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Write by Lilly Rose AGNOURET
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Lorsque j'arrive à la maison,
je trouve maman dans le salon en conversation avec ses petites filles. Dans la
chambre, Pupuce se prépare à sortir.
« Je vais voir Papa Jimmy à
son bureau. Il m'a appelée. »
« De quoi allez-vous discuter
? »
« Je n'en ai aucune idée. Je
vais écouter ce qu'il a à me dire. »
« Au fait, maman vient de me
dire que Kaba a appelé. Elle va passer voir les petites tout à l'heure. »
« Et alors ! Qu'est-ce que ça
peut me faire. Quelqu'un t'a dit que j'ai envie de voir sa face ici ? »
« C'est ta mère, je te le
signale. »
« Oui, mais il n'y a pas de
poubelle dans laquelle on peut jeter les enfants quand il nous dépasse. Et elle
m'a mise à la poubelle. Ça, je ne l'oublie pas. »
« Ok. Je n'ai rien dit. Passe
le bonjour à Papa Jimmy. »
« Je n'y manquerai pas. Au
fait, elle va comment Marc-Elise ? »
« Euh !!! Je pense qu'elle
peut oublier Antoine. Il est trop choqué par ce qui s'est passé. »
« Tu m'étonnes. En tout cas,
c'est qu'elle ne se laisse pas ronger par le remords et se remette d'attaque
pour le bac. »
Je décide de rester couchée
sur le lit et me mets à lire mes cours de philosophie. Cet après-midi avec les
filles, nous allons travailler l'histoire-géo et la biologie. Miro m'envoie
alors un message. Il vient me chercher à 19 heures. Nous allons assister à un
concert donné dans le jardin de l'Alliance Franco-gabonaise pour le 14 juillet.
Yo ! Où vais-je trouver une robe, là, maintenant ? Y a pas d'argent. Alors, je
lui réponds que je ne veux pas sortir et que je préfère rester pour étudier. Il
m'écrit alors :
« Tu as besoin de prendre
l'air pour avoir les idées claires le jour J. Fais-moi confiance. »
Le fameux jour J que l'on
vivra cette année en fin juillet, alors que lui, il est déjà en vacances.
Alors, j'accepte.Après lui avoir dit que je passe l'après-midi avec les filles,
à bosser.
« Tu veux que je vous apporte
quelque chose à manger ? », me demande t-il.
« Euh ! Je sais pas. Tu sais
que les filles adorent les pizzas. »
« Ok. Alors, je commanderai à
13 heures, cinq pizzas au Rétro et je demanderai à Samba de vous les apporter.
»
« Efficacité. »
« Qu'est-ce que je ne ferai
pas pour cette petite gabonaise qui a mangé mon cœur. »
« Hummmm ! Et encore, tu n'as
rien vu. »
« Oh, oh, oh, oh ! Prière de
ne pas me provoquer sinon, tu te retrouveras toute nue dans mon lit avant même
de t'en rendre compte. »
« Je t'aime, monsieur mon
cœur. »
« Moi, dix fois plus, Tania
Akendengue.
Hummm ! L'amour-là aussi ! Ça
rend vraiment maboule !
Avant de raccrocher, il me
balance :
« Au fait, dis à ta copine
qu'Antoine prend l'avion ce soir pour Libreville. Demain soir, il s'envole pour
Paris. Il a anticipé son départ. »
« Il va si mal que ça ! »
« Oh ! Je crois que oui. Ça
lui passera, je crois. Il ne s'attendait pas à ce que sa première expérience
sexuelle soit retransmise en direct, tu comprends ! »
« Ouais, je comprends. Dis-lui
que Marc-Elise est vraiment confuse. Elle ne sait plus où se mettre. »
« Qu'elle le lui dise
elle-même. Qu'elle lui envoie un message. Je crois qu'il prendra la peine de le
lire. »
« Ok. Je le ferai. Je t'aime,
beau gosse.
« A tout à l'heure, princesse.
»
Quand je raccroche, j'entends
la voix de grand-mère qui arrive accompagnée de Kaba. Je sors de la chambre
pour aller les saluer.
« Bonjour tante Agnès. Comment
vas-tu ? »
Elle ne prend même pas la
peine de me sourire et répond sèchement :
« Je vais bien. »
Yo ! Je préfère alors me
tourner vers ma grand-mère.
« Mémé, tu es en forme ce
matin. Comment s'est passée ta nuit ? »
« J'ai bien dormi, ma chérie.
Mon homme est rentré des lacs en fin de journée. Nous avons passé la nuit à
discuter. »
« Et notre part de poisson est
où ? »
« Oh ! On a oublié la glacière
dans la voiture. Vas la chercher, s'il te plaît. »
Je prends les clés que me tend
Kaba et je vais sortir la glacière de la voiture. Je passe par derrière pour
atterrir directement dans la cuisine. Là, je commence à séparer le poisson et à
ranger, minutieusement le tout dans le congélateur. Je laisse trois mulets
dehors pour en faire un bouillon.
« Bon, la vieille, je cours
rapidement au marché acheté quelques aubergine et de l'oseille. À tout à
l'heure. »
« Ok. Nous sommes là. »
Je les laisse discuter et file
à pieds, au marché du grand village. Je reviens une demi-heure plus tard et me
mets à concocter le fameux bouillon de poisson. La cuisine terminée, je
retourne dans ma chambre. Je remarque au passage que Kaba tient, Jade dans ses
bras et je me dis que c'est un bon début.
Il est 14h moins dix quand les
filles arrivent. Nous nous installons sur la table de la terrasse derrière la
maison. Dix minutes plus tard, Samba, le chauffeur de Miro, nous apporte nos
pizzas.
Lorsque Jileska me voit
arriver avec la bouffe, elle s'écrit :
« C'est ça même la vérité !
Pardon, emmène ça là, près de mois. Ca va me changer du paquet de silures de ma
mère ! »
« Humm ! Tu oses critiquer la
bouffe de ta vielle ! », la taquine Sharonna.
« Et, ma go ! Je ne peux
critiquer, oh ! Mais là, ces pizzas-là me font des clins d’œil. Qui peut
résister ! »
Nous mangeons histoire de nous
ouvrir l'esprit avant de nous jeter dans le travail.
« Miro dit qu'il ne comprend
pas pourquoi nous passons autant de temps à travailler. », fais je.
« Dis-lui que c'est parce
qu'il y a des trous dans la tête de Jileska. Il suffit que je me relâche un
jour pour tout oublier. Tout le monde n'est pas intelligent comme lui ! », fait
Jileska.
« Heureusement que tu es là
pour nous faire rire, Jileska ! »
« Marc-Elise me dit qu'elle ne
sort plus de chez elle jusqu'au jour du bac. Les blancs-là lui envoient des
messages pour lui proposer des partouzes. Il y a des lesbiennes qui lui ont
fait des avances. Elles se demandent comment tout le monde a eu son numéro de
téléphone. », nous annonce Sharonna.
« Elle n'a qu'à changer de
numéro », fait Jileska.
« Je pense que c'est ce
qu'elle fera. Elle a même peur qu'on la reconnaisse en route. C'est la psychose
en ce moment. Elle se sent mal. », ajoute Sharonna.
« Elle ne peut rien y changé
», fait Gaëlle. « Qu'elle change de numéro et pense à autre chose. La vie
continue. »
« Mais, elle me dit qu'elle
est amoureuse d'Antoine et qu'elle est profondément affectée. », continue
Sharonna.
« Ça va lui passer », fais-je.
« Miro m'a dit qu'il s'envole ce soir pour Libreville. Demain soir, il prend
l'avion pour Paris. »
« Sans lui dire au revoir ?
Elle sera terrassée », nous lance Sharonna.
« Je ne sais pas quoi penser,
» fait Jileska.
« Je suis perplexe, moi aussi
», ajoute Gaëlle.
Nous décidons alors d'appeler
la copine pour l'encourager à envoyer un message à Antoine. Elle nous répond :
« Il m'a dit de l'oublier et
de lui foutre la paix. »
On se demande pourquoi il est
si dur ! Et elle nous répond :
« Quelqu'un a posté une photo
de nos corps tous nus sur Facebook en mettant pour légende :
#M-E, le meilleur coup de
Port-Gentil. #
Il y a 2800 commentaires sur
cette photo. Je ne peux plus sortir dans Port-Gentil. On se verra le jour du
bac. Bisous. »
C'est là que je me rends compte
que la notion de liberté avec laquelle le prof de philosophie nous bassinait en
classe, prend tout son sens. Ces nouvelles technologies sont vraiment venues
foutre la merde dans nos vies.
« Saloperie d'Internet »,
fais-je en déposant mon téléphone sur la table.
« Internet n'est pas à blâmer.
C'est nous les hommes qui abusons. Tout ce qui se passe dans nos vies, on va le
poster sur Facebook, ou instagram ! Faut consommer maintenant ! », fait
Sharonna.
« Pardon, travaillons sinon,
on va devenir bête. », conclut Gaëlle.