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Write by aldoresfidele

Deux semaines passèrent depuis le retour de Giovanni. Il avait essayé tant bien que mal de découvrir des preuves pour étayer ses lourdes suspicions, mais sa femme semblait être plus sincère qu’il ne l’avait cru. 

Il se sentait idiot d’avoir douté d’elle alors même qu’elle se donnait corps et âme pour lui. Lui n’allait plus au travail, ou du moins, pas physiquement. Il avait le contrôle de son entreprise depuis sa maison. Il continuait aussi de jouer exemplairement son rôle de chef de famille en assurant les besoins financiers de la maison.

Mais sur le plan sexuel, il était devenu l’ombre de lui-même. Trois fois que sa femme et lui avaient essayé d’avoir des moments intimes, trois fois qu’il ne comprit pas pourquoi il n’arrivait pas à garder son engin bien droit. Et ça l’agaçait. Mais un matin, alors qu’il commençait à oublier tout ce qu’il avait pu avoir comme doute, il avait eu la preuve ultime pour ne pas croire en la bonne face de sa femme, et de son frère.

Ce fut une discussion téléphonique étouffée qui réveilla Giovanni.

Lorsqu’il ouvrit les yeux, il vit sa femme debout devant sa garde-robe. Elle lui faisait dos, elle ne pouvait donc pas savoir qu’il était réveillé. Giovanni referma donc les yeux pour ne laisser aucun soupçon paraître. Il tendit l’oreille pour entendre la conversation de sa femme. Bien qu’il eût beaucoup de mal à saisir ses paroles, il put toutefois capter des bribes de paroles.

« Non, arrête ça, tu ne peux pas parler ... Il est sorti de l’hôpital, pourquoi tu fais ça ? ... Je t’ai dit que c’était une erreur. Ne sois pas idiot. Tu ne peux pas faire ça, Patrick. Je t’ai dit que c’était une foutue erreur. Allô ? Allô ? L’imbécile ».

Vanessa se retourna subitement, comme si elle avait eu l’impression qu’on l’épiait. Elle regarda son mari couché qui feignait de dormir, mais cela, elle ne pouvait pas s’en rendre compte. Elle se dirigea alors tranquillement vers la porte, sortit puis ferma derrière elle.

Giovanni se redressa, le visage tout pâle et les mains tremblotantes. Ce qu’il avait entendu n’était qu’une infirme partie de la conversation. Il pourrait s’agir de n’importe quoi d’autre. Mais son intuition lui hurlait que quelque chose s’était passé entre sa femme et son frère. Cela justifierait parfaitement l’attitude de Patrick la veille lorsqu’il vint voir son frère. Il n’adressa pas un mot à Vanessa. Pas un sourire, pas un regard.

Ce fut une poignée de main sèche. Giovanni remarqua la froideur entre les deux et les doutes sont nés. Au fur et à mesure qu’il y pensait, de nombreux détails lui revenaient en tête. Des détails qui, jusque-là, n’auraient alarmé personne.

Pourquoi la plupart du temps, c’était Patrick qui amenait Vanessa à l’hôpital pour lui rendre visite ? Pourquoi il la ramenait souvent à la maison ? Pourquoi passait-il la voir quelquefois et passait du temps avec elle et les enfants ? Et puis Vanessa aussi avait parfois d’étranges comportements. Il arrivait qu’elle ne puisse pas faire

ses courses et elle les confiait à Patrick. Il est vrai qu’il n’y avait pas meilleure personne pour le remplacer que son frère, mais pourquoi était-ce devenu aussi fréquent ?

Et puis un jour, environ un mois avant sa sortie de l’hôpital, Patrick était soudainement devenu bien trop occupé pour accompagner Vanessa. Il préférait appeler et se faisait de plus en plus rare. Était-ce un cas de conscience subit qu’il avait eu ou était-il vraiment trop occupé ? Pourquoi avait-il ignoré Vanessa le soir précédent et surtout, de quoi lui parlait-il au téléphone ?

Giovanni essayait de répondre à toutes ses questions lorsque sa femme entra dans la chambre. Elle remarqua sa mine toute renfrognée et s’en inquiéta :

- Bonjour chéri tu vas bien ? Tu as sale mine.

Giovanni savait qu’il était trop tôt pour accuser qui que ce soit. Il n’avait aucune preuve que sa femme l’avait trompé avec son frère.

Il fallait donc jouer le jeu pour qu’elle ne puisse se douter de rien.

- J’ai fait un cauchemar. Bonjour mon amour.

- Encore l’accident ?

- Oui, encore l’accident. J’espère que ça finira par me lâcher. Et sinon, toi tu as bien dormi ? demanda-t-il pour changer de sujet.

- Oui, c’était bien, répondit-elle, toute guillerette.

- Bien. Tu m’aides ? Je veux prendre une douche.

- Bien-sûr, chéri. Tes désirs sont des ordres pour moi.

Clopin-clopant, encore mal habitués à l’équipement qu’ils s’étaient procurés pour faciliter les douches, le couple put ressortir de la salle de bain avec un Giovanni aussi frais qu’un morceau de glaçon. Toutefois, dans sa tête le mystère restait toujours aussi dense, aussi intense. Il allait chercher des preuves par tous les moyens. Et il allait les trouver. Pour l’instant, il nourrissait sa colère et sa frustration tout doucement, comme le doux et fort nectar qu’est la jalousie.

Tout le salon sentait bon le café fraîchement moulu. Lorsque Giovanni se saisit de sa tasse, de beaux souvenirs lui revinrent en mémoire. Vanessa avait toujours su préparer des tasses de café au dosage parfait. Il s’en délectait avec passion, lui qui avait toujours été un accro au café bien noir. Il était perdu dans l’émission de télévision qui passait lorsque la sonnerie de son téléphone le ramena brutalement à la réalité. Son cœur rata un battement d’un coup. Il sentit les nombreux poils de son bras se hérisser. Une sueur froide glissa tout le long de son dos et lui refila des frissons qu’il eut du mal à contenir. Sur l’écran du téléphone, il y avait écrit « Appel entrant de Patrick ».

Sa femme était à la cuisine. Il se demandait si cet appel avait un lien direct avec la discussion qu’il avait entendue en matinée. Il resta figé jusqu’à ce que l’appel ne se coupe. Il décida alors de rappeler son frère. L’autre décrocha presque aussitôt.

- Patou comment vas-tu ?

- Tu m’as l’air bien heureux, toi. Je vais bien Giovanni. Tout va comme tu veux ?

- Je vais bien, frérot. Depuis quand mon frère m’appelle aussi matinalement ?

Giovanni ressentit la toute petite seconde d’hésitation avant la réponse de son frère. Lorsque vous vous méfiez de quelqu’un, certains détails deviennent trop évidents pour que vous les loupiez.

- Je prenais juste de tes nouvelles, grand frère.

- C’est gentil frérot.

- Bien, ça te dirait un dîner ce week-end ?

- Oui, je suis partant, ça faisait vachement longtemps.

- Parfait, Gio. A samedi alors ! Le restaurant Le Privé, 20 heures

?

- A samedi, Patrick. C’est entendu, Le Privé à 20 heures. Je viendrai avec ma femme. De toutes façons, je ne peux plus vraiment me déplacer sans elle, littéralement parlant.

- Bien-sûr, je ne l’ai pas dit parce que cela va de soi. Viens avec elle, plus est de fous, plus on rit, répondit Patrick. Prends soin de toi, ajouta-il en raccrochant.

Il sentait que ce dîner dans quatre jours serait riche en émotions.

Peut-être qu’il était juste très paranoïaque. Mais les phrases de sa femme de ce matin ne laissaient la place à aucun doute possible.

Giovanni sentit tout d’un coup qu’un regard était posé sur lui. Il y a une croyance populaire qui dit que lorsque quelqu’un vous regarde intensément en pensant fortement à vous, vous pouvez le ressentir. C’est ce qui lui arriva sur le moment. Il se retourna et regarda dans toute la pièce, mais il n’y avait personne. Presque en même temps, sa femme sortit de la cuisine.

Un sourire forcé étirait ses lèvres qu’elle avait pulpeuses. C’était à peine perceptible. Elle vint s’asseoir juste à côté de lui et lui prit la main, comme elle avait l’habitude de le faire.

- Tu vas bien, chéri ?

Giovanni ne savait pas exactement pourquoi, mais il se sentait extrêmement mal à l’aise sur le coup. Il avait peur, mais il ne savait pas de quoi. Il se sentait tout d’un coup impuissant parce qu’il n’avait plus de jambes et ne pouvait plus vraiment se défendre. « Mais se défendre de qui ? De quoi ? » pensa-t-il.

- Je suis là, je ne me plains pas. Et toi ?

- Je vais bien, chéri. Tu es avec moi, chez nous. Donc je vais bien.

- D’accord.

Un silence lourd et pesant s’installa dans le salon. Quelques secondes plus tard, Vanessa enchaîna :

- Tu étais au téléphone tout à l’heure avec ton frère ? J’ai cru entendre son prénom.

Giovanni comprit que la sensation de regard qui pesait sur lui un peu plus tôt provenait de là. Lorsque sa femme l’entendit prononcer Patrick, elle avait écouté le reste de la conversation sans qu’il ne le sache.

- Oui. Il voudrait que lui et moi dînions ensemble le samedi, dans quatre jours. Il nous invite à deux d’ailleurs, rétorqua-t-il.

- D’accord, chéri.

La voix de Vanessa devint légèrement tremblotante. Elle était très nerveuse et n’arrivait pas à le cacher convenablement. Elle se leva et se rendit tranquillement dans la chambre.

- Je vais prendre une douche, lança-t-elle avant de disparaitre dans le petit couloir.

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Giovanni AGANI