17: gotta go my own way

Write by Gioia

Martin Sani 


Les mois se sont écoulés et je n’ai toujours pas de nouvelles concrètes de Gaëtan. Heureusement je n’ai pas mis la charrue avant les bœufs en courant pour partager l’information avec Mireille. Impatiente comme je la connais elle m’aurait pris la tête du matin au soir et probablement campé devant la maison de mon cousin. Germaine n’est pas comme ça. Elle me fait confiance en tout et une des raisons pour lesquelles c’est avec elle que je suis venu à Dakar. Et bon l’autre étant qu’on a que George ensemble. S’occuper d’un enfant est plus simple que quatre. Surtout que Georges en a dix-huit alors que mon  aîné avec Mireille n’a que neuf ans. En apparence ma vie semble compliquée mais l’histoire est plutôt simple. J’ai connu Germaine avant Mireille. À cette époque nous vivions dans le même quartier. Une misère qui n’a pas son nom et dans laquelle je ne retournerai plus jamais. Vaut mieux mourir. J’étais cordonnier comme mon père et la plupart de mes frères. Germaine assistait sa mère, une vendeuse de jus et d’eau glacée à la maison. En quelques visites chez eux pour les achats, elle a accroché mon regard. Je lui ai fait part de mon intérêt qu’elle a retourné puis nous avons doucement commencé. Comme la plupart des jeunes en début de vingtaine, je nous voyais joindre nos forces pour sortir de cette misère, fonder une famille et aboutir à l’épanouissement. Sauf que son père est décédé durant la première année de notre relation et on l’a confié aux Bouraima avec l’idée qu’ils la mettraient dans une formation en contrepartie du travail de domestique qu’elle ferait chez eux. À l’époque je ne détenais pas cette information. Un beau matin je me suis pointé chez eux avec le prétexte d’acheter du glaçon et j’ai simplement appris par une de ses petites sœurs que Germaine n’était plus là sans aucune information plus concrète. J’ai traîné le cœur brisé pendant quelques mois jusqu’à ce qu’une porte s’ouvre également pour moi. Un grand cousin qui venait d’ouvrir une quincaillerie à Bobo a proposé que je vienne vivre chez lui afin de tenir sa maison lorsqu’il serait en déplacement. J’ai léché ses bottes autant que nécessaire et quatre ans plus tard il finançait mon BTS en comptabilité. Je me suis pris en charge pour arriver jusqu’au master 1. Trois ans plus tard, je décide de retourner à Lomé avec des diplômes et l’expérience nécessaire. Je rencontre Mireille en cherchant du travail. Un petit bout de femme, caissière dans un supermarché. Elle aussi avait accroché mon regard mais je me suis contenté de regarder sans rien essayer. Sauf que deux semaines je la revois en compagnie d’un homme âgé cette fois qui me dit après salutations qu’à la fin du mois je serais embauché chez Telecel. Je n’avais pas postulé chez la compagnie téléphonique. Même si je ne le croyais pas vraiment, j’ai quand même vérifié dans les journaux à l’époque et aucune offre en comptabilité n’était affichée. C’était même devenu un prétexte pour retourner au supermarché et taquiner Mireille avec les dons de voyance de son père. 


Trois bois avant la fin du mois, je sauve in extremis une femme enceinte qui tombe de moto quand le conducteur cogne le côté gauche d’une voiture. J’emmène la femme à l’hôpital et paie la consultation avec le peu que j’ai sur moi. Dieu merci, elle et son enfant s’en sortent. Son mari plus qu’ému insiste pour me récompenser. Je lui explique que je suis en recherche d’emploi dans le domaine comptable. Il m’annonce qu’il quitte son poste de commis comptable chez Telecel pour rejoindre une autre boîte. Les choses se font si rapidement que j’ai l’impression de rêver. Il me donne toutes les informations nécessaires et me coach pour que j’arrive à passer l’interview. La folie de la chose me fait appeler Mireille et crier comme un fou. Elle se moque de moi. C’était le début officiel de notre histoire. Elle m’apprendra par la suite que son père a des dons de voyance. Et le monsieur lui même me dira que le destin de sa fille et le mien sont liés. Une vision qu’il avait eu pour elle depuis son enfance et maintenant elle s’accomplit. Ensemble nous ferons de grandes choses mais séparés nos vies seront détruites. Et je peux confirmer que depuis le début de notre relation, je n’ai jamais reculé professionnellement. 


Entre temps je rencontre par hasard une sœur de Germaine lorsqu’elle passe chez Telecel pour l’achat d’une puce. Elle m’apprend que Germaine a découvert sa grossesse un peu après avoir rejoint la maison des Bouraima. Elle a pu la vivre cachée pour un moment mais s’est fait renvoyée quand on l’a découvert. Après l’accouchement, elle a remis le petit à sa sœur puis elle est retournée travailler dans ladite maison afin de subvenir à ses besoins. Un garçon de dix ans. Une paternité que les miens avaient refusé à l’époque il parait et personne n’a eu la brillante idée de m’en informer quand j’étais à Bobo. Même si doute il y’avait, j’ai eu la confirmation en rencontrant mon fils Georges. Il avait mes traits ainsi que ceux du fils d’un an que j’ai eu avec Mireille. 

J’ai également revu Germaine qui n’avait pas perdu sa beauté en dépit de l’extrême souffrance apparente dans son regard. C’est là qu’elle m’a parlé de cette famille, les Bouraima et la fameuse formation qu’elle n’a au final jamais fait parce que la dame de maison disait qu’elle n’allait pas sortir un rond pour des cancres quand ses enfants sont là. À la question de pourquoi y retourner, Germaine m’avait dit que le maître de maison était plus compatissant lorsque sa femme avait le dos tourné et au moins elle pouvait trouver de quoi manger là et envoyer un petit truc à sa sœur pour Arthur. Fort heureusement elle ne vivait plus dans cet enfer quand je l’ai revu. Mais elle s’était arrêtée en classe de quatrième et à part s’occuper d’une maison elle ne connaissait pas grand chose. J‘ai longtemps songé à l’idée d’informer ma femme Mireille de l’existence de Georges mais je me suis constamment réfréné en pensant à son incapacité à se contrôler lorsqu’elle est en colère. Lancer des plats, verres, bref tout ce qu’elle trouve, c’est le sport favori de Mireille. Un de mes oncles s’est déjà pris une pastèque sur sa tête même comme ça parce qu’il a dit que c’était mieux qu’il me cherche une femme si c’est pour que je mange la salade le soir comme si on est chez les blancs ici. Je ne voulais pas risquer qu’elle détruise tout puis me quitte et que ma vie soit ruinée. Aussi mon intérêt pour Germaine revenait au fur et à mesure que cette dernière reprenait des couleurs. J’ai finalement succombé tout en précisant à Germaine que je ne pouvais pas quitter ma femme. Cette dernière toujours aussi douce n’exigeait rien de moi à part que je m’occupe de mon fils. Lorsqu’un meilleur poste m’a été proposé à Dakar je n’y ai pas songé à deux fois. J’ai vu là une occasion de diminuer un peu mon stress parce qu’il est grand le nombre de fois où la peur me gagnait à l’idée qu’un des sbires de Mireille découvre l’identité de Germaine et lui rapporte. Vu que Mireille était enceinte à cette époque et ma femme contrairement à la plupart que je connais, déteste quitter son pays, je n’ai eu aucun mal à la convaincre de rester. J’ai installé Germaine et Georges à Dakar et depuis je partage mon temps entre mes deux maisons. J’ai reconnu officiellement Georges dès que je suis revenu dans sa vie. Germaine porte mon nom symboliquement mais légalement non. Je l’avais quand même doté auprès de feu sa sœur et mère pour lui montrer qu’elle est importante pour moi même si je ne peux pas faire plus. Cela lui suffisait amplement. Son seul objectif a toujours été de revoir un enfant des Bouraima et se tenir droit devant elle de toute façon. Objectif que j’aimerais bien l’aider à réaliser sauf que je ne sais toujours pas comment je vais pouvoir exposer Germaine sans que Mireille ne soit au courant. Mireille qui adore tellement être au devant de tout. Une fois que je serais élu, elle va me presser pour le déménagement, couper le pont avec ses connaissances actuelles parce qu’elles ne seront plus du même niveau, ainsi de suite. C’est tout un numéro cette femme je dis. Je gratte ma tête et me lève de ma chaise pour regarder la ville. Peut-être c’est le destin qui fait retarder les choses pour que je puisse mieux préparer mon coup. Oui probablement.


Romelio Tchaa Bemba 


Demain commencent les épreuves du bac. Nos sorts seront scellés bla-bla-bla mais là n’est pas mon inquiétude. Elle réside plutôt dans ma main. Voici une énième alerte que je reçois d’un pote de classe me disant qu’il vient de croiser ma copine descendant d’une Tundra devant l’hôtel Onomo. Cette fois j’ai une photo à l’appui et c’est bel et bien Océane dessus qui ferme la portière. Je ne la reconnais pas du tout cette bagnole. J’ai questionné la concernée qui m’a répondu qu’elle est à la maison avec Elikem. Et ce n’est pas son premier mensonge j’en suis sûr parce que c’est la troisième fois que ce camarade de classe me dit la croiser à l’hôtel. La première fois je n’y avais pas prêté attention. La deuxième, elle m’a dit qu’elle était dans son lit. Elle m’a même appelé en vidéo sur WhatsApp et je l’ai vu. C’est moi qui me sentait con au final. Mais cette fois je sens une entourloupe. Déjà que je la trouvais un peu évasive durant nos conversations contrairement à son habitude. Mais j’ai mis ça sur le coup des examens qui s’approchent et aussi le stress parce qu’elle n’est pas sûr de la suite pour elle une fois son bac en poche. J’ai essayé de la rassurer comme possible tout en lui demandant de me faire confiance. Mais je ne sais pas ce qui se passe. Je stoppe un taxi et m’y engouffre. Je suis surpris de trouver Jennifer collée contre la vitre.


Jen: tu vas où comme ça toi? 


Elio: ce n’est pas à moi de te demander? Un Dimanche à 18h? 


Jen: C’est toi qui compose demain si je ne m’abuse. Tu devrais être dans ton lit à cette heure normalement 


Elio: lol regarde comment ça joue les mamans ici mais tu as fui depuis que j’ai parlé de punition. Même ton ombre je ne la voyais plus 


Jen: je cultive la paix contrairement à toi qui a tout un champ sous ta mâchoire. C’est quelle mode? 


Elio: arrive au bac et on verra le look que tu vas nous sortir, je réplique ce qui l’amuse 


Jen: je viendrai te montrer chez toi uniquement en présence de tes parents 


Elio: lol tu confirmes donc que tu es une poltronne 


Jen: toi même poltron


Elio: entre temps je ne serais pas là donc ne viens pas terrifier mon père avec une moustache d’Hitler hein 


Jen: tchip! Je n’ai pas la moustache, elle dit en couvrant sa bouche de la main et c’est moi qui suis amusé maintenant 


Elio: non juste un duvet alors? Je réplique pour la taquiner 


Jen: de toute façon les poils sont un signe de beauté. 


Elio: lol je te l’accorde, tu es toute une beauté même avec le duvet.


Jen: heu....merci, elle dit timidement quand le chauffeur se met à siffler pour se moquer, croyant probablement que je drague. Dans cette vie un homme ne peut pas complimenter une femme sans qu’on n’essaie de lire plus dedans. Comme si la galanterie n’existait plus. 


Elio: donc tu vas où? 


Jen: je vais rejoindre ma tante au travail. Tata Ciara a permis que je vienne pratiquer sur l’ordinateur lorsqu’ils n’ont pas beaucoup de travail. Aujourd’hui ma tante avait décidé de se rendre à l’agence pour avancer un peu dans ses taches de la semaine à venir donc elle a appelé pour demander que je vienne, elle me répond avec entrain 


Elio: Tu me rajoutes sur Facebook après? Je suis le chef Tchaa.


Jen: j’ai pas ça hein.


Elio: mais il faut en ouvrir un. Ça te sera plus simple de garder contact avec les gens y compris moi 


Jen: lol mais on vit dans le même quartier non? En plus j’ai ton numéro de téléphone. Ça sert à quoi de fatiguer Facebook encore? 


Elio: Facebook veut être fatigué crois moi. Et je n’aurai plus ce numéro dans un mois quand je serais en France. 


Jen: fr....France? Elle bégaie 


Elio: Oui? je dis un peu confus 


Jen: tu vas partir pour de bon alors? 


Elio: je reviendrai quelques fois, t’en fais pas, tu ne pourras pas te débarrasser de moi à vie, je réplique sur un ton blagueur parce qu’elle avait de la tristesse dans les yeux 


Jen: o...ok, Elle dit puis fixe ses mains 


Durant le reste du trajet, j’ai essayé de détendre l’atmosphère par des petites histoires mais elle est restée tristounette. Elle est descendue avant moi puis j’ai continué. Je me suis mentalement noté que je devais l’appeler après mais pour le moment la boule dans mon ventre augmentait au fur et à mesure que la voiture se rapprochait du point de chute. 

Que Dieu ait pitié. Qu’Annie ne me fasse pas le coup de la fille sans espoir qui se donne à un homme riche pour de l’argent. 


Je descends au point de chute puis continue à moto. Je localise facilement la voiture dans le parking mais comme l’hôtel est grand j’ignore comment procéder. Pour mes parents je suis au fond de mon lit. Cette fois j’ai simplement fait le mur pour sortir. Bien sûr avec la complicité du gardien qui me fait confiance. Je lui ai promis de revenir avant 21h. Il est bientôt 18h30. Je me mets non loin de la voiture dans un coin caché et prie qu’ils sortent bientôt. 


Les moustiques me vident du tiers de mon sang quand finalement je reconnais sa petite tête. Je sors quand elle n’est plus loin mais m’arrête quand je reconnais la personne en arrière d’elle.


Elio: Nonnnn!!!! Je dis tout haut 


Océane: Romelio?! Elle dit toute surprise 


Elio: ôtez vos sales mains d’elle! Je dis avec rage quand son père lui prend la main 


Océane: bébé ce n’est pas ce que tu penses.


Elio: Mais je pense quoi Océane?! Hein! Je pense à quoi? 


Innocent: Jeune homme tu vas baisser ton ton sur le champ. Ma fille n’est pas ton égale ni la tienne pour que tu lui parles avec autant d’agressivité 


Océane: papa s’il te plaît laisse-moi lui expliquer 


Innocent: tu n’as rien à lui expliquer! 


Elio: attend......je ris tout haut. Je rêve Océane? Tu vois ton père dans un hôtel? Depuis combien de temps? Ta mère est où? 


Innocent: rentre dans la voiture ma puce, il dit sur un ton ferme 


Je n’en crois vraiment pas mes yeux. Le simple fait de voir l’hésitation dans son regard m’est incroyable. 


Elio: je rêve c’est ça? Je demande tout haut 


Innocent: Tu vas t’éloigner maintenant 


Océane: papa ne lui fais pas mal...Romelio...s’il te plaît 


Elio: je vais appeler ta....


Océane: non! Elle me dit fermement ce qui me fait tiquer


On se dévisage pendant quelques minutes. Je cherche des indices pour m’expliquer ce qui se passe là. 


Innocent: tu dois aller au lit chérie. Demain c’est un jour important 


Océane: viens on y va, elle dit en me montrant sa paume 


Je la prends parce que je ne fais pas confiance à cet homme. Elle est clairement sous son contrôle encore une fois. Juste que j’ai beau y songer et je ne sais pas quand c’est arrivé. Je monte avec eux et en quelques minutes, je vois qu’il prend le chemin du domicile de madame Héloïse. Mais il ne nous dépose pas en face. Il se gare non loin d’un bar à dix minutes de la maison et Océane ouvre la portière. 


Innocent: pourquoi tu descends? Il me demande sur un ton agressif 


Océane: lui et moi devons parler papa. 


Innocent: il est presque 20h. 


Océane: on ne sera pas long mais c’est important. 


Innocent: J’attends ici pendant une heure. Je te ramène à la maison! Il dit fermement 


À cet instant il est le cadet de mes soucis. Océane et moi nous éloignons après qu’elle lui ait souhaité bonne nuit et lui confirmant qu’ils se parlent demain. Une fois qu’on est assez loin je me lance. J’allais commencer par les accusations puis je me rappelle que son père est un fieffé menteur. Probablement il lui a sorti un gros tissu encore. 


Elio: bébé tu es plus forte que ça tu sais. Tu es plus forte que ses choses qu’il t’a raconté. Tu n’es pas seule. Je suis là. Ta mère aussi. Il n’a pas à te faire culpabiliser pour avoir choisi ta mère. C’est lui le responsable.


Océane: et c’est pour ça que je ne t’ai rien dit. Comment tu sais que c’est lui le coupable quand tu ne l’as pas écouté? 


Elio: écouter quoi Océane? Il y’a quoi de bon qui peut sortir de cet homme? Il a brisé le cœur de ta mère! 


Océane: c’était ma tante Véronique la coupable. 


Elio: ta tante? La voleuse de bijoux? Elle te l’a dit? 


Océane: non c’est papa qui..


Elio: Doux Jesus tu t’entends? C’est papa qui te l’a dit? Le même papa qui t’a dit que ta mère était décédée? Je demande au comble de l’étonnement 


Océane: il...il avait mal agi mais il a regretté Romelio. Il a fait des efforts mais maman ne veut rien savoir de lui. Elle l’a même frappé une fois en route tu sais. C’est le chauffeur de papa qui me l’a raconté. 


Elio: et alors? Je dois avoir pitié pour un homme qui ne s’est pas gêné quand il fallait tourner le dos à une femme? Tu sais ce que c’est une mère? Tu sais ce que ça fait qu’on te retire ton enfant? Ma tante Farida a failli perdre la raison! 


Elle fond en larmes et se met à parler rapidement.


Océane: arrête de me faire sonner comme une égoïste parce que tu n’as pas vécu l’absence d’une mère! Moi je l’ai connu.


Elio: Tu la croyais morte jusqu’à ce que tu entendes la nouvelle. Elle te savait loin! Elle était consciente que tu étais en vie mais loin de ses bras, sans rien comme souvenir. S’il est plein de bonnes intentions comme tu le dis, pourquoi tu dois mentir pour le voir? Pourquoi il te laisse loin de la maison? Tu vas me regarder dans les yeux et me dire que ta mère est au courant? 


Océane: quel choix me restait-il? Hein! Tu me présentes déjà comme une mauvaise personne parce que je veux voir mon père. Regarde comment tu me parles durement? Pourquoi je dois forcément choisir? Pourquoi je ne peux pas avoir mon père et ma mère? Je n’ai pas demandé à être au milieu de tout ceci. 



Héloïse Silivi



Je sortais pour jeter les poubelles quand je suis tombée sur Océane en larmes devant Romelio. Sur le coup, elle a nettoyé son visage. Lui m’a salué à la va vite puis l’a embrassé sur le front et il était parti. Océane est couchée mais je ne sens pas qu’elle va bien. Avant d’aller me coucher je fais un crochet dans sa chambre. 


Héloïse: tu aimerais en parler? Je demande après m’être assise à ses côtés 


Océane: non, elle dit après avoir reniflé trois fois 


Héloïse: ok. Si tu changes d’avis je suis dans ma chambre d’accord. 


Elle hoche la tête. Je me lève mais elle me retient en tenant un morceau de ma robe.


Océane: je...tu peux dormir avec moi ce soir maman? 


Héloïse: bien sûr mon ange, je dis avec un sourire immense 


Je me glisse dans le lit à ses côtés et la prend dans mes bras. Son nez mouillé me chatouille ce qui me fait rire.


Océane: tu as le plus joli rire de la terre, elle dit ce qui me fait rire davantage 


Héloïse: faux. Le tien est mille fois meilleur. 


Océane: c’est toi qui me l’a donné après tout. Je suis une version de toi plus jeune 


Héloïse: une meilleure version de moi, je dis en me détachant pour l’admirer. Je sais que tu as vécu beaucoup de changements et chaos cette année mais en dépit de ton jeune âge tu ne t’es pas écroulée. Tu m’as accepté et aimé bien que je n’avais pas autant à t’offrir et pour ça je te suis plus que reconnaissante ma chérie. Je sais que je...je n’ai pas assuré pas mal de fois mais je vais m’améliorer pour toi. Je serais une bonne mère. 


Océane: tu es déjà une bonne maman. Tu as fait beaucoup et Je t’aime, elle dit en me serrant 


Demain j’emmène avec beaucoup de fierté ma fille au centre où elle doit composer. Toute une bachelière c’est peut-être commun pour les autres mais c’est un miracle pour moi. Une fois que je quitte là je vais à la boutique où je me suis trouvée un deuxième emploi. Je n’ai pas finalement eu de prêt mais un deuxième emploi avec les cours de maison et mon poste de maîtresse, m’aideraient à rassembler une bonne partie de la caution pour l’envoyer en France. Je lui ai promis. Je vais lui donner le meilleur. 


En quelques jours, les futurs bacheliers ont composé leurs examens. Nous n’attendons plus que les résultats. Océane passe toutes ses journées avec Elikem donc j’ai assez de temps pour travailler. Avant de rentrer aujourd’hui je nous achète de quoi manger parce qu’en général c’est elle qui cuisine mais je veux lui faire plaisir. Les lumières sont éteintes bien qu’il ne soit que 19h. Je vais dans sa chambre mais personne ne s’y trouve. J’appelle donc Elikem mais elle ne décroche pas. Je vais dans ma chambre qui est vide mais sur ma table je trouve une enveloppe. Mes mains tremblent quand je la prends. Je l’ouvre et commence la lecture de la lettre.


Maman,


Je te jure que je suis désolée. Je ne voulais pas le faire comme ça. J’ai pensé à différentes manières mais je n’étais pas sûr que tu me comprennes. Je comprends que papa t’a tellement blessé que tu ne peux plus supporter sa présence. Je ne t’en voudrai pas pour ça et j’espère que tu ne m’en voudras pas trop aussi. Je vais continuer mes études à New York mais je serais toujours joignable. Je te laisse mon num....


Héloïse: Non....


Je recule....une vive douleur se propage du côté droit de ma poitrine. Mes genoux cèdent et mon dos cogne durement une masse. Innocent a réussi. Il me l’a enlevé encore.



Elikem Perla Xena Akueson 



Elio: New York La grande jungle où les rêves se construisent Huh....elle a l’attitude de la ville, il dit tout haut 


Depuis qu’on a reçu les messages d’Océane il ne fait que rire, secouer la tête et dire de temps en temps des trucs comme ça. Je ne dis rien pour ma part. Parce que pour la première fois je vois un Romelio déçu et je ne sais pas quoi lui dire. En même temps je m’y attendais. Je ne l’avais pas dit à Romelio parce qu’elle m’avait fait promettre de garder le secret mais quand sa mère l’a giflé, je me suis naturellement dit que tôt ou tard Annie allait retourner vers son père. Je suis plutôt étonnée qu’elle soit restée autant avec madame Héloïse. Pourquoi ne pas me l’avoir dit qu’elle revoyait son père c’est ce que je ne comprends pas. 


Elio: un sms. Un an de relation. Des années d’amitié et tout ce qu’on reçoit c’est un sms. New York c’est quoi déjà? On fait tout là-bas c’est ça? Lol. Il dit sur un ton sarcastique 


Elikem: c’était son rêve depuis la seconde tu sais.


Elio: une foutue ville passe avant un être humain? 


Elikem: ne le prends pas comme ça toi aussi.


Elio: ah bon hein? Dis moi donc comment le prendre, il dit sur un ton belliqueux après s’être relevé. Explique moi comment je dois comprendre que ma peti....qu’Océane te.....


Mon téléphone sonne exactement à ce moment. C’est le loup qui pointe sa queue. Je décroche et réponds sur un ton las.


Elikem: Oui. 


Océane: tu...tu es fâchée Perla?


Elikem: à ton avis? 


Océane: je ne suis pas encore partie. Je suis à l’aéroport. Tu peux venir? Je ne veux pas partir comme ça sans te voir. 


Elikem: ok, je dis après un autre long soupir


Océane: merci merci. Ro....Romelio est avec toi? 


Je présente le téléphone en question à Romelio. Il le fixe, pousse un juron et le colle à son oreille. 


Elio: je ne viendrai nulle part Océane. Vas dans ton New York et fais ce que tu veux. 


.....


Elio: tu as fait ton choix. Permets moi de faire le mien merci! Il dit puis me remet le téléphone 


J’appelle Maman pour savoir où elle se trouve. Elle ne me répond pas donc je décide d’y aller en taxi. Je la trouve encore avec ses bagages à mon arrivée. Ses yeux sont rouges comme ceux de quelqu’un qui a la conjonctivite. Son nez tout pâle. 


Océane: pourquoi il me traite comme ça? Elle demande en larmes après avoir foncé dans mes bras 


Elikem: tu t’attendais à quoi? Tu sais très bien que Romelio est un idéaliste. Les hommes dans sa vie sont des citoyens modèles comme on dit. Aucun d’eux n’a traité leurs femmes comme ton père l’a fait avec ta mère donc il ne comprendra pas facilement sinon jamais que tu accordes une minute d’attention à ton père.


Océane: mais c’est mon père. Il s’est non seulement excusé un tas de fois et ma tante a causé plus de torts que lui. 


Elikem: ok. 


Océane: pourquoi tu n’es pas fâchée toi? 


Elikem: parce que je suis réaliste. Je sais que tu as une image différente de ton père. On ne pourra jamais vous séparer et tu rêves d’aller à New York depuis un moment donc je ne m’attendais pas à ce que tu jettes ton rêve sur le côté. 


Océane: tu....tu pourrais expliquer à romelio pour moi s’il te plaît? Je...je ne veux pas le perdre


Elikem: qu’est ce que je peux faire dans ça? Des fois il y’a des choses qui séparent fondamentalement les gens. Donne lui du temps. Peut-être qu’il comprendra avec le recul. 


Océane: ok....et tu peux jeter un coup d’œil sur maman pour moi? Juste ce soir s’il te plaît! Papa a engagé quelqu’un qui doit la suivre en discrétion juste pour être sûr qu’elle aille bien 


Elikem: ok je te tiendrai au courant 


Océane: merci Perla. 


Elikem: de rien. 


Son père se rapproche de nous pour lui signifier que le moment est arrivé. Le moment de se dire au revoir.


Océane: grâce à toi j’ai passé de très belles années au collège. Je ne t’oublierais jamais Elikem. Merci de m’avoir supporté et compris même quand c’était difficile 


Elikem: Est-ce que j’avais le choix? Tu m’aimais déjà trop. Je ne voulais pas te briser le cœur 


Elle rigole un peu au moins. Je lui souhaite bon voyage et bonne chance pour son aventure in the big Apple. Puis je retourne, le cœur un peu vide et lourd à la fois comme si un chapitre important de ma vie venait de se fermer. 

D’amour, D’amitié