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Write by Gioia
Vingt-septième partie
Belle Mally
Quatre jours que je suis de retour à la maison. Pour le moment j’ai vendu mon IPhone 11, cadeau qu’Antoine m’avait fait. Une partie de l’argent a servi à payer les factures pour le séjour au NICU d’Elikem. Une autre je l’ai donné à maman qui a décidé de préparer la bouillie pour vendre à la maison. J’ai préféré ça plutôt qu’elle aille fatiguer son dos à être bonne dans une maison. Je l’aide avec la préparation même si elle me refuse de bouger encore à cause de mes plaies qui s’étaient ouvertes. Mais est ce que je peux rester couchée à voir ma mère à son âge fatiguer ses os? Elle avoisine la soixantaine et ce n’est pas le moment.
Le reste de l’argent je l’ai utilisé pour les couches et faire ma layette. Ce qui est drôle c’est que j’avais prévu dans l’argent que j’ai ramené ici de quoi faire ma layette. J’ai juste tout pris en rentrant parce qu’on ne connaît pas le pays avec ses imprévus. Maintenant j’ignore quand je vais retourner à Montpellier. Pourtant mon appartement est plein d’affaires là-bas. Comme je n’ai plus de téléphone j’ai écrit à Magnim sur WhatsApp avec celui de maman mais lui aussi n’est plus connecté depuis plus d’un mois. Pire pour Ciara. Au final j’ai laissé un message à Tao. Lui au moins était connecté. J’attends juste qu’il me réponde.
Là je sors les vêtements d’Elikem que j’ai acheté dans la friperie puis du savon. Maman était comme d’habitude déjà debout
Belle: tu n’aimes pas le lit toi hein. Il n’est que 4h du matin, j’ai dit en chuchotant
Gisèle: tu sais que le samedi c’est la meilleure journée pour les ventes de bouillie, elle a répliqué en ramenant ses morceaux de bois puis le charbon. Toi même tu fais quoi debout?
Belle: je vais laver les habits et sécher avant d’aller à l’hôpital
Gisèle: avec le vilain chien qui rôde dans la maison?
Belle: tu veux dire le chien a qui tu as montré tes crocs quand on est rentré hier et il a fui?
Gisèle: comme ça il sait qu’il n’est pas le seul méchant ici
Belle: lol je n’en peux plus de toi des fois, j’ai dit en riant
Maman et ce chien sont terribles. Lui aussi n’aime approcher que ma mère dans toute la cour. Quand elle ne tire pas les oreilles du pauvre ou l’intimide, c’est qu’elle lui dit de venir s’asseoir à côté et se met à lui raconter les faits divers dans le quartier. C’est ce qui anime mes nuits ou les chaînes nationales à la TV. Des fois j’ai l’impression d’être de retour au lycée juste que j’ai un corps différent maintenant.
Je n’avais pas beaucoup d’habits à laver. Juste cinq grenouillères, quatre justaucorps, les chaussettes et tout le reste. En tout cinquante pièces y compris les couvertures. J’ai pris de tout âge également ne sachant pas comment elle sera avec l’âge. Puis j’ai acheté surtout des couches. Les couches de prématuré coûtent plus cher que les régulières ce qui m’a désolé en voyant ça. Et j’ai même dû chercher pas mal pour en trouver. J’ai lavé les vêtements en chantonnant et l’imaginant surtout dans certaines de ses pièces. Je sais que ce n’est pas le moment de faire les chichis mais j’ai quand même pris le temps de choisir les plus jolies dans ce que j’ai trouvé.
Une fois les vêtements séchés et ma douche prise, j’ai pris la route pour l’hôpital. Je ne dis toujours pas à maman que je marche pour y aller. Je m’arrange pour partir avant et rentrer après elle ce qui est assez simple vu qu’elle prépare sa bouillie et se doit de tenir un horaire régulier. Maintenant j’arrive à marcher avec un peu plus d’aisance mais je fais toujours attention. Ça me prend trois heures pour arriver à l’hôpital. Je vais dans les toilettes en premier pour me nettoyer le corps avec une serviette mouillée puis là je vais voir mon bébé au NICU.
J’arrive et je vois une femme en grande détresse. Eli est à ses côtés. Un autre homme aussi qui enlace la femme. Je suis entrée au NICU et j’ai salué les infirmières avant de me diriger vers ma perle.
Belle: bonjour Eli. Ça va? Ça va toi? J’ai dit en secouant ma main devant l’incubateur
Elle ne me voit pas mais je peux pas m’empêcher de faire ça toutes les fois où je viens ici. Je continuais à lui raconter mes journées jusqu’à ce que je vois Eli arriver du coin de l’œil
Eli: bonjour. Comment ça va?
Belle: bien et toi?
Eli: ca peut aller, il a dit avec un air différent de son habituel regard enjoué
Belle: tu es sûr?
Eli: oui juste des contraintes du métier. Alors tu as pu tirer du lait hier?
Belle: oui j’en ai ici. Je l’ai conservé comme tu m’as dit.
Il me l’a pris puis l’a confié aux infirmières.
Eli: tu viens, on va dans mon bureau. J’ai un truc à te dire
Belle: d’accord, j’ai dit sur un ton appréhensif tout en le suivant
Encore une fois il y’avait plein de boites ouvertes de façon négligée dans son bureau. Et puis c’est lui qui le fait à cause de sa maladresse. La preuve étant qu’il s’est pris un pied dans un carton avant même de s’asseoir. Un carton qui n’était pas sur son chemin mais bref passons.
Eli: bon, cette semaine n’a pas été fameuse pour notre guerrière pour être honnête avec toi
Belle: qu’est ce qui se passe? J’ai demandé alarmée
Eli: nous n’avons pas pu prévenir quelques infections en plus des poumons qui sont
Toujours rigides donc nous devons poursuivre l’oxygénothérapie plus longtemps que prévu.
Belle: okay est ce que c’est l’argent le problème?
Eli: non non. Plutôt que je dois t’expliquer ce que cela peut occasionner à l’avenir. Les bébés comme Elikem qui subissent une utilisation prolongée d’un respirateur ont un risque très élevé de développer une affection pulmonaire chronique due à la grande quantité d’oxygène qu’ils reçoivent. Ce que ça veut dire c’est que probablement tu devras continuer l’oxygénothérapie à la maison ou utiliser un respirateur pour elle. Elle est à risque d’être en sous poids pour un bon moment donc une alimentation hyper calorique est nécessaire. À l’avenir elle sera plus à risque de prendre une grippe ou pneumonie que la plupart des enfants. Dans le meilleur scénario elle ne fera que de l’asthme sinon le plus probable c’est celui que je t’ai expliqué plutôt. Aussi parmi les médicaments qu’elle recevra, elle aura des diurétiques qui à la longue peuvent occasionner de la déshydratation, l’hypertension artérielle et des calculs biliaires. Puis en dernier lieu il se peut qu’elle ait des troubles d’apprentissage, de concentration et peut-être qu’elle soit atteint de paralysie cérébrale.
Le temps s’est suspendu à la fin de sa liste. Je le regardais sans le regarder.
J’ai senti sa main me toucher mais la sensation paraissait lointaine. Sa voix aussi me venait au loin. Je me rejouais ses images ou émissions que j’avais déjà vu d’enfants atteint de paralysie cérébrale. La vie est très éprouvante pour ses enfants. Est ce que je pourrais retourner en France avec Elikem? Est ce que j’aurais facilement le visa pour elle? Comment je vais faire si je ne peux pas? Maman ne peut pas s’occuper d’un enfant à mobilité réduite. Je vais devoir rester donc à Lomé mais est ce qu’il y’a une école ou un centre spécialisé pour eux? Je vais trouver l’argent pour l’y inscrire où?
Eli: Belle....Belle.....respire....
(......)
J’ai ouvert difficilement les yeux. Je reconnaissais le plafond de ma chambre. Les informations se bousculaient dans mon cerveau. J’ai essayé de me lever doucement mais ma tête tournait. Je me suis levée quand j’ai pu. Main contre le mur j’avançais doucement vers les voix venant du salon. Je reconnaissais maman et Eli. Maman a levé un visage baigné de larmes vers moi quand elle m’a vu.
Gisèle: ma fille, tu es enfin debout, elle a dit en se levant pour venir m’enlacer
Belle: qu’est ce qui s’est passé maman?
Gisèle: Eli t’a ramené à la maison. Il paraît que tu es tombée de la chaise dans son bureau
Belle: je ne me souviens de rien
Gisèle: tu as mal à la tête?
Belle: un peu. Mais Eli tu fais quoi ici? Les bébés sont seuls?
Eli: lol j’ai le droit de sortir du NICU quand même
Belle: oui...mes excuses je disais pas que tu devais y rester à vie
Eli: ca va. Je vais y retourner là. Demain je passe te chercher
Belle: pour faire quoi?
Eli: aller à l’hôpital non? J’habite pas loin d’ici
Belle: oh c’est pas nec.....
Gisèle: merci mon garçon. Attend je te donne même quelque chose tu pars avec
Belle: rho maman, j’ai dit en lui faisant les gros yeux mais elle ne connaît pas la honte elle. C’est maintenant qu’elle me vendait correctement
Gisèle: tu ne vas pas te taire hein. Quelqu’un veut t’aider à économiser l’argent du transport tu veux encore faire le gros dos tchip. Tu as menti si tu penses me donner le gros cœur à mon âge. S’il faut même que je te tape pour que tu entres dans sa voiture je vais te chicoter correctement
Eli: heuh je pense pas qu’on ait besoin d’en arriver là. Ce n’était qu’une proposition
Gisèle: non non Hein faut pas regarder son petit visage ici. Depuis petite c’est comme ça qu’elle aime faire le gros dos que non elle ne demande pas l’aide mais elle ne connaît pas. Je ne t’ai pas dit que les gens qui font comme ça ne vont jamais loin dans la vie
Belle: c’est bon j’ai compris, j’ai répondu gênée
Elle a continué quand même à m’insulter pendant qu’elle préparait le colis d’Eli
Gisèle: bon comme tu as vu ma maison c’est tout ce que j’ai ici mais je prépare quand même bien. Peut-être mieux que ta femme ou bien c’est copine tu as?
Belle: Haya maman c’est comment avec toi?
Gisèle: dégage, est ce que ton nom c’est d’abord Eli?
Belle: pardon Eli, merci de m’avoir ramené. Pars avant qu’elle ne te garde ici toute la soirée
Gisèle: regarde moi qui fait la jalousie pour garçon de quelqu’un même. Bon tiens mon grand
Eli: merci maman. Pas de femme en vue mais ça ne m’étonnerait pas que ta cuisine arrive à se rapprocher de celle de ma mère
Gisèle: grand beau garçon comme toi et pas de femme? Tout va bien en bas?
J’ai dépassé Maman, pris la main d’Eli et je l’ai tiré avec moi jusqu’à sa voiture
Belle: je....je sais même pas quoi dire, j’ai dit avec tellement de gêne que mon cou chauffait
Eli: lol c’est bon elle m’a dit pire quand tu étais en convalescence
Belle: Hey baba God, j’ai dit en baissant la tête pour regarder mes pieds tout en imaginant toutes les histoires embarrassantes qu’elle a bien pu raconter au pauvre
Eli: ca te dit un tour quand je finis au NICU?
Belle: tu ne vas pas aller manger?
Eli: je vais manger avant même d’y retourner merci à ta maman
Belle: elle cuisine bien mais des fois elle exagère sur le sel donc....heuh.....garde toi de l’eau
Eli: sounds good. Alors tu veux? Je ne fais rien d’extra. Juste un tour dans la ville. Ça me détend avant d’aller dormir. Si tu n’y arrives pas aussi ça peut t’aider peut-être
Belle: d’accord alors. Je n’ai plus de téléphone mais tu peux me joindre sur celui de maman quand tu auras fini
Eli: sounds good. À toute
Belle: ça marche, j’ai répondu quand il montait dans sa voiture que je ne connais pas du tout.
Je reviens à l’intérieur et maman est encore sur cette histoire d’Eli et son célibat.
Gisèle: mais tu vois qu’il est très beau non. Comment il est célibataire?
Belle: est ce que les beaux sont obligés d’être en couple? Je demandais tout en faisant le ménage quand elle déposait la nourriture à table pour qu’on mange
Gisèle: tu penses que les filles de Lomé voient ça et laissent? Façon elles collent comme l’abeille au miel, l’enfant là devait déjà avoir une au moins de fixe dans sa vie.
Belle: il peut très bien être récemment séparé ou ne veut juste pas en parler ce qui est son droit donc laisse la vie du bon monsieur en paix.
Gisèle: hum avec toi on ne peut pas être un peu curieuse. En tout cas on a dit que l’ignorance tue et moi je ne veux pas mourir de ça donc j’ai demandé.
Belle: s’il vous plaît mangeons dans la paix hein. Dans la paix j’ai dit en la regardant de travers avant de pouffer de rire.
Après le dîner, j’ai rangé les affaires d’Elikem que maman avait plié et déposé sur mon lit puis j’ai pris une douche. Je finissais de m’habiller quand maman hélait mon nom.
Gisèle: téléphone pour toi
Je cours le prendre dans ses mains et c’est le numéro de Tao mais la voix de Farida que j’entends.
Farida: coucou belle. Comment vas tu?
Belle: ça va, j’ai accouché ici donc je vais rester plus longtemps
Farida: quoi? Elle demande surprise
Je lui raconte tout et elle ne fait que pousser des cris d’étonnement
Belle: voilà tu sais tout
Farida: oh la la ma jolie je suis vraiment désolée pour toi. Oh....est ce qu’il y’a quelque chose que je peux faire pour toi?
Belle: en fait j’avais besoin de parler à Tao
Farida: umm.....en fait.....il est un peu fâché contre toi parce qu’il parait qu’Harmonie a dit à toutes leurs anciennes connaissances que Magnim a le VIH en mettant ton message en preuve.
Belle: Dieu.....je lui ai juste dit d’aller faire son test
Farida: comme il est fâché....tu peux me dire ce que tu veux je vais lui dire
Belle: non ça va. C’est pas si important. Tu as des nouvelles de Ciara?
Farida: oui, Elle est partie en Suisse chez un ami médecin d’Antoine de ce que j’ai compris des mots de loussika. Son état s’est empiré et un ami d’Antoine qui est médecin a demandé qu’elle vienne le voir
Belle: et il y’a un numéro sur lequel je peux la joindre?
Farida: j’avais demandé à Loussika aussi mais elle n’avait aucun à me donner sauf celui d’Antoine mais il m’a dit de ne plus l’appeler quand je l’ai fait
Belle: okay je vois. Et Magnim tu sais quelque chose?
Farida: heuh c’est que Tao ne me parle pas de lui aussi. Quand je demande il me répond juste selon toi.
Belle: hum. Et toi même comment tu vas? L’école c’est pas trop difficile
Farida: je m’accroche mais vous me manquez. Je me sens seule cette année surtout. Je ne suis plus dans la même école que mon amie Lydie et j’ai d’autres trucs aussi dans ma vie ici. Mais bon c’est rien comparé à toi
Belle: on a tous nos défis ma jolie. Les tiens aussi sont importants. Je n’ai plus de numéro mais tu peux toujours m’écrire ici sur celui de maman
Farida: d’accord. Je vais te laisser. Je dois étudier
Belle: okay beaucoup de courage. La bonne chose avec les défis c’est qu’ils ne durent pas et rappelle toi tu as traversé pire avant donc tu peux encore cette fois ci
Farida: merci encore et n’hésite pas si tu as besoin de quelque chose. Je peux peut-être t’aider ici
Je l’ai remercié puis nous avons raccroché. Farida n’a pas un sou si ce n’est ce que Tao lui donne. Je ne vais pas le tirer dans mes affaires s’il ne veut pas entendre parler de moi. Je suis retournée me coucher dans ma chambre jusqu’à ce que maman me rappelle pour Eli.
Gisèle: et tu lui poses les bonnes questions hein, on doit confirmer ce célibat
Belle: va dormir Zizèle
Gisèle: tchip je t’attends ici. Je ne ferme pas ma porte si tu ne rentres pas
Belle: je ne vais pas traîner, j’ai répondu en lui faisant bye de la main
Eli m’attendait accoudé à sa voiture. Il était dans une tenue différente. Un T shirt et pantalon d’intérieur rouge bordeaux. Il avait la face de quelqu’un qui venait juste de se laver
Je me suis installée et il a démarré. Je me suis instinctivement accrochée à la portière au début tellement le démarrage était soudain.
Belle: heuh on est toujours dans une voiture ou une fusée?
Eli: lol c’est le compliment le plus flatteur qu’on ait fait à ma tesla. C’est bel et bien une voiture. Mon petit bijou
Belle: pardon je suis aussi le bijou de ma maman et elle aimerait me revoir en un morceau
Eli: okay comme tu demandes, toutefois je précise que je ne roulais pas vite
Belle: hum c’est moi qui suis assise à tes côtés hein. J’ai vu autre chose.
Eli: lol c’est mieux comme ça?
Belle: oui merci. Tu es rentré finalement à la maison avant de venir?
Eli: non pourquoi?
Belle: oh rien. Tu avais juste la tête de quelqu’un qui a pris une douche
Eli: j’en prends toujours une à la clinique avant de rentrer à cause de ma fouineuse de maman
Belle: tu vis aussi avec ta maman alors?
Eli: et mon père aussi imagine à 31 ans
Belle: y’a rien de mal à vivre avec ses parents si tu te sens à l’aise là-bas
Eli: ah c’est la premiere fois que j’entends ça d’une femme surtout. On me demande souvent ce que j’attends pour prendre mon envol
Belle: bof c’est pas moi qui parlera du choix de vie de quelqu’un en tout cas. Tu fais ce qui te convient le mieux.
Eli: et toi? Tu as toujours vécu avec ta maman?
Belle: non j’étais en France il y’a peu. J’avais toute une vie là-bas. Je suis juste rentrée pour voir maman et Elikem a décidé de venir au monde sur sa terre natale.
Eli: eh bien, une année de fou qu’elle t’a donné.
Belle: et bien plus. J’espère pouvoir lui donner beaucoup à mon tour, j’ai répliqué songeuse tout en admirant les lumières de la ville. Nous sommes sur la route de GTA. Il y’a très peu de circulation. Peu à peu mes paupières se fermaient et le temps que je me rende compte j’étais de retour dans mon lit. Je me suis réveillée brusquement. Il faisait nuit noire. Personne n’était réveillé. J’aurais cru qu’hier était un rêve si Eli n’avait pas allé le matin pour prévenir qu’il arrivait dans une trentaine de minutes.
Belle: comment j’ai atterri dans mon lit hier? J’ai demandé en m’installant
Eli: ma voix mielleuse t’a bercé hier au point que tu t’endormes jusqu’à baver
Belle: mentir c’est pas bien
Eli: de te montrer des photos?
Belle: photos? J’ai demandé en écarquillant les yeux
Eli: lol du calme. Je rigole pour les photos mais tu as bien lavé le siège de ma Tesla par contre.
Belle: je ne sais absolument pas de quoi tu parles. Tu signes dans la médisance, j’ai répondu très embarrassée
Il a éclaté de rire et Dieu merci il a changé de sujet aussi. Une surprise inespérée m’attendait à notre arrivée. Après son Check up matinal et les discussions avec les infirmières, il se retourne vers moi tout souriant et me pose une question qui me cloue le bec
Eli: c’est le moment de sa toilette puis on va essayer de la nourrir à la seringue. Ça te dit de faire enfin un peu de peau à peau?
Belle: je.....je....elle est assez forte?
Eli: mais oui. Elle n’a pas l’air simplement mais elle tient bien
Belle: oui...j’aimerais.
Eli: okay donne nous un moment le temps de la mettre à son beau jour pour maman
Il l’a sorti de l’incubateur avec une habileté déroutante. Je suivais des yeux tous ses gestes tout en les notant mentalement pour quand je serais seule avec elle à la maison. J’avais ramené des vêtements d’elle aujourd’hui et ils lui ont mis le petit bonnet jaune avant de la poser sur moi et placer correctement mes mains. Sa petite joue a touché ma peau et une paix inexplicable m’a envahi.
Belle: coucou ma perla. Je...je peux toucher sa tête Eli?
Eli: oui tout doucement
Belle: hey ma petite perle. Ça va? Tu es debout?
Tout sur son visage j’admirais. Du gros cathéter qui couvre une bonne partie de sa face jusqu’à sa peau toute plissée. Elle était toute chaude. Nous sommes restées dans cette position pas pour si longtemps que ça. Probablement entre cinq et dix minutes mais j’étais gonflée à bloc quand je l’ai redonné. Je suis restée à l’hôpital jusqu’à midi, la pause d’Eli puis j’ai décidé de rentrer.
Eli: tu vas marcher encore?
Je l’ai regardé avec surprise. Il n’avait pas l’air de rigoler.
Belle: comment tu sais?
Eli: je garde mes secrets. Je ne vais pas te rappeler comment c’est dangereux pour toi de faire ce que tu fais. Tu as tes raisons. Cependant je ne peux pas te laisser continuer en tant que médecin. Elikem va probablement sortir d’ici plus tard que prévu. Quand elle sortira elle aura besoin d’une maman qui peut tenir sur ses pieds donc pour cette raison je vais t’emmener à l’hôpital et je te ramène après.
Je me suis mordue violemment l’intérieur de la bouche pour ne pas pleurer même si je sentais mes yeux se remplir. J’ai tourné la tête un tas de fois et fait mes exercices pour que rien ne tombe. Je ne veux plus pleurer pour mon sort. Je n’ai pas prévu mais je dois faire avec maintenant.
Eli: tu as besoin de quoi?
La phrase de maman sur savoir demander de l’aide m’est revenue
Belle: du.....je veux du travail. N’importe quel travail.
Eli: tiens, il a dit en fouillant dans sa poche. Voici l’adresse d’une association qui aide beaucoup à trouver du travail ici. Dis que tu viens de la part d’Eli Laré AW
Belle: je te revaudrai ça. Je te jure. Merci énormément
Eli: commence par ne plus marcher si tu peux. Je ne peux pas te ramener maintenant à cause du travail mais.....
Belle: je vais me payer le taxi ça va. Encore merci et on se voit demain?
Eli: ce soir pour faire un tour et je te berce, il a dit avec un sourire
Je lui ai retourné un sourire aussi. Un vrai depuis un bon moment. La vie comme je la connaissais est finie mais ça ne veut pas dire que la mienne de vie doit finir aussi. Je pries fort que cette association soit le début d’un peu de stabilité pour maman, Elikem et moi. Au retour, maman me disait qu’un certain Tao a appelé en laissant le message qu’il ira à Montpellier pour s’occuper de mes affaire quand je serais prête. Un début. J’y crois. Je m’accroche.
Farida Bouraima
Je fais semblant de dormir parce que Tao est au téléphone avec sa maman. Je n’avais pas commencé à le faire sciemment. Je dormais vraiment puis la voix de maman venant de son appel m’a réveillé. Je suis restée immobile pour entendre parce qu’ils parlent de moi et un incident qui est arrivé dernièrement
Tao: tu peux m’expliquer comment Kenza connaît mon adresse?
Ma’a Tao: Elle voulait venir me voir donc je lui ai donné
Tao: et tu lui donnes mon adresse quand tu es chez ta sœur au Luxembourg?
Ma’a Tao: je lui avais donné depuis mon fils. Mais elle ne m’a pas prévenu avant de venir. Je ne lui ai rien conseillé
Tao: je déteste les problèmes maman tu le sais très bien. Kenza est très provocante.
Ma’a Tao: depuis quand? Tu connais Kenza depuis le lycée quand même. Elle venait toujours à la maison avec sa sœur aînée non
Tao: la Kenza que je connais est différente de la tienne
Ma’a Tao: hum tu es sûr que ce n’est pas Farida qui te met des choses dans la tête?
Tao: je ne vais pas pratiquer la polygamie maman. Arrête de forcer
Ma’a Tao: tu ne penses peut-être pas à ton avenir mais moi si. Tu sais que ton père compte beaucoup sur toi. Tes autres frères ont dilapidé leur argent dans les futilités ou n’ont pas suivi ses conseils. Ne suis pas leur voie aussi mon fils je t’en prie. Ton père te tient en grande estime et te soutient parce que tu es in garçon décidé qui sait ce qu’il veut depuis le lycée
Tao: je ne vais pas vivre ma vie selon les erreurs que mes frères ont fait. Je sais que tu penses à mon avenir mais tu n’y penses pas plus que moi.
Ma’a Tao: maintenant tu vas faire comment alors si tu ne touches pas ton héritage? Tu vas construire ton cabinet avec quoi?
Tao: ........
Ma’a Tao: je ne comprends pas ce qui est si mal dans ce que j’ai proposé. On a pas dit que Farida sera délaissée. Moi même j’ai eu une coépouse. Tu considères la maman de mamy comme ta mère non? Nous avons vécu en paix et harmonie donc quel est le problème? Toutes ses filles sont gentilles. Elle a même l’option de choisir ce que beaucoup n’auraient pas
Tao: ça c’est toi maman. Tu es d’une autre époque. Comprend ça. Elle aussi l’est. Elle ne veut pas de coépouse
Ma’a Tao: je suis très déçue d’elle surtout après tout ce qu’on a fait pour elle. C’est elle qui a menti et t’a entraîné dans toute cette histoire. J’ai pris des risques pour la sortir de cette maison. Bien que j’ai découvert son mensonge je n’ai pas révélé à ton père. Je la traite comme ma fille. Tu paies son école. Ton père envoie de l’argent pour que tu lui donnes et le peu qu’on lui demande elle fait les crises jusqu’à venir te raconter? Vraiment je sais pas quoi penser d’elle. Tout ce qu’on a fait pour elle est ce que c’était notre responsabilité? Non mais nous avons pris sur nous et agit par bonté comme le prophète le recommande. C’est comme ça qu’on remercie quelqu’un qui vous fait du bien Tao? Elle est quelle femme si elle ne pense pas à ton avenir?
Tao: je te répète qu’elle n’est pas de ton époque. Comment tu es, elle est différente et puis elle a vécu dans une famille polygame. Elle a subi des sévices à cause des crises justement dans cette famille polygame. Tu ne penses quand même pas qu’elle sera à l’aise avec cette idée
Ma’a Tao: donc elle vient prendre prendre seulement chez toi et elle ne te donne rien en retour?
Tao: je vais trouver une autre option maman, il a dit sur un ton las
Ma’a Tao: hum moi je continuerai à t’en parler parce que ton avenir me tient à cœur. Je veux que tu réussisses et ton bonheur me tient à cœur
Tao: okay maman. Je vais me recoucher. On se parle quand tu reviens
Ma’a Tao: je reviens dans deux semaines hein. Pardon appelle-moi demain
Tao: tu aimes trop ça. Bonne nuit il a dit sur un ton drôle
Puis il s’est couché sur son côté. Mon coeur est meurtri et je ne sais pas quoi faire. Tao a perdu son emploi il y’a quelques jours. Information que Maman ne sait pas encore. Je la vois déjà être déçue de moi si elle sait que je suis au courant et je refuse toujours que Tao prenne une seconde femme.