53: rectifier le tir

Write by Gioia

***Elikem Akueson***


Je suis en pleine panique depuis qu’Océane m’a sorti sa théorie sur mes sentiments pour Romelio. Pourquoi elle pense ça? Est-ce que j’ai posé des actions qui porteraient à confusion? Plein de est-ce qui m’ont tenu en haleine et j’ai finalement craqué au bout d’une semaine. 


-Si tu paraît amoureuse de Romelio? dit papa Eli 


-Oui. Tu penses que j’ai l’air amoureuse de lui? 


-Mais ma puce comment je saurais. Et pourquoi cette question? 


-C’est pas Océane pfff. Je lui raconte donc tout ce qui s’est passé depuis ma découverte du couple “Toniane” jusqu’au coup de fil de Romelio.


-Je vois. Dis-moi comment tu vois ton avenir dans les cinq prochaines années?


-J’espère finir avec brio ma spécialisation. 


-Mais tu as une vie en dehors des études Xena. Tu n’y penses pas? 


-Honnêtement, j’ai tellement peur de foirer encore une année et décevoir que j’arrête pas de penser à ma formation. 


-et ce n’est pas bien. Je t’ai aussi dit que beaucoup d’étudiants font un burn out vers la fin parce qu’ils ont succombé à la pression. Reprendre une année ce n’était certes pas joyeux mais je n’ai jamais été déçu de toi d’accord. Et certainement pas ta mère ni le reste de la famille ici. 


-Tu as déjà repris une année toi? Non. Alors je n’avais pas ce droit. 


-Je n’ai pas repris d’année mais j’ai fait des erreurs durant ma première année de pratique. Et même lorsque je me suis dit que j’ai fait ce que je pouvais, certains de mes bébés ne sont pas sortis de l’unité néonatale. Je l’ai vécu comme un échec et pourtant je n’étais pas le seul pédiatre en charge d’eux. Tout ça pour te dire que l’échec fait partie de la vie. Oui ça sonne comme de la philo de quatrième mais écoute c’est une vérité fondamentale. Le temps que tu perds à être dure envers toi-même peut être utilisé pour mieux, tu ne crois pas? Quelque chose qui te fait du bien. 


-Tu as raison....mais je ne veux pas décevoir aussi Ray. C’est déjà pas facile et il ne se plaint pas mais je sais que pour lui c’est difficile qu’on ait potentiellement quatre ans devant nous pour s’installer ensemble. La plupart de nos amis sont déjà en discussion mariage et tout. Je pense que ça lui donne envie. Et si on doit le remettre à plus tard c’est principalement parce que je suis ici pour les études. Donc reprendre une année non c’est pas envisageable pour plein de raisons. 


-c’est la fille qui disait ne pas penser à un autre avenir en dehors des études qui se soucie des états d’âme de son copain? il dit avec humour. 


-lol bon je disais ça dans le sens où j’entends pas les cloches d’église sonner dans mon sommeil 


-je n’ai jamais entendu les cloches sonner dans mes rêves ma puce, il répond en riant 


-m’bon Tu gagnes un peu, je dis sur un ton blagueur. 


-Donc revenons à ton questionnement. Tu sais quand même que ton amie ne détient pas la science infuse right? Mon père pensait que j’allais me lancer en finance ou au pire faire l’économie comme lui parce que je le questionnais à longueur de journée sur son métier à la BAD. J’y croyais aussi à un moment puis la médecine l’a emporté. Ce n’est pas parce qu’elle l’a dit que c’est vrai. C’est son opinion. 


-Oui mais ça me fait flipper parce qu’elle dit que j’ai changé. Est-ce que je peux inconsciemment aimer quelqu’un? En plus j’aime Romelio. Et en y pensant je n’ai pas pu trouver concrètement les raisons pour lesquelles je l’aimais. Plutôt des qualités que j’aime chez lui. Mais le pourquoi je l’aime je ne saurai te le dire. Par contre Ray, j’ai trouvé sans chercher bien loin. Et c’est....enfin c’est pas supposé être comme ça non? Parce que les gens disent que si tu peux dire le pourquoi tu aimes quelqu’un c’est que ce n’est pas le vrai amour. En plus au début de notre couple  je ne pense pas que je l’aimais vraiment. J’étais juste trop...enfin tu vois....


-Il te plaisait 


-énormément, je dis timidement. En plus je ne me suis pas sentie jalouse quand il m’a parlé dernièrement d’une fille avec qui il s’entend bien. Est-ce que je suis entrain de perdre son temps à Ray? Je comprends rien de moi. 


-Du calme. Avançons petit à petit. Tu m’as dit deux fois “les gens disent” depuis qu’on se parle. Sauf que les gens ce n’est pas toi ma puce. Les gens ont le droit d’avoir leurs opinions tout comme toi. Tu le sais déjà je pense. 


-Oui 


-Et ce n’est pas bizarre de changer. Entre 25 et 18 ans il y’a sept ans d’écart. En sept ans les mentalités ne restent pas pareilles. Tu sors de l’adolescence, l’âge lié aux conflits internes. Une preuve, c’est que notre relation s’est nettement améliorée depuis que tu as 20 ans. Ou je me trompe?


-du tout, je m’empresse de dire hyper gênée. Dieu merci il ne saura jamais le pourquoi elle était devenue bizarre notre relation 


-Alors, ce n’est pas si étrange que tes priorités aient changé. Que tu comprennes certaines choses qu’avant tu ne pouvais pas prendre le temps d’étudier parce que trop emportée par les émotions sur le coup. Ou je ne trompe? Il n’y a pas des choses qui aujourd’hui te semblent insignifiantes?


-si si 


-J’ai rencontré ta mère à un moment de ma vie où je savais à peu près ce que j’attendais de ma partenaire. Je n’en cherchais pas activement mais j’avais une vague idée de ce qu’il me fallait pour être heureux. Il s’est fait que la vie par toi nous a naturellement permis d’échanger. J’ai trouvé la simplicité et la transparence que je cherchais. En bonus chez une fille qui m’attirait follement et semblait s’intéresser grandement à moi en retour même si elle était trop réservée pour l’admettre. Pour moi, c’était naturel qu’on finisse ensemble. Je n’ai donc pas hésité dès que j’en ai eu l’occasion et petit à petit le béguin est devenu de l’amour. Maintenant je ne saurais pas te dire quand exactement. Est-ce que ce sont ses qualités que j’aime ou elles qui m’ont fait l’aimer, pour moi c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Parce qu’en fin de compte, je me sens comblé depuis le début. Certes on a eu des différends, accrochages, défis, nouvelles découvertes sur nos différentes personnalités mais le 60-65% qui m’a poussé à me lancer avec elle est toujours là. Et bon tu pourras aussi lui poser la question après mais je sais que même si elle ne peut pas citer toutes les raisons qui ont fait naître ses sentiments pour moi, il y’a en grande partie le fait que je t’aimais comme ma fille avant même qu’on pense à un potentiel nous. C’est vrai qu’on ne compare pas mais je ne me sens par exemple pas moins aimé par ma femme que tonton Magnim parce qu’elle cherchait un homme qui aimera sa fille. Donc savoir le pourquoi tu aimes ton copain ne veut pas dire qu’au fond tu es calculatrice donc tu ne l’aimes pas vraiment. Ça veut simplement dire qu’inconsciemment tu as trouvé quelqu’un qui possède ce qui est nécessaire pour toi. 

Concernant tes sentiments pour Romelio, je ne trouve pas étrange le fait que tu ne puisses pas dire exactement pourquoi tu l’aimes. Tout comme je ne peux pas te dire exactement pourquoi j’aime ma sœur sinon qu’elle est juste ma sœur. On a partagé trop d’événements marquants, grandi côte à côte. C’est inexplicable et ça ne me dérange pas. Tout n’a pas besoin d’être extra rationnel. Tout comme le fait de ne pas manifester la jalousie n’est pas un signe de manque d’amour. Ta mère te l’a déjà dit que je ne suis pas un homme jaloux. Pas parce que je suis incapable de la ressentir mais que le bonheur est un rassemblement de petites choses. Parmi elles, les relations. À moi seul je ne peux pas faire le bonheur de ta mère. Elle a besoin de toi, Aïdara, Mally, tata Ciara et tonton Magnim. Donc si je suis important pour elle, Magnim l’est, toi ainsi que d’autres. Aucune de ses relations n’empiète sur la nôtre tout comme la nôtre n’empiète pas sur les autres. Donc pourquoi être jaloux dans ce cas? Je lui fais confiance et jusqu’à présent je n’ai jamais regretté. 


-L’ironie dans tout ça c’est que maman est une bonne jalouse 


-Que veux-tu, il faut de tout pour faire un monde, il dit avec humour 


-Quelqu’un a dit mon nom? la louve demande 


-Vraiment tu continues à écouter aux portes madame? Il faut changer. Cinquante ans dans ça c’est pas chic, je dis pour la taquiner 


-Oh Eli arrête, je veux parler à ma fille, elle dit d’une voix plaintive tandis que papa s’enfuit avec l’appareil 


Des fois je plains quand même maman avec un mari taquin comme ça. Mon esprit est quand même plus aéré après cette conversation. J’envoie une pluie de cœurs à Ray, ce qui n’est pas trop mon habitude. J’imagine déjà les commentaires qui vont suivre lol. Puis je demande à Romelio ce que Jennifer aime comme fleurs. 


-La petite là aime les fleurs même? Mais pourquoi? 


-Je dis tu diriges quand même un hôpital toi? Pourquoi tu réponds si vite?


-L’humain ne peut plus pisser un coup? 


-Yuck tu pouvais dire que tu prenais l’air. Bref, elle aime donc quoi??


-les gateaux, spécialement Les millefeuille 


-imbécile là, on dit Jennifer, tu envoies tes préférences. 


-Pfff ce que j’aime elle doit aimer. Merci d’envoyer notre millefeuille. Reçois nos cœurs. 


Au lieu de le laisser m’épuiser je vais plutôt chercher ce qu’ils ont comme pâtisserie à Saint John. Je trouve facilement et j’opte pour un gâteau simple.


-Hum, j’entends par dessus mon épaule et sursaute avant de me retrouver devant la face d’Océane.


-je t’ai dit d’arrêter de m’effrayer. 


-Pourtant je ne suis pas venue sur la pointe des pieds. Je préfère les charlottes aux fraises tu sais bien 


-pfff qui a dit que je regardais pour toi


Elle se couche sur le divan et pose sa tête sur mes cuisses 


-Tu n’aimes pas les gâteaux avec les glaçages par dessus donc c’est pour qui si ce n’est pour t’excuser d’avoir été méchante envers ta meilleure amie?


-Un je n’ai pas commencé avec la méchanceté. C’est toi qui....


-Abrège Elikem. Tu as été bitchy. 


-Toi même bitchy. Qui t’encourageait de donner des chances aux autres mecs que tu as connu dans le passé? Qui te disait de donner une chance à certains au lieu de tout couper après deux ou trois rendez-vous? N’importe qui peut me traiter de bitchy mais pas toi. 


-Ouais mais les gars que tu m’encourageais à voir étaient nazes. Pas Toni, même si tu ne le crois pas. Il est nettement mieux. 


-Si tu le dis. De toute façon tu n’as pas besoin de mon approbation pour faire ce que tu veux 


-Je fais quoi de ton approbation? J’aimerais par contre pouvoir te raconter des choses sans que tu aies cet air sombre du style “elle fait une erreur”. Ça me saoule et ça te donne un air bitchy. 


-Regarde je vais te gifler si tu continues avec ce mot 


-mais gifle moi. J’ai quand même dit la vérité. Bitchy bitchy bitchy 


-ah dégage, je dis en la secouant mais c’est maintenant qu’elle s’agrippe à mes hanches et crie en riant qu’elle ne va pas tomber seule. 


-Tu peux me prendre une tarte aux framboises s’il n’y a pas de Charlotte aux fraises 


-et je te répète que ce n’est pas pour toi que je passe commande. Je l’envoie chez Romelio.  


-enfin tu te bouges. Il était temps 


-Merci de ne pas mélanger dans tes histoires. Je l’envoie en signe de paix. 


-C’est plus simple d’accepter tes sentiments pour lui au lieu de passer par la fourberie tu sais. En plus je te donne ma bénédiction. Tu vaux bien mieux que l’autre au visage carré là


-J’ai dit de ne pas me mélanger et ton visage n’est pas mieux quand tu insultes celui des autres. 


-Je m’en fous. Je sais que je suis belle. Donc tu envoies pourquoi déjà? Lécher ses bottes? Tu fais dans ça maintenant?


-Pour corriger une action que j’ai posé dans le passé avec l’intention de te protéger 


-Aka moi? Je viens faire quoi dans ce mix?


-tu veux que je te rappelle tes crises? En tout cas je n’ai pas été très chaleureuse envers Jennifer au début de sa relation avec Romelio. Puis d’autres événements que je ne te raconterai pas donc pas la peine de me demander, se sont succédé et j’ai préféré rester totalement en retrait pour qu’elle soit libre de vivre sa relation. Mais il semble qu’elle ait reçu le message contraire donc j’espère qu’elle comprendra par mon cadeau que je n’ai rien contre elle 


-C’est définitif. Je suis sûr qu’on t’a lavé au pays parce que nope ce n’est pas toi qui me pond ce discours “kumbayeux”. 


-Laisse-moi tranquille. Essayer de comprendre quelqu’un ce n’est pas mauvais. C’est ce que je fais avec toi depuis qu’on est ado. 


-Prière de ne pas me comparer à l’autre aux goûts vestimentaires douteux 


-Comment tu sais qu’elle a des goûts vestimentaires douteux?


-J’ai vu des photos d’elle sur le compte Facebook d’Aurore. Sa robe de mariée qui laisse à désirer là. 


-Tu gagnes quo dans la méchanceté? En plus elle n’a pas des goûts douteux 


-bla bla, j’ai le droit d’avoir mon opinion. Bref pourquoi tu courbes l’échine devant elle au nom de la maturité? C’est Romelio l’imbécile là qui te demande ça?


-Je fais ce que je veux Annie je t’ai déjà dit de me laisser 


-Hum n’oublie pas d’envoyer son gâteau à Toni aussi dans ce cas comme tu es maman Noël maintenant 


-je n’envoie rien. 


Elle plonge sur mon téléphone et se met à lutter avec moi pour le prendre. Zéro maturité en elle. Je ne sais pas ce qui lui passe par la tête des fois quand elle fait ses choses. 



***Modestine Ekoue***



J’ai prévenu tous mes frères et amis de la famille à Lomé et toujours pas de nouvelle de Bijou. Je n’en dors presque plus. J’ai partagé avec mes trois filles la nouvelle. Il a fallu que la même semaine Jeanne accouche d’un mort-né.  Bon cette nouvelle n’est pas aussi grave que la disparition de Bijou. Ça me fait une bouche en moins à nourrir déjà que son garçon Joyau mange pour dix à un. Oui. Joyau. C’est à Imogen qu’on doit ce prénom. Elle me désespère simplement cet enfant. Bref j’ai programmé la prière matinale depuis la disparition de Bijou. Une connaissance vient m’aider à faire les rites pour Jeanne. On doit lui raser la tête selon notre coutume. Je pensais qu’elle allait faire des histoires pour se plier aux rites vu qu’elle a toujours été fière de ses longs cheveux mais la mort de l’enfant l’a beaucoup affecté. Depuis elle ne fait que pleurer donc c’est dans le silence que nous accomplissons les cérémonies. J’appelle Imogen pour qu’elle nous prépare à manger mais on ne trouve jamais cette fille dans la maison. 


-Tu l’as envoyé au marché avec Romane non 


-c’est seulement Romane que j’ai envoyé. Imogen, je crie encore mais aucun retour. 


-peut-être elle a suivie Romane hein. 


-tchrr. Elle me fatigue tellement cette enfant. Je ne sais déjà pas comment je vais la supporter dans cette maison comme elle ne va plus fréquenter à la rentrée prochaine 


-Mais pourquoi?


-Si c’est pour tomber enceinte et faire le curetage pourquoi je vais gaspiller l’argent qui ne suffit même pas? Tu as même entendu son français malgré l’école? 


-Ah non modeste je ne suis pas d’accord. C’est l’école qui donne à manger maintenant. Voilà Jeanne qui ne fréquente plus. Maintenant tu ajoutes aussi Imo. Comment vous allez faire? 


-Bijou est là. Elle va revenir, je me dis mentalement. Et puis il y’a Romane, je lui dis. Elle est studieuse et un commerçant de Tsevie est déjà passé la demander en mariage en début d’année. J’attends seulement qu’elle ait quinze ans 


-Tcho Modestine! Quinze ans? Elle va faire quoi dans le mariage? Laisse qu’elle finisse l’école au moins. 


-Même si elle finit elle va faire quoi avec dans ce village? Hein? Je ne connais personne chez qui elle peut aller à Lomé pour dire que là-bas au moins il y’a une chance. Chez son mari au moins elle aura à manger et de quoi s’habiller. En plus elle est belle et parle bien français. Le mari peut même l’aider à continuer l’école 


-Son papa est à Kara non? Il y‘a une université là-bas.


-La femme de son père a refusé qu’elle vienne quand ils vivaient ici. 


-Ah cette femme. Il paraît même que c’est à cause de sa santé qu’ils sont partis là-bas 


-Ah bon? Comment tu sais ça? 


-ils partageaient une cour avec ma belle-sœur. 


-Je ne savais pas. 


-En tout cas attend d’abord pour Romane. Hein pardon. Je connais quelqu’un à Lomé qui cherche souvent les bonnes. C’est mieux qu’elle aille même faire ça plutôt que d’aller en mariage loin de nous. On ne sait pas ce que les gens font maintenant hein. C’est pour la mettre enceinte chaque année là non non. Pas à quinze ans 


-Ca change quoi? C’est Jeanne ça qui a accouché à quatorze ans ou pas?


-Tu ne sais pas que l’accouchement précoce est mauvais pour la femme? Les bénévoles de l’Unicef qui viennent souvent au village enseignent contre ça pourtant. Ou tu n’as pas assisté aux rassemblements?


-UNICEF parle pour les blancs hein. Nos mamans n’avaient pas tous leurs enfants très tôt? Et elles étaient plus solides que nous aujourd’hui. 


-Hum il faut laisser Romane avoir dix-huit ans avant de parler mariage oh. C’est seulement ça que moi je demande 


-Trouve lui d’abord une place à Lomé et on va voir 


On discute encore un peu et elle prend congés de nous. Des bruits m’attirent vers la chambre des filles. J’arrive et trouve Jeanne assise sur Imo. Les deux crient et se frappent. Bon Jeanne frappe Imo qui essaie de se défiler et l’insulte. Je porte Joyau, ramasse un sac à côté et je frappe les deux, mais elles ne se détachent pas.


-C’est quoi ici? Je crie. Jeanne lève toi! 


-Je vais la tuer aujourd’hui! Je vais....


-Tu fais les rites! Laisse-là!


-Tue moi. Fais tu me manges même, Imogen crie en bas 


-Jeanne je ne vais pas me répéter, je dis et les frappe encore 


Jeanne se dégage finalement mais elle respire comme un animal traqué et regarde sa sœur avec haine. Je lui donne le garçon qui pleure bruyamment contrairement à aux larmes silencieuses de sa mère. Imogen se relève avec difficulté. 


-C’est dans ma maison que vous faites le bruit? Qui vous a permis ça? Et toi tu étais dans la maison et je t’appelais tout à l’heure? Je demande à Imogen 


-Maman dis lui! Dis lui de ne plus jamais m’approcher sinon, Seigneur je jure que je vais la poignarder


-Jeanne. Il faut te calmer toi aussi. Tu as l’enfant dans les bras 


Celle qu’on menace croise les bras et pousse un long juron. Si ce n’était pas Joyau, Jeanne allait encore se lancer sur l’autre courte. Je la tire pour sortir avec elle vu qu’elles ne vont pas s’arrêter. 



***Romane Ekoue***


C’est une maison plutôt tranquille que j’ai quitté en partant ce matin pour le marché. Je rentre pour trouver des visages contrariés. Le seul qui est toujours content c’est mon Joyau. Il est trop mignon ce garçon. Et il sait qu’il est le chouchou de la maison. En général il est toujours collé à Imo lorsqu’elle se met dehors avec son petit couteau et ses outils pour fabriquer des choses. Joyau a eu des jouets. Nous des tabourets et deux foyers fait avec la terre d’argile et des anciennes bassines percées qu’on devait jeter. Certains objets elle les bricole seule à la maison. D’autres elle partait Dieu seul sait où et revenait avec. Son gros défaut c’est son mauvais comportement. Mais elle n’aime pas entendre ça. 


-Qu’est ce que tu as encore fait? Je demande après m’ être accroupie à côté d’elle 


-Qui a dit que j’ai fait quelque chose?


-Maman n’arrête pas de rouspéter au salon et Jeanne a refusé de me laisser sortir de la chambre avec Joyau parce qu’aucune sorcière ne touchera son enfant. 


Elle hausse les épaules et taille son morceau de bois avec son petit couteau 


-Pourquoi tu aimes te disputer avec Jeanne comme ça hein? On a déjà...snif...on a déjà beaucoup de problèmes. On ne peut pas être une famille et se serrer les coudes?


-C’est pour ça tu as commencé les larmes? Tu es bête hein 


-Snif c’est ta faute courtegen. Tu as fait quoi à Jeanne? 


-Mais faut la demander. C’est elle qui connaît sorcier 


-Yessh Seigneur on ne dit pas la! Combien de fois je dois te corriger? 


-le temps que tu prends pour me corriger tu peux aller pleurer là-bas avec Jeanne. 


Je n’apprends rien d’elle le soir là. C’est le lendemain que grâce à maman j’entends les détails accablants. Imogen aurait demandé à Jeanne où se trouve les habits propres de Joyau pour le changer. Jeanne a répondu qu’elle lui fasse l’air. Et Imo a répliqué qu’au lieu de voir le bon côté de ne pas avoir une deuxième bouche à nourrir, elle pleure pour se rendre encore malade. La bagarre a suivi et le reste c’est de l’histoire. C’est triste que je ne sois même pas surprise de la réponse qu’a donné Imogen. Elle ne peut juste pas être gentille. Il faut toujours qu’elle fasse quelque chose pour faire oublier le bien qu’elle fait. Enfin moi je n’oublie pas. Mais les autres je pense que oui. Jeanne certainement. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, on apprend trois semaines plus tard que la femme de mon père est décédée à Kara. Je suis tellement triste que j’en parle tout le temps à Joyau même s’il ne comprend rien. J’aurais aimé aller à Kara pour être avec les autres mais maman ne va jamais accepter donc je n’ai pas perdu le temps pour demander. 


Deux semaines après le décès de ma belle mère, maman nous annonce qu’elle doit se déplacer. Elle va en ville chercher de l’argent pour la rentrée qui arrive. On a la maison pour nous, mes moments favoris. Jeanne ne veut toujours pas quitter le lit. Mais heureusement elle ne pleure plus. Je reste donc avec Joyau dehors, à jouer. Il fait mon élève et moi la maîtresse même s’il ne comprend rien. Imogen nous rejoint dans la cour en titubant un peu avec son ancien sac d’école au dos. Si elle titube c’est grâce à une correction que maman lui a donné après qu’elle m’ait brûlé par maladresse avec une marmite chaude l’avant-bras gauche il y’a trois jours. J’ai bien dit à maman que c’était par maladresse mais elle ne voulait rien entendre. En réalité Imogen lui chauffait les nerfs depuis donc elle s’est déchaînée. 


-Tu fais quoi avec ça? C’est pas bon de porter les choses quand ta hanche te fait mal 


-je suis jeune. La hanche va aller. Coucou Jojooo, elle dit d’une voix amusante à Joyau qui se met à rire et lui rend le coucou. Viens tu vas m’accompagner quelque part Romane 


-où ça?


-J’ai entendu qu’un nouveau marché a ouvert pas loin. Je vais voir si je peux vendre les choses que j’ai fabriqué. J’ai mis les choses dans le sac 


-Ok j’arrive. Je vais me changer 


-non comme ça c’est bon 


-mais j’ai la craie sur ma jupe. 


-ah je te dis c’est bon. Attend je pars donner Joyau à Jeanne 


Elle rentre avec lui même s’il se bat un peu pour rester. Nous partons quelques minutes plus tard. 


-Je dis c’est encore loin? je demande à bout de souffle après presque une heure de marche 


-Les longues jambes comme l’arc-en-ciel et tu te fatigues encore? En plus c’est moi qui porte le sac 


-tchrr ne commence pas parce que j’ai demandé le sac et tu as refusé. Les jambes n’empêchent pas le soleil de frapper ma tête. Et puis c’est quel marché qui se trouve à côté de la gare? 


-ah c’est bon. On est là, elle dit quand on est proche de la gare


-le marché est où Imogen? Je demande confuse 


Elle pose son sac qui fait un gros bruit et en public, met la main dans son haut malgré que je la gronde. Elle en sort un billet de dix mille. Le choc me ferme la bouche. 


-y’a pas de marché. Tu vas prendre le car et partir à Kara


-Hein? 


-Je pensais tu comprenais français. Elle répète la phrase en vieux ewe.


-J’ai compris mais je vais faire quoi là-bas? Et puis on a pas demandé la mission à maman. D’abord tu as trouvé l’argent où? 

 

-baisse toi. 


Je le fais et reçois un gros coup sur la tête qui me fait crier


-comme ça tu vas arrêter d’être bête. Si maman allait accepter que tu partes à Kara, Elle n’allait pas t’envoyer depuis? 


-l’argent sort d’où? Tu as fait quoi? Je demande apeurée en imaginant la bêtise 


-C’est pas ça ton problème. Toi tu vas monter dans le car et partir à Kara. Quand tu arrives tu dis à ton papa que Jeanne et moi on te frappe trop. Tu montres là où c’est lolo sur ton bras 


-On dit boursouflé. Et je.....mais pourquoi je vais mentir? 


-j’ai dit de ne pas être bête hein. Ton papa ne doit pas refuser que tu rentres. Il doit penser qu’on est méchant avec toi. C’est pas l’argent que maman est partie chercher. J’ai entendu qu’elle parlait avec son amie qui a fait les rites pour Jeanne. Elles veulent t’envoyer à Lomé pour être bonne. Et j’ai entendu Bijou quand elle est rentrée dire à maman que là où elle est partie on lui a fait les choses dans son toto. 


-Dans son toto? Je dis effrayée 


Elle hoche vivement la tête. 


-Dans le sac il y’a tes habits et un paquet de biscuit. J’ai mis aussi un autre dix mille caché dedans. Comme Dieu a tué la mauvaise femme Ton papa va te mettre à l’école et tu pourras faire les longues études.


-Dieu tue pas les gens snif 


-est-ce c’est mon problème? Au moins elle est morte. Tu vas être un peu libre 


On se met à crier les départs pour Kara. Elle me pousse mais je me mets à pleurer. 


-Mais on peut aller ensemble. Aller chercher Jeanne et Joyau. Comme ça tu vas reprendre l’école et elle aussi, je dis et elle rit de moi


-ton papa t’a dit qu’il cherche les enfants? Au moins tu as un. Il faut profiter. En plus moi j’aime pas l’école. Toi tu aimes papier. 


-maman sera fâchée à son retour. Elle va être méchante avec vous!


-Et puis après? On va supporter, c’est la vie 


-J’ai pas dit au revoir à Joyau et Jeanne. Sniffff en plus mon papa ne sait pas que j’arrive. S’il se fâche et....


-Tu mens correctement! Tu mens avec les larmes! Tu mens et attrape son pied. Mais tu ne rentres pas ici sinon tu vas devenir comme Jeanne. C’est ça tu veux? 


-sniff non. Mais toi tu vas devenir quoi? Et Jeanne? Joyau? 


-C’est le problème de Jeanne. Moi je vais trouver une solution. Joyau c’est mon bébé. Faut pas peur. 


-Avoir snif. Le verbe est important Courtegeeeennnnnnnnnn, je crie et commence à pleurer à chaudes larmes 


Elle me tire et monte avec moi pour m’installer. Puis elle nettoie mon visage avec son t shirt et tapote ma joue.!


-Ça va aller longues jambes. C’est maintenant que ça fait mal mais tu seras contente dans le futur 


-Faut...il faut...faire profil bas avec maman....ne te fait pas trop frapper. Sois sympa avec Jeanne....tu vas me manquer 


-Hum. Tu connais le numéro du tonton qui fait la cabine à cinq minutes de la maison non 


-Oui 


-Faut l’appeler quand tu arrives 


-D’accord. M...merci! Je dis d’une voix hachée par l’émotion 


Elle me donne ce sourire confiant qui la caractérise et descend du car. C’est la dernière fois que je vois sa petite forme. 

La dernière fois que je vois mon village. En tout cas je n’y remettrai pas les pieds sans les moyens pour sortir Imogen, Jeanne et Joyau de la galère. 



***Modestine Ekoue*** 


Je ne prévoyais pas envoyer Romane aussitôt à Lomé mais ça serait stupide de ma part de laisser passer cette opportunité. Je me suis déplacée personnellement pour rencontrer la famille. Je n’ai vu que la femme de la maison par contre. Son mari, vit en Europe avec leur fils. Le travail ne sera pas éprouvant pour Romane. Le salaire n’est pas aussi bon que celui de Bijou mais nous ne sommes pas en position de critiquer pour le moment. Avant de rentrer au village je fais un stop pour acheter quelques effets. La grande boîte de Nido, Ovaltine, des sardines, le riz parfumé, bref tout ce dont on s’est privé depuis la disparition de Bijou. Les temps sont meilleurs.  J’arrive tardivement et Jeanne m’accueille


-Bonne arrivée maman. Tu as acheté les choses hein. C’est quoi? 


-Ne fouille pas mes sacs Jeanne. Je n’ai rien pour toi dedans 


-Oh. Même pas quelque chose pour ton petit fils? 


-Je suis son père? Tchrr. Où sont tes sœurs 


-hum, elle fait avec un petit sourire moqueur. Imogen est dans la chambre. 


-Imooooo. Imogen!!!!


-Doucement avec la voix maman. Joyau s’est endormi il y’a pas si longtemps 


Imogen arrive avec le sommeil sur les yeux 


-Bonne arrivée maman, Elle me dit, Les yeux mi clos 


-Toi tu es comment? Ta mère voyage et tu dors comme un bois? Romane aussi dort déjà quoi. Hum, que personne ne me demande ce que j’ai ramené comme cadeau 


-Romane hein, en tout cas demande à Imogen, Jeanne réplique sur un ton moqueur avant d’entrer à l’intérieur 


-demander quoi à Imogen?? 


Je bouscule Imogen, avec la peur au ventre et me rend dans leur chambre. 


-Romane? Je crie 


-Maman Joyau....


-Raahhhh tais-toi!!! Joyau c’est ce que je mange? Je dis en colère avant de sortir et me rendre à la douche dehors. Romane n’y est pas. J’entends péter dans les toilettes. Mon coeur qui était en haut redescend doucement. Je m’éloigne doucement et soulagée. Moins un j’ai cru que.....la porte s’ouvre. Je me tourne et c’est Imogen 


-J’ai la diarrhée hein. Donc faut attendre un peu avant de partir là-bas 


-Romane est où? Je demande le cœur battant à tout casser 


-Est-ce que je suis le gardien de Romane?


J’attrape sa touffe de mouton et la tire vers moi. 


-Je vais te tuer aujourd’hui! Ma fille est où? 


-Woyoooo!!! Elle crie dans sa chute 


Je tombe sur elle et la tire par les pieds sur le gravier. 


-Tu vas mourir de mes mains si tu ne me dis pas où tu as envoyé ma fille! Sorcière! Petite pute! Où est Romane?


-Ma hanche!!!! Maman ma hanche pardon!!!! 


Je la gifle dans tous les sens. Cogne son visage sans relâche. C’est quelqu’un qui m’a fait me lever. Le mari de notre voisine de cour. C’est sa voix que j’ai reconnu. 


-J’aurais dû écouter mes frères et t’avorter!


-Oyoooo Modestine, tu as perdu la tête? C’est une enfant, Me dit la femme du voisin pendant que ce dernier relève Imogen 


-Une enfant qui connaît les hommes et fait le curetage? Comme elle a gâté sa vie elle voulait gâter celle de sa sœur! Je te jure sur la tombe de mon père que si on ne retrouve pas ta soeur tu vas regretter d’être née jusqu’à la fin de tes jours! Et baisse rapidement les yeux! 


-baisse les yeux ma fille. On ne regarde pas sa maman avec haine, le voisin lui dit mais elle continue à me fixer comme si j’étais son égale puis crache la salive mélangée de sang au sol avant de tituber pour me dépasser. 


-ne rentre pas dans ma maison! Tu va dormir dehors tant que ta sœur ne revient pas! 


-modes....


-mêlez-vous de vos affaires! Quand elles ramènent les hommes vous ne venez pas m’aider avec ça. 


Elle prend un tabouret et va se mettre sous l’arbre. Je ne dors pas de la nuit. Bijou et maintenant Romane. Ma dernière fille n’a que douze ans. Se promener elle ne connaît pas. Sa vie c’est école maison. Le marché elle y allait seulement quand je l’envoyais. Imogen c’est elle qui sait tout de la vie dehors. Et Romane est souvent  derrière elle. Je ne peux pas perdre mes filles comme ça. 



***Constance Tountian***


Je suis grand-mère. J’aimerais dire pour la première fois mais vu la vie que mène Jérôme en dehors de la maison je ne peux pas crier ça tout haut. N’empêche qu’on baigne dans la joie à la maison. Nous avons eu un petit garçon, Benoît, il y’a un mois maintenant. Maman et bébé se portent bien. Je pensais qu’en venant vivre avec nous, le but c’était que je prenne soin d’Amen mais sa mère est arrivée une semaine après l’accouchement. C’est Hilda qui se plaint chez moi au quotidien parce qu’elle a dû lui céder sa chambre. C’est peut-être impoli mais j’ai de plus en plus envie de demander à cette femme quand elle compte rentrer chez elle. J’ai donc sauté sur l’occasion quand elle a demandé à me parler. 


-Je t’écoute maman Amen, dis-je après qu’on se soit installé 


-c’est par rapport à Maria. 


-J’espère qu’il n’y a pas de problème. 


-Non pas du tout. En fait je voulais prévenir comme ma fille vit ici. Je vais changer Maria et envoyer une autre bonne. Disons cette semaine 


-Ah. Je peux demander pourquoi s’il te plaît. 


-Je vois que Maria ne fait rien dans la maison à part prendre le poids or je l’ai pris pour s’occuper de ma fille. Elle lui a manqué de respect et en plus elle croit être la copine d’Hilda. Bientôt elle peut aussi te manquer de respect et je ne veux pas ça 


-Si c’est pour nous tu n’as pas à t’inquiéter. Maria est très respectueuse et m’aide même de temps en temps. En plus je n’ai jamais été témoin d’un écart de comportement d’elle envers Amen. On vivait en harmonie. Et tu as toi-même été enceinte. Tu sais que dans ses moments on peut vite se fâcher et mal interpréter. Peut-être qu’Amen a mal compris? 


-Non non ma fille allait bien durant sa grossesse. J’ai moi même vu des actes de Maria que je n’ai pas apprécié. Je voulais seulement t’informer 


-Hum ok. 


Son dans la semaine s’est avéré être le lendemain en matinée. La maison n’était même pas encore debout. Elles jetaient simplement les effets de la petite dehors tandis qu’elle pleurait et les ramassait tout en suppliant. Je ne voulais pas intervenir mais je craque finalement. 


-Maman Amen il y’a quand même une façon de faire! 


-On lui a dit qu’elle doit libérer la maison mais depuis elle nous fatigue avec les plaintes 


-pardon Madame je vais aller où? demande une Maria en détresse 


-c’est quoi ce bruit? Fabien rajoute après être sorti de sa chambre  


-c’est rien mon beau frère. On va régler ça, amen répond. Toi dégage! Retourne au trottoir. 


-hey mais c’est à celle qui lave tes slips que tu parles comme ça? Tu n’as pas honte. C’est fini Maria relève toi, réplique mon fils tout en m’aidant à ramasser ses effets 


-Elle lave tes slips comment Amen? La Maman demande sur un ton courroucé 


-C’est pas ça maman. J’étais fatiguée et j’ai demandé un service 


-Quand il faut porter le slip tu n’es pas fatigué mais pour le laver tes doigts pèsent? Il demande sur un ton sarcastique 


-Fabien laisse, on ne met pas la bouche dans les affaires de femme, je lui dis 


-Qu’on ne me réveille donc pas en faisant du bruit dans ma maison, il réplique avec agacement 


-Pardon mon fils. C’est cette bonne là qui ne voulait pas partir simplement 


-et pourquoi elle part? 


-On a trouvé une autre! Plus compétente! Amen répond avec effronterie 


-Ok, tu veux rester Maria? 


Elle lance un regard apeuré vers la mère et  Amen.


-Maria! Fabien reprend plus durement 


-Oui. Je veux. 


-Allez chercher la bonne que vous voulez. Celle-ci c’est la femme de mon frère, il dit puis ramasse ses effets dans ses bras et se dirige vers ma chambre sous nos regards abasourdis. 


-quel frère au juste? Je lui demande un peu plus tard quand nous sommes seuls. J’essaie d’enlever Jérôme du chemin de la perdition 


-lol tu as oublié Eben?


-heyyyyyyy Faaabieennnn. Tu donnes la femme à quelqu’un qui n’est pas ici? Combien de fois je t’ai dit que ton frère ne joue pas vos jeux là?


-C’est toi qui dit que je joue. Je lui ai trouvé la femme vu qu’il est concentré sur ses études là-bas 


-il t’a dit qu’il cherche? 


-quand il sera prêt il va chercher et une candidate l’attendra déjà. En plus Maria est une bonne femme. Elle apprend vite et n’a pas peur de travailler. 


-toi-même tu n’as pas de femme mais tu en cherches pour les gens 


-Ah non moi j’aime les petits modèles. À chacun sa chose. Petit modèle. C’est ce que j’aime. En plus il y’a une bandite qui se promène avec mon argent volé. Je n’ai pas fini de régler son cas. Eben a la carrure pour Maria. En plus comment je le vois il va aimer la chair 


-hey Bandit c’est ton grand frère. 


-lol et alors? Grand frère aime pas femme? Ou c’est synonyme d’ange? 


Il sait que je n’aime pas les amusements de ce genre mais il n’allait pas arrêter donc on a changé de sujet. Je suis allée voir Maria un peu plus tard. Fabien lui avait donné sa chambre pour qu’elle dorme. 


-je...je dois partir? Elle demande craintive 


-non ma petite, je dis après m’être assise sur le lit. Tu as entendu mon fils. Tu es ici chez toi. On a pas beaucoup mais tu peux manger et dormir. 


-oh merci merci. Je....snif merci. 


-Bon tu pourras m’aider pour l’entretien de la maison et tenir la pharmacopée aussi. Est-ce que cinq mille par mois c’est bon? C’est sûr que c’est pas beaucoup mais....


-oh c’est bon maman. J’ai pas besoin. Si je peux rester ça me va 


-ah non. Si tu travailles tu mérites un salaire. Ou la maman d’Amen ne te payait pas? 


Elle secoue la tête. La colère qui remplit mes veines n’a pas de nom. Cette petite devait se réveiller dès fois à deux heures du matin pour preparer les envies d’amen. Jérôme n’avait qu’à la bouche “c’est la bonne de ma femme, je ne mets pas ma bouche dedans” quand je lui disais de parler à sa femme. Et c’est un exemple parmi des milliers. Si ce n’est pas l’exploitation c’est quoi? 

D’amour, D’amitié