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Write by Lilly Rose AGNOURET
16-
Cette nuit-là, couchée sur mon
lit, je reste là les yeux fixés au plafond. Je ne sais quoi penser de cette
journée. Et je suis troublée par l'annonce de Pupuce. À quel moment a t-elle
décidé d'aller étudier en France ? Jamais elle n'en a parlé.
Je suis là, en silence quand
madame arrive dans la chambre. Elle porte une chemise de nuit qui étouffe son
gros ventre.
"Je pensais que tu
dormais déjà."
"Non, je réfléchis."
"Dis plutôt que tu penses
à Miro, oui"
"Et si c'est le cas, je
ne vois pas où est le problème."
"Tu rêves vraiment ma
belle si tu penses que ses parents vont laisser votre histoire empêcher leur
fils de réaliser ses rêves."
"Ça veut dire quoi,
Pupuce?"
"Ça veut dire qu'ils te
tolèrent simplement parce qu'ils sont basés au Gabon en ce moment. L'an
prochain, ils seront dans un autre pays. Et ils ne vont sûrement pas t'emmener
dans leurs bagages."
"Je comprends mieux
pourquoi tu es tombée dans les bras de Peter, ma chère. Vous êtes tous les deux
des imbéciles."
Je me lève du lit et prends la
couverture avec moi. Je vais dormir dans le salon. Je pense que je ne pourrai
pas supporter cette nuit, ni les pleurnicheries de ma sœur, ni sa mauvaise
langue. Je suis vannée. Il faut que je garde l'esprit positif pour la suite.
J'envoie un whatsapp avant de
m'endormir.
"Je T''M"
Et je m'endors en ayant la
sensation que cette année, jamais je ne l'oublierai.
Deux semaines plus tard.
J'ai l'impression que maman a
un enfant de plus dans la maison.
En fait, depuis ce fameux
dimanche que personne n'arrive à oublié, monsieur Peter a du mal à rentrer chez
lui après les cours. De fait, il vient manger tous les jours à la maison en
sortant de Raponda. Donc, quand madame ma sœur arrive à la maison, elle rajoute
une assiette à table pour monsieur mon bof. Il est pile à l'heure13h. Il mange
tranquille et ensuite, retour en cours. Les deux fois où il n'est pas venu à
13h, il était là à 17h. Je pense que la nourriture de ma mère est tellement
bonne, qu'il a dû mal à répondre non aux "invitations" faites par ma
sœur.
Il mange et se rempli bien la
panse. Pourtant ses attentions vis-à-vis de ma sœur n'ont pas très
significatives. Monsieur sort avec Belinda en ce moment. Elle est en 3ème au
collège évangélique. C'est la cousine de Suzanne, une de mes amies de classe.
Je l'ai appris il y a quelques jours. Parait que Belinda raconte à tout le
monde que c'est elle LA TITULAIRE de Peter et que les autres sont des
passe-temps. Bref, j'ai partagé l'info avec Julien. Il m'a répondu :
"Sans blague! Mais moi,
je viens d'apprendre que Peter est avec Shanty, tu sais celle qui rendait Spyke
complètement dingue. Eh ben,figure-toi, que tout le monde les a vus, ou je
devrai dire, entendus faire l'amour dans les toilettes au Gymnase Total après
le match, mercredi dernier. L'affaire a même dégénérée. Il y avait une certaine
Chanice qui elle aussi est une autre des titulaires de ton beau-frère. Elles se
sont franchement rentrées dedans après le match. Les gens ont dû les séparer.
"
"Sans blague, Julien! Tu
rigoles."
"Je te dis que ma source
est fiable. Ton bof là, pardon. Je préfère me taire. Je ne sais pas ce que ta
sœur est partie chercher dedans."
"Tu ferais mieux de ne
pas te poser cette question. Jamais tu n'auras de réponse."
"En tout cas, quand on
parle du loup...monsieur arrive manger. Maman ne s'est pas rendu compte que sa
cuisine est devenue celle des restos du cœur."
"Oh, Julien! Comment
peux-tu dire des choses pareilles!"
"Je le dis parce qu'il ne
manque plus que le type emmène sa valise et s'installe dans ta chambre et
t'oblige à dormir au salon. Je m'en vais faire un tour. Ce type me sors par les
oreilles."
Sur ce, Julien s'en va en
évitant soigneusement Peter qu'il croise au portail.
"Comment va la belle
Tania?", ma fait Peter en me donnant une tape dans le dos.
Depuis quand suis-je devenue
sa potesse!?
"La belle Tania va bien.
Attends, je vais chercher ta chérie. Moi, je vous abandonne. Je vais voir mon
père."
Je vais chercher Pupuce qui
est en train de lire dans la chambre. Elle arrive avec un large sourire au
visage. Je ne m'occupe plus du reste. J'ai rendez-vous avec Magloire
Akendengue, mon cher et tendre père. En chemin, je fais ma prière. J'aimerais
le trouver sobre en arrivant là-bas.
Il habite du côté du quartier
Pavé centre social. Je me tape la route à pince car depuis l'année dernière,
j'économise sur l'argent du taxi que mon père nous donne chaque mois. Je veux
avoir une somme assez conséquente au moment où il faudra faire le bon choix
pour mon avenir. Je me suis renseignée sur les études au Ghana et en Afrique du
Sud. Je sais combien cela peut coûter. Il faut simplement que quelqu'un de bon
cœur, maman ou papa, décide de me suivre dans mon délire. Il faut que je sorte
du Gabon. Il est hors de question que je reste ici pour mes études. Je ne me
vois pas atterrir à l’université des sciences et techniques de Masuku, pour y
aller perdre mon temps. Trop de grèves dans l'enseignement tuent les espoirs
des jeunes.
Je veux faire des études
d'ingénierie. Je veux avoir mon diplôme et être bilingue pour entrer sans
problème dans le secteur pétrolier à Port-Gentil.
Une fois que j'aurais mon
premier emploi, j'envoie ma mère à auto-école et je lui paie une voiture. Ensuite,
je retape la maison dans laquelle nous habitons. C'est la maison que lui a
laissé feu notre grand-père.
J'ai des projets plein la tête
et celui qui est là-haut dans le ciel va m'aider pour les réaliser.
Je suis obligée d'enlever mes
chaussures en empruntant le chemin boueux qui me mène vers la maison de mon
père. Il s'agit d'une petite maison en dur dont la peinture aux murs à besoin
d'être rafraîchie.
Je cogne à la porte d'entrée.
Le paternel me crie d'entrer.
Je le trouve assis dans le
salon. Il semble bien calme et sourit en me voyant entrer.
"Comme vas-tu, ma
fille?"
"Je vais bien papa. Et
toi."
"Ça va très bien. Comme
tu vois, je suis en forme, je suis propre et je n'ai pas bu."
"Je vois ça, le boss. Je
suis contente pour toi. Mais, samedi je viendrai faire un peu de ménage dans
cette maison. Y a trop de désordre, le vieux!"
"Ah laisse! J'ai chassé
la fille qui était là avec moi. Tout ce qu'elle voulait, c'est seulement le
lit, le lit, le lit. Incapable de tenir une maison."
"Mais sinon, le vieux, je
ne suis pas venue t'écouter me raconter tes aventures au lit, où bien."
"Hummm! Mes
filles...toujours en train de faire semblant d'être choquées quand on parle de
sexe et après, ça nous arrive là-bas avec des grossesses !"
"Oh, papa! Arrête un peu!
Ne mélange pas tout. Je ne vais pas venir raconter mes petites histoires avec
toi, ou bien."
"Pardon, tu vas me rendre
sourd avec tout ton français-là. Je sais que je peux compter sur toi. Tu as la
tête sur les épaules. Celle de ta sœur voyage un peu trop entre mars et la
lune."
"Bon, sinon elle te dis
bonjour."
"Arrête de mentir, ma
fille. Ça ne te réussit pas. Cette fille-là et moi, on se rencontre en route.
Elle change de trottoir parce qu'elle a honte de moi."
"Oh! C'est quoi cette
histoire? J'étais pas au courant."
"Ça ne date pas d'hier.
Toi quand tu me rencontres en route, même si je suis bourré comme pas la peine,
tu ne peux pas passer sans t'inquiéter. Elle, elle trace sa route. Je n'en
parle pas parce que je ne veux pas me plaindre."
"Ah, le boss, je suis
désolée. Je ne savais pas que ça se passe comme ça entre vous. Tu aurais dû me
le dire depuis."
"Ah, elle a son père
Mbeng, qui est à Total et qui roule dans une grande Mitsubishi Pajero. Moi, je
suis dans ma vieille Toyota Corrola. Qui me remarque? Personne."
"Ah, le boss, tu sais que
tu es mon cœur! Pour rien au monde je ne t'échangerai."
"Y a que toi, pour me
considérer, y a que toi."
"Mais toi-même tu sais
que toi et moi c'est l'eau dans l'eau. Tu es l'amour de ma vie, papoumet!"
"Hummmm! La fille que
Dieu m'a donnée, là, elle sait baratiner les gens!" me fait-il en
souriant.
Je suis heureuse de le voir
rire. Un peu plus et il sombrait dans la déprime en me racontant le traitement
que lui inflige Pupuce.
"Bon, Tania Akendengué,
je t'ai appelé pour t'annoncer une bonne nouvelle."
"Monsieur Akendengué, parle
; je t'écoute."
"Aujourd'hui, ça fait 4
mois que je n'ai pas bu une goutte d'alcool. J compte les jours. Je me sens
mieux, tu sais."
"Mais, je vois ça le
boss. Félicitations ! Je suis contente pour toi. Tiens le coup cette fois, s'il
te plaît !"
"Ça ira, ça ira. Je te
promets que ça ira. Voir moins