21- Les couleurs de nos amours

Write by lpbk

Pour le diner, on se fait un restau 5 étoiles. Nous sommes sacrément en retard ; la faute à qui vous savez. Iris. Mais je dois avouer que quand elle est sortie, tout le monde a fait « waouh ». On dirait que c’est son anniversaire. Les femmes, toujours à vouloir être sous les feux des projecteurs.

« Ton mec assure chérie. », me glisse Georgette à l’oreille lorsque nous entrons dans le restaurant.

Je suis bien contente qu’il soit mon mec ce gars.

On traverse le restaurant. Notre table est en terrasse.

« Tu es magnifaïk ! », me chuchote-t-il à l’oreille en me tirant la chaise.

Sourire de béatitude. Je me sens hyper bien. Je vous rassure, je suis toujours au chômage mais mon cœur oh la la, il est bien en activité.

« Merci Rudy ! », lance Calvin.

« Mais je n’ai pas fait ça pour toi ! Je l’ai fait pour les beaux yeux de dame Iris. Tu es canonissime mon cœur. »

« Merci ! Fais gaffe je pourrais me retrouver entre vous deux ce soir. », répond-t-elle le sourire large jusqu’aux oreilles.

Elle ne sait pas encore que je suis une rivale impitoyable.

« Loïc arrête de faire rire la femme-là ! »

« Oui c’est vrai ! Vous pensez qu’on ne vous voit pas ? »

« Donc vous vous êtes deux à deux et nous alors ? Laissez-nous jouer les amoureux pour un soir. », répond Loïc en riant.

Nous commençons le diner avec un apéritif divin.

« Tu feras quel vœux tout à l’heure ? », interroge Loïc.

« Oh que nous soyons toujours bénis. », répond Calvin.

« Il fait semblant d’être altruiste je vous jure. », nous informe Rudy.

« OK ! Je prie pour que le repas se termine vite parce que j’ai un gros dessert qui m’attend tout à l’heure. »

Tout le monde se met à rire. J’imagine bien ma cousine en dessert. Ça doit être extrême.

« Et toi Iris quel serait ton vœu si c’était ton anniversaire ? »

« Que nous soyons tous bénis ! », dit-elle.

« Depuis quand tu es devenue altruiste. Je me rappelle tes vœux quand nous étions petites. »

« Tu dis bien quand nous étions petites. J’ai grandi ! A ton tour. »

Je joue à celle qui réfléchit.

« Que je trouve du boulot ; mais un vrai boulot genre 500.000 FCFA de salaire par mois minimum avec tous les avantages et les primes. »

« Tu coutes cher comme employé dis donc. Rudy t’es sûr d’arriver jusqu’au bout ? »

« Le chemin est semé d’embuches mais je ne désespère pas. »

« Merci bébé ! Toi au moins tu me comprends. », dis-je en le gratifiant d’un bisou.

« Et toi Loïc ? Ton vœu. », continuais-je.

Il se râcle la gorge.

« Que je sois moins bordel. Vrai je prie chaque jour pour ça. »

« Inscris-toi aux bordels anonymes. », lui suggère Georgette.

« Si seulement ça existait ! Bref à toi Georgette. »

Elle aussi elle fait mine de réfléchir.

« Que je sois une meilleure version de moi. »

« Waouh ! »

« Eh bah ! Un vœu bien noble. Pas comme les vœux de grandeur de certaines. A toi chéri. »

« Je me sens béni. Je ne suis pas la pire version de moi donc ça va. J’ai déjà fini mon stage aux bordels anonymes et j’ai un boulot qui par chance paie super bien. Je sais aussi que tôt ou tard j’aurai droit à mon dessert si vous voyez ce que je veux dire. »

Je me lève tout de suite comme une diva et je tape la pause.

« Ouais, ils voient bien ce que tu veux dire ! »

« C’est bon, pose ton derrière tête de melon. », critique Iris.

« Jalouse ! »

« De quoi ? Moi aussi je suis un dessert ! Un bien gros même pas une crêpe. »

On se met tous à rire.

« Laissez le finir… Il a toujours été un poête. », nous fait savoir Calvin.

« Alors mon vœu ! Euh… que Nowa accepte de s’installer avec moi. »

« Quoi ? »

« Humm hummm… »

« Eh bah ça c’est une déclaration. Nowa on attend ta réponse. »

 

Rudy EYA

« Seigneur, je sais que je n’ai jamais été aussi prêt de toi. Je t’en prie fais qu’elle ne pique pas une crise et qu’elle sorte de table en se pensant dans un film parce que je n’aurai jamais le courage de la rattraper. Fais juste qu’elle dise … »

Voici la prière que je suis en train de faire dans mon cœur. A première vue, j’ai l’air serein, sûr de moi et pourtant faut pas être dans mon cœur et dans ma tête à cet instant. Je suis en surchauffe.

« Oui ! »

Je crois que je rêve !

« Où est ma folle de cousine ? », lance Iris.

Visiblement elle est aussi choquée que moi par cette réponse.

« Pourquoi tu dis ça Iris. Il veut qu’on vive ensemble alors je dis oui. »

Cette fois, j’ai bien entendu.

« Merci Seigneur ! », pensais-je.

« Eh bah, si on m’avait dit que tu serais le premier à te caser j’aurai juré que non. »

« Calvin tu ne peux pas juste être content et me féliciter ? »

« On va juste vivre ensemble pas se marier. Arrêtez de faire ces têtes. », finit-elle par leur dire.

Le diner se poursuit dans une bonne ambiance.

Nowa est souriante et j’aime la voir ainsi. Quelques fois elle prend le temps de me regarder, de jouer du piano avec ses doigts sur ma main.

Je n’arrive toujours pas à y croire.

« Tu es avec nous ? », me chuchote-t-elle à l’insu des autres.

« Je suis avec toi ! »

Elle sourit.

Nowa NYANE

La vie serait-elle en train de me faire un sourire en coin ?

Moi Nowa, je vais m’installer avec un homme. Un homme à qui je plais malgré mes tâches. C’est une superbe nouvelle mais j’ai l’impression que la vie en couple ça détruit plus que ça ne resserre les liens. Il suffit de regarder mes parents pour comprendre. Toutes les fibres de mon corps me crient non et pourtant mon cœur me dit de courir dans ses bras. De tenter ma chance avec lui. Qu’il ne pense surtout pas que vivre avec lui lui permettra d’avoir le dernier mot quant à la longueur de mes cheveux.

Je le regarde et je le trouve pensif. Je le trouve beau. Et son sourire de tombeur.

« Merci pour cette soirée. », lui dis-je dès que nous traversons la porte de la chambre.

« Si j’avais su que les choses se passeraient ainsi, je t’aurai pris un cadeau. », me répond-t-il avant de m’embrasser.

« Tu veux pas qu’on aille prendre un bain ? »

« Je ne peux rien te refuser. »

« Vraiment ! »

« Vraiment ! »

« Si je te disais que je veux qu’on prenne un autre appartement tu diras oui ? », dis-je en me déshabillant.

« Oui ! », dit-il alors qu’il m’aide.

Il s’en va dans la salle de bain ouvrir les robinets.

« Tu veux vraiment qu’on vive ailleurs ? », demande-t-il en prenant dans ses bras.

« Hummm… on verra ! », criais-je depuis la salle de bain où je me démaquille.

Il vient s’adosser à la porte pour me regarder. Personne ne dit rien. Quand la baignoire se remplit, il ferme les robinets.

« Ton bain est prêt princesse. »

Je mets un pied, puis deux dans la baignoire. Il est à la température idéale. Il me connait bien maintenant. Je m’y installe et je le regarde se déshabiller pour me rejoindre. Une minute plus tard, nous sommes tous les deux dans le bain. Il est allongé entre mes jambes repliées. Je penche la tête pour l’embrasser. Il se redresse, juste ce qu’il faut. Nos lèvres se collent. Nos langues se livrent un duel. Sa main appuie sur ma tête comme s’il ne voulait pas que je puisse me décoller de lui.

Quand il en a assez, il finit par me laisser m’échapper.

« C’est quoi cette cicatrice sur ton dos ? »

« Quelle cicatrice ? »

« Là ! », fit-je en passant un doigt dessus.

« Je n’en sais rien. »

« Et si on s’installait ici ? »

« Si tu m’épouses on le fera. »

« Espèce d’idiot ! », dis-je en lui donnant un coup à l’épaule.

Il se recule et se met de l’autre côté, face à moi.

« Est-ce que tu m’aimes ? »

Je roule des yeux et je soupire. Les battements de mon cœur risquent de provoquer un tsunami.

« Euh… »

« Pas de ça Nowa ! C’est une question simple alors je veux une réponse simple. Cette fois je veux faire les choses bien. Je veux que tu rencontres ma mère, mes sœurs si je ne les ai pas tué avant. Alors je veux savoir si je m’engage avec une femme qui m’aime et non qui m’apprécie. »

« Et si elles ne m’aiment pas ? »

« On gèrera ! Je gèrerai ! Répond maintenant. »

« Tu ne veux pas plutôt faire l’amour ? »

Il m’éclabousse. Je boude. Il se lève, sort de la baignoire, se rince sous la douche, attrape une serviette et me laisse seule. Il est en manque d’amour ou quoi ? Je ne savais pas que les hommes aussi avaient autant besoin qu’on leur exprime nos sentiments. Il arrête les lumières dans la chambre.

 

Rudy EYA

Elle exagère ! Je préfère me coucher et dormir, on verra demain. Je cherche dans ma tête si elle me l’a déjà dit et je ne trouve rien.

Nowa aime se retrouver le dos au mur. C’est le genre de femme à te dire non le jour du mariage et le pire c’est qu’elle aura une superbe excuse ; « je ne suis plus sûre », « je suis désolée ».

Je l’entends se rincer. Cinq minutes plus tard elle est là dans la chambre en train de m’appeler.

« Qu’est-ce que tu veux ? Attends tu veux qu’on quitte la Côte d’Ivoire cette fois ? »

Elle ne répond pas. Ce qui a le don de m’énerver. Tout se passait pourtant si bien. Pourquoi les femmes qu’on aime sont toujours les plus complexes. Tina ne m’aurai jamais fait ce genre de comédie. Je respire. Je ne dois surtout pas les comparer.

« Tu cries encore ! », me dit-elle de sa petite voix angélique.

« Non je ne crie pas. », dis-je en me retournant.

Elle est là, toute nue et ruisselante d’eau. Le hâlo de l’éclairage de la salle de bain sur elle. On dirait un ange.

« Je ne crie pas Nowa. Je t’ai dit que je n’allais plus crier. Viens ! »

Elle reste immobile comme un enfant qui a pêché. Je me pousse jusqu’au bord et je me lève pour aller la rejoindre mais voilà, cette fois je ne veux pas aller vers elle. Si elle veut vraiment vivre avec moi il est temps qu’elle apprenne à faire de petits pas vers moi. Je m’assois sur le bord et j’attends. J’ai l’impression qu’elle ne viendra jamais.

« Ecoute Nowa ! Cette fois c’est toi qui fera la distance pas moi et je te promets que si tu ne la fais pas je ne me fâcherai pas mais je te promets aussi que je ne la ferai pas. L’amour ce n’est pas à un sens alors si tu n’es pas apte à m’aimer c’est clair qu’on va sur une fausse piste. Tu viens ou tu ne viens pas. »

Un ange passe. Puis deux et bientôt trois.

« Putain Nowa ! », dis-je en me prenant la tête entre les mains.

« Je suis désolée ! »

Je lève la tête et je la regarde.

« Je n’ai pas besoin que tu sois désolée. J’ai juste besoin que tu viennes. »

Et par je ne sais quel miracle, la voilà qui fais un pas, puis deux.

« Pourvu qu’elle ne se rebelle pas en chemin »

Déjà trois pas. Je lui tends la main et elle la prend. Je la tire à moi. La voici à califourchon sur moi. Je prends son visage entre mes mains.

« C’est maintenant ou jamais Nowa. »

Et rebelote. Un bataillon d’anges cette fois. Je meurs d’envie de l’embrasser mais je ne cèderai pas. C’est fini.

« No… »

« Je t’aime. », finit-elle par avouer.

C’est l’explosion de confettis dans mon cœur et dans mon short. Ce n’était pas si difficile finalement. Il lui aura fallu du temps à cette belle femme.

Poussons le vice et voyons si elle est en mesure de me le répéter. Je reste calme. Et c’est avec son corps qu’elle choisit de me le redire.

Baiser passionné, baiser fou. Je l’embrasse à ne plus vouloir arrêter. Il me rend fou. Elle me rend animal. Elle est belle et je suis une bête. Etreinte passionnée. Etreinte puissante. Mes mains s’aventurent vite sur ses fesses déjà découvertes. Douces rondeurs. De douces caresses et elle se cambre encore plus. Je n’ai pas envie que ça dure. Elle m’a trop manqué. Son corps je le connais par cœur.

J’empoigne son sein et je le suce avidement. Pourquoi m’a-t-elle privé d’elle tout ce temps ? Pourquoi m’a-t-elle privé de son corps, de sa peau au gout de miel. Je respire le parfum de ses cheveux. Je la regarde se consumer entre mes mains. Et quand elle empoigne mon sexe en érection pour le guider jusqu’à sa fournaise, je ressens entièrement combien je lui ai manqué, à elle, à son corps, à son sexe chaud et si étroit. Nowa c’est ma fin. C’est celle qui me fait perdre le contrôle. C’est celle en qui je m’égare.

Ses mouvements précis, immoraux. Son souffle incandescent. L’insolence avec laquelle elle se déhanche sur moi. Me rendent fou.

Elle tient mon visage, me forçant à la regarder me faire prendre le large. C’est féérique. La bouche légèrement entrouverte, elle se passe la langue sur les lèvres avant de pincer celle inférieur dans un soupir douloureux. Je passe une main dans ses cheveux courts et je lui tire la tête en arrière.

« Je t’aime Rudy ! Je t’aime tellement que j’en ai peur. »

La pression de ses paroles. Je relâche ses cheveux et elle tombe sur mon épaule. La mord à m’en faire saigner. Je me laisse aller au souffle chaud émanant de son corps transit et luisant malgré l’air conditionné.

« Tu seras ma femme Nowa ! Je te le promets. »

Pour la première fois je la vois sourire à l’évocation d’un possible mariage.

Les couleurs de nos...