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Write by Victoria04
Tellement submergée par toutes ces émotions.
Je n'arrive pas à m'exprimer, d'ailleurs aucun mot à la hauteur de cette sublime déclaration d'amour ne sortira.
Mes mots seront tellement insignifiants face aux tendres mots de Raphaël.
Alors je préfère simplement l'enlacer signe de mon accord.
Oui j'accepte qu'il soit là dans ma vie.
Il est le bienvenu même.
Une nouvelle vie commence pour moi.
Et il confirme mes dires en prononçant ces mots.
-Tu ne le regretteras jamais.
《Et tu as intérêt à ne pas me faire du mal ! 》aurais-je voulu lui dire.
Ce qui me fait pouffer de rire, attisant la curiosité de Raphaël.
-Pourquoi ris-tu ma belle?
Je secoue la tête préférant me taire.
Il fronce ses sourcils, perdu.
-Hum pourquoi ? Insiste t-il.
Je coupe court en répondant à sa phrase précédente.
-Je savais déjà que tu ne me ferais jamais mal.
Brusquement il pince mon nez.
Prise par la douleur, je cris.
-Aïe! Ça fait mal.
Espérant un geste de douceur de sa part je suis étonnée lorsqu' il me pince à nouveau mais cette fois-ci il s'en prend à ma joue.
-Bien fais pour toi! Pourquoi tu me faisais poiroter ainsi?
Je reste muette mais le sourire aux lèvres ce qui a le don de l'agacer.
- Vilaine sorcière!
-La sorcière de ton cœur! Renchéris-je.
Nous nous laissons ainsi emportés par un fou rire.
Dieu que nous avons vécu pas mal de choses ensemble et aujourd'hui nous allons enfin être heureux ensemble.
Que n'avais-je pas fais à cet homme ?
Humiliations sur humiliations, insultes, manque de respect et cris mais il est toujours là.
Ah Dieu merci beaucoup! Ma fille aura enfin son papa qu'elle désirait tant.
Pour ne rien gâcher je compte vraiment faire table rase.
Il faut qu'il sache tout: le passage en prison, la dépression etc.
-Raphaël j'ai un autre truc à te dire.
Il fronce les sourcils.
-Quoi Stella?
Je lis l'inquiétude sur son visage alors je tente de le rassurer.
-Bon ne t'inquiète pas. C'est juste te raconter tout ce que j'ai vécu après ce viol afin qu'il n y ait plus de secrets dans notre couple.
Ses traits semblent plus apaisés maintenant.
-Je t'écoute alors.
Pour me donner le courage, j'inspire profondément avant d'expirer bruyamment.
《Allez! Allez !Stella, tu es forte.》 Me dis-je intérieurement.
Raphaël me voyant stressée, intervient.
-Ne me raconte pas le viol je ne veux rien savoir.
Assez surprise, je pousse un " oh ".
-Oui c'est assez douloureux puis pourquoi devrais-je savoir ça ?
J'y gagne quoi ? Te voir souffrir?
Non!
Allez raconte tout sauf ça.
Ah décidément ce Raphaël! Quel homme surprenant!
Perdue dans mes pensées,je suis ramenée à la réalité par les chatouillis de Raphaël.
-Je t'écoute princesse.
Je ne me fais pas à nouveau prier pour commencer.
-Raphaël,il faut que tu saches qu'après le viol je me sentais tellement mal, sale, honteuse et insignifiante.
En plus j'avais été traitée de la pire des manières,aucunes douceurs que de la violence.
Je prononce ce dernier mot avec une voix légèrement brisée.
Je sens qu'en parler fais juste remonter des trucs tellement enfouis en moi.
Des trucs que j'aurais voulu garder en silence durant toute ma vie.
Oh Dieu donnez-moi la force.
Je retente à nouveau.
-Donc je disais que...
Raphaël m'interrompt.
-Tu sais si tu ne te sens pas tu peux laisser tomber.
Je secoue vivement la tête.
- Non !Raphaël je dois parler, tu dois tout savoir.
-Mais à quoi ça me servirait de tout savoir si toi tu vas replonger après?
Laisse-moi deviner !
Ton problème est que tu ne sais pas comment me dire que tu as terminé en prison après ce meurtre.
Et Bim!
J'écarquille grandement les yeux avant de m'exprimer difficilement.
-Raphaël... co..comment le sais-tu?
-C'était forcément la pièce manquante!Je ne suis pas avocat pour rien tu sais !
Il est vrai que j'ai choisi le monde des affaires mais n'empêche je sais analyser les gestes.
Que répondre?Je l'ignore.
Donc tout était ainsi réglé en moins de trois secondes.
Si j'avais su que ça serait ainsi,on se serait évité pas mal de scènes.
- T'as passé combien d'années en prison ? Demande Raphaël.
- Trois années pleines mais en réalité je devrais y purger cinq années.
J'ai été libéré pour cause de bonne conduite.
-Donc Dee a été accouchée en prison?
- Pas exactement mais la grossesse s'y est entièrement déroulée en tout cas.
-Et après grossesse?
-Dee est restée avec moi.
Nous partagions notre cellule avec trois autres femmes.
Il soupire bruyamment.
-Difficile d'imaginer un bébé grandir dans ce milieu néfaste.
Y repenser me rappelle à quel point je viens de loin.
À quel point j'ai tout affronté dans ma vie.
Élever un bébé dans un environnement carcéral avec quelques couches,vêtements et serviettes.
Je me rappelle encore des pleurs de Dee dans la soirée à cause des piqures d'insectes et moustiques.
-Ça a dû être horrible.
Vous êtes des guerrières,je vous dois du respect.
Tout particulièrement toi.
T'es une battante.
J'étire mes lèvres touchée par ses mots.
-Oh ne soit pas si fier.
Je ne m'occupais pas tellement d'elle.
J'étais tellement sous le choc.
Ce sont mes camarades de cellule qui s'occupaient beaucoup de Dee, d'ailleurs ce sont ses tatas préférées mais heureusement qu'à ses six mois ma mère vint la récupérer.
-Ta dépression a donc démarré en prison?
-Oui,je ne voyais que l'injustice.
Pour moi c'était de la légitime défense.
Imagines avec cet horrible environnement comment elle a dû s' accentuer.
Des gardes de cellule qui abusent des prisonnières, des prisonniers qui quittent la zone des hommes pour venir assouvir leurs sales besoins en complicité avec les gardes.
Il se redresse brusquement.
-J'espère que tu n'as...
Je le rassure rapidement.
-Non t'inquiète ! Sûrement mes crises qui les effrayaient.
On disait de moi que j'étais folle et que ma fille aussi l'était ou le deviendrait.
-Tu étais suivi psychologiquement?
-Oui mon avocate avait pu me l'accorder.
De même que lorsqu'à un an je pu me ressaisir je repris mes cours et je passais mon baccalauréat que je réussis brillamment malgré la condition de la prison.
À 21 ans j'eus enfin l'autorisation de sortir car le président avait gracié certains prisonniers à l'occasion des fêtes de fin d'année.
Dès ma sortie je fis tout pour mettre en œuvre mon plan de réussite.
J'avais la rage de la victoire,la prison avait réussi à me forger un caractère de lionne.
Souvent les gens critiquent les passages en prison mais avouons que c'est la meilleure formation sur terre.
Mieux que vos coachings à deux balles.
Moi je voulais tout rafler sur mon passage pour prouver au monde que j'avais de la valeur ,que ce sale incident ne m'empêchait pas d'accomplir ma destinée.
Je voulais prouver à mon père qui ne me soutenait pas qu'il avait tort.
Lui et les gens du voisinage s'associaient pour me dénigrer.
Que n'avais-je pas entendu? 《La meurtrière 》par si,《La maudite par là 》
Était-ce normal que la victime se fasse châtier car elle avait tué son bourreau?Vive ma société africaine !
Tu sais quand je l'avais fais,je voulais juste me soulager et je ne pouvais pas dormir avec ça sur la conscience.
Lorsque j'avais appuyé sur la détente et que j'avais visé son front, je me sentais si heureuse.
Un peu comme ce jour où ma mère m'annonça que j'avais obtenu la bourse d'études pour le Maroc.
Enfin la lueur tant attendue.
Je ramassais mes clics et mes clacs, de même que ma mère qui divorçait d'avec mon père.
Ce fut une nouvelle aventure pour nous deux.
Au début difficile pour moi,j'avais tendance à m'isoler car encore traumatisée par la case prison mais tout se passa merveilleusement bien.
C'était bien car personne ne me connaissait et ne connaissait mon passé.
Je t'épargne les détails de tout ces petits dragueurs.
Je les refoulais tous donc à vrai dire tu seras mon premier copain à vingt-huit ans.
Chouette non?
Moi je n'avais que le temps pour étudier et relire les notes.
Il suffisait que je pensais à son sang qui coulait sur le tapis et là j'étais reboostée comme jamais.
Même ma propre fille ne me reboostait pas ainsi.
Elle je la détestais,elle me rappelait cet acte horrible.
Mais étrangement à l'âge de vingt-trois ans,je l'acceptais enfin car elle avait touché mon coeur avec ces simples mots: 《 maman je t'aime 》prononcés un soir.
Là je sus quel était mon réel objectif.
Par la grâce de Dieu à vingt-cinq ans je finis toutes mes études et je fus récupérer par un célèbre cabinet de management sportif suite à un stage.
Ce n'était pas du tout mon idéale mais je finis par apprécier ce monde assez masculin.
Ma fermeté, mon autorité et mon impartialité en effrayaient plus d'un.
Lorsque je fus assez satisfaite de mon carnet d'adresse au Maghreb, je revins monter mon cabinet ici en côte d'ivoire et le reste tu connais.
Maintenant j'attends impatiemment sa réponse. Que dira t-il?
-Waouh! Tu es une lionne!
Intérieurement,je me réjouis.
Moi qui pensait qu'il m aurait trouvé un peu trop dure,méchante et froide.
Lui me voyait en guerrière.
-Tu ne fais que renforcer mon amour pour toi.
Regarde tout ce que tu as vécu de pire mais tu as pu te ressaisir pour être la meilleure version de toi aujourd'hui.
Certes avec un sale caractère mais en écoutant ton histoire on comprend mieux.
Je t'aime ma beauté.