pourtant on payait près de sept cent mille francs comme scolarité. On l’a retiré quand je suis venue chercher ma fille blessée à la tête un jour. Un de ses camarades l’a poussé durant une crise. Apparement elle était montée sur une chaise. Celui qui a poussé voulait monter à sa place. Elle a refusé et dans la dispute il a poussé la chaise. Elle est tombée et sa tête a cogné le bout d’une table d’études. J’ai pété les plombs le jour là. Pété si fort que j’ai porté plainte contre l’école. L’enseignant avait donné comme excuse qu’il s’était absenté juste une seconde pour aller aux toilettes. Pourtant il a une adjointe. Où elle était. Elle ne pouvait répondre à la question du directeur. Juste les larmes qu’elle savait verser en plus de demander pardon pour son métier parce qu’elle a une famille qui compte sur elle. La plainte s’est soldée par une conciliation  avec le fondateur de l’école. Les enseignants ont été congédié et nous avons essayé une seconde fois avec cette école avant de raccrocher. Disons que ce n’était juste pas la bonne. 


Suite à ça Eli et moi avons décidé de suivre le conseil de Ciara qui a proposé qu’on la mette à la fontaine comme les autres avec l’idée que voyant des figures familières elle se sentirait probablement comme à la maison. 


Aï a commencé au CE1 avec Madame SILIVI, la pédagogue par excellence. Elle a su prendre ma fille, un enfant différent des autres et l’intégrer dans une classe remplis de ceux qu’on appellent les enfants normaux. Elle n’a certes pas réglé les problèmes d’élocution et concentration 

mais elle a donné confiance à Aïdara. La confiance qu’elle avait uniquement avec nous à la maison. Elle l’a trouvé dans cette classe aussi. Elle participait, nous racontait avec un grand intérêt ses journées une fois à la maison et nous a même demandé une fois la permission d’inviter ses amis chez nous.


En plus de s’assurer qu’Aï mangeait correctement à la cantine elle vérifiait qu’elle soit obéissante et fasse la sieste comme les autres. Et je le dis en toute honnêteté. Écouter n’est pas le fort d’Aïdara. Surtout quand elle n’arrive pas à faire ce qu’elle veut. En gros Héloïse SILIVI c’est le genre qu’on voudrait donner à son frère si on en a un. Et on s’assure de lui témoigner notre gratitude de différentes manières, que ça soit monétaire ou verbalement. C’est Elikem qui ne comprend pas pourquoi on donne l’argent à quelqu’un qui rend un service qu’elle fait de bon cœur. Vous connaissez les mentalités des enfants. Ils pensent qu’on vit de mercis dans le monde compliqué d’aujourd’hui. Merci c’est bien mais si on peut joindre à ça un petit quelque chose c’est mieux. Je ne connais pas la vie d’Heloise mais je sais que sa présence dans cette école a ôté à Eli et moi 40% de nos inquiétudes en ce qui concerne notre deuxième. Le 40% suivant on remet au Seigneur. Et le 20% restant on garde parce qu’on n’a pas encore atteint le stade où on a plus d’inquiétudes. Je ne sais même pas s’il existe ce stade quand on parle des enfants. 


Je finis avec Ms SILIVI quand mon fils  Mally arrive à la course vers moi. La poche de sa chemise est même déchirée. 


Belle: ça c’est encore quoi Mally? Je demande tout en tirant la poche en question 


Mally: ce sont les camarades qui voulaient jouer 


Héloïse: vous jouez à quoi pour déchirer les chemises vous là?  


Belle: une chemise faite en tissu rigide hein Héloïse. Tissu que j’ai marché longtemps sous le soleil du marché pour trouver. Je dis en attrapant son oreille quand il veut se défiler 


Mally: hooo maman les camaradeuh! 


Héloïse: vous jouiez ensemble donc qu’ils regardent aussi, elle réplique après un rire


Belle: regarde même ses jambes couvertes de poussière? C’est pour coupe l’envie de manger aux gens 


Mally: francho maman je vais avoir confiance en moi comment quand tu me mines comme ça devant les autres? 


Je pousse sa tête pendant qu’il allonge la bouche devant sous prétexte qu’il boude et masse son oreille que j’ai laissé. Les CM1 sortent enfin.  La fatigue me prend d’un coup quand ma fille et son groupe d’amis me parlent à la fois. Je propose à Héloïse de l’avancer et elle accepte. Sur le chemin j’appelle Elikem pour qu’elle vienne me retrouver au bord de la route au lieu que j’entre dans la ruelle étroite où se trouve la sortie arrière de son collège. 


Elikem: Yo c’est comment? 


Belle: il faut avancer au feu rouge dans cinq minutes, je serais là. Je dis puis raccroche 


Mally: c’est comme ça qu’on parle au téléphone? On dirait c’est la guerre 


Belle: qui t’a envoyé ici? Tchrrr


Aï: man t’a pas attendsu que Parla elle dsize baye baye 


Belle: quand vous allez m’acheter le crédit je vais attendre. 


Les deux rigolent derrière comme si je blague pourtant tout le monde sait qu’Elikem aime gaspiller le crédit aux gens. Elle va se mettre à te poser les questions du genre quel feu rouge, côté gauche, droit, devant quelle boutique. Pourtant y’a qu’un seul côté quand tu sors par l’avant du colpro. Tu n’es pas précis? Elikem te fait les histoires inutiles pour après te demander mais pourquoi tu cries même? L’adolescence de cette fille me fatigue un peu beaucoup. Oui j’ai bien dit un peu beaucoup. Tout dépend des jours. 


J’arrive au feu rouge mais ma fille est où? Le feu passe même au vert, j’avance mais Elikem n’est nulle part. Et si je ne vois pas bien, Mally en arrière me répète Aucune guerrière à l’horizon, je répète aucune guerrière à l’horizon Houston. Ensuite lui et sa sœur s’embarquent dans une longue discussion sur le film Apollo 13 d’où vient cette fameuse phrase. Aïdara demande à Héloïse si elle connaît le film en question. On lui dit non et elle de suivre avec, Oh tsu connaît pas? Tonton Mayim t’a pas moncré? 


Ce que je ne veux pas faire je me retrouve à le faire finalement. Je me gare sur le côté tandis qu’Aï fait la pub de son tonton comme elle pense que tout le monde connaît le fou là. Je descends armée de mon téléphone et lance l’appel vers Elikem. Dès que ça répond je démarre.


Belle: je ne t’ai pas dit d’être au bord de la route? HEIN? Tu as vu l’heure? Tu ne sais pas que tu dois réviser? Le probatoire tu crois que c’est ton petit frère? Allô? Tu es même là? 


Elikem: c’est bon? J’peux parler? 


Belle: sors rapidement que tu peux parler!


Elikem: Bella rentre dans ta voiture, je suis déjà à la maison 


Belle: OHO!! Tu ne pouvais pas me dire ça depuis? Voilà que j’ai gaspillé mon temps. Je serais déjà devant le portail!! 


Mally: mamannnnn


Belle: Han? Mally reste dans la voiture au lieu de me déranger 


Mally: Aï veut manger les beignets chez la vendeuse pas loin d’ici 


Aï: Oh mais yè rian dit 



***Elikem Perla Xena AKUESON***


C’est elle qui ne laisse pas l’humain en placer une et elle aussi qui crie comme s’il y’avait mort d’homme, comme quoi j’ai gâté son programme de la soirée. L’incroyable Hulk vraiment c’est pas possible de parler avec elle. Aï et Mally se faufilent dans ma chambre avant d’aller dans la leur. Je défais mes cheveux tout en étudiant. Maman fait les aller retour tout en râlant. Aï vient toucher mes mains à l’ouvrage. Mally saute sur mon lit, sac et chaussures avant de descendre quand je lui lance un regard menaçant 


Aï: tu vas katêr les onles Parla 


Elikem: Per! On dit Perla


Mally: Parla c’est original je trouve 


Elikem: c’est mieux tu sors tranquillement avant que je t’envoie une 


Mally: yeeee ça tire déjà partout. Je vais chez ma grand maman de cœur, il dit en sortant à la course 


Aï: si tu mets les hants comme grand maman, les ongles van pas s’abîmer 


Elikem: raconte moi plutôt ta journée. Vous avez appris quoi? 


Mally: oh très belle journée hein, il dit depuis la porte. Ms SILIVI s’est absentée pour une course pendant deux heures donc....


Elikem: La bouche d’Aï est sur ton visage maintenant mon frère? 


Mally: pfff moi on me demande pas comment je vais ici. Toujours à me négliger 


Belle: Aïdara et Mally venez manger, elle crie au loin 


Elikem: psst n’oublie pas de revenir m’aider Aï. Je dis quand ils sortent tous les deux 


Elle me donne le pouce et un sourire avec quelques dents manquantes ce qui m’arrache aussi un sourire. 


Je reporte mon attention sur mon cours de Géographie que je bosse depuis mon retour. Le probatoire commence la semaine prochaine et tout le monde est en pleine folie ici. Quand ce n’est pas grand maman qui rentre sans cogner pour vérifier que je ne suis pas sur mon téléphone c’est maman qui tous les jours me rappelle la date comme si je ne l’avais pas déjà encerclée sur mon calendrier.


Parlant de téléphone, Romelio fait sonner le mien. Je décroche et colle contre mon oreille quand on cogne à la porte. Je permets qu’on entre sans demander parce que ce coup timide ne vient que d’une personne, Aïdara. 


Elle entre avec le peigne qu’elle utilise sur sa poupée et prend la chaise que je lui donne. Je descends de la mienne et me met au sol pour qu’elle ait facilement accès puis je décroche. 


Elikem: Monsieur chat? 


Elio: laisse la rigolade. Je viens juste d’entendre de maman une nouvelle pour toi. “Mais Elle connaît pas paris” descend à Lomé pour les vacances 


Elikem: ho sérieux? Et il m’a même pas dit 


Elio: bah j’ai entendu comme je t’entends là. Probablement il va t’appeler après pour te demander la liste de cadeaux et te gâter. Les parents des autres hein 


Elikem: Lol regarde qui parle quand tu as un oncle comme tonton Magnim 


Elio: bon passons. Comme je t’ai donné l’info tu me places un mot chez Océane? 


Elikem: anh anh (traduisant non) ne me met pas dans tes faux plans. Quand vous faisiez vos ken je t’avais prévenu de ne pas m’impliquer 


Elio: tu me sers à quoi quand on marche ensemble? il demande sur un ton arrogant 


Elikem: va chercher dans ton slip comme ton cerveau a quitté ta tête, débile va tchrrr. Je dis Puis je raccroche 


Aï: Parla? dit-elle de sa petite voix


Elikem: hum? 


Aï: pourquoi t’a dsit les méchun mots à Romeyo au tenephone? 


Elikem: écoute moi bien. Les garçons n’ont pas besoin de gentillesse. Si tu l’es avec eux ils vont te fatiguer avec leurs gamineries. Et pendant que tu y es faut pas faire les histoires de meilleure ami hein. Filles y compris. Tu ne sais jamais comment ça commence mais c’est pour finir dans des drames. 


Aï: man j’ai une meilleure amie et elle est gentsille 


Je me reprends avant de répondre. Voilà que je crache mon venin sur ma sœur qui voit le monde à travers ses lunettes roses. 


Elikem: okay il faut faire attention quand même et ne pas entrer dans les histoires de couple surtout quand tu es l’amie des deux parties 


Aï: Heuuuu je vais venir te yaconter, elle dit n’ayant clairement rien compris de ma réponse 


Je laisse ma sœur tranquille avec les problèmes qu’elle n’a même pas causé. Tout ça c’est Romelio. Je lui ai dit de laisser Océane tranquille mais comme monsieur se trouvait trop beau et trop chaud il a dragué mon amie et ils ont commencé leur aventure. Moi je suis en série D avec Romelio. Océane en L. Quand ça allait bien entre eux on ne les entendait pas. Romelio mentait à la maison qu’il avait des plans avec moi et il allait passer du temps chez les Ajavon. Maintenant Océane s’est éloignée de lui de ce que je sais. Le fond je ne le connais pas parce que je n’ai pas demandé. C’est  ce que Romelio m’envoie vérifier auprès d’elle parce qu’apparemment elle ne lui répond pas. Le souci c’est que je me vois bien poser une petite question et que ça devienne une montagne d’histoire dont j’ai pas besoin actuellement. Pas avec mes soucis actuels. 


Une heure après j’ai remercié Aï et je l’ai aidé ainsi que Mally avec leurs devoirs. Celle grâce à qui on a surnommé mon papounet Antoine  “mais elle connaît pas Paris” voulait absolument nous raconter  son émission pendant nos devoirs. Maman est sortie de leur chambre à coucher, lavée et l’air reposé. Elle a plongé la main dans mes cheveux que j’avais finalement détaché.


Belle: tu es tellement têtue. À quelques jours de l’examen qu’est ce qui pressait pour que tu veuilles enlever les tresses ce soir


Elikem: des tresses vieilles d’un mois et demi? Ça me dérangerait la tête 


Belle: heureusement que j’ai pris rendez-vous chez la coiffeuse dans trois jours 


Elikem: Rho non maman je ne vais pas y aller dis-je quand Aï souriait déjà tout joyeusement 


Belle: mais pourquoi? On va aller en groupe. C’est une nouvelle que tata Ciara et moi on teste. Les autres filles seront présentes aussi 


Elikem: Je me fais chier dans ce genre de trucs moi. J’ai pas envie d’aller poser mes fesses pour cinq heures et parler de choses qui ne sont pas intéressantes 


Aï: On va être ensemble et s’amuser Parla. Ça va être xic. Vian allez 


Elikem: tu finis bien ton devoir et on verra


Aï: vra de vra? 


Mally: vrai oh ma sœur. C’est vrai on dit 


Aï: c’est ça j’ai dzi. 


Belle: arrête de déranger ta sœur et fait ton travail bandit 


Elikem: il a raison maman. Si on ne la corrige pas elle va s’améliorer quand? 


Belle: papa et moi sommes là pour ça 


Parlant du loup il s’est pointé et mon cœur s’est affolé tout seul. 


Eli: bonsoir le peuple 


Belle: bienvenue chéri. Dit-elle en prenant son sac après l’avoir embrassé 


J’ai détourné en vitesse la tête tandis que les gosses se levaient pour l’enlacer. J’allais m’éclipser dans ma chambre mais il m’a intercepté et sa voix grave a demandé que je vienne. Je me suis approchée avec les pieds lourds.


Eli: je n’ai pas droit à un câlin? 


Elikem: je suis grande. Je ne fais plus de câlins 


Eli: mais j’ai besoin de câlins. Allez viens par là 



***Belle Laré AW***



Non seulement elle a dit non mais elle a levé les mains pour repousser Eli avant de nous regarder d’un air coupable et courir dans sa chambre. Eli ne m’aurait pas arrêté que j’allais la suivre pour la punir parce que trop c’est trop. Elle n’est pas sortie pour manger. Eli et moi avons dîné en tête à tête après avoir passé un peu de temps avec les enfants avant leur coucher. Elikem est restée dans sa chambre. Ce qui me retient aussi d’aller c’est qu’elle est en pleine révision. Eli et moi sommes restés au salon avec la lumière tamisée. On discutait de tout et rien toujours sans adresser l’éléphant dans la pièce. Je ne voulais plus tourner autour du pot donc je l’ai fait


Belle: je dois faire quelque chose avec Elikem sinon elle va devenir une vraie insolente à cette allure. Elle m’a planté à l’école bien qu’elle était déjà rentrée. Déjà qu’elle n’est pas autorisée à rentrer seule. On a pas réglé ça et elle te repousse comme si tu sentais la merde. Non Eli. Je suis d’accord pour le dialogue mais si on ne sévit pas quand elle n’en fait qu’à sa tête ça ne va pas donner. 


Eli: c’est juste l’adolescence chérie. Chaque enfant le vit à sa façon et ça serait étrange de la punir quand elle n’a enfreint aucune règle 


Belle: mais la façon dont elle te traite?


Eli: elle ne m’a pas manqué de respect. Elle ne veut juste pas être proche de moi, on ne peut pas la forcer. 


Il a dit ça avec la diplomatie qui le caractérise mais dans ses yeux la peine était apparente. On a laissé sur le côté suite à ça et nous avons regagné le lit. Après une petite session coquine, il avait trouvé le sommeil mais pas moi. 


Je sais qu’Elikem est une fille un peu à part. Bon peut-être pas totalement à part du monde entier mais de la famille oui. Ma fille ne prend pas grand plaisir à passer du temps entre femmes et causer. Je la prenais pour un garçon manqué mais elle ne s’intéresse pas énormément aux activités strictement masculines. Les seules choses qu’elle affectionnait c’est être avec sa grand-mère, faire du tennis avec Eli et discuter de science pendant des heures avec lui. Leur relation m’a toujours ravi. Aucun de mes rêves les plus fous ne ressemblait à ça. Et voir Eli si heureux de partager sa passion avec lui c’était la cerise sur le gâteau. Sauf que tout ça s’est arrêté l’année passée. Elle a brusquement arrêté les sessions de tennis avec lui. Plus de balades en voitures quand Eli proposait de les emmener comme il fait chaque semaine rien qu’avec les enfants. Les câlins aussi elle refuse et le pire c’est qu’elle s’éloigne d’Eli pour se rapprocher davantage d’Antoine. Bon j’exagère avec le mot pire parce que ce n’est pas mauvais mais c’est dur de voir l’homme que tu aimes souffrir du détachement de votre fille et que tu n’arrives à rien y changer. Antoine n’est pas mauvais mais pourquoi léser Eli pour lui. Ça je n’arrive pas à l’accepter. Mon mari recommande constamment la diplomatie comme quoi si elle préfère son père biologique on ne va pas la forcer. Mais même ma mère y passe et ça aussi je ne trouve pas ça normal. 


J’ai essayé par différentes façons de comprendre ce qui lui arrive. Comme toujours elle m’a sorti son habituel, tu te fais des idées maman. 


J’ai fait aussi mes enquêtes dans son entourage scolaire via Romelio et son amie Océane mais rien n’avait vraiment changé. Même Ciara et Magnim ont joué les détectives pour moi mais rien. Celui qui jubile partout c’est Antoine. Il continue à me formuler ses exigences au lieu de discuter. Il vient pour les vacances à Lomé et m’a déjà prévenu qu’Elikem vivra avec lui durant tout son séjour. Pour le moment je ne me concentre pas sur lui. Il me faut comprendre ce qui se passe avec ma fille. Un bruit venant du couloir a attiré mon attention. Je suis sortie sur la pointe des pieds. J’ai allumé la lumière de la cuisine et elle a sursauté avec le couvercle de la casserole en main


Elikem: punaise j’ai failli faire une attaque 


Belle: tu n’as pas dit que tu avais déjà mangé quand j’ai envoyé Mally te dire de nous rejoindre à table 


Elikem: je.....je venais juste voir, dit-elle en regardant un peu partout sans me fixer 


J’ai soupiré avant de lui retirer le couvercle et lui servir un plat de spaghettis. Pendant qu’elle mangeait je me suis levée pour lui faire trois nattes sur la tête. 


Belle: voilà. C’est mieux comme ça. Ça ne va pas s’emmêler quand tu dormiras 


Elikem: merci maman. Ça va me sauver du temps 


Belle: de rien ma puce. Je n’ai pas aimé ce que tu as fait aujourd’hui au téléphone tu sais Perla


Elikem: Mais enfin c’est toi qui ne me laissait pas placer une 


Belle: Oui mais tu savais déjà que tu étais à la maison pourtant tu m’as laissé parler. Tu trouves ça normal de jouer au plus fin avec moi? Tu imagines te lever le matin, te déplacer entre différents établissements pour dispenser les cours pour qu’ensuite on te plante quand tu es déjà fatiguée? 


Elikem: je suis désolée. Je ne voulais pas me foutre de toi, elle dit sur un ton contrit 


Belle: ça va, on oublie. Mais pourquoi tu es rentrée avant l’arrivée de......mon cerveau s’allume et je me rappelle que c’était Eli qui devait les chercher. Elle a probablement fui Eli. J’ai pris sa main, le cœur tambourinant dans ma poitrine et je lui ai posé la question qu’aucun parent ne veut demander à son enfant. Mon amour tu me dirais si quelque chose s’est passé avec papa Eli n’est ce pas? Tu sais que je t’aime plus que tout et ton bonheur est le plus important pour moi? 


Elikem: heuh oui? 


Belle: parce qu’on ne te comprend pas mon cœur. Pa.....Eli t’a fait du mal? Je demande en me rapprochant d’elle. 


Mon cœur bat si fort que j’ai du mal à respirer par le nez. Je dois ouvrir la bouche pour le faire. J’appuie fort mes jambes au sol pour cesser la tremblote qui me gagne. Eli ne peut pas avoir fait ça à mon Elikem. Pas sa Xena. Mais pourtant elle le fuit tout le temps. 

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