34-

Write by Lilly Rose AGNOURET

34-

 

Avant de dormir, je suis obligée d'envoyer un whatsapp à la copine.

~Mais ça c'est quel goût toi aussi !?~

 

Sept heures du matin, une réunion de crise se tient chez Jileska. Gaëlle, et moi écoutons Jileska qui n'en revient toujours pas. Marc-Elise, elle non plus ne sait plus comment se justifier. Elle est arrivée l'air penaud. Et arrive tout juste à nous regarder dans les yeux.

« Sinon, s’il faut dire la vérité, la fille de Nazaire Ontala et d'Elisabeth Ogoula est vraiment bête ! Ma go, c'est de quel côté d'Akiéni ou d'Omboué qu'on t'a appris à utiliser la Webcam ? »

Marc-Elise regarde Jileska et ne peut s'empêcher de sourire par dépit.

« Les filles, laissez. J'ai trop honte. Le gars m'a carrément chassée de chez lui à 5h du matin ! Il m'a tirée dehors comme une chienne. Il ne manquait plus que le coup de pied. Il m'a balancé un billet de 5 mille pour la taxi et est repartit dormir. »

« Mama, tu ne nous as jamais montré cette face de toi ! On aurait dit que c'est toi qui a inventé le Kama Sutra tellement tu as chevauché le pauvre type. Il a dû se dire que ce n'étais pas la même Marc-Elise et qu'on t'avait changée ! Tu t'es shootée ou quoi ? Fallait t'entendre crier. »

« Comme j'avais peur de ne pas aller jusqu'au bout, j'ai pris un peu de Jack Daniels pour me donner du courage. Je n'aurais pas dû, n'est-ce-pas ? », fait Marc-Elise.

« Ah ça ! C'est fort. Depuis quand tu bois ? Tu voulais montrer à qui que tu es capable ? », demande Jileska.

« Oh, laissez , oh ! C'est plus la peine d'ajouter. Mon cul est partout dans les portables de ces blancs-là. Je ne sais même plus si je pourrais regarder Miro en face. », nous fait Marc-Elise.

« Je peux te dire qu'ils ont tous été choqués. Ça les a amusé au début. Mais comme leur ami est très touché, ils sont solidaires. Tu a été vraiment bête. »

« Laissez, oh ! Je n'ai plus de mots. Est-ce que je savais que ça filmait. »

« Mais toi aussi, c'est quoi cette histoire où tu es allée toucher les choses que tu ne connais pas. Est-ce que chez toi, tu as un ordinateur dans la chambre ? C'est pas, nous tous on va mourir au cyber café quand il faut taper des exposés ! Tu étais maintenant là que pénarde devant la camera en train de nous envoyer des messages. D'habitude, tu n'utilises pas ton téléphone. », fait Jileska complètement dépassée.

« Faut pas trop parler, mama. Je te dis que quand il m'a dit d’éteindre après utilisation, j'ai appuyé un bouton. Est-ce que je savais que ce n'était pas le bon bouton ! », fait Marc-Elise pour ce justifier.

« En fait, tu ne sais plus lire, si je comprends bien ? », lui demande Gaëlle.

« L'affaire-là ! Donc, on ne peut pas oublier. J'ai déjà assez honte comme ça ! Si Nazaire Ontala apprend ça, il me fout à la porte de chez lui tout de suite ! Oyo ! Qu'est ce que j'ai fait ? Les blancs-là, aussi ! Ils étaient obligés de s'envoyer la vidéo comme ça ! »

Nous restons là à la regarder sans trop savoir quoi lui répondre. Puis, Gaëlle lui demande :

« Dis-moi un peu qui t'a appris toutes ces choses qu'on te voit faire dans la vidéo. Ma copine, tu étais en amazone sur le gars, comme si tu faisais ça tous les jours !!! »

« la, tu ne peux plus nous mentir, la go ! On t'as piané. Tu n'étais plus pucelle. Dis la vérité., lui fais-je.

Elle nous regarde avec son air de chien battu et nous annonce :

« Bon, c'est vrai. Je n'étais plus pucelle. Voilà ! »

« c'est trop facile, Marc-Elise. Tu vas nous dire toute la vérité. On ne sait jamais rien cachée ici. Tu es là tout le temps à écouter nos délires à Jileska et à moi, et tu oses nous cacher les tiens. Crache le morceau. Avec qui as-tu couché avant Antoine. On veut tout savoir. »

Je reste là, surprise. Marc-Elise joue à la fille pucelle chaque fois qu'on est ensemble. Elle m'a encore chanté la veille qu'elle va donner sa virginité à Antoine parce qu'il est spécial et la traitait comme une princesse. Et voilà qu'on découvre le pot aux rose.

« Dis-nous la vérité, aujourd'hui. Avec qui as-tu couché avant ? D'où te vient toute cette expérience ? »

Acculée, Marc-Elise se met à pleurer. Cela ne dissuade pas Juleska qui l'assomme encore de question pour qu'elle lâche le morceau.

« Ma copine, on t'as vu. Tu lui a tapé une pipe. Qui t'a appris à faire ça ! »

C'est vrai que dans la vidéo qui dure près de 4 heures, tout y est passé. Un vrai film érotique. Il y avait les gémissements d'Antoine, les cris de Marc-Elise, et ses mains expertes qui ont travaillé le pauvre métis thaïlandais, comme s'il devait être marqué au fer rouge par cette petite portgentillaise de Marc-Elise Ogoula Ontala. A sa place, la honte m'aurait tuée sur place. Je serais allée m’enterrer moi-même au cimetière municipal.

Elle est là, qui se triture les doigts comme si elle cherchait encore un recours pour ne pas nous raconter ses secrets.

« Dépêche, la copine, on veut savoir. On ne bouge pas d'ici tant que tu ne nous dis pas tout. », insiste Jileska.

Il est maintenant 9h et mademoiselle ne veut toujours pas parler. Nous sommes toujours derrière, sous le manguier dans la cours des parents de Jileska. Et les filles s'impatientent.

« Dis-nous tout Marc-Elise. »

Elle nous regarde avec des yeux incertains et nous lâche l'info qui fait l'effet d'une bombe.

« C'est avec Peter. »

« Quoi avec Peter. C'est qui Peter. »

« Je sortais avec Peter Malonga. C'est lui qui m'a tout appris. On est sorti ensemble pendant 3 ans. »

 

Nous sommes là que sans voix. Un avion aurait pu s'écraser à nos côtés, que nous ne l'aurions pas entendu.

« C'est quoi cette histoire ! Tu rigole, Marc-Elise. Tu étais avec ce type pendant 3 ans et tu ne nous as jamais rien dit alors qu'on mange le riz popo ensemble ? », fait Jileska.

« Tu es une meurtrière, Marc-Elise ! », s'écrie Gaëlle. « ce n'est pas possible ! Ça fait combien de temps qu'on marche ensemble, qu'on rigole, qu'on fait les folles ! Et c'est aujourd'hui qu'on apprend ce dont tu es capable ! »

Moi, je ne trouve rien à dire. La nouvelle m'a complètement désarçonnée. Comment est-ce possible qu'on n'ait jamais rien soupçonné ?

« Au point où nous en sommes, il faut qu'on sache. Qui de nous a aussi couché avec ce type. », demande Jileska.

Nous nous regardons toutes.

« Je n'ai jamais rien fait avec personne. »

« Malonga n'a jamais vu la couleur de mon string. »

Et Jileska de conclure :

« Je ne comprendrais jamais comment ce type a pu finir les gos à Pog comme ça ! En tout cas, Marc-Elise, tu nous a tuées. »

Nous restons là à la regarder comme si nous la voyions pour la première fois. Juleska du mal à se remettre de la confession que nous venons d'entendre. Gaëlle semble dépassée, mais essaie de ne pas se laisser affecter. Moi, j'ai l'impression d'avoir quelque chose de briser en moi. Ma copine ne nous faisait pas assez confiance pour nous confier ses secrets. Qu'a-t-elle pu nous cacher d'autre?

« Vous disiez tout le temps qu'il était con. Pourtant, c'est quelqu'un de très tendre. J'étais amoureuse de lui. C'était comme une drogue. Je n'arrivais pas à lui dire non. », fait Marc-Elise,

« Donc, tu allais te faire baiser chez lui alors que tu te moquais de Pupuce quand elle disait combien elle était amoureuse de lui. »

« Je n'allais pas chez lui. Il venait chez moi. Je lui ouvrais la fenêtre de ma chambre tous les mercredis et tous les vendredis. Tu sais bien que ma mère fait les garde de nuit à l’hôpital et que mon père fait les quarts à l'usine SOGARA. J'étais seule à la maison. », se justifie Marc-Elise.

« J'en ai assez entendu », fait Gaëlle. « Je rentre chez moi. « On se voit cet après-midi pour bosser.

« A tout à l'heure ! », lui fais-je.

« Je suis vraiment déçue, Marc-Elise. Je pensais que nous étions amies...mais là, je ne sais pas. Je suis déçue. », ajoute Gaëlle avant de partir.

 

Alors que Gaëlle s'en va, je reçois un sms de Miro.

Où es-tu ?

Je lui réponds que je suis avec les filles.

Il écrit :

« Dis à ta copine de faire attention, la prochaine fois. J'ai du mal à calmer Antoine tellement il est en rogne contre elle. Il pense qu'elle l'a fait exprès !»

 

Même si elle l'a fait exprès, à quoi cela a t-il servi ? Je prends congé des filles malgré que Marc-Elise me supplie :

« Ne m'abandonne pas Tania. »

Je suis obligée de lui faire un bisou en partant. Je la laisse avec Jileska qui semble avoir envie de la secouer sérieusement pour qu'elle confesse toutes ses fautes.

           
PUPUCE- (tome 1)