49: remember the time
Write by Gioia
***Elikem Akueson***
Je ne rêve pas souvent mais quand ça arrive ils sont toujours fous. Quoiqu’il en soit c’est une petite cacophonie depuis le salon qui m’a réveillé. Je me traîne en salle de bain pour brosser mes dents et me débarbouiller avant de me rendre au salon.
-special delivery, dit celle qui causait le bruit tout en me pointant un immense carton, puis elle retourne au téléphone
J’attrape une paire de ciseaux, un peu confuse qu’on reçoive quelque chose un dimanche. J’ouvre enfin le carton et reste bouche bée devant l’ourson brun de taille massive.
-Tu vois papa, pendant que tu cherches des raisons justifiant le pourquoi je n’ai pas encore eu de message d’amour de toi en un jour comme aujourd’hui, Elikem a reçu un immense nounours. Un dimanche en plus. Alors? Quelle est ton excuse? dit Océane en plein appel
Je tire mon cadeau en chambre pour placer mon appel vidéo.
-c’est pas justeeeee, On avait dit pas de cadeau
-Nianianian, est ce que tu m’avais entendu confirmer? C’est mon droit de gâter mon amour si j’en ai envie.
-Awww bébé.....m’bon regarde dans ta boîte à phamarcie
La façon dont il se presse jusqu’à cogner les choses me fait pouffer de rire. Je l’entends au loin perdre la tête, parler tout haut, avant de réapparaître devant mon écran.
-vilaine coquine lol, tu me fais des coups comme ça pourquoi?
-Ah qui sait? Peut-être parce que je m’attendais à un coup de ta part aussi quoique l’ourson taille XXL là, tu as fait fort, je dis amusée tout en regardant la peluche
-massage duo sensation d’une heure + option Hamman d’une heure trente au Semsation Spa, il lit tout haut. Viens ici toi, il dit, prend son appareil, presse ses lèvres dessus et se met à le baisoter en désordre, ce qui me fait rire. Le rire disparaît et laisse place à un durcissement léger de mes pointes quand il remet l’appareil à sa place et se lèche furtivement la lèvre inférieure tout en me regardant avec appétit et joie. Ah Les affres de la distance. On serait près l’un de l’autre que les vêtements tomberaient déjà de part et d’autre.
-Attention Hein. Je ne mentais pas par contre quand j’ai dit pas de cadeau cette fois. On a déjà fait beaucoup des dépenses donc je ne veux vraiment rien pour mon anniversaire.
-Ouais du coup les bons dans ma main ici ont été déposé par le père Noël? Il demande avec moquerie
-Je les avais pris comme ça....pour ma prochaine visite.....aucun lien avec la St Valentin
-Mais oui je te crois mamie gâteau lol
-Bref, je dis avec humour. Alors tu m’expliques comment la peluche est arrivée ici dimanche?
-c’est un secret entre ton voisin et moi
-Quoi??????!!! On parle bien des Trell? Ceux qui habitent au 375?
-eux même. Les filles là
-Mais comment?
-la partie secret tu l’as manqué? Il réplique avec ironie
Je le cuisine pour les minutes suivantes mais le type est bon. Il ne lâche rien.
-Je comprends maintenant pourquoi Vaughn (la voisine) avait un sourire jusqu’aux oreilles quand on est rentré de Miami il y’a une semaine. Et moi qui croyait que c’était le restant de joie vu que j’ai finalement souscrit à sa box mensuelle de soins corporels
-Lol donc tu as finalement flanché à son bavardage hein. Je croyais que ton mental était plus fort que ça, ou ce n’est pas ce que tu m’a dit?
-tchip la moquerie c’est pas bien. Je supporte l’économie locale
-Je n’en doute pas une seconde, il continue toujours sur son ton ironique. Alors on fait quoi? Tu te douches avant qu’on commence les films ou on y va?
-En fait......on pourrait essayer autre chose cette fois?
-Genre?
-Garcelle est toujours à Paris?
-Oui je crois bien. Pourquoi?
-Pourquoi tu n’appelles pas le Sensation Spa pour voir s’ils ont de la place aujourd’hui? Avec de la chance ils.....
-C’est quoi la blague? C’est un cadeau pour nous ou pas? il dit confus
-Oui je l’avais pris pour nous mais comme je suis loin et Garcelle est là pourquoi ne pas en profiter avec elle? L’amour ne se limite pas à nous deux Ray. Et je suis prête à parier qu’elle sautera au plafond si jamais tu lui proposes.
Il rit mais pas de joie.
-Donc si je comprends bien, tu dépenses ton argent pour que j’emmène une autre fille?
-bof je pourrais en acheter d’autres pour nous. En plus même si on devait en profiter ça ne sera pas avant huit mois.
-Elle t’a déjà envoyé un bonjour? Comment ça va? Elle t’a déjà démontré de l’intérêt? Non. Donc pourquoi elle devrait profiter de ton argent?
-C’est pas pour elle que je le fais à la base mais toi avant tout. Ça te ferait du bien de voir ta soeur. Je ne dis pas que vous allez vous réconcilier avec des grosses larmes mais juste la voir peut être bien pour toi. Peut-être pour elle. En tout cas probablement j’imagine.
-Hum en tout cas c’est ton argent. Je ne veux pas voir un air déçu si je reviens de là sans bonne nouvelle
-Pas de problème. Fais le d’abord puis on avisera pour la suite
-Ok mon ange. J’appelle alors et on se reprend
-Oui, je vais voir Océane qui est en pleine crise
-Dis lui que péter un cable souvent fait vite vieillir
-dégage méchant lol
On raccroche, je retourne au salon et trouve mon amie entrain de râler tout haut.
-J’ai pas eu de fleurs, pas de messages de papa. Maman a juste envoyé une note vocale. Pas d’appel vidéo. Pourtant je leur ai envoyé des cadeaux. Après ils diront que je suis leur fille adorée! Tu vois comment les gens sont?
-Respire, je dis en massant ses épaules. Tu sais quand même qu’il n’est écrit nulle part qu’on doit souhaiter et encore moins envoyer des cadeaux hein. En plus ton père n’est pas occupé avec le travail que tu lui as donné? Et Madame Héloïse est certainement occupée avec Bobby. On est quand même dimanche et les congés ont commencé en France.
-Tu devais venir avec ton rationalisme maintenant?
-C’est mon rôle dans ta vie ça, je réplique avec humour
-m’en fous! C’est la fête de l’amour. Quand on fête on donne, Elle dit boudeuse
-je prie tous les jours que Dieu te donne une fille comme toi-même. Tu m’en diras des nouvelles
-tu penses peut-être que ça m’atteint mais laisse-moi te dire que je suis au dessus de tes petites piques. Je suis une merveilleuse personne donc Dieu merci si j’ai une fille comme moi
-lol mais qui a dit que tu n’es pas merveilleuse mama?
Elle me tire la langue comme réponse.
-passe par ici la merveilleuse, je dis après avoir cogné gentiment son bras . Je te fais quoi comme petit déjeuner ou on commande?
-Snif heureusement que tu es là, elle réplique tout en s’accrochant à mon cou.
Je passe commande chez Wade’s Cafe le favori de miss exagération pendant qu’elle continue à m’expliquer comment elle n’apprécie pas du tout la négligence de sa famille. Je ne me gêne pas pour rire. C’est dingue comment certains sont friands d’attention. Le premier cadeau de St Valentin que j’ai reçu c’est elle qui me l’a donné. Une fleur et une culotte comestible. Je me rappelle de ma tête confuse et la sienne quand j’ai dit ne pas avoir de cadeau pour elle. La crise interplanétaire accompagnée de larmes torrentielles. La remise en cause de l’amitié. Maintenant j’en ris. À l’époque ça m’a tellement saoulé que je lui ai dit qu’on a pas les mêmes problèmes et de manger sa culotte tout en lui retournant le cadeau. C’est Romelio qui m’a expliqué que j’ai exagéré après que je lui ai raconté. Il m’a fait tout un cours sur la sensibilité en prenant l’exemple de tata Hana qui pouvait faire descendre un froid sibérien dans la maison si jamais on ne célébrait pas son anniversaire. Le genre ou la taille de la célébration lui importe peu mais sa famille doit lui faire des discours dès les premières heures de sa journée. Pour rattraper le coup j’avais acheté une carte à Océane. Carte dont elle a parlé avec tellement de joie que j’ai finalement compris que notre amitié était importante pour elle et à mon niveau elle vient avec beaucoup de responsabilités lol mais bon ça me connaît les responsabilités. Mally lui-même est tout un concentré de demandes de la tête aux pieds. Grande soeur par ci grande soeur par là. Romelio....aussi....J’ai acheté la carte...vu que c’était une tradition entre nous de nous envoyer des conneries. Mais le courage pour l’envoyer je ne l’ai pas trouvé. La peur que ça soit mal interprété m’a freiné. J’ai diminué aussi la fréquence de mes messages. Les appels je n’en fais plus. De toute façon on ne s’appelait pas souvent mais les messages personne ne pouvait nous battre sur ça. Il n’a fait aucune remarque aussi donc ça doit lui convenir. C’était mes cinq minutes de plainte. Retour au programme régulier. Je commence l’envoi des cartes électroniques en commençant par Dara.
***Océane Ajavon***
-qui a dit que je voulais un vœu? Je réponds à ce type, Toni, qui m’a écrit sur messenger
-L’espoir la belle, est-ce que ça tue d’en avoir?
-Tu es toujours over the top comme ça ou on t’a menti que c’était la drague du siècle?
-Lol qui a dit que je te drague?
-Tu m’écris depuis trois jours par pur ennui alors? Et je rappelle que tu ne m’as pas dit où tu as trouvé mon profil
-J’ai fouillé et je t’ai écrit parce que tu as piqué ma curiosité en une soirée.
-la drague de cinq dollars
-lol c’est pas grave. Alors on dit quoi? Tu te caches dans quelle part du globe?
-Tu aimes chercher non? Il faut continuer.
-Si je trouve tu me donnes quoi?
-je n’ai rien d’autre à faire que de te rémunérer? Tchip
-on récompense les enfants quand ils font les efforts ou pas?
-tu n’as pas honte de te comparer à un enfant barbe feutrée?
-Lol je n’oublierai pas ce surnom. On se reprendra dessus. Je te laisse vu que tu sembles occupée. Bonne fin de journée.
-Tu m’avais tenu avant de me laisser?
Il ne répond plus.
-Devine qui m’écrit, je dis à Elikem qui ouvre le cadeau que je lui ai acheté
-C’est pas plus simple de me dire?
-Barbe feutrée, ton beau frère
-bloque-le et avance
-lol c’est la guerre déjà?
-Je t’ai dit qu’il a fait un sale coup à son frère. Tu t’en souviens au moins?
-Ouais bon c’est pas comme si j’allais sortir avec lui. Je lui réponds seulement quand je m’ennuie.
-en tout cas, mon avis c’est qu’il faut le bloquer, elle dit après avoir haussé les épaules.
Je reprends mon téléphone et me rends sur son profil. T.Ekim, de Libreville, vit à Boston, architecte chez Hacin + Associates. 26 ans selon sa date. Probablement fausse mais je demande à Elikem maintenant elle commencera avec ses sous-entendus. Genre je peux pas être un peu curieuse. En tout cas 26 ans qui vit à Boston, suppose qu’il n’est pas paresseux. Au moins une qualité. Je vais fouiner sur le cabinet en question. Tout ça c’est parce que j’ai le temps aujourd’hui.
***Emily Seck***
-À ton âge tu ne te fatigues pas des bagarres papa? Je lui demande exaspérée, après l’avoir séparé avec un de mes anciens amants
-Pffff Venez encore l’insulter! Vieux gâteux! Vous n’avez pas honte! Laissez nos filles tranquilles!
-papaaaaa hooo....je dis sur un ton d’avertissement, tout en tenant sa main pour qu’il se rasseye. Il continue à pester pendant que mon ex court derrière sa nouvelle conquête qui s’éloigne
-Laisse-moi avec tes histoires. Tu n’as pas entendu ce monsieur t’insulter? Ça veut dire quoi? Il réplique en colère après s’être assis
-Et alors? Tu lui accordes de l’importance en répondant.
-C’est important qu’on n’insulte pas ma fille en ma présence.
-rrhhh, je grogne, papa laisse tomber, il est déjà parti
Il ne fait que râler, pousser des jurons et pester pour un bon moment. En attendant qu’il se calme je regarde le menu et passe commande.
-bref on ne va pas le laisser gâcher un vieux clou sans honte gâcher notre journée. Qu’est ce qui te fait sourire? Il me demande
-c’est toi non. Tu passes presque dix minutes à bavarder seul pour après me dire “on ne va pas” comme si j’y participais avec toi.
-Hum! C’est lui qui...
-ehhhh oublions-le, c’est ce que tu as dit.
-tu as raison. Ne perdons pas une minute sur les imbéciles. Dis-moi comment s’est passé ton temps au Ghana.
-j’ai a-d-o-r-é! On alternait entre cours et pratique. C’était compliqué au début de suivre mais le personnel était professionnel et surtout patient.
-tu as reçu un diplôme?
-Oui, j’ai une photo attend, je dis et lui montre sur mon téléphone quelques minutes plus tard. J’aimerais aussi enchaîner avec la thérapie crânio-sacrée mais ça sera......oh papa pourquoi tu pleures?
-c’est....
Les larmes avalent ce qu’il allait dire. Je fouille en vitesse dans mon sac et lui sors un Kleenex.
-Qu’est ce qu’il y’a? C’est ta tête qui te fait souffrir?
Il renifle, se mouche, nettoie ses yeux avant de me regarder avec émotion puis me prendre la main.
-C’est moi qui me souvient de toi quand tu as eu le bac il y’a seize ans. Je veux te demander pardon ma fille. Depuis le jour où ta mère m’a annoncé que tu vendais tes effets pour préparer un voyage je me suis questionné. Je me suis demandé ce qui t’avait finalement changé. Maintenant que je vois tes certifications je me rends compte que tu as décidé de sauter le pas et faire ce dont je me suis moqué il y’a seize ans. Ce qui était ton destin. Pardonne-moi parce que je ne connaissais rien de la massothérapie et encore moins la kinésithérapie. Je pensais que tu allais gâcher ta vie et je n’ai pas bien réagi. À cause de moi tu as quitté ton destin et je comprends maintenant que tes actions, ta vie de débauche et tout ça, c’était ta manière de te rebeller
-papa voyons...., je dis gênée, tu exagères.
-Non non, c’est la vérité. C’était mon travail de parent de t’encourager mais j’ai fait tout le contraire. Je te connais Emily. Comme tu n’es pas quelqu’un qui aime te plaindre, tu as obéi mais à ta façon tu voulais me punir. Et je t’ai livré en pâture aux hommes sans foi ni loi qui ont profité de toi.
-lol pardon ne pleure pas. Je ne suis pas du tout l’ange que tu imagines. Les hommes ne m’ont rien fait contre mon gré.
-C’est faux! Il réplique avec véhémence. Si tu avais fait les études que tu voulais, tu serais occupée à te réaliser. Les hommes allaient te trouver où?
-là là, c’est fini papa, je t’assure je vais bien et je ne t’en veux pas du tout, tu as été un......
Je fais une pause pour éviter que les larmes tombent. Il sait pourtant que je n’aime pas paraître à fleur de peau. En plus je n’ai pas la sensation d’être une victime. Je n’étais pas envoûtée quand je multipliais les aventures. Enfin si je l’étais je n’en ai pas eu conscience. Tout ce que je voulais c’était m’amuser. Les hommes m’offraient des cadeaux donc pourquoi pas? Si j’ai arrêté c’est parce que comme avec beaucoup de choses je m’en suis lassée. Mais aussi parce que ce vieux ne voulait pas laisser l’affaire. Je me rappelle de ses visites inopinées, ses longs sermons sur la vertu de la femme résidant dans le respect de son corps. Pourquoi il se souciait de ce que je faisais de mon corps moi une majeure, je ne le comprendrais jamais mais bon je m’y suis fait. J’ai aussi arrêté pour ça. Ça me pinçait le cœur qu’à son âge il se chiffonnait avec les gens par ma faute. Et finalement j’ai eu le goût d’essayer autre chose grâce à mes conversations avec Bruce. Par lui j’ai compris que certaines personnes arrivent dans nos vies pour un moment et un but précis. Par nos échanges j’ai accepté l’évidence. Ma vie me semblait ennuyante parce qu’elle ne me convenait pas. Un beau matin j’ai donc vendu une bonne partie de mes effets, mis ma maison en location et je suis partie au Ghana pour me chercher.
-Je ne crois pas au destin papa tu le sais mais si j’y croyais je dirai que rien arrive au hasard. Peut-être je devais passer par ce que tu sais avant d’en arriver ici. Quoiqu’il en soit c’est le passé. Je ne m’en plains pas donc essuie tes larmes sinon je vais pleurer aussi et tu devras me rembourser chacune, je dis sur un ton faussement menaçant qui le fait rire
-Ok ne pleure donc pas ma fille. Célébrons plutôt ton retour
-Il n’est pas définitif mais bon on peut célébrer si tu veux
Au nom de la célébration il refuse que je paie la facture du resto. Comme quoi c’était lui qui m’a invité. Il arrive aussi à me convaincre de le suivre à la maison au lieu de rester à l’hôtel où je suis descendue il y’a cinq jours. Je regrette automatiquement mon choix dès notre arrivée. Maman et sa bonne amie de toujours Veronique me zieutent puis ignorent mes salutations. Papa me dit d’aller dans ma chambre et au loin je l’entends demander à maman de le rejoindre dans la leur.
Un coup à la porte m’interrompt pendant que je me change. J’ouvre la porte et c’est tata Vero qui fait son entrée avec un air perfide.
-Ça va ma fille?
Un sourire narquois se dessine sur mes lèvres à cause de son “ma fille”. Plus fausse qu’elle tu crèves.
-sauve nous le temps tu veux quoi?
-Hum je vois que ton arrogance n’a pas diminué. Tu ne peux pas avoir pitié de ta mère? Au lieu de venir humblement t’excuser comme n’importe quel enfant tu rentres et pars à l’hôtel parce que tu es trop riche. Tu crois que ton argent te met au dessus des autres?
-ah bon? Je devais m’excuser au nom de quoi?
-Tu crois qu’on peut blesser son parent et bien vivre? La bible même dit qu’honorer ses parents est la clé de la prospérité et du bonheur.
-Mais laisse moi rire, je réplique sur un ton ironique. C’est maintenant que la bible t’intéresse? Quand tu me présentais les maris de tes clientes tu ne connaissais pas la parole sur l’adultère par hasard?
Son visage se voile d’agacement et elle me dévisage avec mépris.
-Si l’excuse que vous attendez c’est par rapport au fait que je n’ai pas donné à ta copine ou toi ma maison vous allez végéter, je dis et un rire moqueur s’échappe d’elle
-non mais tu te prends ma grande. Tu te prends vraiment. Sans moi tu n’aurais rien eu comme opportunité et même ce que tu as eu tu en as fait quoi? Tu n’es restée qu’une pauvre fille sans cervelle avec en prime aujourd’hui des seins fatigués. Tu crois être une perle? Tu crois avoir quelque chose que moi Veronique Ajavon je peux soupirer après? Tu as déjà mis pieds aux États-unis? Tu as le passeport américain? Qu’est ce qui te donne l’impression qu’on est au même niveau?
-Lol tata vero, je ne suis pas à ton niveau pourtant celle qui a cogné à ma porte c’est toi. Celle qui me sortait il y’a une minute une morale de bas étage sans fondement c’est bien toi. Ton passeport américain ne t’a pas empêché de venir racler chez la sans cervelle aux seins fatigués quand j’ai vendu mes effets. Tu as raclé comme les poules raclent le sol à la recherche des vers. Alors? Le niveau est où?
-Pfff! C’est vraiment dommage pour ta mère. Heureusement qu’elle a au moins Yasmine, elle dit et claque la porte derrière en sortant
Je me débarrasse de ma chemise avant de m’enfoncer sous les draps. Il a fallu que j’ai envie de changement pour comprendre que la relation entre ma mère et moi était purement transactionnelle. Pourtant dans mes souvenirs, mon adolescence n’était pas comme ça. Je ne sais pas quand le shift s’est produit. Mais je l’ai remarqué suite au scandale qu’elle a tapé quand j’ai dit que je louais ma maison parce que j’allais voyager. Non seulement elle voulait que je la lui donne mais selon ses dires le jour là, elle jugeait être en droit de la récupérer pour toutes les fois où elle a pris ma défense quand les femmes de mes amants venaient s’en prendre à moi. Pourtant durant ma carrière de Sugar baby, je n’ai pas serré la main envers elle. Elle a porté du luxe, voyagé, et reçu de l’argent que papa ne pouvait lui offrir sur son salaire. Yasmine et tata Vero n’étaient pas en reste. Le seul qui a refusé de toucher un rond de moi c’est celui-là qui continue de me traiter comme un être humain. La vie est bizarre. Je m’assoupis sur cette pensée. Le réveil est provoqué par une petite voix que je mets du temps à reconnaître. J’ouvre les yeux et tombe sur la petite face d’Amaya. Elle me raconte des phrases amusantes dans un français bancal. Je comprends quand même qu’elle me demande si je suis réveillée
-Comme tu vois madame. Ça va toi? Je dis en la prenant dans mes bras
Elle continue à radoter et j’entends le rire de Yasmine avant de me rendre compte qu’elle est aussi dans la chambre mais accroupie devant mes valises ouvertes
-Coucou Sœurette. Bon retour, elle dit en se redressant
-Tu es enceinte, je dis quand je tombe sur son petit ventre moulé par sa robe fuchsia
-Petit frère là-bas, Amaya me dit du haut de ses deux ans et quelques mois
-Lol on ne sait pas encore ne l’écoute pas. Madame s’invente des vies
-Felicitations.
-Merci. Mais comment il n’y a aucun cadeau dans la valise pour ta nièce chérie?
-Où aies-je dit que j’allais ramener un cadeau pour elle?
-Toi aussi hein, tu ne prends pas tes responsabilités de tante au sérieux. Ça me déçoit
-Tu sais donc.....bref, je rattrape avant de dire une connerie. Une vérité pour moi en tout cas mais bon connerie parce que sa fille est déjà là. Je ne blaire toujours pas le fait qu’elle ait pris cette cloque. Elle devait tirer son épingle du jeu. En sortir gagnante au lieu d’attachée à un homme pour sa vie. Mais bon si elle est encore enceinte c’est qu’elle semble aimer la vie qu’elle a choisi. Prend le trolley et laissez moi dormir ta petite pie et toi, je dis en désignant la petite valise.
-yay youpiiii Maya viens voir ce que tata a apporté, elle dit toute joyeuse. La petite la rejoint à la course
Au lieu de sortir, les deux se mettent à s’extasier et bavarder du contenu du trolley. Mon sommeil est définitivement perturbé. Je me lève du lit et vais me brosser les dents. Je me change pour aller m’acheter un truc à manger dehors. Amaya refuse de me laisser tranquille. Elle me tient la main et s’accroche.
-Mais est-ce qu’on se connaît quelque part miss? Ta maman est là-bas non
Elle ne fait que pleurer et secouer la tête quand j’essaie de la détacher. Au lieu de venir prendre sa fille Yasmine rigole et me dit d’assumer mon rôle de tante préférée.
Finalement j’abdique. Je la porte et on sort. Maman me zieute encore quand je sors et pousse un juron. Papa n’est pas dans les parages. Yasmine s’invite à la sortie pour acheter la bouffe.
-Maintenant qu’on est entre nous c’est vraiment vrai que tu as vendu tes Dior et hermès là? Maman n’a tellement pas digéré qu’elle continue à en parler
-Oui j’ai vendu
-Mince je t’admire. Comment c’est dur d’acheter les belles choses là j’aurais jamais pu.
-Bof ça changera quoi à ma vie quotidienne? En plus tous les hermès étaient faux.
-Nooonnnnnn!!!!! On fait du faux de ça? Du faux si réel?
-réfléchis, même si j’ai côtoyé des hommes nantis, ils gagnaient combien pour m’en offrir si facilement? Peut-être un ou deux étaient vrais mais je sais que la bonne partie était faux.
-What? Et tu ne t’es pas fâchée contre eux? George me fait ça je vais lui monter la vie comme jamais
-George c’est ton gars. Je n’étais pas dans ce genre de relation. Juste des partenaires. Ils donnaient l’argent et pour certains un bon coup au pieux. C’était le principal. Les cadeaux pour moi c’était la cerise. Donc vrai, fake, écoute on s’en fout hein. En plus j’ai eu une maison. Je n’ai pas à me plaindre.
-Hum! Ils ont eu de la chance de tomber sur une sans façon comme toi! Fallait que ça soit moi pfff. Coucher avec moi et me donner du faux. N’importe quoi
Elle continue à râler jusqu’à ce qu’on arrive chez la vendeuse de patates douces frites. J’ai faim moi donc je ne dis rien. Papa a encore fait son émotif en versant une larme sous prétexte qu’il était content de voir sa famille réunie. Lui et maya ont passé le reste de la soirée à jouer et bavarder. J’avoue que c’était émouvant de le voir avec sa petite fille. Maman n’était pas trop de la partie mais bon.
Lundi je suis prête à sept heures pour mon entrevue. J’avais vu sur Facebook des offres de recrutement pour des masseuses. C’est aussi la raison principale pour laquelle je suis rentrée. Je me fais déposer au Spa cèdre dans un coin plutôt tranquille de Kouvahey (quartier) et je reçois le pep talk (discours de motivation) du siècle de mon père avant d’entrer. On croirait que je m’en vais décrocher le trophée du siècle.
Le local est super charmant et accueillant. L’immense diffuseur à la réception et la musique zen me fait presque somnoler. Enfin on me reçoit. Premier détail qui m’intrigue c’est que je suis reçu par un mec âgé. Je garde un air impassible mais à l’intérieur je m’amuse de la scène. J’imaginais tout sauf un monsieur comme gérant d’un spa, même si celui-ci fait très distingué dans son costume et sa barbe coupée de près. Je m’installe. Nous commençons et je me détends au fur et à mesure. Côté massage il ne semble pas s’y connaître vu les questions qu’il me pose. Par contre côté administration il creuse. Le trou sur mon CV me rattrape.
-Depuis neuf ans vous n’avez pas travaillé Miss Seck. Vous n’avez pas non plus joint de références à votre CV. Une raison particulière? Un accident?
-J’ai perdu mon ancien emploi parce que j’étais nulle
-Vous étiez nulle? Il reprend un peu surpris par ma confession
-Oui. La gestion n’était pas mon fort. J’essayais d’apprendre sur le monde du transport mais ma patronne était à des années lumière en matière de connaissance.
-Bien....ce n’est pas tous les jours qu’on entend quelqu’un admettre ses faiblesses sur le plan professionnel.
-Ça ne sert à rien de vous mentir. Ce que j’ai étudié c’est la réflexologie et l’art du massage suédois. C’est ce en quoi je me sens confiante et capable.
-bien, venez donc me montrer, dit-il en se levant
-Huh? fais-je confuse
-Suivez-moi. Vous allez me montrer ce que vous avez dans le ventre.
Je le suis comme un automate dans une pièce tamisée. Il retire sa veste, puis sa chemise, dévoilant un corps bien trop ferme pour ce que j’imagine d’un type à son âge. Je chasse ses idées bizarres de mon esprit. Tout ça c’est parce qu’il a dit “ce que j’ai dans le ventre”. Il me pointe un placard et me dit que je trouverais l’essentiel dont j’ai besoin là puis il se couche sur la table de massage. Je sors du placard, huile et quelques serviettes. Je m’approche de son dos, pense à tout ce que j’ai appris ses deux dernières années, puis la joie de mon père et je laisse mon esprit rentrer dans sa zone de concentration. Il se redresse trente minutes plus tard, tourne son cou de chaque côté pour le faire craquer et plonge son regard dans le mien.
-Emily Seck c’est bien ça?
-Oui monsieur....
-Je vous recontacterai, dit-il avec un sourire confiant et une poignée de main forte
***Modestine Ekoue*** (la soeur de Gaëtan)
C’est le cœur dans l’âme que je monte dans ce car en direction de Vogan. Mon déplacement sur Lomé fut un échec. Pour voir Gaëtan j’ai dû descendre chez un de nos frères et le supplier d’appeler l’autre imbécile sans le prévenir de ma présence. Il est arrivé tout pompeux et fier pour me délivrer la nouvelle fracassante. Martin est dans le coma et ne va probablement pas s’en sortir. J’ai demandé à récupérer Bijou alors. Il a au moins appelé la femme de Martin qui lui a par contre dit que Bijou n’est plus chez eux depuis deux ans. Chose incompréhensible parce que j’ai moi-même remis ma fille dans le bus quand elle est arrivée au village il y’a deux ans. Heureusement que Martin m’avait contacté pour m’expliquer les circonstances de son départ avant qu’elle même ne débarque pas au village. Il m’a expliqué que son fils s’est amouraché de Bijou et l’a touché donc elle a eu peur et s’est enfouie en volant l’argent et l’aide de leur gardien. Je dis bien heureusement parce que ma fille est revenue avec son idiotie de toujours et une histoire incompréhensible. Je m’en rappelle encore comme si c’était hier. Elle est arrivée un beau matin à la rosée.
-maman! Elle a crié en larmes avant de se jeter sur moi. L’odeur fétide que dégageait son corps m’a repoussé en premier
-Tu...tu viens d’où comme ça?
-C’est tonton Bill....pleurnichait-elle, Il a pris l’argent avant de partir me laisser, et puis j’ai vu un garçon dans la nuit, Mally et il m’a emmené à l’église. Il est resté avec moi jusqu’au matin et j’ai fui quand il est parti. J’ai marché jusqu’à! J’ai demandé aux gens comment je fais pour arriver à Vogan. On m’a montré où prendre la voiture. Et je suis arrivée. Tonton Martin a été très méchant maman. On doit partir sinon il va venir nous faire mal
-Viens on entre tu vas mieux m’expliquer....après une douche
Je la conduis à l’intérieur de la maison. Imogen celle qui la suit, m’aide à lui prendre l’eau dans le puits. Elle se lave, mange et nous reparlons à tête reposée.
-toute la famille de tonton Sani n’est pas gentille maman. Ils m’ont tapé et fait mal dans ici, elle dit avec sa main sur son sexe
-C’est vrai que tu as volé l’argent?
-Hein! Qui t’a dit? demande-t-elle craintive
-C’est vrai ou non?! Je réplique et elle se met à pleurer encore. Je me rends compte que je n’ai pas pris le temps de la former avant qu’elle ne parte. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’un homme s’intéresse déjà à elle.
-J’ai volé parce que tonton Bill a dit qu’il peut pas m’aider et puis on va le renvoyer mais il m’a menti maman! Il a tout pris. Il m’a laissé
-bien sur qu’il t’a laissé ma fille. Quelle idée de penser qu’un homme verrait l’argent et réfléchirait encore? En plus tu as volé son patron
-Mais c’est patron Marti...
-Écoute, on ne vole pas! Tu as déjà eu un grand poste? Tu sais comment c’est dur? Je ne t’ai pas dit d’être obéissante et polie quand tu partais là-bas?
-ils ont pas été gentils. Toujours ils viennent bagarrer pour toucher dans mon ici, elle dit en désignant son sexe encore
-George?
-Oui et....
-Et rien ma fille. C’est parce qu’il voulait te marier. Tu devais seulement le laisser faire. Si tu as fait la bagarre avec lui c’est normal qu’il la fasse aussi. On ne lutte pas avec un homme
-Me marier? Moi?
-bien sûr que toi. Son papa m’avait dit ça depuis le début, mentis-je pour qu’elle soit plus compréhensive. Il a promis qu’il prendra bien soin de tes soeurs et moi. Tu ne vois pas comment tu es jolie? Tu as une très belle forme en plus. C’est normal qu’il veuille te marier
-Mais c’est...
-pas de mais Bijou. George est actuellement très triste que tu sois partie comme ça en plus avec l’argent. Mais je leur ai parlé et ils ont compris. Maintenant je vais te montrer comment être gentille avec ton futur mari comme ça tu n’auras pas mal là-bas d’accord
-je....je veux pas aller maman, je veux rester avec toi, pleurniche-t-Elle
-Ça suffit! Tu n’as pas honte à ton âge de pleurer tout le temps? Tu es la grande sœur je te rappelle! Même Romane ne pleure pas comme ça pourtant c’est la dernière! Tu veux rester dans ce village et devenir comme ta sœur Jeanne qui a deux enfants à quinze ans? Ou tu penses compter sur Imogen et Romane? Même si je voulais que tu restes, c’est trop tard. Nous allons rejoindre le papa de Romane à Kara comme il a trouvé un travail. Et tu sais que son papa ne t’aime pas. Ou tu l’as oublié?
Elle secoue la tête
-Tu veux donc que je fasse comment avec toi?
-........
-N’aies pas peur de George. Maintenant les choses vont mieux se passer comme on a parlé et tonton Martin m’a tout expliqué. Il ne sera plus méchant. Je lui ai parlé.
C’était la dernière phrase que je lui ai dit sur le sujet. J’ai pris cinq jours pour lui apprendre comment satisfaire un homme et s’entretenir pour lui puis je l’ai mis dans un car en direction de Lomé.
J’arrive chez moi avec une accumulation de fatigue dans le corps. Romane est encore dehors entrain de jouer pourtant j’ai interdit ça. Je pousse un juron en voyant Jeanne assise dans la cour. Celle-là c’est ma grande déception. Non seulement elle est cancre, insolente mais c’est elle aussi qui ne sait pas fermer ses jambes. Madame se prenait pour une grande et m’a proprement insulté au point qu’on en arrive aux mains. Résultat je l’ai jeté dehors pour qu’elle aille trouver le père de ses enfants. Elle revient la face longue comme la chaussette ici accompagnée d’une connaissance et me bredouille des inepties. J’écoute d’une oreille distraite les dires de notre connaissance quand un jeune homme entre dans notre cour et se dirige vers nous. Un en tout cas que je ne reconnais pas
-Bonsoir tata.
-Oui bonsoir?
-Oh....Jérôme....elle n’est pas encore là, Romane s’empresse de dire. Maman c’est un camarade, je le raccompagne
-Hey reviens ici, je dis en attrapant son bras. Ce grand garçon peut être le camarade d’une fille de douze ans?
-umm...ummm....
-Non je suis le camarade de Bi.....le garçon essaie de dire mais se fait interrompre par un non de Romane
Le portail s’ouvre encore et cette fois c’est Imogen qui entre. Elle se fige dès qu’elle voit le garçon qui porte par contre un sourire que je reconnais trop bien. Un sourire que seuls partagent des amants. Imogen se met à courir quand je me lève. Je lui lance le tabouret qui l’atteint.
-Bijou! J’entends le garçon crier en arrière
J’attrape de justesse Imogen et lui fais regretter sa perfidie.
-Combien de fois j’ai dit pas de mensonge dans ma maison!!!! Je crie en rage tout en la frappant n’importe comment.
-Woyoo modestine pitié pour elle! La peau claire marque vite! Ma connaissance crie tandis que le garçon essaie de me faire arrêter.
-Je vais sortir le banditisme de toi aujourd’hui imbécile! Tu t’es crue plus intelligente que qui? À te faire appeler Bijou dehors comme ça je ne saurais pas que tu as commencé tes saloperies. Romaaaneeee! Viens ici!! Tu étais complice
Elle se met à supplier en larmes et à genoux. Des inutiles! Je n’ai que ça! Dire qu’Imogen faisait l’innocente ici! Je la croyais sensée. Je l’avais promise au fils d’un marchand qui vit au Mali. Mon sang africain n’a pas trop marché sur elle. Au lieu de prendre les formes comme Elle Bijou et Blanche elle a pris la minceur de son père Aristide Lavigne, le voisin d’en face du temps où je vivais à Lomé. L’imbécile a eu le temps de disparaître avant que je découvre mon état. Au moins le teint métissé de sa fille est un aimant pour les hommes et je veillais avec précaution sur elle. Aucune pour rattraper l’autre. Tout à coup une idée me traverse l’esprit. Bijou n’aurait pas....non elle n’aurait pas osé s’enfuir au lieu d’aller chez Martin. Si oui pourquoi Martin a continué à m’envoyer son salaire? Ils ont fait quoi de mon enfant?
***Garcelle Ekim***
-Tu fais on dirait que tu n’es jamais allée au spa, je dis exaspérée face à l’entrain de Kristina
-Lol pourquoi tu dois toujours faire ton rabat-joie? On a un séjour tout payé par ton frère. Ça n’arrive pas souvent donc permet que je danse de joie
-bref hein. Saute pour nous deux alors. J’espère qu’il ne va pas me rabâcher les oreilles avec une lourde morale quand il débarquera ici
-Il est aussi fatiguant que ça?
-Lol, je ris de dérision, c’est le raté de la vie qui aime te dire comment il faut être sérieuse dans les études, ne pas trop sortir blabla
-rhooo c’est méchant, on ne dit pas ça de son frère, elle réplique en me donnant une tape sur le bras
-est-ce que j’ai menti? À 26 ans il n’a même pas de voiture pour venir nous prendre. C’est pour venir racler chez nous quand papa sera dans la tombe. En tout cas je lui ai déjà dit de faire son testament. On sait comment les gens du dehors aiment voler le dedans. Maman n’a pas soutenu papa durant tout ce temps pour qu’on dépouille sa descendance.
-pourquoi tu as accepté son cadeau alors si tu ne l’aimes pas?
-mais s’il se sent charitable je suis qui pour refuser? Voilà que tu vas en profiter non?
-ouais mais.....c’est pas sympa.
-Alors reste, je pars seule, dis-je quand mon téléphone s’est mis à sonner
Elle s’empresse de me suivre quand je sors de l’immeuble. Nous sommes descendues chez une partie de sa famille ici. Je n’aime pas trop être chez les gens mais bon ça me permet d’économiser, en plus je n’allais pas rester à Lille pendant deux semaines à me faire chier. Ray est en bas de l’immeuble à notre arrivée.
-C’est ce que tu portes en février ça? Il gronde
-Pardon c’est mon corps.
-Rappelle-le à ton père alors parce que quand tu tombes malade c’est moi qu’il appelle.
-Genre c’est ma faute?
-Tiens, il dit sur un ton bourru. La réservation est pour quatorze heures au nom d’Elikem Akueson.
-Merci, dis-je du bout des lèvres
-C’est avec elle que tu y vas?
-Oui oui. Voici Kristina Note, une camarade.
-Bonjour. Je suis Raymond Ekim, il dit et présente sa main
-meuf c’est comment? Je dis et la bouscule un peu parce qu’elle reste là comme un poteau au lieu de prendre la main de Ray
-ah...erm....enchanted, Elle balbutie et j’éclate de rire
-enchanted aussi, Ray répète avec amusement après avoir pris sa main
Je continue à me foutre de sa gueule pendant qu’on se rend au spa.
-Je ne vais plus jamais te rendre de service tu verras. Oh tata nzambe! Ton frère doit me prendre pour une demeurée, dit-Elle mortifiée
-Lol même pas. Plutôt une qui a craqué sur lui
-Quoi! Jamais non de Dieu! s’indigne-t-elle
Je m’en amuse davantage. Oh que oui Elle a craqué. On se côtoie depuis deux ans. Je sais tout d’elle donc je parle en connaissance de cause. Elikem est sympa et tout mais elle va devoir m’excuser. En plus elle est loin et c’est sûr que Ray la trompe bien ici. Lille c’est plus proche de Paris que le Colorado. En plus Ray c’est le fils de mon père. Les hommes Ekim ne connaissent pas la fidélité. Deno est peut-être l’exception mais en même temps son statut d’homme Ekim n’est pas confirmé. J’ai entendu des choses. En plus durant sa grossesse maman avait un petit ventre. Puis elle est partie à l’étranger et un mois plus tard elle rentrait avec lui. Il n’a pas le teint aussi clair que Ray, Toni et moi. Aussi J’ai besoin de l’attention de Kris sur quelqu’un d’autre. N’importe qui. Tant que ce n’est pas mon TH sur qui elle coule des yeux trop admiratifs. Lui c’est ma chasse gardée. J’attends simplement qu’il comprenne combien je suis fabuleuse et agisse comme un vrai homme au lieu de ses “la grande” saoulant qu’il me donne au quotidien.