19: think with my head, not that thing in my chest

Write by Gioia

Romelio Tchaa Bemba 


Il y’a des gens qui ne sont pas bons pour garder les secrets. Je rigole en lisant le message d’Ida et le plus drôle c’est que je l’ai inconsciemment fait en imitant son accent qui se rapproche légèrement de celui du Sud. Je répondais à son message quand maman m’a appelé. 


Hana: tu es où? 


Elio: à la maison, je finis de m’habiller donc ne commence pas à me gronder. 


Hana: tchip, tu crois que j’ai encore ton temps? C’est ton billet que tu perdras si tu rates ton train 


Elio: ah bon hein madame? Même pas deux ans dehors que tu jettes ton bébé? 


Hana: un vieux pépé avec la barbe comme ça veut encore être un bébé, elle me dit avec humour 


Elio: ma barbe peut être longue jusqu’au sol, je serais toujours ton bébé. Tu ne vas pas te débarrasser de moi, je dis et elle en rit avec joie 


Hana: met moi plutôt tes plus beaux vêtements dans ton sac et tu te parfumes bien. Tu as assez pour ton week-end où je te fais un western? 


Elio: un western ne serait pas de refus. Il y’a un skateboard qui me tente depuis là


Hana: mais cherche toi un travail si tu veux casser tes dents mon cher. Je t’envoie l’argent pour que tu emmènes Elikem au resto. Pas n’importe lequel hein. Le 202 Rivoli à côté des Tuileries, c’est le meilleur. Réserve une table sur la terrasse intérieure. Ton père m’a demandé en mariage là-bas. Ensuite vous faites une petite marche dans le coin. Le décor sera parfait. 


Elio: Snif triste vie dans laquelle je dois recevoir des conseils de drague de ma mère


Hana: reste là à faire le mariole quand on te parle sérieusement. Les années passent. Tu crois qu’elle sera éternellement célibataire?


Elio: j’attends justement que son type la localise et qu’elle file le parfait amour avec lui pour que tu vois toi même qu’elle n’est pas faite pour moi. 


Hana: oh mon fils ne me dis pas que tu as raccroché sur l’amour à cause de l’autre....


Elio: pas de gros mots maman 


Hana: j’allais juste dire fille. Mais pourquoi tu dis qu’Elikem n’est pas faite pour toi? 


Elio: tu ne vois pas que je suis un vrai plaisantin comparé à elle? En plus son papounet me précise constamment que je n’ai pas à toucher sa fille. 


Hana: tout le temps et tu ne m’as jamais dit? Elle s’écrie 


Elio: heeeyyy.....doucement.


Hana: tchip! On aura tout entendu sur cette terre. 


Elio: bref donne moi plutôt des nouvelles de mon petit bandit.


Hana: c’est moi qui doit te donner de ses nouvelles quand vous parlez tous les jours?


Elio: lol pourquoi je sens des notes de jalousie dans ta voix? J’ai quand même le droit de parler avec mon petit.


Hana: parle lui, est-ce que je t’en ai empêché? 


Elio: bon bon faut pas pleurer hein. Je vais descendre un peu dans la course pour ne pas te voler la vedette. 


Hana: pfff! Je n’ai pas besoin d’aide. Je suis la favorite d’Arthur. Parlant de petit, tu écris souvent avec tes nièces aussi? 


Elio: je suis en contact avec tous les petits. C’est quand même moi leur chef. 


Hana: dis un peu à Macy de laisser ses histoires de masques et de se concentrer un peu sur ses cahiers. 


Elio: voilà que tu as encore commencé hein. Le petit truc qui te souffle qu’être mignonne ce n’est pas bon vient t’embêter encore. 


Hana: je suis sérieuse Romelio. Cette petite passe sa vie à s’occuper de son visage, ses cheveux et son corps. Ce n’est pas normal pour une gamine 


Elio: je précise que la gamine a douze ans maintenant si je ne m’abuse 


Hana: et alors? À douze ans on doit tracer les sourcils et le pire passer son temps à regarder des concours de beauté? C’est quoi tout cet intérêt pour le superficiel? 


Elio: ce n’est pas un crime maman, arrête d’être carrée comme ça. Macy c’est une bonne petite 


Hana: voilà ce que je n’aime pas chez ton oncle et toi. En quoi j’ai dit que ce n’est pas une bonne fille? J’ai simplement pointé que c’est trop superficiel ce genre de choses. C’est pour après finir avec des troubles alimentaires parce qu’elle veut 

être comme les filles à la télé. C’est mieux qu’elle lise les livres, fasse du théâtre ou encore du sport. Au moins Ça cultive l’esprit ce genre de choses. 


Elio: à quoi ça sert de forcer la personne à faire quelque chose si son cœur n’y est pas? 


Hana: continuez avec cette bêtise de suivre vos cœurs qu’on vous vend comme mensonge sous prétexte que c’est en faisant ça que le bonheur sera à votre portée. Pourtant le cœur est rempli d’émotions contradictoires. Ne pensez pas avec vos cerveaux en pesant le pour ou contre et surtout l’utilité des choses plutôt hein. 


Elio: merci pour la minute de sagesse. Je vais aller prendre mon train 


Hana: fais donc ça et tu m’écris en arrivant. 


Elio: les bisous la plus belle. 


Elle m’en fait aussi puis on raccroche. Je pense à comment formuler le message à Macy puis finalement je laisse tomber. Pourquoi diaboliser son intérêt pour le monde de la beauté si elle se sent bien comme ça? Il n’y a pas de mode d’emploi pour être heureux. Elle est bien et surtout elle n’a que douze ans. Peut-être même que d’ici la majorité ce domaine ne l’intéressera plus. 



Héloïse Silivi


Aujourd’hui je quitte de cet institut où j’ai passé 365 jours sans en sortir. Mais cette fois je m’en vais en laissant derrière la question sans réponse qui m’y a conduit en premier. C’est Belle qui est là pour m’emmener. Je vois qu’elle fait un pas en avant mais hésite tout de même. Je réduis la distance. Elle fait de même et je me retrouve dans des bras familiers. De la chaleur humaine et réconfortante. Si j’avais des larmes restantes je les aurais versé mais je n’en ai plus. Elle par contre le fait pour nous. 


Belle: je savais que tu en étais capable ma chère. Tu as fait un très grand pas. 


Héloïse: merci.....du fond du cœur, je dis d’une voix enrouée par l’émotion 


Belle: je t’en prie. Je te ramène dans ma maison.


Avant j’aurais probablement dit non, je ne veux pas abuser davantage de ta gentillesse mais ici j’ai appris à être honnête avant tout. J’ai peur de me retrouver seule donc je préfère être en compagnie. Même une souris me suffit. Tant que je sens une vie à mes côtés. J’hoche la tête et nous sommes parties. 


Je pensais sincèrement ne plus avoir de larmes à verser mais mes yeux se remplissent quand j’arrive chez elle et trouve un petit comité composé de ses deux enfants. Les deux tiennent une banderole sur laquelle je lis un, “bienvenue madame Héloïse”. Ils viennent m’enlacer un par un. Je n’en crois pas mes  yeux en vérité. Ils ont poussé comme des plantes. 


Mally: oh Madame je suis plus grand que vous maintenant, c’est grave hein 


Belle: tu vas tenir ta langue oui, elle dit pendant que je ris. 


Aï: Madame elle a pas bedsoin ds’être grande. C’est mignon les petsitses. 


Mally: continue bien à te blaguer avec les romans d’amour d’Elikem. Koffi t’attend en fin de chemin ma sœur. 


Belle: tu as commencé tes activités dans le cahier de vacances d’abord? 


Mally: s’il vous plaît hein, on a une invitée dont je dois m’occuper, merci bien! 


Sa mère le tire par l’oreille, le faisant crier tandis qu’Aïdara demande qui est Koffi et sa mère lui demande de me conduire en chambre en attendant. 


Je ris comme je n’ai pas ri depuis un moment. La chambre dans laquelle la petite me conduit est plus que confortable et vaste. Elle m’ouvre la porte de la salle de bain et m’indique comment me servir de l’eau chaude. Je n’arrête pas de l’observer et elle me remarque pendant. 


Aï: heuh....tu veux que dz’appelle maman? 


Héloïse: Non ça va. Tu es vraiment grande maintenant. 


Aï: oui j’ai dzouze ans bientôt. 


Héloïse: et je suis fière de toi. Tu as fait beaucoup de progrès dans ton élocution. 


Un sourire se dessine sur son visage. Elle met deux mèches de cheveux derrière ses oreilles et croise ses mains en avant. Probablement gênée par le compliment. Je me rappelle de ce geste. 


Aï: dze vais partir dzans ma chambre. C’est à côté de celle-ci donc tsu peux cogner quand tsu as fini. 


Héloïse: merci Aïdara.


Elle s’en va et je prends enfin ma douche. Là sous l’eau je ferme les yeux et me laisse envahir par les souvenirs. 


Un an et demi plutôt, après avoir découvert la lettre de ma fille, je me suis effondrée au sol. Juste littéralement. Je n’ai pas perdu connaissance mais mon cœur était totalement anéanti. Je me suis revue des années plutôt aux États Unis, pleurant jusqu’à trembler et couler du nez quand on me conduisait à l’aéroport. 


Encore une fois Innocent avait réussi à me mettre dans le même état. Je suis sortie de ma maison, comme une folle. Il a fallu que le militaire en avant le dise tout haut pour que je comprenne qu’en main j’avais un couteau. Aujourd’hui encore je n’ai aucune idée du moment où je l’ai pris. Il a refusé de me laisser aller à l’aéroport avec. Je l’ai laissé tomber et finalement nous y sommes allés tous les deux mais je n’ai pas trouvé mon enfant. Ensuite je m’en suis pris au militaire. Bien que je sois petite de stature j’ai également beaucoup de force comme toutes les femmes de ma famille. J’étais persuadée qu’Innocent avait soudoyé ce militaire sinon comment expliquer qu’Océane ait pu quitter la maison avec cette ordure. 


Malgré ma force je ne pouvais pas faire grand chose contre un militaire de toute façon. Il s’est défendu et je l’ai viré avant de rentrer chez moi. Je me suis mis à douter de tout le monde. Y compris Belle et les siens. Le premier mois je ne laissais pas Océane en placer une durant les appels. Je ne cessais de lui crier avec frayeur de fuir ce malade d’Innocent et me revenir parce qu’il allait lui faire du mal. Puis j’ai touché le fond quand elle m’a dit que son père ne lui ferait jamais du mal parce qu’il l’aime et qu’il n’est pas mauvais. Elle m’a demandé en pleurs d’aller consulter pour de l’aide. Comme si j’étais folle. Je me suis emportée et dans l’échange elle a dit que je lui faisais peur. Cette phrase m’a tellement hanté que je n’arrivais plus à la dépasser. Je n’arrivais pas à comprendre comment moi sa mère, celle qui s’est battue en dépit de tout ce que j’avais subi, pouvait lui faire peur et Innocent non. Comment j’en étais arrivée à être cet être qu’elle m’a décrit le jour là. 


Selon Belle, c’est un monsieur qu’elle ne connaît pas qui l’a appelé un beau jour pour l’informer qu’il me conduisait à l’hôpital parce que je m’étais gravement blessée avec des tessons de bouteille. J’avais énormément saigné mais je ne m’étais pas arrêtée. Arrêter de faire quoi concrètement je ne m’en souviens plus. Le seul détail qui me revient de cette époque c’est que je bougeais des choses dans la maison, maudissant tout dans ma vie. 


Après l’hôpital, Belle et son mari m’ont convaincu que je devais me faire aider pour mon propre bien. J’ai toujours pensé que les psychologues comprennent tout le monde et c’est pour cette raison que j’ai accepté. 


Un an après j’ai finalement compris ce qu’Océane voulait dire le jour là. J’ai compris que pour elle son père est un refuge, celui qui lui a donné et montré l’amour. Moi je n’ai pas essayé de la connaitre. J’ai simplement supposé qu’elle m’acceptant voulait dire qu’elle m’aimait. Quand elle m’a proposé de demander l’argent à son père pour la voiture je l’ai senti comme une insulte. Tendre la main vers cette homme qui autrefois m’avait poignardé m’était inconcevable. Je m’attendais à ce qu’elle écoute comme j’écoutais moi quand mes parents me parlaient. Au lieu de ça, elle a réagi. J’ai vu rouge et mon corps aussi a réagi tout seul. 


Finalement j’ai compris qu’inconsciemment j’ai laissé Innocent gagner le jour là. Elle ne serait pas partie comme ça si elle ne craignait pas que je m’en prenne à lui en le voyant devant notre maison. Au lieu d’agir avec ma tête j’ai laissé mes émotions prendre le dessus. En voulant récupérer ma fille, je suis devenue un autre genre d’Innocent. Je suis bel et bien en faute et c’était la partie la plus difficile à accepter. Mais mon psy m’a aussi expliqué que je n’avais pas les meilleurs outils pour faire face à cette situation. En seize ans de vie je n’avais rien fait sur le plan émotionnel pour m’aider. Je vivais avec la seule idée de retrouver Océane et nourrissais sans vraiment le savoir une haine profonde pour Innocent. Je n’ai pas songé au genre de mère que je devais être pour elle et peut-être le fait de ne pas avoir d’autres enfants était une erreur. Peut-être j’aurais eu de l’expérience. J’aurais su comment mieux l’aborder. Je ne sais pas. C’est beaucoup de peut-être et maintenant c’est fini. Maintenant je suis là, prête à faire payer à la vie le sort qu’elle m’avait donné. Et pour lui faire payer je vais me reprendre en main, cette fois ci professionnellement et émotionnellement. Je n’aurais probablement plus la chance d’être la maman d’Océane parce qu’elle est grande maintenant. Et à 42 ans, elles sont d’autant plus faibles mes chances d’avoir un autre enfant naturellement. Il faudrait déjà que j’ai un partenaire et même que mon minou soit opérationnel, ce qui n’est pas le cas depuis seize ans. Dans tous les cas, an nou alé (allons-y!) comme on dit. 


J’ouvre le grand placard et trouve un peignoir qui me couvre assez bien. Je cogne le mur comme avait dit Aïdara et en quelques minutes elle est de retour avec des livres dans les bras. 


Aï: voi...là, elle dit en les déposant sur mon lit avec un air bien satisfait. Ce sont les plus beaux 


Héloïse: du harlequin? Tu as trouvé ça où? Je demande étonnée 


Aï: c’est dans la chambre d’Elikem. Y’a plein de livres. 


Héloïse: mais ceux-ci non je ne suis pas d’accord que tu lises ça ma puce. Ils ne sont pas de ton âge. 


Aï: c’est Mally qui me lit en général


Héloïse: quoi? mais c’est encore pire 


Aï: ah bon? elle fait surprise 


Héloïse: mais oui. Ce sont des histoires pour les grandes personnes 


Aï: mais c’est trop mignon. Avec les princses, ils sont amoureux mais ils veulent pas dire la véritsé 


Mally: Koffi oh, c’est ta part, il dit en passant la tête par la porte 


Aï: Mais c’est qui Koffi? 


Mally: ton futur. Madame, je vous ai fait un de ses plats vraiment. Vous m’en direz des nouvelles. 


Héloïse: ah oui? J’ignorais que tu étais cuisiner, je dis en le laissant me prendre la main pour que je me lève 


Aï: il pleure quand il épluche l’ail, elle dit en le regardant de travers 


Mally: on t’a demandé la partie là? Mamie Josée va (commère). Et ne me demande pas qui est mamie Josée. 


Aï: mais je vais savoir qui c’est comment? 


Mally: babou


Aï: roh, imbécile, Elle dit et le cogne. Il fait pareil et les deux se chamaillent jusqu’à ce qu’on arrive dans la salle à manger. 


Hormis M Eli, toute la famille Laré Aw est là. Nous mangeons ensemble. Je n’ai pas grand chose à dire mais je m’amuse énormément en suivant les interactions entre les quatre. Voir les petits de Belle me rappellent mes écoliers qui me manquent tellement. Mais aujourd’hui je n’ai plus cet emploi. Je ne sais pas si la directrice acceptera de me reprendre. 


Belle Laré Aw 


Je précise aux enfants de ne pas embêter Héloïse avant de m’éclipser à la fin du dîner pour rejoindre le bureau à la maison. Farida nous a demandé il y’a quelques jours de trouver une date qui nous conviendrait à tous pour un appel vidéo sur Skype. Comme les Wiyao aussi ont été convié, j’ai conclu qu’il s’agit du travail parce que je suis son contact auprès de l’équipe qui produit ici le beurre de Karité, l’huile et le savon noir entre autres. La compagnie de Ciara s’occupe d’acheminer les produits jusqu’à Marseille. J’allume l’ordinateur quand Eli arrive. Il tire une chaise, me rejoins et j’écris en message que je suis prête. L’appel entre. Je décroche. Leur têtes toutes joyeuses apparaissent sur l’écran. 


Magnim: tiens la barbe a diminué? 


Tao: tu pouvais quand même saluer avant 


Magnim: arrête d’être collant comme ça. Je t’ai donné ta dose ce matin déjà


Belle: ne commence pas. Salut tout le monde


Farida: hello, elle dit en faisant salut de ses deux mains mais s’arrête un moment pour regarder du même côté que Tao 


Tao: ma puce c’est une discussion d’adulte 


-Juste la première partie....allezzzzz, Ida qu’on ne voit pas supplie 


Farida: la première partie tu as bien dit. Tu ne vas pas t’incruster. 


Ida: promis 


Farida: bon viens par ici, elle dit en bougeant et voilà Ida qui prend place au milieu d’eux 


Ciara: coucou ma jolie. Ça va toi? 


Ida: je vais trop bien et c’est...., Tao lui couvre la bouche tandis que Farida rigole puis se lève. 


Je crie. J’entends Ciara crier aussi. Farida et Ida caressent le ventre rond de mon amie. 


Eli: holy smokes! Félicitations guys! 


Magnim: Haaaaaaarrghh!!! Il crie 


Ciara: c’est quoi avec la réaction en retard? 


Magnim: le choc faut me comprendre bébé. 


Ida: on va avoir un bébé dans heuh....un moment, elle dit puis sort son téléphone et continue, cinq mois, quatorze jours et trente secondes. Le bébé a la taille d’un artichaut et maman va très bien cette semaine. Beaucoup de rires, plein d’énergie, et papa a pleuré quand maman lui a montré le test. C’est moi qui ait acheté le test en passant et.....roh papa laisse moi raconter les.....


Sa voix était bien lointaine parce que son père l’avait soulevé comme un sac et l’emmenait loin. Farida s’est rassise et moi j’ai fondu en larmes. 


Farida: Belle ne commence pas sinon je vais suivre 


Belle: c’est que....., je tapote mes yeux avec le mouchoir que me remet Eli, c’est que je suis totalement surprise et je.....c’est magnifique, je dis difficilement à cause de ma gorge serrée. Eli me câline le dos avec la main tandis que Ciara aussi renifle et Magnim porte sa main à ses lèvres. Tao revient avec une boîte de Kleenex que Farida s’empresse de prendre et nettoie ses yeux.


Tao: je m’en doutais. Impossible pour vous de ne pas tomber dans les clichés 


Magnim: fallait juste faire un effort pour te retenir si tu voulais qu’on pleure en groupe mais bon je ne t’en tiens pas rigueur, il dit ce qui nous fait rire 


Tao: Ida a totalement exagéré. 


Farida: genre tu vas dire devant les autres ici que tu n’as pas pleuré? 


Tao: non j’ai d’abord rigolé comme un dingue puis sangloté comme un gamin. Des fois quand tu dors, je te regarde encore et je pleure. Je n’y crois pas, il dit d’une voix attendrissante tout en caressant son ventre 


Magnim: snif je sens ma part pas loin. Continue le discours du siècle.


Farida câline le menton de son homme puis lui fait un peck sur la bouche avant de revenir à nous. 


Farida: On est un peu secoué encore pour être honnêtes. Ce n’était pas du tout prémédité mais j’avoue que c’est ma faute. Je me croyais en ménopause donc j’ai arrêté ma contraception et bref....désolée pour les détails 


Magnim: on te parle d’un général. Il ne connaît pas vos armes à blanc. Quand il cible sois sûr qu’il atteindra


Ciara: lol mais retiens toi un peu non 


Magnim: regarde le sourire du concerné. C’est la tête de quelqu’un qui veut qu’on se retienne ça? 


Tao: laisse-le faire Ciara. Au moins il n’a pas retiré ses vêtements pour faire le tour de la maison nu 


Magnim: ne me tente pas. Les filles sont dans leurs chambres et je peux me lâcher encore. 


Farida: Yee pardon restons habillés, elle dit avec humour. 


Tao: chérie tu devais parler d’autre chose aussi 


Farida: oh oui merci de me rappeler. Donc voilà les filles en fait je voulais agrandir l’équipe au village qui produit ma matière première parce qu’en fait je vends de plus en plus ici ce qui m’étonne pas mal. Je voulais qu’on puisse si possible construire un local en bonne due forme, équipé de leur nécessaire. 


Belle: d’accord je vais m’en charger sans soucis. Tu veux rajouter combien de personnes? 


Farida: une dizaine plus la dizaine déjà. Aussi je vais te mettre en contact avec mon comptable et administrateur M Boulder pour ce projet. Si tu ne me trouves pas après un appel, envoie lui un message et il te donnera le nécessaire. Je ne sais pas si c’est possible mais j’aimerais qu’on fasse un contrat en bonne et due forme à ses femmes au lieu de juste leur donner l’argent en main propre à la fin du mois. Un contrat d’un an renouvelable à la fin de chaque année. J’ai oublié quelque chose Tao? 


Tao: l’augmentation


Farida: ah oui. Mais bon je vais mettre ça par écrit et je t’envoie le tout Belle si ça te va. 


Belle: totalement 


Farida: Ciara tu pourras me renvoyer tes tarifs pour mon comptable? Il en a besoin vu qu’on va faire venir un volume plus important 


Ciara: ma secrétaire te communiquera les infos nécessaires demain matin à la première heure.


Farida: bon on a fait le tour je crois les amies. Alors posez vos questions qui vous démangent. Je le vois trop sur votre visage, elle dit en rigolant


Pendant une heure on ne fait que ça. Les hommes nous quittent finalement. Mon sourire est plus qu’immense à la fin. Il est grandiose. C’est tellement beau une femme qui attend la vie et se réjouit de ça. Je rejoins Eli qui sifflote tout en se changeant. La joie émane de lui aussi. 


Eli: c’est une superbe journée hein. 


Belle: plus que superbe. Il ne manquerait plus qu’Héloïse ait une nouvelle de ce genre aussi et je vais pleurer des confettis


Eli: lol. Elle peut avoir un genre comme ça je pense. Enfin j’ai pensé à ceci. 


Il me parle de l’idée et je me gifle de ne pas y avoir pensé plutôt. Je vérifie avec Farida qui n’y voit aucun inconvénient. Je cogne à la porte d’Héloïse par la suite. 


Héloïse: oui 


Belle: c’est moi. Je ne dérange pas j’espère, je dis en entrant 


Héloïse: non entre. Je viens juste de raccrocher avec Océane 


Belle: ah. Et comment elle va? 


Héloïse: elle était contente de me savoir à la maison. 


Belle: ravie de l’entendre. Tu veux faire quoi? On peur regarder un film si ça te dit 


Héloïse: oh non je ne vais pas exagérer non plus. Tu as à faire demain j’imagine. 


Belle: bon c’est vrai. J’ai le groupe des élèves qui font les cours de vacances demain.


Héloïse: voilà. En plus Aïdara m’a ramené des livres ici donc ne t’en fais pas pour moi. J’ai de quoi me bourrer le cerveau 


Belle: j’ai moi même des bons harlequins à te prêter si tu veux. Si c’est la collection d’Elikem elle ne lisait que les choses sur les médecins. Mais j’ai de l’Audace, Horizon, Azur, Ispahan, Black rose, Jade....bref ce que tu veux 


Héloïse: tu as vraiment tout ça? Elle demande les yeux arrondis 


Belle: et d’autres collections aussi. J’ai de la littérature classique européenne, africaine, américaine. Demain je te montre ma bibliothèque. C’est mon petit joyau dans cette maison. Tu y trouveras probablement ton bonheur. 


Héloïse: merci bien. 


Belle: sinon je venais aussi de demander si ça t’intéresserait de me donner un coup de main sur le plan professionnel. Tu vois j’ai une amie à qui j’ai promis de l’aide pour la gestion d’une ligne de soins personnels. Sauf que je n’ai pas bien évalué mon temps et en fait je me vois mal lui dire non. Ce n’est pas du tout un métier compliqué rassure toi. On va devoir se déplacer à l’intérieur du pays quelques fois mais le reste du temps, tu devras faire la liaison entre l’équipe de production dans le village et son administrateur en France. Bien évidemment tu seras rémunérée. Ce n’est pas le bénévolat 


Héloïse: je m’en fous que ce soit le bénévolat Belle. Qu’est ce que je t’ai donné en retour pour ta bonté? Même si je devais faire des maths, matière dans laquelle je suis nulle en passant, je serais prête à essayer pour toi. 


Belle: tu me sauves la vie. 


Héloïse: je t’en prie, elle dit avec joie. 


Et c’est pour ça que je l’ai sorti ce petit mensonge. Parce que des fois on a besoin de se sentir utile pour aller bien. Et de toute façon je n’ai pas besoin de ce travail. Je le faisais pour aider et encourager Farida lorsqu’elle s’était trouvée une occupation après Laith. C’était tout ce qu’on voulait Ciara et moi. L’encourager à continuer parce que qu’il te faut un truc à quoi t’accrocher pour ne pas sombrer quand les problèmes sont à ta porte. Mais c’est Tao qui a insisté pour qu’on soit rémunéré. Nous avons accepté pour ne pas tergiverser sur ça. Moi je mettais directement cet argent dans un compte destiné aux veuves et orphelins qui sont versés un peu partout dans les centres d’aide au Togo. C’est depuis la disparition de Laith que j’ai commencé à le faire. Depuis ce jour où ma vision du monde a totalement changé. Maintenant ce salaire qui est quand même bien je trouve, mille euros par mois sans taxes, ira à Héloïse. J’ai toujours mon salaire d’institutrice que je peux utiliser pour les dons. Et si j’arrive à faire tout ça sans être stressée financièrement c’est parce qu’Eli nous met à l’abri de tout depuis qu’on est en couple. Il m’a très vite mis dans la confidence concernant ses avoirs et projets financiers. Quand je dis très vite, je parle de mon observation parce que je ne m’attendais pas à connaître tout ça avant de l’épouser. Je ne m’attendais pas à ce degré de confiance avant même un an de relation. Mais je pense jusqu’à aujourd’hui c’est la plus belle déclaration qu’il m’ait fait sans probablement s’en rendre compte. Quand j’ai demandé s’il n’a pas peur que je fasse n’importe quoi, Il m’a juste dit qu’on a peut-être jamais prononcé le mot relation mais en quatre d’amitié il a vu le nécessaire et sait qu’il peut avoir pleinement confiance en moi parce que je suis pleine de bon sens et en typique Eli, il a rajouté probablement plus de bon sens que lui. Et pour moi cette confiance est le plus beau des cadeaux. Je ne connais pas tout. Je n’y connaissais même rien sur le monde des finances avant de côtoyer quelqu’un qui investit mais j’ai appris en lisant comme je fais toujours puis avec un conseiller. Et même aujourd’hui je continue d’apprendre. Donc Héloïse apprendra aussi dans ce domaine j’en suis sûr. 


Belle: bon ça te dit alors un rendez-vous pour se bichonner? Parce que moi je suis prête à changer de tête bientôt et je ne sais pas pour toi mais j’aime être à mon meilleur quand je dois travailler 


Héloïse: j’aimerais bien ça oui, elle réplique émue 


Belle: je vais voir avec Ciara demain et on s’en reparle. Au fait ce sont des vêtements pour toi qu’il y’a dans l’armoire. Je me suis permise d’acheter des choses ici et là. 


Héloïse: tu es sérieuse? 


Belle: mais oui 


Et là elle se met à pleurer. Je reviens à côté d’elle sur le lit alors que je m’étais levée tantôt.


Héloïse: tu es si généreuse avec moi Belle. Je ne sais pas en quoi je l’ai mérité. 


Belle: il y’a dix-neuf ans et quelques mois un homme qui ne me devait rien m’a dit qu’il venait me chercher le matin pour que j’aille voir ma fille à l’hôpital. Ensuite il m’a demandé ce dont j’avais besoin. J’ai dit du travail et une dame qui ne me connaissait ni d’Adan ni d’Eve m’a tendu la main. Sans eux il n’y aurait pas d’Elikem, d’Aïdara et Mally. Sans eux je serais probablement morte de chagrin. J’aurais pu devenir toi. Donc quand je te vois je me vois. Je vois beaucoup de femmes comme toi. Et je ne peux pas ne pas te prêter main forte. Bon j’ai assez pleuré de beaucoup de choses pour aujourd’hui hein, je dis après un long câlin. Je vais me coucher maintenant. 


Héloïse: bonne nuit. 


Belle: toi aussi ma chère.



Gaëtan Ekoue


Je n’aime pas les situations bizarres comme ça. Voilà que Jennifer a ramené le bac avec mention bien. Comment elle a fait ou n’a pas fait je ne sais pas. Ama a tellement dansé et bu qu’elle ronfle ici pourtant on doit envoyer l’enfant à Dakar. Et le souci c’est que je ne connais personne là-bas. J’ai demandé à Martin aussi mais depuis qu’il est député il se fait rare. Tu vois son visage des fois, on croirait que quelqu’un l’a forcé à accepter le titre là. 


Le lendemain je suis debout avant Ama. Je l’appelle et elle se permet de grater sa tête sans ouvrir les yeux. Je frotte bien ma paume contre ma cuisse et l’envoie pour frapper son pied mais la douleur se propage plutôt dans mon corps et je crie. Elle a bougé quand le coup devait tomber net et je me suis mangé le pied du lit en bois. 


Ama: hunn, Elle fait d’une voix ensommeillée tout en ouvrant les yeux, Gaëtan tu...tu as quoi? 


Gaëtan: tu vois comment tu m’as fait mal à la main?!


Ama: oh chéri j’ai fait ça comment? 


Gaëtan: pardon va brosser tes dents hein. Ne tue pas mon nez après avoir pris ma main 


Je quitte le lit avec agacement et vais pisser un coup puis m’apprête en vitesse. Jennifer est déjà au salon quand je sors.


Jen: bonjour tonton


Gaëtan: pourquoi tu me souris? 


Jen: Han? 


Gaëtan: il ne faut pas me han aussi pfff!


Jen: .....


Gaëtan: pourquoi tu es même debout? L’école est finie non? Tu ne devrais pas dormir? 


Jen: j’ai fait des recherches sur les universités dont je voulais te parler 


Gaëtan: roohhh tu es trop pressée toi aussi. Il faut célébrer ton bac d’abord, je dis en passant le bras autour de son épaule. Tu ne sais pas que l’université c’est stressant? Une fois que tu y entres c’est fini l’amusement hein. Tu vas tellement veiller. En plus avec ta maladie toute seule à l’étranger qui va s’occuper de toi? Profite plutôt de nous encore hein la princesse. Bon je sors vite pour une course. Je reviens. 


C’est comme ça que je file pour aller rencontrer quelques clients et en profite aussi pour voir Martin. Au retour  à la maison Ama fait une vraie tête d’enterrement. Jennifer n’est nulle part. Mon cœur tambourine à l’idée qu’elle soit au courant. Je décide de jouer la carte de l’innocence. 


Gaëtan: qui est mort ici? 


Ama: snif...je ne te croyais pas capable d’autant de méchanceté Gaëtan, elle dit au bord des larmes 


Gaëtan: Moi? J’ai fait quoi encore? je demande avec la peur au ventre 


Ama: tu ignorais que Jennifer était drepanocytaire quand tu lui parlais de Dakar? Elle me demande avec rage et larmes. Tu sais comment c’était difficile pour cette petite de trouver le courage de reprendre l’école? Tout ce qu’elle a donné comme temps et sueur tu sais? Laisse moi te dire que c’est cruel! Cruel de lui avoir fait miroiter monts et merveilles pour finalement lui cracher ça en face comme si les drépanocytaires n’ont pas droit à des opportunités! 


Gaëtan: appelle moi Jennifer. 


Ama: si c’est pour.....


Gaëtan: Ama je ne veux pas m’égosiller. Appelle Jennifer! Je dis puis prends place dans mon fauteuil. 


Elle va et revient quelques minutes après avec la petite au visage bien bouffi et les yeux rouges.


Ama: assied toi ma puce 


Gaëtan: donc vous confirmez en fait que les femmes et enfants d’abord que les blancs nous ont appris à dire est justifié? Vous confirmez que vous êtes des faibles créatures? 


Ama: Gaëtan si tu nous a appelé pour nous insulter autant on retourne 


Gaëtan: mais retournez! Retournez donc et je pars seul au Sénégal. Mais oh....attendez c’est comment avec vous? Jennifer? 


Jen: oui ton...ton.., elle hoquette 


Gaëtan: moi Gaëtan Ekoue, né un mercredi je t’ai dit que les drépanocytaires ne sont pas acceptés au Sénégal? 


Jen: n....no...n 


Gaëtan: donc Ama c’est pour une petite histoire seulement que vous pleurez comme si vous aviez raté le second avènement du Christ? Woh? Ma vie oh. Qu’est ce que tu m’as laissé ici pour voir Baba God? 


Ama: c’est...c’est moi qui ait mal compris chéri. Je m’excuse 


Gaëtan: non oh. Il ne faut pas t’excuser ici. Emmène ça à ton Dieu. Il te voit. Tu as compris toi Ama et puis Jennifer, il vous voit. Il a vu comment vous vouliez me discréditer. 


Ama: donc hum....elle va aller à Dakar? 


Gaëtan: pfff! Laisse-moi j’arrive non. Tu veux presser les mots de ma bouche pourquoi? Bon, Dakar c’est turbulent hein. Il y’a trop de monde là-bas donc je préfère qu’elle aille à Thiès.


Ama: Thiès? C’est quoi ça? Je ne connais pas 


Gaëtan: mais il faut te mettre à la page. C’est la ville des jeunes ça. Jennifer tu n’as pas entendu ça chez tes camarades? 


Jen: non non 


Gaëtan: mais tu as quel genre d’amis même? Venez ici je vous montre.


Elles se sont réunies autour de moi et je leur montrais les photos que j’ai eu d’un de mes clients. Sa fille Yasmine étudie là-bas depuis un an. Il a confirmé que Jennifer pourrait vivre avec elle, ce qui me réduira le loyer. Avec les calculs je m’en sors même mieux que ce que j’avais prévu. À son arrivée par contre, Georges le fils de Martin va la récupérer et l’escorter jusqu’à Thiès. Au final cette petite avec son front bombé ici aura réussi à me soutirer de l’argent. Si ce n’était pas pour Ama franchement. La femme c’est vraiment le point faible de l’homme. 



Jennifer Amouzou 


Aujourd’hui c’est la veille de mon départ. Je me pince encore pour comprendre comment mais je vais vraiment moi Jennifer Amouzou prendre l’avion. Ma tante a interdit que je pleure donc je me cache dans ma chambre pour le faire. Actuellement je suis dans son salon de coiffure pour arranger ma tête. Madame Ciara et des amies à elle aussi sont là. 


Tout le monde me donne des conseils ici et là. Même les coiffeuses qui presque vu grandir ici. J’ai l’impression d’être le petit soldat qu’on va envoyer en mission lol. Ma tante a même accepté qu’on me fasse la coiffure des grandes, un tissage avec une frange. J’en ai toujours rêvé. 


Une fois fini, je voulais m’en aller, mais madame Ciara a demandé que j’attende si je n’étais pas pressée. Une fois sa coiffure terminée, elle a demandé à me voir en privé avec ma tante. Nous sommes allées à l’arrière du salon, là où ma tante se repose en général. 


Ciara: bon je ne suis pas fan de longs discours donc je vais essayer d’être brève. Déjà sache que je suis fière de toi. Oui ça peut te paraître bizarre parce que tu n’es que la fille de mon assistante mais je n’ai pas manqué toutes les fois où tu venais nous apporter des documents oubliés ni quand elle te demandait de faire quelques courses pour nous. Je suis fière aussi du fait que tu sois une fille consciencieuse qui sait se donner pour sa réussite donc je voulais avec la permission de ta tante te donner quelques conseils vu que j’ai fait l’étranger et tu t’en vas bientôt.


Ama: Madame c’est ta fille aussi. Dis lui tout.


Ciara: ne te laisse pas impressionner une fois là-bas. Il y’en a qui seront très portés sur les sorties et te diront qu’ils réussissent bien en dépit de ça. C’est fort possible pour eux mais toi continue de t’accrocher à ta recette qui marche. Si tu étudiais huit heures par jour pour réussir continue simplement. Ne te laisse pas charmer par les garçons qui te diront que tu étudies trop, notre couple aussi a besoin de temps. Je ne dis pas forcément de ne jamais fréquenter de garçon mais sache qu’un homme peut se rencontrer à n’importe quel moment de la vie. Tu ne rates rien en ayant pas de copain ma puce je t’assure. Mais des opportunités pour l’éducation tu n’en trouveras pas autant. Ton copain si tu en as doit t’apporter un plus. Le plus n’est pas toujours l’argent. Malheureusement tout le monde n’en a pas. Mais ce que tout le monde a c’est la bienveillance. C’est le support émotionnel. C’est l’encouragement. Et ce sont des choses très importantes pour une bonne relation. Ne néglige pas cela ou qu’on ne te fasse pas croire que ça ne l’est pas et que le plus important ce sont les invitations au resto ou les grosses déclarations. Fais très attention à ta santé. Ne pense pas qu’en cachant ton état à ta tante tu l’aides. Bien au contraire, ça fait mal d’apprendre des choses plus tard et te demander si tu aurais pu changer quelque chose. Dis le et d’ici on verra ce qui peut être fait. Je ne vais pas dire que je sais ce que ça fait de vivre avec ta maladie mais moi aussi j’ai souffert à un moment d’une maladie. À certains moments je me sentais si seule que j’avais l’impression de porter le poids du monde sur mes épaules. Sauf que je n’étais pas seule et toi non plus. Ton esprit dans la douleur essaiera de voir les choses comme ça. Parce que tu as mal et quand tu verras les autres au mieux de leur forme tu auras pitié de toi même. C’est normal. Mais ne laisse pas les émotions prendre le dessus. Il te faudra en plus d’aller à l’hôpital, dominer ton mental aussi en lui rappelant que tu n’es pas seule. Ceci aussi passera. Je connais des gens dans ton cas qui ont vécu plus longtemps que ma mère. Ton cas peut être pareil. En dernier lieu, je voulais te remettre ceci de la part de mon mari et moi, elle dit en me présentant une enveloppe et un sac. Quand tu seras en difficulté prend de là. Et si tu as un besoin quelque soit la nature, tu peux me le faire savoir par e-mail. Je lis régulièrement. 


Je crie après avoir ouvert le sac. Dedans il y’a un ordinateur noir. Mes mains tremblent trop donc ma tante prend l’enveloppe et veut se mettre à genoux pour remercier madame Ciara mais cette dernière refuse. 


Ama: Madame, ma tante dit émue pendant que moi je pleure simplement 


Ciara: pas de ça entre nous voyons. On a été jeunes nous aussi dans le temps. Mon mari et moi avons eu de l’aide inattendue ici et là donc c’est notre tour. 


Ama: en tout cas, je vous retourne forcé ce que vous avez payé pour la coiffure. 


Ciara: oh Ama ce n’est pas comme ça qu’on fait les affaires je t’ai déjà dit ça 


Ama: je n’entends plus madame. 


Je me lève timidement et fais un câlin à madame Ciara.


Le lendemain je suis à l’aéroport avec mon oncle et ma tante. Elle a dit de ne pas pleurer mais nos visages sont inondés.


Gaëtan: fallait me dire depuis que vous étiez des expertes en larmes j’allais vous engager dans les funérailles 


Ama: Jennifer, tu vois ces larmes, elles me coûtent. Ça me coûte de te laisser même si c’est mon rêve et le tien. Ne rends pas ses larmes vaines. Rend fiers tes parents qui n’ont pas eu la chance de vivre pour voir leur fille ici. Accomplis tes rêves et je saurais que j’ai moi aussi fait quelque chose de concret de ma vie 


Jen: Tonton! 


Gaëtan: oui 


Jen: je...je te confie ma tante. Je t’en prie prend soin d’elle le temps que je revienne, je lui dis en le fixant intensément pour qu’il comprenne l’autre message aussi. Plus de femmes dehors. 


Gaëtan: ahem.....hein....c’est mon travail.


Jen: merci de me donner cette opportunité et à toi ma tante merci de m’avoir pris comme ta fille. Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de maman mais avec toi à mes côtés je n’ai pas trop senti son vide aussi. Tu es une maman aussi pour moi. Je t’aime. 


On se jette une dernière fois, l’une dans les bras de l’autre en larmes. 

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