18
Write by Gioia
Dix-huitième partie
Ciara Kunakey
Loussika essaie de me calmer mais je n’y arrive pas. Antoine est parti chercher ma maman à l’aéroport. Il ne m’a même pas donné le temps de lui expliquer il y’a une semaine de ça quand il m’a surpris. Magnim est venu ici le soir là sans me prévenir. Antoine a refusé de le voir aussi. Lou a essayé mais il ne démordait pas. Il ne voulait rien me dire. Et là maman arrive. Elle va venir me trouver avec le ventre comme ça vivant chez mon frère, sans rien de concret dans ma vie. Comment je ne vais pas paniquer? Les deux personnes que j’admire le plus sont déçues de moi.
Je me suis assise quand le vertige voulait me prendre. Lou m’a tendu une tisane que j’ai pris et bu d’un trait.
Lou: va te coucher ma puce. Je vais te réveiller à leur arrivée, promis
Ciara: je ne pourrais pas fermer l’œil
Lou: même si, tu pourras te reposer un peu. Ce n’est pas l’idéal de paniquer dans ta condition. Fais un effort
Ciara: okay, j’ai dit après un moment en me levant.
Je prie de tout mon cœur que maman me donne le temps de lui expliquer.
Ameyo, la maman de Ciara
Depuis le pays, Antoine m’avait déjà prévenu que je venais pour une affaire grave mais il n’est pas entré dans les détails. Ciara sait que je n’aime pas les problèmes. Je lui ai demandé d’écouter tout ce que son grand frère dit quand elle me quittait. Je n’ai pas mis au monde ce garçon mais il a fait pour elle plus que son propre père. Donc je ne sais pas ce que ma fille essaie de me faire en se mettant son frère à dos mais je vais vite régler ça. Au moins ça me donne l’occasion de sortir du pays et voir ce qu’elle fait ici depuis que je l’ai laissé partir. J’ai ramené les choses que je sais qu’Antoine aime manger dans ma valise, puis des pagnes, bazins et du beurre de karité pour sa femme. Il ne l’a emmené qu’une fois à Lomé mais elle m’avait dit aimer le beurre de karité durant son séjour. Le reste c’est Antoine qui m’a appris sur sa femme. C’est le genre de mariage que je priais que Dieu donne à ma fille aussi juste avec les enfants un peu plus tôt parce qu’Antoine approche la quarantaine je pense mais il n’a toujours pas d’enfants. Or il est avec sa femme depuis dix ans je pense aussi.
J’ai admiré avec satisfaction la maison d’Antoine à notre arrivée. Une belle maison pour un couple uni. Il ne manque plus que les enfants pour la remplir. Sa femme était au salon nous attendant avec le sourire. Elle est venue vers nous pour aider avec le trolley que j’avais tandis qu’Antoine portait les valises.
Lou: tu dois être fatiguée maman. Tu peux venir je vais te montrer ta chambre, elle m’a dit après m’avoir donné de l’eau à boire
Ameyo: je vais d’abord voir ma fille s’il n’y a pas de problème
Lou: c’est qu’elle s’est couchée en fait il y’a peu. Elle est un peu fatiguée
Antoine: va la réveiller Lou.
Lou: Tony pas comme ça. Donne lui le temps, elle a dit en le regardant
Antoine: hum, il a répondu en tournant la tête
Lou: viens avec moi maman. Tu verras Ciara tout à l’heure ne t’en fais
Ameyo: okay j’ai dit en la suivant
En vérité j’étais fatiguée par le voyage. Depuis j’ai les mollets qui m’épuisent quand je reste longtemps sans faire de mouvements. La femme d’Antoine m’avait dit jadis que c’était probablement les varices. Elle m’avait aussi donné des collants compressions à mettre pour m’aider avec en plus de prendre la vitamine D et le magnésium. J’ai pris une douche avant de dormir un peu. Je me réveillais quand on cognait à la porte.
Ameyo: oui entrez
Ma fille passe doucement la tête par l’entrebâillement de la porte. Je souris puis mon sourire disparaît quand tout son corps entre
Ciara: coucou maman, elle me dit d’une petite voix
Ameyo: (en Mina) Jesus Christ l’enfant du père. HEY Kaye Kaye Kaye (cris de stupeur et d’effroi tout en croisant les bras)
Ciara: je suis désolée maman, elle a commencé à dire avec les larmes
Les mots m’avaient fui. Je regardais ma fille comme si je la voyais pour la première fois. J’avais tout imaginé mais voir le ventre comme ça non. Des minutes après elle était assise à mes côtés. Elle ne pleurait plus mais ses yeux étaient humides. main sous le menton, je la regardais me parler.
Ciara: je vais pas te décevoir maman je te promets. Tu vas voir que je vais trouver vite un emploi. Tout ça c’est temporaire. Mais je gère
Ameyo: c’est comment tu gères en étant enceinte chez ton frère? Quelqu’un te fait la faveur de payer tes études et ton loyer sans relâche et ça ne te dit rien?
Ciara: c’est pas que c’était prévu maman. C’est arrivé comme ça
Ameyo: je t’ai dit quoi sur les garçons quand tu partais?
Ciara: il est différent lui. Je l’aime
Ameyo: c’est ça qu’on t’a donc envoyé faire ici?
Ciara: non mais....mais ce genre de choses ne se contrôle pas maman
Ameyo: Tu sais ce qui s’est passé quand je ne me suis pas contrôlée avec ton père? Je suis tombée enceinte quand j’étais au lycée. Il ne m’a pas donné un regard. J’ai dû laisser l’école par faute de moyens. Je n’ai même pas eu le bac. C’est quand ça lui a plu qu’il a décidé de me donner ce qui lui plaisait comme argent pour que je m’occupe de toi. Il a fait sa vie. Il est parti à l’étranger lui jusqu’à revenir, se marier et tout ce que tu connais de lui. Combien de fois je t’ai répété de ne pas regarder les garçons?
Ciara: tu....tu ne m’as pas raconté ton histoire avec papa.
Ameyo: je dis combien de fois je t’ai dit de laisser les garçons mah?
Ciara: oui mais Magnim n’est pas comme ça. Il est présent pour moi depuis que nous avons découvert la grossesse
Ameyo: et puis après? Celui qui est pour ton bien ne viendra pas te mettre enceinte avant la fin de tes études. Il va t’honorer d’abord en t’épousant et surtout t’aidera à avoir un bon travail. Toi tu es allée plus loin que moi dans les études mais tu fais encore mes erreurs. C’est quoi que j’ai manqué dans ton éducation?
Ciara: arrête de me parler comme si ma vie était finie! J’ai encore rien fait et je vais te prouver que je peux faire tout ce que j’ai prévu
Ameyo: c’est sur qui tu cries? Tais toi vite
Ciara: tu es fâchée je comprends. Je me suis excusée mais c’est pas une raison pour me parler comme ça, elle a dit plus doucement
Ameyo: sors vite on va régler ça avec ton frère
Ciara Kunakey
Maman n’a pas cessé de se confondre en excuses devant Antoine. On croirait que j’ai été accusée de vol ou un truc dans le genre. J’ai réitéré mes excuses aussi mais une fois seulement. Je ne vais pas passer ma vie à demander pardon pour quelque chose que je ne regrette pas. Même s’il n’est pas arrivé comme prévu je l’aime de tout mon cœur mon bébé. Je suis confiante pour l’avenir et j’ai confiance en Magnim. Il m’a prouvé qu’il tenait à moi.
Antoine a demandé que Magnim se présente ici pour qu’on discute de la marche à suivre. Loussika m’a glissé dans les oreilles qu’elle lui parlera pour qu’il ne s’emporte pas trop durant la conversation. Après le dîner nous étions de retour dans nos chambres. Maman est sévère avec moi mais elle ne peut pas me bouder longtemps. J’ai élu domicile dans sa chambre bien qu’elle ne m’ait pas invité. Elle me posait des questions sur la grossesse et me conseillait déjà sur quoi faire, manger et tout.
Ameyo: tu sais déjà ce que tu vas avoir?
Ciara: non pas encore. On saura au prochain rendez-vous mais on aimerait un garçon
Ameyo: on là c’est qui?
Ciara: Magnim et moi
Ameyo: hum. Ton frère ne semble pas aimer ce garçon. Tu es sûr de toi?
Ciara: maman c’est le garçon le plus honnête que j’ai rencontré. Même Belle peut te le dire. C’est son ami
Ameyo: ah bon? Appelle là pour moi d’ailleurs. Je veux savoir
Ciara: ne pars pas l’accuser de quelque chose hein. C’est pas elle qui.....
Ameyo: j’ai dit de m’appeler Belle. Est ce que c’est toi qui me dira ce que je peux lui dire ou pas?
Ciara: okay okay c’est bon j’appelle
Belle: hello, elle a dit en décrochant quelques minutes plus tard
Ciara: tu es sur HP. La vieille est là
Ameyo: ta grand mère vieille, elle a répondu tandis que je riais
Belle: oh maman chérie, tu es enfin arrivée. Tu nous a manqué
Ameyo: ah laisse moi ça. Quand tu quittais Lomé je t’ai dit quoi Belle?
Belle: de bien étudier, ne pas gaspiller l’argent et veiller sur Cici
Ameyo: c’est comme ça que tu veilles en la laissant qu’elle tombe enceinte? Ou tu vas me dire que toi aussi tu es enceinte là-bas?
Ciara: tcho maman c’est quoi avec les accusations?
Ameyo: dégage, on sait quoi avec vous
Belle: tu as raison maman. Je n’ai pas bien fait le travail que tu m’as confié et je suis désolée mais ne t’inquiètes même pas pour la suite. Je garde bien mes yeux sur Cici et Magnim. Ils ne vont plus faire
Ameyo: hum. Ciara dit que c’est ton ami?
Belle: c’est mon frère à ce stade hein. Comme tu me prends là, prend le aussi comme ça. Il est très sérieux et l’aime beaucoup
Ameyo: hum comme tu dis alors. Toi même tu viens quand ici? Je vais voir de mes propres yeux ce que tu fais pour aller dire à ta maman
Belle: l’école ne me laisse pas ses derniers jours mais dès que j’ai un créneau je saute dans le train. Toi aussi viens un peu voir non maman. Montpellier c’est plus beau que Paris
Ciara: tchip ne commence pas la bagarre ce soir. C’est Paris ou rien
Belle: lol okay les parisiennes. Ce n’est pas que je ne vous aime pas mais le sommeil me guettait depuis. Le travail m’attend demain à la première heure
Ameyo: okay va donc dormir. Si un gars te parle demain tu ne lui réponds pas. Dis lui que ta maman a refusé ça
Belle: lol sans faute maman. Personne n’a mon temps ici d’ailleurs
Ciara: tu veux blaguer qui avec ta beauté là
Ameyo: laisse la fille aller dormir avec ton bavardage. Demain ton ventre et toi vous allez rester sur le lit à tourner pendant qu’elle sera fatiguée quelque part
Ciara: quand toi tu bavardais tout à l’heure je t’ai pas coupé hein. C’est pour moi qui te dérange
Ameyo: belle n’écoute plus celle-ci. Dieu nous réveille (une façon de dire bonne nuit en mina. Traduction littérale)
Belle: pareillement, elle a dit avec le rire dans la voix
Maman et moi on a continué le bavardage pendant des heures. Elle me disait de laisser on dort mais elle posait encore les questions. Quand elle voulait laisser moi aussi je ramenais les questions. J‘espère que sa colère ne va pas revenir quand Magnim viendra.
Essohana Wiyao épouse Bemba
Nous sommes en route pour le domicile d’Antoine. Auxanges et moi sommes la famille de Magnim ici. Mon mari conseille mon frère sur comment se tenir quand nous serons chez Antoine. Je ne dis rien. Magnim sait déjà combien je suis fâchée mais je ne peux plus rien faire. Un enfant est en jeu et les enfants sont sacrés. Je n’aime toujours pas cette idée d’être parenté à Antoine mais je peux y changer quoi. C’est Magnim qui m’a emmené dans ces choses. Nous sommes arrivés devant une vaste maison dans un quartier familial vu le nombre d’enfants qui jouaient dehors en plus des parcs. Ce genre de maison ne doit pas coûter en bas de 700.000 euros. Donc Antoine a même réussi avec brio dans la vie. Rien d’étonnant en même temps. Il était très intelligent et populaire à l’université. C’est comme ça que je l’ai connu. Il était porte-parole de l’association des étudiants africains et des DOM TOM. Des souvenirs. Rien que des souvenirs. Il m’avait aidé pas mal avant de me détruire correctement aussi. C’est sa tête que j’ai vu en premier en entrant chez eux. Derrière sa femme suivait. Puis Ciara avec un ventre bien visible. Je me suis retournée et j’ai tiré l’oreille de Magnim.
Magnim: ho en public aussi? Il a dit en se tenant l’oreille
Hana: ça t’apprendra à agir comme un gamin quand tu es un adulte
Auxanges: essayons de nous calmer s’il vous plaît, il a dit sur un ton conciliant
Lou: par ici, on sera plus à l’aise, elle a dit en nous dirigeant dans une salle de séjour dans des tons de bleu nuit et vert citron. Des couleurs chaudes qui vont bien avec le temps qui commence à se réchauffer
Je m’attendais à voir des enfants mais non. Il n’y avait que des photos d’eux. En voyage, dans un studio puis leurs diplômes accrochés au mur.
Auxanges: Cherie on te pose une question, il a dit en posant la main sur mon épaule
Hana: hum?
Lou: qu’est ce que vous aimeriez boire?
Hana: du vin blanc pour moi ca ira
Lou: ça marche. Je reviens
Antoine: je m’en occupe.
Lou: merci mon amour. Tu peux ramener les plateaux des entrées dans le frigidaire en revenant aussi s’il te plaît?
Antoine: okay.
Nous nous sommes assis les uns en face des autres. Ciara était collée à une dame âgée. Sa mère j’imagine. Cette dernière regardait avec suspicion mon frère qui était entre moi et Auxanges. Antoine est revenu avec un plateau et les boissons. Magnim s’est levé pour l’aider ainsi que Ciara. Il a ignoré mon frère mais à sa sœur il a remis les petits plats. Nous fûmes servis pour les boissons puis la femme a annoncé le libre service pour les entrées. Auxanges a pris la parole après les salutations
Auxanges: Encore merci de nous recevoir. Je suis Auxanges Bemba. Magnim ici je le considère comme mon fils et je suis le mari de sa sœur. Je ne connais certes pas bien Ciara mais mon fils ne m’a dit que du bien sur elle. Je comprends les sentiments de la belle famille mais je vous assure que Magnim aime et veut faire sa vie avec Ciara.
Antoine: maman parle d’abord. J’interviendrai après
Ameyo: merci Antoine. Bon comme on dit le mal est déjà fait. Merci toutefois d’être venu dès que nous avons demandé. Ce qui est important pour moi c’est le bonheur de ma fille. Je suis certes sa mère mais son frère ici est comme son père. Nous ne pouvons rien faire sans son accord. Donc je lui laisse la parole.
Antoine: Magnim je t’avais demandé quoi l’une des rares fois où on s’est parlé? Il a demandé à mon frère mais il me regardait
Magnim: de ne pas détourner ta soeur de son objectif
Antoine: tu as les moyens pour prendre soin d’un enfant?
Magnim; j’ai un travail
Antoine: un travail est synonyme de moyens? Que feras-tu si tu devais être licencié?
Hana: ce n’est pas un électron libre. Je suis moi même gynécologue de formation. Mon mari est juriste. Nous avons amplement les moyens pour assumer l’enfant, j’ai répondu sur un ton acerbe. Ses yeux se sont plissés comme si ma réponse l’énervait mais je m’en fous. Il n’est pas le seul à avoir réussi
Antoine: de toute façon vous aviez décidé de vos choses sans nous consulter. Elle attend peut-être ton enfant mais elle reste ma sœur. Je ne vais pas permettre qu’elle vive dans n’importe quoi. Elle ne va pas quitter chez moi pour aller vivre dans un petit appartement. Ici elle a l’espace nécessaire.
Magnim: sauf ton respect c’est à Ciara que revient cette décision. Il s’agit de notre couple. Pas du tien
Antoine: Sauf ton respect je reste le frère de Ciara. Mon avis s’il ne compte pas pour toi, compte pour ma sœur et maman. Ou bien j’ai menti Ciara?
Ciara: je....non Antoine, elle a dit en baissant la tête
Je l’avais dit. Elle n’est pas là pour être la femme de Magnim. Elle préfère se ranger derrière son frère. Le reste de la conversation j’ai écouté d’une oreille distraite. Une fille pourrie gâtée, c’est ce qu’elle est.
Farida Bouraima
Je pensais me faire des idées au début mais non. Dix jours maintenant que je ne vois pas Raissa. Son parfum n’est plus dans l’air. Quand je rentre la maison est silencieuse. Tao aussi rentre. Mais il ne me parle pas comme je ne lui dis rien aussi. On se comporte comme des parfaits étrangers. Je commence à être curieuse mais ce n’est pas supposé me regarder ce qui se passe dans sa vie normalement.
La mienne est déjà mouvementée. Les devoirs s’empilent sur ma tête et c’est la fin du deuxième trimestre bientôt. M Aymeric ne me donne plus de coup de main depuis que j’ai décliné son offre de cours du soir. Je lui ai expliqué que je n’avais pas besoin et j’aime pas aller chez les gens. On dirait qu’il n’a pas bien pris le chez les gens que j’ai dit du coup depuis il est devenu distant. Lydie blague qu’il avait sûrement le béguin pour moi même si je lui ai dit de ne pas faire ce genre de blagues. C’est pas amusant et j’ai entendu que ça peut créer des problèmes aux professeurs. Il ne m’a rien fait de mal et je ne veux pas lui créer les histoires. Maintenant j’étudie avec Lydie et les autres quand on peut. Ils ne sont pas intéressés à rester longtemps sur les cahiers comme moi. ils disent même que j’exagère mais c’est que ça me prend plus de temps pour comprendre comparé à la plupart d’entre eux. Mes notes ont baissé un peu ce trimestre ci et je veux tout faire pour avoir au moins la même moyenne qu’au premier. Je ne veux pas que Tao trouve à redire sur moi.
Après une journée épuisante je suis passée faire les courses pour faire plein de gâteaux. Je ne vais pas mentir. Savoir Raïssa loin de ma cuisine me rend très joyeuse. J’ai envie de faire plein de gâteaux pour célébrer. Même si c’est à cause d’une dispute je n’arrive pas à être triste pour Tao et définitivement pas pour Raïssa. Je comprends qu’elle n’aimait pas me voir chez son copain mais je me faisais très petite. Je ne restais jamais dans les parages. Je respectais sa place de madame des lieux même si la voir en cuisine ne me plaisait pas. Qu’est ce que j’ai fait de si mal pour qu’elle ne cesse de me rappeler que je suis inférieure à elle à chaque occasion? Non je ne la considère plus et c’est comme ça.
Je suis arrivée à la maison les bras chargés de courses pour trouver maman là.
Farida: eh tu fais quoi ici maman? J’ai demandé surprise
Ma’a Tao: entre vite ma fille, ça va? Elle a demandé avec un sourire tout en me prenant quelques sacs
Farida: oui mais....rho Tao ne m’a même pas prévenu. Je n’ai pas eu l’occasion d’arranger la maison en partant aujourd’hui. Mes excuses hein, j’ai dit en riant gênée tout en ramassant les tasses sur la table pour les mettre dans l’évier
Ma’a Tao: laisse ça. Je suis habituée avec mon fils de voir les livres et tout sur la table à manger
Farida: tu es arrivée quand?
Ma’a Tao: ce matin. Tao est passé me chercher. Viens ici je vais bien te voir
Farida: pardon je finis de charger le lave vaisselle.
Ma’a Tao: bon c’est que moi même je viens alors
Farida: maman tu n’aimes pas rester assise sans rien faire, J’ai dit en riant
Ma’a Tao: c’est ça l’habitude. On arrive pas à vite laisser. Mais je vois que tu as laissé le poids Hein. Moi qui espérait te voir en double en arrivant ici
Farida: yeee en double? Au nom de quoi?
Ma’a Tao: les habits que j’ai pris pour toi vont te flotter maintenant. Hum, Tao m’avait dit que tu avais perdu le poids que tu avais pris mais je ne croyais pas
Farida: oh fallait pas te déranger pour moi
Ma’a Tao: comment je ne vais pas me déranger pour ma fille? Allez viens on va voir ce qui te suffit ou non
Je l’ai laissé me conduire en chambre. Elle s’était installée dans la mienne comme on en a que deux ici. Elle sortait des habits plus beaux les uns que les autres. Des tuniques brodées. Des pagnes tissées. Rien que des tenues de fête. Et moi j’étais de plus en plus perdue.
Farida: c’est très joli maman mais tu sais qu’ici on ne porte souvent que le jean comme tu vois j’ai dit en désignant mon t shirt blanc et ma veste en jean par dessus
Ma’a Tao: non non, une femme mariée doit se dorer des plus belles parures pour séduire son mari. Surtout au début du mariage
Farida: heuh je ne suis pas sûr de bien comprendre
Ma’a Tao: comment? tao ne t’a pas déjà dit?
Farida: en fait c’est que Tao tu sais qu’il est avec raissa non
Ma’a Tao: ah laisse et viens m’essayer les habits ici plutôt
Farida: c’est que.....
Ma’a Tao: ne me fais pas beaucoup parler Farida ou bien tu veux me fâcher?
Farida: non non je me dépêche
Elle me remettait les tenues une par une. M’aidait à les porter. Elle me disait ce qui avait été envoyé par qui. J’ai eu un peu de tout. Elle avait choisi. Ainsi que papa, la deuxième maman de tao et ses deux petites sœurs dont il m’a souvent parlé. À la fin je ne savais quoi dire. J’ai commencé à pleurer.
Farida: vous êtes très gentils avec moi. Je ne sais pas pourquoi mais ça m’étonne toujours. Je sais pas si un jour je pourrais vous rembourser tout ça maman. Je ne suis pas longtemps restée avec la mienne mais par vous je découvre ce que ça fait d’avoir une maman qui pense à moi
Ma’a Tao: rend mon fils heureux simplement et tu m’auras remboursé plus que de raison.
Farida: je travaille très fort à l’école pour ça maman tu vas voir. J’aurai des bons résultats
Ma’a Tao: eh Farida, d’accord c’est très bien aussi, elle a dit en riant, pourtant je suis sérieuse. Je vais mettre les bouchées doubles
Après l’essayage je me suis rendue en cuisine pour préparer mes gâteaux. La joie faisant j’en ai fait plein. Maman faisait les va et vient entre le salon et la cuisine pour apprendre elle a dit. Je lui ai montré comment faire le gâteau aux carottes. Le favori de tao. J’ai appris en regardant le meilleur pâtissier sur M6. Puis j’ai fait un gâteaux des anges, un St Honoré et un pain aux courgettes pour finir. Trois heures et un dos cassé plus tard je sortais de cuisine. Maman riait de ma tête pleine de farine. Même dans les mèches j’en avais. Elle me rappelait de trouver un jour en semaine pour qu’elle me change de coiffure parce qu’elle m’a ramené un tas de mèches pour les crochets. Va savoir comment elle sait que j’aime les crochets.
J’ai pris ma douche et je l’ai rejoint dans mon gros peignoir devant la TV. Elle s’était déjà fait une salade quand je suis sortie de la douche. Elle a décliné aussi quand j’ai demandé ce qu’elle voulait au dîner comme quoi elle surveille sa ligne et ne mange plus lourd après 20h. Je lui ai ramené le pain aux courgettes que nous mangions toutes les deux tout en regardant la TV. Tao est rentré à ce moment là.
Tao: la maison sent le sucré, il a dit depuis le perron
Ma’a Tao: c’est ta femme qui a fait le chef ce soir
J’allais la corriger quand Tao est apparu. Peut-être c’est parce que Raissa n’est plus dans les parages mais me voilà entrain de l’observer. Il est tellement grand. Elle lui demandait tout le temps de la porter. Je suis certes plus grande de taille que Raissa mais je n’atteint pas les épaules de Tao. Juste son torse. Et il est beau. Très beau donc j’ai détourné le regard pour le laisser sur la TV.
Tao: bonsoir maman, il a dit en se baissant pour lui faire la bise.
Je le voyais du coin de l’œil. Je m’attendais à ce qu’il me dépasse mais son long corps s’est courbé et il a effleuré mon front des lèvres.
Farida: je......
Tao: bonsoir toi
Farida: bonsoir j’ai dit en baissant les yeux et jouant avec la corde de mon peignoir
Ma’a Tao: va te laver avant de déranger l’enfant avec les bisous
Tao: tout ça parce que je ne t’ai pas fait?
Ma’a Tao: ne viens même pas ici avec ta bouche
Il est allé. Ils ont commencé à se chamailler. J’ai commencé à rire de leur scène, oubliant que je ne suis pas supposée parler à Tao. La nuit là j’ai dormi avec maman. Le lendemain je suis partie avant tout le monde pour l’école. Au retour Tao était déjà à la maison avec sa mère. Il était rentré bien plutôt que d’habitude. Et il a demandé à me parler. Maman est sortie directement en disant qu’elle allait marcher un peu.
Farida: maman est une dame âgée. Ça se fait pas de la chasser si tu veux parler
Tao: je ne lui ai rien dit. C’est elle qui a voulu sortir
Farida: bref je t’écoute j’ai dit en croisant les bras
Tao: tu es occupée demain soir? Je veux qu’on sorte pour manger
Farida: raissa est où?
Tao: elle est partie. Nous ne sommes plus ensemble
Farida: comment ça?
Tao: comment ça comment ça?
Farida: depuis quand vous n’êtes plus ensemble?
Tao: environ un mois j’imagine. Je n’ai pas gardé la date exacte en mémoire
Farida: pourquoi tu mens? J’ai demandé en colère.
Tao: je te mens sur quoi?
Farida: raissa la dernière fois elle...elle criait ton nom ici la nuit et....
Tao: Han? Elle criait mon nom ici dans cet appartement? Elle criait quoi?
Farida: je peux pas dire les choses comme ça
Tao: comment je peux réfuter si tu ne me dis pas ce qu’elle criait?
Je n’ai pas pu répéter mais je lui ai donné le jour exact
Tao: je n’étais pas ici. J’ai dormi chez Magnim. Tu peux l’appeler pour lui demander maintenant
Farida: hum. J’ai pris mon téléphone et je l’ai fait.
Magnim: hello la belle sœur de l’autre. Tu te souviens que j’existe
Farida: coucou comment ça va?
Magnim: ça n’allait pas jusqu’à ce que tu appelles. Maintenant je plane. Tu viens me visiter quand? Ou c’est ton vilain mari avec ses poils du nez qui sortent en désordre qui dit non? Tu peux toujours lui appeler la police je t’avais dit non. Dis lui bien que tu connais tes droits quand il te dérange hein
Farida: lol non. C’est que chez toi c’est loin. Mais dis moi il est chez toi? Je le cherche
Magnim: heuh non ça fait un bail qu’il n’est pas venu chez moi.
Puis il m’a donné la même date que Tao. Nous avons parlé encore et finalement raccroché.
Farida: tu ne me mens pas hein
Tao: pour une menteuse tu n’aimes pas qu’on te mente en tout cas
Farida: j’ai menti juste quelques fois. Rien d’autre
Tao: ça reste des mensonges et non je ne te mens pas
Farida: pourquoi elle criait alors?
Tao: elle se masturbait ou rêvait peut-être, ça arrive
Farida: c’est quoi se masturbait?
Tao: je vais te montrer après
Farida: okay.....je suis libre après demain
Tao: 18h. Fais toi belle.
Farida: d’accord j’ai dit le cœur battant
Raissa Bouraima
Je fixe l’alliance que Tao m’a donné tandis que maman nettoie mes larmes. Elle est venue à Paris dès que je lui ai dit.
Raissa: qu’est ce qu’il lui a trouvé de plus que moi maman? J’ai demandé avec peine
Astou: rien du tout ma fille. Ce n’est qu’une moins que rien
Raissa: il n’a même pas voulu me dire que c’était à cause d’elle mais je suis sûr que oui. Tout ça c’est passé après que je me sois moquée d’elle quand elle a demandé à Magnim comment ça fonctionne l’achat des maison ici. Imagine une pouilleuse lycéenne qui demande comment on achète une maison? C’est juste ça que j’ai dit et elle lui a répété parce qu’il n’était même pas là. Je suis sûr que c’est elle! Elle voulait juste nous séparer
Astou: je t’avais pourtant dit de faire profil bas
Raissa: à d’autres! Il est hors de question qu’on me mette au même niveau que cette simplette du village.
Astou: du calme. De toute façon il n’est pas le seul homme sur terre
Raissa: mais Elle va être la petite fille d’un colonel! Elle n’a rien fait pour mériter ça. Elle est bête. Incapable de distinguer le passé du présent continu en anglais. Elle ne connaît probablement rien à l’entretien d’une maison
Astou: ne te préoccupe plus d’elle. J’avais consulté quand tu m’as dit qu’il t’a donné l’alliance. Jamais elle ne sera avec ce garçon de toute façon
Raissa: comment tu sais?
Astou: j’ai consulté je t’ai dit. Il te reviendra. Tu vois bien la bague qu’il t’a donné
Raissa: il l’a fait pour me dédommager maman! Quand je lui ai dit qu’il me laisse tomber après sa promesse il a dit qu’il ne pouvait pas faire semblant et qu’il n’arrive pas à s’intéresser à moi. C’est moi qui ait exigé la bague comme dédommagement. Il a choisi et claqué l’argent sans sourciller juste pour que je m’en aille. Imagine ce qu’il va claquer pour elle! Elle ne mérite pas! J’ai dit en pleurant avec rage
Astou: là, je t’ai dit de te calmer. Ce qu’il dépensera là-bas ne changera rien. Il fera le double pour toi au moment voulu. On a même pas besoin de se déranger. Les étoiles ont parlé depuis. Celle de Farida ne va jamais briller. Elle n’aura rien donc laisse là s’amuser et se faire des illusions. Le colonel aura encore de l’argent d’ici là. Tao lui même aura bientôt 25 ans. Il aura accès à son héritage de ce que ton père m’a dit donc crois moi que tu auras mille fois mieux que Farida. En attendant profite de ta vie. Sors et rencontre des gens. Même si tu veux sors avec des hommes. Au moment voulu tu quitteras celui avec qui tu es pour Tao. Ça ne sera pas un problème
Raissa: d’accord maman. Tu as raison. Je vais vivre ma vie pendant qu’il s’amuse avec le menu fretin