18: je l’aime
Write by Gioia
Belle Laré AW
C’est fou comment les années passent mais certaines habitudes demeurent. Me voilà debout sans aucune raison à quelques minutes avant cinq heures du matin. Normalement je me levais à cette heure pour réveiller Elikem mais voici un an et demi que ma petite perle n’est plus ici. Comme je suis déjà levée, j’en profite pour aller mettre en marche la piscine à remous le temps que l’eau atteigne la température que j’aime. C’est cette année que nous avons fait installer ce bain ainsi qu’une capsule d’ozone dans une pièce que mon fils appelle le mini Spa Li. C’est pour améliorer notre santé que nous avons investi dans cette pièce mais il a fallu que je commence à verrouiller la porte à cause des idées folles de Mally. Je venais le chercher à l’école quand une dame m’approche et se présente comme la mère d’un camarade de mon bandit. Ensuite elle me demande avec grand intérêt comment nous chargeons pour deux heures dans la machine qui répare les articulations et si c’est possible de faire la séance en couple. Plus perdue que moi il n’y avait pas. Ce n’est qu’après que le filou m’explique qu’il a fait la publicité du mini Spa à l’école en donnant comme exemple de l’efficacité le fait que sa grand-mère se déplace sans canne bien qu’elle soit déjà dans la quatre-vingtaine. Il me précise aussi qu’il veut 20% de commission et de ne pas oublier le 10% de sa grand mère parce qu’après tout c’est elle qui fait bien vendre. Je vous épargne ce que je lui ai fait. Depuis la pièce est bien verrouillée quand on ne doit pas l’utiliser.
Avant de retourner en chambre je passe chez Maman qui est déjà réveillée donc je l’avertis de s’apprêter pour qu’on profite du bain ensemble. Puis je vais me changer en maillot de bain et passe par dessus un peignoir. Elle a déjà ses pieds dans le bain quand j’arrive.
Belle: il faut entrer totalement dedans maman. Je t’ai dit que c’est comme ça que ça marche
Gisèle: c’est l’eau qui a tué ton grand père dans le temps. Je ne veux pas les problèmes
Belle: dans quelle langue je dois te dire que les remous ne sont pas des vagues? En plus regarde moi, tu ne vois pas que je tiens debout? Je dis en faisant exactement ça
Gisèle: faut me laisser woh. Ce n’est pas maintenant que l’eau va me tuer. Je dois voir Elikiki devenir grand docteur d’abord, elle répond tout en se déchaînant sur son cuir dent
Belle: courage, plus que douze ans et quelques mois à tenir, je réponds avec humour
Gisèle: tchaiii je ne savais pas moi qu’elle aimait l’école comme ça quand elle critiquait son professeur d’SVT ici tous les jours
Belle: ahaha qui la petite là n’a pas critiqué? Chaque année un y avait droit. Je m’étonne même qu’elle ne m’en ait pas encore ciblé un.
Gisèle: elle grandit non. L’âge fait changer les gens.
Belle: bientôt 20 ans tu imagines, je dis fièrement
Gisèle: Hier hier seulement qu’elle se battait avec moi quand je la lavais, elle rajoute aussi avec fierté
Je la laisse dans le bain quand mon heure pour m’occuper de ma maison sonne. Mally il faut toujours le réveiller mais Aïdara l’est déjà. Elle est en cinquième maintenant et disons qu’elle dépasse nos attentes sur le plan scolaire. Pour le côté relationnel pas vraiment. Elle m’a dit n’avoir aucun ami dans sa classe. Au pourquoi quand j’ai demandé, elle a répliqué ne pas savoir. Juste qu’elle n’a pas d’amis. Il n’y a qu’avec Macy qu’elle discute durant les récrés. Mais Macy est en avance d’une classe sur elle donc j’aimerais quand même qu’elle puisse tisser des liens avec son entourage. J’ignore si c’est la timidité ou peut-être autre chose mais elle ne semble avoir aucune envie de ça.
Je fais rapidement une omelette de trois œufs que je sépare en quatre, pose sur la table et vais me doucher dans la salle de bain d’Elikem. Je vais ensuite en chambre où j’enfile mon soutien gorge quand Eli sort du dressing à moitié habillé. Comme je suis assise devant ma coiffeuse Il s’approche et pose son menton sur ma tête. Ses mains caressent mes épaules tandis qu’il enfouit son visage dans mes cheveux et me baisote ici et là, ce qui me fait rire
Belle: tu es fou tu sais. Tout ça pour une nouvelle coupe
Eli: le changement me fait un truc tu sais pas. En plus tu sens divinement bon.
Ses mains quittent mes épaules pour mes seins quand il me dit ça. Il libère les deux en même temps et les soupèse un moment avant de les caresser. Mes orteils se courbent et les frissons se répandent sur mes cuisses. Sa bouche chaude est dans ma nuque qu’il embrasse maintenant à coup de langue. Mes tétons sont manipulés avec dextérité. Je rajoute mes mains sur les siennes pour lui signifier davantage que j’aime.
Belle: Le tra......vail? J’essaie quand même malgré le désir qui monte
Eli: hum, il grogne en passant la tête dans mon cou et une main par ma taille pour que je me lève, il attendra.
Je n’ai pas besoin de plus surtout que je sens à sa façon de me presser avec fermeté qu’il a vachement envie. Je bouge quand même doucement mes effets sur la commode avant qu’il n’y couche mon torse. Quand le désir presse mon homme là, il fait tout n’importe comment. C’est comme ça qu’une fois il a cassé mon parfum favori pour qu’après Elikem demande constamment si j’ai lavé le sol de la chambre avec mon Rose Prick de Tom Ford ou comment. La gêne était aussi grande que l’insistance de ma fille quand elle veut une réponse claire. Elle ne laisse pas facilement.
Belle: ha....oweee, je murmure fort quand il me pénètre à moitié mais d’un coup sec.
J’étais déjà prête de toute façon. Il me laboure sans aucune restriction et je ferme les yeux pour savourer le délice. C’est ma façon préférée de faire l’amour avec mon amour. Les yeux fermés, comme si je m’abandonnais à la tornade qu’il crée en moi. Je n’ai pas l’occasion de le faire souvent parce que durant l’acte lui à l’inverse aime lire le désir dans mon regard comme il dit. Donc là j’en profite. Il tire mes bras et me ramène vers lui. Nos corps s’emboîtent dans un rythme....
Belle: parfait.....juste parfait.....je gémis
Eli: Rightttt?! Il dit comme une question et un ordre à la fois
Il me laisse un bras pour titiller mon point sensible entre mes jambes. J’envoie ma main par l’arrière pour caresser aussi son point faible, ses fesses. Il jure et en quelques minutes, presse fort son gland coulant contre une de mes fesses. Je reçois les jets un peu partout.
Belle: Eliiii tu es lourd hein, je dis amusée un peu plus tard au lit.
Eli: tiens, tu les laisses sur tes seins si tu ne sais pas quoi en faire, il dit en retirant mes mains avec lesquelles j’avais caché ma chatte pour l’empêcher de faire ce qu’il commence déjà à bien faire là.
On a déjà entendu ça où? Le monsieur m’accuse d’avoir touché ses fesses exprès pour le faire tirer avant l’heure donc lui ne va pas travailler tant que je ne tire pas aussi. Pourtant lui et moi savons que je suis lente à la détente. Son conseil d’administration s’apprête probablement à l’heure actuelle pour une rencontre importante mais voilà leur directeur ici sur ses coudes, avec la tête qui se penche tantôt sur la gauche tantôt la droite pendant qu’il me suce et doigte avec appétit. Mon bassin aussi se met à bouger tout seul pendant que mes pointes se durcissent sous mes doigts. Vraiment l’homme n’est rien.
Une heure plus tard chacun prend sa route enfin. Les enfants m’ont empêché de tirer bien que j’étais proche de ma cible. Quand ce n’était pas Aïdara qui venait cogner pour demander si on mange ou pas, c’est Elikem qui m’appelait pour demander comment enlever la teinture de ses doigts et finalement Mally qui a carrément ouvert la porte en chantonnant ma maman d’amour. Avec le temps on a maîtrisé l’art de se séparer en vitesse parce que dans le passé Aïdara faisait souvent ça. J’ai quand même bien ri quand sur le point de départ, Eli m’a glissé à l’oreille qu’il m’attend dans la voiture ce soir pour qu’on finisse ce qu’on a commencé vu qu’on ne peut pas avoir la paix chez soi.
J’ai rappelé ma grande pour avoir le contexte de cette fameuse teinture.
Elikem: coucou la vieille
Belle: Tu me respectes hein. Les petits garçons me complimentent encore dehors tu crois quoi
Elikem: je note ça sur la liste des choses à rapporter à papa sans faute. Tu as mon temps maintenant?
Belle: comme s’il s’est déjà passé une journée sans que je n’ai ton temps
Elikem: ah tout à l’heure là tu semblais un peu à l’ouest mais bon, tu es assise? Et avant que tu ne chies sur toi, non je ne suis pas enceinte
Belle: tu as déchiré les habits de ton papounet? Tu as cassé sa voiture?
Elikem: lol mais c’est quoi ce scénario? Je t’ai dit qu’ici tout va bien.
Belle: ok bon je suis rassurée. C’est quoi la nouvelle alors? Ohhh tu as rencontré un gars? Je demande toute excitée
Elikem: bref hein, je t’ai envoyé un truc. Regarde tu me dis.
Je vais donc regarder et le choc fait que j’ouvre la bouche sans rien en sortir comme mot.
Elikem: ma...maman? Tu peux me dire hein si c’est vilain, elle dit sur un ton anxieux
Belle: non ce n’est pas vilain...c’est juste.....inattendu? J’ignorais que tu voulais du blond dans tes cheveux
Elikem: figure toi que j’ignorais moi même il y’a trois jours de ça puis j’ai vu la boîte en boutique et je me suis dit pourquoi pas
Belle: et tu me jures que tout se passe bien chez le papounet? Je demande encore parce qu’on ne sait jamais avec les enfants.
Elikem: roh maman si je ne peux pas te raconter un truc sans que tu ne vois mon papounet derrière autant que je garde mes trucs
Belle: c’est bon madame. Et oui c’est joli.
Elikem: en vrai? Tu ne me fais pas marcher hein
Belle: tu me connais non Perla. Ça sort comme ça vient dans mon esprit, je réponds sur un ton blagueur
Elikem: pfiouuu, Je me trouvais bien avec mais bon on ne sait jamais et vu que Romelio monte sur Paris la semaine prochaine je voulais être sûr de ne pas défendre l’indéfendable
Belle: depuis quand tu as besoin d’un avis externe toi pour assumer ce que tu aimes?
Elikem: je vais dire quoi? C’est l’âge peut-être. je te laisse maintenant. Je dois me démaquiller avant de partir en cours
Là j’éclate de rire tout simplement.
Belle: les gens se maquillent pour aller en cours, toi tu finis ta part, et tu enlèves avant de sortir
Elikem: faut me laisser. Mon nom ce n’est pas les gens
Belle: faut assumer un peu ma chérie. Personne ne va te questionner ton maquillage.
Elikem: de me laisser oh c’est ça j’ai dit, elle réplique faussement fâchée ce qui me fait rire davantage
Belle: c’est pas facile la vie de caillera hein, je dis sur un ton moqueur
Elikem: Ça sent du Mally à plein nez. Arrête de coller mon petit frère
Belle: c’est lui qui ne peut pas se passer de moi.
Elikem: comme tu as trop envie de me parler, reste sur la ligne même je vais me préparer
Je ne fais que rigoler. Ce n’est vraiment pas facile la vie que ma fille mène. Le plus comique dedans c’est que personne ne lui a imposé d’être une dure. Maintenant elle se découvre des intérêts pour des trucs qu’on considère typiquement féminins. Elle ressent notre manque et des fois veut juste qu’on soit sur la ligne pour nous entendre même si elle n’a rien à dire. Mais comme elle n’assume pas, elle préfère se trouver mille et une raisons pour justifier ce qui est tout à fait normal. Si seulement elle savait comment Eli et moi on en rit le soir au lit, elle nous bloquerait pour une année pleine. Je reste sur la ligne et lui raconte tout ce qu’elle veut savoir.
Elikem: sinon on est à quel niveau du club de basket d’Aï?
Belle: laisse ma fille. Elle n’est pas comme toi
Elikem: et Dieu merci qu’elle ne soit pas comme toi non plus
Belle: je note tout ça hein. Toutes tes petites piques là. Ma vengeance sera grande
Elikem: ne détourne pas le sujet madame Laré Aw. Pour la première fois de sa vie Aïdara demande un truc et tu me dis que tu vas refuser par peur? C’est la même personne qui m’encourage à tout essayer sans crainte ça?
Belle: ce n’est pas pareil, je réplique doucement
Elikem: maman.....hoo stupide collant qui s’est déchiré....bref je disais....ce n’est pas en la couvant qu’elle pourra s’envoler. Il lui faut de l’espace pour déployer ses ailes.
Belle: c’est joliment dit
Elikem: c’est toi qui me l’a dit un jour.
Belle: et....j’ai juste peur Elikem. Si quelqu’un la bouscule par exemple et elle perd une de ses prothèses auditives? Si on se moque de ses problèmes d’élocution?
Elikem: Si elle rencontrait des gens biens et se faisait plein d’amis? C’est toi qui parle tout le temps de ses capacités sociales. Voilà une opportunité.
Belle: bref je vais voir.
Elikem: ne vois pas jusqu’à la fin de l’année. Bon j’ai fini de m’habiller. Tu vas faire quoi là?
Belle: tu as dit de ne pas mal parler de ton amie.
Elikem: correction j’ai dit que ce n’est pas obligé de mal parler d’Océane toutes les fois que tu parles de madame Héloïse. Mais je conclue que tu vas la voir. Il y’a eu du changement depuis?
Belle: depuis la semaine passée? Non. Elle n’a toujours pas grand chose à dire.
Elikem: hum, tu es sûr qu’on ne peut pas faire quelque chose? Genre un électrochoc?
Belle: Ce n’est pas comme ça que les choses fonctionnent ma chérie. Je ne suis pas une experte en psychologie mais du peu que j’en sais, elle doit vouloir d’elle même se reprendre et actuellement elle semble plutôt perdue dans ses pensées.
Elikem: Dis lui que je pense à elle et je la salue.
Belle: ça marche. Bonne journée mon ange.
Elikem: toi aussi. Bisous, elle me dit puis coupe
Je descends enfin de la voiture et remarque cette personne, la sœur d’Héloïse. Après un an dans cette clinique psychiatrique c’est aujourd’hui que celle-ci vient. Si je le sais c’est parce que je demande souvent à un contact ici de me tenir informé des visites que reçoit Héloïse. Quand je pense à la vie de cette femme j’ai simplement envie de pleurer à profusion. Pas vraiment de famille pour l’entourer et elle semble avoir perdu le goût de vivre aussi. Il y’a des gens qui souffrent profondément et quelque part cet Innocent lui vit bien. Des fois je ne sais pas quoi penser de la vie.
Mireille Sani
Je dois venir m’asseoir ici dans cette horde de fous tout ça parce que mon grand frère a fait tout un tapage chez Martin. En plus de ça Héloïse est arrêtée là sur sa chaise comme un pantin. Une vraie perte de mon temps. C’est elle ma grande sœur et on me crie dessus de venir l’aider moi la petite que je peux y faire quoi?
Mireille: tu as besoin de quelque chose?
Héloïse: .....
Mireille: C’est comment avec toi non? Faut te secouer un peu.
Héloïse: ......
Mireille: en tout cas, on vous injecte les choses ici aussi donc, courage seulement.
Héloïse: .......
Mireille: bon....je dois rentrer. J’ai beaucoup à faire à la maison. Courage hein. Ça va aller. La vie n’est facile nulle part mais Dieu est là pour nous tous.
J’hésite mais finalement je garde ma main sur moi. J’irai la toucher et elle va se jeter sur moi pour m’arracher un truc. En sortant je croise cette femme qui était venue chez moi avec mon grand frère pour me dire qu’Héloïse n’allait pas bien. Moins un ils auraient appris que je déménageais le jour là mais je m’y suis bien prise heureusement.
Tout comme je m’y prends bien depuis la nomination de Martin pour que notre ancien entourage n’ait trop accès à lui. C’est comme ça qu’ils sont les gens ici. Quand Martin et moi on était à nos débuts, on ne nous appelait pas pour nous offrir de l’aide mais maintenant qu’il a un poste alléchant c’est fini, on ne peut plus avoir la paix. La joie m’anime quand mon chauffeur klaxonne devant notre demeure. Pas dans n’importe quel quartier mais la caisse. Le quartier dans lequel je ne pensais pas vivre un jour. Entourée des plus grands. Ministres par ci. Haut gradés d’armée par là. Le crème de la crème de Lomé. Encore une fois il faut klaxonner à deux fois avant qu’Eben ne se décide à ouvrir le portail. Je suis déjà remontée donc je ne lui accorde pas une seconde de mon temps.
Au salon je trouve mon mari devant son journal.
Mireille: vous n’avez pas une délibération à faire aujourd’hui?
Martin: mireille je t’ai déjà expliqué comment se déroule le quotidien d’un député. Aujourd’hui c’est mon congé. Comment s’est passé la rencontre?
Mireille: on rencontre aussi un légume?
Martin: toi aussi c’est méchant
Mireille: bref, tu nous emmène sortir avec les enfants? Ça fait un bail qu’on a déjeuner au resto
Martin: il y’a quatre jours c’est un bail ça?
Mireille: oh mais j’ai encore envie, je minaude et bats rapidement des cils.
Martin: hum ok, dans une heure alors
Mireille: mon chéri d’amour, je dis en me jetant à son cou
Je vais en chambre pour faire bouger les enfants. Les deux premiers me fatiguent avec les jeux vidéos. Les deux derniers au moins étaient calmement devant la télé. Je choisis leurs vêtements puis vais me changer aussi dans mes plus belles tenues. J’ai complètement renouvelé ma garde robe depuis que Martin a été élu.
Je ressors une fois prête et envoie Martin pour qu’il se change aussi. Ce type ne serait rien dans cette ville si je n’étais pas derrière lui. Tout un député et tu veux sortir en pantalon de lin? C’est quoi ça? Il revient dans les vêtements que j’avais mis sur le lit pour lui et crie le nom d’Eben. Le mioche arrive à la course.
Martin: habille toi on....
Mireille: Inh inh inh! Je dis en levant le ton
Martin: c’est quoi?
Mireille: les garçons allez en voiture!
Mon premier demande laquelle.
Mireille: la BMW 5.
Les trois suivent leur grand frère. Ce débile d’Eben aussi capte par mon regard qu’il n’a rien à foutre ici puis dégage.
Martin: qu’est ce qu’il y’a encore Mireille? Il se permet de demander sur un ton las comme si c’est moi qui exagérait
Mireille: il y’a que tu veux toujours tout gâcher! C’est moi qui ait demandé qu’on fasse une sortie. Qu’est ce qu’Eben vient foutre dans tout ça?
Martin: mais la dernière fois il n’était pas avec nous lorsque....
Mireille: donc rien! Ce n’est pas mon fils ni le tien! Déjà tu me l’as imposé en le laissant nous suivre dans cette maison. Je ne l’ai pas encore digéré mais tu veux me le forcer sur la gorge? Tu veux que je pète les plombs c’est ça?
Martin: allons-y simplement
Martin Sani
Mireille est impossible comme personne. Rajoute à ça le rythme de fou que m’a apporté ce nouveau poste et des fois je me demande ce qui m’a pris. En temps normal je ne lui aurais pas permis de me parler de la sorte mais je traine une migraine vieille de trois jours. Le bon côté c’est que ma famille est plus qu’à l’aise.
J’ai loué une maison à Germaine aussi à la douane mais je me fais extrêmement discret quand j’y vais. Georges a préféré rester à Dakar pour continuer ses études. C’est un universitaire maintenant. Je n’ai toujours pas eu l’occasion de croiser la ministre Wanké depuis ma nomination. À croire qu’elle est une aiguille dans une botte de foin pourtant il parait qu’elle vit ici dans la caisse comme moi.
Après avoir claqué un bon trois cent mille francs et fait un tour à la plage, nous rentrons à la maison. Je glisse à l’oreille d’Eben de prendre ce qu’il trouvera dans le coffre de la voiture quand il la nettoiera. J’y avais fait mettre un plat à emporter par un serveur en toute discrétion. Va même savoir si c’est encore bon mais c’était la seule option pour éviter que Mireille me fasse des siennes. Mais comme c’est elle, il fallait qu’elle débute un truc au lit.
Martin: je suis épuisé bébé
Mireille: mais Martin, c’est ton jour de congés, elle dit en caressant mon torse
Martin: justement je dois me reposer.
Mireille: tu dormiras mieux après ça.
Martin: hooo Mireille, je dis en bloquant sa main qui se faufilait dans mon entrejambe
Mireille: je veux une fille, elle dit d’une voix plaintive
Martin: on avait déjà eu cette discussion. Quatre c’est suffisant
Mireille: tu l’avais dit. Moi j’ai envie d’une fille sinon je donne tout ce que j’ai acheté ici à qui? Qui va hériter de mes bijoux, sacs et tout?
Martin: tu as des sœurs je te rappelle. Héloïse par exemple. Si tu te sens envahie par tes effets, vend les comme ça tu l’enverras dans un institut à l’extérieur comme ton grand frère avait proposé
Mireille: parce qu’elle a fait quoi pour moi? Elle n’est pas rentrée bredouille ici des États Unis quand tout le monde se bat plutôt pour faire venir sa famille? Je ne lui dois rien. Je me suis battue seule pour en arriver là
Martin: bref tes quatre fils te donneront des belles filles alors.
Mireille: tchip! Des belles filles qui sont sorties de mon vagin? elle demande avec hargne
Martin: Mireille je n’ai eu que des garçons partout. Tu ne vois pas que c’est probablement un signe?
Mireille: mais un essai ne......partout? Tu veux dire quoi par partout? Elle demande sur un ton agressif
Martin: hum? Je fais faussement perdu mais je me gifle mentalement
Elle profite de mon inattention et je me mords la lèvre quand elle me presse fortement la queue.
Mireille: partout c’est où? Elle hurle
Martin:pa....pa.....fa...çon..
Elle me libère la queue et je ferme automatiquement les cuisses pour calmer mon mal. Elle quitte le lit tout en continuant à me m’insulter et me menacer. Pourquoi c’est à une personne si abusive que le destin a voulu me coller?
Innocent Ajavon
Je ne prévoyais plus remettre les pieds à Lomé, raison pour laquelle j’avais quitté la direction de Cim Togo dès que j’ai eu une offre aux États Unis. Mais voilà, je suis ici à cause de ma fille. Après une fouille, on me conduit enfin dans la salle où me rejoint une Héloïse qui ressemble à une coquille vide. J’attendais des hurlements et menaces mais rien du tout. Le résultat est pire que ce que m’avait confié mon gardien que j’ai gardé à mon service et qui l’avait visité de temps en temps à ma demande.
Innocent: tu ne dis rien?
Héloïse: ......
Innocent: c’est à ce que tu veux ressembler pour le reste de ta vie Héloïse? Tu veux qu’on dise que j’ai gagné?
Héloïse: .....
Innocent: si c’est ma pitié que tu cherches en prenant cet air perdu et frêle tu ne l’auras pas. Je t’avais prévenu quand tu m’as jeté tes tripes dessus devant ta maison.
Héloïse: ......
Innocent: finalement tu as raison, je dis en me levant, tu me fais pitié.
J’ai le dos tourné quand j’entends quelques mots assez faibles mais j’ai quand même entendu un, “payer”.
Innocent: c’est ça. Remet toi vite et retrouve moi pour me le faire payer. Je t’attendrai, je rajoute puis sors.
Dans l’intimité de ma voiture je pose la tête sur mon volant. La culpabilité veut remonter dans mon ventre et cette fois aucune raison ne me vient pour que je m’en débarrasse. C’est vrai que je voulais me venger le jour là quand elle m’a aspergé d’eau. C’est vrai aussi quand l’approchant dans la rue cette fois là je voulais la provoquer pour qu’elle réagisse. Et j’enregistrais chacune de ses insultes avec mon téléphone bien caché dans ma poche. Sauf que quand Océane m’a fait signe je n’ai pas pu. J’ai trouvé tout ça futile. J’ai senti le tiraillement et la détresse de ma fille donc j’ai abandonné. Même pour obtenir un nouveau téléphone j’avais bien senti que l’histoire de l’égarement pour l’ancien était fausse mais j’ai laissé couler vu qu’Océane ne semblait pas vouloir en dire plus. Et Si je suis ici c’est parce qu’elle ne tient pas le rythme à New York. Elle préfère harceler mon chauffeur pour avoir des nouvelles de sa mère ou passer son temps à se culpabiliser parce qu’Héloïse ne lui a rien dit malgré les nombreux appels qu’elle décrochait et ce depuis un an et demi.
J’ai finalement craqué et décide de venir affronter Héloïse. Si ce qu’elle doit faire pour aller mieux c’est me tuer eh bien qu’elle sorte et le fasse. Je n’en peux plus de toute cette douleur autour de nous.
Jennifer Amouzou
Mes journées sont plutôt tristes depuis qu’Eben a quitté l’école. Il ne vient même plus au travail à l’hôtel. Ce n’est pas que
je n’ai pas d’autres amis en dehors de lui mais comme on dit personne n’est pareil.
Ce qui m’épuise dans le ménage des fois c’est lorsque tu tombes sur les préservatifs partout dans la chambre. Ça me dégoûte de devoir les ramasser au sol mais tu fais comment? C’est le travail et avec la quantité que j’ai mis de côté je pense que je pourrais m’inscrire à l’université de Lomé durant l’année suivant celle de mon bac.
Il ne nous reste plus que quelques mois pour composer d’ailleurs. J’espère vraiment le décrocher avec une bonne mention comme Romelio et Elikem. Avec de la chance j’aurai une peut-être bourse même si ma tante rigole quand je lui dis. Trop rêveuse je suis il paraît. Elle rajoute aussi que les bourses ne sont réservées qu’aux gens qui connaissent des gens dans ce pays. Rien à avoir avec le résultat.
Je ramasse mes effets, sors de la chambre et tombe sur mon oncle qui sort aussi juste en face. Mes yeux s’arrondissent comme les siens. En arrière de lui se tient une femme avec des courbes affriolantes qui tapote son dos et demande ce qu’il attend pour entrer.
Gaëtan: Han....Rah....hannn, il se racle la gorge
Jen: Bonsoir tonton Gaëtan! Je dis en mettant l’emphase sur le tonton. J’en ai marre de ses bêtises
Gaëtan: tu fais quoi ici? Il demande sur un ton querelleur
-Gaëtan c’est comment? On avance?
Jen: Madame c’est un homme marié!
-C’est toi sa femme? Elle réplique avec agacement
Gaëtan: chérifa entre dans la chambre, il dit en s’effaçant
Chérifa: je n’entre pas! C’est qui cette gamine? Elle dit sur un ton agressif
Gaëtan: Jennifer va rapidement à la maison! Il crie en me montrant Dieu seul sait quoi avec son bras levé
Jen: moi je travaille ici mon oncle. Et toi?
Chérifa: donc comme ça tu as une nièce Gaëtan? Tandis que Bijou....
Il me prend par le bras avec hargne et me tire si vite que j’ai le tournis. Derrière la dame continue à faire le tapage. Quand enfin il me lâche la peur me prend. Je me demande ce qui m’a pris tout à l’heure.
Gaëtan: j’ai une importante rencontre pour le travail avec la dame.
Jen: réunion dans un hôtel en gros quoi, je dis super remontée qu’il me prenne pour une conne
Gaëtan: tu as déjà travaillé? Tu sais où on fait les réunions de nos jours toi? Pfff
Jen: tata est au courant? Je demande avec un air de défi
Gaëtan: tu ne retournes plus dans ce couloir c’est compris!? Il crie
Jennifer: ou....oui, je balbutie
Les cinq jours qui ont suivi je rasais les murs à la maison. Vraiment j’ai été bien conne de jouer au défenseur de je sais pas quoi même si sur le coup je n’ai pas réfléchi. Ça m’a trop saoulé de le voir là pendant que ma tante le traite si bien ici. Tu lui diras à ma tante et elle te répondra que les hommes sont des bébés. En tout cas ce genre de bébé je ne veux pas. Plus grand et velu que moi même.
Je sors au premier klaxon pour aller ouvrir mais il est déjà au portail, ce qui m’étonne parce que j’ignorais qu’il était là. Il ouvre, ma tante se gare et il va tenir sa porte.
Gaëtan: non j’ai une femme de premier choix. Ou bien Jennifer?
Jen: heuh oui oui, je réplique quand elle descend et lui demande avec le sourire ce qu’il a encore aujourd’hui
Gaëtan: rien. Je suis seulement heureux que tu sois rentrée tôt. Allons-y.
Jen: Bonne arrivée ma tante, ton sac? Je dis mais tonton m’a vite pris la main.
Gaëtan: Ama il faut dire à Jennifer que je n’aime pas du tout ça hein. Dis lui que le petit prince ne court pas quand sonne le gong. Le gong arrivera toujours dans la maison du roi.
Là ma tante éclate de rire simplement. Je mens si je dis que j’ai compris
Ama: tu as bien compris ton oncle hein
Jen: oui mais....
Gaëtan: oh elle ne connaît pas nos proverbes togolais? Ça veut dire que tu te presses pour rien. On vous apprend quoi à l’école ma fille? Il faut que je t’apprenne un tas de choses il semble. Allons-y mes femmes, il dit en mettant un bras autour de mon épaule tandis que l’autre était autour de celui de tata. Tu as couru pour ouvrir le portail pourquoi alors que je suis dans la maison?
Jen: j’ignorais que tu étais là
Gaëtan: mais je vais être où un vendredi à 17h nom de Dieu? C’est quand même ma maison ici. Mon sanctuaire. Le lieu que où je me réfugie quand le monde en face est gris
Ama: c’est comment chéri? Tu as gagné au loto? Elle demande toujours en rigolant
Gaëtan: effectivement. Raison pour laquelle je n’ai pas aimé voir Jennifer courir au point de se casser les dents. Tu es une princesse dans cette maison. Tu n’as pas besoin de te presser comme les esclaves qui craignent les punitions.
Ama: haha eh bien, bientôt tu vas nous annoncer qu’on déménage tiens.
Gaëtan: mieux que ça chérie. Non seulement on déménage mais Jennifer je compte sur toi pour nous décrocher ce bac et l’année prochaine je t’envoie à Dakar.
Ama: Sérieusement chéri? Elle demande étonnée. Moi j’ai perdu mes mots woh.
Gaëtan: mais certainement. Note le jour. moi Gaëtan Ekoue j’ai donné ma parole. Le bac tu nous le ramène avec mention assez bien et tu iras à Dakar pour étudier le journalisme hein, c’est bien ça que tu voulais?
Jen: com....communication ou...journalisme, je balbutie
Gaëtan: oh les bonnes filières! Tu vas nous apporter un peu de changement avec les vieilles que je dois regarder tout le temps à la télé. On a besoin du vent frais dans ce pays pour le relever!
La nouvelle m’a tellement choqué que je ne sais pas comment j’ai marché pour aller en chambre. Même la cuisine il avait dit de laisser le soir là. Il s’occupait de tout. À moi il a dit que j’aille me reposer un peu. Surtout pas réviser pour me stresser. Et pour un repas. Non le choc était à son paroxysme. Je ne serais pas entrain de le voir nettoyer ce gros poulet et sortir de ses assaisonnements que je n’y aurai pas cru.
Bien qu’il nous avait chassé ma tante et moi étions assises à la devanture entrain de le regarder s’activer. Je ne sais pas si c’est pour notre rencontre à l’hôtel mais il sait que je ne dirai rien. J’étais au courant dans le passé mais après la première bourde que j’ai fait je ne m’en suis plus jamais mêlé donc pourquoi autant de sollicitude?
L’explosion de saveurs dans ma gorge était à un autre niveau quand j’ai mangé. Si j’ose dire le type a réussi un assaisonnement meilleur que celui de sa femme!
Ama: chéri tu t’es surpassé. Ça faisait un bail hein.
Gaëtan: tu croyais que j’allais perdre la main han? Il demande amusé. Jennifer c’est comment? Tu aimes?
Jen: trop bon.
Gaëtan: ah mais faut dire. Les hommes aussi aiment être complimentés quand ils cuisinent. Si tu ne prends pas l’habitude de le faire ton mari ne va pas le faire souvent oh.
Ama: pardon ne parle pas encore de mari pour la petite. Qu’elle finisse l’école d’abord
Gaëtan: je parle seulement par anticipation. Tu crois que moi même je veux qu’on me touche mon enfant? Je vais charcuter quiconque osera. Tu n’approches pas les garçons hein Jenny! Master c’est l’objectif!
L’émotion bloquant ma gorge j’ai juste hoché la tête. Il a rigolé avec nous. Il m’a incité à me resservir quand j’hésitais. La vaisselle aussi je n’avais pas le droit de faire. On a regardé un film tous les trois puis ce n’est qu’à la fin que j’ai regagné la chambre tandis qu’eux restaient au salon.
Ama Ekoue
Nous sommes restés regarder un deuxième film après le départ de Jennifer mais Gaëtan tombait de sommeil donc j’ai finalement éteint la télé. Avant d’aller dormir, je suis passée par la chambre de Jennifer vu que j’y ai vu de la lumière. Je suis entrée et c’est avec surprise que je l’ai trouvé avec les yeux humides.
Ama: qu’est qu’il y’a ma fille?
Jen: qu’est ce qui s’est passé avec tonton? Il a été gentil
Je me mets à rire.
Ama: c’est pour ça que tu es émue? Je t’ai toujours dit que ton oncle n’est pas un homme méchant.
Jen: mais avant tout le temps il avait l’air contrarié. Tu....tu crois qu’il dit vrai pour Dakar?
Ama: les hommes sont comme ça je t’ai dit ma chérie. Ils ont des sautes d’humeur que tu ne pourras pas expliquer et je ne te conseille même pas de te fatiguer à le faire. Au début de mon mariage je voulais tout le temps tout comprendre puis avec l’âge j’ai saisi l’essentiel. Donne seulement à un homme ce dont il a besoin tant qu’il n’est pas violent avec toi et tu verras qu’il reviendra toujours à des meilleurs sentiments. Ton oncle comme tu l’as vu ce soir moi je l’ai vu à différentes reprises dans ma vie. Et oui il ne ment pas pour Dakar. Gaëtan n’est pas le genre qui parle pour parler.
Jen: je vais décrocher le bac avec une très bonne moyenne tu verras!
Ama: c’est tout le mal que je te souhaite, mais maintenant il faut dormir.
Elle se couche, j’éteins la lumière puis regagne notre chambre conjugale. C’est moi qui tombe des nues en arrivant là. La chambre est plongée dans une lumière tamisée, mon mari est debout et à la radio joue ma chanson favorite, aime moi plus fort.
Gaëtan: je t’attendais, il dit d’une voix suave
Ama: tu n’es pas fatigué après avoir couru partout ce soir là
Gaëtan: chut, la fatigue c’est quoi quand une soirée câlins s’annonce devant nous
Ama: haha mon amoureux, voyons voir si tu arrives encore à placer correctement tes pieds
Gaëtan: je vais te rabattre ton caquet tu vas comprendre, il dit sur un ton blagueur avant de me coller et bouger avec moi.
Je me noie dans ses yeux tandis qu’il me caresse le dos tout en bougeant sensuellement contre moi et me susurre qu’il m’aime. C’est ce Gaëtan qui m’a fait la cour et rendue amoureuse quand à cette époque mon entourage me traitait de rêveuse de vouloir de l’amour au lieu d’accepter les avances d’hommes stables qui cherchaient plutôt une femme de ménage et mère plutôt qu’une compagne. Je voulais vivre l’amour dont j’ai entendu parler quelques fois et même si avec nos soucis j’ai cru des fois avoir trop rêvé, j’ai compris avec le temps que non. Le mariage n’est pas qu’amour tous les jours. Il faut s’accrocher et patienter quand ça ne va pas. En fin de compte l’amour triomphe toujours. Comme ce soir. Heureusement que demain c’est le week-end. Dieu aidant on pourra concevoir ce soir peut-être.