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Write by aldoresfidele


Lorsqu’il rentra chez lui, il remarqua que tout était éteint. Puis, la lumière jaillit brusquement et une foule de gens apparurent comme par magie.

- Surprise !

Giovanni baissa la tête. Il s’attendait à quelque chose du genre de sa femme et de ses proches, mais l’émotion restait tout de même particulière. Il laissa rouler deux larmes sur ses joues et releva le visage, tout souriant.

- Bienvenue chez toi, chéri. Tu nous as manqués, lui dit sa femme en, posant un baiser sur ses lèvres.

- Mon luxe m’a manqué, j’avoue, répondit-il, faisant rire toute la petite assistance.

D’abord, ses deux enfants se précipitèrent sur lui. Ses deux petits anges, ses filles adorées, Christelle et Auréa, le couvrirent de bisous. Puis, chacune des personnes présentes passa lui dire un mot gentil. Ses parents, ses beaux-parents ainsi que les amis communs du couple étaient là. Il les salua tous, tout ému. La petite fête commença. Les boissons sortaient de tous les recoins de la pièce. Giovanni fut installé dans le fauteuil principal du salon. Il y avait à manger pour un régiment entier, il eut l’embarras de choix.

Après avoir dévoré tout ce que lui apportait sa femme, Giovanni se pencha sur sa mère assise à côté de lui et lui demanda dans le creux de l’oreille :

- Où est Patrick, maman ?

- Ton frère a été pris par son travail, chéri, lui répondit sa mère. Il viendra beaucoup plus tard. Vanessa ne t’a pas dit ? 

 - Non, elle a dû oublier.

Le frère de Giovanni, Patrick, était son meilleur ami. C’était un homme imposant, d’un teint profondément noir et au gabarit digne de celui des plus grands boxeurs. Il se différenciait bien de son frère d’ailleurs. Giovanni lui, était d’un teint un peu plus clair et d’une carrure moins herculéenne. Patrick et Giovanni étaient les seuls enfants de leurs parents. Ils n’avaient jamais été vraiment séparés et avaient découvert la vie et ses difficultés ensemble. Il n’y avait que deux ans d’écart entre les deux, Giovanni était le plus âgé.

Il était 19 heures lorsque Patrick passa le pas de la porte. Les invités s’en étaient presque tous allés, ne laissant que le cercle familial restreint sur place. Patrick enleva sa veste et l’accrocha sur le dos d’une chaise et se dirigea vers son frère assis dans le grand salon. Il salua son père, fit la bise à sa mère et s’accroupit en face de son frère. Les deux hommes se regardèrent intensément. Ils semblaient communiquer par télépathie. Patrick regarda les jambes de son frère, dépité.

- Ils t’ont bien amoché en fin de compte, frérot, dit-il, les yeux toujours baissés sur les jambes de son frère.

- Tu ne crois pas si bien dire, Pat.

- Tu vas gérer ?

- On s’y fait. Je suis ton grand-frère, non ?

- C’est exact, répondit alors Patrick en prenant la tête de son frère entre ses deux mains. Tu es fort, Gio. Tu vas faire de belles choses en fauteuil ou pas.

Les deux hommes fermèrent les yeux et leurs fronts se collèrent. Ils restèrent ainsi une dizaine de secondes, puis Patrick se leva et se dirigea vers la sortie.

- Je dois vous laisser, j’ai encore beaucoup à faire. La nuit sera longue pour moi. Prenez soin de vous et de lui.

Il décrocha sa veste et sortit. Le fait est que Patrick a toujours été un grand loup solitaire. Il passait du temps avec sa famille, certes, mais il n’est pas du genre à être hyper démonstratif, et tout le monde le savait, ça. Personne ne lui en voulait, parce qu’il répondait toujours présent lorsqu’on avait besoin de lui.

Giovanni regarda son frère s’en aller. Il avait apprécié sa visite, mais il avait remarqué une chose qui le chiffonnait un peu. Et il voulait savoir ce qui se passait.

[...]

Il se faisait tard. Après mille et une péripéties, Giovanni avait pu prendre une douche et se mettre au lit. Sa femme se lavait à son tour. Lorsqu’elle finit, elle ressortit de la douche toute fraîche. Giovanni n’était pas indifférent au sex-appeal de sa femme. Malgré toutes ces années ensemble, la voir en robe de nuit transparente lui faisait toujours cet effet. Il avait envie d’elle, envie de s’amuser, de prendre son pied comme jamais auparavant. Il avait besoin de se sentir homme, de voir toute sa virilité. Il sentit que sa femme était dans le même état d’esprit que lui. Sept longs mois qu’ils n’avaient pas fusionné, qu’ils n’avaient plus touché le septième ciel ensemble. Aujourd’hui plus que jamais, c’était l’occasion de se refaire une santé sexuelle.

Lorsqu’elle le regarda assis sur le lit, Vanessa se sentit toute moite. Mais une question persistait. Comment fallait-il s’y prendre ? Elle s’approcha lentement de lui, dans un jeu de séduction cinq étoiles. Elle souleva le drap et se sentit tout de suite rassurée. Son homme avait bel et bien une érection, belle et imposante. Vanessa sourit et regarda son mari. Elle empoigna sa verge et y posa malicieusement ses lèvres.

Cela ne dura qu’une trentaine de secondes. Elle sentit que ce qu’elle tenait dans sa main se mettait à ramollir vertigineusement. Dans un ultime élan, elle s’enhardit, se servant à la fois de ses mains et de sa langue. Mais malgré le fait qu’elle s’employa à l’avaler goulûment de la meilleure des manières, rien n’y fit. Le sexe de son homme mourut et se retrouva sous sa forme initiale, flasque et froid.

Lorsqu’elle leva les yeux sur son mari, elle put lire tout l’agacement dans ses yeux. Il était triste et sa dignité d’homme venait de prendre un grand coup de massue. Elle se sentit obligée de le rassurer pour que le reste de confiance qu’il avait en lui ne disparaisse pas.

- Chéri, ce n’est rien je t’assure. Tu n’as pas à te sentir coupable ou quoi que ce soit du genre, dit Vanessa à son mari.

- Coupable, non. Honteux, oui. Cet accident a bien foutu ma vie en l’air. Je ne peux même plus profiter de ma femme sans craindre que tout ne se débranche subitement. Et pourtant, j’ai envie de toi. Je meurs d’envie de toi. Mais voilà à quoi je suis réduit, Vanessa. Voilà à quoi je suis réduit.

- Giovanni...

Vanessa se blottit doucement dans les bras de son mari.

- Arrête de te tourmenter avec des idées du genre. On trouvera bien d’autres moyens de se satisfaire ensemble. Rien ne presse.

Il ne répondit pas. Il resta là, le regard évasif, perdu entre ses pensées et tous les doutes que lui inspirait son nouveau statut d’handicapé. Ses doutes avaient été nourris d’un seul coup par la scène qui s’est déroulée dans son salon ce soir, lorsque son frère vint. 

Personne ne semblait avoir remarqué, mais lui avait vu et maintenant soupçonnait beaucoup de choses. Pour l’instant, il fallait attendre, chercher des preuves pour confirmer ou infirmer. Il voulait en avoir le cœur net. Tout doucement, il posa une bise sur le front de sa femme qui se redressa pour le laisser se coucher.


Giovanni AGANI