13 ~ Personnalité du Cheveu ~ PHMCx~ Cheveux bipolaires- Dame-jeanne

~Cheveux bipolaires~

Suite au défrisage appliqué sur ma tête et qui me donnait l’impression que l’air circule trop aisément sur le cuir chevelu, mon crane me semblait nu, vu que l’épaisseur pilaire en était réduite à sa plus simple expression. Il m’était donc fait la coiffure de mise pour une petite fille qui entre à peine dans l’adolescence. Des couettes nattées ou toute autre forme qui me les enlève du visage.

Ces cheveux que je découvrais, étaient lisses, fins, (plus que lorsque je les passais sous le brushing) mous, et noirs, mais tendaient vers un marron foncé, suivant l’effet du pot ou du soleil. Je ne sais. Ils tendaient aussi à pendre vers le bas lorsque je n’y ai pas appliqué trop de crème ou d’huile qui donnent un effet gélatineux ; ils suivaient aussi le mouvement et gardaient plus l’emprunte des surfaces comme l’oreiller ou j’aurais appuyé ma tête.

Un foulard synthétique ou satiné était toujours requis pour maintenir la coiffure, et éviter d’étaler toute la composition huileuse des produits capillaire sur la literie – (bien que ce foulard ne reste pas attaché sur la tête toute la nuit, et se retrouve toujours partout mais ailleurs que sur la tête : soit l’oreiller ou dans les draps où il est parti en vadrouille)- ; et il me fallait ajouter un peigne très fin et une brosse à mon arsenal pour coucher ses petits cheveux qui se désolidarisent du lot en se dressant comme des petits curieux.

Dans ce nouveau cadre où j’ai atterri, loin de ma mère, (dompteuse en chef principale, attitrée de ma tignasse), la coiffure de mes cheveux défrisés en était certes aisée durant les premières semaines, tant que les repousses ne s’étaient pas encore accommodées de leur nouvel environnement. Parce que la température avait changé, de même que l’eau plus calcaire, et le passage du peigne quotidien ou périodique plus fréquent.

Mais quand bien même cela supposait malgré tout la facilité de manipulation et donc d’option, je ne crois pas m’être fatiguée à faire autre chose qu’un chignon ou des couettes sur mes cheveux. C’était le cadet de mes soucis.

By ©Ngengeti~Alavolee-Onafly***

Bien que sans grand effet au début, après un certain temps, l’épaisseur de ma repousse de cheveu naturellement frisée est devenue assez considérable, récalcitrante et incontournable.  La dualité des textures en était tout de même remarquable et amusante, si on ne considère pas l’inconvénient de la douleur lors de la manipulation. Sur le seul et même cheveu, de la racine à quelques petits centimètres de repousse, était torsadé fort, solide, tant que l’on n’y était pas sauvage avec le peigne. Tandis que le reste de la longueur a la pointe était fragile légère, et aisément sectionnée de la repousse.

Toute tentative à sec, de faire une coiffure était vaine. Le cheveu refusait ; point barre. Seule une personne expérimentée saurait comment amadouer cette touffe de cheveux à double personnalité.  

Mes cheveux ne toléraient plus que des gros chignons qui prenaient la forme d’une petite dame-jeanne (grosse bouteille de couleur verte, contenant de vin de qualité discutable, recyclé ensuite en contenant de « Zoazoa », le  carburant frelaté vendu en bordure de route en zone rurales dans certaines régions). Cette coiffure en forme de dame-jeanne, avait un tout petit embout pointant au niveau de la partie défrisée restante, qui ne s’était pas encore cassée à force de tiraillement entre les deux structures de cheveu.

Le reste de la tête, la partie des repousses était un mystère à l’œil nu inexpérimenté: un territoire de forêt inexplorée, touffue, entremêlée, soudée, et surtout saine, inconnue de cet air filtrant aisément dans la partie défrisée, si frêle et lisse au touché.

Cet état de bipolarité du cheveu a duré toute la période scolaire restante, où je n’avais aucun accès à un salon de coiffure ou un pot de défrisant pour renouveler le processus de neutralisation de ma repousse. Mais, les vacances scolaires sont enfin arrivées et j’ai enfin pu être conduite à l’hôpital capillaire spécialisé dans nos textures aux multiples facettes.  

By ©Ngengeti~Alavolee-Onafly***