24 - Family First
Write by Owali
Partie 24
***Marie-Claire***
Sous une chaleur étouffante je gravissais chaque rocher de cette montagne qui semblait ne pas avoir de sommet. Comment je me suis retrouvée ici? Et pourquoi je ressens ce besoin d'avancer? Je n'en ai strictement aucune idée, tout ce que je sais c'est que je dois le faire. Au bout d'un moment, à bout de souffle je décidai de m'asseoir sur une pierre. C'est alors que je fis attention à ce qu'il y avait autour de moi.
Je suis déjà venu ici...
En face de moi, en contre bas, des habitations à perte de vue. En tournant la tête sur la gauche, je vis une statue géante du Christ les bras ouvert tourné vers la ville. Ça y est...je sais ou je suis.
Lubango, ma ville natale.
Tout un ensemble d’émotion se bouscule en moi. Ça doit faire 10 ans que je n'ai pas mis les pieds ici. Les larmes me montent aux yeux à mesure que les souvenirs refond surface. Pour éviter de repenser à tout ça, je me lève d'un bon et continue ma route. Maintenant que je reconnaissais les lieux, retrouver la route pour atteindre la statut était un jeu d'enfant.
Une heure plus tard j'étais devant le portail qui protégeait l'entrée de la place sur laquelle est ériger le statut. Je regardais autour de moi, il n'y avait pas d'un chat. Le soleil était toujours au zénith et commençais et à me faire mal à la tête. Je recherchais un coin d'ombre mais il n'y avait rien dans les mètres alentours.
Je décidais de rebrousser chemin et de retourner en contre bas où il y avait au moins des arbustes en dessous desquelles je pouvais avoir un semblant de protection. Au moment où je me retournai, j’entendis un 'clic'. En me tournant dans la direction de la où venait le bruit, je vis le portail qui était préalablement fermé s’ouvrir grandement tout seul. Surprise, je me mis à regarder autour de moi pour voir s’il y avait quelqu’un. Rien. Je passai mon index dans la bouche avant de le pointer vers le ciel pour voir s’il y avait du vent. Rien.Prise de panique, je m’apprêtais à prendre mes jambes à mon cou, lorsque j’entendis:
« aonde você vai Miezi ?» (Où vas tu Miezi?)
Je bloquai mon geste net.
Cette voix, et cette façon de m’appeler…Miezi…il n’y a qu’une personne qui m’appelle comme ça…
Je me dirigeai vers le portail, le franchis et je la vis. Assise en tailleurs dans une longue robe bleu, elle me regardait avec un sourire doux comme à son habitude.
- Mamãe? o que você está fazendo aqui? (Maman? Qu'est-ce que tu fais ici?)
- e você? (Et toi?)
- eu não sei.Eu estava dormindo e eu me encontrei aqui (Je ne sais pas . Je dormais et je me suis retrouvée ici)
- Voltar para onde você vem. (Retourne là d'où tu viens)
- não, eu quero ficar com você...(Non, je veux rester avec toi...)
Elle se leva et me pris dans ses bras. Je me sentais si bien, elle m'avait tellement manqué. Pourquoi ne voulait-elle pas que je reste avec elle?
Ma vie était tellement compliqué là-bas en France. Qu'est-ce que je ne donnerai pas pour redevenir une petite fille dans les bras de sa maman...elle me ferait à manger, me borderait la nuit quand je n'arrive pas à trouver le sommeil, on rigolerait en se racontant des histoires pendant des heures entières...
- Eu não quero voltar para lá , é muito difícil (Je ne veux pas retourner là-bas , c'est trop difficile)
- Eu sei, mas seu tempo não chegou.Seja forte! (Je sais, mais ton heure n'est pas encore arrivée. Sois forte!)
Je baissai la tête un peu boudeuse.
Sois forte, sois forte. Facile à dire...
- Agora Mesmo, voltar para onde você vem! (Maintenant, retourne d'où tu viens!)
CLAP!
Aïe!
Je venais d'ouvrir les yeux et je me retrouvais allongé sur quelque chose qui ressemblait à un brancard. Au dessus de moi plusieurs personnes s'agitaient.
Je sentais qu’on me piquait sur les bras. J'essaie de me débattre pour me dégager, lorsqu'une infirmière vint me demander de me calmer.
J'essayais de leur parler, mais avec ce truc le masque qu’il m’avait mis sur le visage je n'arrivais à rien. J'entendais au loin la voix d'Aude:
"Aaaahhhh!!!! Laissez-moi voir ma sœur! Je dois être à ses côtés! Laissez-moi passer!!!"
"Madame, calmez vous je vous prie, nous essayons me mettre votre sœur hors de danger, laisser nous faire notre travail si vous voulez avoir encore une chance de la tenir dans vos bras!"
"Quoi?!? Vous voulez dire qu'elle est en train de mourir ?
Je n'entendais pas le reste de la conversion car je sombrais peu à peu dans l'inconscient. Je me sentais légère, très légère...
*** Prince***
Ça devait faire trois longues heures que j'étais arrivé à l'hôpital. N'ayant pas eu le droit d'accéder aux services des urgences la nuit, réservés aux seuls malades et un membre de la famille, j'étais assis dehors sous le froid. Aude ne revenant pas, Yves avait du rentrer avec l'enfant me confiant le téléphone de sa femme pour que je le lui donne lorsqu'elle sortira.
- Bonsoir Cousin! Je te vois depuis la assis sous le froid, tu attends quelqu'un? Vint me demander un homme en uniforme
- Bonsoir Cousin! Oui j'ai ma petite amie qui est à l'intérieur mais il refuse de me faire rentrer parce qu'il y a déjà un membre de sa famille à l'intérieur.
- Ah oui, ils sont très stricts ici. Donc c'est quoi ton plan? Tomber malade pour pouvoir accéder aux urgences pour hypothermie?
Sa remarque réussit à me détacher un sourire. Il faut dire que j'étais plus que nerveux. Mon Dieu la pauvre fille, s'il lui arrivait la moindre chose, je ne me le pardonnerai jamais.
- Non, non. Je suis plutôt bien couvert, ça va aller. 'Koss Koss'
- Oui oui, c'est ce que je constate. Allez venez dans ma cabine, j'ai du café chaud. Ca vous aidera au moins à tenir la nuit.
- Merci c'est très gentil à vous.
Je fis connaissance avec ce gardien, mécanicien de formation il avait quitté son Algérie natal dans la clandestinité pour vivre le rêve européen. Mais une tout autre réalité que celle qu'il avait imaginé l'avait rattrapé. Sans papier, vivant dans une chambre d'hôtel insalubre du 18 ème arrondissement avec sa femme et 3 enfant à charges, il était tombé dans la spiral des boulots précaires. Mais selon lui sa vie était toujours mieux que celle qu'il menait chez lui. Au moins avec les aides et sa débrouille il arrivait à assurer un minimum de confort à sa famille d'ici et du pays. Son histoire, bien que malheureusement banale, me touchais.
Pfff comme si je n'avais pas assez de problème dans ma propre vie, il fallait en plus que je me prenne les problèmes des autres sur le dos.
Six heures du matin nous trouva la et son tour de garde arrivait à son terme. Les portes ouvrant au public à 7h du matin, je du patienter encore 1h à l'extérieur avant de rentrer et de trouver Aude devant une machine à café. Je m'approchais d'elle et en me voyant arriver vers elle, le regard foudroyant qu'elle me lança me fit froid dans le dos. Il était glacial et plein de colère.
Je stoppai net ma progression, ne sachant pas trop si je devais continuer ou pas. Je sortis son téléphone de ma poche et le lui montrait de loin un peu comme on lève un mouchoir blanc en signe de paix. Sans s'occuper de moi, elle pris son café et me fis dos en prenant la direction opposée à la mienne. Putain! Si Aude qui m'a toujours soutenue me tourne le dos, c'est que la situation est vraiment grave.
J'ai merdé...j'ai merdé grave là!
J'aurai peut être du lui cacher cette histoire, la ménager d'avantage...en même temps comment prétendre construire une relation basée sur la confiance et mentir à la fois. Et pourtant elle semblait aller bien quand on s'est quitté dimanche. Elle était triste, mais elle ne semblait pas abattue au point d'envisager de foutre sa vie en l'air à cause de...à cause de moi. Je ne la mérite définitivement pas. Depuis le début j'ai tout fait de travers avec elle...nous ne sommes peut être pas fait pour être ensemble en fin de compte...Notre histoire était vouée à l’échec depuis le début. Voilà que, par ce geste, elle avait décidé de me quitter pour abréger les souffrances que notre relation lui infligeait.
Pfff Je raconte n'importe quoi.
Si je ne suis pas avec elle, avec qui serais-je?
Dring Dring...Dring Dring
Je sors mon téléphone de la poche, mais ce n'est pas lui qui sonne. Je me souviens alors que j'ai celui d'Aude et en le prenant je vis qu'il s'agissant d'Yves.
- Allo, bonjour Yves.
- Prince? Mais tu n'as pas remis à Aude son téléphone?
- J'ai ben essayé mais c'est tout juste si elle ne m'a pas ignoré...
- Mais comment ça?!? Est-ce que tu es responsable de ce qui arrive à sa sœur??? C'est quoi ces manières???
- ...
- Donc je suppose que tu n'as pas de nouvelles de son état?
- Heu non, je viens à peine de réussir à accéder aux urgences. L'accès était restreint la nuit.
- Pfff. Ok bon je suis en route pour la chercher il faut qu'elle se repose. Son père est en déplacement à l'étranger en ce moment, mais son frère ne devrait pas tarder, je viens de l'informer de la situation.
- Heu ok.
- Essaie de la voir avant qu'il n'arrive, étant donné les circonstances, je ne pense pas que le moment soit particulièrement indiqué pour des présentations.
- Je vais voir. Merci du conseil.
Je raccrochais et vis sur l’écran de son téléphone une photo d’Aude et Marie-Claire plus jeune…cette vision me fendit le cœur. J’envoyai un message à Marcus pour lui dire où j'étais. Je venais de me rendre compte que j'étais sortie sans le prévenir. Si ça trouve, il doit penser que je suis en groove.
- Monsieur, vous cherchez quelque chose? Me demanda une infirmière en me voyant planté debout comme un con au milieu de la zone de passage.
- Je...heu...je cherche ma petite amie.
- Ah! Quand à telle été admise?
- Heu...hier soir, elle s'appelle Marie-Claire Le Blanc.
- Ok ne bougez pas, je vais aller voir.
Elle s'en alla et revint quelques minutes plus tard.
- Je suis désolée, monsieur...
- Monsieur Tchikaya, Prince Tchikaya. Vous avez pu la voir? Elle va bien?
- Oui monsieur, je l'ai vu et sa sœur est à son chevet. Malheureusement une seule personne n’est autorisé et les membres de la famille sont prioritaires.
- Sa sœur ne veut pas que je la vois c'est ça?
Elle eu une mine désolée
- Elle préfère rester auprès de sa sœur.
- Ok sans dévoiler de secret professionnel, vous pouvez au moins me dire ce que vous lui avez fait?
- Je ne peux rien vous dire, je suis sincèrement désolée, fit-elle avant de poursuivre sa route.
Les mains sur la tête, j'errais dans les couloirs de l'hôpital comme un fou dans l'espoir de tomber sur quelqu'un capable à me dire comment elle allait. Je ne pouvais définitivement pas me résoudre à partir d'ici sans avoir de nouvelles. Je n'avais pratiquement pas dormis et était à mon 4ème café de la journée lorsqu' Yves fit irruption dans la salle d'attente accompagné de près par un homme qui semble avoir la trentaine bien avancée. Son frère je suppose. Dès qu'Yves me vit il fronça les sourcils. Il vint dans ma direction pendant que l'autre homme se dirigea vers l'accueil.
- Qu'est-ce que tu fais encore ici? Me demande t-il presqu' en chuchotant. Je t'avais pourtant dit de partir.
- Mais...mais je vais partir où Yves? C'est ici qu'elle est et tu veux que je m'en aille? Je ne sais même pas comment elle va, Aude à refusé que je la vois et les infirmières ou médecin ne peuvent rien dire. Ils ne parlent qu'au membre de la famille...je suis complètement dépassé. Tel que tu me vois, je suis à deux doigts de péter un câble.
- Ok, ok. Ne bouge pas, ne fais rien. Je vais voir ce que je peux faire.
Il partie rejoindre l'autre homme, lui parla. Ce dernier se tourna dans ma direction, me regarda de haut en bas avant de se retourner à nouveau. Le moins qu'on puisse dire c'est que j'étais loin d'être sous mon meilleur jour, mais qu'importe, l’enjeu était plus important que mon apparence physique. L'homme finit de remplir des papiers qu'on lui avait donné, les remis à la dame de l'accueil et discuta un moment avec un médecin avant de venir vers moi. Lorsqu'il fut à mon niveau je me levai comme un automate.
- Bonjour, Henri Le Blanc, fit-il en me tendant sa main. Vous êtes un ami à Marie-Claire à ce que j'ai cru comprendre.
Je regardais Yves qui était placé juste derrière lui me faire signe de la tête pour que je confirme ses dires.
- Oui, c'est cela, répondis-je en lui tendant ma main à mon tour. Prince Tchikaya.
- Et bien monsieur Tchikaya, je suis ravie de constater que ma sœur a des amis qui la soutiennent au point de passer toute la nuit dehors en plein hiver...
- Heu...oui. Elle a su être la pour moi lorsque j'avais besoin d'elle alors j'estime que c'est un juste retour des choses.
- Hum. On nous a informé que les visites n'étaient autorisées qu'aux membres de la famille, je suis donc au regret de vous annoncer que vous n'allez pas pouvoir la voir ici.
- J'ai bien compris ça, mais j'aimerai juste savoir comment elle va...c'est tout ce que je demande et après je rentrerai chez moi, rajoutais-je en voyant Marcus apparaître à l'entrée.
- Hum...apparemment elle a ingéré une quantité importante de benzodiazépines, des médicaments qui font dormir mais qui a trop forte dose peuvent plonger dans un coma profond avec risque d'arrêt respiratoire.
Oh mon dieu! Princesse, qu'est-ce qu'il t'a pris?
Mon cœur s'emballait à mesure qu'il parlait. J'avais l'impression que moi aussi j'allais faire un arrêt cardiaque.
- Mais Dieu merci elle a été prise en charge suffisamment tôt pour limiter les effets du poison. Ils l'ont mis sur coma artificiel le temps que les contre poison fasse effet, mais elle ira mieux d'ici quelques heures.
- Ils...ils savent quand est-ce qu'elle va se réveiller?
- Il s'agit d'un coma artificiel, il l'a réveilleront lorsque les médicaments auront fait effet.
- Ok. Merci beaucoup.
- Je vous en prie.
On se salua et j'allais rejoindre Marcus qui s'était visiblement inquiété puis qu'il avait du interrompre une partie de jambe en l'air lorsqu'il reçu mon message.
- C’est certes une petite peste, mais je ne suis quand même pas insensible à ce point.
-Pourquoi tu l’as traite de peste ? Tu as essayé de la draguer ou quoi ?
-Noooonnnn ! Bon je voulais juste la tester tu vois, comme je savais que tu voulais faire du sérieux avec elle. Mais c’est une petite sauvage que tu es aller la ramasser ou ?
- Ah ah ah ! Bien fait pour toi ! Je suis aller la chercher au fin fond des océans…c’est une perle…c’est ma perle.
- Ouai ! C’est bon j’ai compris ça depuis. C’est pour ça que je l’ai aidé à te faire la surprise à ton retour. Sérieusement, elle m’ énerve parce qu’elle m’a tenue tête, mais c’est une fille bien et j’espère qu’elle se remettra vite.
- Je l’espère aussi…
=-=
~Tu me manques bébé…
~Hum.
~Quoi hum ?!? Tu veux dire que je ne te manque pas ?
~Si si, répondis-je distraitement
~Bientôt la st-valentin Prince, n’est-ce pas une occasion idéale pour enfin se revoir et faire ce que tout couple qui se respecte doit faire ?
~Hum, ouai.
~Oui ? Tu as dis oui ? Je viens ou tu viens ?!?
~Je pense que je vais venir…j’ai un certain nombre de chose à régler la bas.
~Oh la la ! Tu ne sais pas à quel point je suis heureuse ! Je vais enfin avoir mon homme à moi toute seule. Bon bon préviens moi dès que tu prends ton billet et je me charge de tout organiser ici pour que tu passes un séjour inoubliable ! Ca te va ?
~Ok.
~Bisous.
~Ok.
Deux semaines s’était écoulées depuis mon dernier week-end à Paris. Et depuis cette date je n’avais plus de ses nouvelles. Ni Aude, ni Marie-Claire ne répondaient à mes appels. Je regrettais de ne pas avoir pris les coordonnées d’Yves qui semblait être mon seul allié dans cette histoire. Solidarité masculine oblige, j’imagine. Marcus avais bien tenté de se rendre chez elle mais personne n’avait répondu. Ça faisait donc deux semaines que je survivais. Ne pouvant rien y changer, je m’étais jeté à corps perdu dans le boulot ce qui fait que j’ai pu rattraper tout mon retard en un temps record. Laure avait également refait surface et comme Hassan me l’avait suggérer, je rentrais dans son jeu pour la distraire et lui laisser le temps de finir son enquête.
Dring Dring
~Allo, Prince à l’appareil
~Yo Mokonzi, c’est moi Hassan
~Ah ! Je pensais justement à toi la. Alors, des nouvelles ? Tu as pu avancer sur notre affaire ?
~Avancé ? Tu rigoles ou quoi, j’ai déjà fini.
~Ah oui ?!? Super ! Donc ça dit quoi ?
~ Ca dit que c’est bad ! C’est bad Prince…la femme la est... très dangereuse !
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