28

Write by Gioia


Vingt-huitième partie 


Eli Laré AW 


La première chose que j’ai fait au départ de Belle c’est d’appeler maman pour lui expliquer et surtout lui demander de tempérer. 


Atia: hey baby 


Eli: maman! C’est ce que tu fais et les femmes ne me respectent jamais 


Atia: à cause de quelques écervelées je ne peux pas appeler mon unique fils bébé? les femmes ne te respectent pas parce que tu montres trop tes dents avec elles. Tu aurais suivi mes conseils que tu n’allais pas te ramasser avec cette malade 


Eli: lol ne retournons pas en arrière please. Je t’appelle pour te dire que je t’ai envoyé quelqu’un.


Atia: Lord, encore une fille? 


Eli: une fille qui a besoin d’aide maman.


Atia: pour qu’elle vienne se plaindre après qu’on la fait trop travailler là où je l’ai recommandé? 


Eli: juste une fois et tu en fais une chanson. Mais non celle là a vraiment besoin d’aide. Please ce que tu peux faire ou qui tu peux appeler, n’hésite pas. Elle a un bébé aux soins intensifs dont je suis en charge et pas un rond pour s’en occuper.


Atia: comment elle en est arrivée là? 


Eli: je n’en sais rien 


Atia: okay. Comment elle s’appelle? 


Eli: Belle Mally 


Atia: et elle est belle? 


Eli: you know what, I am not doing this with you. Not today, j’ai répondu amusé 


(Tu sais quoi, je ne vais pas jouer à ça avec toi aujourd’hui.) 


Atia: okay Eli. Je vais l’étudier quand elle sera là puis on en parle ce soir 


Eli: heuh je ne pense pas rent....


Atia: quoi? Hier je ne t’ai pas vu avant de dormir. Avant hier c’était pareil. 


Eli: tu as un mari non. Pourquoi tu as le temps de surveiller mes allées et sorties? 


Atia: un mari reste un mari. Un fils c’est la vie. 


Eli: attend que je répète tout ceci à papa 


Atia: tu peux continuer à t’essayer mais tu ne vas pas gâter mon mariage, elle a dit en riant 


Eli: je retourne à mes bébés moi. On se voit demain matin 


Atia: pfff, tout ça parce que tu es un grand pédiatre hein. Okay continue à me négliger. Elles partiront mais moi je serais toujours là 


Eli: lol bye mom. 


Atia: okay baby. Je t’aime 


Eli: yeah something like that, j’ai répondu pour l’emmerder 


(Oui un truc du genre) 


Elle a bien piaffé avant de raccrocher et m’envoyer une longue ligne de cœurs que j’ai transféré à mon père et ma sœur avec un message personnel 


Eli: quand elle ne te voit pas assez mais que tu restes quand même son favori. Acceptez le et évoluez. 


Ruben: dit l’éternel célibataire. Ne me pousse pas à passer ce coup de fil à Kenya. 


Ali❤: no stress, Elle m’a envoyé le double et puis j’ai aussi le numéro de Kenya en appel d’urgence hein. Mon doigt peut glisser et pouf elle sera à Lomé comme par magie 


Eli: dégagez tous les deux, bandes de jaloux, j’ai répondu en riant avant de me remettre au travail 


Qui aurait cru que j’allais rire librement du sujet de Kenya trois ans plutôt? Comme quoi le temps est le meilleur remède aux blessures intérieures. 



Belle Mally 



La directrice de l’association vers laquelle Eli m’a dirigé n’a pas l’air commode du tout. Depuis que je suis là elle n’a pas dit grand chose à tout ce que j’ai raconté comme histoire. Elle regarde la pile de CV que je lui ai ramené et c’est tout. Je ne sais pas si je dois continuer à parler pour la convaincre mais ma vie en dépend donc je dis tout ce que je sais faire.


Belle: en plus de la littérature j’étais bonne en langues aussi. Je peux très bien enseigner l’anglais, le français et même la biologie.


Atia: pourquoi avoir ramené cinquante CV? 


Belle: heuh....c’est que le pédiatre Eli m’a dit que c’est une association qui peut m’aider. Je pensais que vous faisiez du placement pour les gens. 


Atia: vous n’avez aucune recommandation de votre ancien employeur 


Belle: en fait j’ai quitté brusquement la France. J’ai écrit à mon ancien employeur aussi mais je n’ai pas eu de retour encore 


Atia: trouver un emploi sans recommandations relève de l’impossible de nos jours madame 


Belle: je....je vois, j’ai dit un premier avec une pointe de découragement. Puis je me suis repris. Tout ce que vous trouvez je vais prendre madame. Même si c’est le ménage. J’ai simplement besoin d’une entrée régulière d’argent. Le montant importe peu 


Atia: okay je vous rappelle si on trouve quelque chose 


Belle: m....merci, j’ai répondu avant de la quitter 


Le soir là j’ai fait toutes les prières que je connaissais. Même couchée je n’arrêtais pas de murmurer des supplications pour qu’une porte s’ouvre. C’est l’appel d’Eli pour notre balade qui m’a fait arrêter. 


Cette fois maman qu’on a pas invité a décidé de se ramener. Je précise qu’on a pas invité. Elle était derrière moi bien que je lui disais de retourner se coucher. 


Belle: tu peux pas arrêter avec ton spectacle là? 


Gisèle: que je sais où vous allez? Tu as déjà un enfant à l’hôpital. Mieux je vous suis comme ça tu ne pars pas prendre encore la grossesse


Belle: genre moi je couche avec tous les hommes quoi, j’ai répondu piquée au vif 


Eli entrait à cet instant dans la maison 


Eli: bonsoir par ici.


Belle: salut Eli. Je pense que pour ce soir on peut laisser tomber


Eli: heuh okay, pas de soucis 


Gisèle: moi je suis prête mon garçon. Allons-y déjà. Belle ferme bien la porte hein 


Belle: non mais ho c’est comment avec toi? C’est ton invitation? 


Gisèle: tu m’invites non Eli? 


Eli: lol oui oui allons-y 


Gisèle: au revoir Belle. Dors bien, elle a répondu en prenant la main d’Eli pour sortir avec lui 


J’ai crié de m’attendre avant de fermer la porte à clé et les rejoindre à les course. Nous étions partis quelques minutes plus tard. Cette fois nous avons pris la route vers Madiba.


Gisèle: tu ne nous emmène pas dans les coins cachés pour nous vendre hein, elle a dit depuis l’arrière 


Belle: tu vois pourquoi je t’ai dit de sortir un peu de la maison pour te faire les amis. Tu ne sais pas parler aux gens. 


Gisèle: c’est toi qui fait semblant or tu veux connaître les choses que moi même je lui demande 


Belle: maman on va se garer et te laisser en route 


Gisèle: regardez moi celle là, On que c’est ta voiture? Ou bien c’est même ton mari? Sinon mon fils tu ne m’avais pas expliqué ton histoire de célibat là hein. C’est même quoi le problème parce que ma fille est ici et.....


Belle: maman! J’ai limite rugi comme un animal en colère 


Le rire cristallin d’Eli a résonné dans la voiture pour un bon moment 


Eli: un duo dynamique vous êtes toutes les deux 


Belle: je ne la connais même pas 


Gisèle: après c’est pour m’appeler zizèle


Eli: lol tu as dit zi quoi? 


Belle: reste tranquille derrière là zizèle j’ai dit avec un sourire 


Eli: je suis célibataire parce que ma mère fait fuir les filles autour de moi


Belle: s’il te plaît tu n’es pas obligée de lui répondre. 


Gisèle: mais Belle je vais taper ta bouche. Ya même quoi? Attend ton tour tu vas poser tes questions. Continue mon garçon. Maman chasse les filles pourquoi? J’espère que ce n’est pas le genre de maman qui prend son fils comme son mari hein 


Belle: hum! 


Eli: lol ça va belle. Elle me prend pire que son mari. Je suis son chéri par excellence et elle ne veut pas me partager 


Gisèle: ah mais quand l’histoire est comme ça elle pense avoir les petits fils comment? Ou bien ça ne lui dit rien? 


Eli: on est très nombreux dans ma famille. Ma sœur a d’ailleurs accouché récemment donc ce n’est pas un souci pour elle 


Belle: vous êtes combien? J’ai demandé après un moment 


Gisèle: donc la curiosité te connaît aussi? 


Belle: attend ton tour pour demander 


Eli: eh tu me poses une vraie colle là, il a dit en riant. Bon je n’ai qu’une sœur de mon père et ma mère. Mais j’ai plein de cousines et cousins. Le nombre aucune idée. 


Gisèle: elles vivent ici ou à l’étranger? Elles sont gentilles? Parce que je ne veux pas les belles sœurs compliquées pour ma fille hein 


Belle: Je t’ai demandé quelque chose? 


Gisèle: laisse moi faire comme aux temps anciens parce qu’on a vu les résultats quand tu as toi même choisi ton homme 


Belle: là tu exagères maman! Tu exagères vraiment! 


Gisèle: mais je mens? Depuis là il a appelé pour demander des nouvelles de l’enfant? Il a envoyé quelque chose? Tu marches ici partout pour chercher le travail mais lui n’est pas de l’autre côté à l’aise dans le froid? C’est lui qui prépare la bouillie pour vendre? 


Belle: pas maintenant maman! 


Eli: on se calme toutes les deux. C’était pour rire notre conversation non? Pourquoi  les énervements entrent en jeu? 


Gisèle: demande lui bien. Elle veut me couper la parole pourquoi? Fallait seulement rester à la maison si ça te pique le cœur que je parle à mon garçon 


J’ai tourné la tête sur le côté et je n’ai plus rien dit durant le trajet. Elle et Eli continuaient leur conversation. J’écoutais malgré moi.


Eli: donc voilà, personne ne passe la barrière avec ma mère autour de moi. Je pense mourir comme ça à ce niveau 


Gisèle: ho c’est pas bien ça. Tu dois aussi avoir une femme et les enfants ou bien tu ne veux pas? 


Eli: je n’ai pas encore trouvé celle qui me convient 


Gisèle: et tu cherches quoi? 


Eli: compréhensive surtout. 


Gisèle: oh c’est tout? 


Eli: le reste c’est sur le tas qu’on apprend, non? Enfin je pense. Pour moi si elle est compréhensive on peut s’entendre. 


Gisèle: ah comme les garçons cherchent une femme soumise, bonne cuisinière et avec les hanches larges pour faire les enfants là c’est pour ça je suis étonnée 


J’ai frappé mon front avec ma main à ce moment. Elle sait quoi de ce que les hommes cherchent d’abord? Quelqu’un qui ne sort presque jamais de chez elle. 

Eli encore une fois trouvait ça drôle. À ce stade je pense qu’il lui raconte n’importe quoi juste pour voir sa réaction. Parce qu’un homme qui se livre comme ça là je ne connais pas 


Eli: j’ai une tante mince et élancée mais elle a fait plus d’enfants que ma mère qui a un peu plus de formes. Six pour exact contre nous deux que ma mère a eu 


Gisèle: oui il y’a les femmes comme ça aussi. Si c’est pas que le vilain papa de Belle avait gâté ma vie j’allais sûrement faire beaucoup d’enfants pour lui donner des frères ou sœurs. Elle m’a longtemps réclamé une sœur depuis qu’elle est petite. Des fois je pense que c’est pour ça qu’elle est partie faire l’enfant parce que la solitude est difficile pour ma fille depuis son enfance. 


Je n’ai rien dit. Je ne sais pas si elle a raison pour Elikem. Mais je n’aime pas la solitude depuis petite c’est vrai. J’étais toujours collée à maman. Même pour aller à l’école des fois je pleurais parce que je ne voulais pas être loin d’elle. Ca a été comme ça jusqu’à ce que je rencontre Ciara et m’attache très fort à elle. 


Eli: personne n’aime vraiment la solitude. Ou du moins on peut aimer pour un temps et puis après on a envie de voir du monde. L’être humain est une créature sociale 


Gisèle: la fin là c’est le gros français que tu as parlé hein. Moi j’ai pas compris et puis profite en même temps pour me dire xanz goude là c’est quoi? 


J’ai essayé de retenir mon rire mais c’était trop. Eli lui n’essayait rien. 


Belle: maman pourquoi tu es comme ça? Je disais en dépit des soubresauts causés par le rire 


Gisèle: mais je veux savoir parce que j’ai dit ça à papa bob la dernière fois et il m’a répondu toi même. 


Belle: comment tu vas dire à quelqu’un quelque chose que tu ne connais pas? 


Gisèle: je lui apprenais les choses comme ce papa ne sort jamais de la maison. 


Belle: on dit toi, tu parles des autres aussi 


Gisèle: ho ne me fais pas comme ça. Pour moi est mieux que papa bob. 


Belle: lol jusqu’à tu te grades toute seule. tu te prends hein 


Gisèle: est ce que je suis n’importe qui? 


J’ai pouffé de rire à la tête satisfaite qu’elle faisait derrière 


Eli: sounds good maman, ça veut dire c’est bien, il a répondu avec humour 


Gisèle: tcho, c’est bien seulement? Pourquoi tu ne dis pas ce qui est simple en même temps 


Belle: mais est-ce que ce qui est simple pour toi c’est ça qui l’est pour lui? 


Gisèle: tu es encore revenu dans ma conversation hein. Après c’est toi qui va te fâcher si je dis autre chose 


Belle: tu as raison je sors ma bouche dedans, continuez 


Eli: j’ai pris cette habitude parce que j’ai vécu aux États Unis longtemps 


Gisèle: États Unis là c’est quoi Belle


Belle: America 


Gisèle: yeee mais pourquoi tu es revenu alors parce que mon amie qui habite là-bas a dit que c’est mieux 


Eli: je venais donner un coup de main à mon amie le docteur Coleman. 


Gisèle: docteur là c’est ami ami ou bien ami l’autre parce qu’elle est jolie. 


J’ai secoué la tête seulement. En sortant d’ici je suis sûr qu’on connaîtra la couleur du slip d’Eli 


Eli: lol c’est juste mon amie mais c’est vrai qu’elle est Jolie 


Gisèle: même ma fille est jolie. C’est pas pour rien que je l’ai appelé Belle. Normalement je voulais l’appeler Amour avant sa naissance et puis quand je l’ai vu j’ai dit non. Ma fille est trop belle. J’ai pensé à Bijou ou belle longtemps et puis j’ai décidé pour le deuxième. Elle est assise là-bas avec son visage bien gondolé quand elle est fâchée mais c’est ma gentille fille. Je suis très contente que Dieu me l’ait donné 


Belle: tu devais gâter la fin n’est ce pas, j’ai dit émue En la regardant 


Gisèle: ton visage est gondolé quand tu es fâchée ou pas? 


Eli: allez on fait l’effort de rester sur le mignon. Loin de nous les fâcheries et je suis d’accord maman. Elle est belle ton bijou. 


Gisèle: merci de bien voir. Et elle a même fait la grande école. C’est comme ça qu’Elikem sera aussi 


Belle: non ma perla fera bien mieux que moi


Eli: Elle va tout terrasser dans la vie comme à l’école, en digne guerrière qu’elle est 


Peut-être je rêve trop comme c’est moi la maman mais dans les voix de ma mère puis d’Eli il y’avait cette pointe de rêve mélangée à la fierté lorsqu’ils ont parlé de mon bébé. C’est fou comment les expériences peuvent rapprocher des gens qui n’ont à la base pas grand chose en commun. Nous voilà trois personnes d’âge différents roulant dans une voiture sur un sentier vide et discutant de nos rêves pour un tout petit être qui dort paisiblement au loin dans son incubateur. J’ai fermé les yeux à un moment en me laissant bercer par ses rêves. 


Le rêve prenait fin le lendemain. Je retournais à l’hôpital avec Eli pour voir ma fille. Rien de nouveau. Je voyais les parents se réjouir de sortir enfin avec leurs enfants. Une part de moi se languissait de vivre ça aussi mais je n’oubliais pas qu’Eli m’avait prévenu. Elle sortira plus tard que prévu et rien n’est encore sûr. J’ai également demandé à rencontrer le directeur de l’hôpital afin de  demander un sursis pour les factures en retard. Je m’apprêtais à demander pardon à genoux mais il a juste dit pas de soucis. En plus de ça il a accepté de prolonger l’échéance d’un mois. Je suis sortie de la salle comme si je vivais un rêve. Je n’ai pas cessé de le raconter à Eli qui se moquait de mon euphorie. 


La semaine suivante, l’euphorie passait à un autre stade. La dame de l’association m’a appelé pour m’annoncer qu’un travail m’attendait. J’allais être surveillante à l’école américaine. Le salaire était bien plus que ce que j’attendais. J’allais même commencer le lundi de la semaine qui suivait l’annonce. Tao s’était occupé de mes affaires auparavant. Il avait vidé mon appartement et gardé l’essentiel chez eux. Puis mon ordi il l’a vendu comme j’ai demandé et m’a envoyé l’argent que j’ai reçu cette semaine là. Du coup je me suis empressée pour acheter quelques habits pour le travail, me procurer un téléphone simple pour enfin laisser celui de maman puis j’ai pris rendez-vous au salon de coiffure pour me faire des tresses simples. 


Le lendemain j’entrais dans la voiture d’Eli avec un immense sourire. 


Eli: eh bien le bijou de maman, qu’est ce qui nous vaut cette nouvelle tête? 


Belle: j’ai eu du travail Eli! Tu peux croire ça? La dame que tu m’as présenté m’en a trouvé! 


Eli: super je suis content. Tu seras où?


Belle: je serais surveillante à l’école américaine. Pour le début ce n’est pas beaucoup d’heures mais sur place je vais proposer mes cours aux enfants. Je me dis qu’avec les cours à la maison je vais probablement m’ouvrir de nouvelles portes. Et puis maman pourra enfin arrêter de se fatiguer avec la préparation de la bouille même si elle ne veut pas m’écouter 


Eli: je n’en doute pas. Fais de ton mieux et le reste se fera j’en suis sûr. 


Belle: merci à toi sinon je n’allais jamais la connaitre cette association, ce qui est bizarre aussi parce que jamais je n’en ai entendu parler 


Eli: ça me fait plaisir que tu sois moins stressée. Une chose de moins sur ton chemin et j’ai une surprise pour toi aussi en fin de semaine 


Belle: c’est quoi? J’ai demandé suspicieuse 


Eli: j’ai dit en fin de semaine non 


Belle: rho j’aime pas qu’on me fasse saliver. Pourquoi tu m’annonces ça maintenant? 


Eli: la Patience est une vertu à cultiver, il a dit avec amusement quand il se garait 


Ce type j’ai tout le temps l’impression qu’il aime rire des autres. Que ce soit moi ou maman. Il a toujours cette tête de quelqu’un qui s’amuse de la situation sauf quand il est concentré sur son travail. 



Magnim Wiyao 


Nous avons été rejeté pour la demande de prêt qu’on a fait Tao et moi. Du coup le

Projet d’ouverture du cabinet est à l’eau. Moi je ne suis pas passé au crédit à cause de l’hypothèque pour ma maison et Lui parce qu’il n’a plus d’emploi. Et je suis toujours responsable de cette maison à Reims où je ne vis pas. Je n’ai toujours pas trouvé d’acheteur. Je me retrouve à payer chaque mois le prêt à la banque pour une maison que je déteste maintenant. Une qui renferme des souvenirs que j’ai enfoui quelque part loin.


J’ai repris le travail mais je ne sors plus après ça, à cause de la honte. J’ai vu sur Facebook que tout le monde à Montpellier sait pour mon statut sérologique. J’ai changé de numéro parce que fatigué de recevoir les nombreux messages par jour. Qui aurait cru que Belle, une fille que je prenais comme une sœur m’aurait poignardé ainsi? Est ce que j’ai cherché à avoir cette maladie? Je suis fatigué de me poser la même question fréquemment. 


Aujourd’hui je vais à la maison de Reims. Il est temps de ramasser le restant des affaires que Hana n’avait pas pris. Elle a quand même fait l’essentiel ma grande sœur. Comme toujours c’est mon roc. Elle ne serait pas là que je me serais effondré comme un château de cartes. 


Une heure trente plus tard J’étais dans la maison. Elle ne ressemble plus à l’endroit douillet que Ciara et moi avions bâti. Les Meubles qu’on a choisi ensemble sont encore là. Mais la TV, le tapis, les assiettes dans la cuisine n’y sont plus. Je monte dans la chambre tout en évitant soigneusement celle du bébé mais un bruit m’attire là. J’avançais quand la porte s’est ouverte et Ciara en sortait. Une Ciara plus mince que dans mes souvenirs. Déjà Elle n’était pas très en forme et se plaignait quelques fois qu’elle voulait prendre un peu de poids. Je lui répondais qu’elle avait tout ce dont j’ai besoin, là où il faut. Aujourd’hui elle a beaucoup perdu. Elle m’observe et je fais pareil. Elle s’avance mais me dépasse. Je me dis d’abord que c’est mieux ainsi. Au moins il n’y a pas eu de scandale mais je n’y arrive pas. Je descends les escaliers deux à deux et je l’interpelle 


Magnim: Ciara attend moi. 


Elle s’arrête devant la porte, le dos raide et je vois dans sa main une des peluches de Marius.


Magnim: Ciara.....je....j’ai besoin de toi. On peut s’aider.....on peut....peut-être.....


Elle se retourne et la peluche atterri sur mon visage 


Ciara: tu savais qu’un peut-être pouvait exister quand tu m’as contaminé? Elle crie avec rage 


Magnim: je ne t’ai pas contaminé, je réponds en criant avec rage aussi 


Ciara: le sida vient d’où alors? On le prend en saluant ses collègues de travail? Elle demande toujours en colère 


Magnim: qu’est ce que j’en sais? Je réplique désespéré 


Elle ne dit rien mais semble calme donc j’en profite et je m’approche. J’encercle son visage de mes mains et j’ouvre ma bouche pour lui dire toutes ses choses qui sonnent désespérées mais que je ne peux pas garder en moi.


Magnim:  Ciara toi et moi c’est pas comme ça tu sais bien bébé. Au fond de toi tu le sais. Rappelle toi de nos échanges. On rigolait de comment ça partait de rien et puis on finissait sur des trucs trop profonds. Je t’envoyais au lit. Tu me renvoyais aussi mais on restait quand même là à continuer. Je dormais des fois avec mon téléphone en main et ta voix flottant dans mon esprit. À tes côtés mes gamineries ne me paraissaient plus stupides. À tes côtés j’avais trouvé un espace où je me sentais accepté tout en ayant la possibilité de mûrir. Je la voulais cette vie pour nous. Comment je pourrais mettre ta vie, celle du fruit de notre amour en jeu? Pourquoi? Quand j’avais trouvé avec toi ce que je cherchais de façon gauche depuis un moment? 


Ciara: le virus il vient d’où alors? Elle a demandé quand son visage s’inondait de larmes 


Magnim: je m’en fous du virus! Je t’aime. J’ai besoin de toi. Virus ou pas on peut vivre. Tous les deux. On se soutient. On apprend à vivre avec. Hana elle....


Ciara: tu ne fais que jouer sur les mots comme tu as joué avec mon cœur! 


Magnim: bébé je....


Ciara: pourquoi tu me refusais ton téléphone? Qu’est ce que tu me cachais? Quand est ce que moi je t’ai déjà caché quelque chose? Qu’est ce que j’ai fait pour que tu me brises? Regarde ce que tu as fait de moi. Regarde mon corps! Regarde mes yeux! Je ne suis plus que l’ombre de Moi même! Je t’ai donné ma personne, tu avais promis de m’aimer. De construire une vie avec moi. Tu m’as donné la grosse tête. Je me suis sentie spéciale et tu m’as piétiné en me refilant cette maladie ainsi qu’à notre pauvre bébé qui ne t’a rien fait! 


Magnim: le téléphone m’avait coûté ma relation précédente. Depuis j’ai pris la résolution de ne plus le laisser à une femme


Ciara: laisse mon visage, elle a dit tremblante mais son regard était plein de détermination


Magnim: pourquoi tu me fais ça? J’ai demandé avec douleur 


Ciara: ramène moi mon fils!!!!!! Elle a hurlé avec force 


Je l’ai ressenti comme une dague dans mon cœur. Je me suis éloigné d’elle. Elle a pris la peluche puis elle était loin. Loin de l’épave qui reste de notre foyer. Loin de nos projets d’enfants. Nos rêves qu’on trouvait trop grandioses et à la fois trop beaux pour les oublier. Maintenant moi je dois oublier. Oublier les sentiments qu’elle m’a fait ressentir. Oublier cette partie de ma vie qu’elle m’a volé. Mon regard a croisé une bouteille de brandy. Bouteille dont je n’ai pas le souvenir d’avoir laissé ici. Elle m’a appelé. Je l’ai écouté et je me suis laissé prendre. On meurt tous de quelque chose. Mon fils c’était d’une infection. Que ce soit le sida ou autre qu’est ce que ça change? 



Belle Mally 



Depuis qu’il m’a annoncé la surprise je ne pouvais pas me tenir. Si elle continuait sur cette lancée ma fille allait sortir plutôt. Tous les jours je faisais des croix sur le calendrier. Au travail je passais mes journées avec un sourire en y pensant. Les élèves m’ont surnommé la surveillante qui a la banane à cause de ça. 


120 jours que mon bébé a fait aux soins intensifs. Aujourd’hui nous sortons. Elle va voir son chez elle que je lui ai emménagé dans ma chambre. La circonstance demandait un discours au personnel du NICU pour les remercier mais j’étais trop émotive pour y arriver. Maman heureusement a sauvé la journée en faisant le discours en plus de leur distribuer des toffees que nous avions fait et emballé pour chacun d’eux. Je l’ai pris contre moi dans sa doudoune rose avec des poids blancs et maman lui a rajouté une petite barrette dans ses cheveux comme quoi une fille ça doit mettre des bandeaux ou barrettes. 


Belle: bon nous sommes partis, j’ai dit après avoir renfilé quinze fois pour que mon nez ne coule pas 


Eli: vous rentrez comment? 


Belle: maman va rester ici avec elle le temps que j’aille nous trouver un taxi 


Eli: trop dangereux. On y va 


Gisèle: mais docteur tu as fini la journée d’abord? 


Il a lancé des ordres aux infirmières avant de nous dire bon j’ai une trentaine de minutes. Je suis passée dire au revoir au docteur Coleman avec maman avant qu’on y aille. 


Belle: monte devant maman. Moi je reste derrière pour la porter


Eli: au nom de quoi? Attendez à l’intérieur un moment 


Il part déjà à la course. Avant même que je ne lui demande à quoi il joue. Maman qui n’écoute jamais l’a suivi pour voir ce qu’il fait. Quelques minutes après les deux revenaient et dans la main d’Eli, il y’avait un siège auto


Belle: il sort d’où celui ci? 


Eli: j’ai plein de neveux et nièces donc je garde toujours un siège auto avec moi 


Belle: oh d’accord. Je...je sais pas comment on fait.


Eli: attend donne la moi je te montre 


Toujours il a cette facilité à la tenir qui est déconcertante. Je la tiens aussi mais j’ai souvent peur de la mettre dans certaines positions. Le siège auto était bien placé. J’étais en arrière assise avec mon ange. Maman devant auprès d’Eli. Et nous démarrions pour la maison. 


Gisèle: en passant, c’est quand on ira faire son acte de naissance Belle? Autant on décide en même temps comme Eli te dépose des fois au travail 


Belle: je vais voir mon emploi du temps à l’école d’abord. J’ai rencontré deux mamans qui veulent que je donne les cours de maison pour leurs enfants en classe de troisième et seconde 


Eli: oh c’est bien. Du coup je viens garder Xena? 


Gisèle: je dis que toi tu aimes les enfants hein mon fils. Maman bloque toujours pour la belle fille? Parce que tu as vu Elikem. Belle est déjà même cicatrisée. Elle peut reprendre le service 


Eli: lol n’est ce pas 


Belle: arrête de m’envoyer en relation forcée 


Gisèle: d’accord je ferme ma grande bouche 


Belle: maman va garder Elikem en mon absence. 


Eli: ah okay mais je ne suis jamais loin au besoin 


Gisèle: moi même je vais t’appeler mon fils ne regarde pas la maman jalouse là


Je n’ai plus rien dit moi jusqu’au retour à la maison. J’ai installé Elikem dans le petit berceau que j’ai pu lui acheter en rabais. Puis je suis allée coller sur mon mur les recommandations d’Eli. Je vais devoir faire très attention à elle les jours à venir. Surtout à sa respiration vu que ses poumons sont encore fragiles. J’ai ensuite mis son respirateur dans un endroit facile d’accès. Maman et moi on a bien appris comment l’utiliser à l’hôpital. Eli a dit que c’est une éventualité mais pas un absolu qu’elle en aura fréquemment besoin. Au moins il est là et moi je suis prête. Enfin juste une dernière chose qui manque. J’ai appelé Eli pour la lui demander.


Belle: je voulais si ça ne te dérange pas que je rajoute Xena comme prénom à Elikem 


Eli: sérieux? Il a dit surpris 


Belle: en plus de maman et moi elle t’a beaucoup côtoyé durant les premiers instants de ta vie. Je ne compte plus le nombre de fois que tu l’as appelé ta guerrière. Je trouve ça mignon et je me dis que ça serait une belle histoire à lui raconter. 


Eli: ca me touche Belle. Je surnomme tous mes petits au NICU mais c’est la première fois qu’une maman adopte le surnom aussi. Alors ça va donner quoi en tout? 


Belle: Elikem Perle Xena Mally. 


Eli: un lourd nom pour une petite bien tenace. Tu peux être fière de toi et d’elle 


Belle: la fierté est un petit mot actuellement. Je ne sais même pas ce que je ressens 


Eli: quand c’est comme ça c’est que c’est bien 


On a parlé un moment puis je l’ai laissé retourner à son travail. Le soir là j’étais assise à même le sol portant mon amour contre ma poitrine. Elle était nourrie et lavée puis profitait de la chaleur de mon corps ou peut-être c’est moi qui profite de sa chaleur. Maman faisait les va-et-vient, arrangeant Dieu seul sait quoi dans ma chambre. Elle aime trop le rangement cette femme. Nous discutions de tout et rien mais j’étais concentrée sur l’histoire que je racontais à mon minuscule bébé sur moi. L’histoire de sa vie. Haut comme trois pommes mais pugnace comme le mot. 

L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

Tests