13: you decide because life’s what you make it.

Write by Gioia

Tao Adamou 


C’est un caprice d’Ida qui nous a emmené à Lomé. Elle voulait absolument voir cette fameuse fête de noël dont les filles de Magnim n’arrêtaient pas de lui parler au téléphone. Donc sa mère et moi avons décidé de lui accorder cette année. Nous en avions les moyens même si le voyage était de dernière minute donc pourquoi pas. Sauf que maintenant j’ai l’impression.....enfin je crois que c’était un signe. Je veux dire......je ne suis pas fou. Je suis sûr de....... 


Farida: qu’est ce qu’il y’a Tao? 


Tao: tu es réveillée? Je demande quand elle se retourne vers moi 


Farida: comment je peux dormir quand tu n’arrêtes pas de bouger et soupirer 


Tao: mes excuses, rendors toi 


Elle pose sa tête et sa main caresse mon torse.


Farida: on sait bien que je ne vais pas dormir quand quelque chose tracasse mon chéri. 


Tao: tu me dirais si j’agis bêtement....si je suis déraisonné n’est ce pas 


Farida: non tu avais interdit que j’utilise la psychologie sur toi, elle réplique sur un ton blagueur 


Tao: j’en ai besoin....cette fois.


Elle lève la tête et me regarde avec plus de sérieux.


Farida: dis moi tout 


Mon cerveau rattrape de justesse les mots qui veulent franchir mes lèvres. Il me rappelle la Farida d’avant. Celle qui priait et pleurait désespérément. Je ne peux pas revivre ça. On ne peut pas. Il vaut mieux que j’ai du concret avant de lui dire. Je prends sa main et la pose sur mon entrejambe.


Tao: je ne bande plus comme avant. J’ai l’impression de devenir vieux


Farida: arrête de rigoler 


Tao: tu crois que c’est un sujet de rigolade ça? Je demande sur mon ton le plus sérieux tout en espérant qu’elle y croit 


Farida: donc tu restes éveillé et soupire parce que tu ne bandes plus comme avant? 


Tao: c’est on ne peut plus grave! Tu pourrais rester avec moi sans sexe toi? 


Farida: quand tu seras prêt à me dire ce qui se passe vraiment tu pourras me réveiller. Elle m’embrasse doucement les lèvres puis me tourne le dos. Eh au passage, trouve des mensonges plus élaborés parce qu’un homme qui fait l’amour trois fois par semaine dans la quarantaine ne peut pas se plaindre de troubles érectiles. Bonne nuit.


Nous sommes au quatrième jour de notre séjour. Nous vivons chez Magnim cette fois par contre. Chaque matin nous prenons ensemble les petits déjeuners. Vu que les filles se réveillent avant nous, elles

ne sont jamais à table. Lorsqu’on leur demande, elles crient depuis la chambre de Macy qu’elles ont déjà mangé leurs céréales. Cette fois par contre c’est Ida qui a couru pour me tomber sur le ventre quand j’étais en pleine discussion avec Magnim.


Tao: tiens on s’est rappelé de moi aujourd’hui? 


Ida: qu’est ce que tu racontes? Elle me dit en rigolant 


Tao: depuis que tu as vu Macy et Snam nous on existe plus 


Magnim: tu pensais vraiment qu’un vieux barbu allait faire le poids contre mes deux beautés? Il dit en prenant ses filles pour les mettre chacune sur ses jambes 


Ciara: chéri..., elle dit sur ce ton qu’elle prend quand elle veut lui faire un reproche sans que personne ne s’en rende compte. Ou du moins elle a toujours pensé que personne ne comprenait. 


Magnim: Ok disons donc le général père noël comme ça tout le monde est content 


Ida: oui mais pour moi c’est mon général papa noël seulement, elle dit en frottant sa tête contre mon ventre 


Tao: tu me veux quoi ce matin avec tous ses câlins que tu me donnes? 


Ida: je te fais les câlins parce que je t’aime tout plein tout plein


Farida: tu gagneras à dire plus tôt la vérité  ma puce, elle dit avec humour 


Ida: mais j’aime vraiment mon papa! 


Farida: faut pas fâcher hein, je ne m’en mêle plus. Je vais aimer la nourriture de tata Ciara 


Ciara: tu fais bien ma chérie, elle dit entre plusieurs rires 


Ida: on pourrait faire une activité ce matin hein papa? 


Tao: ah ouais? 


Ida: oui comme monter à cheval et devine quoi, Arthur a déjà fait donc il peut venir nous montrer. En plus de Macy, Snam, Aïdara, Mally et toi le plus fort y’a pas de chance que quelque chose de mal arrive. 


Farida: donc tout ça c’était pour faire du cheval? 


Ida grogne et la regarde méchamment comme réponse.


Farida: ok je continue à aimer ma nourriture 


Ida: alors mon papa adoré? Elle me redemande d’une voix mielleuse 


Magnim: Macy toi même tu veux faire du cheval? 


Snam: oui elle en a trop envie 


Magnim: tiens je ne savais pas que ton Maëlys était devenu Macy maintenant, il dit en la chatouillant ce qui la fait rire 


Ida: s’il te plaît papa


Tao: On ne va pas trainer 


Les trois se lèvent de concert et filent en chambre tout en chantant les cris de victoire. On entend quand même Macy demander si c’est vrai que les chevaux ne sentent pas mauvais parce qu’elle ne veut pas de ça sur elle. Et Ida répondre avec conviction qu’ils sentent trop bons. Ida qui n’a vu qu’un poney une fois de sa vie quand elle avait cinq ans et au zoo. Les enfants aiment trop se mentir entre eux. 


Les femmes avaient leurs programmes donc nous étions en charge des enfants. 

On les a laissé se préparer entre elle, le temps que je fasse part de mes inquiétudes à Magnim.


Tao: tu sais quoi du petit Arthur? 


Magnim: heuh qu’il est orphelin de père et mère. Pourquoi? 


Tao: tu as déjà vu un dessin de lui? 


Magnim: du tout.


Tao: moi oui....et il utilise mes techniques. 


Magnim: ok???


Tao: en plus il a le teint foncé comme moi, tu ne trouves pas? 


Magnim: attend...Attend. Il dit en se levant puis se met à tourner en rond. Tu....tu....es sûr? il demande surpris, confus et perdu 


Tao: je sais...pas gars, je dis en me levant tout d’un coup aussi 


Magnim: alors il faut! On fait les tests ADN à l’hôpital LI! 


Tao: Sérieux? 


Magnim: Mais oui! Attend j’appelle Hana pour lui....


Tao: non toi attend! Je dis en le tirant alors qu’il s’élançait déjà. Je ne veux pas que ça s’ébruite 


Magnim: Mec on ne parle pas de moi mais Hana, tu sais que son deuxième prénom c’est secret. 


Tao: Elle ne le dira pas à son mari? 


Magnim: même si, c’est Auxanges. Lui son deuxième prénom c’est une tombe


Tao: et le tien c’est con depuis la naissance, je dis après un fou rire. 


Magnim: on va encore faire comment? Macy retourne me déposer mon parfum, les chevaux ne t’ont pas demandé, il répond quand sa fille sortait de leur chambre en tâtonnant 


Macy: mince. Elle dit dépitée et y retourne tandis que Snam lui répétait, je t’avais bien 


Après mille “vous êtes pas encore prêt” de ma fille nous prenons la route. Le premier stop c’est la maison des Bemba. 


Essohana Bemba


Encore un matin que je passe sans mon fils. Pourtant il n’est que dix heures. Suite aux événements bizarres de la soirée chez les Laré Aw, Auxanges a permis qu’on lève partiellement la punition de Romelio. Ce à quoi il a droit maintenant c’est de sortir. Toujours pas de téléphone, ordinateur et plus jamais ma voiture. 


C’est maintenant aussi qu’Auxanges s’est réveillé. Nous avons eu une longue journée hier. 


Auxanges: il n’y a personne dans cette maison à part toi? Il demande en s’installant à mes côtés sur la causeuse 


Hana: Magnim m’a prévenu tout à l’heure par message qu’il venait chercher Arthur pour qu’il passe la journée avec eux. Et ton autre fils fait Jésus chez l’autre 


Auxanges: eh Hana....


Hana: quoi? J’ai menti? 


Auxanges: tu vas continuer avec cette ironie jusqu’à quand? 


Hana: jusqu’à ce que quelqu’un ici comprenne que Romelio exagère!  


Auxanges: mais tu as entendu toi même l’histoire de la pauvre dame le 25 décembre non? 


Hana: ok et qui a dit qu’elle n’était pas une pauvre dame? Ou le fait qu’elle ait un triste vécu rend acceptable le fait que sa fille ait une mauvaise influence sur mon enfant? 


Auxanges: n’accusons pas sans preuve chérie....


Hana: continue à faire le politiquement correct! Si c’était juste nous deux, j’aurai pu dire ok je comprends. Romelio après tout est un jeune ado et la plupart ne s’identifie pas à la vie chrétienne parce qu’elle leur paraît trop contraignante donc peut-être pensait-il qu’on allait pas l’écouter mais plutôt lui dresser une liste d’interdictions mais et Magnim? Lui et son oncle sont comme les doigts d’une main. Il m’est arrivé d’entendre des choses que mon frère lui apprenait. Des choses que je trouvais scandaleuses mais je ne rentrais pas dedans parce que je voulais que leur relation reste authentique et juste la leur mais même à lui il a menti Auxanges! Tout ça parce que Monsieur se dit amoureux? Ce n’est pas la première fois qu’il a une copine mais bien la première qu’il a été aussi irresponsable donc c’est quoi la conclusion logique? 


Auxanges: les jeunes sont souvent irresponsables. 


Hana: pardon il faut garder tes réflexions génériques si tu ne compte pas avoir une discussion honnête. 


Auxanges: on lui a déjà fait les remontrances nécessaires, voyons voir comment il réagira maintenant. 


Hana: hum. Espérons surtout que cette dame éduque enfin sa fille pour qu’elle cesse d’influencer négativement les autres! 


Auxanges: tu as encore commencé! 


Je ne rajoute rien même si j’en ai envie. Le pire c’est qu’Elikem n’a pas l’air mal à l’aise face à leur relation. Elle est avec lui toutes les fois où Romelio va chez la dame. En même temps la fille de Belle est tellement une forte tête que je ne sais pas si elle cache ses sentiments. Pourtant c’est le genre de forte tête qu’il faut à mon fils. Elle balancera bien son côté amoureux transit qui croit que les gens sont des anges. 


Le gardien nous annonce la venue de mon frère et son groupe. Arthur nous rejoint et les petites tombent sur lui. Encore une coqueluche il semble. Va savoir ce qu’ils ont tous les garçons que j’ai pris sous mon aile. Ils charment facilement et ont une sensibilité que jamais je n’ai compris. À commencer par la grosse tête ici qui passe son bras autour de mon épaule et m’emmène au loin. 


Hana: tu veux quoi? 


Magnim: c’est Auxanges qui a fait? D’aller le frapper? Ou c’est Romelio la canaille? 


Hana: tchip canaille comme toi! Je n’ai pas ton temps, parle vite! 


Magnim: qui a fâché ma sœur de cœur? 


Hana: ma vie serait plus simple si j’avais eu des filles! 


Magnim: haha. On s’en reparle quand je t’enverrai mes filles lorsqu’elles seront dans l’âge ingrat. Sinon j’ai besoin d’un coup de main. Ou plutôt un peigne d’Arthur. 


Hana: C’est quoi cette demande? 


Il approche sa bouche et me chuchote le truc le plus farfelu que j’ai eu à entendre de ma vie.


Hana: mais enfin! 


Magnim: s’il te plaît Hana, regarde le toi même. 


Je tourne la tête et observe Tao avec les enfants. Il fixe si intensément Arthur. On croirait qu’il étudie un tableau. 


Hana: Arthur a treize ans. Laith en aurait quoi? Douze? 


Magnim: tout est possible. Il n’y a qu’un an d’écart et s’il a été kidnappé, c’est bien possible qu’on lui ait fait des faux documents. Tout est possible


J’observe encore Arthur et Tao. Les deux discutent et se sourient maintenant. 


Hana: les techniques de dessin ne sont pas universelles? 


Magnim: toi aussi Arthur n’a eu un téléphone qu’à noël. qui lui aurait appris à dessiner comme ça? 


Hana: bref je vais le faire mais je ne garantis rien! 


Magnim: quand je te dis que ma sœur de cœur tu ne comprends pas? 


Hana: c’est bon enlève ta bouche sur ma joue 


Magnim: On y va ou tu as besoin de Tao? 


Hana: je vous fait signe lorsque je serais à l’hôpital. 


Il fait un pouce en l’air à Tao puis m’embrasse encore avant de le rejoindre. S’il est le fils de Tao et Farida, ça voudrait dire que ce n’est plus le mien? 


Héloïse SILIVI 


Je quitte devant la télé et me rends en cuisine, d’où viennent des rires et voix. Aujourd’hui ma fille m’a donné congés. Elle a décidé qu’elle fera à manger pour nous. Le souci c’est qu’elle ne sait pas vraiment cuisiner et au lieu de faire un choix plus simple c’est elle qui a annoncé de go qu’elle ferait la sauce d’arachide plus de la pâte de maïs fermentée. Pour se faire, elle a ses deux assistants, Elikem et Romelio qui sont ici tous les jours depuis la soirée où j’ai abimé la carrosserie et vitre d’Innocent. Comme la vie est drôle. J’ai côtoyé Belle pendant des années et jamais je n’ai eu l’idée de me confier à elle. J’avais déjà essuyé trop de déceptions avec les amis d’Innocent donc même quand elle m’a demandé durant le dîner qu’elle avait fait pour nous, j’ai donné une réponse vague. Une chose qui me réconforte depuis le retour d’Océane, c’est qu’elle ne semble pas avoir trop souffert. Hormis me l’arracher et lui mentir en ce qui me concerne, Innocent n’a pas été un père absent. En plus, elle a eu ses deux amis, dont Elikem depuis un bon moment. Une relation qui me touche toutes les fois où je les épie. Là ils sont en plein dilemme devant deux boules blanches sorties du congélateur. C’est à se tordre de rire. 


Océane: heuh y’a un qui est du manioc fermenté je crois mais je sais pas lequel


Elikem: ils ont une odeur différente non


Océane: ouais mais je sais pas ce qui sent mieux et pire. Mais tu fais quoi bébé? 


Elio: je vais goûter pour savoir ce qui est différent 


Elikem: parce que toi tu saurais? 


Elio: je ne suis pas comme vous deux hein, il dit difficilement parce qu’il détache les noeuds des sachets avec ses dents 


Les deux le frappent simultanément dans le dos. Il continue sa tâche comme si de rien était. Finalement il a réussi. 


Océane: tu vas pas avoir mal au ventre? 


Elio: tout ce qui entre sort tôt ou tard. 


Elikem: pas devant la nourriture Roh!!! 


Océane: tu es trop crade 


Elio: restez là à faire les princesses comme si on ne sait pas les pets de qui....


Elikem: tu veux te manger une grosse mandale dans la face hein! 


Océane: lol tout doux pas de violence sur mon beau, elle dit sur un ton conciliant 


Il tire grandement la langue à Elikem puis avec un doigt prend assez de chaque farine et goûte une après l’autre.


Elio: c’est celle-ci. Il dit en remettant un sachet à Océane 


Elikem: Océane prend la seconde. Tu sais que c’est un rigolo, ne l’écoute pas 


Elio: Mais regarde moi ce concentré de jalousie. Tu ne connais pas, au lieu de demander que je te forme tu me discrédites 


Elikem: Et tu connais d’où toi déjà? Toi qui faisait un milliard d’aller retour quand ta mère cuisinait sous prétexte que tu vas lui chercher un truc? 


Elio: un petit rappel, maman n’est pas la seule experte en cuisine que je connais. 


Elikem: lol tata Ciara alors? Tu vas nous faire avaler ça? 


Elio: Jennifer fait elle-même le.....


Océane: donne le deuxième Elikem! 


Elio: bébé je..... 


Les trois remarquent ma présence sur cette phrase. Ils se retournent et je pouffe de rire en voyant leurs visages. Tu sens qu’ils travaillent fort depuis un moment.


Elikem: on a bientôt fini 


Héloïse: je n’en doute pas 


Océane: on a tout sous contrôle maman. Pas besoin du tout que tu viennes ici


Héloïse: je vois bien ça 


Océane: Elikem tu me donnes la marmite s’il te plaît? 


Elio: bébé c’est pas la bo......ok, je vais donner à boire à ma belle mère alors. Il dit en ouvrant le frigidaire pour me sortir une canette 


Une heure plus tard nous sommes attablés. Les trois me regardent comme les cuisiniers dans une de mes émissions favorites. Je soulève d’abord le couvercle sur la sauce et l’émotion me gagne quand je vois les aubergines. 


Océane: tu peux enlever si tu n’aimes pas, elle dit anxieuse 


Elikem: c’est ma faute. Je lui ai dit que vous aimiez parce que maman vous en avait donné beaucoup dans la sauce de noix de palme le 25


Héloïse: j’aime beaucoup effectivement


Elio: c’est Océane qui a.....il commence quand je prends une pour en manger..... désolé, je suis vraiment pas doué, j’ai mis trop de piment? Il finit par dire quand les larmes me montent aux yeux 


Océane: il ment maman. C’est moi qui ait mis le piment. Désolée je....voilà tient boit. Elle dit déçue tout en me versant de l’eau dans un verre 


Héloïse: je suis juste heureuse de manger un plat fait par toi mon cœur, je dis émue 


Elikem: ca vous plaît alors? Elle demande inespérée 


Héloïse: c’est très bon 


Elio: j’avais dit quoi? Océane c’est un chef 


Océane Ajavon 


Le sourire de maman vaut largement les crampes que j’ai au poignet même si on a cuisiné la mauvaise boule. Elle a quand même mangé avec beaucoup de joie et d’appétit. 


On lui a fait promettre de se reposer en paix le temps qu’on fasse un tour dans la cour puis je ferais la vaisselle seule. J’ai déjà abusé de Romelio et Elikem comme ça. C’est lui qui m’a remplacé dans la préparation de la pâte lorsque j’avais mal au poignet et c’est Elikem qui a écrasé le gingembre puis l’ail sur la pierre. Le mixeur de maman nous a lâché quand on écrasait l’oignon. 


Nous sommes adossés tous les trois au mur dans la cour. On se met à jour sur nos vies respectives.


Elikem:  l’enflure continue de t’emmerder? 


Elio: c’est quand même le papa des gens Elikem 


Elikem: et une enflure aussi. 


Océane: non depuis hier je n’ai rien eu. 


Elio: hum! Tu restes ici hein. 


Océane: t’en fais pas maman ne me laisse même pas sortir. Même pour jeter les poubelles. Mais ça m’inquiète qu’elle le fasse


Elikem: t’en fais pas Annie. Le militaire que  le général Tao a mis devant la maison me terrifie moi même donc imagine ton père 


On éclate de rire tous les deux et elle nous répète avec le plus grand sérieux qu’on a pas vu la taille du gars en plus de la grosse matraque qu’il tient. 


Océane: c’est le fait que tu te mettes après mon père sur la liste de frayeur qui nous tue. 


Elio: tu attends quoi d’un vampire? Ils ont rarement peur des gens 


Elikem: attend que je finisse de digérer tu vas comprendre ta peine. 


Océane: pas de violence sur.....en fait non. Fais toi plaisir 


Elio:  c’est comme ça aujourd’hui Annie? 


Elikem: bon je vais faire un tour. Comment les maçons font pour travailler après avoir mangé la pâte même? Elle se demande toute seule tout en baillant au loin 


Océane: le nom de cette fille est revenu pourquoi? 


Elio: comment je peux lui parler quand je n’ai pas de téléphone? Ce n’était qu’un souvenir


Océane: maman est toujours fâchée contre toi? Je demande soucieuse 


Elio: bof, ça passera quand je vais remontrer mon niveau au deuxième trimestre 


Océane: et tonton Magnim? 


Elio: pour le moment disons qu’il est occupé avec la famille du général Tao


Océane: mais pourquoi vous l’appelez général Tao tout le temps? Il est dans l’armée? 


Elio: non, c’est parce que son père a été et tu sais que le poulet du général tao est un plat thaïlandais 


Océane: lol mais non! 


Elio: trouvaille de mon oncle quand dans leur vingtaine. Tu sais qu’il ne rate jamais ce genre d’occasions, il dit avec humour 


Océane: et tu as bien appris de lui lol tu te souviens comment tu m’appelais l’océan de thierry Cham? 


Elio: lol et comment ça te saoulait surtout. 


Océane: tu m’emmerdais au plus haut point. Malgré que je te disais d’arrêter tu revenais avec une déclinaison plus énervante. Maintenant je me demande pourquoi tu as arrêté après qu’on se soit mis ensemble? 


Elio: ma mission était accomplie, je voulais attirer ton attention 


Océane: non mais tu es fou hein. Je dis mi amusée mi surprise 


Elio: entre l’amour et la haine il n’y a qu’un pas on dit. Si je ne pouvais pas te faire m’aimer, au moins je pouvais me faire remarquer et prier pour que la sauce prenne 


Je passe mes bras autour de son cou, il baisse la tête et nos lèvres se joignent. Depuis que je suis chez maman c’est notre premier baiser. Heureusement qu’on a mangé la même chose donc je m’en fous de l’haleine. La fièvre monte dans mon ventre. Mon punani bout comme un volcan en ébullition. Je recule et il me suit instinctivement. Je soulève la cuisse et il fléchit les jambes pour plaquer son bassin au mien. La seule façon possible vu notre différence de taille. Sa tête est dans mon cou maintenant. Ses deux mains de chaque côté de ma tête et on se regarde 


Océane: j’ai trop envie 


Elio: moi aussi mais c’est chez maman. 


Océane: un tout petit peu? Je demande d’une petite voix 


Elio: on fait mieux? Il demande d’une voix sensuelle et sa main s’introduit dans mon slip. 


Je suis gênée qu’il me regarde donc je l’embrasse mais relâche vite ses lèvres quand un doigt se retrouve en moi. C’est plus bon que dans mes souvenirs. J’agrippe ses bras et enfouis ma tête sur son torse pour étouffer mes gémissements. C’est tellement jouissif que je dois le dire comme si on me demande. 


Elio: encore? Il demande, je ne réponds même pas que je me sens étirée par un deuxième doigt. Sa main libre s’en va tenir mes fesses comme s’il voulait me retenir. Mais il se met à me caresser tout en me pompant ses doigts si vigoureusement que je ne tiens plus sur place. Je bouge étrangement. Tout ça pour que ses doigts continuent à toucher cette zone hypersensible qu’il a trouvé. Je perds le nord quand ça éclate en moi comme le maïs au feu. 


Elio: je vais souffrir pour rentrer, il dit quelques minutes plus tard après m’avoir embrassé tendrement sur les lèvres 


Océane: je peux te faire aussi. 


Elio: ça prendra plus de temps et puis moi je verse. Toi ça reste sur mes doigts. 


Océane: ça va souffrir tout seul là alors? Je demande en palpant sa bosse à travers son jean 


Elio: lol ça va définitivement souffrir si tu continues 


Océane: bon ok je me résigne 


Elio: on va faire la vaisselle? 


Océane: anh anh, je dis en secouant la tête. Je fais toute seule. Toi tu te reposes.


Elio: regarde toi en petite chef. Tu peux pas savoir comment tu m’excites, il dit en frappant mes fesses quand on se sépare 


Océane: lol en fait tu aimes souffrir toi monsieur.


Elikem revient vers nous pour avertir que sa maman arrive dans une dizaine de minutes. Mon chef chéri décide de s’en aller en même temps qu’elle. J’aime être avec maman mais c’est toujours dur quand les deux me laissent. Bientôt ça sera la rentrée et j’appréhende la sortie d’ici. Je retourne finalement pour la faire cette vaisselle mais maman rinçait le dernier plat. 


Oceane: on avait dit que tu devais te reposer madame 


Héloïse: mes assiettes ne voulaient pas attendre que tu laisses la bouche de ton copain, elle dit sur un ton moqueur 


L’embarras remplit mon être entier et je bégaye.


Océane: je.....je...c’est que....il m’a beaucoup manqué 


Héloïse: lol détend toi, J’ai moi même eu un copain dans le temps 


Océane: dans le temps? Ça veut dire que personne ne te plaît? Toi jolie comme tout? 


Héloïse: eh ne commence pas. Tes tantes ont essayé, elle dit sur un ton de plaisanterie 


Océane: je vais les rencontrer bientôt? 


Héloïse: oui on va d’abord régler le souci avec ton père. S’assurer qu’on peut se promener sans crainte puis je te présenterai tout le monde et toi aussi tu me montreras tes autres amis


Océane: quels autres? Je n’ai que Rome et Elikem 


Héloïse: ah. Jennifer c’est qui alors? 


Océane: une connaissance de Romelio, je dis en levant les yeux au ciel 


Héloïse: Une que tu ne sembles pas apprécier il semble 


Océane: je n’apprécie pas les filles qui rigolent avec mon copain. Surtout pas quand elles ont des attributs qui le font facilement craquer 


Elle nous sort un pot de glace et nous retournons ensemble au salon. 


Héloïse: dis moi tout 


Océane: Romelio craque pour les fossettes. 


Héloïse: lol tu es sûr? Ce n’est pas toi qui te convainc de ça par hasard? 


Océane: pardon être jalouse n’est pas synonyme d’irrationnelle. Il emprisonne tout le temps Snam pour lui embrasser les joues. Il m’a même dit qu’il espère qu’on aura une fille comme premier bébé et qu’elle sera comme Snam. Or Jennifer à des fossettes donc qu’est ce qui arrivera si un Romelio trop gentil, trop bavard, trop amical côtoie souvent une Jennifer souriante et qui a plus de seins que moi? 


Maman éclate de rire et je la regarde de travers.


Héloïse: c’est la deuxième fois que tu roules des yeux quand tu parles de ça chérie. Tu as appris ça où? 


Océane: qu’est ce que j’en sais moi. 


Héloïse: ok bon s’il n’a rien fait outre tout ça pourquoi tu es inquiète? De ce que j’ai vu ton copain est juste quelqu’un de très sociable 


Océane: justement! C’est ça le souci. 


Héloïse: mais tu ne le connaissais pas comme ça avant de sortir avec lui? 


Océane: et? 


Héloïse: et s’il était comme ça pourquoi tu t’attends à ce qu’il change? 


Océane: je m’attends à ce qu’il réserve ça pour moi tout comme je lui réserve tout mon bon côté. 


Héloïse: toutes les femmes sont jalouses mais il faut savoir tempérer ça sinon tu vas l’étouffer. 


Océane: ne t’en fais pas pour lui il aime quand je l’étouffe. En plus toutes les femmes ne sont pas jalouses. Elikem en est la preuve.


Héloïse: en tout cas il ne faut pas t’en prendre physiquement à cette Jennifer je compte sur toi 


Océane: je n’ai pas son temps maman ne t’en fais pas. Le plus important pour moi c’est d’évoluer avec mon gars et de toute façon on sera loin d’elle très bientôt.


Héloïse: Vous allez où? 


Océane: pour l’université pardi. 


Héloïse: ah oui. Et tu veux étudier en quoi toi? 


Océane: je veux être PDG 


Héloïse: lol chérie on est PDG d’une entreprise dans un domaine spécifique.


Océane: je sais pas pour le moment pour être honnête maman. La matière que j’aime vraiment c’est la philo, le reste je m’applique parce que c’est dans le programme. Mais ce que j’aimerais c’est une carrière qui me donne assez de temps libre parce que je vais voyager souvent avec Romelio. Lui veut diriger l’hôpital LI. Tu connais non? 


Héloïse: oui. Et je ne suis pas d’accord. Ok tu aimes ton copain mais on ne construit pas sa vie autour d’un seul homme. Rien ne garantit que vous rester....


Oceane: ah non faut pas parler de malheur, je dis en me couvrant les oreilles mais elle retire mes mains 


Héloïse: je ne te parle pas de malheur mais d’une éventualité.


Océane: on s’aime, pourquoi ça ne marcherait pas? 


Héloïse: ton père aussi m’aimait. Il passait tous ses week-ends avec moi quand nous étions ici. Ses amis avaient beau rire de lui, le traiter de faiblard, il ne prêtait attention à rien. On était tellement collé que jamais je n’ai douté de lui. Je n’ai eu aucune hésitation à le rejoindre quand il m’a payé le billet et tu connais la suite.


Mon cœur tambourine. L’idée que Romelio me fasse du mal est impensable. Il a quand même fait fi des désirs de sa maman qui le voyait avec Elikem, tout ça pour moi. Pourquoi il me laisserait tomber à l’avenir? 


Tao Adamou 


Le goût de cette déception est plus amer que la quinine. J’ai envie de redemander un autre test ADN mais à quoi bon? Les résultats sont là en face. Hana les a fait pour nous en toute discrétion et c’est écrit noir sur blanc. La probabilité de paternité est de 0%. Je ne suis pas son père. L’échec était si cuisant que je n’avais rien à dire sur le coup. C’est Magnim qui a conduit au retour.


Magnim: ne désespère pas grand. C’est un petit pas aujourd’hui mais sûrement quelque chose de meilleur arrive.


Tao: peut-être qu’il est une réponse à nos prières. Peut-être que....que mon fils n’est plus et....et Allah nous envoie un.....tu....ne crois pas? 


Magnim: je....je ne sais pas 


Tao: les dessins....peut-être j’exagère mais ça ne peut pas être anodin...en plus il s’est émerveillé quand j’ai commencé à lui parler d’architecture. Peut-être c’est une consolation pour nous.


Magnim: je suis avec toi. Tout ce que tu décides. Il dit en tapotant mon épaule 


Au loin c’est justement Farida qui est avec lui sur la terrasse des Wiyao. Les deux écoutent une Ida très animée qui raconte Dieu sait quoi. Ils rient tous ensemble. Ça aurait été si parfait si c’était là ma famille réunie. Peut-être je dois juste accepter ce que la vie me donne et faire avec. 


Germaine Sani


J’ai dû revenir à Dakar à la demande de mon mari. Avant mon départ j’ai remis un dix mille à la voisine de maison puis je lui confié maman. Cet ingrat d’Arthur ne m’a jamais appelé depuis son départ. Je ne lui parlais que les fois où Madame Bemba appelait. Je l’aurais bien attendu ici pour tirer ses oreilles mais quand mon mari me demande je dois courir. Martin est un homme sévère et exigent. Mais c’est cette exigence qui a fait de lui l’homme brillant qu’il est. La maison est plutôt calme à mon arrivée.  Nous n’avons eu qu’un fils George et jamais tu ne verras ce garçon debout après dix-neuf heures. J’espérais trouver Martin à la maison mais ce n’était pas le cas. C’est au sorti de douche que le monsieur a franchi le seuil de notre chambre. Avec un grand sourire il m’a soulevé et me faisait virevolter bien que je criais.


Martin: chante et crie de joie ma femme. Tu as devant toi un futur député togolais


Germaine: ne blague pas avec mon cœur! 


Il éclate de rire et me fait descendre. Son visage est toujours radieux. 


Martin: je te dis bien un député togolais. J’ai eu le coup de fil de mon cousin. Il me l’a confirmé 


Je crie cette fois à tue-tête et fait le tour de la chambre à la course. Je m’agenouille et remercie le ciel.


Germaine: Seigneur tu savais les plans que tu avais formé pour moi. Bien vrai que j’ai souffert chez mes parents puis les Bouraima, jamais tu ne m’avais oublié. Seigneur tu étais là. Et aujourd’hui tu enlèves la honte sur moi! 


Martin: lève toi! C’est le moment de célébrer! Cette Raissa est ministre tu as dit non? 


Germaine: oui! 


Martin: je vais arriver à ce niveau et on lui montrera pire que ce que sa famille t’a fait vivre! Ne t’en fais pas! Il dit avant de me serrer contre lui.


Cette sorcière d’Astou n’est malheureusement plus pour que j’ai une vengeance complète. Pour qu’elle voit que le personnel qu’elle minimisait peut être au niveau de sa fille chérie. Je me rappelle encore de ma rage quand j’ai aperçu Farida un jour en circulation. Farida qui s’en était sortie et jamais n’a pensé à aider l’une d’entre nous. Ce n’est que bien plus tard, après son départ qu’on a appris par les bruits qu’elle avait volé le copain de Raïssa. J’avais nourri Farida dans cette maison malgré les interdictions de madame Astou. Mon cœur avait eu compassion d’elle mais jamais elle ne m’avait fait part de son plan pour fuir et même pas une visite quand elle a finalement obtenu la richesse. J’ai cherché en vain les traces de son ancienne amie, celle qui l’avait aidé à fuir. Je n’ai trouvé qu’une ancienne connaissance qui m’a offert de reprendre son poste de nettoyage chez un service traiteur parce qu’elle quittait pour voyager. Le salaire n’était rien comparé à ce que je gagnais chez madame Astou mais j’ai quand même accepté en espérant qu’une augmentation suivrait pour que je puisse quitter le service chez les Bouraima. Entre temps j’ai découvert par le patron que les Adamou les avait rencontré pour le devis d’une fête. 


Un beau jour j’ai surpris une conversation entre Madame Astou et sa fille durant laquelle cette dernière a parlé du fils de Farida. Les jours qui ont suivi un plan ne cessait de trotter dans mon esprit. Un plan qui me terrifiait tellement qu’aujourd’hui encore j’ignore comment j’ai réussi. Probablement la détermination de voir la déchéance de Madame Astou. Parce qu’une chose que j’avais compris de la conversation entre elle et sa fille c’est que les Adamou ne les aimaient pas. Le sentiment était visiblement partagé et la réputation sur les pratiques de sorcellerie de madame Astou assez connues pour qu’on l’accuse d’en avoir usé pour prendre le petit. J’espérais du moins! J’ai donc décidé de prendre ma vie en main et d’agir avec les cartes que me donnaient le destin. Parce que c’est ça la vie. Tu fais avec des circonstances. 


Le jour J j’ai donc glissé le somnifère que j’avais sur moi dans le verre du petit quand il a demandé du jus. Je ne l’ai jamais quitté de l’œil tout en restant discrète. Son père l’a couché et une fois qu’on a commencé le nettoyage, j’ai profité du mouvement pour aller le chercher. La maison était assez imposante et le reste des invités enjoués entre eux pour que je puisse me faufiler ici et là sans être remarquée. J’ai mis l’enfant profondément endormi dans une valise et je l’ai tiré jusqu’en bas. 


Une fois là les autres m’ont aidé pensant que c’était notre matériel que j’avais mis dedans. C’est comme ça que nous avions ramené l’équipement dans la maison de toute façon. J’ai pissé dans ma culotte quelques fois durant toute cette opération. J’ai prétexté à la patronne un mal de ventre et je suis partie dans le premier convoi. Ils m’ont descendu seule pour que je fasse le rangement puis sont retournés pour continuer vu la quantité de travail qui les attendait encore. Je suis repartie en taxi chez moi puis j’ai sorti l’enfant qui fort heureusement dormait toujours. Je l’ai laissé avec ma mère qui habitait avec moi à cette époque en lui disant que c’était le fils d’une amie qui demandait de l’aide temporairement. Puis je suis retournée à notre entrepôt pour continuer le travail. Le déplacement m’a heureusement pris moins de temps que ça a demandé aux autres pour revenir de chez les Adamou.


Le grabuge a commencé le soir là. Autant chez moi que dans la ville. Cet enfant a pleuré comme jamais je n’ai entendu quand il s’est réveillé. Il ne cessait de crier à tue-tête maman et papa. Ma propre mère ne cessait de critiquer la mère de l’enfant sous prétexte qu’on ne laisse pas son fils aux autres quand il est un pleurnichard. Fort heureusement je n’avais pas de Télé donc aucune possibilité pour ma mère d’être informée des nouvelles. Je vivais dans une maison louée sans voisins donc pas de soucis pour qu’on l’informe. Cette dernière passait ses journées à l’intérieur à ne rien faire si ce n’est dormir. Toute sa vie c’est ce qu’elle a fait de toute façon. Je sortais quand c’était nécessaire! Juste pour aller travailler. C’est cachée que j’ai eu le plaisir de voir quand on est venu fouiller le domicile des Bouraima et prendre madame Astou. Ce sont des filles affairées qui m’ont parlé de la fermeture des frontières. Dieu merci que j’ai écouté parce qu’à l’époque je croyais que c’était une blague. Je n’avais pas entendu cette partie aux nouvelles et voyais mal comment on peut fermer des frontières juste pour un enfant. Adamou ce n’est quand même pas le président de la république. Toutes les nuits j’essayais de calmer cet enfant s’il ne s’était pas déjà endormi fatigué par le chagrin. Sinon je réfléchissais à une issue parce que les choses me paraissaient plus terrifiantes que ce que j’avais imaginé au début. Puis je me suis rappelée d’une frontière non loin du quartier Madiba. C’est la frontière que prenait souvent le mari de ma sœur, le papa d’Arthur quand il devait se rendre à Accra où il travaillait comme cuisinier. Il la préférait cette frontière à cause de la proximité avec son domicile et aussi du fait que les gendarmes étaient laxistes à ce poste. Il ne se faisait jamais racketter comme à la frontière régulière. 


Deux semaines après j’ai pris mon courage à deux mains. J’ai dis à maman que je ramenais l’enfant chez sa mère et nous sommes partis quand il était bien endormi. Je lui ai mis un chapeau et nous avons pris un taxi. Fort heureusement à la frontière, le chauffeur a juste dit de donner cinq mille francs ainsi que mon passeport. C’est lui seul qui est allé les voir puis nous sommes entrés dans le Ghana quelques minutes après. Il m’a déposé au point de chute et de là j’ai pris un bus pour Agate. Le petit a pleuré durant le trajet mais il s’habituait déjà à moi et m’appelait tata Maine des fois. Je me suis rendue à une sorte de maison spirituelle que j’avais fréquenté quelques fois. J’y étais venue dans le passé quand je cherchais une meilleure vie. Sur place ils ont des guides et guérisseurs spirituels. Ils recueillent aussi des veuves et enfants démunis. J’ai confié le petit au guide qui m’avait suivi dans le passé en lui demandant d’en prendre soin pour moi parce qu’il n’a plus personne. Dix ans maintenant que je n’y ai pas remis pied pour éviter les problèmes. Je lui avais même remis un faux numéro parce que je ne comptais pas revenir. Je voulais éviter autant que possible les problèmes. Mais maintenant que je vais rencontrer Raissa face à face, je n’ai plus besoin de ça. Sa mère a quand même fait la prison même si ce n’était rien comparé à ce qu’on a vécu et les Adamou cherchent encore l’enfant j’imagine. Je n’ai plus eu de nouvelles les concernant deux mois après cette affaire. Je suis restée au service des Bouraima pour une année encore mais madame Astou n’est plus rentrée chez elle. On a juste appris qu’elle était partie avec Raissa et sa famille à l’étranger. J’ai quitté le service des Bouraima quand la nouvelle dame de maison, une belle fille de madame Astou m’a renversé le contenu de son verre dessus parce que je me suis trompée en lui donnant le poivre au lieu du sel. J’ai continué mon chemin de vie puis finalement j’ai atterri au Sénégal avec mon mari. C’est vrai que Farida ne m’a pas aidé quand elle s’en est sortie mais le petit n’y est pour rien. Il n’a pas à payer toute sa vie. 

D’amour, D’amitié