26: you got it bad

Write by Gioia

Héloïse Silivi 


La morsure de l’envie était un peu vive quand j’ai vu madame Farida arriver dans sa robe noire moulant son ventre. On aurait cru que la plénitude transpirait de ses pores.  


-Héloïse? La voix de Parker me dit et me tire de la rêverie 


Je vois la chaise qu’il m’a tiré et m’assois en vitesse.


Héloïse: désolée j’avais la tête ailleurs 


Farida: on peut reporter le dîner si vous êtes épuisée, elle dit sur un ton rassurant 


Héloïse: non je vais bien ne vous inquiétez pas. En toute honnêteté je vous admirais. Votre grossesse vous donne un de ses éclat. 


Farida: merci et heureusement pour moi que vous me voyez maintenant parce que la semaine dernière.....


Tao: tu étais tout aussi radieuse, il complète après s’être installé à ses côtés 


Farida: tu es grave monsieur. Je réponds et toi tu débarques en pleine phrase pour me contredire parce que tu vois mieux mon visage que moi. 


Tao: mais certainement. C’est le visage que je vois le plus donc si je dis qu’il est constamment radieux, il marque une pause, embrasse son épaule nue avant de poursuivre, c’est qu’il l’est. 


Il finit sa phrase avec un grand sourire attendrissant. Elle porte le même tout en secouant la tête. Leur tableau réchauffe mon intérieur. C’est beau de voir deux personnes qui s’aiment. 


Farida: vous n’êtes pas en reste non plus Héloïse. Je suis contente de vous revoir en pleine forme 


Parker: je trouve aussi 


Héloïse: Parker je t...je vous en prie. 


Parker: je n’ai pas le droit de dire que tu as bonne mine? il me redemande innocemment comme s’il n’en avait pas déjà fait assez 


Heureusement les Adamou ne creusent pas. Nous passons commande et le dîner se déroule bien mieux que ce à quoi je m’attendais. En fin de soirée le vent se lève un petit peu sur le vieux port. Je me rends compte que ma robe n’était finalement pas si appropriée quand je grelotte un peu. Une veste tombe sur mes épaules. Le parfum familier me chatouille directement les sens.


Héloïse: tu n’en auras pas besoin? Je lui demande parce qu’il se retrouve en chemise simple 


Parker: du tout. Je suis du coin après tout. 


Farida: ouh là il est déjà 20h30 chéri, elle dit en regardant sa montre. On vous a assez pris de votre temps comme ça. 


Héloïse: je ne suis pas du tout fatiguée. Si ce n’est que pour moi, nous pouvons continuer 


Farida: oh non, j’avoue que je commence à être épuisée aussi. Et je vous ai dit l’essentiel. Vous trouverez dans le dossier le contrat dressé. Je vous propose qu’on se rencontre en fin de semaine pour visiter mes locaux ici histoire de vous introduire à l’équipe. 


Héloïse: ça me va parfaitement 


Farida: très bien. Dans ce cas....heuh tu prends un dessert Tao? 


Tao: non je suis plein. Parker? 


Parker: idem pour moi. Par contre n’oublie pas le plat d’Ida. 


Farida: je tiens à ma vie hein, elle répond avec humour ce qui fait rire les deux hommes. 


Héloïse: avez-vous une seconde? J’ai quelques trucs à vous remettre 


Farida: heu....oui 


Héloïse: je ne serais pas longue, je dis en me pressant pour monter 


J’avais déjà apprêté leur part sur le côté donc je porte le sac ultra lourd et le traîne avec moi. Le sac et moi buttons sur une masse et sommes rattrapés de justesse avant d’embrasser le sol. 


Parker: heureusement que je t’ai suivi. Qu’est ce que tu as là dedans? Il demande tout en envoyant sa tête pour jeter un coup d’œil 


Héloïse: arrête de faire ton fouineur, c’est pour les Adamou 


Parker: ok, mon cadeau m’attend dans la chambre alors? 


Héloïse: qui a dit que tu avais un cadeau? 


Parker: personne, je suis juste confiant, il réplique avec un grand sourire 


Héloïse: en tout cas l’espoir fait vivre donc continue. Tu peux te rendre utile comme tu voulais faire ton curieux. Aide moi à porter le sac


Parker: j’attends 


Héloïse: ce n’est pas comme si je ne pouvais pas le faire seule, je dis en le devançant avec mais j’ai fait trois pauses avant d’atteindre l’ascenseur


Le pire c’est que je pouvais sentir les goutes de sueur descendre le long de mon front. Limite j’avais l’impression que mon visage fondait comme une bougie. Ne parlons pas de mes triceps qui chauffaient. Ma respiration on en parle pas. J’essaie de bloquer le sac en mettant la cuisse en dessous mais le poids m’a menti.


Parker: tu ne vas pas appuyer le bouton? il demande sur un ton tout innocent qui me saoule 


Héloïse: ta galanterie est où? je demande sur un ton acerbe 


Parker: qu’est ce que la galanterie t’apporte quand tu as toute cette force? Non tu es hautement qualifiée pour ouvrir ton ascenseur toute seule toi. 


Héloïse: s’il te plaît, je siffle entre les dents 


Parker: han? 


Héloïse: s’il te plaittt, je dis tout haut cette fois 


Parker: j’ai combien de cadeaux qui m’attendent alors? 


Héloïse: mais c’est quel quémandeur tu fais ça? Aies un peu honte 


Il me prend le sac, appuie sur le bouton pour appeler l’ascenseur puis me chuchote 


Parker: c’est bientôt Noël. J’ai été un gentil garçon donc j’attends mon cadeau. Point final. 


Héloïse: regarde moi un vieux de 37 ans qui s’appelle petit, je dis et il en rigole 


Parker: on est jamais vieux pour avoir des cadeaux de ceux qu’on aime. 


Héloïse: nianianinian, ceux qu’on aime, c’est ça. 



Parker Boulder 


Elle s’est moquée, m’a charrié mais elle n’a pas nié que je faisais partie de ceux qu’elle aime et c’était le plus important. Je ne suis pas fou au point de penser que c’est de l’amour passionnel. Je sais que tout au plus pour elle c’est probablement juste de l’attachement. Mais on a quelque chose. Une base sur laquelle on peut construire donc je lui ai demandé de ne pas encore s’endormir, le temps que je ramène les Adamou chez eux. Elle n’a pas donné un oui concret mais c’est comme ça avec Héloïse. Et elle sait aussi que je reviendrai donc elle m’attendra. En arrière de mon véhicule, Tao attaquait déjà une bouteille des cadeaux ramenés par Héloïse. 


Farida: c’est l’attitude de quelqu’un qui disait être plein au restaurant ça? 


Tao: ce n’est pas la nourriture ça. J’amuse juste ma bouche 


Farida: mieux de toi, tu as la bouche pour l’amuser. 


Tao: avoue simplement que tu es verte parce que je ne t’en donnerai pas 


Farida: mais est-ce que c’est à toi seul qu’on a ramené les choses? 


Tao: le diabète gestationnel ça te dit quelque chose mon ange? 


Farida: Parker rappelle à ton ami qu’il n’est pas mon gynécologue 


Parker: tu es au bout de l’aventure, tiens bon. On aura un bébé en parfaite santé et tu mangeras ce que tu veux 


Farida: tchrr pas un pour rattraper l’autre, elle réplique boudeuse, ce qui nous fait rire 


Je me gare en avant de leur maison et aide Tao à descendre avec le sac. Plus je le porte, plus je me demande ce qu’une petite personne comme Hélo croyait faire tout à l’heure. Ida nous ouvre, sublime dans une robe rouge moulante. 


Ida: ah c’est pas trop hein. J’allais m’évanouir de faim moi. 


Tao: comme s’il n’y avait pas à manger dans cette maison. 


Ida: tu grignotes quoi? Elle demande à son père qui lui donne le dos pour cacher sa bouteille 


Tao: ton plat est le sachet dans les mains de ta mère.


Ida: mais montre......rho la la....fais voir papaaaaa. Maman dis lui de partager! 


Elle s’accroche à ses hanches tandis qu’il lève les bras par dessus sa tête et se moque d’elle. 


Farida: ne le calcule même pas mon cœur. On a d’autres bouteilles ici dans le sac que tient Parker. 


Ida: aww merci Parksy. 


Tao: Je t’ai dit que c’est ton aîné et on dit Parker 


Ida: c’est mon tonton Parksy, elle lui réplique tout en lui tirant la langue 


Sa mère la prend par les épaules et la pousse doucement vers la chambre. 


Farida: le V de cette robe mon cœur je n’aime pas. Il est trop plongeant 


Ida: mais maman, Elle dit d’une voix plaintive 


Farida: hmm, elle fait en secouant la tête,


Ida: c’est ma favorite! En plus on va danser. 


Tao: met une veste par dessus alors 


Ida: ça va gâcher toute la beauté de la robe enfin! C’est le haut qui est joli. Dis leur toi Parksy qu’on doit être sexy pour danser la Samba 


Je lui offre un sourire compatissant en guise de réponse. L’adolescence est une période délicate. Sa mère passe un bras autour de son épaule et lui explique sur le ton le plus doux, qu’être sexy ne veut pas forcément dire avoir toute sa poitrine dehors. Elles reviennent plus tard avec une Ida changée dans une autre tenue.


Tao: tu es magnifique bébé. 


Ida: hum 


Parker: tout à fait 


Ida: hum hum, continuez à me mentir 


Farida: mais pas du tout. Tu es adorable comme ça et surtout habillée comme une fille de ton âge. 


Ida: hum hum hum merci. On peut y aller alors Parksy? 


Farida: tu ne manges plus? 


Ida: quand je rentre 


Tao: tu ne meurs plus de faim? 


Ida: non j’exagérais comme les 3/4 du temps, elle réplique ce qui nous amuse 


Farida: au moins tu l’admets


Ida: bon on y va sinon y’aura dégun (personne) au club bientôt. Tu te couches tôt maman ok. J’ai lavé et plié ton pyjama favori. Il est sur votre lit. Mamounette revient bientôt mon pitchoun, elle souffle puis embrasse le ventre de sa mère après s’être mis à son niveau. 


Farida: amuse toi bien coco, elle répond à sa fille, lui dit une petite prière qu’avec le temps j’ai appris à reconnaître puis l’embrasse après qu’elle se soit redressée.  


Ida va ensuite dans les bras de son père qui l’enlace en retour et pose son menton sur sa tête. 


Tao: quelque chose m’attend dans la chambre aussi? 


Ida: rien du tout. Ça t’apprendra à être avare avec moi dans cette maison 


Tao: l’injustice que je vis dans cette maison depuis que maman est enceinte, on en parle? On lui fait des petits plats, des massages, on lui coule le bain et moi je compte pour du beurre. Pourtant le bébé n’a pas été fait juste par elle. Il a fallu....


Ida: Ewww, juste ewww papa. On a pas besoin de savoir ça. 


Tao: lol va danser. 


Ida: je rentre tôt. Essayez de ne pas vous tourner les pouces tout en pensant à moi, elle leur envoie depuis la porte sur un ton moqueur 


Farida: mais ferme ma porte hein madame. On a une vie en dehors de toi. 


Nous passons chez moi pour prendre Marley puis direction au Sofitel pour récupérer Héloïse. Je l’appelle pour qu’elle descende nous retrouver en voiture. 


Héloïse: je pensais que......oh, bonsoir, elle dit en s’installant 


Marley: Hello Hélo 


Ida: tu te crois drôle? On dit madame Héloïse 


Marley: t’appelles pas mon frère Parksy toi? 


Ida: bah c’est mon tonton. J’ai le droit. Mais elle c’est....


Héloïse: Hélo ça me va. Ida c’est ça? 


Ida: anhan. Ça va madame Hélo? 


Héloïse: Oui et toi? Tu as vachement grandi depuis 


Ida: ouais pas mal. J’ai douze ans bientôt.


Héloïse: eh bien, tu en fais facilement quatre de plus. 


Marley: je lui ai dit pareil. Elle a l’air d’en avoir vingt 


Ida: j’ai hâte de les avoir ses vingt ans moi. 


Parker: pas si vite hein, je ne suis pas prêt 


Ida: aww parksy, je serais toujours ta petite nièce. 


Marley: c’est reparti. 


Ida: arrête de faire ton jaloux, elle dit sur un ton blagueur 


Ils commencent à se chamailler et ça ne s’arrête pas jusqu’à notre arrivée au club de danse. Les jeunots foncent sur la piste dès qu’on se trouve une table. Je me retourne vers Héloïse qui prend un air affolé


Héloïse: Je ne sais pas danser hein, elle dit ce qui me fait rire 


Parker: ce n’est pas ce que j’ai vu en boîte de nuit quand nous étions à Lomé pourtant 


Héloïse: j’étais saoule. J’ai fait n’importe quoi 


Parker: il y’a de la liqueur aussi ici. Notre local, un petit pastis par exemple ferait l’affaire 


Héloïse: ah non je te vois venir. Me saouler pour que je me ridiculise ici devant les enfants et demain tu vas en rire jusqu’aux larmes 


Parker: lol j’ignorais que tu tenais autant à ta réputation 


Héloïse: avec un rigolo comme toi dans les parages oui j’y tiens. 


Parker: tu n’as rien à craindre pourtant. Ou je ne t’ai pas assez prouvé que tu pouvais être tranquille à mes côtés? 


Héloïse: heu....ahem....oui


Parker: alors une danse? 


Héloïse: je ne sais pas danser la salsa, elle réplique et je souris 


Parker: ça tombe bien. C’est de la samba 


Héloïse: Voilà que le ridicule a commencé, elle dit tout en se frappant le visage avec la main 


Parker: rien a commencé. Juste une petite erreur qui peut arriver à n’importe qui.


Héloïse Silivi 


J’ai posé ma main dans la sienne et je l’ai laissé me conduire sur la piste. Je ne suis tellement pas dans mon élément et la honte de faire un truc bête me tient les tripes mais autour de moi on a de tout. Des gens qui bougent très gracieusement, d’autres moyennent comme Ida et Marley et certains qui tâtonnent. Mais une chose qu’ils ont en commun c’est qu’ils rient et semblent s’amuser. Donc je me laisse conduire aussi. J’enchaîne quelques faux pas mais au lieu d’être gênée je me retrouve à rire. Même le fait que Parker se moque un peu ne me dérange pas. Au contraire ça m’amuse. On se lance des petites piques et bientôt je me sens plus à l’aise. On continue la danse tout en bavardant. 


Héloïse: un groupe de rock, un peu d’Awilo et maintenant la samba? Qui es tu Parker Boulder? 


Parker: un amoureux de la musique merci à maman. 


Héloïse: lol et c’est quoi cette manie de dire maman à ton vieil âge? 


Parker: une habitude du coin. Ici on dit maman jusque dans le troisième âge 


Héloïse: ah ok. parlant de maman vous l’avez laissé où? 


Parker: elle est en visite chez des amies. Comme elle ne rentre qu’une fois par an, elle en profite pour faire le tour de ses anciennes connaissances et la famille. 


Héloïse: si je suis trop curieuse tu me diras d’accord? 


Parker: mais oui. Et toi? Une maman à Lomé? 


Héloïse: non je n’ai plus de parents en vie.


Parker: ouch désolé d’entendre ça.


Héloïse: ça va. J’ai eu 42 ans pour profiter d’eux. 


Parker: 42 ans? 


Héloïse: oui donc doucement avec mon dos, je n’ai plus ma vigueur de jeunesse 


Parker: arrête tu as vraiment 42 ans? 


Héloïse: dans cinq mois 43. Je peux te montrer ma carte d’identité tantôt si tu ne me crois pas. 


Parker: je vais te faire tourner pour que tu me fasses dos, tu me donnes ton meilleur déhanché 


Héloïse: Parker non n....


Il me fait tourner comme il a dit, je fais du mieux que je peux et il me récupère en un mouvement que je ne peux expliquer 


Parker: elles fonctionnent parfaitement ses hanches. Parfaitement, il souffle encore en me regardant 


J’ai l’impression que la chaleur de la pièce pénètre mes pores. Je détache mon regard du sien pour ne pas écouter cette voix qui me dit d’aller chercher sur ses lèvres de quoi éteindre cette chaleur. 


Héloïse: donc...maman elle vit ailleurs c’est ça? Je demande et il sourit. J’espère qu’il ne sent pas que je me défile en douce.  


Parker: en nouvelle Calédonie avec Marley. 


Héloïse: ah ok.....en fait je ne sais pas où ça se trouve 


Parker: pas de souci, c’est dans l’océan pacifique à côté de la nouvelle Zélande et l’Australie 


Héloïse: quoi? Mais ce n’est pas à l’autre bout du globe ça? 


Parker: lol oui. Mais selon elle c’est le plus bel endroit au monde. Elle y a vécu quand papa y était déployé et c’était son rêve d’y retourner. Rêve qu’elle a concrétisé à son décès il y’a sept ans. 


Héloïse: oh mes condoléances. 


Parker: merci. Donc tu vis seule à Lomé? 


Héloïse: Oui. Et Umm....toi? 


Parker: je vis seul dans une maison aux cinq-avenues que tu visiteras quand tu seras prête à venir chez moi 


Héloïse: o..ok. Et Umm....Marley étudie en nouvelle calédonie alors? 


Parker: Oui à Nouméa. Il a quinze ans et fait la seconde actuellement. 


Héloïse: J’ai une fille. Elle aura vingt ans bientôt. Elle est à l’université. 


Parker: waow, merveilleux. J’ai hâte de la connaître. 


Héloïse: un jour oui. 


Parker: d’accord. 


Je voulais poser une tonne de questions encore mais j’en ai fait assez pour aujourd’hui. Donc je continue juste la danse. On rejoint la table quand mes pieds ne tiennent plus. Dans les conversations avec les jeunes j’en apprends pas mal sur lui aussi. Déjà c’est un ami des Adamou. Il est le seul à qui les parents confient Ida sans inquiétude ce qui me fait un peu plaisir sans que je puisse expliquer pourquoi. Peut-être le fait qu’il soit fiable. Ensuite j’apprends aussi qu’il s’appelle Robert Parker et son frère Robert Marley. En hommage aux deux chanteurs favoris de sa mère. J’imagine Madame Michelle jouer du bob Marley et j’en ris toute seule. Il y’a vraiment de tout sur cette terre. Nous quittons le club quand je ne cesse de réprimer des bâillements. J’ai de la peine pour les enfants qui ne sont visiblement pas contents de s’en aller mais Parker a dit qu’ils en avaient eu assez pour la soirée. Avant qu’il ne s’en aille, je lui demande de monter et lui remet ses cadeaux. 


Parker: c’est vraiment pour moi? 


Héloïse: pour quelqu’un qui était si confiant tu es bien surpris maintenant 


Parker: je te taquinais tantôt mais...tu as pensé à moi.


Héloïse: fallait bien. Je ne voulais pas être accusée de favoritisme ou.....


Mes mots s’envolent quand ses lèvres effleurent ma joue encore. Cette fois il les garde plus longtemps. Je sens légèrement ses dents me mordiller aussi. Geste que je ressens jusque dans mes pieds. Le regard que je croise quand il se redresse est plus sombre, plus intense. 


Parker: je vais rentrer avec mes cadeaux maintenant. Tu verrouilles la porte. Je te remercierai proprement au moment voulu. Bonne nuit. 


Il m’embrasse quand même le front, s’excuse en disant qu’il ne pouvait pas résister puis s’en va avec son sac. Le bruit de la porte me ramène sur terre et je ferme de justesse ma bouche avant que la salive ne tombe. Je n’ai pas souvenir qu’un homme m’ait autant chamboulé. Ça doit être ma longue abstinence qui me fait réagir comme ça. Comme une vraie ado. Je suis fait comme un rat. 



Raymond Ekim 



J’ai surpris une conversation au shop entre Bilal et ce mec, Romelio durant laquelle le nom de Perla est revenu quelques fois. Je jouais au désintéressé mais tout ce que je voulais c’était savoir ce qu’elle fait et où elle se trouve. Contrairement à la plupart des gens, je déteste les fêtes de fin d’année. Ça me rappelle plein de souvenirs que j’aurais préféré mettre de côté. Le pire c’est que nous fermons le shop pour l’hiver donc je n’aurais que mon emploi au resto pour m’occuper. Bilal c’est le gars que je fréquente le plus ici mais il s’envole dans dix jours pour le Sénégal. Je ne vivais pas à Besançon à la base. J’étais à Toulouse mais j’ai quitté le coin après avoir trouvé mon frère au pieux avec mon ex. Étrangement c’était aussi durant les fêtes de fin d’année. J’ai choisi Besançon par pur hasard. Je suis tombé sur Bilal en cherchant un club de foot amateur pour m’évader. Puis disons que je l’ai suivi un peu partout parce que contrairement à moi c’est le mec très amical qui connaît presque toute la communauté africaine estudiantine en plus des bons plans pour se divertir et s’intégrer. Moi je préfère plutôt la discrétion et une vie tranquille. Mais je ne regrette pas de m’être ouvert parce que grâce à ça, j’ai quelque chose à mon nom. Le shop que je n’ai certes pas financé à grand chose. La grande partie revient à Bilal et les autres qu’il a rassemblé lorsqu’on se demandait quoi faire pour avoir de l’argent. Mais un jour, j’espère avoir une plus grande part du shop et prouver à mon père que je suis tout aussi bien sinon mieux que son fils favori, Toni qui s’est tapé ma meuf. 


Je finis un shift de dingue au resto. C’est notre temps le plus occupé de l’année et ce n’est absolument pas pour me déplaire. J’aime cette ambiance et plus encore la cuisine c’est mon dada. Si je n’étais pas le fils d’Ekim j’aurais fait ce que je voulais de ma vie, comme m’inscrire dans une école de cuisine mais je suis son fils et tu ne feras pas ça avec son argent. 


Je rentre à la maison vers deux heures du matin, prends une douche rapide et me couche. J’essaie de regarder des trucs mais rien ne m’intéresse. Je n’y crois pas 

mais je vais vraiment sur le messenger d’une fille qui m’a foutu à la porte. Mon père entendrait ça qu’il rirait aux éclats  de ma gueule et me rappellerait combien je suis une vraie femmelette. Mais je suis loin de lui et jamais personne de ma famille ne le saura. Je vais sur son profil où elle a mis des nouvelles photos. Aucune d’elle. Rien que des ados, une vieille dame et des gens que je ne reconnais pas. Mais certains je les reconnais. Son papounet par exemple. Mais elle jamais. Et ça m’a tue tellement sur cette fille. Je lui avais demandé dans le passé et elle m’a dit ne pas aimer les photos. Pourtant elle en a 150 en tout. Est-ce que c’est l’attitude de quelqu’un qui n’aime pas les photos ça? L’autre chose c’est qu’elle n’a que dix amis sur Facebook. À ça elle m’a répondu qu’en réalité elle en a juste deux, Romelio le mec avec qui je l’ai vu, et Océane, une fille qui est sur son profil et habite à New York. J’ai donc demandé pourquoi a-t-elle si peu d’amis? Elle m’a répondu qu’elle n’a juste jamais essayé d’être amie avec les gens en dehors de ces deux. Elle n’a pas de raison profonde et pour dire vrai elle garde des bons souvenirs du lycée et de ses camarades mais elle n’a jamais essayé de les connaître en dehors de l’école. Rafraîchissante. C’est ce que je pensais d’elle donc j’y arrive pas. Je n’arrive pas à accepter qu’elle ait été fausse. Je me lance. Au pire elle m’enverra bouler à sa manière. 


Raekim: Y’a quelqu’un ici? 


PerlaXe: Ça dépend de qui demande 


Raekim: C’est Raymond. 


PerlaXe: lequel des Raymond? Celui qui m’accusait? 


Raekim: ouh ça tire déjà? Je viens pour qu’on se comprenne Perla 


PerlaXe: ah. Il s’est écoulé quoi? Deux semaines? 


Raekim: mieux vaut tard que jamais? Ça fonctionne dans ce cas? 


PerlaXe: on est encore en vie donc je te l’accorde. Ça va? 


Raekim: Tu me manques. 


PerlaXe: ......


Je patiente presque cinq minutes tout en observant la bulle.


PerlaXe: Laquelle des Perla te manque? 


Raekim: sérieux? Tout ce temps pour une phrase? Et même pas un tu me manques aussi? 


PerlaXe: c’est écrit où que je te dois te retourner les mêmes phrases? 


Raekim: Écoute si je t’écris c’est parce que je suis intéressé. Je ne sais pas ce qui s’est passé ni encore où tu veux en venir avec ton histoire de laquelle des Perla. Si je me suis trompé je m’en excuse. C’est toi aussi qui m’a induit en erreur. 


PerlaXe: Nope Sir, tu as marché tout seul et tout droit dans l’erreur. J’ai simplement dit que je ne faisais que monter des gens de confiance. Gens n’est pas égale à mecs. J’ai une famille aussi. Cette partie ne t’a pas traversé l’esprit? Et mon ami Romelio alors? 


Raekim: Merde, j’ai déconné. Pourquoi ne pas me l’avoir simplement dit sur le coup? On s’est fait la tête pour une connerie réglable en une seconde? 


PerlaXe: une chose que je ne supporte pas c’est qu’on me parle avec agressivité. Et c’est ça que tu as fait dès que tu as tiré tes conclusions. Je ne vais pas discuter ou essayer d’expliquer quelque chose à quelqu’un qui ne peut pas me parler normalement parce qu’il est trop fâché. 


Raekim: Désolé ce n’était pas mon intention. Je ne savais pas que je sonnais comme ça. On peut se voir quand? Je préfère qu’on continue cette conversation quand tu seras dans mes bras pour que je me fasse pardonner comme il faut ma puce. 


PerlaXe: je suis à Paris avec ma famille. Dans deux jours je vais à New York rejoindre mon autre famille. 


Raekim: les chanceux. Tu reviens quand? 


PerlaXe: je rentre le 3 janvier. Tu ne rentres pas à Libreville toi? 


Raekim: non je reste ici. Je vais travailler, dormir et rêver de toi. 


PerlaXe: tu vas être seul? 


Raekim: bof je suis habitué. 


PerlaXe: tu me manques aussi. 


Raekim: ce n’est pas de la pitié j’espère 


PerlaXe: Non. Mais j’ai de la peine que tu sois seul pour les fêtes. 


Raekim: ça ira ne t’en fais pas pour moi. Reviens moi vite 


PerlaXe: d’accord. Je vais me coucher maintenant. Je dois me lever super tôt pour aller rejoindre ma mère et son convoi à l’aéroport tantôt. 


Raekim: ça marche Perla. On se parle bientôt. 


PerlaXe: à mon réveil. Dors bien Ray. 


Raekim: toi aussi, bisous 


Je ne réponds pas à son bisou pour ne pas troubler son sommeil. Quand elle est épuisée elle s’endort automatiquement. J’ai vraiment hâte qu’elle revienne. Peut-être après lui avoir expliqué un peu de mon passé, on pourra éviter de retomber dans ce genre d’engueulades stupides.



Romelio Tchaa Bemba 


Tu sais que ton sort est scellé quand tu es en rendez-vous avec une fille et tes pensées ne sont que sur une autre. Que tu soulèves de temps en temps ton téléphone  pour voir si elle a répondu ou pire posté pour que tu saches. Quand tu deviens un vrai fouineur en ce qui la concerne ou dès que tu fermes un peu les yeux tes idées se perdent à des milliers de kilomètres pour la rejoindre. Le pire c’est que la fille avec qui je suis actuellement dans ce lounge bar est vraiment intéressante. C’est vrai qu’on ne fait que se fréquenter pour le moment rien de sérieux mais elle est mon genre donc je ne me comprends moi même pas. Elle est belle, drôle, et surtout dans la même ville que moi. Tout ce qui est simple, normal. Mais pourquoi je suis poussé vers ce qui est difficile je l’ignore. Même le destin me donne des grands signes en faisant que la fille et moi on se retrouve tous les deux à Anvers pour les 

les fêtes de fin d’année. Je suis en famille et elle venait voir des amies donc nous nous sommes donné rendez-vous ici. Mais voilà je suis distrait et ce n’est pas la faute de l’enfant des gens. Je fais de mon mieux quand même pour qu’elle passe une belle soirée. Je décline son invitation à continuer en boîte et retourne chez ma tante Séraphine, la mère de mes nièces Christina, Coralie et Hadassah. Ma tante est la petite sœur de mon père. Elle a épousé un congolais de Kin, Urbain Note. De tous mes tantes, c’est elle que j’apprécie le plus. 


Je ne vais pas continuer cette histoire avec l’autre fille. Mais informer les gens par message je n’apprécie pas. Je le ferais quand on sera à Besançon. Mais ce que je ne peux pas attendre pour faire, c’est d’entendre la voix de Jennifer donc je l’appelle. 


Elio: petite tu es où comme ça? Je demande à cause du bruit de musique 


Jen: allô? Est-ce que je peux te rappeler 


Elio: pourquoi? Tu es en boîte ou quoi?


Jen: Non je suis avec Yasmine chez mon copain 


Elio: lol....copain? Je me reprends 


Jen: je ne t’entends pas bien attend, elle se déplace et me reprend. Allô Romelio? 


Elio: je suis là. Depuis quand tu as un copain 


Jen: ummm....depuis. 


Elio: tu as donc donné ton numéro? Je demande tout en essayant de garder en contrôle la morsure vive de la jalousie 


Jen: c’est....c’est un ami d’école. Il est gentil avec moi. 


Elio: ok. N’oublie pas que l’école c’est ta priorité 


Jen: c’est bon je ne suis pas une gamine non plus! Elle dit vexée 


Elio: j’ai compris. Je te laisse alors. Amuse toi bien 


Jen: je....heuh tu fais quoi? 


Elio: je rentre d’une sortie 


Jen: ah....tu étais où? 


Elio: pourquoi tu me demandes? 


Jen: tu m’as bien questionné non?! 


Elio: j’étais dans un bar 


Jen: un bar? Elle s’offusque. Tu commences déjà à boire n’importe comment. 


Elio: tu m’as vu boire n’importe comment où? 


Jen: on fait quoi dans un bar alors? Ta copine est d’ailleurs au courant que tu vas au bar si tard? Il est tard chez vous non? 


Elio: Je n’ai pas de copine depuis un an et sept mois. 


Jen: Hooo! Elle fait surprise. Et pourquoi? elle demande avec beaucoup d’intérêt dans la voix 


Elio: lol Jennifer tu vas retourner à ta fête. On aura cette conversation quand tu n’auras plus de copain d’accord? 


Jen: heu....ok, elle dit comme prise de court 


Elio: amusez vous bien, je réponds puis raccroche 


Je n’ai même pas fait cinq minutes que l’alerte d’un message entre.


Jen: c’est quoi ton “quand tu n’auras plus de copain”? Ça veut dire quoi cette malchance que tu me souhaites? Ce n’est pas parce que tu es célibataire que tout le monde le sera! Bonne nuit! 


Elio: Je fais partie des dernières personnes qui te souhaiteront une quelconque malchance sur cette terre. Et après le copinage viennent normalement les fiançailles puis le mariage. Donc ne plus avoir de copain n’est pas forcément négatif. Sauf si c’est comme ça que tu veux le voir. 


Jen: hum! Et c’est pour ça que tu ne m’as pas simplement répondu tantôt? Je ne suis pas conne Romelio. 


Elio: je n’ai jamais prétendu que tu l’étais. Je ne veux juste pas discuter de ça avec toi maintenant. Pas quand tu as un copain et j’imagine ta relation doit être nouvelle. Fais ton expérience. Profites-en. 


Elle ne répond plus. Je me couche l’esprit étrangement serein. La jalousie n’a pas disparu mais je n’ai pas menti quant à mes souhaits. Il vaut mieux qu’elle découvre certaines choses par elles-mêmes. Si elle et moi devons être ensemble je pense qu’un jour nos chemins se croiseront de façon à ce que ça soit possible.

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