45: Et à une date que j’ignore, un jour je partirai
Write by Gioia
***Belle Laré Aw***
Mon coeur tient toujours sur un fil fragile quand on visite le cardiologue d’Aïdara. Jusqu’à présent on a réussi à éviter la chirurgie pour corriger son souffle cardiaque mais des fois il s’aggrave et bonjour la panique. Encore une fois on sort de là avec des nouveaux médicaments à utiliser. Comme Ciara voyage pour le travail dans peu, je fais un crochet chez elle avant de rentrer à la maison. Sa boîte n’est vraiment plus comparable à ce qu’elle était au début. Avant je pouvais venir ici, on allait discuter pendant des heures et se tourner les pouces. Aujourd’hui, son personnel qui s’est au passage encore agrandi de deux membres est tout le temps au travail. Elle a même loué le local à côté du sien pour élargir son espace. Aïdara remet ses écouteurs après avoir embrassé sa tante. Je prends place aussi le temps que mon amie finisse son échange avec son assistante.
Ciara: et tu me ramènes les contrats d’affrètement qu’on a fait la semaine passée.
Ama: ok, et je rajoute une copie des connaissements (terme technique) aussi?
Ciara: non ce n’est pas nécessaire. Laisse Octave se charger de ça
Ama: d’accord madame. Ça sera tout?
Ciara: Oui je pense hein. Bon si un détail me revient je te préviendrai
Ama: d’accord.....heuh s’il vous plaît pour la date que vous m’aviez demandé, mon mari a dit qu’à la fin de la semaine prochaine on sera prêt à vous recevoir
Ciara: Ah d’accord, je vais prévenir le mien et je t’appelle.
Ama: merveilleux, elle dit avec un sourire, me salue de la tête puis sort
Ciara: Alors comment va ma choupinette?
Belle: encore d’autres médicaments à essayer, je dis exaspérée
Elle plisse sa bouche en signe de compassion et coule sur Aïdara un regard attendrissant
Ciara: un jour tu verras tout ça sera loin
Belle: que ce jour s’empresse de venir alors parce que j’en ai sincèrement marre que les médecins me ballottent mon enfant. Déjà je ne digère pas qu’on lui ai fait prendre des médicaments contre la TDAH pendant des années pour finalement qu’un autre neuropsychologue nous disent que les traits qu’elle présente se rapprochent plus d’un trouble d’apprentissage non verbal. Tu te demandes ce qu’ils étudient au juste dans leur médecine pour ne pas savoir émettre un diagnostic correct!
Ciara: Eli n’est toujours pas partant pour la plainte?
Belle: il me sort le gros français comme quoi ça serait très difficile de prouver une faute médicale liée à un diagnostic différé dans un domaine aussi vaste que les troubles psychomoteurs
Ciara: en même temps il est dans le domaine medical depuis des années Belle. S’il le dit c’est parce qu’il en connaît un rayon
Belle: en tout cas c’est ma fille qui a été le cobaye. Dieu fera, tout comme Elikem qui n’a plus trop de symptômes maintenant, les siens aussi vont disparaître avec l’âge.
Ciara: Amen, Elle dit énergiquement. Sinon vous partez quand pour le Ghana?
Belle: Eli regarde son agenda mais c’est pour bientôt.
Ciara: j’aurais aimé que tu accompagnes Magnim chez les Ekoue vu que je ne serais pas là
Belle: l’accompagner pour quoi?
Ciara: Le petit chef veut avoir sa femme oh. Hier seulement qu’il me disait qu’il va m’a épouser quand il sera grand et son oncle lui demandait où il le jetait dans l’équation, elle dit et je ris
Belle: une lointaine époque c’est bien vrai. Tu es quand même sûr de ce que vous faites là? Non que je veux faire ma mauvaise mais Hana est la mère de Romelio. Et on sait qu’elle est très protectrice envers ses garçons. La façon dont ton assistante se colle à toi pour tout ce qui concerne Jennifer ne semble pas correct.
Ciara: du coup je dois faire quoi alors? Elle demande avec une pointe d’agacement. Comme Hana a fermé la communication de son côté, tout le monde doit attendre qu’elle décide d’accepter la petite avant d’évoluer? Personne ne lui a refusé de participer avec nous. C’est elle seule qui s’est murée dans son silence et nous en veut tous pour quelque chose qu’on a pas décidé.
Belle: je ne dis pas qu’il y’a un fautif dans cette histoire mais te rappelle plutôt que même si elle a tort Hana reste la mère. Elle a déjà dit que vous essayiez de vous accaparer son enfant. Pourquoi lui donner matière à confirmer ses idées?
Ciara: écoute tu sais mieux que moi qu’hana est bornée quand elle a une idée. Mais en plus elle a été très dure dans ses mots envers Ama. Ce n’est pas tout que je t’ai raconté mais sache seulement que tout ce qu’elle reproche à la petite c’est sa maladie, comme si quelqu’un choisit de naître ou choper un sale truc en chemin. Comme si on devient une poubelle dès qu’on ait malade. On a pas droit au bonheur comme tout le reste du monde. C’est un crime d’aspirer à une relation dans laquelle on se sentira comblée.
Pourtant cette fille est travailleuse, courageuse, polie et surtout elle aime Romelio. Ok personne n’était à l’aise avec la décision du petit chef mais au final c’est son droit. C’est lui qui est en couple avec elle et jamais il ne s’est plaint. Au contraire il est heureux. Il aime ce qu’il vit avec elle. N’est ce pas ça un des buts de nos vies? Trouver quelqu’un et construire avec lui une vie qui nous convient? Met toi à la place d’Ama. Tu serais à l’aise à discuter avec quelqu’un si cette personne disait qu’aïdara ne mérite pas son fils parce qu’elle a des handicaps?
Belle: Non je ne le serais pas.....néanmoins, essaie de ne pas faire de projection ma chérie parce que qu’avec ton argument de maladie et bonheur là j’ai l’impression que tu te vois en Jennifer.
Ciara: Ah bon hein? Elle dit après un rire. Ce n’est pas par hasard la projection que tu fais aussi en trouvant des justifications à Hana vu que Romelio a fait un choix différent de celui que tu rêvais pour Elikem?
Belle: Hum! N’allons pas sur ce terrain pour fâcher les esprits
Ciara: tu as même raison
On ne se dit plus vraiment quelque chose d’intéressant suite à ça. J’écourte ma visite pour rentrer vaquer à mes occupations au domicile. J’en oublie même que je devais appeler Elikem mais elle l’a fait durant le trajet.
Elikem: c’est comment? Les nouvelles ne sont pas bonnes? elle s’enquiert sur un ton inquiet
Belle: Disons que ça va. On va essayer un autre traitement
Elikem: tu es sûr qu’un remplacement de la valve aortique ne serait pas meilleur?
Belle: pardon ma fille on étudie pas la médecine ensemble. Son cardiologue a jugé que c’était une solution de dernier recours et son état ne semble pas être arrivé là
Elikem: ok alors. Et quand allez-vous rencontrer son pneumologue?
Belle: demain en fait.
Elikem: wow tu l’as presque emmenée tous les jours à l’hosto avec les différents rendez-vous là.
Belle: ah c’est mon travail non ma puce. Vous êtes ma vie.
Elikem: merci en tout cas pour la disponibilité. Je t’emmènerai aux Philippines quand j’aurai l’argent
Belle: N’est ce pas, je dis amusée. Sinon tu vas bien toi? C’est ta pause?
Elikem: pas vraiment, mais comme j’ai un peu de temps je me suis isolée dans la salle de repos pour venir aux nouvelles
Belle: franchement excuse moi pour l’oubli, j’étais passée chez tata Ciara et dans les discussions de Romelio et sa dot, j’ai totalement oublié d’appeler avant de reprendre le volant
Elikem: pas de souci, sinon Dara est à côté?
Je tapote la cuisse de ma fille assise à mes côtés et elle enlève ses écouteurs.
Belle: sinon que Romelio ne t’a toujours pas fait signe hein
Elikem: Dara est là ou pas?
Aï: Je suis là Perla.
Elikem: Tout s’est bien passé? Tu te sens bien?
Belle: donc ma part que j’ai dit c’était le mensonge?
Aï: qu’est ce que tchu as dit maman?
Belle: laisse répond lui seulement.
Aï: Je suis fatchiguée mais ça va. Et tchoi?
Elikem: bien aussi. Je t’ai trouvé un livre, Archer’s voice que tu vas adorer je pense. Je te l’envoie dès que je rentre ce soir
Aï: oh super mais tchu peux envoyer plutsôt à Mally?
Elikem: Ah non. Mally va continuer à te lire les livres jusqu’à quand? Tu sais que bientôt tu vas avoir ton bac et partir pour l’uni? Même pour prendre ton foradil (inhalateur pour le BPCO dont souffre Aï), il faut que maman ou Mally te le fasse mais tu as seize ans. Pourtant quand il faut manger ou chanter tu n’as aucun problème ou besoin.
Aïdara s’enfonce dans son fauteuil et me jette un coup d’œil pour que je prenne sa défense face à la réprimande d’Elikem. Chose que j’aimerais bien faire mais j’évite depuis un moment de saper son autorité devant sa petite sœur.
Elikem: Tu m’écoutes quand je parle ou pas?
Aï: oui
Elikem: donc quand on te dit quelque chose que tu n’aimes pas tu gardes le silence c’est ça?
Aï: Non c’est que.....
Elikem: Oui?
Aï: je...sais pas, snif
Elikem: pleurer pour avoir la sympathie de maman ne va rien changer. Tu es grande. Tu dois t’adapter. On ne sera pas toujours là pour te pousser. La vie dehors c’est une jungle. Apprend à être autonome je te le dis toujours sinon un jour tu te retrouveras sans personne à tes côtés.
Je me garais quand elle disait ça. Je coupe le Bluetooth et colle le téléphone à mon oreille avant de faire signe à Aïdara qu’elle peut descendre. Chose qu’elle s’empresse de faire
Belle: Tu veux responsabiliser ta sœur je comprends. J’accepte même quand tu me dis que c’est ma faute si elle n’est pas entreprenante mais lui dire qu’elle se retrouvera seule je dis non Elikem.
Elikem: c’est juste une façon de lui dire que le monde dehors est cruel
Belle: pardon garde tes idées negatives loin de ma fille. Elle n’en a pas besoin
Elikem: ok continue donc à lui vendre le rêve et les ballons roses hein. Ne viens pas à l’avenir me dire qu’Aïdara n’arrive pas à faire ci ou ça.
Belle: Pfff tu crois que tu es mon seul enfant? J’irai le dire à Mally.
Elikem: lol et tu n’as pas honte madame? Personne ne refuse qu’Aïdara a un handicap mais il se fait qu’heureusement son trouble n’est pas si sévère. En quoi l’infantiliser va l’aider pour l’avenir?
Belle: laisse-moi. Elle vit encore avec nous et quand le moment viendra sa vie ne sera pas l’affreux tableau que tu essaies de lui peindre
Elikem: amen ca ne sera pas ça parce que je ne vais pas le permettre de mon vivant mais ce n’est pas une raison pour qu’elle croit que tout sera mignon. Elle doit se battre quelque soit son handicap point final
Belle: bref tu te bats comment toi pour rétablir l’amitié avec Romelio?
Elikem: tu embrasses grand maman et papa pour moi si on a plus rien à se dire
Belle: Oh donc c’est arrivé au stade où je ne peux pas te questionner sur lui?
Elikem: sinon j’ai décidé de me teindre les cheveux en Bourgogne. Je te tiens au courant après bye.
Belle: ok et Ray?
Elikem: ah il est là.
Belle: tout va bien avec lui?
Elikem: très bien. Il se gifle de ne pas avoir commencé l’école de cuisine plutôt
Belle: ne joue pas avec moi Elikem. Votre relation est au beau fixe?
Elikem: Non Elle est au beau portable.
Belle: la chance pour tes dents c’est que tu n’es pas en face de moi. Tu allais comprendre ta peine
Elikem: lol bisous maman, Elle dit et coupe l’appel.
Les gens ont les enfants qui leur font des confidences mais ma fille jamais elle ne me dit concrètement ce qui se passe dans sa vie personnelle. Je n’ai que des bribes et quand tu creuses, Elikem s’est déjà renfermée que de laisser, elle va gérer. Des fois je me demande si c’est parce qu’elle ne me fait pas confiance. Eli dit que je n’ai pas à le prendre personnellement mais ça me désole un peu. Même pour le souci entre elle et Romelio je l’ai appris en allant la questionner après que Ciara m’ait parlé de la visite d’Hana à son bureau. En résumé ma fille m’a juste dit que Romelio a déjà ce dont il a besoin dans sa vie donc elle s’occupe de ses noises comme on lui a recommandé. Pourtant on parle d’une amitié vieille qui a subi des secousses et bravé tout jusqu’à présent. Pourquoi du jour au lendemain une fille vient tout gâcher en entrant dans la famille?
***Arthur Sodji***
Je subis aussi la quarantaine de tata Hana va savoir ce que j’ai bien pu faire. Pour le moment j’aide Romelio avec une surprise qu’il concocte depuis un moment. Il m’a envoyé les quelques trucs à préparer sur sa liste donc les premières minutes de notre discussions étaient tournées sur le compte rendu. Peut-être il a remarqué mon ton différent ou pas mais finalement il m’a questionné.
Elio: c’est comment? Je ne te sens pas aujourd’hui
Arthur: Tu promets que tu ne vas pas te fâcher?
Elio: tu as mis qui en cloque petit couillon?
Arthur: lol tu es fou wesh je tiens à mes burnes moi et Ida me les taillerait en pièce si jamais j’osais
Elio: Ida? Il dit un peu confus
Arthur: Apparemment Elle me réserve pour sa copine, je dis amusé
Elio: lol la petite là me tue au quotidien. C’est comme ça aussi qu’elle est venue me demander si j’étais célibataire parce qu’une de ses copines rêve d‘un beau mec
Arthur: au moins elle a confirmé ta beauté. Moi elle a demandé que je passe lui arranger ma coiffure bizarre on dirait les gens qui ont des questions existentielles là avant de me pointer la prochaine fois à Marseille
Elio: kieee la bouche de cette fille, j’imagine même pas le seum de Tata Farida, il dit en rigolant comme moi
Arthur: laisse, moi même je me demande comment deux personnes si tranquilles ont un enfant qui a des opinions sur tout comme ça. En plus l’affaire est comme ça, façon elle aime être le centre de l’attention
Elio: ah il paraît que tonton Tao s’est assagi après la terrible nouvelle que tu connais. Sinon mon oncle dit que c’était le roi des opinions avant.
Arthur: j’imagine. Comme on est sur le sujet des choses terribles, tu ne penses pas qu’il faudrait régler la situation avec la grande? Parce que en vrai ça me fait de la peine moi que les choses vont vraiment finir ainsi. C’est avec elle que tu devais regarder les alliances à choisir, réserver le restaurant. Elle est ton bras droit et même gauche depuis la nuit des temps. Si tout prend fin comme ça nous autres on va croire en quoi maintenant?
Elio: lol tu es con, notre amitié c’était une religion pour toi?
Arthur: c’était même l’air que je respire
Elio: Elikem connait mon numéro. Elle sait comment me joindre mais bientôt un mois et elle n’a rien dit du tout. Même pas une excuse pour m’avoir trahi et tu attends que moi j’aille lui faire signe comme je suis le tapis sur lequel elle essuie son pied hein
Arthur: toi aussi j’ai pas dit ça mais tu sais que la grande bon.....c’est ton élément non, tu sais que quand il s’agit de toi elle ne peut avoir aucune mauvaise intention. C’est seulement l’orgueil qui fait qu’elle n’arrive pas à t’écrire.
Elio: c’est bien. Qu’elle mange donc son orgueil
Arthur: je ne t’ai pas connu comme ça Oh chef. C’était normalement toi le fondateur de notre RPT*
(Rassemblement du peuple togolais: un ancien parti politique)
Elio: lol andouille, on ne t’a pas interdit de faire les blagues avec la politique?
Arthur: mais tu nous rassemblais ou pas?
Elio: cherchez vous un autre meneur, je prends ma retraite
Arthur: que qui t’a donné le droit? On garde le flambeau jusqu’au tombeau.
Elio: le forcing n’emmène pas loin Arthur. C’est mieux de laisser
On reprend le sujet des préparatifs et nous finissons par voir un film, moi connecté sur ma machine, lui la sienne et Jennifer aussi.
Le lendemain après les cours, je vais tenter aussi chez Elikem pour voir, on ne sait jamais. Elle par contre je lui écris.
Arthur: La grande ne me ramasse pas Hein, j’envoie mais elle répond tard dans la nuit. Heureusement je veille souvent pour étudier aussi.
Elikem: vas-y accouche
Arthur: Le moral du chef est au plus bas. Il fait genre mais je le connais. Tout le monde a mal de vous voir vous éloigner comme ça sans même connaître le fond du problème. Il n’y a pas quelque chose qu’on peut faire pour régler ça? Hein? Pardon de regarder s’il te plaît
Elikem: que peux-tu régler dans un processus auquel tu n’as pas pris part?
Arthur: bon peut-être on peut essayer, je sais pas. Mais je t’assure quand même que sa vie n’est plus pareille depuis que vous vous êtes embrouillés
Elikem: Et alors? Je ne suis plus une épine dans son pied. Il devrait plutôt sauter au plafond
Arthur: il faut lui écrire toi même tu verras
Elikem: je n’ai rien à lui dire. S’il veut tant me parler ou peut-être me donner des conseils sur comment devenir une bonne fille il connait mon numéro.
Arthur: devenir une bonne fille?
Elikem: Tu as autre chose à me dire s’intéressant sinon? Tes études par exemple je préfère lire sur ça
Et comme ça, elle a fermé la porte sur ce sujet. Parce que je peux continuer à en parler mais la connaissant elle n’arrêtera pas de ramener aussi un autre débat sur le tapis. J’avais déjà demandé à Jennifer mais Romelio ne l’a pas écouté lorsqu’elle a essayé.
***Ama Ekoue***
-J’espère que tu n’oublies pas de faire ton rosaire chaque soir avant de dormir ma fille. Tout semble bien aller maintenant mais n’oublie pas les mots de ta future belle-mère.
Gaëtan: haaa! il soupire d’exaspération. Arrête de plomber le moral de ma fille avec ton pessimisme. Jenny, concentre toi sur l’école et ton copain d’accord, il crie après avoir rapproché sa tête de la mienne
Ama: Continue ton histoire de liste Gaëtan. Je parle avec ma fille. Jenny tu es là?
Jen: Oui ma tante. Je fais mon rosaire et je t’ai dit que sa maman n’est pas mauvaise.
Ama: qui a dit qu’elle l’était? Mais elle a quand même prononcé des paroles négatives sur toi et ton futur couple. On ne va pas permettre que ça s’accomplisse donc tu dois prier au lieu de rêvasser d’accord
Jen: Ok. Jeje dort déjà?
Ama: Oh oui depuis. On est sorti aujourd’hui pour prendre les mesures des tenues à porter pour ta dot donc il s’est beaucoup dépenser
Jen: mais lol tata, vous n’avez même pas eu la visite de sa famille d’abord que vous faites déjà des démarches? Ce n’est pas la peine de se précipiter
Ama: On attend pas la dernière minute non plus pour commencer ce genre de choses. Surtout que je suis seule avec ton oncle dessus, autant débuter tôt.
Jen: ok Mais n’en fais pas trop s’il te plaît.
Ama: tu es ma fille. Le mariage ne se déroule qu’une fois dans la vie donc je vais bien en faire et après je me reposerai
Gaëtan: c’est ça même!
Jen: lol ok alors. Je suis épuisée pour ma part. Hier j’ai veillé donc je vais dormir maintenant
Ama: d’accord. Bonne nuit et on se parle demain, je dis puis coupe. Gaëtan me remet sa liste suite à ça. Mes yeux s’arrondissent au fur et à mesure que je la parcoure. trois vestes Hugo Boss, une machine à laver et sécher, un tapis roulant??? Gaëtan? C’est quel dot qu’on fait comme ça?
Gaëtan: il faut s’adapter au temps hein chérie. Jennifer va faire avec les valises et culottes ancestrales? Innovons un peu
Ama: Mais même si on doit innover, les vestes Hugo boss viennent faire quoi dans ça?
Gaëtan: hein! Donc je l’ai envoyé au Sénégal et on ne peut pas m’honorer en retour? Je demande trop n’est ce pas
Ama: Pardon Gaëtan, je t’en supplie chéri, faisons les choses doucement. Jennifer entre dans une famille compliquée. Il ne faut pas qu’on leur donne des raisons de justifier leur opinion de nous
Gaëtan: mais je m’en fous d’eux Ama! Je chie même sur cette vieille femme au visage ridé voilà! Elle croit que Jennifer ne peut pas mieux faire que son fils?
Ama: ehhhhh, on va aller où avec ça? Je demande dépassée
Gaëtan: C’est seulement sa maladie sinon si Jennifer aurait arrangé la beauté de leurs petits enfants en plus de rajouter son intelligence et sa témérité.
Ama: comme tu vantes ses mérites ce n’est pas mieux de bien se comporter comme ça ils vont se concentrer sur ses qualités?
Gaëtan: ne me détourne pas du sujet Ama. j’ai demandé la machine à laver pour ton dos. Laisse-moi avoir mes vestes point final.
Je ne rajoute plus rien. La nuit pendant qu’il roupille, je mets la liste régulière dans une enveloppe et la remet à la place de la sienne. On avisera le jour de la dot mais je ne le laisserai pas tout gâcher.
***Bill Attiba*** (gardien de Germaine)
Depuis ma petite chambre de gardien je vois Bijou se faire tabasser proprement par madame Germaine et je ne peux que secouer la tête. Vraiment je remercie le ciel de ne pas m’avoir donné une fille aussi jolie qu’elle.
Comme on dit l’excès de tout nuit. Quand tu es trop laide te trouver un mari est compliqué mais être comme Bijou? Non. Et comme si ça ne suffisait pas ses parents n’ont trouvé aucun autre nom à donner à l’enfant? Voilà pourquoi on dit de faire attention aux noms parce qu’ils déterminent le destin de nos enfants. Ils ont mis au monde une fille trop attirante, une tentation ambulante pour les hommes. Beau d’ébène, les courbes partout.
Une fois que madame Sani en a fini avec elle et est bien loin, je vais à sa rencontre pour l’aider à se relever.
Bill: je t’ai dit de juste te coucher par terre dès qu’elle commence, je dis tout en époussetant sa jupe
Bijou: j’ai....j’ai rien fait....c’est elle....elle a.....frappé ma tête. Elle répond, entre plusieurs hoquets
Je regarde la tête en question et elle saigne un peu à un endroit. Madame ne l’a vraiment pas raté avec le pilon aujourd’hui. Dès que j’entends le klaxon du fils de la maison, je souffle à Bijou de ne pas oublier notre rendez-vous et cours ouvrir le portail. George sort fièrement de sa voiture flambant neuve et me jette sa clé avant de gueuler de bien nettoyer les jantes. Tu les vois comme ça dans Lomé, ils sont nombreux ses fils de riche. À peine vingt-cinq ans et ils conduisent ceux que nous leurs pères on aura jamais. En tout cas personne ne m’a demandé de naître d’un cultivateur dans le fin fond de Blitta. Je nettoie sa voiture comme il demande et vaque à mes occupations. La journée comme d’habitude est ennuyante mais enfin minuit sonne. Toute la maison dort et je laisse la porte de ma petite chambre ouverte. Dès qu’elle cogne à la fenêtre, je quitte mon poste pour regagner la chambre.
Bill: Montre je vois ce qu’elle a fait.
Elle tourne et baisse un peu sa grande chemise. Les ongles crochus de Madame Sani ont marqué la peau de la petite. Je la fais asseoir et prends une pommade chaude pour lui mettre dessus.
Bijou: Ça va faire mal. Elle dit en reculant
Bill: Retourne alors dans ta chambre comme tu préfères rester avec les plaies
Bijou: non......je t’en prie, elle dit la voix larmoyante
Bill: Tourne toi alors je te mets ça
Elle s’exécute et je lui demande de me raconter en détail ce qui s’est passé
Bijou: C’est la faute de George. Snif.
Bill: il a encore fait quoi?
Bijou: il a dit à madame que j’ai écrit une lettre à monsieur Sani pour lui donner rendez-vous. Mais tu sais que je sais même pas écrire. J’ai appris à parler français grâce à la TV. Mais madame Sani ne voulait pas m’écouter. J’ai dit que George ment et elle a pris le pilon pour frapper ma tête
Bill: Hum. Je t’avais dit de ne pas entrer dans les histoires du foyer de Madame non? Tu penses qu’elle allait croire que son mari touche une bonne? Et même si elle croit, tu n’allais pas gagner.
Bijou: Mais j’ai dit la vérité.
Bill: et voilà qu’on t’a bien corrigé et traité de pute
Bijou: George arrêtait pas de me déranger Tonton Bill. Je devais faire quoi? Il venait chaque jour faire la bagarre avec moi dans la chambre. Il a même attrapé fort mes seins jusqu’à me gifler et écarter mes jambes. Pourquoi ils me dérangent tous dans la maison? Quand c’est pas monsieur Sani c’est George ou madame! Elle dit en pleurant de plus belle
Bill: doucement, les larmes vont fatiguer ton cerveau
Bijou: j’ai déjà mal à la tête
Bill: ah tu vois donc. Attend je te cherche un Doliprane.
Je fouille et trouve la boîte en question. Je lui donne avec de l’eau. Même quand tu vois la fille tu ne pourrais pas croire qu’elle a seize ans. Les seins et fesses partout. C’est clair que George et son papa ne pourront pas supporter.
Bijou: S’il te plaît quand est-ce que tu vas pouvoir m’aider comme tu avais promis?
Bill: moi aussi je veux bien t’aider mais sortir de cette maison c’est pas facile toi même tu sais. Surtout pour toi à qui on a pas donné ce droit. Si je t’aide ils sauront forcément que je suis impliqué et je vais perdre mon emploi.
Bijou: Mais....snif...snif, et moi? Elle renifle
Bill: Genre tu veux que je perde mon emploi quoi? Comme tu es dans les problèmes tu veux me tirer aussi dedans
Bijou: Non.....tonton Bill c’est pas ça. Je suis seulement fatiguée de tout ce que je vis ici. C’est pas ça que monsieur Sani avait dit à ma maman quand il est venu me chercher au village
Bill: tu croyais quoi? Les hommes comme ça disent toujours les belles choses. Et puis si je t’aide et on me renvoie je nourris ma famille avec les pierres?
Bijou: non. Elle dit d’une petite voix
Bill: ah voilà. Je continue quand même à u penser donc patiente et fais moi confiance
Bijou: oh merci merci. Tu es mon sauveur. Elle dit en s’agenouillant pour me remercier avec les mains jointes en signe de prière
Bill: bon comme ton heure va sonner......
Bijou: oh tonton....toi même tu as vu comment on m’a frappé aujourd’hui. J’ai pas la force, elle dit quand je déboucle ma ceinture
Bill: ah bon hein? Je finis de t’aider et ma part tu me refuses comme je ne suis pas le chef de maison non. Okay retourne dedans et reste une bonne fois là. On se décarcasse pour vous et vous faites encore les fières comme si tu n’as pas déjà fait ça avec Monsieur Sani. Faut même que je dise à George comment tu lui refuses mais son père prend
Bijou: pitié!
Bill: Non oh. Lève toi. Après c’est pour venir dire que j’ai demandé à te voir à genoux
Elle saisit ma ceinture, baisse mon pantalon ainsi que mon slip
Bill: Donc tu insistes? En tout cas, comme toi même tu veux
Elle fait son travail et je ferme les yeux. La fille là est née pour ça. Tu sens qu’elle a pratiqué longtemps avant de venir dans cette maison vu comment elle te prend mais le faux semblant légendaire des femmes lui fera te dire qu’elle était vierge. Elle se lève, je tire son pagne, enfile ma capote et la colle au mur avant d’entrer en elle. Je ne peux même pas durer tellement elle est bonne. Je fais jusqu’à transpirer, chose qui ne m’arrive plus avec ma femme. Depuis que je connais Bijou, je n’ai plus aucun intérêt pour ce que j’ai à la maison. Quand je finis elle ramasse son pagne et son visage est inondé de larmes.
Bill: Mais tu es comment? Au moins je suis plus gentil avec toi que Georges et Monsieur Sani mais tu ne peux pas me remercier un peu?
Bijou: merci tonton, elle murmure
Bill: hum. Bon va te coucher. On se voit mercredi et tâche d’éviter soigneusement madame. C’est pas le moment de mourir pour toi. Bientôt je vais te faire partir d’ici
Bijou: Encore un grand merci.
Elle nettoie son visage et part à la course. Je retourne aussi à mon poste pour finir mon travail.
Les jours défilent et la routine continue. Deux jours, après la bastonnade de Bijou, elle vient encore me trouver la nuit. Sauf que cette fois elle me surprend en me montrant un billet
Bill: Tu as trouvé ça où? Je demande alerté après avoir retiré le billet de cinquante euros de sa main
Bijou: dans la mallette de Monsieur.
Bill: oh donc tu commences aussi à voler Bijou?
Bijou: tu as dit que si on t’attrape tu ne pourras pas nourrir ta famille. Mais quand je fais le ménage dans la chambre le matin je vois des fois monsieur faire le code de la mallette donc j’ai profité quand la famille mangeait pour aller regarder dedans. Il y’a plein de billets de cinquante et cent comme ça.
Bill: Ah bon? Je demande très surpris
Bijou: oui oui. Si je te donne tu vas pouvoir m’aider à partir et aussi payer à manger à ta famille avec non? C’est vrai que c’est pas comme notre argent mais 50 beaucoup de fois ça peut acheter le poisson fumé et le gombo par semaine?
Bill: hum je vais demander à ma fille ce que ça vaut cinquante euros, je réplique parce que dans ce cadre je suis comme elle. Je n’ai que le niveau CEP.
Bijou: D’accord. Je retourne alors. Tu me dis quand tu sais et je vais aller regarder encore dans la mallette
Bill: attend tu es quand même sûr que personne ne t’a vu? Ou monsieur ne va pas savoir?
Bijou: Non personne ne m’a vu. Et puis j’ai volé un pour cacher dans la chambre de George aussi. J’ai bien caché dans un endroit où lui-même ne fouille jamais comme je fais toujours son ménage. Toi faut partir avec celui-là comme ça on ne pourra jamais m’accuser
Je regarde la petite et je ne sais pas quoi dire. Donc elle avait les plans comme ça et moi j’étais ici sans savoir. Elle retourne chez elle et toute la nuit je réfléchis.
Quand je rentre chez moi le lendemain, je demande à ma fille de m’expliquer comment ça fonctionne avec les euros. Elle me donne le montant que mille euros font en CFA et ma tête tourne. 650.000 et plus. Notre loyer d’un an n’atteint même pas ça. S’il y’a beaucoup de billets comme elle dit j’imagine un peu la somme. Je rêve toute la semaine et à notre rencontre suivante je lui propose le plan.
Bill: pour ne pas prendre de risques, tu vas d’abord vérifier la veille pour voir combien de billets il y’a. Tu comptes et tu reviens me dire. Comme monsieur voyage dans une semaine, on va s’assurer de partir la veille du voyage vu que la maison se couche tôt. Le soir là pendant qu’ils seront entrain de manger tu pars faire ta chose et tu reviens me donner. Comme ça s’il y’a problème et on fouille je pourrais mieux cacher.
Bijou: Mais ça va être difficile de prendre le soir du voyage tonton parce que madame fait la grande cuisine et je dois l’aider
Bill: donc toi intelligente comme ça tu peux pas trouver un moyen de l’éviter?
Bijou: oui mais je peux pas prendre l’argent et venir te donner avant
Bill: et pourquoi?
Bijou: parce que j’aurais pas le temps entre éviter madame et faire mes tâches
Bill: Ah okay. Mais sache que si on t’attrape c’est toi qu’on va tuer hein. Je ne pourrais rien faire
Bijou: je vais faire très attention et cacher dans la chambre de Georges comme il ne sera pas à la maison le soir là. Madame confirmait au téléphone qu’il va voyager pour le travail aussi deux jours avant le départ de monsieur.
Bill: d’accord. Donc tu prends l’argent, tu me rejoins avec tes affaires et on part. On ira chez moi puis je t’emmène chez des connaissances
Bijou: non moi je veux retourner à Vogan dans mon village
Bill: toi aussi réfléchis. Tu ne penses pas que c’est le premier endroit où ils iront te chercher? En plus on quitte ici à minuit ou une heure du matin. On va trouver le bus pour Vogan où ça?
Bijou: Y’a pas le bus la nuit?
Bill: j’avais oublié que tu ne sors pas vraiment. Tu ne peux pas aller à Vogan pour le moment. On va te cacher chez des amis à moi.
Bijou: mais monsieur ne connaît pas ta maison? Il va venir te faire du mal si tu m’aides non?
Bill: ne t’inquiète pas. C’est madame qui connaissait et J’ai quitté là-bas depuis. Même s’il me cherche il ne va pas me trouver facilement. Lomé est grand. Mes amis vont t’aider à acheter une puce et un téléphone.
Bijou: okay Mais je vais aller à Vogan quand alors?
Bill: pardon Bijou il ne faut pas être bête. Il n’y a rien à Vogan pour toi. Tu es en ville. Apprend une formation et tu fais venir tes sœurs ici plutôt que d’aller t’ajouter à leur misère là-bas
Bijou: je fais comment pour la formation? J’ai pas fait l’école toi même tu sais
Bill: Tu vas prendre l’argent non? Mes amis te mettront dans une formation. Tu n’as pas besoin d’aller à l’école pour ça. Et puis tu vois comment ton français est? Il y’a des grands instruits qui ne parlent pas aussi bien que toi
Bijou: d’accord. Pour l’argent on va partager la moitié?
Bill: ok comme c’est toi qui prend des risques après tout
Bijou: Tonton merci beaucoup. Elle dit en se jetant à mon cou
De mes mais Je presse ses fesses et la bloque quand elle veut se détacher brusquement.
Bijou: Ton.....
Bill: encore les chichis malgré tout le travail que j’ai fait pour te trouver le plan?
Bijou: non j’allais seulement dire que mes règles ont commencé
Bill: pfff! C’est seulement aujourd’hui que tu sais avoir règles?
Bijou: c’est pas moi qui décide
Bill: En quoi c’est mon problème? Tu viens coller ton corps contre moi mais tu sais que tu ne peux rien me faire. Tu mérites même que je dise tout à madame Sani
Bijou: Mais tonton j’ai promis que je vais t’aider pour l’argent non
Bill: et puis après? C’est l’argent qui va calmer la fête dans mon pantalon? PFFF! Je ne t’aide même plus, ça t’apprendra à me déranger pour rien
Je me lève mais elle se jette à mes pieds et les attrape
Bijou: Pitié tonton ne me fais pas ça.
Bill: Laisse moi tranquille hein!
Bijou: pitié....pitié ça fait des années qu’on me dérange ici. Je veux voir ma maman, elle sanglote
Bill: Toi même tu ne vois pas ce que tu vis? Ou c’est à moi de le voir plus que toi? Je risque déjà ma vie pour t’aider et une petite compensation tu ne peux pas donner. Ou tu crois que l’argent que tu vas ramener va changer quelque chose à ma vie? Des petits billets comme ça pfff!
Elle enlève sa robe légère par sa tête et mes yeux se fixent sur sa poitrine nue et rebondie. J’aurais fait traîner un peu pour lui faire comprendre qu’elle exagère mais j’ai trop envie.
Bill: tourne toi
Bijou: Pou.....pour faire quoi?
Bill: Tourne toi je vais faire d’une autre façon aujourd’hui
Bijou: Ça va me faire mal? Elle demande d’une petite voix
Bill: pourquoi tu aimes mentir comme ça? Quelqu’un qui a mal fait bouge les reins pourquoi?
Bijou: je bouge pas! C’est monsieur Sani qui.....
Bill: Et tu ne lui as pas dit à lui que tu as mal mais c’est à moi que tu viens dire ça?
Bijou: monsieur Sani me serre la bouche ou bien le cou tonton. Des fois il met le coussin sur mon visage.
Bill: Bon tourne toi je vais faire doucement, je dis en sortant le beurre de karité puis un préservatif
Je voulais vraiment pratiquer la douceur mais faut me comprendre. Tu rentres dans cette fille et tu oublies toute civilité. L’autre côté est tout aussi serré que le premier. Enfin moi aussi je peux goûter aux choses que j’ai entendu George dire au téléphone. Je me donne à fond cette fois jusqu’à crier quand je termine. Elle est debout et serre ses jambes pendant que je me rhabille.
Bijou: tu as dit que tu allais faire doucement
Bill: mais est ce que je t’ai frappé?
Bijou: Ça faisait très mal. Je t’ai dit mais tu continuais, elle dit avec les larmes
Bill: il faut bien serrer les fesses quand tu iras dormir et ça va vite passer
Elle marmonne quelque chose et s’en va.
***Mally Laré Aw***
La lecture est devenue une activité compliquée depuis que grand maman s’incruste dans nos activités. Et comme ma sœur ne ramène que ses fameuses romances contemporaines c’est ma cervelle qui doit travailler lorsque je tombe sur les terrains glissants. Aujourd’hui c’est Sweet Hope de Tillie Cole qui est à l’honneur.
Gisèle: Pile est finie dans la tablette ou c’est comment?
Aï: Lol c’est pas pile on met dedans grand maman je t’ai echpliqué.
Mally: Ahem..., Donc, mes yeux n’avaient jamais contemplé de spectacle si enivrant qu’avoir cette colombe grimpant ma montagne. Les fruits de son arbre avaient la taille adéquate pour mes mains. Mains que j’ai présenté en coupe pour recevoir ses délicatesses et leur imposer la rigidité de mes paumes. Aliyana pencha la tête en arrière et un souffle étranglé s’échappa de ses lèvres, ce qui eu pour effet de tendre le bois naturel contre son arrière train si ferme.
Gisèle: oh mais elle est arrivée dans son garage après leur dispute dans la voiture non? Ou bien tu as sauté une partie?
Mally: doucement on va arriver là-bas c’est comment?
Aï: pourquoi il parle de fruits et l’arbre dans le garage en plus?
J’avais une très bonne mais je l’ai ravalé. Dans le passé je pensais qu’elle n’était juste pas attentive raison pour laquelle elle ne captait pas 90% des blagues ou ironies. Mais depuis qu’on sait que c’est son cerveau qui n’arrive pas à saisir les nuances de ton, je me repense aux stupides moqueries que je faisais sur ça et je me sens naze.
Je mets la tablette en veille quand papa et maman sortent de leur chambre avec une valise. Je la prends et range pour eux dans le coffre. Ils s’en vont au Ghana pour suivre une piste concernant le fils perdu de tonton Tao et tata Farida.
Belle: on revient dans trois jours mes chéris. Vous écoutez bien grand maman promis?
On hoche tous les deux la tête
Eli: et au moindre problème, vous m’appelez ou tonton Magnim, c’est d’accord
On hoche encore la tête et les deux entrent enfin dans leur véhicule. Je ferme le portail et nous retournons au salon tous les trois.
Gisèle: il faut prier avant de dormir ce soir que papa et maman retrouvent l’enfant des Adamou hein
Mally: Ca fait longtemps non grand maman. C’est pas mieux qu’ils oublient et avancent?
Gisèle: Tu pourrais oublier tes sœurs et avancer toi?
Mally: non mais j’ai vécu toute ma vie avec elles alors que leur fils est perdu depuis très longtemps. Dans les enquêtes sur ce genre de sujet qu’on voit à la télé ça ne finit jamais bien.
Gisèle: quand tu auras un enfant tu comprendras qu’une seconde avec lui sera une richesse inestimable et jamais tu ne pourras avancer totalement tant que tu le penses quelque part sur cette terre
Aï: en tchou cas moi si je me perds, Elikem va m’oublier et avancer
Mally: oya toi aussi hein, je dis choqué
Gisèle: pourquoi tu dis ça ma fille?
Aï: parce que elle m’aime plus Elikem. Elle est jamais contente de moi. Seulement de Mally. C’est lui son chouchou
Mally: pourtant c’est à toi qu’elle achète plein de cadeaux
Aï: Elle m’achète parce que maman a djit
Gisèle: il est vrai qu’Elikem te demande de faire beaucoup de choses mais c’est parce qu’elle t’aime et surtout elle croit en toi. Elle veut te montrer que tu peux faire beaucoup de choses que tu n’imagines même pas.
Mally: en plus elle a la même photo de toi en fond d’écran de son téléphone depuis sept ans et pourtant elle a changé trois fois son téléphone. Ça ne te dit pas quelque chose ça?
Aï: umm...Donc c’est moi le chouchou?
Mally: lol regarde moi sa tête comme chouchou. Tu es seulement chou. Je reste the chouchou. Elikem même sait que je suis cimenté dans son cœur
Grand maman rigole et me dit de continuer la lecture au lieu de bavarder. Je poursuis donc. Je confirme par message à mon pote que je vais passer ce soir quand la maison sera endormie, le temps de l’avoir cette caméra que maman refuse qu’on m’offre sous prétexte que je n’ai que treize ans or Elle sait que je veux réaliser un petit film. C’est d’ailleurs ma passion mais bref heureusement le grand frère de mon ami l’a et veut bien que je joue avec pour un moment.
***Bill Attiba***
Nous sommes enfin au soir fatidique. J’avais déjà tout préparé pendant que les patrons dînaient. Je vérifie une dernière fois la petite chambre de gardien que je ne verrais plus et je remercie le ciel pour l’opportunité que j’ai eu ici. On cogne à la porte et j’ouvre. Elle est habillée et a un panier en osier en main.
Bill: C’est comme ça que tu vas sortir? Il fait froid la nuit. Porte un pull-over sur ta robe
Bijou: Mais j’ai tout rangé déjà dans le sac
Bill: viens prendre des vêtements alors
On entre et je lui sors un vieux pantalon et une grosse chemise qu’elle porte par dessus ce qu’elle a
Bill: L’argent est où?
Bijou: dans mon sac.
Bill: et tu as pris combien?
Bijou: j’ai tout pris et c’était beaucoup oh
Elle bouge les effets et me montre le fond du panier. J’ai le vertige en voyant les liasses de billets retenues par des élastiques. Le patron cache tout ça et je quémandais l’augmentation? Les riches sont des vrais pingres.
Bill: On verra ça quand on va arriver chez moi. Ce qu’on va faire c’est que je tire un peu la moto le temps de s’éloigner de la maison
Bijou: mais on va pas nous vite nous attraper?
Bill: tu vois quand je dis que tu es bête? Remercie le ciel que je sois avec toi. Si on démarre maintenant et quelqu’un chez les visions ne dort pas, tu ne te dis pas qu’ils peuvent se demander d’où vient le bruit là? Surtout que le quartier est très calme? On va s’avancer un peu seulement pour mettre de la distance entre nous et la maison et nous partirons
Bijou: ok ok , Elle dit pressée
Nous sommes partis quelques minutes plus tard. Elle est derrière moi et je tire la moto.
Bijou: toi aussi viens tirer un peu. Je suis déjà fatigué
Bijou: D’accord.
Elle accroche le sac à la moto et tire un moment. Je la lui reprends quand je juge que nous sommes suffisamment loin de la maison. Je monte et elle fait pareil derrière. J’attache le sac avec la corde à la moto. Puis je démarre. On arrive à mi chemin et la moto s’arrête.
Bijou: qu’est ce...qu’est ce qui se passe? Elle demande paniquée
Bill: attend je réessaie.
Je fais ça trois fois et ma moto ne répond toujours
Bijou: oh Seigneur! C’est la fin pour nous tonton. Elle dit derrière moi d’une voix alarmée et larmoyante
Bill: au lieu de paniquer réfléchis avec la tête pour qu’on sorte d’ici oui.
Bijou: ok.....ok....réfléchir hein.....on fait quoi? Elle dit d’une voix tremblante
Bill: comme on est deux et tu es lourde, ma moto n’est pas habituée. Descend un moment je vais réessayer et tu remontes
Bijou: d’accord.
Je fais pareil et toujours rien.
Bill: tu peux me pousser? Je vais reprendre
Bijou: ok...., elle dit nerveusement et commence
Bill: plus fort, Courage ma petite, on y est presque. Ma maison n’est pas loin tu dormiras bientôt
Elle pousse, deux, trois fois. Je gaze et pars. Elle court derrière. Je l’entends crier et pleurer tonton Bill. Tonton ne me laisse pas. Pourtant elle est déjà dehors. Toujours dans l’ingratitude. Au moins, j’ai risqué ma vie et je l’ai sorti de la maison comme elle voulait. Je m’arrête quand même et j’ai un dernier élan de générosité. Je sors ses habits et mets un billet de 100 euros dedans puis les jette au sol. Je démarre en vitesse quand je vois une silhouette venir à la course suivie de cris ressemblant aux siens. Heureusement ses grosses cuisses et fesses l’ont empêché de se presser. Voilà quand je lui disais de faire attention avec la quantité de pâte de maïs qu’elle mangeait par jour mais elle n’écoutait pas. Elle est même tombée dans sa course.
Ma femme et ma fille m’attendaient déjà à mon arrivée. Comme d’habitude mon ingrate de femme ne sait pas comment je me fatigue pour elle. Sa mine est attachée tout ça parce que je leur ai dit de ne pas dormir.
-Le voyage cette nuit était nécessaire? Elle demande quand on charge les choses dans le taxi que j’avais demandé à ma fille d’appeler avant de quitter la maison ce matin
Bill: tu vois ce que je dis? Tu aimes toujours remettre à demain et après tu me demandes pourquoi rien ne marche dans ta vie.
-Bref on a compris monsieur la préparation.
Je dépose la moto du voisin devant sa devanture comme je lui avais confirmé. Je glisse La clé sous leur porte aussi. La mienne de moto je l’ai laissé hier à Bruce, le petit frère de ma femme.
Heureusement, mon voisin et moi avons la même marque de moto. J’ai quand même fait attention pour que personne ne remarque la plaque différente aujourd’hui.
Nous démarrons enfin tous les trois pour le Ghana. Sous mon bras j’ai le sac rempli de billets qui me serviront à offrir une vie meilleure aux miens. Ici personne ne sait qu’on quitte le pays. Aucune des deux ne sait d’où sort l’argent qu’on utilisera pour notre réinstallation. Ce n’est pas le souci de ma femme. Tant qu’elle est à l’aise le reste ne l’intéresse pas. À ma fille je lui ai juste dit qu’on va s’essayer au Ghana et j’avais ce projet depuis qu’elle m’a fait part de son rêve d’aller à Accra pour l’université après le bac.
***Mally Laré Aw***
Je siffle pour calmer ma nervosité. C’est donc comme ça que sortir la nuit fait peur et les gens n’aiment pas rester à la maison? En plus je m’attendais à tout sauf que le quartier de mon pote soit si désert. J’ai quitté la maison à 21h et trouver une moto ne fut pas difficile. Je ne suis pas très grand de taille mais ma voix est assez rauque donc on me donne facilement quatre ans de plus. Caméra dans mon sac à dos, je presse le pas pour rejoindre la route quand j’entends un bruit venir et je rentre brusquement dans une masse dure qui me fait tituber. Je me redresse pour trouver une femme en larmes au sol.
Mally: je fais du jujitsu! Je dis en prenant une pause débile quand elle se redresse
Au lieu de m’attaquer comme je m’y attendais elle ramasse avec rapidité ses affaires. Je m’abaisse et elle crie fort ce qui me fait reculer
Bijou: laisse-moi!
Mally: Yo je voulais juste vous aider pour les habits
Bijou: Je vais bagarrer avec toi si tu me fais mal!
Mally: petit corps comme pour moi peut faire quoi sur toi la vieille?
Bijou: tu as vu un monsieur passer avec moto?
Mally: heu non du tout.
Elle renifle fort et se met à sangloter, ce qui me fend le cœur mais je me rappelle des ritualistes qui font les ravages donc je ne l’approche pas trop quand même.
Mally: vous faites quoi dehors à cette heure-ci?
Bijou: ....
Mally: ok je vous laisse tranquille al....
Elle me saute dessus et s’accroche fort à mon bras
Bijou: non pardon faut m’aider à trouver tonton Bill
Mally: mais je ne connais pas ce monsieur
Bijou: pitié je dois le trouver, elle dit, fouille nerveusement et me présente fébrilement un billet de cinquante euros. Pour toi, il faut pas me laisser pardon.
Je suis encore plus perplexe que ça. Les ritualistes je me rappelle avant d’accepter son argent.
-Je m’appelle Mally et vous?
-Bijou
Mally: lol, désolé je ne voulais pas rire. C’est un prénom non officiel de ma maman
Elle porte toujours cet air apeuré, signe qu’elle n’est pas mentalement avec moi là. Soudain je me rappelle que je ne suis pas loin de l’église où sert tonton Auxanges. Je vais me faire gronder sa mère s’ils sont en veillée et il me trouve dehors mais cette Bijou ne peut pas rester dehors comme ça. J’arrive à la convaincre de me suivre. En quelques minutes on arrive devant le local et double chance, le gardien qui s’y trouve me reconnaît. Je lui explique brièvement la situation et il accepte de nous laisser entrer puis nous fournit un pagne et de l’eau.
Mally: voilà, comme ça tu peux dormir tranquille et demain tu trouveras quelqu’un du quartier qui pourra peut-être t’expliquer où se trouve tonton Bill, je dis après lui avoir fait un petit coin où dormir avec le pagne
Elle me retient quand je veux partir et lance un coup d’œil effrayé au gardien qui est loin de nous.
Bijou: faut pas me laisser
Mally: Mais je dois rentrer chez moi
Elle répète non un tas de fois. Finalement je flanche et m’installe sur le pagne avec elle. Elle me tient vraiment comme son bouclier et continue à regarder au loin dans la direction du gardien. En tout cas j’attends juste qu’elle s’endorme pour déguerpir.
***Joshua Sani***
Espérons que mon plan marche parce que je l’ai conçu depuis un moment et ça m’a pris du temps pour convaincre ce froussard de Seb d’aller avec l’idée. Je ne peux clairement pas me faire l’attardée pour le moment par contre je ne vais pas attendre toute ma vie pour avoir accès à cette fortune. J’en ai marre de me coltiner les restes que maman nous impose. Marre de rester chez papa qui lorsqu’il est dans les parages ne sait que me réprimander pour un oui ou non. Donc on a piqué des somnifères de la mère à Seb et injecté dans des steak que j’ai cuit. J’ai vu Axel faire un tas de fois pour ne pas pouvoir le répéter. Nous nous sommes mis sur l’étage de leur maison pour lancer la viande aux chiens avant de nous coucher au sol.
Seb: Bro tu es sûr que c’est pas risqué? Je veux pas les problèmes avec mon daron hein.
Les métisses franchement c’est pas la peine. Un blanc peut te corriger comment au point que sa voix tremble autant
Josh: t’en fais pas. On va entrer ni vu ni connu en montant sur leur toit. Et si on ne trouve rien à prendre on revient
Seb: Ok ok mais combien de temps avant que ça marche le truc sur les chiens?
Josh: je sais quoi alors? C’est ta mère qui en prend je te rappelle
Seb: ouais mais c’est toi qui a mis les quantités
Josh: bref ça ne devrait pas prendre plus d’une heure. Les chiens ne sont pas des humains quand même.
Seb: ok ok, tu as dit que rien ne va arriver non?
Bref les métisses oh! Je ne peux supporter que leurs femmes.
***Aïdara Laré Aw***
-Mally? Je dis tout haut mais aucune réponse. J’enlève ma prothèse gauche pour la nettoyer pendant que je sors pour le trouver. La montre affiche cinq heures du matin. Les chiens doivent être enfermés normalement. Grand maman doit faire son footing du matin. Je fais le tour et ne le trouve nulle part. J’allais retourner en chambre puis me suis rappelée de ce qu’Elikem a dit. Je peux les enfermer moi aussi les chiens de toute façon. J’ai pas à attendre tout le temps pour que les gens fassent tout. Je prends le sifflet qu’on utilise pour eux, sifflote et tapote dans les mains comme on fait pour leur donner des ordres quand j’arrive dehors.
***Joshua Sani***
Des coups très vifs sur ma cuisse me réveillent brusquement. Je suis désorienté quand j’ouvre les yeux. Un Seb bégayant et terrifié me regarde. Mon cerveau s’allume au son d’un cri strident. Seb continue de bégayer et moi aussi devant le spectacle de la fille qui se bat contre les chiens
Seb: jjjooo....ffffaii.....
Je recule instinctivement, tombe, rampe, retombe dans les escaliers, me redresse sur mes genoux, rampe encore jusqu’à dehors et sonne comme un malade à ma porte.
Mireille: c’est co....Joshua? Elle dit après avoir ouvert. Mon fils! Qu’est ce que tu as? Joshua? JOSHUA PARLE!
***Mireille Sani***
Son corps tremble dans mes bras et d’un doigt fébrile il me pointe une maison éloignée de la nôtre. Je ne comprends toujours rien. Je le gifle un tas de fois pour qu’il revienne à lui mais rien du tout. Je le tire à l’intérieur, asperge son visage d’eau froide. Et les mots commencent à s’aligner avec un peu de cohérence. Je le gifle à nouveau d’effroi quand il me dit ce qui se passe, je sors à la course, paniquée, cherchant quoi faire. Puis je me reprends directement. Si on me prend et demande d’où je tiens l’information je dis quoi? Je retourne à l’intérieur et traîne Joshua jusqu’à ma chambre pour nous enfermer tous les deux.
Mireille: tu as passé la nuit ici avec moi! C’est clair?
Josh: ......
Mireille: c’est ce que tu vas dire à tout le monde si jamais ton ami veut parler Joshua! Est ce que c’est clair?
Il hoche frénétiquement la tête. Je le bloque contre mon torse et le berce tandis qu’il fond en sanglots.
***Axel Sani***
Comme la devanture se salit rapidement dernièrement, je me lève avant maman pour la balayer, sinon quand elle est réveillée elle t’accuse de lui causer la honte. Elle ne s’habitue toujours pas au fait de vivre ici et nous interdit de mettre le nez dehors. Mais à la longue c’est fatiguant donc bon je gère comme je peux. Je commençais à peine ma tâche quand je reconnais Seb, un camarade de classe arriver à la course et me raconter des choses incompréhensibles
Je n’y capte rien mais vu comment il pleure je le suis simplement. On arrive chez eux mais en plus il me fait monter et j’ai un haut le cœur face à l’effroi non loin. C’est une fille qui se fait déchiqueter par des chiens et une dame âgée qui leur jette des objets. Un des chiens saute sur le mollet de la grand mère pile quand Seb crie purée. Je sens un fluide mouiller mon boxer puis pantalon. Ma gorge s’assèche. Mes oreilles bourdonnent. Je veux détaler chercher de l’aide mais je ne peux pas. Si elle meurt?
C’est sur cette pensée que je m’avance, descends sur le toit proche.
Seb: Axellllll.....va pas
Axel: va chercher des grands!
Seb: Ils vont te fair.....
Axel: VA CHERCHER DU MONDE JE TE DIS!
Je m’attaque à un saule pleureur dont j’arrache des branches, et descends au sol muni de ce qui ne vaut rien. Les chiens ne m’ont pas encore aperçu mais je reconnais Aïdara. Mon ventre se noue violemment. Je bouge, trouve un balai et m’approche avec.
Gisèle: Oh mon garç.....on.....s’il te plaît.....sau....ve....ma petite fille, elle hoquète bien qu’elle essaie d’éloigner le chien qui s’en prend à elle
Je frappe le sol pour attirer leur attention. Deux lèvent la tête d’Aïdara qui est sur le dos et gise dans une marre de sang. Ils avancent vers moi, me montrant leurs canines ensanglantées. Je frappe encore le sol. Celui qui s’attaquait à la jambe de la grand-mère rejoint les autres. Je recule instinctivement pendant qu’ils s’approchent comme des prédateurs. La respiration commence à me faire défaut. L’un me saute dessus. Je fais n’importe quoi avec le balai pour me défendre mais sens les griffures.
On entend un bruit de porte ce qui détourne encore une fois l’attention des chiens. Elle s’ouvre et laisse place à Mally dont le visage se couvre automatiquement d’horreur et il crie le nom de sa sœur. Derrière lui je reconnais Seb et d’autres personnes. Des grands. Je me laisse choir au sol, et les étourdissements me gagnent. Enfin on est sauvé.
***Magnim Wiyao***
Dire que je m’étais levé tôt aujourd’hui avec la résolution de faire du vélo avec mes filles comme leur mère est en déplacement et nous nous sommes dit pourquoi ne pas faire un crochet chez les Laré Aw vu qu’ils sont en déplacement. Une matinée que devait se dérouler plutôt paisiblement a pris la tournure la plus tragique que j’ai connu depuis ma naissance. Je ne peux rien faire contre les larmes qui inondent mon visage. Je passe et repasse la main sur ma tête me demandant ce qui s’est passé. Ce n’est pas ce que j’imaginais le jour où j’ai dit à Belle qu’aucun de nous ne pourrait éviter à nos enfants des malheurs. Hana arrive vers nous à la course.
Mally: maaa soeurrr, il crie et se lève aussitôt pour aller à sa rencontre
Hana: va bien mon garçon ne t’en fais pas, on s’en occupe, elle dit après l’avoir enlacé et le remet sur le banc à côté de mes filles qui portaient le même regard hagard
Hana: mais qu’est ce qui s’est passé comme ça? J’ai entendu d’une infirmière qui vient de sortir du bloc qu’elle n’a presque plus de sang dans le corps, Elle me chuchote
Magnim: je t’en supplie ne me dis pas, je chuchote en retour
Hana: non Dieu ne va pas permettre ça. Mais explique moi
Magnim: je ne comprends moi même pas. Je suis arrivé à vélo avec les filles pour trouver leur portail ouvert en plus de Mally et quelques adultes essayaient de contrôler des chiens. On a réussi à les mettre en cage mais le sol de la maison Hana, c’est catastrophique
Hana: mais je croyais que Mally maîtrisait parfaitement les chiens et les avait dressé lui même?
Magnim: comme je te dis je ne comprends pas. On a pris la petite, mamie et le garçon qui était déjà dans la maison puis nous sommes venus en taxi ici. Tu as vu l’état des blessures de la fille. Selon toi j’allais questionner les gens quand?
Hana: ok je vois. Tu as prévenu Eli et Belle?
Magnim: j’ai pas encore osé. Je ne sais même pas comment le faire.
Hana: Ok je retourne alors. S’il y’a du nouveau je reviens
***Essohana Bemba***
Elle a fait deux jours avant de revenir à elle. Deux jours durant lesquels ses parents sont rentrés. J’ai pleuré de chagrin quand Mamie Gisèle est décédée avant le retour de sa fille. Pleuré de désolation quand Snam nous a appelé en panique que Mally était entré dans la cage des chiens avec un couteau. Chiens qu’il a décapité et poignardé jusqu’aux dernier bien qu’on lui criait Magnim et moi d’arrêter. Pleuré de douleur quand les parents d’Aïdara l’ont vu à leur retour. Voir ton enfant meurtrie dans sa chair comme ça et faire une attaque respiratoire en essayant de te parler c’est inhumain. Mon cœur ne l’a pas supporté. Je suis sortie de la pièce pour aller dans mon bureau et prendre un autre médicament contre la tension bien que j’avais déjà pris mon régulier. Je prends aussi mon téléphone pour avertir mon fils en lui laissant une note vocale.
Hana: Romelio comment ça va? Ici ça ne va pas du tout mon fils. Une grande tragédie est arrivée. C’est maintenant qu’Elikem aura besoin de toi. Sa grand mère est décédée et sa petite sœur Aïdara va être transférée dans la journée à l’extérieur pour une chirurgie réparatrice suite à des morsures animales graves. S’il te plaît traite là avec douceur. Tu sais combien Elikem tient....tenait à sa grand-mère. Appelle moi si tu as le temps.
***Elikem Akueson***
-De quoi tu parles? Je demande à mon papounet qui vient d’arriver chez moi
Antoine: mon ange je....dans la vie il arrive des choses inexplicables des fois. Des choses qui dépassent notre entendement. Mais il te faut être forte.
Elikem: ok si ton but c’était de me faire flipper tu y arrives plutôt bien là. Tu es malade?
Antoine: non je vais bien. Mais ta grand mère non. Ta sœur est...est aux États Unis actuellement. Si tu peux avoir une permission ça serait bien. Tu dois la voir.
Elikem: il...il se passe quoi avec ma....ma sœur? Je demande d’une voix hachée
Il me prend dans ses bras au lieu de me répondre.
***Germaine Sani***
-Comment tu as pu laisser cette petite s’en aller? me dit un Martin enragé
Germaine: mais est ce que c’est ma faute? Je me suis levée un beau matin et elle n’était plus là
Martin: tu n’avais qu’une tache dans cette maison Germaine! Une foutue tâche! Veiller à ce qui se passe ici mais même ça tu en es incapable! Jamais ceci n’allait avoir lieu sous le toit de Mireille!
Germaine: Pourquoi tu m’agresses pour une vulgaire boniche du village? Tu aurais quelque chose à me dire?
Martin: pardon?
Germaine: Pardon quoi? Qu’est ce que tu faisais avec cette bonne sous mon toit Martin? Je le questionne sur le même ton enragé aussi. Autant je supporte qu’il ait une première femme autant je ne vais pas tolérer qu’on me prenne pour une imbécile chez moi
Martin: non mais tu t’entends?! Tu penses que moi Martin je peux descendre si bas? Tu sais qui je côtoie comme femme au quotidien?
Germaine: Alors tu me fatigues pourquoi?
Martin: parce que mon argent a disparu, ton gardien ne se pointe plus et je suis stressé à cause de mon fils qui a trouvé ça brillant d’aller jouer les justiciers masqués et s’est ramassé des griffures d’animal au passage! Vous tous vous me faites chier!
Et toi tu dégages, il dit en bousculant George avant de quitter le salon
George: quelle mouche l’a piqué?
Germaine: la petite bonne. Elle a intérêt à bien se cacher elle. Venir coucher avec ce gardien sous mon toit et les deux ont volé ton père. Pourtant on lui a fait une faveur en allant la sortir de son trou à rat
George: tu as bien dit rat. Tu t’attendais à quel comportement?
Germaine: bref, parlons d’autre chose. Tu as finalement trouvé une villa qui te convenait?
Il commence à me parler de ses idées. Mais je ne suis pas très attentive. Je ne cesse de repenser au nom de Mireille que Martin a évoqué. Il ne l’avait pas fait depuis un moment et ça ne me plaît pas. Est ce qu’elle est entrain de gagner du terrain ça?
***Raymond Ekim***
Il fallait que la mamie d’Elikem décède un mois après ma tante. Et bien sûr je ne peux pas la suivre aux États Unis à cause de l’école de cuisine. Pourtant rien ne me ferait plus envie. Jamais je ne l’avais vu autant pleurer. Ses traits sont constamment étirés et ses yeux bouffis. Je suis avec son papounet qui va la déposer à l’aéroport. Il nous donne un moment en tête à tête avant de l’emmener plus loin.
Ray: Tout va bien se passer mon amour ok?
Elikem: ok
Ray: même loin je pense à toi, je dis puis parsème son visage de baisers avant de la redonner à son père.
***Mireille Sani***
Je sursaute toutes les fois qu’on sonne à mon portail. Je m’arme de ma machette avant d’aller ouvrir mais ce n’est que Martin.
Martin: tu fais quoi avec ça?
Mireille: qui sait ceux qui ont rendu les chiens là fous ne viendront pas s’en prendre à mes enfants aussi? Comme tu nous a abandonné seuls ici! Qu’on meurt déchiqueté t’est bien égal de toute façon!
Martin: arrête moi ses larmes Mireille. Est-ce que tu as d’abord des chiens ici?
Mireille: Je n’ai pas de chiens mais qui sait ce qui peut arriver? Je t’avais dit que ce quartier était bizarre Martin! Voilà que ses gens ont laissé leur fille chez eux pour que les chiens la dévorent sûrement pour l’argent. Ils ont essayé de prendre notre Axel aussi et tu étais où?
Martin: Allons entrons
Mireille: je n’entre nulle part! Autant mourir ici
Martin: mais tu vas arrêter ton cirque oui
Je me jette au sol et continue de me rouler tout en pleurant. Tout ce que j’espérais c’était qu’il nous fasse quitter le quartier au plutôt mais c’est carrément à la maison qu’il nous ramène. Le soulagement sur le visage de mes enfants était sans pareil. Jamais plus je ne vais quitter cette maison. Jamais plus mon Joshua ne retournera là-bas. Je vais convaincre Martin pour qu’on l’envoie à l’extérieur.
***Romelio Bemba***
Je ne pouvais pas me rendre en France suite au message de maman à cause du travail. Apparemment une cousine n’est pas considérée dans les absences familiales. Par contre me rendre à Boston depuis Montréal en avion n’était pas loin. J’ai décidé de prendre deux jours off en plus d’un long weekend et j’ai débarqué un vendredi à la clinique du Dr Leber, là où Aïdara est prise en charge. Je questionnais la réceptionniste quand j’ai aperçu du coin de l’œil le dos d’Elikem. Je me suis approché à la course avant de l’enlacer par l’arrière. Elle était raide et continuait à se raidir bien que je la tenais.
Puis ses épaules se sont mis à trembler. Les soupirs de pleurs s’échappaient d’elle. Puis les mots ont suivi.
Elikem: j’ai pas fait face à ma vie, je me suis mêlée de ce qui me regardait pas encore. Et Aïdara a voulu me prouver qu’elle était capable.
Elio: tu ne vas pas prendre des stupidités que j’ai dit pour te faire du mal, ah non je ne vais pas le permettre. Tourne toi, je dis et la fait pivoter. Je nettoie son visage et son nez qui coule avec un bout de mon long t shirt
Elikem: Elle a dit à maman et papa au réveil qu’elle voulait juste faire comme une grande et fermer les chiens. C’est moi qui lui ait mis ça en tête. Pourquoi je fais du mal à ceux que j’aime? Pourquoi je suis comme ça? Pourquoi grand maman est partie!!!!!!! Elle dit d’une voix agonisante. Les larmes que je retenais se répandent aussi sur mes joues. Je lui dis qu’elle n’a rien fait mais elle ne m’écoute pas. Elle est hors de contrôle, comme si elle frisait la folie.