112: D’accord il existait d’autres façons de se quitter
Write by Gioia
***Yasmine SANI***
Cherchez et vous
trouverez, c’est la parole sur laquelle je suis tombée aujourd’hui quand j’ai
ouvert ma vieille bible alors je sors de la maison d’un pas confiant pour me
rendre chez Jennifer. Je ne m’y rends pas de gaieté de cœur. En réalité, je
veux changer d’école à mes filles. La relève du pays fréquente les grands
établissements, c’est connu dans le pays, mais George comme d’habitude n’a
aucune ambition. Depuis que Maya a eu le CEPD, j’ai dit à ce fainéant qu’on
devait envoyer la petite à l’école américaine. La seule chose qu’il a su me
répondre, c’est d’aller me trouver du travail si c’est ce que je désire tant. Maya
et Gemma perdent leur temps au collège NDA. Ma deuxième fille n’est pas motivée
par l’établissement et ma première est la cible de vieux croutons qui ont
encore la mentalité coloniale en matière d’éducation. Alors il me faut
impérativement les sortir de là. Maya passera son BEPC l’an prochain. Gemma la
suit de près. En plus les deux n’ont que le nom « Dadvison Nicol’s » en bouche. Maya qui connaît tout à Lomé alors
qu’elle n’aura que quatorze ans cette année, me bassine les oreilles que la
nouvelle élite du pays envoie la plupart des enfants là-bas, que leur uniforme
est le plus beau, ainsi de suite. Alors il est impératif pour moi d’activer mes
plans afin de remplir mes caisses d’ici l’an prochain. Que ce soit Davidson, le
LFL, Alpha ou l’école américaine, mes enfants doivent quand même recevoir les
mêmes chances que les autres.
Je n’appelle jamais
Jennifer avant de débarquer. Comme madame passe à la télé, elle se la joue
beaucoup et répond selon ses humeurs. J’ai soudoyé en revanche une de ses
petites servantes au Snack Bar qui me tient au courant des déplacements de la
patronne. Cette dernière m’a confirmé que Mme ne sera au Snack que tardivement
alors je commence par son domicile. Leur gardien aussi est malléable. J’arrange
mon décolleté, sors la voix mielleuse et en moins de dix minutes, il accepte
d’aller voir si la patronne est disponible.
C’est aussi d’une voix
mielleuse que je le remercie quand il m’annonce un peu plus tard, que je peux
entrer. Jennifer est assise sur sa véranda, en mode la reine dans son royaume.
Ce n’est pas George qui pouvait me construire aussi une jolie maison comme ça
hein, pfff. J’ai franchement tiré le lot maudit et monsieur se permet d’être
déprimé depuis plus d’un mois parce que sa vieille est condamnée à
l’enfermement pour 20 ans. Me raconter les raisons en revanche, il refuse.
Il préfère insulter le monde et pleurnicher.
— Tu es avec moi ? Je te salue.
— Ah pardon, je
commence en m’installant. J’étais ailleurs. Comment ça va ?
— Je suis là, et
toi ?
— Anh, je viens
aux nouvelles, comme tu ne te décides jamais à demander d’après les gens là.
— C’est le
travail oh. Mon mari a eu de nouvelles responsabilités vers la fin d’année du
coup, il bouge beaucoup et j’ai dû l’accompagner quelques fois.
— Eh, la
bénédiction des enfants favoris du Seigneur. Il faut envoyer aussi ma part ou
bien, je la taquine et elle sourit.
— Ça tombe bien,
j’ai justement pris des trucs pour tes enfants, elle dit en se levant.
— Eh ! Jennifer, je m’exclame toute joyeuse.
Quand Dieu parle hein,
voilà ça. Elle revient avec des sacs qu’elle me présente ainsi qu’un iPad mini
que je croyais être aussi dans le lot, mais dommage, c’est plutôt le sien, il
semble.
— Ce sont juste
des petits trucs hein.
— Mais non, merci
franchement. Ils sont super mignons ces vêtements.
— N’est-ce pas.
Ah voilà, elle dit en déposant l’iPad par la suite. Je t’ai envoyé une carte de
ma prochaine boutique, si jamais les gens t’interrogent sur les vêtements.
— Kieee, après le
snack et l’émission de cuisine, c’est vers boutique maintenant que tu te
tournes, je commente étonnée et elle me sourit avec satisfaction.
— Il faut se
diversifier un peu de nos jours, en plus je pense que voir des articles pour
enfants au quotidien ramollira le cœur de Romelio.
— La stratège ! Rappelle-moi de ne jamais te négliger si un
jour j’y songeais, je dis et elle rigole. Mais ce rire s’estompe brusquement et
elle pousse un long juron tout en roulant les yeux. Un problème ? je l’interroge curieuse parce qu’elle
regardait sa tablette lorsque son état a changé.
- « Romelio, je t’ai laissé une note vocale, mais
tu ne réponds pas, c’est comment ? », elle dit dans une voix qui m’est inconnue,
comme si elle se moquait de quelqu’un.
— Tu m’as perdu.
— C’est madame la
« meilleure amie » qui court encore comme un petit chiot
derrière Romelio. Comme madame a fini ses études, on doit être à sa disposition
pour l’amuser et l’écouter, pfff.
— Ah. Et c’est à
toi qu’elle écrit ça ?
— Non, elle a
écrit à Romelio sur son Whatsapp personnel, elle dit en soulevant l’appareil.
— Wow, donc il te
laisse son WhatsApp ou c’est comment ?
— C’est son iPad
mini en réalité. Juste qu’il ne se rappelle pas souvent de le prendre avec lui
quand il voyage comme c’est le cas actuellement.
— Ah d’accord. Alors ? Sa note vocale dit quoi ?
— Parce que tu
crois que je me suis dérangée pour l’écouter ?
— Mais voyons, peut-être
qu’elle dit quelque chose d’intéressant.
— Il n’y a que
Romelio qui trouve sa vie intéressante. J’ai mieux à faire, elle répond sur un
ton ennuyé qui me fait rire.
— Tu sais
minimiser les gens par zéro comme ça ? Je ne
te connaissais pas cette faculté.
— Bah personne ne
m’a jamais fatigué en dehors de cette fille, c’est pour ça que tu ne le vois
que maintenant.
— Hum, si tu dis
qu’il est en voyage, tu ne penses pas à l’éventualité qu’elle essaie de le
convaincre qu’il passe la voir ?
— Tu sais quoi,
ça ne m’étonnerait même pas de madame « Tchaa
c’est comment », elle
dit et ressort l’imitation sur la fin qui m’amuse. Mais non, elle est au
Colorado et il rencontre son client à Antwerp en Belgique.
— Un client ? L’assistant d’un gestionnaire d’hôpital a
aussi les clients ?
— La gestion
d’hôpital me dépasse ma chère. Tout ce que je sais, c’est qu’il a endossé
récemment la fonction d’agent de négociation dans son rôle d’assistant de
gestion, du coup ses déplacements seront plus fréquents.
— Hum, OK oh. Ce
n’est pas lui qui t’a raconté ça par hasard ?
— C’est comment
avec les questions ? elle
réplique sur un ton un peu agacé.
— Ah, ce n’est
pas que j’insinue forcément qu’un truc se trame, mais avoue que c’est un peu
louche.
— Pour que tu
aies la paix, on va donc l’écouter, elle ironise et la minute suivante, une
voix féminine bien plus agréable que son imitation précédente retentit de
l’appareil.
— Tchaa, c’est
urgent ! Rappelle-moi !
— Tieee, comment
elle le réclame comme ça ? On
croirait qu’il lui doit quelque chose, je commente à la fin du message.
— Je te l’ai dit,
mais tu ne veux pas me croire. Un petit chien qui quémande l’attention et comme
on lui a toujours donné elle se prend pour la statue de la Liberté. Attends,
donc je lui réponds.
— Parle-lui bien
hein, il ne faut pas qu’elle se doute…
— Je ne suis pas
conne non plus. Alors, « Sorry
Elik__ » non plutôt « Bougnoule___ »
— Bougnoule ? Je répète puisqu’elle énonce ce qu’elle tape.
— Le surnom du
siècle oh, depuis 1900, c’est comme ça que monsieur l’appelle. Bref « J’étais en business meeting avec un client.
Qu’est-ce qui se passe ? »
L’appel rentre dès
qu’elle envoie le message. On se lance des coups d’œil paniqués puis Jennifer
coupe l’appel.
- « Je suis un peu pris là. Tu peux m’expliquer
maintenant par contre, je lirai plus tard ».
— Appelle-moi
quand tu auras fini, mais si c’est dans une heure, tu peux me joindre sur le
numéro de mon papounet. Je n’ai plus que 4 % de batterie et nous sommes
dehors.
— Son papounet ? C’est qui ça ? Genre son père ? je demande à Jenn dont la mine est tout à
coup déconfite.
— Oui. Il vit en
France, elle répond les lèvres serrées.
— Hum, je
commente sans rien ajouter. J’ai dit quoi ici ? Un homme te donne une explication vague sur
son travail et tu ne fouines même pas ? George
ne peut pas oser ça avec moi. Ou je le suivrai ou il me conduit jusque chez son
patron pour que j’aie la confirmation de ce qu’il avance. Je n’aime pas qu’on
me prenne pour une conne. Passons, il ne s’agit pas de moi actu. Al___
— Tu me stresses
là, qu’est-ce qui se passe ? elle
dit tout haut et pianote sur l’iPad avant même que je ne finisse ma phrase.
— Et maintenant
elle ne répond pas, Jen dit après un moment à fixer l’appareil. Je t’avais dit
qu’elle cherchait simplement un moyen pour le faire___
L’écran s’allume,
suite à la notif d’un nouveau message.
— Ce que tu fais
ne demande pas toute ton attention ?
— Elikem parle,
elle répond avec agacement. En tout cas on sent l’agacement dans la façon dont
elle tape sur l’écran.
— Hadassah et
Stella. Qu’est-ce que tu as à me dire sur ces deux ? Dis-moi toute la vérité parce que j’ai peur
pour toi Tchaa. Si je dois faire un truc au plus vite ici, dis-le-moi avant que
ça n’éclate et parvienne aux oreilles des autres.
— Hadassah…, elle
dit le visage confus.
— C’est une
personne que tu connais ?
— Non, ça ne me
dit pas grand-chose.
— Hum, ça ne doit
pas être bon si elle dit que ça ne doit pas parvenir aux oreilles des autres.
Fouille dans ses contacts pour voir si tu trouves ses deux noms.
— OK, attends, je
réponds à Elikem avant. « Qu’est-ce
que tu as entendu au juste ? »
— Alors ? je la relance après une minute.
— Pas de Stella,
mais il y a une Hadassah Note. Je sais que Note c’est le nom de famille du mari
de sa tante.
— Ah, mais écrit
à la Hadassah là pour savoir qui est cette Stella.
— Attends, Elikem
vient de répondre. « Avec qui
je parle ? ».
— Hein ? Elle demande avec qui elle parle. Je panique
d’un coup. Tu as écrit un truc bizarre ?
— Mais non, elle
répond aussi paniquée.
— Vas-y rassure
là alors non ! Si elle apprend que__
— Ah ! Ne me stresse pas, je vais lui écrire. « Elikem, tu me lances des prénoms comme ça sans
explication, et maintenant tu me demandes à qui tu parles? Pourquoi ne pas
simplement me dire ce qui se passe ? Je
n’ai franchement pas la tête à réfléchir là. Qu’est-ce que Stella a fait ? »
- « Tu m’appelles et on continue, je t’attendrai. », c’est tout ce que la conne a écrit oh.
— Tu as sûrement
écrit un truc de travers.
— Tu vas arrêter
de m’accuser oui.
— Bref, le plus
important c’est de savoir qui est cette Stella.
— Oui. Je vais
plutôt fouiner sur les réseaux sociaux de Romelio pour la trouver. S’il est
vrai que cette nouvelle doit être cachée, je doute que sa cousine se confie à
moi, surtout que je ne lui ai jamais parlé.
Hum, les femmes aimées
vraiment. Elle a carrément les mots de passe.
— Et puis ? Je la relance après une bonne dizaine de
minutes.
— Zéro Stella sur
Facebook et IG.
— Et Snap ?
— Il n’a pas.
— Ou peut-être
qu’il en a un, mais te l’a___
— Tu me fatigues
hein. Il n’en a pas !
— OK, j’essaie
seulement de t’aider. Bon, rien ne nous dit aussi que cette Stella porte son
vrai nom sur internet.
— Tu n’as pas
tort. Mais alors, je fais comment ?
— Tu n’es pas
amie avec Elikem sur les réseaux ?
— S’il te plaît
hein….
— Alors, tu n’as
pas d’amis en commun avec elle et Romelio ? Je me
dis qu’un ou une amie en commun pourrait connaître cette Stella peut-être ?
— Je suis amie
avec Bilal. Aucune idée s’il l’est avec Elikem, mais attend je vais voir, elle
dit et quelques minutes plus tard, son visage prend une autre expression que je
ne saurai déchiffrer.
Je me lève pour venir
voir ce qu’affiche son écran.
— Stella Muamini.
C’est une gamine ? je la
questionne devant la photo de profil. On ne peut pas vraiment distinguer la
face du bébé en question puisqu’elle est de dos, mais n’empêche.
— Je ne sais pas.
Je ne comprends pas ce qui se passe, elle dit d’une voix inquiète.
— Regarde un peu
les autres photos comme son profil n’est pas totalement verrouillé.
Il n’y a vraiment pas
grand-chose à voir. On a eu accès qu’à une seule photo de deux femmes. De très
belles femmes en passant. Une Michelle Haile, et selon les commentaires, elles
semblent être sœurs.
Elle va d’elle-même
chercher la Michelle Haile en question, mais ne trouve rien sur Facebook.
Direction IG. Stella Muamini n’y est pas. Michelle Haile si et son compte est accessible
à tous. Infirmière, fiancée, et travel enthusiast, c’est ce que dit sa bio. Jennifer
me coupe subitement la viande de la bouche en sortant d’IG et retourne sur
WhatsApp. Avant même que je réagisse, elle débute une note vocale sur un ton
très agressif.
— Madame, je ne
sais pas quelle intelligence tu crois détenir, mais sache que je vois clair
dans ton jeu depuis le début et aujourd’hui, tu vas m’arrêter tes manigances si
tu tiens à finir tes jours sur terre dans la paix. Si tu sais que tu es femme,
et qu’entre tes jambes tu as un vagin, tente, je te dis bien, tente-moi avec
tes petites histoires à la con que tu crées là. Tente un peu de foutre le
bordel dans mon couple et tu verras comment je vais t’aplatir davantage ta face
déjà plate là. Plus jamais je ne veux lire un message de toi sur les appareils
de mon mari. Plus jamais je ne veux entendre ton nom près de nous. Je te laisse
avec ça. N’écoute pas hein. Essaie seulement de t’entêter et tu verras.
Ma bouche est encore
grande ouverte bien qu’elle ait fini son message. Jennifer aussi sait menacer
les gens ? Elle connaît
l’agressivité ?
— Yasmine, on se
parle après, elle dit d’une voix tremblante en se levant d’un bond et sans me
donner le temps de répondre, elle retourne à l’intérieur.
Frustrée, je ramasse
les cadeaux et rentre chez moi. C’est comment de laisser l’humain sur sa faim
comme ça ? Qu’est-ce qu’elle a vu
qui l’a fait sortir de ses gonds ? Deux
heures se sont écoulées. Je change la couche de mon garçon, mais mon esprit est
toujours sur Jennifer.
— Tu vas te
dépêcher avec le petit oui ? Tu ne
l’entends pas éternuer ?
— Pfff ! Si tu as la bouche pour parler, viens donc le
changer toi-même !
— Et te retirer
le petit travail que tu fais dans cette maison ?
— Papa, tu ne
devrais pas parler à maman comme ça.
— Et tu devrais
déguerpir de ma vue avant que je t’envoie ce journal sur la tête, il gronde
Gemma qui s’enfuit.
On ne peut rien foutre
avec ce type. Je lui donne son fils après avoir fini et m’installe, téléphone à
la main avec l’intention de satisfaire ma curiosité.
— On ne va pas
manger dans cette maison aujourd’hui ?
— Il n’y a pas le
restant de pizza que tu as ramené hier.
— Et tu me
réponds avec fierté en plus. Une journée entière et c’est ce que tu présentes à
ton mari ? Tu fais même quoi avec
ce fichu téléphone alors que je te parle ?
— Ne me fatigue
pas George. Il y a plus intéressant dans la vie que ton ventre. Je pense que le
mari de Jennifer la trompe.
-C___, attend, tu
parles de l’autre con là qui ne nous voulait pas à son mariage ?
— Lui-même.
— Comment tu sais
ça toi ?
— J’étais chez
Jennifer et des dossiers sont sortis.
— Tu faisais quoi
chez elle ?
— Ce n’est pas
toi qui me fatigues de chercher du travail ?
— Et c’est chez
elle que tu devais chercher ? Pfff.
Parle-moi de ces dossiers, on abordera l’autre ailleurs.
— Une certaine
Michelle, ah voilà j’ai trouvé son profil.
— Elle est jolie.
— Tu as dit quoi ?
— Non rien. Hum,
c’est donc elle la maîtresse ?
— Soit elle, soit
la sœur de la maitresse en question, je dis en ouvrant une vidéo. Mais au lieu
d’elle, c’est une compilation de plusieurs clichés d’un bébé. En légende, elle
dit : « Hier seulement, elle bataillait
avec sa maman pour mâchouiller son trousseau de clés. Aujourd’hui, elle fait la
tête 90 % du temps, rêve d’avoir des doc Martens dans toutes les couleurs
et les assortir à ses cheveux. Pourquoi tu grandis si vite mon Hada chérie ? Tata n’aime pas ça, mais je suis heureuse que
tu souffles une bougie de plus. Joyeux anniversaire, mon ange. Même à l’autre
bout du monde, tata Mie t’adore. »
La photo suivant la
compilation est celle d’une petite fille.
— Même en matière
de maîtresse, ce type n’a pas de critères. Qu’est-ce qu’on fait avec une femme
qui poste sur internet une gamine au ventre dénudé en ce siècle où rôdent les
prédateurs ?
— Ce n’est pas
une gamine. C’est la gamine du mari de Jennifer, j’affirme bien que je sois
choquée par la découverte.
— Ah bon ? Tu es certaine ?
— Mais oui ! Tout s’explique et haha, vous les hommes
alors. Tu sais ce qu’il lui a dit ? Qu’il
s’est fait faire une vasectomie pour la protéger parce que lui aussi est
drépanocytaire.
— Quoi ? Ils sont cons ou c’est comment ? Depuis quand deux malades se marient ?
— Mais non,
regarde le game ! Le
type l’a mis dans la poche avec l’histoire de vasectomie pour la garder alors
qu’il avait assuré sa postérité tranquillement. Et il faut voir comment elle
s’en vantait avec fierté hein.
— Donc il est
fort pour dire qui il ne veut pas à son mariage alors qu’il mentait à l’enfant
des gens. Ils sont même en couple depuis quand ?
— Ah je sais pas
moi, depuis que Jennifer a 19 ou 20 ans, je crois.
— La gamine doit
avoir onze ans, donc il lui a même menti après avoir pris un engagement à
l’église, monsieur le fils de pasteur.
— Onze ans ? Non, c’est dix ans que je vois moi. Elle n’a
pas de seins. Elle est juste longiligne. Les filles d’aujourd’hui sont bien développées
à cause de la bouffe. Tu ne vois pas nos filles ?
— Bref, Jennifer
compte faire quoi maintenant ?
— Haaa, j’en sais
rien. Elle m’a presque jeté dehors après avoir découvert la vérité, je commence
et lui raconte tout ce qui s’est déroulé durant ma visite.
— Tu as le
contact du type ?
— Romelio ? Non, pourquoi ?
— Tu ne vois pas
qu’on tient une information importante ? Si son
amie a mentionné qu’il faut éviter que l’histoire explose, c’est qu’il a
intérêt à la garder cachée. On peut le confronter et potentiellement monnayer
cette information.
-What___, tu penses
qu’il acceptera ?
— Si on ne
s’essaie pas, comment on saura ?
Puisque Jennifer a accès à ses réseaux sociaux, on a besoin de son numéro
professionnel. Je te laisse trois jours pour le trouver, il annonce comme si c’était
le truc le plus facile au monde et s’en va avec le petit dans les bras.
***Jennifer BEMBA***
24 heures se sont
écoulées depuis que j’ai appris la nouvelle. Je me suis réfugiée chez ma tante parce
qu’avec ce cœur en lambeaux que je traîne, je ne pouvais pas rester seule. Je n’avais
pas prévu partager avec elle ce qui se passe dans mon couple, n’y croyant
toujours pas, mais voir sa physionomie remplie de bienveillance m’a fait craquer.
J’ai besoin de ma mère alors j’ai déposé ma tête sur ses jambes et pleuré tout
mon soûl.
— Ça va aller ma
fille. Cette maladie ne te prendra jamais, tu dois rester confiante et forte ! Elle me réconforte.
-Si___, si tu
apprenais que tonton avait eu un enfant avant que tu n’aies eu Jeremy, qu’est-ce
que tu aurais fait ?
— Oh ! elle s’écrie pendant que je me redresse.
— Je ne dis pas
que Romelio l’a fait, je m’explique d’une voix misérable, mais je me questionne
ma tante. Qu’est-ce qu’une femme doit faire dans ce genre de cas ?
— Hum, elle
respire lourdement et me reprend dans ses bras. Pleure d’abord. Pleure toute ta
peine, elle m’encourage et je baisse à nouveau les bras.
J’ai si mal. Étant enfant
unique, les murs de la demeure familiale des BEMBA étaient couverts par des
photos de Romelio à toutes les étapes de sa vie. Alors s’il y a bien un visage
que je connais, c’est celui de mon mari. C’est ce visage que j’ai vu sur celui
de la gamine hier. Et Hadassah c’est un prénom que Romelio aime tellement que
dans le passé, il m’avait déjà dit qu’une de nos filles le porterait. Ce n’était
pas son problème que sa cousine portait le même. Il voulait simplement ce
prénom pour une de ses filles parce qu’il le trouvait vraiment distingué. Je veux
bien croire qu’il y ait une explication plausible au fait qu’il ait une fillette
de dix ans dans la nature. On se fréquente depuis que j’ai 20 ans, soit 13 ans
maintenant. Il s’est fait opérer à 23 ans. C’est ce qu’il m’a dit. Il l’a
fait quand il vivait à Montréal. Je n’étais certes pas présente, mais comment
peut-on mentir à quelqu’un sur un fait aussi crucial ? Mais pour avoir une fille de dix ans, il a dû
me tromper aussi.
— Ça va un peu ? m’interrompt ma tante puisque mes sanglots
ont cessé depuis un moment.
Je hoche la tête après
m’être doucement détaché de son étreinte. Elle me prend les mains et les câline.
— Il ne faut pas
te rendre malade ma chérie. C’est vrai que je croyais ton mari différent vu la
façon dont il était avec toi, mais l’homme reste un mystère. Concernant l’enfant,
il t’a dit quoi ?
— Il ne m’a rien
dit. Je l’ai appris par madame sa meilleure amie.
— Ah ! Cette fille décidément. Mais comment il
arrive à faire l’enfant ? Il ne
s’était pas fait opérer ?
— Je ne sais plus
ma tante, je dis effondrée et elle se dépêche de me tapoter le dos.
— Eh, hum, du
calme ma chérie, ne te laisse pas aller. Les hommes parfois on ne les comprend
pas.
— Regarde ma tante,
je dis les mains fébriles et sors mon téléphone pour lui montrer la photo qui
me hante depuis hier. Je me la suis envoyée sur mon téléphone et j’ai passé la
nuit à l’étudier.
— Ah, une grande
fille comme ça même.
— Toi aussi tu trouves
qu’elle lui ressemble ?
— Hum, un peu
quand même, elle dit d’une voix dépitée et me retire le petit espoir qu’il me restait.
Maintenant la reine de Saba venait te le dire pourquoi ?
— Elle pensait
écrire à Romelio, mais j’avais l’appareil.
— Tu vois ! Dieu est toujours aux côtés des innocents,
alors sèche tes larmes, il n’est pas trop ta___
— Non ? j’explose à nouveau en larmes. Il n’est pas
tard alors qu’il s’est joué de moi ma tante ? Depuis plus d’un an maintenant, je le supplie
de renverser son opération pour qu’on ait un enfant__
— Eh Jennifer ! Un enfant dans votre état là ? elle dit d’une voix inquiète.
— Il existe des
méthodes pour éviter que l’enfant soit aussi malade que moi.
— Ah bon ? Ce sont des nouvelles méthodes ? elle m’interroge avec un air qui me dit qu’elle
n’est pas du tout convaincue.
— La médecine évolue
tous les jours ma tante. En plus, on connaissait déjà cette méthode à l’époque,
mais elle était trop aléatoire et coûteuse alors il n’a pas jugé utile qu’on
prenne le risque. Il a dit qu’on adopterait simplement au moment venu, mais
avoir un enfant peut m’aider aussi à guérir.
— Hum, et il sait
tout ça, mais refusait quand même ? Pourquoi ?
— Pourquoi sinon
qu’il n’est qu’un salopard de première qui se plaisait à me garder sous sa
coupe par pur plaisir ! je
réponds en rage.
— Hum, fait-elle
à nouveau. En tout cas, je ne connais rien sur la médecine. C’est lui qui
dirige un hôpital alors il doit avoir ses raisons. Peut-être qu’on n’a pas encore
bien étudié les méthodes là et ça serait dangereux pour toi ?
— Ma tante, tu t’écoutes ? Tu le défends encore après tout ce que je
viens de te dire ? je m’emporte.
— Bon il faut
faire l’effort de ne pas tout mélanger aussi. C’est vrai qu’il y a le cas de l’enfant,
mais je sais que ta santé est très importante pour Romelio. Il n’a jamais blagué
sur ça.
— Si ma santé l’importait
autant, il n’aurait pas introduit sa graine dans le ventre d’une autre ! En quoi ça aide ma santé que je me retrouve
dans cet état ?
— Du calme ma fille,
elle me redit d’une voix apaisante. Vu comment tu m’as expliqué la chose, ça ne
m’étonnerait pas qu’il attendait le bon moment pour t’expliquer ce problème et
comme la reine de Saba aime mettre son nez dans vos affaires, elle en a profité
pour te blesser avec ça. T’énerver, c’est lui donner raison qu’elle a gagné.
— Alors je dois
faire quoi ? Pleurer en silence ? Supporter qu’on m’ait menti ? Accepter l’enfant d’une autre dans ma maison
quand je n’ai même pas porté le mien ? Qu’est-ce
que j’ai fait de si mal pour qu’on veuille me faire subir ça ? Aimer quelqu’un et lui faire confiance c’est
ça mon crime ?
— Premièrement,
tu vas attendre que ton mari rentre. S’il ne te dit rien sur ce sujet, continue
simplement votre vie comme si tu ne savais rien.
-Impo___
— Arrête de m’interrompre
Jennifer. Je t’ai laissé pleurer. Maintenant c’est le moment de choisir ta
stratégie. À moins que tu décides de n’en faire qu’à ta tête et que madame sa
meilleure amie en profite pour le récupérer ?
L’idée m’est si
douloureuse que je n’ai pas la force de répondre.
— Voilà. Deuxièmement,
tu lui imposes tes conditions si jamais il te demande de l’accepter dans ta
maison. C’est ta maison, alors l’enfant doit t’écouter. Pas de chichis, pas de « je vais le dire à papa », pas de manque de respect. Elle te doit le
respect en tant que la femme de son père et tu insistes bien sûr ça parce que l’enfant
qui dénude le ventre à l’âge là c’est potentiellement un sac à problèmes. Ça se
voit qu’elle n’a pas d’éducation alors tu vas devoir être ferme au début sinon
tu perdras vite ton statut. La maman de la fille n’a pas le droit d’entrer dans
ta maison et tu insistes bien sur ça parce que ce sont les mamans qui posent souvent
problème. Si la maman veut quelque chose, elle doit t’appeler. Elle ne contacte
sous aucun prétexte ton mari. S’il n’accepte aucune de ses conditions, tu
reviens m’en parler et nous passerons aux rencontres familiales. Là-bas il va nous
expliquer à tous comment il a fait pour avoir l’enfant alors qu’il s’était engagé
auprès de toi.
C’est facile à dire. Très
facile à dire de me demander d’ouvrir les portes de ma maison à une inconnue.
Romelio s’en tire finalement sans aucune leçon ? C’est lui qui me brise le cœur et c’est à moi
de faire des concessions ? Et le
pire c’est que ma tante m’a dit qu’on n’a pas le choix en tant que femme. On n’a
pas le choix quand nos conjoints font des conneries que de les couvrir si on
veut maintenir notre bonheur. Pourtant plus jeune, c’est elle qui me disait qu’une
fois grande, que je rencontrerai un homme qui m’aimera entièrement sans tenir
compte de ma maladie. En quoi, on m’aime entièrement là ? C’est ce que je me demande quatre heures plus
tard. Je suis de retour à la maison, dans notre chambre conjugale. Ce matin, il
a osé me dire que je lui manquais et qu’il avait hâte de me retrouver. J’ai
rigolé d’amertume en le lisant. Je lui ai envoyé simplement un cœur, n’ayant
pas la faculté comme lui de feindre. Je ne pourrais pas faire ce que m’a
recommandé ma tante. Non. Là, dans cette chambre, on a partagé trop de
sincérité pour que j’accepte qu’on m’ajoute un poids. Je ne peux pas prendre
sur moi. Je ne peux pas le laisser s’en tirer si facilement. Cette douleur que
je ressens mérite d’être vengée. Je me redresse, nettoie mes yeux bouffis et me
dirige vers notre dressing. En une heure, j’ai sorti toutes ses affaires et interpellé
le gardien pour qu’il les descende dans le jardin. L’imbécile a voulu discuter,
mais je l’ai rapidement rappelé à l’ordre. Pendant qu’il s’exécute, j’appelle
la gestionnaire de notre compte bancaire commun à Société Générale. Je vais le
vider. Quand j’en finirai aujourd’hui, il ne lui restera plus rien. Il comprendra
qu’on ne se moque pas de tout le monde.
***Romelio BEMBA***
C’est moi ou les
courses Uber coûtent de plus en plus cher ? Parce
que 65 euros pour un trajet d’une quarantaine de minutes me semblent
exagérés, mais bref, je n’ai que trois heures. Non, en fait moins que ça à ma
disposition avant de me présenter à l’aéroport pour rentrer chez moi. Je n’étais
pas présent à la graduation d’Elikem alors il était impensable pour moi de rentrer
gentiment après mon séjour en Belgique quand je la savais juste à côté. Une
fois mon travail bouclé à Antwerp j’ai sauté dans le premier train et me voilà
quelques heures plus tard en route pour le domicile de son papounet. J’ai opté
pour l’effet de surprise. Je vais avec la foi qu’elle sera chez elle à cette
heure, sinon je déposerai simplement son cadeau à son père et nous nous reverrons
plus tard. Finalement la course m’a pris une heure, merci les embouteillages. C’est
d’un pas exalté que j’appuie deux fois sur la sonnette. C’est la mine renfrognée
de son papounet qui m’ouvre et ce dernier ferme sa porte pour me retrouver sur
le palier au lieu de me laisser entrer. Malgré les années, ce vieux n’a jamais
fait d’efforts pour m’apprécier.
— Bonsoir tonton___,
je commence sur un ton jovial, refusant de me laisser intimider, mais il m’interrompt.
— Jeune homme,
que faites-vous devant ma propriété ?
— Je suis là pour
voir Elike__
— Lorsque ta
femme adressera une lettre officielle démentant les infamies dont elle a
couvert ma fille. D’ici là, tu disparais !
— Papa, qu’est-ce
que tu fais dehors ? Nous entendons
tous les deux d’Elikem.
— Elikem, je hèle
son nom sur un ton impatient et confus à la fois.
Elikem sort bien que
son père la rabroue et me lance des piques bien placées dans la foulée.
— Je vais m’en
charger papounet, lui dit sa fille.
— Si c’est ce que
tu souhaites, mais tu as cinq minutes ! Il ne
mérite pas plus ! il
annonce fièrement, me toise et retourne dans sa DEMEURE.
— Non, elle dit
et place une main devant moi alors que je m’avançais pour la prendre dans mes
bras.
— Qu’est-ce qui
se passe encore ? je
soupire las. Je viens juste d’arriver et___
— Et tu vas
devoir t’en aller, elle complète d’une voix ferme qui me surprend. Je pense que
c’est bon là Romelio. Toi et moi, c’est bon comme ça. Dieu m’est témoin que jamais
de ma vie je n’ai convoité le mec d’une autre alors qu’on me parle comme si j’étais
une quémandeuse d’attention, c’est inacceptable. Tu rentres chez ta femme. Ne m’appelle
plus, ne m’écris plus, ne me cherche___
— Maintenant ça
suffit hein !
— Et tu ne me
cries pas dessus !
— Alors arrête de
me soûler et dis-moi simplement ce qu’elle a fait au lieu de prendre des
décisions à la con.
— Te raconter
pour qu’on dise par la suite que c’est encore de ma faute ? Moi Elikem ? Elle dit suivi d’un rire sarcastique.
— Tu sais bien
comment Jennifer a la compréhension compliquée parfois__
— Mais je m’en
fous Romelio. Je n’en ai STRICTEMENT rien à foutre de son niveau de compréhension.
Qu’elle s’achète un cerveau non ?
Pourquoi c’est à moi de descendre à son niveau ? Je t’ai dit que j’étais amoureuse d’elle
aussi ? Pourquoi c’est vers moi
que tu te tournes quand quelqu’un doit toujours faire des concessions ?
— Je me tourne
TOUJOURS vers toi ? Depuis
quand ? je répète choqué.
— DEUX FOIS ! Depuis qu’on se connaît, tu m’as
intentionnellement blessé DEUX FOIS ! Et c’était
TOUJOURS en lien avec ta femme, elle me dit d’une voix tremblante et expire d’un
coup avant de reprendre calmement. Mais je reconnais que j’ai mes torts. La première
fois c’est moi qui ai pris l’initiative de parler à ta mère croyant qu’en tant
qu’amie, je ne pouvais pas rester les bras croisés et te voir prendre une
décision aussi drastique. Tu m’as bien fait comprendre__
-El___
— Let me finish !
— Bien comprendre
que je devais m’occuper de ma vie sentimentale en chantier au lieu de m’immiscer
dans ton couple quand tu ne m’as pas autorisé.
— Et je me suis
excusé par la suite ! Je t’ai
demandé pardon ! je dis
le cœur battant.
— Et la seconde
fois, elle continue la voix lourde ignorant totalement mon intervention, je pensais
réellement m’être mal comportée en t’appelant tardivement, parce que j’avais besoin
de mon ami. Parce que tu me connais mieux que personne, j’ai pris à cœur tes
remarques concernant ma froideur envers ta femme et j’ai essayé Romelio ! elle dit la voix vacillante et les yeux
emplis de larmes. J’ai essayé, ne voulant surtout pas qu’on m’affuble du rôle
de l’amie jalouse sorcière qui est contre le bonheur des autres ! J’ai usé de toute la patience que j’avais,
mais ça ne donne rien, alors qu’est-ce que je dois faire de plus ? Je ne suis qu’un être humain aussi merde ! Ne me touche pas ! elle s’écrie à nouveau quand j’essaie d’avancer
et nettoie furieusement son visage.
— Je vais lui parler
Elik___
— Pour qu’elle
dise par la suite que je t’ai envoyé contre elle ? Tu vas garder mon nom hors de ta bouche. Tu restes
avec ta femme et tu m’oublies.
— C’est vraiment
ce que tu veux ? je
demande la gorge serrée, d’une voix amère.
Elle nettoie à nouveau
l’autre larme qui roule sur sa joue, me fixe simplement, les yeux remplis de
colère et tourne les talons. Elle m’a fermé la porte au nez. Je n’ai pas dormi
depuis plus de 24 h. Après le travail, j’ai passé le peu de temps qui me
restait à la recherche d’un cadeau pour elle, puis j’ai sauté dans le train. Qu’est-ce
que moi j’ai fait pour qu’on___. Des pas se rapprochent, la porte s’ouvre et c’est
elle qui me frappe le torse avec un papier.
— Demain à l’heure
mentionnée, présente-toi à ce café.
— Je pars ce soir,
et si je pars sans que tu ne m’expliques ce qui s’est passé avec Jennifer___
— Tu as plus
important à régler que Jennifer Tchaa ! Décale
ton départ. Demain, ton avenir t’attend au café mentionné sur le papier et si
tu cherches des réponses, demande à Stella, elle m’annonce et s’en va sans me
donner le temps de l’interroger.
Déçu et perdu, je
marche lentement, avec le petit sac dans ma main. Stella, je n’ai pas entendu
ce prénom depuis une dizaine d’années. Je finis par me commander un Uber en
direction du McDo le plus proche, n’ayant pas de destination fixe. Je lis enfin
ce qu’elle a gribouillé sur le papier. Une adresse en premier. Puis un nom
ainsi que des informations. Hadassah Muamini, cheveux dorés, et portera un
cardigan en laine aux couleurs de l’arc-en-ciel. Ça ne me dit rien qui vaille. Mais
je n’ai connu qu’une Stella et si Elikem était aussi insistante, je me dois de comprendre
le pourquoi. Je me tourne vers Bilal. Nous étudions tous à Besançon et lui c’est
le gars qui a gardé contact avec presque tout le monde depuis le lycée. Il ne
répond pas à mon coup de fil alors je lui laisse un message. Une fois au McDo,
je texte aussi Jennifer. Je clavardais avec un agent d’Air France pour annuler
mon voyage même s’il est assez tard quand Bilal m’interrompt par un coup de
fil.
— Un faux parrain,
il commence avec humour.
— Gars, si j’avais
su que le travail prenait au temps la vie de l’homme, je réponds sur un ton
faussement drôle.
— C’est ça quand
on dirige les grands hôpitaux non. J’ai déjà dit à ton filleul que tu lui assures
un bon avenir.
— Haha, tu es
fou. Dis-moi plutôt si tu as trouvé ce que je t’ai demandé.
— Une seconde, je
donne la petite à Marianne. Bon voilà. Tu cherches même les vieux dossiers
pourquoi ? J’espère que tu n’essaies
pas de revisiter hein, parce que__
— Tu me connais
comme ça ?
— Non, mais bref.
Bon Stella, 34 ans, mariée à un Rwandais, Etienne Muamini, vivent en France.
Agent de distribution chez___
— Ouais bon, tu n’as
pas un truc essentiel ? Son numéro
par exemple ?
— Tu m’as pris
pour Pages jaunes ou quoi ?
— Donc c’est sa
bio que tu comptais me livrer comme Wikipédia ? je réplique et il rigole tout en m’insultant.
— Je n’ai pas son
numéro, mais tu peux lui écrire sur Messenger même si elle ne s’est pas connectée
depuis Mathusalem. Ou tu tentes Michelle, peut-être, que tu auras de la chance
là-bas.
— Michelle c’est
encore qui ?
— Michelle Haile
non. Tu te tapais la meuf et aucun souvenir pour sa sœur ? C’est celle qui faisait une formation d’infirmier
après avoir loupé sa PACES.
— Bref, je retiens
que tu ne me sers à rien. Même pas un numéro, rien que les cancans.
— C’est normal,
un con comme toi ne peut retenir que ça. Ramène un peu ta face à Dakar pour qu’on
te voie hein. On dirait que tu manques aux enfants.
— On dirait hein,
je rigole et on se laisse une minute plus tard.
Pour une raison
inconnue, une petite voix me souffle de patienter au lieu d’écrire aux sœurs Haile.
Je me prends une chambre dans le premier hôtel et une fois au lit, mon esprit fait
un bond en arrière. Stella fait partie des quelques filles que j’ai fréquentées
entre Océane et Jennifer. Après la séparation avec Océane, j’étais un peu
largué émotionnellement. Faire défiler les meufs ne m’a jamais séduit plus
jeune. Je voulais une femme, des enfants et les éduquer avec ma femme. Je
voulais une vie stable et je l’avais déjà construite dans ma tête alors la
séparation avec Océane m’a pris de court. Je ne m’attendais juste pas à ce qu’elle
me déçoive à ce point, alors j’ai pataugé un peu émotionnellement jusqu’à ce
que mes sentiments pour Jennifer se réveillent. Le problème c’est que Jen était
à distance et moi à Besançon. En plus elle m’avait annoncé brusquement qu’elle
était en couple du coup j’ai continué ma petite vie avec la certitude que si l’on
devait finir ensemble, nos chemins allaient se croiser naturellement. C’est
dans cette petite période que l’aventure avec Stella s’est déroulée. Courte,
intense sexuellement, mais les sentiments n’étaient pas réellement présents. J’ai
coupé les ponts après un voyage à Lomé qui s’est soldé par un baiser entre
Jennifer et moi. Stella a pris sa route, j’ai continué la mienne et je quittais
Besançon un peu après. Je devais avoir 20 ou 21 ans ? C’est si loin maintenant, mais c’est définitivement
entre les deux. Je m’endors sur cette pensée, mais le sommeil fut de courte
durée.
Le lendemain, Jennifer
ne m’a toujours pas répondu. Je commence à m’inquiéter alors je demande par
message à Arthur de faire un tour chez moi histoire de voir si tout va bien à
la maison. Le café où je dois me rendre est assez loin de l’hôtel où j’ai logé,
alors je pars avec trois heures d’avance, mais j’arrive quand même en retard.
Le café est plutôt minuscule et sans difficulté, je trouve le cardigan arc-en-ciel
en question, mais recule un peu perplexe quand je me rends compte que la propriétaire
est minuscule. Sa tête pivote et son regard tombe sur le mien. L’air se bloque
dans mes poumons comme si je venais de recevoir un violent coup. Ses yeux à
elle s’arrondissent. J’ai un moment d’absence durant lesquelles mes oreilles bourdonnent
et ma mémoire instinctivement replace sur sa face les traits que j’avais,
enfant. Quand je reviens à moi, elle est à la porte du café. Une autre gamine crie
son prénom d’une voix désemparée et se retourne vers moi.
— Eh merde, moi
je voulais seulement aider, elle dit le visage livide.
Il a fallu maintenir l’autre
gamine par le poignet pour qu’elle ne s’envole pas tel un papillon comme l’autre.
De longues minutes se sont écoulées et nous sommes dehors cherchant l’autre
sans point de repère.
— Merde, merde,
Hada répond, dit nerveusement la gamine qui essaie de rappeler le numéro que j’avais
moi-même appelé à trois reprises les minutes précédentes.
— On se pose une
seconde et tu m’expliques, je dis en l’arrêtant par l’épaule.
— En fait___je
pensais pas que ça serait vous. J’ai parlé avec ta sœur et du coup bah moi je
voulais juste aider, elle répète d’une voix dépitée comme tout à l’heure.
Son ventre gargouille avant
que j’aie le temps de répondre.
— Tu veux manger
un truc ?
— Oui mais__, on
peut chercher Hada encore un peu ?
— On peut se
prendre un truc à emporter et continuer.
— D’accord alors.
— Et comment tu t’appelles ?
— Moi c’est
Estelle, mais vous pouvez m’appeler Ettie l’étoile.
Je dévisage l’étoile
filante dans son style bien particulier. La bouche tracée au crayon noir et les
lourdes chaussures la vieillissent au loin, mais tout près comme ça, on sent qu’elle
n’est qu’une petite fille.
— Et qu’est-ce
que tu veux manger ?
— Normalement on
devait rencontrer votre sœur et manger des crêpes au sarrasin au Mary Jane et
puis j’allais me cacher dans les toilettes le temps que votre sœur explique à
Hada qu’elle n’est pas un scout de talents comme je lui ai dit.
Je ne l’interrogerai
proprement qu’une fois dans un resto. Pas le café Mary Jane où nous étions,
mais un autre.
— C’est qu’en
fait, c’est moi qui ai écrit à votre sœur, mais je lui ai dit que j’étais
Hadassah, elle m’explique après que je lui ai demandé de m’expliquer ce qui se
passe.
— Essaie de m’expliquer
plutôt depuis le début. Comment tu connais Elikem ?
— C’est Hadassah
qui m’a dit un jour qu’elle a entendu tata Mie et sa mère se disputer la concernant
puis tata Mie a traité tata Stella d’égoïste parce que si Hada vivait avec son
père, sa tante Perla l’aurait probablement emmené aux États-Unis avec elle et
qui sait où serait sa carrière actuellement. Du coup bah Hadassah m’a raconté
et on a cherché sur les réseaux sociaux de tata Mie. On a trouvé Perla qui vit
aux États-Unis, mais Hadassah n’avait pas envie alors on a laissé tomber. Mais cette
année encore, ils n’ont pas assuré la promesse de l’envoyer à son camp d’été avec
l’orchestre de Philadelphie.
— Ils c’est qui ?
— Les parents de
Hadassah. Du coup bah moi je devais l’aider, comme je suis sa seule amie et je
sais qu’elle aime trop la musique. Du coup alors je me suis rappelée de la
tante Perla et je me suis connectée sur le profil de Hadassah pour lui écrire.
Ensuite, elle m’a répondu et posé des questions. J’ai proposé le rendez-vous et
on a pris le train d’Arras ce matin, voilà.
— Est-ce que__ça
va ? elle m’interroge après
de longues minutes sans réaction de ma part.
Je consomme petit à
petit la nouvelle pendant que des souvenirs prennent d’assaut mon esprit. Je me
revois une à deux fois, sauter le préservatif et m’introduire dans une Stella
qui m’encourageait à la prendre plus fort. Nous étions clean, elle ne m’a
jamais caché qu’elle n’était pas fan de la banane avec la peau, alors parfois
je me permettais des écarts. Je la voyais prendre régulièrement la pilule
alors___
— Oh elle vient
de m’écrire, Ettie l’étoile dit, coupant le flot de mes souvenirs.
— Alors, que
dit-elle ? Les yeux qu’elle lève
sur moi sont remplis de tristesse.
— Je voulais
seulement aider moi, mais là elle dit qu’elle ne me racontera plus rien, elle
dit d’une petite voix et se met à pleurer.
— Elle est en
colère, laisse-lui du temps, ça lui passera.
— Mais elle m’a
jamais dit ça, snif. Qu’est-ce que je dois faire alors ?
— Demande-lui où
elle se trouve.
— Elle a dit qu’elle
est en route pour la gare de Lyon-Banlieue, mais j’ai pas le droit de lui
parler quand on se retrouvera et plus jamais d’ailleurs.
— Qu’est-ce qu’elle
fait à la gare ?
— On vient d’Arras
et___
— Arras ? Je répète, surpris.
— Oui, je t’ai dit
tout à l’heure.
— Tu as quel âge
toi ?
— J’ai douze ans.
— Et tu as pris
le train à cet âge ?
— On l’a pris avec
Ethan mon frère, c’est un adulte.
-Et___Had___assah a quel
âge ?
— Tu connais pas
l’âge de ta fille ? C’est
bien toi son premier papa avant son autre papa ou pas ?
— C’est
compliqué.
— Euh OK, bah elle
a 13 ans.
Treize ans. Stella a eu
ma fille, il y a treize ans. J’ai manqué treize ans de la vie de mon enfant. Un
enfant qu’elle a donné à un autre homme alors qu’elle savait comment me trouver.
Elle savait comment me joindre.
— Tu es malade
monsieur ? Ettie l’étoile me
questionne timidement et je me rends compte que ma main sur la table tremblait.
Je serre mon poing et
placarde sur ma face un faux sourire.
— Je vais bien.
Allons donc la retrouver à la gare.
C’est d’un pas décidé
qu’on entame notre long trajet jusqu’à la gare en question. Si je doutais encore
que cette gamine soit réellement mienne, elle s’est assurée de balayer tous ses
doutes les deux heures suivantes. Le même caractère absurde et entêté que j’affichais
quand je voulais faire chier mes parents pour qu’ils comprennent combien j’étais
en colère. C’est ce même caractère qu’elle nous a sorti. Plus de trente appels,
et cinquante messages, lui demandant où elle se trouve. Elle n’a jamais répondu.
On s’est tourné vers deux cheminots afin de la retrouver sans succès. Elle n’est
apparue sur le quai approprié qu’à dix minutes de leur départ. J’ai encore l’impression
qu’on vient de me voler mon souffle. J’ai envie de la soulever, l’écraser
contre mon torse, ébouriffer ses cheveux et entendre sa voix.
— Hadassah, je l’interpelle,
mais elle continue sa marche sans un regard pour moi.
Dans un autre
contexte, je l’aurais balancé sur mon épaule pour qu’elle comprenne que son
côté zinzin elle ne l’a pas volé ailleurs. Mais selon la loi c’est l’enfant d’un
autre, et je suis de passage dans ce pays.
— Je reviendrai,
j’annonce à l’étoile qui m’avait donné son numéro après une minute de scandale
quand je lui ai expliqué que je n’avais pas Snapchat.
— T’oublies pas
ta promesse aussi ?
Je hoche la tête et
elle va rejoindre le frère en question qui les a accompagnés. « Tu ne dois pas parler de notre rencontre aux
parents de Hada, sinon elle risque d’en prendre cher », c’est ce que l’étoile m’a fait promettre. Dans
sa compréhension de gamine, je vais gentiment envoyer l’argent à son amie pour
son camp musical et continuer ma vie comme si de rien n’était. Je compte tenir
ma promesse. Stella n’apprendra pas que j’ai rencontré ma fille. Elle va tout
simplement recevoir ma visite dès que j’aurais confirmé avec un avocat si je
peux contester la filiation de son mari avec mon enfant.
Je sais certes ce qu’il
me reste à faire, mais ça ne m’empêche pas d’être déboussolé dans l’Uber qui me
ramène à l’hôtel. Je fixe mon téléphone, les mains tremblantes, et l’esprit
embrumé. J’ai réellement un enfant. Une ado déjà ? Je n’ai même pas entendu sa voix. Je ne sais
pas si___
— Vous entendez
votre téléphone monsieur ? m’interpelle
le conducteur.
Je me rends compte qu’effectivement
on m’appelait et le temps que je réponde, Arthur a déjà raccroché. Il avait en
plus tenté sept fois de me joindre alors je retourne aussitôt son coup de fil.
— Romelio, tu es
où ? il me demande sur un ton
assez urgent que j’ai toutefois du mal à déchiffrer à cause des lamentations qui
retentissent de son côté.
— Je suis encore
à Paris. Qu’est-ce qui se passe ?
— Je ne sais pas
chef, je ne sais pas là comme ça. Quand penses-tu pouvoir rentrer ?
— Qu’est-ce qui
est arrivé à Jennifer ? Je demande
directement en alerte.
— Rien, ne t’en
fais pas. Il ne s’agit pas d’elle.
— Qu’est-ce qui
se passe alors ? je
répète bien agacé.
— Ce n’est pas le
genre de nouvelles qu’on donne au téléphone. Personne n’est mort, mais essaie
de rentrer au plus vite !
Je commence à en avoir
marre qu’on m’explique à moitié les choses depuis un moment. On se laisse rapidement
et je vais me chercher un vol retour, mais le paiement est décliné à deux reprises
quand j’essaie de réserver ma place. Exténué, je préfère attendre d’être au
repos à l’hôtel avant de me réessayer. Le résultat est le même. Le compte de la
société général avec lequel j’essaie de faire le paiement est fourni. Je le
sais parce que c’est notre compte commun. Je l’alimente régulièrement pour que
Jennifer ne manque de rien si jamais elle doit être admise d’urgence à l’hôpital
en mon absence. Je vais quand même le consulter et m’écrie quand je vois la
balance. 48,67 €. De 18 138 €,
comment je me retrouve à ça ? Je
vérifie les dernières opérations et constate que plusieurs virements ont été
faits vers le compte personnel de Jennifer.
Je l’appelle et elle
ne répond toujours pas. Elle est au courant. Depuis son silence, je me doutais
qu’elle était au courant d’un truc. Mais j’en suis persuadé et je ne comprends
pas ce qu’elle me fait là. Je vais vérifier mon compte personnel qui a moins de
500 €. J’étais à ça de contacter Elikem, mais ses mots m’ont comprimé à
nouveau le cœur, me rappelant qu’elle ne voulait plus garder de lien avec moi. Je
me tourne vers Arthur qui lui non plus ne répondait pas. Seul dans cette
chambre, je rigole de dérision. C’est vrai ce qui m’arrive là ? Je travaille d’arrachepied depuis que j’ai 18 ans
et voilà que je ne peux même pas m’acheter un billet ?
Un coup de fil me tire
de ma rêverie misérable. Croyant que c’était Jennifer ou Arthur, je m’empresse
de répondre sans regarder l’écran. C’est la voix de ma mère que j’entends de l’autre
côté.
— Ça va fiston ?
— Oui et toi ?
— Ah, ça peut
aller. Je viens de me lever d’une sieste là. Je ne sais pas si je dois l’appeler
songe ou image, mais je t’ai vu dans une position inquiétante donc je me suis
dit ah, appelle ce petit comme il travaille tellement qu’il n’a pas le temps de
sa vieille mère.
-____
— Romelio ? Tu es là ?
-Maman___
— Qu’est-ce qui t’arrive
fiston ? C’est quoi cette lourde
voix ? elle s’inquiète aussitôt
et je me sens tellement minable.
-Je___, j’ai besoin de
toi.
— OK. Tu veux que
je vienne au travail ou à la maison ?
— Je suis coincé
en France, j’ai___, je n’ai pas d’argent pour rentrer.
— Tu n’as pas d’argent ? Tu as perdu ton travail ?
— Non. C’est___, ma
gorge se contracte violemment, ne me permettant pas de finir ce que je n’avais
même pas le courage d’avouer.
— OK, elle abrège
comme si elle avait compris. Je fais comment ? J’envoie quelqu’un à une agence Air France
pour qu’on s’en occupe pour toi ?
— Si tu peux, je
t’en prie. J’ai besoin de rentrer au plus vite.
— D’accord. Donne-moi
un peu de temps. Ton père est justement sorti pour des courses, je vais voir s’il
peut s’en occuper. Ne panique pas. Tout est sous contrôle, elle m’encourage et
arrive sans difficulté à m’apaiser.
Le soir même, je
reçois le billet par courriel et le lendemain j’embarque très tôt pour mon
pays. C’est Arthur qui me récupère et prend un chemin contraire à celui de mon
domicile.
— Pour le moment on
ne peut pas aller chez toi chef mais___
— Et pourquoi ?
— En fait__,
disons que, il dit, s’arrête, toussote, et a du mal à poursuivre.
— Arthur je
déteste les jeux de ce style, tu me connais bien pour ça, alors va droit au
but.
— Ta maison a été
mise sens dessus dessous. Tes effets déchirés, d’autres calcinés. Ta vaisselle,
bref il n’y a plus rien à tirer de bon là-bas.
Il n’y a plus rien à
tirer. Elle a déchiré mes documents officiels, diplômes, rayé les objets d’art
que j’ai sué pour acheter. Mes photos, incluant celles de ma famille, elle a
tout déchiré. Cassé les vitres de ma voiture, rayé ma Benz, c’est ce que je vois
de mes propres yeux une heure plus tard, après avoir insisté qu’Arthur me
ramène chez moi. À genoux, je touchais chaque débris au sol, mon dur labeur parti
en fumée, pendant que le gardien nous expliquait sur un ton dépité qu’il a essayé
de parler à madame, mais elle ne voulait rien entendre.
— Je ne sais pas
ce que tu lui as fait pour qu’elle débloque à ce niveau, mais tu as sacrément
merdé. En plus, personne ne sait où elle est, j’entends d’Arthur.
Ce que je lui ai fait ? je m’interroge en me redressant. Ce que moi
je lui ai fait ? Parce
qu’elle me plume, bousille mon dur labeur, mes efforts, et c’est moi le
responsable ? C’est au second coup de
poing que je flanque à Arthur que je me rends compte de ce que je fais et
pourtant je n’arrive pas à m’arrêter bien que mon gardien essaie de me
restreindre.