14: collateral damage

Write by Gioia

Belle Laré AW 


On dirait que des matins tranquilles c’est trop demander quand tu as des enfants. On arrive devant le collège Protestant avec tout le traffic qu’il y’a le matin et c’est maintenant que Elikem me demande d’attendre une minute. Elle passe en arrière et tape sur le capot pour que j’ouvre.


Belle: tu vas prendre quoi? Je demande tout en descendant 


Elikem: voi....là, tu me donnes un coup de main? elle dit satisfaite en sortant une chaise et table pliables 


Son amie Océane que j’ai pris ce matin avec sa mère lui prend la table des mains. Moi je suis juste sidérée. 


Belle: ma petite perle c’est le jour de rentrée pardon. Ne va pas commencer une autre histoire là-bas. Tu avais pris des bonnes résolutions le premier janvier non? Je dis sur un ton doux 


Elikem: justement. Mes résolutions commencent maintenant. Je prends mon destin en main.


Mally: alors! Ça va barder hein 


Belle: tu vas rentrer ta tête dans la voiture oui! Je gronde 


Il la rentre mais laisse son bras dehors pour faire un pouce en l’air à sa sœur. Un Geste qui fait rire les filles. 


Elikem: bon on est parti. Bonne journée à vous 


Aï: bye bye les filles, Elle crie fort 


Océane: à ce soir mamounette. 


Héloïse: d’accord ma puce. Au moindre souci....


Mally: oh y’aura pas de.....


Aïdara le sauve du coup que j’allais lui donner en bloquant sa bouche pour l’empêcher de continuer. Même pas huit ans et lui seul cumule tous les postes. Le bavard, taquin, bandit, impertinent. Des fois je me demande ce à quoi il carbure. 


Océane: tu t’inquiètes trop maman. Il ne va rien se passer. 


Héloïse: ok ok, file donc. 


Nous attendons qu’elles entrent dans l’établissement avant de démarrer. Je ne sais pas ce qu’Elikem a fait dans cette école pour que certains s’écartent sur son chemin comme la mer rouge devant Moïse. Ou c’est son statut de terminale, ou c’est Antoine qui a glissé des mots mais je ne comprends pas. Une petite qui aura dix-sept ans dans trois mois arrive avec des choses comme ça en main et personne ne l’arrête pour la questionner. 


En sept minutes nous sommes à la Fontaine, l’école primaire des derniers. Héloïse et moi sortons pour quelques secondes le temps de papoter vu qu’il reste encore dix minutes avant que la cloche ne sonne.


Héloïse: je ne cesserai jamais de te remercier Belle. Non seulement le général Tao m’a fourni un militaire qui veille sur nous mais en plus tu passes me prendre avec ma fille. Toi et tes amis vous êtes mes anges gardiens 


Belle: en tant que mère je ne pouvais pas me laver les mains de ton histoire.


Héloïse: tu pourras me passer le contact des Adamou pour que je leur adresse directement les remerciements s’il te plaît? 


J’hésite pour ça par contre donc je lui dis qu’on verra. Puis nous nous séparons sur ça. Farida et Tao sont très discrets comme couple. Et surtout ils recommencent à peine à s’ouvrir au reste du monde donc je ne veux pas faire une gaffe. Je me rends aussi à l’école américaine pour commencer ma journée de travail. Je me gare quand Eli m’appelle.


Belle: allô mon chef? 


Eli: tout va bien mon bijou? 


Belle: je t’ai dit qu’il n’oserait pas cet Innocent. 


Eli: you just never know with douchetards like him


(On ne sait jamais avec les enfoirés de son genre) 


Belle: wha....Douchetard? Je dis surpris. Après c’est pour me dire que Mally a appris ses mots de tes neveux 


Eli: come on il n’y a qu’avec toi que je parle comme ça. 


Belle: genre c’est moi qui aime les grossièretés quoi 


Eli: you know it, il dit avec humour 


Apparemment le monsieur est persuadé que c’est ça la poudre qu’il doit rajouter pendant qu’il me fait l’amour pour que je prenne mon pied sans retenue. Je ne sais pas qui lui a dit. En tout cas pas moi mais il signe même que c’est le semblant que je fais sinon qu’on se connaît entre nos quatre murs. 


Belle: en tout cas non, je suis arrivée en un morceau à l’école. Je m’apprêtais même à descendre 


Eli:  Aight, on lunch ensemble? 


Belle: tes phrases à toi vraiment, je dis amusée. Je finis à quatorze heures aujourd’hui 


Eli: je t’attendrai. 


Belle: ça marche. Later then 


Eli: yeah later hunny bun. 


Je rigole pendant tout en raccrochant. Mes surnoms sont kilométriques comme le bras depuis que je suis avec cet homme. 


Elikem Perla Xena Akueson 


Hors de question que je finisse ma terminale avec la moitié de mes cheveux au sol. Ce qui allait clairement arriver si je devais m’asseoir avec cet australopithèque qui se dit mon camarade de banc. J’ai longtemps songé à une solution durant les congés et c’est grand maman qui me l’a fourni. Elle le disait probablement pour rire mais c’est mal me connaître. Je me suis faufilée tard dans la nuit hier telle une voleuse pour mettre mon matériel dans la voiture de maman. J’ai déplié chaise puis table et je me suis installée dans le couloir juste à côté de mon banc régulier. Ceux qui veulent chuchoter y vont francho. Ceux qui veulent rire ne se gênent pas. Ceux qui veulent me regarder de travers ne se retiennent pas. Et moi je m’en fous totalement. Mon regard est fixé devant. J’attends mon vrai adversaire, M Kalepe, le prof principal qui nous dispense la physique Chimie. Celui qui a refusé de me changer de place comme quoi c’est sa classe et il décide. C’est lui que nous avions à la première heure aujourd’hui. Il entre avec son petit sac en cuir sous les bras, avance et revient sur ses pas. 


-Tout le monde peut s’asseoir! Akueson debout! Il gronde 


Je m’exécute pendant qu’il se rapproche.


-Tu te crois où? Il demande durement 


Elikem: en classe et prête à recevoir mon cours monsieur 


-Tu me sors rapidement tes petits jouets ici! 


Elikem: sauf votre respect ceci est une chaise et voici une table. Vous avez là ma place pour le reste de l’année. 


-Qu’est ce que tu as dit? 


Je me racle la gorge et recommence mais il me coupe en frappant fort sur ma table.


-Assez! C’est ton père qui t’a dit que c’est ta classe? Tu retournes rapidement à ta place sinon gare à toi 


Elikem: bien, Je dis puis reprends place sur ma chaise pliable 


Les murmures s’élèvent. Mais personne n’intervient. La veine sur le cou de M Kalepe est bien visible et tendue. Tant mieux pour sa gueule. 


-Tu veux me tester? C’est ça que tu veux faire? Il dit d’une voix menaçante 


Certains craquent déjà et essaient de me convaincre en mode, “Retourne seulement dans le banc”, “ça ne fait rien”. La team qui me tue c’est celle qui peste que je vais les mettre en retard sur le programme et encourage le prof à ne même pas me calculer. Pourtant j’en ai repéré quatre dans cette team qui sont abonnés aux notes minables dans cette matière. Ils font du lèche cul au prof tout ça parce qu’ils ont peur qu’il nous flanque une interro de dernière minute. Ce qu’il ne s’est pas gêné pour faire malgré que certains suppliaient. J’ai composé tranquillement mon truc. Le prof est sorti de classe après ça disant qu’il ne viendra pas se faire insulter ici par une gamine à peine sortie de ses couches. 


Les bruits commencent dès qu’il est loin de la classe. Le major essaie de m’amadouer quand un mec du groupe qui me tue m’attaque direct.


-Mais major tiens ta chienne en laisse non c’est comment! On ne me paie pas l’écolage pour que je vienne supporter les lubies d’une gosse de riche qui ne sait pas respecter un homme qui peut être son père! 


Je tourne délicatement la tête pour regarder celui qui m’a traité de chienne. 


Elikem: ah ouais? moi je croyais qu’on t’avait payé l’écolage pour que tu suces proprement les burnes du prof vu comment tu n’aimes pas les laisser respirer 


J’évite le truc qu’il me lance pendant que l’outrage s’entend dans les voix de certains. Ceux qui sont autour le retiennent pendant que le type crie qu’on le laisse me montrer la vie.


-arrête ton cinéma Koffi! C’est toi qui a commencé la provocation, le major lui crie 


-c’est quelle femmelette ça qui se permet de défendre une large bouche. Une fille à côté du Koffi en question dit. Une fille qui est supposée être sa copine de ce que j’en sais.


Je mets la main sur l’épaule du major Alain Bikindi pour qu’il ne se dérange pas. Quand il s’agit de me défendre je n’ai pas besoin de soutien pour ça. Ce qu’ils croient être je suis le double de ça. Tu ne traînes pas avec quelqu’un Romelio sans te durcir. Avec lui c’est répliquer ou pleurer. Depuis l’enfance qu’on se traite comme deux phacochères dans l’enclos selon maman. On a déjà fait le tour de toutes les grossièretés ici bas. Et puis la fille a répondu en mina et le pauvre Alain rwandais de père et mère se défend un peu un peu avec notre langue même s’il vit à Lomé depuis cinq ans. Nous faisons la même classe depuis la troisième. 


Elikem: bah tu sais pas toi que c’est un must une large bouge quand ton mec en a une énorme.....oh sorry j’avais oublié qu’on ne gère pas les mêmes outils. 


-Sale pute, les deux sifflent de concert 


Elikem: Franchement? Un gosier pareil et c’est juste ça que tu peux sortir de là Koffi? Je suis déçue 


Alain: Elikem...., il dit sur un ton conciliant 


Elikem: bah quoi? 


-En fait tu montres ton vrai visage après toutes ses années. Toujours à serrer la mine genre tu es au dessus de tout le monde mais une meuf au trou béant c’est ce que tu es, le mec dit sur un ton condescendant 


Elikem: Mais faut pas le prendre comme ça voyons. À côté tu as une bien serrée pour ta queue taille XS et j’ai ma monture pour mon cratère juste ici. À chacun ses goûts ici bas hein no stress. 


 Un rire rauque résonne derrière nous pendant qu’Alain me tire et chuchote dans mon oreille d’arrêter que c’est bon. Je me retourne et vois que le rire venait du mastodonte qui miracle! a fermé ses jambes cette fois. Ma révolution est finie. 


Cedric Asamoah


(Monologue en anglais. Aucune envie de traduire) 


Manquait plus qu’elle demande à l’autre imbécile s’il voulait un tutoriel sur comment enculer. J’allais me rouler au sol. Jamais de ma vie je n’ai entendu de telles obscénités venir d’une fille. Le pire c’est qu’elle l’a dit avec un mélange d’ironie et de dérision qui a provoqué un fou rire chez moi. Pourtant je n’écoutais en rien leur échange au début. Le professeur est revenu en classe suivi du Directeur à ce moment là. Ils sont repartis avec elle. Fallait voir ceux avec qui elle échangeait tantôt jubiler comme s’ils venaient de prendre le meilleur gibier à la chasse. Je ne prête attention à personne dans cette classe hormis Alain qui a forcé l’amitié avec moi. Mais si mes maigres souvenirs ne me font pas défaut je crois bien que certains parmi ce groupe n’alignent que des sales notes depuis la rentrée. 


Elle est revenue en classe en sifflotant et derrière elle le professeur de physique avait l’air plus que vexé. Pour la première fois que je suis dans cette classe, la curiosité me démange au point que j’ai envie de lui demander comment ça s’est passé. Mais il faudra me tuer pour que je fasse ça. À la récré je sors en solo comme d’hab. Alain hèle mon nom et je l’attends. 


Alain: je sais que tu n’aimes pas la compagnie mais pardon personne ne veut me laisser respirer depuis les petites révélations d’Elikem 


(Dialogue en français) 


Cedric: Elikem? 


Alain: Heuh oui. 


Cedric: c’est qui? 


Il s’arrête en pleine marche et me regarde comme si j’ai deux têtes. 


Alain: c’est une blague? 


Cedric: j’ai l’air de faire la blague? 


Alain: Ta camarade de banc gars? Toi aussi hein. 


Cedric: oh ok. 


Alain: attend tu croyais qu’elle s’appelait comment depuis tout ce temps? Tu nous a quand même entendu l’appeler un tas de fois non? 


Cedric: j’écoute pas les choses inutiles 


Alain: lol à cette allure vous allez finir l’année sans vous adresser un mot. 


Cedric: hum 


Alain: j’espère surtout la finir sans que cette rumeur se propage.


Cedric: hum 


Alain: dis déjà que je t’ennuie 


Cedric: tu m’ennuies 


Alain: en général on s’attend à l’inverse lorsqu’on sort cette phrase. 


Cedric: raconte donc, je dis en souriant 


Alain: les gars n’arrêtent pas de venir me demander si elle est vraiment large, comment elle gémit, bref des trucs totalement insensés. En sortant tout à l’heure Y’a même une fille que j’ai surpris entrain d’observer  mon entrejambe puis elle a détalé quand nos regards se sont croisés. 


Là je ris de bon cœur. Un passant pourrait même croire que je suis content. 


Alain: ce n’est absolument pas drôle. Je n’ai jamais dragué Elikem. En plus je déteste les rumeurs.  


Cedric: drague la alors. 


Alain: hein? Il demande surpris 


Cedric: tu dragues et confirmes la chose. Comme ça tu ne mourras pas bête 


Alain: lol et en plus tu ne blagues pas. Je ne vais jamais marcher sur les plates-bandes du chef Tchaa 


Cedric: qui ça? 


Il me pointe un mec qui a ses bras sur les épaules de deux filles dont l’une Elikem. 


Alain: nous faisons la même classe depuis la troisième et ils sont toujours collés. Personne n’ose s’approcher d’Elikem par peur que le chef lui démonte la mâchoire s’il déconne. 


Je jauge le fameux chef. Je suis un poil plus élancé que lui mais on a probablement une masse musculaire semblable.


Cedric: faut porter tes couilles si tu veux qu’elle te les suce 


Alain: pardon hein la vulgarité, il dit avec un air de dégoût 


Cedric: le genre qu’elle est ne va pas te sucer si tu ne portes pas au niveau de sa bouche. 


Alain: en plus tu continues 


Cedric: lol c’est comme ça que ta future copine parle.


Alain: future copine mon œil ouais. 


Cedric: Elle a dit qu’elle en a une large pour toi oh bro, je dis sur un ton amusé 


Alain: clairement c’est toi qui aime cette façon de parler donc tu attends quoi pour te lancer? Vous êtes voisins de banc en plus. Ou tu as peur? Il demande sur le même ton 


Cedric: peur de qui? Un garçon comme moi? 


Alain: lol genre tu es trop Hulk quoi 


Cedric: Elle a vilain fesse. Je ne suis pas intéressé par vilain fesse. 


Il éclate de rire et frappe mon dos. Je n’aime pas être touché mais bon, j’ai compris depuis un moment qu’il est tactile comme gars. 


Alain: Tu déconnes, elle a une très jolie paire et en plus des cuisses bien fermes. Tu l’as vu dans son cycliste au sport? 


Cedric: c’est pas beaucoup de fesse pour moi et les mollets sont durs. 


Il éclate de rire et me frappe encore. Si je lui retourne maintenant il va s’écrouler.


Alain: donc tu regardes


Cedric: pas le choix vu qu’elle ne garde pas ses pieds tranquilles dans le banc. Toi tu regardes vrai vrai donc faut te lancer. Si le chef dérange tu me dis


Alain: lol ah non. Pas ça. Je regarde seulement des fois pour regarder. 


Il continue le bavardage et je reste dans mon mutisme. Plus rien à rajouter sur le sujet de toute façon. Je souris une dernière fois quand même lorsque je me rappelle de sa répartie. Je sens déjà qu’elle va beaucoup m’énerver. Vivement la fin de cette année que je déguerpisse de ce trou à rat. 


Océane Ajavon 


Trois jours que l’école a repris et tout se passe bien. Maman se détend un petit peu mais les règles restent pareilles. Je n’ai pas à trop me plaindre. Hormis le fait que je n’ai pas mis pied dehors pour faire une activité en dehors de l’école, je suis tout le temps avec Elikem les matins et soirs. C’est sa mère qui passe nous chercher et nous dépose aussi. Tôt ou tard il nous faudra bien prendre notre autonomie parce qu’on ne va pas dépendre d’eux donc je pense de plus en plus à lui proposer d’acheter une voiture. J’allais écrire à Romelio pour qu’il me conseille sur le sujet quand le surveillant général est entré dans notre classe et m’a demandé de le suivre. 


Je me suis levée un peu surprise et apeurée parce que ce n’est pas tous les jours que le SG lui même vient te chercher. J’ai séché beaucoup de cours le premier trimestre et juste réussi avec onze de moyenne donc je m’y attendais. Je me prépare mentalement une défense de béton quand il me conduit au bureau du vice directeur. Mon cœur s’effondre davantage. Je risque probablement gros. Il ouvre la porte et je trouve ni plus ni moins que papa dans le bureau. Ma respiration s’accélère. Je me tourne pour partir mais le SG est devant la porte.


Océane: je vais crier! Je dis tremblante 


Innocent: ma puce je veux juste te parler 


Océane: laissez-moi passer sinon j’hurle! 


-Océane ton père veut simplement te voir. Après tout ce temps tu peux quand même lui permettre quelques minutes, Le vice directeur d’une voix apaisante


Océane: donc c’est ce genre d’ordure que tu es papa?


-Un père ça se respecte, tu surveilles ton langage! Le SG me dit sèchement 


Océane: mêlez-vous de vos affaires! Vous ne savez rien de nos vies! Je réponds avec la même intensité 


-Calmons-nous et essayons d’agir avec civilité, reprend posément le vice directeur. 


Océane: agir avec quelle civilité quand vous me faites sortir de cours en complot avec mon père? 


-les cours t’intéressaient autant quand tu séchais comme bon te semble le trimestre passé? Le SG dit 


Océane: c’est ce qui vous autorise à user de malice pour me faire venir ici? Punissez moi alors pour mes fautes passées et laissez moi sortir! 


Innocent: Annie je.....


Océane: Non! Tu....tu n’as pas le droit.....pas le droit de dire ce nom après m’avoir regardé dans les yeux et menti sur ma mère. Pas une, deux mais plusieurs fois! Tu m’as pris dans tes bras et vendu avec émotion ton tissu de mensonges! 


Mon souffle est saccadé à la fin de ma diatribe. Je me rends compte aussi que nous sommes seuls. Je tiens la poignée mais elle est verrouillée. Je me bats avec et cogne fort la porte. Des bras m’entourent le torse. Je me débat mais il ne me laisse pas. Je glisse au sol et lui aussi. 


Innocent: je te jure que je n’avais aucune intention de te faire mal ma puce. Absolument aucune. Tout ce que je voulais c’était...c’était de donner une meilleure vie. 


Océane: donc elle devait souffrir pour ça? Elle c’était ton mouton sacrificiel c’est ça? 


Je fonds en larmes quand je croise son regard rempli de douleur. Ses yeux sont vitreux et ses joues creuses. Il a l’air d’un zombie et tout d’un coup fait plus que ses quarante ans. 


Innocent: J’ai....j’ai aimé ta mère tu sais. C’est bien la seule femme que j’ai aimé. Mais celle que j’ai aimé plus qu’elle c’est toi. Et pour toi j’étais et suis toujours prêt à tout. C’est vrai que j’ai été cruel avec elle mais je n’avais pas le choix. C’était ça ou perdre l’opportunité de te donner une vie meilleure. Je ne partais pas aux États Unis avec l’idée d’abandonner ta mère. C’est bien pour cette raison que je me suis battu afin qu’elle me rejoigne. J’ai fait croire à ta mère que j’étais parti grâce à la loterie Visa mais en réalité c’est ma sœur, tante Veronique qui m’a fait venir par une de ses amies. La femme que j’ai épousé. Tout ce que je voulais c’était la green Card puis la citoyenneté. Elle avait déjà des enfants cette femme de toute façon et elle était plus âgée que moi. Tout ce qu’elle cherchait c’était un homme comme mari. Ma sœur m’a dit qu’elle était tombée sous mon charme en voyant mes photos et je....je ne pouvais pas laisser l’occasion passer. Seulement je savais aussi que ta mère m’aurait quitté si elle était courant. J’ai donc fait le mieux que je pouvais dans ma situation. Sauf que ta mère s’est mis à fouiner jusqu’à débarquer chez ma femme. Depuis le jour là les choses ont dérapé 


Océane: menteur! Tu l’as dénoncé à l’immigration pour qu’on me retire à elle. Je sais déjà tout 


Innocent: quoi? Mais jamais je n’aurais fait ça ma puce je te....


Océane: fiche moi la paix sale menteur! Je crie tout en me débattant encore 


Il me maintient toujours et cette fois je l’entends pleurer. Toute la rage me reste en gorge mais mes forces me quittent. Il pleure avec tant de peine.


Innocent: Je ne suis pas le parfait papa que tu croyais j’admets mais je n’aurais pas été jusque là.


Océane: c’est qui alors? Parce que maman a bien dit qu’on est venu la chercher au travail et une fois qu’ils l’ont escorté à la maison je n’étais pas là. 


Innocent: je t’ai trouvé chez ma sœur à ma visite suivante. Elle m’a dit que ta mère t’avait laissé il y’avait trois jours de ça avec la copine d’un de mes amis. On a cherché Héloïse en vain. J’ai appris plus tard par des amis qu’elle était à Lomé. J’ai conclu qu’elle avait fait une gaffe et s’était fait prendre. Je me suis concentré sur toi pour te donner la vie que tu méritais. J’ai travaillé d’arrache-pied, mis de l’argent de côté, étudié et quand j’avais assez d’économies j’ai demandé le divorce et nous sommes rentrés tous les deux.


Océane: et me mentir c’était pourquoi? Pourquoi tu la savais dans ce pays et jamais tu n’as essayé de la rencontrer? Elle n’avait pas assez souffert c’est ça? Je crie en colère 


Innocent: Elle allait te monter contre moi comme elle fait maintenant. Elle me haïssait de trop pour me donner une chance d’expliquer.


Océane: et tu l’as mérité! Tu as mérité chacune des insultes qu’elle t’a crié! Tu as mérité bien pire que ça. Tu as mérité qu’elle casse ta voiture. Tu es cruel, méchant, mauvais. 


Il ne fait que m’observer comme s’il me laissait sortir de moi toute la rancoeur que je gardais et je me donne à cœur joie. Puis le plaisir malsain se transforme en pitié. J’ai pitié de lui, de moi, de nous.


Innocent: tu as tous les droits de m’en vouloir mais sache que jamais je ne cesserai de t’aimer. J’ai fait une grave erreur mais Tu as été la seule motivation de ma vie. Jusqu’à présent tu restes mon unique motivation. Si j’ai travaillé si dur et amassé tout cet argent ce n’est que pour toi. Je regrette tes larmes mais pas d’avoir essayé d’offrir à ma fille une vie meilleure que la mienne. Je serais là, prêt à te recevoir quand tu voudras me voir. Tu connais mon numéro. Tu sais où se trouve la maison. Prends tout le temps qu’il te faut Annie. Je t’aime. 


Il m’effleure le front de ses lèvres puis se lève. Je fais pareil et je cogne encore la porte qui s’ouvre cette fois. Je quitte plus vite qu’une mouche qui vole. Je cours vers une vendeuse d’eau pour m’en acheter et me nettoyer le visage. Mes yeux sont tellement bouffis que je n’ai aucun mensonge plausible à donner à Romelio pour expliquer ça. Je lui raconte donc tout ce qui s’est passé et lui aussi se donne à joie dans les insultes. Sauf que moi je n’y arrive plus. Je n’ai plus cette envie d’insulter mon père. 


Innocent Ajavon 


Je vais directement chez ma sœur après ma visite à l’école de ma fille. J’entre en fracas au salon et me mets à crier ma rage.


Innocent: qu’est ce que tu m’as dit quand on était aux États Unis? 


Vero: quand ça? Il y’a deux ans là? 


Innocent: je te parle de quand j’ai trouvé ma fille chez toi! 


Vero: tu baisses d’un ton sur le champ hein innocent. Je ne suis pas chez toi! 


Innocent: répond moi avant que je ne perde la raison et presse mes doigts sur ton cou de dindon! 


Vero: Mais fais donc Inno! Viens faire que je vois imbécile! Ingrat comme ça. Je ne t’avais pas dit de laisser cette Héloïse à Lomé? Tu croyais mon amie bête ou bien? Tu étais quel genre d’homme dans ton couple et cette gamine a osé aller chez mon amie? En plus je te sauve la mise et tu viens ici crier gningnin que tu vas m’étrangler. Étrangle moi un peu et tu verras! 


Innocent: qu’est ce que tu as fait Véronique! Je crie en poussant son vase. 


Il se brise en tombant ce qui la fait sursauter. Sa voix tremblote quand elle se met à parler 


Vero: pardon oh Inno toi même tu sais que je suis ta grande sœur. 


Innocent: je ne vais pas me répéter! 


Vero: yeee, Elle dit en courant se cacher derrière le divan. J’ai donné de l’argent à une des copines de ton amie pour qu’elle me ramène la petite pendant qu’Héloïse était au travail. Mais c’est seulement pour toi que j’ai fait ça woh Inno. Breeana (l’ex) commençait à me questionner sur Héloïse. Je ne sais pas comment elle a su que ta copine avait accouché. J’ai dû mentir avec beaucoup de justesse pour qu’elle me croit et c’est seulement parce qu’elle avait confiance en moi sinon elle voulait te dénoncer à ICE (office d’immigration) que tu l’as épousé pour les papiers. Toi même tu sais comment les américains ne rigolent pas avec ça. 


Innocent: et tu m’as raconté que tu ne savais pas où était Héloïse?


Vero: mais mon frère toi même tu n’as pas cherché vrai....


Innocent: et puis après? Je gueule en sortant les coussins de son fauteuil pour lui lancer 


Vero: Yesouuu! Innocent pense à nos parents dans l’au-delà hein, elle pleurniche accroupie derrière le divan. C’est quand même grâce à moi que tu as pu jouir des bienfaits de Breeanna jusqu’à revenir ici et être directeur de Cim Togo non. En plus ta fille est américaine. On ne fait pas d’omelette sans casser d’oeufs. 


Innocent: tu es mauvaise Véronique! Tu vois tout ce que tu as déclenché parce que tu ne pouvais pas te taire avec cette stupide et fausse menace que j’ai tué Héloïse? Tu vois comment tu as mis Océane sur la piste? Tu vois comment tu m’as poussé à emmener une connasse qui ne sait même pas jouer correctement un rôle mais se dit actrice tout ça pour calmer ma fille? 


Vero: mais et toi qui ne voulait pas me donner le terrain? Toi même tu sais que je disais ça seulement pour t’effrayer un peu. Je ne savais pas que ça allait finir comme ça hein l’enfant de ma mère. 


Innocent: je vais te finir si jamais ma fille ne me pardonne pas! 



Germaine SANI 


Je n’étais pas trop sûr de comment procéder pour l’enfant de Farida. Surtout que je ne veux pas qu’on remonte à moi. La dernière chose dont j’ai besoin c’est d’avoir les Adamou à mes trousses. Comme je ne peux pas me déplacer pour le moment parce que mon mari n’acceptera pas j’ai quand même appelé le guide spirituel avec une puce que j’ai acheté aujourd’hui. 


-Hello? Une voix féminine dit 


Germaine: Ermm....hello.......Gbesela est là? Je demande en français. L’anglais je ne maîtrise pas. Le guide spirituel parle l’ewe du Ghana que je comprends un petit

peu comme je suis de Togoville. 


-Who’s that? (Qui est-ce?) 


Germaine: Gbesela c’est lui je cherche. Celui qui écoute les esprits, je traduis en mina


La personne a tout bonnement raccroché. J’ai réessayé sans succès. Une semaine plus tard je ne savais toujours pas quoi faire. Je me suis finalement rappelée que mon frère aîné et moi on avait emmené ma sœur, la mère d’Arthur là-bas au temps où elle cherchait à enfanter sans succès. Je l’ai donc contacté et c’est lui qui m’a remis le numéro du Gbesela que lui connaît. Personne ne connaît vraiment leurs noms. On les appelle tous comme ça mais étrangement eux savent qui est affilié à qui bien qu’une foule importante de personnes les visite par an. J’ai donc contacté celui vers qui mon frère m’a dirigé. 


Germaine: bonjour Gbesela. Je suis la sœur d’Hector Sodji. J’étais venue avec...


-Merveille qui cherchait l’enfant il y’a quatorze ans hein. 


Germaine: c’est exactement ça. Je ne sais pas si vous avez les nouvelles du guide qui me suivait personnellement à l’époque 


-Oh Le Seigneur l’a rappelé à ses côtés il y’a dix ans de ça. 


Germaine: oh mes condoléances. Et ceux qu’il suivait? Il n’avait pas un enfant dont il était en charge? 


-Ah je ne suis pas sûr. Je vais vérifier avec celui qui l’a remplacé. Il peut vous rappeler sur ce numéro? 


Germaine: je vais moi même rappeler. Envoyez seulement un message lorsque vous serez prêt. 


-Faisons comme ça dans ce cas. 



Trois jours plus tard il l’a fait et j’ai appelé directement.


-Bon on a pas trouvé d’enfant dont il devait s’occuper hein madame Sodji


Germaine: comment ça? Ce n’est pas possible. J’ai moi même vu qu’il avait un enfant avec lui à ma dernière visite, je dis le cœur battant 


-Ah il y’a dix ans, quelques enfants ici ont été adoptés. Probablement qu’il était dans le lot 


Germaine: vous faites adopter les orphelins seulement comme ça? Mais quelle loi le permet? 


-Ça nous arrive oui surtout si les esprits nous autorisent après demande d’un couple. Comme certains viennent souvent ici pour chercher les enfants, c’est une possibilité 


J’allais lui crier que ce n’est absolument pas normal. Mais je me suis vite ressaisie puis je l’ai remercié et raccroché. J’ai ensuite découpé la puce que j’ai jeté. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Le destin probablement ne voulait pas que cet enfant revienne. Peut-être qu’il allait souffrir avec les Adamou raison pour laquelle l’idée ne m’est jamais venue de vérifier. Avec de la chance ils l’ont pris quand il était encore tout petit et il ne se rappellera pas de sa vie à Lomé. À cet âge on ne garde pas de souvenirs je crois. Je prie aussi qu’ils soient avec des gens qui l’ont pris vont bien s’en occuper. Ça me ferait mal qu’il soit maltraité parce qu’il n’y est pour rien. Simplement un dommage collatéral à cause des Bouraima. À l’époque j’avais besoin d’agir. Je devais faire quelque chose pour sortir cette rage de moi. Pour aller mieux. Toute personne dans mon cas aurait fait pareil. Surtout si elle avait vécu ce que madame Astou nous a fait vivre dans cette maison. Lui aussi a sa deuxième chance quelque part. Peut-être même meilleure que ce qu’il aurait eu avec les Adamou. Qu’il en profite. Moi aussi je saisis la mienne à deux mains. 


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