21: chemistry was crazy from the get-go
Write by Gioia
Eli Laré AW
J’ai passé une journée entière au téléphone avec le notaire de ma famille ainsi que notre juriste à l’hôpital. Ils n’ont trouvé aucune faille ou amendement possible pour contourner la volonté de ma mère. Maintenant que j’y pense je me demande pourquoi je n’ai pas songé à l’éventualité actuelle parce que les actions ne sont détenues que par des Aw, c’est à dire ma sœur et moi puis quelques cousins qui s’intéressent au domaine médical. Ma mère ne se référait qu’à mon père ou mon oncle Nader en ce qui concerne ses projets professionnels. C’est ce petit cercle qui a réuni les fonds pour la création de l’hôpital. Donc peut-être que ça aurait dû m’interpeller. Va savoir ce à quoi je pensais. Mais bon, je me tourne vers Belle qui ne fait que se gratter le bras. Je mets mon bras autour de sa taille et me rapproche pour sentir sa chaleur.
Eli: Je sais que ce n’est pas le meilleur mais elle a un terrain à son nom. Aussi on a un compte d’épargne pour chacun d’eux qu’elle aura au temps voulu. Ce n’est pas rien.
Belle: je sais chéri mais n’empêche que je me questionne.
Eli: sur quoi?
Belle: est-ce que j’ai fait quelque chose de suspect ou étrange selon toi?
Eli: comment ça? Je demande confus
Belle: Je veux dire j’ai eu une attitude qui me ferait paraître comme une femme vénale?
Eli: come on Bijou, une femme vénale fouine partout pour savoir ce qu’il y’a comme fortune dans une famille. Elle fait des demandes exagérées et ne pense qu’à elle.
Belle: Donc ta mère m’a assimilé à ton ex? C’est elle après tout qui t’exigeait un grand mariage comme celui de ta sœur. C’est elle qui....
Eli: Je ne vois vraiment pas où tu veux en venir. Ma mère n’est plus. On ne saura jamais ce qui l’a motivé à mettre cette clause. Mais au final on a quand même des options. Pourquoi faire une chasse aux sorcières ce soir?
Belle: parce que je me remets en cause Aujourd’hui Elikem n’est pas au même niveau chez toi qu’Aïdara et Mally.
J’enlève mon bras de sa taille et me redresse sur le lit.
Eli: Elle n’est pas au même niveau? c’est ce que tu viens de dire?
Elle se redresse aussi et la peine dans ses yeux me surprend puis me déçoit.
Belle: je ne dis pas que tu ne l’aimes pas mais toi mieux que quiconque sait ce que tu détiens comme actions dans cet hôpital et la grande avancée que ça donnera aux enfants. Elikem n’aura rien de ça. Pourtant c’est elle qui s’intéresse à cet hôpital depuis son adolescence. C’est elle qui le mérite réellement.
Eli: Je ne sais pas ce que tu crois mais je n’ai pas obtenu ma place parce que je m’appelle Laré Aw. Il a fallu que j’étudie. Que j’excelle dans mon domaine. Que je prouve à ma mère que j’ai des aptitudes pour qu’elle me considère comme potentiel directeur de son hôpital. Ali n’a pas eu ses actions parce qu’elle est la fille de ma mère mais parce qu’elle lui a donné l’idée d’ouvrir le centre de naissances. Et c’est la popularité de notre centre qui a attiré le monde à l’hôpital parce qu’avant ça l’hôpital luttait fortement contre la concurrence. Peut-être dans ta compréhension du monde, les parents remettent naturellement le fruit de leur labeur aux enfants mais chez nous ça n’a jamais été comme ça. On avait droit au logement, de l’amour, de l’éducation et le reste tu devais te prouver en t’investissant. Et c’est comme ça que je compte procéder avec Mally donc si tu t’attendais à ce que je lui remette simplement mes actions parce qu’il est mon fils détrompe toi. S’il s’y intéresse il devra le mériter. Sinon mes actions seront partagées entre les autres membres de ma famille qui eux s’investissent énormément dans ce domaine.
Belle: tu es sérieux?
Eli: on ne peut plus sérieux.
Elle se met à rire, de surprise et de dérision puis quitte le lit.
Belle: donc j’ai veillé des nuits à t’attendre, pris soin de toi, on a fait des enfants ensemble et tu donneras l’essentiel de ta fortune à d’autres pendant que les miens auront les miettes qui tombent de table?
Eli: Wow Belle, c’est donc ça qu’on a fait ces années? Tu m’engraissais telle une vache pour me cuisiner au moment opportun?
Belle: ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit!
Eli: mais qu’est ce que tu dis alors? Je demande en colère. Tu as veillé, je t’ai aidé à préparer les cours que tu donnes. Quand est-ce que je t’ai demandé ce que gagneront les enfants de l’aide que je t’ai apporté?
Belle: ce n’est pas la même chose.
Eli: oh non? Elle est où la différence? Vu qu’il semble que tout ce que tu as fait pour moi doit être repayé aux enfants en actions. Ce que j’ai fait pour toi tu le repaies comment? Et n’ose pas me donner comme réponse le fait que tu t’occupes d’eux parce qu’on a pas un foyer ou je restes assis devant la télé pendant que tu fais toute la cuisine ou je te renvoie toujours les enfants quand ils ont des demandes. Je suis autant présent que le permet mon métier! Et ce que ma mère a fait pour toi dans le passé tu lui as repayé comment? En m’épousant c’est ça? C’est sa récompense ça?
Belle: c’est bas.....très bas de ramener ce que ta mère a fait pour moi dans cette discussion. Je n’avais pas demandé à ma fille de venir au monde plutôt sinon j’aurais parfaitement pu m’occuper d’elle si j’étais restée en France.
Eli: c’est tout aussi bas pour toi de me balancer à la face ce que tu as fait pour moi et me questionner sur ce que les enfants en tirent. Si j’étais un père irresponsable j’aurais compris. Si on avait rien à léguer aux enfants j’aurais pu te comprendre mais on a quelque chose. Ce n’est peut-être pas le nirvâna pour toi mais j’ai travaillé dur pour obtenir ces trois parcelles de terrain. Je me suis privé de beaucoup parce que je voulais le faire pour mes enfants. Ce n’est pas parce que je ne me plains pas que ça ne me manque pas de voir souvent les miens comme toi tu en as l’occasion. Je les apprécie certes mais j’ai mon cercle aussi, ailleurs aux États Unis. Moi je n’ai plus de parents. Juste eux. Tu crois que des fois je n’ai pas envie de passer un week-end avec eux? Rire et se remémorer du bon vieux temps? Mais j’ai des obligations, on a une fille qui a un handicap. La bonne conduite de l’hôpital repose sur moi alors j’encaisse, je met de côté mes envies et fais ce que j’ai à faire. Ne me touche pas! Je dis quand elle s’approche. Je pensais que tu m’avais compris. Que tu me connaissais. Que toi m’attendant tous les soirs, me massant les épaules même quand je n’en avais pas besoin, m’écoutant constamment c’était parce que tu me comprenais. Mais il faut croire que je me suis trompé. Merci de me le rappeler maintenant. Bonne nuit.
Trois jours se sont écoulés depuis la révélation de Belle et je n’arrive toujours pas à digérer. Je me questionne sur notre mariage. La relation qu’on a eu jusqu’à présent. Était-ce un tort de m’intéresser à une fille que ma famille a aidé? Sa vision de notre couple m’a dégoûté sur le coup. J’ai besoin de savoir qu’on m’aime pour ma personne et pas juste pour ce qu’on peut tirer de moi. Sinon je connaissais à l’époque quelques filles qui étaient plus que prêtes à me laisser être le chef de leur vies. Certaines n’attendaient même pas que je finisse de formuler mes pensées qu’elles me disaient oui. Jamais d’opposition. Une particulièrement ne participait jamais aux conversations quand on était en public. À mon pourquoi quand j’ai demandé elle a répliqué que je parlais pour nous. Toutes ses attitudes m’ont refroidi et ses relations se sont écourtées. Bien sûr moi aussi j’ai refroidi certaines par mon comportement et elles ne prenaient plus mes appels donc je ne pense pas être l’homme parfait. Mais avec Belle c’était.....c’était juste différent, naturel. On pouvait se parler pendant des heures, avoir plein de contradictions et pourtant ne jamais se lasser l’un de l’autre. Je pensais réellement avoir trouvé l’amie de mon cœur. Elikem était la cerise sur le gâteau. Et je les ai aimé toutes les deux avec tout ce que j’avais.
Une pile de travail m’attend mais pour l’heure j’ai besoin de parler à l’autre amie de mon cœur même si elle me boude. Je place donc mon appel. Elle décroche, me regarde mais ne dis rien.
Eli: tu vas m’en vouloir jusqu’à quand Ali?
Ali: je fais ce que je veux.
Eli: tes ridules autour des lèvres sortent quand tu me boudes.
Ali: mais je t’emmerde. Je n’ai pas de ridules autour des lèvres.
Elle se précipite pour sortir un poudrier de son sac et se mirer, ce qui me fait rigoler.
Eli: si mon avis compte tes ridules dans la cinquantaine n’ont en rien altéré ta beauté.
Ali: bon, tu es pardonné à 3/4.
Eli: well merci pour cette grâce.
Ali: c’est quoi cet air fatigué? Tu continues de te chauffer les méninges avec cette histoire d’héritage?
Eli: pas vraiment. Je viens te questionner honnêtement et essaie de rester impartiale.
Ali: toujours
Je lui fais un bref résumé de la discussion avec Belle sans entrer dans tous les détails.
Eli: alors?
Ali: si je comprends bien vous n’avez jamais discuté de succession avant de vous marier?
Eli: Bien sûr qu’on en a parlé. Nous avons des biens acquis au nom des enfants ainsi que des comptes épargnes. Mon portefeuille de fond mutuel ira spécifiquement à Aïdara.
Ali: donc jamais vous n’avez parlé de l’hôpital?
Eli: Non puisque je n’étais qu’un pédiatre lorsqu’on se mariait. Je n’ai réellement repris la direction de l’hôpital qu’une fois maman satisfaite de mon travail. Ça m’a pris des années pour qu’elle ait ma confiance, tu sais comment elle pouvait être pointilleuse.
Ali: ok et Belle est au courant d’informations confidentielles reliées à la gestion de la compagnie comme la quantité de parts que détient chaque actionnaire?
Eli: Non tout ce qu’elle connait c’est la quantité de parts que je détiens
Ali: et elle connaît le montant de dividendes que tu reçois de tes parts?
Eli: Grosso modo.
Ali: Ok voici comment je vois la chose moi. Vu que vous n’aviez jamais eu cette discussion, elle a probablement conclu que tes avoirs seraient partagés entre les enfants mais avec ce que tu lui as dit, elle se rend compte que non seulement Elikem n’en aura rien mais les deux derniers peuvent potentiellement manquer ce coup de pouce qu’elle voulait probablement pour eux. Certains parents africains que j’ai connu pensent comme ta femme. Ils veulent donner les meilleures chances à leurs enfants. Heck, tout le monde veut donner le meilleur à sa progéniture. Et pour elle ce meilleur c’est ce que tu détiens dans le patrimoine de l’hôpital, ce qui est vrai, tu sais toi même combien tu pèses grâce à l’hôpital. Concernant votre relation, toi seul peut savoir si elle t’a et t’aime réellement. Il est vrai qu’on aimerait tous cette assurance que notre partenaire nous aurait choisi avec ou sans argent mais la vérité c’est que beaucoup rentre en compte dans le choix d’un partenaire dont la capacité à offrir une vie agréable. Les femmes à un moment de leurs vies pensent à ça. Croire que non serait se mentir Eli. Demande toi si ces dernières années avec elle tu t’es senti aimé ou pas? Et essaie encore de discuter, parce que de mon côté, je vois simplement une incompréhension entre vous. Ton meilleur ne semble pas être le sien. Mais ça peut se discuter et comprendre au final.
Eli: Je me disais bien que maman s’était réincarnée en toi raison pour laquelle tu avais ses ridules dans la cinquantaine
Ali: tu sais quoi je ne vais même pas te répondre. On se reprend sur cette pique un autre jour et tu vas me sentir
Eli: je t’attendrai, je dis amusé puis raccroche.
Belle Laré Aw
Je n’arrive pas à réparer mon tort et plus les jours passent plus je suis anxieuse et craintive à l’idée de perdre mon mari. C’est bien la première fois qu’on se dispute à ce niveau et il ne m’adresse pas la parole bien que je m’excuse quand nous sommes en chambre.
Vu que je n’y arrivais plus, je me suis tournée vers le couple Wiyao pour avoir conseil. Je veux un avis masculin surtout parce que je comprends mon tort à cause des mots que j’ai utilisé mais le choix d’Eli pour Mally par exemple non. Je leur raconte tout avec les détails et j’attends. Magnim découpe une mangue tandis que Ciara me fixe intensément.
Ciara: tu as vraiment dit ça Belle?
Belle: tu me connais tu sais que je ne le disais pas dans le sens où il a pris.
Magnim: Mais on te connaît et puis après madame? Ton mari n’a pas acheté un, mais trois terrains. On ne te parle pas de terrains dans des locations reculées mais des coins prisés. Ou tu ne sais pas combien il a déboursé pour chaque parcelle?
Ciara: essayons de parler avec compréhension chéri. Elle regrette déjà, elle réplique sur un ton conciliant
Magnim: Mais c’est elle qui a demandé mon avis d’homme aussi. Elle ne va pas non plus me dire comment lui donner cet avis. Ou bien tu veux me choisir mes mots Belle c’est ça?
Belle: Non vas-y. Je suis là pour la vérité
Magnim: si je ne me trompe pas le prix de base d’un terrain dans ses différents coins est de trente millions de francs cfa pour un demi lot actuellement. Elikem est en troisième année de médecine actuellement. D’ici qu’elle finisse son cursus et soit prête à se lancer dans la vie active, plus de dix ans se seront écoulés. La tendance inflationniste du marché immobilier nous laisse présager que ce prix sera probablement doublé ou plus d’ici ses dix ans. Commencer ta vie de jeune avec un bien à 60 millions ce n’est pas limite gagner au loto ça? C’est avec quinze millions que j’ai commencé le cabinet d’architecture. Mais bon tu diras que Tao a apporté bien plus que moi donc dis lui toi Ciara.
Ciara: J’ai monté mon entreprise avec un capital de dix millions. Puis progressivement j’ai réinvesti mon salaire dedans. Magnim m’a aidé avec l’achat de camions. Aujourd’hui toi même tu sais où j’en suis.
Magnim: je ne suis certes pas dans le domaine médical mais ça ne doit pas prendre un milliard pour ouvrir un hôpital non?
Ciara: elle peut commencer avec une clinique Belle même si l’argent n’est pas suffisant. Puis elle construit petit à petit. Ou elle fait un prêt à la banque en mettant le terrain comme garantie. Vu son emplacement, je doute fort qu’on lui refuse son prêt.
Belle: Pour Elikem j’ai compris. Je me suis déjà fait une raison. C’est juste que je ne comprends pas cette décision d’Eli pour nos deux autres. L’hôpital rapporte énormément et je serais si déçue qu’aucun de nos enfants ne puisse en profiter. Je ne peux pas ne pas me sentir mal pour eux alors que c’est nous la famille directe d’Eli. Ce n’est pas normal que d’autres enfants profitent plus de son labeur que les nôtres. Mais il me donnait l’impression comme si notre famille c’est une organisation et il donne ce qu’il veut à qui il veut. Mais c’est nous qui avons fait venir ses enfants sur terre. C’est notre responsabilité de leur assurer un avenir.
Magnim: toi tu assures leur avenir comment?
Belle: comment? Je demande confuse
Magnim: toi Belle, fille de Gisèle, maman d’Elikem, Aïdara et Mally tu laisses quoi à ses trois? Je ne te parle pas de l’hôpital d’Eli mais si on te demande toi tu fais quoi pour leur remettre tu vas me montrer quoi?
Belle: j’ai contribué au compte d’épargne aussi Magnim ne me fais pas passer pour une qui vit au crochet des gens.
Magnim: tu as contribué à combien de pourcentage?
Belle: tu exagères, je dis agacée
Magnim: ok donc il ne fallait pas venir discuter avec moi si ton cœur n’était pas prêt à supporter mes questions.
Ciara: chéri, doucement
Magnim: je mange ma mangue laisse moi.
Ciara: ce qu’il veut dire Belle c’est que si quelqu’un entendait cette conversation sans te connaître on te prêterait facilement des intentions disons négatives
Belle: qu....quoi? Je balbutie
Magnim: vénale et croqueuse de diamants. Utilise les bons mots.
Ciara: tu ne manges plus ta mangue alors?
Magnim: je fais une pause. Je m’en fous si tu te fâches Belle. J’ai bien dit vénale et croqueuse de diamants.
Belle: donc je suis une croqueuse de diamants parce que je veux voir mes enfants garder le niveau de vie qu’ils ont actuellement ou pire éviter qu’ils tombent dans la misère? je dis au bord des larmes.
Ciara: mais ils ne commencent pas au début Belle. Ils ont quand même quelque chose.
Magnim: si le début déterminait la fin d’une vie toi, moi et Ciara ne serions pas ici parce qu’on sait tous les trois d’où nous venons. On a vu des gens dans ce pays
commencer à 100 puis chuter pour se retrouver à zéro donc absolument rien Belle n’est une garantie dans la vie. Je peux comprendre que tu aies des craintes comme chaque parent, on en a tous, mais il faut aussi rester dans la réalité. S’ils tombent dans la misère c’est leur responsabilité.
Belle: donc toi Magnim tu me diras que ton cabinet pour lequel tu bosses si dur pourrait revenir à je sais pas qui un jour et tu ne ressentiras rien devant vos filles?
Magnim: ne déplace pas le sujet parce qu’ici il est question de ta vision un peu spéciale du monde. Mais pour te répondre oui dans un premier temps j’aurais un pincement au cœur parce que je ne vais pas mentir, j’aimerais bien voir une sinon mes deux filles un jour à ma place. Mais ce pincement ne veut rien dire. Parce que durant mon temps au cabinet elles auront bénéficié de ce que j’y ai fait. C’est de là que vient l’argent qui les habille, les nourrit, les éduque. C’est grâce au travail que j’ai fait dans ce cabinet qu’elles auront d’autres opportunités à l’avenir et ce que je vais leur laisser comme héritage c’est aussi par ce cabinet. Toutefois il ne m’appartient qu’à 10% et si le propriétaire des 80% avait jadis pensé comme toi, il ne m’aurait pas permis d’avoir des parts parce qu’apporter un capital ne te garantie en rien des parts d’une société. Il m’aurait laissé mettre mon argent dans le cabinet, percevoir mon salaire et remis mes 10% à sa sœur qui en détient aussi 10 parce que la famille passe avant tout n’est ce pas?
Belle: .......
Ciara: en plus c’est bien de commencer ta vie professionnelle en bas de l’échelle comme on dit. Ça te permet de faire des erreurs sans trop de pression et d’apprendre à ton rythme. Comme ça quand tu arrives à ton sommet tu as un bagage important et non négligeable.
Magnim: Aimer les enfants ce n’est pas leur donner tout en cadeau. Et c’est un homme qui veut voir ses filles riches qui te dit ça. Il se redresse puis se met à bouger son indexe au fur et à mesure qu’il poursuit sa phrase, Hey quand je te dis que je veux voir mes filles riches c’est au point que des fois je rêve éveillé d’elles chantant Independent Women la partie 1 des Destiny’s Child à tout couillon, andouille, abruti, avorton, baudet....
Ciara: on se calme un peu non? elle lui dit sur un ton doux
Magnim: bref toute la catégorie là qui agite l’argent comme un appât devant les yeux d’une femme pour non seulement justifier mais en plus revendiquer leur déficience comportementale.
Belle: ce n’est que ça que je veux aussi. Que mes enfants soient à l’abri de certaines choses et l’argent est un abri dans le monde actuel. On ne va pas se mentir. C’est mieux de pleurer dans les coins de rêves que dans son lit.
Ciara: je doute que la douleur de Farida aurait été différente si elle avait pleuré au Ritz Carlton.
Belle: C’est une douleur extrême ça. Je n’oserai jamais la réduire à ce niveau. Aooohh, je crie subitement après un coup sur mon front
Magnim: c’est pour dégonfler ta tête et que tu reviennes sur terre avec nous. Tu avais l’argent au temps d’aïdara non? Tu étais dans le meilleur pays sur cette terre il parait. La terre des hommes libres. Pourquoi elle n’est pas née en parfaite santé?
Belle: ........., si Eli et sa mère ne m’avaient pas aidé du temps d’Elikem, on aurait pas survécu. Je n’aurais pas pu payer son séjour aux soins intensifs.
Magnim: tu ne m’entendras jamais moi Magnim dire que l’argent n’est pas important. S’il ne l’était pas, ma femme et moi des sidéens ne serions probablement pas physiquement si biens aujourd’hui. Mais croire que l’argent les mettra à l’abri de tout Belle? Tu es sérieuse? Et les célébrités alors? Pourquoi on ne sort que des documentaires sur eux pour nous expliquer ce qu’ils combattent comme démons? Ou tu vas me dire qu’ils mentent? Whitney Houston malgré tout son argent n’est pas morte d’overdose après avoir mélangé alcool et médicaments? L’argent l’a sauvé de ça? Les couples ne divorcent pas par ci par là? En dépit de tout son argent Céline Dion n’a pas perdu son frère et son mari au cancer? Tu crois que l’argent a diminué la douleur qu’elle a ressenti? Depuis la tragédie tu n’as pas vu comment elle a perdu du poids? Ou bien tu me diras que ce sont des problèmes de blancs qu’elle a eu?
Belle: bien sûr que non.
Magnim: en fait il te fallait peut-être avoir le genre de mari qui fait deux jours dehors sans rentrer, tu devais parler jusqu’à avoir l’angine pour qu’il paie l’écolage des enfants. Peut-être c’est là que tu allais saisir l’énorme chance que tu as eu sans même chercher.
Belle: je sais que j’ai de la chance. Je ne dirai jamais le contraire. C’est ce que j’essaie de dire à Eli....mais il est tellement fâché que...., je ne finis plus ma phrase parce que ma voix tremble.
Ciara se rapproche et m’entoure de ses bras.
Ciara: Ça va aller. Il faut prier que son cœur s’adoucisse et pendant ce temps tu continues à lui parler à chaque occasion que tu trouves. Dieu voulant il comprendra.
Belle: me...merci.
Magnim: et tu n’as même pas intérêt à mettre la pression à mes deux derniers qu’ils doivent s’intéresser au domaine médical.
Belle: je ne ferais jamais ça toi aussi. J’ai moi même connu avec maman ce que c’est la pression qu’un parent te met quand on lui dit que ton domaine d’études ne t’apportera rien dans le monde.
Magnim: te voilà au moins raisonnable sur ce coup. Je vous laisse continuer le reste entre vous. Et rappelle toi Belle. Ici on est sur terre. C’est bien vrai que le ciel est bleu, les oiseaux chantent, on s’aime, on s’achète des choses, on mange bien, on rit, c’est tout mignon, la vie est agréable. Mais ce n’est pas la cité de Jérusalem. Ça tire partout. Et nos enfants recevront des balles quelque soit leur poche ou position. Personne, absolument personne n’a vécu sur terre sans en recevoir. Mieux tu les prépare mentalement pendant qu’ils sont encore sous ta protection. C’était ma minute de prédication. Fais un gros câlin à ton mari, sort lui toute ta poésie et prie comme Ciara te l’a conseillé que son cœur puisse être touché. Sinon il y’a une place ici dans ma maison pour toi si ça foire. Bye.
J’ai attendu le soir là au salon jusqu’à trois heures du matin. C’est l’heure à laquelle il a franchi l’entrée. Lui même semblait surpris de me voir. Mais la surprise n’a pas duré. Il a déposé ses clés
Belle: je peux venir t’aider? Je demande quand il s’assoit pour retirer ses chaussures
Eli: je suis capable de le faire merci.
Belle: je ne dis pas que tu es incapable Eli. J’aimerais le faire.
Eli: ok, il dit après un soupir
Je m’avance, m’accroupis et le déchausse. Je dépose ensuite ma tête sur ses jambes et j’ouvre mon bouche. Ma voix tremble en sortant.
Belle: je suis désolée. J’aurais aimé retirer mes mots mais c’est impossible. Par contre je veux que tu saches Eli, quand je rêvais de toi des années plutôt je n’ai jamais pensé à ce que tu pouvais m’apporter comme bien matériel. Je me disais juste que j’avais vraiment de la chance de t’avoir comme ami et secrètement j’étais un peu jalouse de celle qui t’aurait comme amant parce que j’en rêvais. Je rêvais d’être plus que ça pour toi mais à l’époque je n’osais pas. Je ne me trouvais aucune qualité assez importante face à la quantité infinie que je te trouvais. Je me disais qu’un type comme toi avec un cœur si disposé, autant de connaissances et si beau ne trouverait aucun intérêt réel pour moi. C’est pour ça que jamais je n’ai réellement osé. Puis quand tu m’as dit que tu t’intéressais aussi à moi je te jure que je n’y croyais pas vraiment. J’ai plutôt saisi ma chance pour moi, parce que j’avais déjà des sentiments pour toi et je n’ai pas réfléchi. Mais j’ai quand même mis la règle des trois mois sans sexe parce qu’indirectement je n’étais pas sûr que tu voulais vraiment d’une relation sérieuse. Je me suis dit qu’on verra bien en trois mois comment ça marche entre nous. Puis mes sentiments ont pris le dessus sur ma raison et je me suis laissée aller. Je me suis un peu convaincue que c’était Elikem aussi qui nous a rapproché connaissant ton grand amour pour les enfants. Et je me suis mis en tête la mission d’être à ta hauteur. De tout te donner, d’être toujours là pour toi. C’est juste pour ça que que je t’attends constamment. C’est pour te montrer que je suis disponible, que je t’aime. Que mon amour peut t’apporter quelque chose de tangible vu que je n’investis pas autant matériellement que toi dans notre couple. Ce que j’ai dit sur les miettes c’était totalement déplacé. Sur le coup j’ai simplement pensé à l’argent et c’est pour ça que je l’ai dit. J’ai égalisé la quantité de l’argent au bonheur et j’ai simplement parlé sur cette pensée. Je sais combien tu as mis dans ses comptes épargnes comparé à moi et je suis vraiment mais je te jure vraiment désolée d’avoir parlé de miettes. Je suis prête à faire ce qu’il faut pour te prouver que c’est toi que j’aime chéri. Mais j’ai besoin que tu me parles. Que tu me dises ce dont tu as besoin pour panser la plaie que j’ai causé.
Il relève ma tête puis ses mains tiennent mon torse et je me retrouve collée au sien. Je me mets à pleurer doucement, de peur mélangée au soulagement.
Eli: je ne me suis pas intéressé à toi pour Elikem mais pour toi. Parce que tu étais rafraîchissante comme personne. Si tu m’avais fait part de tes insécurités je t’aurais expliqué.
Belle: j’ignorais que c’était des insécurités. Je croyais que c’était juste des pensées que tout le monde à mon niveau aurait eu face à quelqu’un comme toi.
Eli: je n’étais pas et ne suis pas un Dieu Belle. Et tu n’as certainement pas moins de valeur parce que tu n’as pas eu mon éducation ou mes aptitudes. C’est comme si tu disais que les génies ne finissent qu’avec des génies. Je t’aime. Je n’ai pas envie de m’en aller. Si je le voulais je te l’aurais dit. C’est simplement ta vision des choses qui m’a refroidi mais je t’aime. Tu sais, la majorité de mes parts à l’hôpital ne me viennent pas juste de maman mais aussi mon oncle Nader.
Belle: ah bon? Tu ne me l’as jamais dit.
Eli: je n’en voyais pas l’utilité à l’époque. Mais oui c’est lui qui m’a remis les siennes parce qu’il avait confiance en ma capacité de prendre les décisions adéquates pour l’avancement de l’hôpital. Pourtant il a eu sept enfants dont deux qui font partie du conseil d’administration de l’hôpital. Eux en ont eu moins que moi. Bien moins. Pas parce qu’ils sont des mauvais administrateurs mais leur père a jugé que j’avais plus d’expérience et d’aptitudes. Chez nous ça a toujours fonctionné comme ça. Au lieu de nous séparer comme peut-être beaucoup croiraient ça nous a plutôt rapproché et poussé à nous entraider pour nous dépasser dans nos domaines respectifs. Si tu t’intéressais à quelque chose appartenant à la génération précédente il fallait le mériter. Je t’aime mais j’aime aussi cette vision de la vie et je ne vais pas la changer même si je t’aime.
Belle: tu n’as pas besoin de la changer. Je t’ai aimé comme ça.
Eli: alors on va se coucher?
J’hoche la tête, il me prend la main et on va en chambre. On se réconcilie avec beaucoup d’entrain et d’émotion sous la couette pour un bon trente minutes. Je suis plus que comblée dans ses bras plus tard.
Belle: non ne me laisse pas, je dis quand il veut se lever.
Eli: je ne dois plus me doucher parce que madame est câline, il me demande avec humour
Belle: on s’en fout, c’est notre chambre. Demain tu vas te doucher, je réplique en déposant une jambe sur la sienne pour le bloquer.
Eli: lol ok c’est toi qui supporte l’odeur
Belle: comme si tu sentais mauvais, je réplique sur un ton blagueur
Il me bascule pour que je sois sur le côté. Lui aussi se met dans la même position pour qu’on se regarde.
Eli: je vais contacter mon notaire demain pour qu’on puisse mettre le Condo de Houston au nom d’Elikem comme ça....
Belle: non tu ne vas pas faire ça. Il semble surpris, donc je continue. Tu ne vas pas faire ça parce que premièrement ce condo tu l’as acquis avec ta sœur.
Eli: je ne vais pas faire mettre tout le Condo au nom d’Elikem, juste la partie qui me revient. Je vais en parler avec Ali c’est sûr mais....
Belle: non. Deuxièmement le loyer que tu perçois de ce Condo est supposé préparer ta retraite. Tu veux faire le tour de l’Asie depuis ta vingtaine. C’est un projet que tes cousins et toi avez. Tu vas garder ton projet parce que ça te fera du bien. Tu n’as pas à te sacrifier à l’infini pour nous. Ça ne me rendra pas heureuse de te voir abandonner un plan que tu avais bien avant de me rencontrer et la Elikem qui te défend si farouchement ne me pardonnera pas si elle sait que j’ai permis ça. Tu as travaillé dur dans ta vie Eli. Hormis ta tesla tu ne t’es jamais récompensé donc non.
Eli: je n’ai pas besoin de grand chose non plus. En plus voir Elikem accomplir son rêve me rendra plus heureux que n’importe quel voyage.
Belle: l’un n’empêche pas l’autre. Tu feras ton voyage, Elikem fera sa part avec ce qu’elle a. N’insiste même pas je ne t’entends plus.
Il se met à rire mais continue avec les théories farfelues. Je m’endors au son apaisant de sa voix. Le lendemain il chantonne tellement que son fils lui demande de partager la bonne nouvelle avec lui. La nouvelle c’est que je lui ai offert un voyage cette année. Il partira un peu plutôt que nous pour aller passer du temps avec ses cousins. Nous le rejoindrons pour la fin d’année. Je me dis maintenant que j’aurais probablement dû faire ça plutôt. En douze ans de mariage c’est la première fois que je dépense autant pour lui. Je lui ai certes fait des cadeaux dans le passé mais sa joie débordante me fait penser que c’est la première fois qu’il reçoit quelque chose qui a de la valeur pour lui.
Une autre chose que je dois rectifier c’est l’éducation que je donnais aux enfants. Je commence par Elikem. Je commence mon discours mais elle m’arrête.
Elikem: si c’est cette histoire d’héritage je m’en fous maman. Je suis déjà passée à autre chose.
Belle: je suis contente de te l’entendre dire. Probablement dans le passé je t’ai dit que je serais toujours là pour te protéger, ce qui est un peu le cas. Tant que Dieu me donne vie je serais toujours disponible pour toi, mais je ne pourrais pas tout faire. Personne ne pourra tout te faire ni t’épargner de certaines douleurs ma chérie et.....et ça me fait mal mais je vois finalement que la vie est ainsi
Elikem: bof on va supporter non. Je supporte et j’avance.
Belle: supporter quoi? Qu’est ce qui s’est passé? Je demande alertée
Elikem: rien d’intéressant à raconter mais si papa t’appelle pour t’accuser écoute juste d’une oreille distraite. J’ai décidé de transférer à l’université de franche comté.
Belle: et pourquoi?
Elikem: besoin de changer d’air.
Belle: ok, je réponds simplement parce qu’elle a dit sur ce ton qu’elle prend quand elle ne veut pas beaucoup parler.
Elikem: je vais justement prendre mon train.
Belle: déjà Elikem? Tu as commencé quand? Je demande surprise
Elikem: quand je me suis dit qu’il était temps. Je te fais signe à mon arrivée. Bisous
Romelio Tchaa Bemba
Je viens de raccrocher avec le papounet d’Elikem qui m’a littéralement menacé de ne même pas toucher sa fille. Avant ça c’était maman qui m’avait appelé pour me faire part de sa joie à la nouvelle d’Elikem qui a transféré ici et me conseiller encore une fois sur comment être un bon petit ami. Elle a aussi précisé qu’elle se chargerait du papounet d’Elikem parce que ce dernier l’a appelé aussi pour lui exiger qu’elle tienne son bandit loin de sa princesse. C’est ce qu’Arthur en vacances chez nous actuellement a entendu et rapporté.
Je n’ai jamais compris la dynamique bizarre chez les adultes. Pourquoi maman et le papounet se détestent? Pourquoi tonton Magnim n’aime pas le papounet? Pourquoi tata Ciara semble mal à l’aise quand elle dit du bien du papounet? Je n’en ai aucune idée mais pour l’heure Elikem me met au parfum. Parce que contrairement à la rumeur, c’est elle même qui avait envoyé son dossier à mon université il y’a quelques mois de ça. Elle avait sa réponse depuis belle lurette mais elle me disait tout le temps ne pas savoir comment l’expliquer à son papounet pour qu’il ne le prenne pas personnellement. C’est maintenant qu’elle m’explique ce qui l’a poussé à faire le saut.
Elikem: tôt ou tard ça pouvait devenir bizarre. Au final je ne suis pas la fille de tata Lou. Si ça ne dépendait que d’elle, je n’existerai pas donc pourquoi lui imposer ma présence? Ça ne servait à rien je trouve
Elio: Tu lui en veux?
Elikem: lol j’ai quel droit de lui en vouloir? C’est sa maison et celle de son mari. Elle aurait pu être méchante. Monter papa contre moi ou me traiter avec indifférence, ce qui n’a jamais été le cas. À vrai dire je n’aurais pas surpris cette conversation que jamais je n’aurais su qu’elle pensait comme ça. Si je restais là je pense que mon papounet aurait peut-être poussé le bouchon trop loin un jour, en achetant la voiture alors que tata a dit non. Et là peut-être j’aurais vu une face différente de tata Lou. Peut-être ils en viendraient au divorce et c’est aurore qui paiera dans tout ça. Ça n’en vaut pas la peine. Je reçois de l’argent de poche par mes parents depuis trois ans. Argent auquel je n’ai presque pas touché parce que je vivais chez mon papounet donc ça ne servait à rien que je reste chez eux et vois les problèmes arriver quand j’ai la possibilité d’éviter tout ça. Mais c’est quoi cette tête? Tu n’as pas intérêt à pleurer!
Elio: permet moi d’être triste pour mon premier bébé quand même.
Elikem: je savais que je ne devais rien te raconter, elle dit en se levant de mon lit
Je la retiens par la taille et me lève.
Elio: va porter tes plus beaux vêtements, je t’emmène faire un tour
Elikem: nan veux pas sortir
Elio: tsssttt, je fais en secouant la tête, tu ne vas pas continuer ta vie d’Ermite sous ma supervision. Tes nouilles de ramen là tu arranges et...
Elikem: ce sont mes cheveux imbécile
Elio: oui comme tu as dit, tu arranges, tu te fais toute mignonne comme tu sais faire et on va se prendre ton Thaï Rolled Ice cream là
Elikem: Noooooooooonnnn tu dis vrai?
Elio: dépêche toi oh.
Elle sort de mon appartement si rapidement que je n’ai pas le temps de fermer la bouche. Il y’a des gens étranges dans la vie. Elikem en fait partie. Elle passe ses journées à regarder des vidéos de glace qu’on fait en versant du lait sur des plaques froides qu’on mélange avec les saveurs du client puis on les étale et fait des rouleaux avec. Pourtant Elikem n’aime pas les glaces. Le pire c’est que si elle regarde un elle doit t’envoyer le lien comme si j’ai demandé. À cause d’elle ce genre de vidéos me suit partout maintenant. En tout cas il semble que c’est la mode ce genre de glaces parce qu’un ami a ouvert un shop avec d’autres connaissances à lui et c’est là que nous allons.
Je finis de pisser un coup quand la porte d’entrée s’ouvre. Elle a quand même eu de la chance Elikem. Un appartement se libérait dans mon immeuble, deux étages en bas du mien quand elle m’a dit qu’elle venait définitivement s’installer ici. Je rigole un bon coup quand je la retrouve.
Elikem: ce n’est pas beau c’est ça? Elle demande un peu inquiète
Elio: même pas. C’est toute la sape là pour une glace seulement qui me tue.
Elikem: c’est un rendez-vous très important figure toi, je vais enfin découvrir le goût de l’élixir
Elio: lol rien que ça hein
Elikem: tout à fait! Elle dit très satisfaite
On descend tout en continuant la conversation. Le shop, Crème des arts n’est pas loin de mon immeuble donc on y va à la marche. Trois personnes sont en avant de nous. Elikem est déjà perdue dans la description de tout ce qu’elle va prendre sur sa glace.
Elio: j’espère pour toi que tu vas tout finir aussi. Mon argent ne sort pas pour que tu jettes tu as compris
Elikem: lol dis comme un vrai daron. Tu finiras si je n’y arrive pas
Elio: je suis ta poubelle en fait
Elikem: ah c’est toi qui l’a dit, elle chantonne
Elio: avec ta face là. Et au passage, je dis en jouant avec son collier rempli de clés, ce n’était pas mieux de garder celui pour le jour où tu rencontres Roméo? Il aura besoin de toute cette rangée pour débloquer les lourdes portes jusqu’à ton élixir hein.
Elle frappe ma main et me donne un coup au tibia.
Elikem: reste en dehors de mon punana
Elio: punani je t’ai dit que c’est ça le mot
Elikem: et c’est p-u-na-......
-Bon....jour, le type en avant dit en dévisageant Elikem, qu’est ce qu’on fait pour la belle dame aujourd’hui? Il demande d’une voix grave
Je dois donner un coup de coude à Elikem pour qu’elle réponde.
Elikem: erhm...une...un ice cream roll s’il vous plaît
-Tout de suite. Qu’est ce que tu veux comme saveur?
Je jure que j’ai entendu le corps d’Elikem crier toi. Et le type aussi répondre avec ses yeux, pas autant que moi.
Je les observe depuis ma position. Ces regards, la voix d’Elikem qui devient presque un souffle sur la fin de ses phrases, le sourire du gars, la façon dont il frotte ses deux couteaux de vitrier. Il frime pour elle. Et elle glisse dedans sans même tenir le bord pour se retenir. Je dois vérifier.
Elio: Hein? Tu veux des brownies, en plus des Ferrero Rocher?
Elikem: oui, elle répond sans me regarder
Elio: C’est pour pousser le ventre après déjà qu’il n’est même pas plat
Elikem: c’est ton problème en quoi? Elle me demande d’une voix menaçante
Elio: c’est pour imposer ça à nos yeux après? Pardon mettez....
-la dame veut des brownies et Ferrero Rocher donc elle aura ce qu’elle veut. Le gars me dit sur un ton menaçant puis reprend plus doucement avec Elikem. Quel est ton nom ma belle? C’est pour te l’écrire ici.
Elikem: Perla, Elle minaude
-Qu’est ce que tu préfères comme sirop? Le chocolat ou....
Elikem: caramel, du coulis de caramel, Elle dit en mangeant l’enfant des gens du regard.
-Perla, une beauté avec des kilos où il faut, il écrit avec le caramel. Et il rajoute un bonhomme qui fait un clin d’œil en bas, puis se met à rouler la crème sur les plaques et quitte son poste pour venir au comptoir et lui remettre en main. Ça te dirait quelques pépites de caramel dessus pour toi?
Elikem: Oui, elle dit tout en hochant la tête
-Encore? Il demande en faisant pleuvoir petit à petit le caramel sur la bol de glace. Il est suspendu à ses lèvres.
Elikem: mmmhmm, Elle murmure
Un de ses collègues doit l’interpeller pour qu’il aide. C’est comme ça que leur petite scène finit. Il lui remet finalement le bol.
-Bon appétit
Elikem: merci, elle minaude encore
Elio: bon on part non?
Moi je suis devenue une vieille pantoufle. On m’a juste dévisagé avant de me laisser en arrière pourtant c’est moi qui ait payé. Elle n’avait pas non plus mon temps au retour. Trop occupée à savourer sa glace comme s’il ne faisait pas 10 degrés. Elle est rentrée chez elle sans un mot pour moi. J’ai fait pareil. Pendant qu’elle a la tête dans les nuages moi j’ai du travail. Je m’en vais chercher l’identité du seul homme qui peut se vanter à date d’avoir parlé sans mots concrets au punani d’Elikem. Vraiment il doit rajouter ça sur son CV le frère. Deux heures plus tard je trouve les infos. Dans la foulée j’en profite aussi pour chercher le petit copain de ma deuxième fille. C’est quand même triste hein. Ma vie est réduite à ça maintenant. Entre temps ma part est où? En tout cas mon frère Paul m’a déjà montré la voie. Je me consacre comme lui. Femme c’est problème.
C’est à trois heures du matin que je quitte ma chaise, le dos en compote. Je fais craquer mon cou et descends pour aller voir Elikem. On est dimanche et elle ne dort jamais tôt les week-ends. Dr House ne lui donne pas le temps. Je cogne, elle m’ouvre et ferme. Mon pied prend la porte. Je souffre mais je me rappelle que c’est pour la bonne cause.
Elikem: les goujats ne viennent pas chez moi
Elio: tu vas redescendre sur terre oui. Depuis qu’on se connaît j’ai déjà parlé de ton physique dans ce sens? Je testais une théorie vite fait
Elikem: Han?
Elio: Elikem laisse moi entrer
Elle s’efface. J’entre et je trouve un sac de Crème des Arts sur sa table. Sac qu’elle n’avait pas avant. Son regard suit le mien et comme une coupable prise en délit elle se met à se justifier.
Elikem: je....j’en voulais une autre pour ce soir comme ils sont fermés le dimanche
Elio: sauf qu’ils ne sont pas fermés le dimanche Elikem.....ils ne sont jamais fermés le dimanche, je dis avec un sourire satisfait
Elikem: je...je savais pas non. J’ai pensé que....
Elio: tu as pensé que Raymond Ekim serait là. Tu voulais retourner flirter avec lui mais comme tu n’as jamais fait ça tu es retournée acheter une autre glace en espérant qu’il engage encore la conversation.
Elikem: Fli.....Fli....rter? Je ne te permets pas!
Elio: loollll Mais laisse le ton de bourgeois hautement contrarié hein. J’étais là, au premier rang. Je t’ai vu et surtout entendu ta voix vibrer de plaisir après qu’il t’ait défendu.
Elikem: ......
Elio: et Perla? Je dis en imitant sa voix à ce moment là.
Elikem: arrête de me faire sonner comme une conne, elle dit sans aucune conviction réelle.
Elio: lol bon j’arrête. Raymon Ekim, c’est son nom. Raekim sur Facebook, rajoute le.
Elikem: comment tu sais ça toi? Elle demande suspicieuse
Elio: il travaille avec un type que je connais, Bilal Keita.
Elikem: genre tu connais tout Besançon quoi.
Elio: heu.....moi je salue les gens quand je vais en classe. Je n’entre pas avec ma capuche sur la tête comme si j’étais un fantôme.
Elikem: bref, elle dit en roulant les yeux
Elio: bon j’écris à bilal pour lui.....
Elle a déjà sauté sur mon bras.
Elikem: tu n’as pas intérêt, elle me dit avec l’air le plus affolé au monde
Elio: c’est pas plus simple comme ça que de visiter le shop tout le temps parce que tu veux te rincer les yeux? Tu gardes ton argent en poche et les carries loin de tes dents.
Elikem: ah non non non, je ne le connais pas. Je vais lui dire quoi? S’il rit de moi? En plus il ne m’a rien dit de spécial tout à l’heure. Non non non.
Elio: met le frein à la panique. Si je t’ai critiqué ouvertement devant lui c’était justement pour vérifier un petit truc. Les hommes ne défendent les filles que pour deux raisons. Ils ont été bien éduqués ou ils s’intéressent à cette fille. Si on se base dessus tu as un 50% de chance au moins qu’il soit intéressé. 50% c’est beaucoup. Et je mise sur ce 50. Le gars te déshabillait du regard.
Elikem: Je ne peux pas lui demander de....enfin je demande quoi d’abord?
Elio: on demande quoi aux gens? Comment il va c’est un bon début par exemple. Ensuite tu rebondis sur ses réponses. Tu sauras très vite s’il est intéressé
Elikem: Mais il saura que je veux!
Je regarde à gauche puis droite pour signifier, et?
Elio: c’est bien pour ça qu’on a cette conversation non? Tu veux le connaître.
Elikem: naaannnn ca va faire trop désespéré.
Elio: mais je ne te dis pas de le draguer. Juste lui dire bonjour.
Elle a déjà fui avec mon téléphone et crie jamais. On n’est pas sorti de l’auberge.
Héloïse Silivi
M Boulder me dit qu’il me communiquera sa date d’arrivée à Lomé et hier soir le type m’appelle simplement pour me dire qu’il est descendu au Radisson Blu et m’attend ce matin. Sans même prévenir ou me donner le temps de me préparer en conséquence. Or c’est tout ce que je déteste dans ma vie. Être confrontée sans préparation. Mais bon je fais avec. Je l’attends dans le hall de l’hôtel. Le bruit de l’ascenseur me fait tourner la tête et je me rends compte que je ne sais même pas à quoi il ressemble. Et probablement que lui non plus. Je sors mon téléphone et lance l’appel vers le numéro de France.
Héloïse: M Boulder je suis dans l’aile....heuh....ouest je crois.
Parker: Que portez-vous? il demande avec ce lourd accent que je lui ai découvert hier
Héloïse: un blazer couleur pêche et....
Parker: c’est bon je vous ai trouvé.
Je me lève, me tourne et le choc me frappe d’un coup quand cette montagne s’avance avec des cheveux partout? Il s’arrête et me regarde comme s’il me jaugeait. Puis un sourire amusant se dessine sur son visage et il se penche vers moi. Je m’affole et recule.
Héloïse: mais c’est quoi?
Parker: je voulais vous faire la bise
Héloïse: ici c’est la main, je dis rapidement en présentant la mienne à une distance bien respectable.
Parker: Ok, il dit avec humour et me présente la sienne.
C’est risible comment la mienne disparaît totalement quand il ferme la sienne. Je la retire en vitesse comme si on m’avait brûlé puis je me racle la gorge.
Héloïse: donc....bon.....on y va? Le chauffeur nous attend
Parker: après vous.
Héloïse: ermm.....non vous d’abord
Parker: les femmes avant. C’est ce que dit le bon sens, il rajoute avec ironie
Je m’agrippe à mon sac et prends l’avant. Je suis une petite personne. Je l’ai toujours été et dans le passé c’est vrai que ça m’intimidait de me trouver en face de plus grands. Mais c’était il y’a vingt ans de ça. Donc que je me sente étrange devant cet homme jusqu’à regretter d’avoir mis des talons réguliers, je ne comprends pas. Je suis petite, ce n’est pas un crime. Une voix me souffle, en plus mince, il te casserait en deux d’un coup. La ferme, je murmure.
Parker: J’espère que c’est la faim qui parle.
Héloïse: han? Je dis et lève la tête quand nous sommes près de la voiture que j’ai loué pour venir ici.
Parker: Rien. Après vous, il dit encore quand il m’ouvre la portière.
Héloïse: je vais en avant. Le chauffeur a besoin que je le guide pour notre trajet
Parker: comme vous voudrez. Il répond puis s’installe. J’ai une faim de loup. Un plat local j’aimerais bien.
Héloïse: une faim de loup? Je demande confuse. On ne devait pas se rendre au village?
Parker: il est 8h madame Héloïse. Je suis arrivé hier à minuit. Vous ne pensez quand même pas que je vais me faire tout un trajet le ventre vide.
Héloïse: et pourquoi ne pas avoir mangé avant mon arrivée alors? Vous étiez dans un hôtel à ce que je sache!
Parker: et je pense bien avoir dit que je voulais du local. Je ne vais pas quitter Marseille pour venir manger des œufs au plat à Lomé. Alors que me proposez vous en bonne fille du terroir?
Je vais t’en donner du local moi. Je me dis en tête et indique au chauffeur un endroit au grand marché où nous conduire. J’ai premièrement eu l’idée de lui faire manger du riz haricot et nos sauces épicées pour qu’il finisse sa journée au lit avec un bon mal de ventre mais je me ravise. Il ira peut-être dire aux Adamou que j’ai voulu le tuer et franchement je tiens à cet emploi. J’ai frisé l‘hystérie en recevant mon premier virement . Six fois mon salaire quand j’étais en enseignement. Le pire c’est que Belle m’avait présenté la chose comme une petite aide. Je gagne probablement autant que des cadres dans ce pays et moi je reçois tout ça depuis la maison. Ce n’est pas le moment de perdre cette opportunité à cause d’un malabar.
Le truc le plus sécurisé que les togolais mangent le matin c’est la bouillie et les beignets. Donc on s’est arrêté non loin du point.
Héloïse: je vais vous acheter votre petit déjeuner
Parker: je viens avec vous
Héloïse: non c’est dangereux et.....Hoooo *Yovoya!!!!! Je crie en langue quand il est déjà dehors.
*(le blanc ci)
Parker: mais pressez vous donc. Nous n’avons pas toute la journée Héloïse, il me dit au loin
Je vais finir avec l’AVC je le sens. Faut le voir se faufiler dans les coins et suivre le reste des passants comme s’il connaît le marché. Je le laisse bien avancer. Je suis déjà devant la vendeuse moi. Il se retourne avant de tourner et c’est là qu’il revient sur ses pas.
Héloïse: il fallait continuer, je dis en le regardant de travers
Parker: bonjour, il dit à la vendeuse qui lui sourit en retour puis sans me demander je sens son souffle prêt de mon oreille.
La nervosité me fait frapper ma propre oreille quand je veux le chasser.
Parker: pauvre Louloute, il dit en me prenant la main, la faim ça agite les neurones. Un bouillon rosé pour mon amie s’il vous plaît, il dit à la vendeuse
Sa description de la bouillie de mil me fait bien rire au point d’oublier pour un instant qu’il tient ma main.
Je ré explique à la vendeuse ce qu’il veut dire. Le type insiste pour avoir les gâteaux dans la petite boîte bien que j’ai dit non. Même pour payer il a donné un billet de mille francs et refusé la monnaie. La vendeuse lui donnait du chef et patron par ici. Elle lui a donné les gâteaux comme si elle n’avait plus besoin de vendre. Au lieu qu’on retourne à la voiture comme j’ai proposé, nous voilà assis sur le banc à côté de la vendeuse.
Héloïse: ne venez pas vous plaindre de mal de ventre chez moi après. Je vous aurais prévenu.
Parker: ça ne peut pas être pire que ce que j’ai mangé en Malaisie, il dit puis bascule sa tête en avant. Ses longs cheveux blonds retombent. Il se relève en les attrapant avec une main puis les noue au milieu de sa tête.
Héloïse: vous faisiez quoi en Malaisie?
Parker: j’étais en tournée avec mon ancien groupe d’Indie Rock
Héloïse: bien sûr, les cheveux longs.
Parker: désolé de respecter autant les clichés, il réplique avec ironie
Héloïse: qu’est ce que j’ai dit moi?
Parker: vous avez ricané après votre remarque sur mes cheveux.
Héloïse: je ne ricane jamais!
Parker: je vous ai entendu. Arrêtez de le nier.
Héloïse: vous vous inventez une vie
Parker: si j’avais ce pouvoir je vous aurai inventé deux tailles en plus pour balancer avec votre tête
Héloïse: je préfère nettement être une petite qu’un ostrogoth!
Il s’esclaffe au lieu de répondre et commence à manger. Que ses gâteaux fassent leur travail dans son ventre!