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Write by anomandaris

Après son récit, le silence couvrit la pièce comme un châle, rompu juste par le léger grésillement de la télé mise en sourdine. Cyrus se rendit compte une fois ses yeux ouverts qu’il avait crispé sans le savoir ses doigts sur le bord de son fauteuil, et Yvan tenait son stylo suspendu au-dessus de son carnet, captivé par la détresse de sa cliente, incapable de dire, de faire quoi que ce soit. Puis il échangea un coup d’œil avec Cyrus, et la perspective que ce à quoi ils pensaient soit vrai fit déglutir en silence le roux.


— Bon, fit Yvan d’un air blasé, tu n’as rien oublié, si ? (Hilary secoua la tête) Bon, juste quelques éclaircies. Est-ce qu’il y’a peu, une de tes connaissances t’as prise en grippe ?


— Comment ça ? S’étonna Hilary d’une façon caricaturale. Me détester ? (Elle fixa le plafond blanchi à la chaux un moment) Oui. J’ai rompu il y’a quelques mois avec un garçon. Il m’a harcelé pendant des semaines, jusqu’à ce que Kyle lui donne un rendez-vous sur mon téléphone. J’ai supplié Kyle de ne pas faire ça, parce que je sais qu’il est impulsif. Après ça, Liam — mon ex — ne m’a plus écrit. Il y’a aussi… (elle parut pensive un moment) non. Non. Juste lui.

Après avoir griffonné un certain temps dans sa feuille, Yvan poursuivit :


— Un de tes proches est mort il y’a peu ? Un ami, un membre de la famille ?


— Non… enfin, si. Notre voisin, le commissaire Morgan Dunley. On l’a enterré… quelques jours avant la soirée où je me suis fait attaquer la première fois. (Elle parut soudain inquiète) Vous voulez dire que…


— On ne peut rien dire de certain sans avoir vu de nos propres yeux, sans le moindre doute, la preuve de nos théories, dit Cyrus. Toi, qu’est-ce que tu en penses ?


— Que Morgan Dunley est un héros. C’est le seul mort du côté de la police lors de leur descente dans le quartier Lowton. Je le connaissais depuis toute petite. Il ne me ferait jamais rien de mal. Et puis… les fantômes, ça n’existe pas, si ?


— Si seulement », marmonna Yvan, si bas que Cyrus douta qu’Hilary l’ait aussi entendu. Il se leva du canapé et partit dans l’armoire de droite du milieu de l’immense commode derrière le fauteuil de Cyrus. Quelques froissements et tintements plus tard, il revint avec un pendentif qu’il tendit à la jeune fille.


— Tu vas mettre ce pendentif, lui dit Yvan. Et ne le retire sous aucun prétexte, jusqu’à nouvel ordre. C’est un objet consacré. Il repoussera toute menace maléfique à ton encontre.


— Et ça coûte combien ? Demanda-t-elle en passant l’objet par-dessus sa petite tête sans ouvrir le fermoir.


— Cinquante dollars.

Elle sortit les billets d’une poche de son sac en peau de crocodile et paya. Le verre rouge du pendentif scintillait sur sa poitrine comme une grosse goutte de sang séché. Cyrus aurait bien doublé le prix du pendentif, bien que l’objet ne vaille pas plus de cinq dollars en brocante. C’était son argent de poche, après tout. Yvan avait déjà reçu sa paie d’une certaine façon, à l’insu même d’Hilary.


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