22. Retrouvailles
Write by SSS
……..Dans la peau de Eugenio Da Silva…………
Alors ça, si je m'y attendais !!! Yani ? La même Yani ? J'y crois pas ! Quand je l’ai vu, je n'ai rien compris. Elle est vêtue comme une première dame. Et qu’est-ce qu'elle a changé !! Un teint parfait et des courbes épanouies, encore plus qu'avant, et surtout un regard plein d’assurance, qui frôle même l’arrogance. Elle n'a plus ce petit air timide qui m'amusait bien au début et que j’ai fini par aimer. Maintenant ce visage n'est plus le même, il est encore plus beau mais dur, renfermé, sévère.
C'est la première fois que je vois autant de froideur dans son regard. J'en suis étonné et quelque peu effrayé. Son avocat lui tire la chaise et elle s’assoit avec une grâce que je ne lui connaissais pas. Elle me regarde et ses lèvres se déclinent en un léger sourire. Le silence règne quelques instants, la température monte. Claudia nous regarde tout les deux. Elle aussi ressent la tension dans l'air et se met à transpirer.
- Claudia : Euh….je n’ai plus besoin de faire les présentations. Mademoiselle Balka, désirez-vous un rafraichissement ?
- Yani : (sans lâcher mon regard une seconde) Vous êtes gentille Claudia mais ça peut aller, merci. Je ne veux pas être désagréable mais je ne pourrai pas tarder, j’ai un rendez-vous important dans exactement 1h. Alors si nous pouvons signer les papiers le plus rapidement possible, ça m'arrangereait.
Woohh…. Ça m'étonne de la voir parler comme ça, en femme autoritaire et sûre d'elle, mais bizarrement ce n'est pas déplaisant.
- Moi : Bien sûr Yani. La procédure ne prend que quelques minutes. Maître, procédez s'il vous plaît.
Les avocats se mettent à s'occuper de la paperasse. Honnêtement je ne suis pas très à l'aise en la présence de mon ex femme. Trop de mauvais souvenirs remontent à la surface. Ses tromperies entre autres. Et le comble, elle me nargue avec classe et devient actionnaire majoritaire de mon entreprise. J'ai envie de taper du poing la table, tellement je suis contrarié. Mais je m’efforce de garder un air serein, nous ne sommes pas seuls.
Les maîtres nous exposent tout nos droits et devoirs, les lois locales concernant l'achat et la vente d'actions, bref des blablas juridiques. Je ne suis pas vraiment concentré sur leurs dires, je n'ai qu'une envie : déguerpir d'ici.
- Mon avocat : Nous allons procéder aux signatures. Monsieur Da Silva, Madame Balka s'il vous plaît.
Elle signe les documents, avec de la fierté dans les yeux. Ça se voit, elle adore me mettre ça. Quand c'est mon tour, elle me regarde et fait encore le même sourire qu'a son arrivée. La mort dans l'âme, je signe quand même. Les autres nous regardait et se regardaient sans dire mot. L'air était plombé à un point où tout le monde transpirait à grosses goutes.
- Mon avocat : Bien…Félicitations Madame, vous êtes officiellement actionnaire majoritaire de la PC-Ds Company.
- Yani : ( sourire léger) Merci Maître. Eugenio, ce fut un grand plaisir de faire affaire avec toi. Et surtout, un plaisir incommensurable de te revoir.
- Moi : Plaisir partagé Yani.
- Yani : Sur ce, je vous laisse. Excellente soirée à vous messieurs. Claudia, merci pour tout, l'accueil était excellent. Mawa, Maître, on y va.
Elle se lève et me lance encore le même sourire que tout à l'heure. Je la regarde s'éloigner avec sa clique et idiot que je suis, mes yeux s'attardent sur les mouvements de son postérieur devenu encore plus arrogant. Je dois avouer qu'elle était vraiment belle ce soir, et terriblement bonne. Mais elle a baissé mon pote, et ça annule toute valeur qu’elle pourrait avoir à mes yeux. Rien qu'y penser me replonge dans une colère noire.
- Claudia : Monsieur….ça…. Ça va ?
- Moi : On rentre Claudia. Prend tes affaires.
- Elle : Mais Monsieur, le repas et le champagne commandés…
- Moi : Claudia on rentre !!! Qu’est-ce que tu n'as pas compris ?
- Elle : Bien Monsieur.
……….dans la peau de Yani Balka……..
Le goût de ça !! Le voir dans tout ses états me grise tellement, c'est agréable, ça fait du bien. J’ai adoré cette sensation de pouvoir. J’essaie de ne pas extérioriser ce que je ressent parce que je suis accompagnée. Je ne souris même pas jusqu’à ce qu'on ne démarre.
Mawa ne fait que pousser des ‘’hum'' depuis qu'on est entré dans le véhicule. Elle n'a rien compris à la scène de tout à l'heure. Et je sais qu’elle a grave envie de savoir, mais elle a peur de l'ouvrir sinon elle me connaît.
- Elle : Madame ! Vous faîtes peur deh. Le monsieur là était carrément effrayé. Moi-même j’étais d’accord.
Je me contente de sourire. La petite là est trop curieuse. Je sais qu'elle cherche le piment qui est dans ma bouche.
- Elle : C'était même comme s’il vous avait fait du mal grave même.
- Moi : Ah Mawa. Ta curiosité te perdra. Tout ce que je peux te dire est que tu as eu l'immense plaisir et l'insigne honneur de rencontrer Eugenio Da Silva, alias Monsieur le PDG de la PC-Ds Company alias l’un des hommes les plus arrogants que je connaisse alias….mon ex-mari.
Elle écarquille les yeux, la bouche béante. Elle se contente de faire un ‘’hum hum'' et de me regarder. Contrairement à son habitude, elle ne fait aucun commentaire pendant au moins cinq minutes. Elle reste pensive quelques instants avant de rompre finalement le silence.
- Elle : Madame, vous êtes forte. Je vous admire.
Oui je sais. Encore une fois, je me contente de sourire. Eugenio, Eugenio……Ah la vie !
………….dans la peau de Leilatou MADDO…………
Je finirai par devenir folle alliée. La solitude me pèse à un point où je peux même me suicider. Je supporte jour après jour cette vie de parasite qui commence sérieusement à me soûler. Ah Leilatou ! Qu’est-ce que tu es devenue ? Moi la Go Android, la femme fatale qui faisait saliver les hommes les plus impressionnants, promise à une vie de rêve. Me voilà à squatter chez un imbécile, sans travail, sans famille, sans amis ni personne pour m'épauler. J’ai bousillé ma vie pour ce connard d'Eugenio et en plus le lascar détient ma fille. Je suis allée à l’hôpital où ils étaient tous les deux et ils m'ont empêché de voir mon enfant. Eugenio a donné des instructions claires pour que je ne puisse m'approcher de ma fille sous aucun prétexte, ni même prendre de ses nouvelles. Je n’ai plus d’argent pour les soudoyer. J'ai essayé par téléphone, ils m'ont carrément crié dessus. Il fait tout ça parcequ'il a l'argent à gaspiller mais il verra bien ce que je vais lui faire. S'il faut que je le tue je le ferai, je n’ai même pas peur.
Vraiment Max je ne le comprends plus. Il est devenu très distant depuis l'autre jour où je lui ai filé le numéro de Karim. Est-ce qu’il se doute de quelque chose ? Karim lui a-t'il dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? J’espere vraiment que non. Sinon il va finir avec moi c’est sûr. Il sort souvent de la maison, comme pour m'éviter. Les rares fois où j’ai la chance de l'attraper, c’est seulement pour me demander si je vais bien et si j'ai mangé. J’essaie même de le séduire mais il a tout le temps l’air ailleurs. Tout ça m'ennuie, je suis fatiguée de cette vie passive.
Pour l’instant, ma priorité est de récupérer ma fille. Peut-être que Max pourrait m'aider, lui qui a tellement de relations. Faudrait pour ça que j’arrive à lui parler. Il est minuit et il n'est toujours pas rentré. Je décide de l'appeler.
- Lui : Allô ???
- Moi : Allô Maxime. Ça va ?
- Lui : Oui princesse. Un souci ??
- Moi : Non non pas vraiment. Juste….il faut que je te parle.
- Lui : Ah bon ? Il y a rien de grave j’espère.
- Moi : Non t’inquiète pas. C’est pas vraiment urgent tu sais, si tu es occupé.
- Lui : Je suis déjà sur le départ. Dans 15 min je rentre, attends moi.
- Moi : Merci.
*****15 min plus tard******
Max entre au salon avec un large sourire. Je lui souhaite une bonne arrivée et il vient me faire la bise. Il s'avachit ensuite dans un fauteuil en face en soupirant d'aise.
- Lui: Tu vois ? Pile à l'heure. Alors ma belle, qu'y a-t-il ?
- Moi : Je te voir rarement donc j’ai préféré t'appeler d'abord pour connaître ta position.
- Lui : Je vois.
- Moi : Au fait c’est pour te parler de quelque chose qui me tient vraiment à cœur. Max, ma fille me manque. Elle me manque tellement et je n'arrive plus à tenir, d'autant plus que je ne sais pas comment elle va. J'ai besoin de ton aide ne serait-ce que pour avoir de ses nouvelles. Eugenio a interdit au personnel médical de me laisser la voir.Je sais que ça te regarde pas mais tu es mon dernier recours. Tu connais beaucoup de gens, t'a pleins de relations, je sais pas moi. S'il te plaît, je t'en supplie aide moi.
- Lui : Je te comprends parfaitement, mais tu sais, si c’est vraiment Eugenio qui l'a interdit, je ne pense pas qu’il y a quelque chose à faire. Il est riche et influent et ça c’est rien pour lui. Mais bon, je pourrais peut-être essayer d'obtenir des infos, on ne sait jamais.
- Moi : Ouf, merci beaucoup Max. Je savais que je pouvais compter sur toi.
- Lui : Mais d'abord je veux savoir quelque chose. Promet moi d'être honnête avec moi.
- Moi : Hum. OK , tout ce que tu veux.
- Lui : Qu’est-ce que tu lui as fait de si grave ?
Hum merde. C’est quelle question ça ?
- Moi : Pardon ?
- Lui : Je connais très très bien Eugenio. Il est assez stricte et un peu extrémiste parfois mais il n'agit jamais comme il l'a fait avec toi sans une bonne raison. Tu as sûrement trahi sa confiance d'une manière ou d'une autre parce qu’il n’est pas assez cruel pour séparer une mère de sa fille. Et moi je n'aime pas fourrer mon nez dans une affaire sans connaître les tenants et les aboutissants. Donc je t'écoute. Et tu n'as pas intérêt à me mentir.
- Moi : Mais non qu’est-ce que tu..
Il faut que j'invente quelque chose. Il ne faut surtout pas qu’il sache pour Key.
- Moi : je…je lui ai menti sur une affaire d'argent.
- Lui : (rire de contrariété) tu penses vraiment que tu peux te foutre de moi ? Regarde bien ma face : je ne suis plus le con que tu avais mélangé par le passé. Donc tu va être franche avec moi et tout me dire. Tu l’a trompé n’est-ce pas ? Ou ça a un rapport avec votre fille ?
- Moi : Ce n'est pas ton problème d’accord ??
- Lui : Va donc vivre chez celui qui est concerné par ça !! Leila je veux bien t'aider mais je veux pas me retrouver au milieu de tes bêtises. Donc je vais reformuler : soit tu me dis toute la vérité, soit tu t'en va d'ici. Choisis, et vite parce-que je n'ai pas le temps.
Je déteste me retrouver ainsi dans l'embarras. Des gouttes de sueur glacées me parcourent l'échine. Je ne vais quand même pas lui dire que Key est sa fille. Mais j'ai l’impression qu'il ne blague pas, et je n'ai surtout pas envie de me retrouver dehors. Ou irai-je ? J’ai le monde entier à dos. Sauf Max. C’est pas le moment de le mettre en colère aussi. Je suis vraiment mal barrée.
- Moi : Max….comprends moi, c'est compliqué.
- Lui : Parle Leila. Pardon parle. Je ne vais pas te juger, et je ne le dirai à personne.
- Moi : Max( une larme coule sur ma joue) je n’ai pas trompé Eugenio. Je me suis trompé moi-même.
- Lui : c’est-à-dire ?
- Moi : Key….ma petite fille….je pensais que c’était la sienne mais…. On est récemment allé à l’hôpital pour des tests et…. Il s'est avéré qu'Eugenio…Eugenio n’était pas le père. Il s'est mis dans une colère noire et m'a mise dehors, me disant que je lui avait menti volontairement. Mais c’est faux Max je te le jure sur la tête de mes parents. Je pensais que Keyla était sa fille, j'en étais convaincue.
Je ne peut plus retenir mes larmes, j'éclate en sanglots. Max me regarde sans bouger, j'ai l’impression qu’il analyse mes dires.
- Moi : Tu dois me croire ! Je ne ment pas.
- Lui : Qui suis-je pour te juger ? Je te crois. Je comprends maintenir pourquoi il t'a évincé comme ça.
Je respire un coup, il me croit.
- Lui : Mais si ce n'est pas lui le père ? C’est qui alors ?
- Moi : Euh je pense pas que tu le connaisse….
- Lui : Attends un peu, tu es sûre ? On a eu une aventure juste avant que tu te mette avec Eugenio. Et une aventure torride en plus, avec des soirées de folies. Et je ne me suis pas toujours protégé.
Là mon cœur commence par battre la chamade. Arrête de réfléchir Max putain !!! Son visage vire et son regard se remplit de colère d'un coup. J'ai peur.
- Lui : Leila, je te préviens : si la petite est de moi, tu as grand intérêt à me le dire maintenant. Sinon crois moi, la fin de l'histoire ne sera pas du tout bonne pour toi.
- Moi : Max je…
- Lui : Leila ! Keyla est ma fille oui ou non ???
Mon Dieu je suis perdue. Il essaie de rester calme mais c'est clair qu’il se retient d'exploser. J’essaie de dire quelque chose mais les mots refusent de sortir. Je n’arrive même pas à bégayer. Il tape du poing sur le dossier du fauteuil, ce qui me fait sursauter.
- Lui : Non c’est pas vrai ! Ton silence te trahit. Ta fille est vraiment de moi ?? Non c'est pas possible ! Tu as vraiment osé me faire ça.