54: so much going on

Write by Gioia


***Modestine Ekoue***


Le père de Romane a appelé dix jours après mon retour. L’ignare s’est permis de m’insulter et me menacer de bastonnade lorsqu’il reviendra à Vogan sous prétexte que j’ai laissé sa fille à la merci de mes autres rejetons. Il me rentrait tellement dans la gorge que je ne pouvais pas finir mes phrases. Il a refusé de me passer ma fille. J’ai fait appel à ma connaissance pour qu’elle fasse la médiation mais il a refusé de la laisser parler aussi. Romane ne reviendra plus, c’est le message qu’il lui a donné. Je ne sais pas où se cache Imogen dans cette maison mais elle a raison de se cacher parce que la rage que je ressens me ferait cogner sa tête avec un bloc de pierre jusqu’à ce qu’elle explose. J’ai même proposé à la dame d’envoyer Jeanne pour qu’elle remplace Romane mais la femme a refusé. Elle ne veut pas de quelqu’un qui dépasse treize ans parce que bonjour les problèmes selon elle. Je suis couchée seulement et la boîte de Nido me regarde. Si j’avais su. La moitié de mon argent est parti dans les emplettes que j’ai fait pour célébrer. Au lieu de ça je me ronge les ongles. Si je demande à Gaëtan maintenant....les moqueries et l’humiliation seront sans nom. Je ne suis pas arrivée à ce stade. Jeanne va devoir se bouger pour trouver le père de son fils et l’emmener ici. Il a des responsabilités à assumer. 



***Raymond Ekim***


De retour dans la grisaille de Paris...enfin. Le séjour n’était aussi pénible que ce à quoi je m’attendais. Je me suis même retrouvé à apprécier ce break après la vie intense que je menais ici. Les cours sont finis pour moi. Dans un mois je commence officiellement comme Junior sous Chef dans un bistrot. Dire que je respire la joie actuellement c’est un euphémisme. Je ne m’attendais pas à trouver aussi vite une place et encore moins commencer à ce niveau. Mais c’est là que mon expérience en tant que serveur et commis cuisine au besoin à Besançon a fait la différence, j’imagine. 


Le projet pour ce mois de congés c’était de faire un ménage au complet, changer un peu la déco, mais je dois remettre tout ça à plus tard parce que ma sœur et Kristina sont descendues chez moi. En fait nous avons pris le même vol au retour et comme elles étaient exténuées à l’arrivée, je n’ai pas vu de souci à ce qu’elles se reposent un moment avant de prendre le train pour Lille.


-Ça fait quatre jours que Garcelle me réveille avec son sèche cheveux super bruyant, je dis au téléphone à Perla qui trouve la situation amusante 


-Enfin chéri tu veux qu’elle fasse comment? Elle doit quand même se sécher les cheveux et tu n’as qu’une chambre chez toi 


-Elle pourrait par exemple rentrer chez elle pff. 


-Oh ne redeviens pas M grincheux hein. Tu m’as dit qu’hier soir vous vous êtes fait un ciné tous les trois ou pas? sa présence te fait un peu de bien 


-Hum, bien ou pas, je préfère récupérer mon lit au lieu de dormir sur ce sofa


-Et pourquoi tu ne lui dis pas? 


-Pour qu’elle se mette à râler et m’accuser de tous les maux de la terre?


-Depuis quand ses accusations t’affectent? Moi je vais te dire pourquoi tu ne lui dis rien. C’est parce qu’au fond de toi tu sais bien que sa présence te fait du bien mais comme vous avez une relation spéciale et tu n’aimes pas admettre que tu avais tort en la traitant de peste, tu préfères la mauvaise foi 


Je rigole à n’en plus finir. Elle reste une peste. Mais c’est vrai que sa présence me fait un peu de bien. C’était fatiguant de vivre seul. En plus elle et Kristina sont amusantes. 


-Je préfère récupérer mon lit et te mettre dedans pour un trois jours sans arrêt plutôt, je dis et elle me sort ce rire sensuel qui me donne des idées 


-Bientôt, on pourra s’enfermer pour le mois entier. 


-La grande gueule hein, je ne veux pas entendre, Ray please mes jambes, je ne suis pas une Barbie 


-Lol mais est-ce que je suis alors une Barbie? Tu me tournes on dirait je n’ai pas de muscles. 


-Tu es jeune, c’est le moment de tourner. Quand on aura la soixantaine tu me rappelleras que les enfants à la grosse tête que je t’ai mis ont épuisé ton corps donc de faire doucement


-Au moins tu admets que tu as une grosse tête, elle dit sur un ton blagueur 


-Lol ce n’est pas grave. Tant que tu meurs pour elle ça me va. Parlant de mort, mon vieux doit sentir la sienne arriver parce que tu ne croiras pas ce qu’il m’a proposé. 


-touche du bois pendant que tu m’expliques. Il meurt pour aller où quand ses enfants n’ont encore rien accompli pour qu’il voit? 


-s’il savait comment tu tiens à lui ce vieux croûton il se réjouirait de t’avoir comme belle-fille 


-C’est ton père, pas un vieux croûton. Et on s’en fout qu’il sache. Alors il a dit quoi? 


-Que je prenne en charge sa boutique de maintenance d’appareils électroniques dans trois ans 


-What? Sérieux? 


-Lol je te promets que j’ai du mal à y croire mais heureusement je l’ai entendu de sa propre bouche sinon j’allais douter. Je sais pas ce qui s’est passé pour que ma tête lui plaise brusquement. 


-Peut-être qu’il essaie de rectifier le tir avec toi mais tu connais les parents. Le dire ouvertement le dépasse


-J’ai bien eu envie de lui demander où sont ses enfants préférés et c’est au bâtard qu’il fait appel mais ta tête est apparue sur mon épaule comme les anges dans les films là, avec les lourdes leçons de morale que tu aimes partager comme l’évangile, je dis et elle éclate de rire 


-Mais je t’emmerde. Toi-même parole d’évangile. 


-Toi aussi admet que tu aimes prêcher. Ça ne va pas te tuer 


-Va loin lol. Bien que tu ne connaisses pas le respect je suis super contente pour toi. 


-Tu es contente? Tu sais que si j’accepte je vais devoir m’installer à Libreville? Tu me suivrais? 


-D’abord est-ce que le domaine t’intéresse? 


-Je ne vais pas dire que c’est ma passion mais je connais le processus de la boutique depuis l’adolescence. Chaque vacances j’allais donner un coup de main au personnel pour éviter de traîner à la maison. Je me dis que c’est une bonne opportunité financière. Si ma place est assurée, je pourrais me concentrer dans mes heures libres à l’ouverture de mon resto. 


-Alors accepte. Je te suivrai. 


-tu es sérieuse? Je demande surpris. 


-Mais oui. Je ne comptais pas rester au Colorado une fois ma spé terminée. 


-Et l’hôpital de papa Eli? Tu vas laisser tomber une place assurée pour me rejoindre à Libreville? 


-Aucune place n’est assurée à l’hôpital Li parce que je suis la fille d’Eli lol. Je vais passer des entrevues comme n’importe qui et si besoin est, on me retiendra. Je peux trouver un emploi aussi à Libreville ou heuh...Port-gentil?


-Tu continues avec ton obsession de la ville là? Je demande amusé. Les gens rêvent de vivre en Europe. Madame rêve de vivre à Port-gentil pour un an. Qu’elle a vu des vidéos sur YouTube et lu des articles d’expatriés sur Google. Dans sa tête elle aura une maison en bordure de mer et les week-ends elle les passera en bikinis ou robes d’été. Je dis souvent que rêver c’est bien. 


-Ma collection de bikinis pousse. Je vais prendre les cours de pêche bientôt. Tu vas voir comment je vais m’intégrer à Port-gentil. 


-j’attends tellement de voir ça et surtout comment tu vas rager quand Casino va saigner tes poches après les courses. 


-L’avenir sera radieux n’en plaise aux négatifs, elle dit et je meurs de rire 


Je le dis souvent mais elle va me tuer cette fille.



(Début Décembre, soit cinq mois après la conversation de Ray et Elikem) 



***Yasmine Sani***


-Mais maman tu veux que je fasse comment? Je demande exaspérée à ma mère qui est en visite. 


-Tu vis dans cette grande maison et vingt mille francs ne sont pas à ta portée? Tu fous quoi avec l’argent? 


-Je te rappelle que j’ai un bébé en bas âge en plus d’Amaya. La vie est difficile partout. En plus Emily est là-bas non. Pourquoi tu ne lui demandes pas?


-C’est Emily ma fille unique? 


-mais elle est riche! En plus elle n’a pas de charges. Pourquoi c’est sur moi que tu t’échauffes? 


-Parce que celle qui m’a raconté de long en large que son mari sera directeur de la CEET dans deux ans c’est toi. On en est où?


-Hein mais les contacts de son père ne lui répondent plus depuis que ce dernier est dans le coma. Il va donc faire comment? On doit patienter 


-Donc toute son intelligence que tu as vanté ne suffit pas pour le hisser à la direction? Oh Maman son papa est ci. George est très intelligent. Il va bien prendre soin de toi. Nianianinian, elle se moque et pousse un long juron avant de s’en aller 


C’est elle seule qui croit que ses simagrées là m’atteignent. Elle a son mari et vient quémander ici. Je lui donne et quand mes enfants auront faim je leur donne l’air? Mtchewww.  Je douche Gemma ma deuxième fille et prépare un dîner léger avant d’aller chercher Amaya à la sortie de l’école. Les filles sautent sur leur papa à son retour. Il me fait de la peine quand il rentre ses derniers temps. Son papa ne montre toujours pas de signe d’amélioration. Je ne sais pas ce qu’ils attendent pour le débrancher mais n’ose mentionner ça à George. Il va se verser sur toi comme la lave bouillante. Je vais coucher Gemma après avoir dressé la table pour lui. Il s’occupe de nourrir Amaya. Sa mine reste fermée durant le dîner. Les questions de sa fille qui en général le sortent de sa morosité ne font pas effet ce soir. Je m’empale sur lui une fois que nous sommes au lit.


-Je n’ai pas de force Yasmine 


-chut je vais m’occuper de toi, relax simplement


Il expire comme quelqu’un qui est exaspéré mais faut le voir grogner quand je lui lèche la tige quelques minutes plus tard. Sa chance c’est que je sais vraiment m’occuper d’un homme, tant que sa bite est droite ça me va. Je le chevauche à grands coups de reins. Il s’accroche à mes seins comme si sa vie en dépendait. Dieu merci je n’allaite pas. La première expérience bien que courte avec Amaya m’a suffit. On ne va plus m’y reprendre. Je me penche vers lui pour qu’il me tète quand je me sens proche. À chaque coup de rein, je m’abaisse autant que possible pour que ses poils frottent contre mon minou. La jouissance suit peu après et je tombe sur lui quand il se verse aussi. 


-Merci, il dit tout en massant la base de mon cou. 


Je caresse son menton tout doucement et embrasse sa barbe naissante. 


-On a pas fêté les trois ans d’Amaya et ça lui fait de la peine. En plus Gemma va avoir six mois bientôt donc je me disais qu’on peut combiner et leur faire une fête. 


-Une fête? Tu blagues? C’est à ça que tu penses actuellement? 


-Mais est-ce que la vie s’est arrêtée George? Mes filles méritent aussi de bien vivre. 


-Je vois. Tout ce que tu sais c’est me demander l’argent. Tu m’as donné toute l’énergie là croyant que j’allais te tendre les billets. Mes filles t’ont dit qu’elles sont mortes pour me dire qu’elles doivent bien vivre? 


-Là tu m’énerves! C’est quoi? Si je ne te demande pas l’argent je vais demander à qui alors? Depuis deux mois Amaya n’a pas changé ses tresses. Tu trouves ça normal? Je dis après m’être levée sur lui 


-Cinq mille francs Yasmine! On a entendu ça où qu’une gamine de trois ans se fait tresser pour cinq mille? Il gronde. 


-Hein! Quand on veut la qualité on paie le prix! Cinq mille c’est quoi quand tu gagnes trois cent mille par mois?


-regarde j’ai eu une dure journée. Si tu ne peux pas retirer cinq mille des cinquante que je te donne par mois pour payer ta “coiffure de qualité” alors apprend à tresser. Ou encore mieux va travailler tiens. Tu as un diplôme comme moi. 


Je pousse un long juron et quitte la chambre pour le salon munie de mon téléphone. Travailler pour me faire crier dessus par qui? Au nom de quoi? Des gens qui ne sont pas mes parents vont te gueuler dessus au nom de la hiérarchie pour quoi? Un maigre soixante ou cent mille par mois? Ce n’est pas sur moi en tout cas qu’on fera encore ça. J’ai déjà fait un stage. Ça me suffit. Moi je suis fait pour être femme au foyer. Ma mère m’a bien formé et elle-même fut maman au foyer. Jamais mon père n’a fait les histoires mais ce faiblard de George ne sait que me sortir ça quand je lui demande de l’argent additionnel. Et tellement il est pingre, il paie toutes les factures à la maison, pour m’empêcher d’utiliser ça comme excuse pour avoir un surplus. Tout ce que je dois faire de l’argent c’est remplir le frigo et payer mes unités de recharge. Cinquante mille! C’est quoi quand les gens reçoivent les crédits de 45000 en double pour une semaine? Mtchewww à vie sur sa face de rat. 


Je vais me rincer les yeux sur le compte IG de Toke Makinwa, ma meuf par excellence. Un jour seulement je dois arriver à son niveau. Mais en attendant je me console en la regardant vivre ma vie. Un post d’une revenante apparaît sur mon fil d’actualité. Une revenante que je pensais avoir bloquée mais pas ici visiblement. J’ignorais qu’elle même pouvait poster façon tous ses anciens comptes étaient vides d’info personnelle. 

En tout cas c’est la photo d’une citation qu’elle a mis. Que what’s meant for you will never miss you, and that which misses you was never meant for you. Je glisse dans sa messagerie pour chercher les nouvelles. 


-La femme du Chef c’est comme ça que tu es? Je t’enlève les points. Mauvaise marraine du siècle 


-Yasmine? Elle répond presque instantanément. C’est bien toi? 


-Bah c’est toujours mon compte aux dernières nouvelles 


-lol wow désolée je suis seulement surprise. Ça fait un bail. Comment vas-tu? 


-Ah on est là comme tu nous a oublié. Et vous? Le froid te gère ou tu le malmènes?


-Ça dépend des jours. Actuellement je ne vais pas fort. Mes mollets me font souffrir à cause des caillots de sang qui obstruent mes veines. Mais bon c’est plus le stress selon mon médecin. Je prends quelque chose contre 


-Ashhh. Doucement hein. Il ne faut pas nous quitter maintenant. Amaya n’a pas encore visité ton pays froid là 


-Lol n’est ce pas. Je ne compte aller nulle part aussi. Elle va comment ma petite abeille?


-Bien oh. Je lui ai rajouté une petite sœur Gemma, je dis puis envoie par la suite une photo des filles 


-Awwww elles sont trop chou. En plus les copies parfaites de toi et George. 


-Je te dis, vraies copies. Et Gemma suit tout ce que faisait Amaya. Je lui explique bien que tu n’es plus là pour la sauver comme tu sauvais sa grande sœur mais on dirait qu’elle s’en fout 


-lol Tu es trop folle. Je suis toujours là même à des kilomètres. C’est toi qui m’avait bloqué de partout ce que je comprends aussi. C’est juste Romelio tu le connais quand il est décidé mais comme tu sais c’était plutôt contre George qu’il avait quelque chose. 


-Laisse ça c’est le passé. On a plus important à discuter. Dis-moi un sou comment je peux arriver là-bas. Tu n’as pas les tuyaux? 


-Heuh pour venir...bon tu veux étudier? Ou travailler?


-Ni l’un ni l’autre. Tu n’as pas un vieux blanc à me présenter? George me fatigue ici. 


-Lol mais tu es folle. Je vais trouver le vieux blanc où?


-Les collègues de travail non. Ton mari ne travaille pas dans les hôpitaux ou un truc comme ça?


-Yasmine tu blagues ou c’est comment? Tu es mariée je te rappelle 


-Pardon le mariage c’est quoi? Pas ce que George m’avait promis en tout cas. J’ai besoin d’une porte de sortie moi. Cherche moi seulement le blanc et je m’occupe du reste. 


-Je ne connais pas de blanc comme je t’ai dit. Pareil pour Romelio. Mais sur le site du gouvernement tu as toutes les méthodes pour immigrer. Je vais aussi me renseigner pour voir s’il y’a d’autres débouchés. Tu travailles actuellement? 


-mama, laisse le côté du travail là. Je t’ai déjà dit que je viens pour me chercher. 


-Hum, ok je vais voir 


-Bon je te laisse, Gemma s’est réveillée. Je suis entre tes mains ma chérie. 


-D’accord bonne nuit. 


Je lui envoie les bisous et me déconnecte pour regagner le lit. 


Le lendemain je vais déposer les enfants chez ma belle-mère pour profiter de ma soirée. C’est vendredi. George ne rentre jamais tôt. Et ma belle-mère peut au moins prendre soin de ses petites filles. Avec tout l’argent qu’elle doit gratter chez  George depuis que le vieux est dans le coma c’est la moindre des choses. D’ailleurs leur famille est même bizarre. Je ne comprends pas comment la femme d’un ministre ne vit pas à la cité OUA, la Caisse ou à la rigueur dans les coins bien huppés et nouveaux de la Douane. Même nous on vit à Bè même si c’est pas le gros luxe, c’est propre et mignon. Mais eux dans la brousse après le CEG d’adidogomé là-bas. Bon c’est vrai que c’est mignon aussi chez elle mais le coin est totalement mort. Mon quartier au moins vit. Et George fait le nerveux quand tu commences à le questionner, comme si je vais manger les infos de sa famille. En tout cas ce soir je vais m’amuser donc qu’il sorte de mon esprit. Je vais à moto chez mes parents. Ma mère comme d’habitude râle.


-Bonsoir les mamans, on dit quoi? 


-Ça va Yasmine? Tata vero me demande tandis que maman me regarde de travers 


-Ça va et toi? 


-La fatigue seulement ma fille sinon ça va. Dieu est grand 


-Ah amen. Emily est déjà rentrée du travail maman? Je n’ai pas vu sa voiture 


-Je suis sa gardienne? 


-Woh il faut me déposer à terre. J’ai seulement posé une question. 


On entend le klaxon de la concernée après ma phrase. Elle fait son entrée dans le salon quelques minutes plus tard suivie de papa et nous salue. Maman continue avec les jurons. Tata Vero la dévisage. Moi j’ai répondu.  


-Ça va Yaya? Tu as laissé mes filles où? Me demande papa 


-Elles sont chez leur deuxième mamie. Ça va et toi? 


-Très bien, on sort du cabinet de l’architecte. Ta sœur va commencer la construction bientôt, papa dit avec beaucoup de fierté 


-Alleluia Elle va enfin quitter la maison, murmure maman 


-Oh mais Elle va quitter quand Elle sera prête! Ici c’est la maison de mes filles. Quelqu’un n’est pas content, qu’il parte chez son parent. Yaya je suis dans la chambre hein. Tu viens me voir si tu me cherches. L’air pollué n’est plus bon pour moi à cet âge 


-Ehhh Papa Yasmine, c’est nous qui polluons l’air? dit une tata véro dépassée 


-Est-ce que j’ai ciblé quelqu’un Veronique? Ou tu es un agent de pollution maintenant?


Sa bouche reste ouverte et elle se retourne vers maman en mode, “est ce que j’entends bien ou mes oreilles me trompent”?


-Quand je te dis tu ne veux pas m’écouter vero! Je t’ai dit qu’Emily a envoûté son père pour le monter contre moi. Tout ce que je dis il n’écoute plus dans cette maison, maman dit quand papa est déjà loin 


-Toi aussi tu n’exagères pas maman? Emily va envoûter papa à quel fin?


-Fous le camp! Tu trouves normal que ton père qui ne supportait pas ta sœur il y’a seulement trois ans, est son premier fan maintenant? Utilises ton cerveau. 


-Doucement avec Yasmine ma sœur, peut-être elle aussi est envoûtée. Yaya, il faut t’asseoir qu’on cause un peu, tata vero dit 


Comme j’ai le temps à perdre en attendant qu’Emily s’apprête, je m’installe. 


-Toi même il faut voir comment ta maman s’énerve tous les jours à cause d’Emily. Tu sais qu’on approche la soixantaine. Est-ce que c’est bon pour notre âge? Tu ne veux pas qu’elle voit tes filles aller à l’université? 


-Mais nous on y peut quoi? C’est elle qui veut se fâcher. Elle-même sait que papa voulait depuis qu’Emily arrête la débauche donc c’est pas surprenant qu’il soit content et passe du temps avec elle maintenant qu’elle fait ce qu’il veut. Papa a toujours été comme ça 


-Hein on ne refuse pas ma fille, mais Emily se met entre ton père et ta mère. Tu es toi-même femme de quelqu’un. Tu sais que ce n’est pas normal.


-Laisse Vero! Elle traine les seins chaussettes partout comme si elle est encore à la page.


-Mes pauvres seins ne vont jamais connaître la paix dans cette maison, pourtant les tiens ne sont pas en bas de ton menton. dit l’intéressée qui arrive dans une robe ultra décolletée. 


-Hoooo (Façon de dire il faut avoir honte), au moins je peux montrer des enfants comme raison de l’apparence des miens.


-En plus tu te respectes et cache ça. Toi tu montres comme si quelqu’un voulait voir tchrrr, complète tata Vero 


-Mais il faut mettre les lunettes de soleil si ça t’agresse autant la vue ou bien. Tu dis ça comme si on avait attrapé tes yeux et collé sur mon corps. Bref On y va Yasmine. 


-cherche le mari Emily! Même si c’est un vieux prend mais tu vas quitter ma maison, sois-en sûr! Maman dit au loin 


-mince une affaire de maison, tu ne comptes pas quitter toi aussi pour avoir la paix? Je demande quand on s’installe dans sa Mazda 3. 


-Je quitterai quand je serais prête. Pas à cause des élucubrations de deux vieilles mégères. 


-tchiaa tu as trop le cœur. Je ne peux pas supporter moi d’entendre maman me descendre comme ça. 


-Est-ce qu’elle dit quelque chose de faux hormis sa théorie farfelue de l’envoûtement? J’ai bel et bien des seins affaissés et un passé sexuel rempli. 


-quand même. Elle n’a même pas intérêt à me dire ça un jour sinon c’est la bagarre. Et puis la vie même est injuste. Si j’avais su que la vie de rêve que me vendait George allait prendre autant de temps pour se matérialiser, j’allais jalousement économiser l’argent qu’il me donnait avant. Toi aussi tu as même vendu ta highlander pourquoi? Et l’argent est vraiment fini comme ça? 


-Qui a dit que mon argent est fini? 


-Tu conduis une Mazda pourtant ton dada ce sont les grosses bagnoles. En plus, je ne t’insulte pas hein, mais tu laisses ta poitrine comme ça au lieu de faire quelque chose pour arranger. 


-c’était mon dada les grosses Bagnoles quand je vivais la vie de sugar baby avec un gardien qui veillait sur ma sécurité. Maintenant je suis chez les parents. La dernière chose que je veux c’est attirer l’attention sur eux dans le quartier. Et contrairement à ce que vous pensez je n’ai aucun problème avec l’apparence de ma poitrine sinon tu penses bien que je la cacherai. Ceux qui ne l’aiment pas c’est vous. Moi je suis bien dans ma peau. 


-c’est pas que je ne l’aime.....Bon, je me ressaisis quand elle me coule un regard pour dire “pourquoi tu mens”. Mais si tu arranges ça sera mieux pour toi. Et maman va la fermer un peu. 


-Ce que tu ne comprends pas c’est que maman ne va la fermer que lorsqu’elle sera fatiguée. Et pour la dernière fois je ne me sens pas mal avec la poitrine que j’ai. Mon mieux que tu imagines c’est déjà ce que je vis. Ça a fait son temps. C’est tombé. C’est la vie. Je ne vais pas me tuer ou changer mes habitudes et ma garde robe parce que ça vous dérange. Je ne vis pas pour vous.  


-ok mais glisse moi un cent mille non, Amaya....


-pfff tu baises pour faire les enfants et je dois te glisser quoi? Je t’ai dit quoi quand tu es venue vers moi avec la proposition de ce gars? 


-c’est bon oh. Ne me mange pas. 


Ma vie vraiment. Ce sont les préférées de la grâce ça. Au lieu que ça tombe dans les mains de quelqu’un qui sait utiliser, ça va atterrir chez ma sœur bizarre de son état. Je recevais même le quart de ce que j’imagine qu’elle a, c’est que je prends direct l’avion pour la Tunisie et j’arrange les bobos que la vie a fait sur mon corps. 


Elle ne donne pas l’argent mais quand on sort elle gère la bouffe et la conso au moins donc je me lâche totalement. 


Je pensais qu’après le resto bar on allait faire un tour en boîte mais faut croire que l’âge la rattrape vraiment. Celle que je connaissais pouvait rester dehors jusqu’à six heures du matin. À 23h et après cinq bâillements consécutifs, elle a proposé qu’on rentre. Comme je suis le plus one j’ai dû me plier. À la sortie du bar nous tombons sur un monsieur devant le capot ouvert d’une Ford Expedition. Un monsieur âgé vu sa barbe donc je me suis rapprochée pour voir.


-Ça va monsieur? Vous avez un problème?


-Ah...un souci de moteur demoiselle, pas de....Emily? il dit surpris 


-Monsieur Ajavon? Elle répond sur le même ton 


M Ajavon, le patron de ma sœur pensait pouvoir régler le problème avec son moteur mais il a finalement appelé son mécanicien. Emily a proposé de le raccompagner donc depuis une vingtaine de minutes nous attendons tous les trois. J’écoute avec attention et les observe tout en connectant les points dans ma tête. J’ai demandé par curiosité s’il connaissait tata Vero. Il m’a cloué le bec en répondant que c’est son aîné. Depuis on connecte les points ensemble en essayant de se rappeler si on l’a déjà vu, mais pour ma part je ne m’en souviens pas. Apparemment c’est aussi le gérant du spa où travaille Emily. Ce que je retiens c’est qu’il n’a pas d’alliance sur son doigt. J’observe bien et pas de trace non plus. Certains sont doués pour bien masquer ça mais j’espère bien qu’il est veuf. Un papi pour Emily c’est bon. Il a fait la vie comme elle. Les deux n’ont plus grand chose à expérimenter donc ils feront une bonne paire et il prendra bien soin d’elle. J’espère pour lui qu’il ne va pas nous sortir le coup de “ma fille”. Pas avec la façon dont il luttait pour ne pas descendre les yeux sur son décolleté là. Il n’a pas intérêt. Emily est trop suspendue à ses lèvres pour qu’il nous sorte le coup là. Comme ça elle va sortir des bêtises de maman bientôt même si elle dit qu’elle s’en fout. Moi ça me saoule qu’on parle à ma sœur comme si elle est une quémandeuse. De l’autre côté que je vais aussi me trouver un vieux blanc de soixante ans qui a bien économisé son argent quand il travaillait. Eux aiment les enfants et en plus je vais facilement le gérer au lit. Je ferais tout son bonheur pour le restant de ses jours. George n’aura qu’à se chercher aussi. Ça lui apprendra à faire le faible au lieu d’assumer ses responsabilités d’homme marié. Le mécano arrive enfin et nous laissons M Ajavon entre de bonnes mains. 



***Elikem Akueson***


J’avais une séries de conférences à suivre à Halifax donc j’en ai profité vu que mes vacances commencent tout de suite après pour passer à Saint John et voir les Bemba. Depuis l’épisode du gâteau, les relations avec Jennifer sont au beau fixe. Je pense. On s’est parlé. Elle m’avait remercié. Et bon c’est ça. De temps en temps je lui écris pour prendre des nouvelles. Elle fait pareil. Mais je ne suis vraiment pas douée pour faire la petite conversation avec quelqu’un qui ne fait pas partie de mon cercle direct. Donc les échanges ne sont pas réguliers mais je ne peux pas faire plus. Donc voilà. 


C’est Romelio qui m’a récupéré à l’aéroport. Un Romelio qui a bien poussé. J’ignorais qu’on pouvait grandir après 25 ans. 


-c’est moi ou tu ne fais que t’enfoncer dans le sol? Il dit sur un ton moqueur 


-C’est ton cou qui s’allonge, je réplique sur un ton taquin 


-mais oui, c’est ça mon cou. 


-merde mais il fait froid dans votre pays. C’est quelle quantité de neige ça? 


-Pardon hein toi tu viens du Colorado. Je ne veux pas entendre mes oreilles siffler 


-lol colorado c’est ma terre natale? Brrrrrrr Mets le chauffage yooo, je dis tout en frottant énergiquement les mains 


-Tiens Voilà, il dit en mettant au moyen 


-pfff, on te dit que j’ai froid tu mets là, je dis et mets au max 


-heyyy ne fait pas fondre la graisse sur les fesses et après le beau va me demander les comptes hein. Je ne veux pas les problèmes


-Quand je dis que tu es bête à l’infini tu vois, je dis et il me sort son fameux rire moqueur puis démarre. 


-merde je te respecte. Tu as eu le courage de porter le pantalon wax dans cette température? 


-Imagine qu’en venant te chercher un petit morveux là regarde mon bel ensemble Super (pagne) et demande à sa maman si je vais au carnaval, il dit dégoûté pendant que je meurs de rire au point de frapper ma cuisse 


-Le pire c’est que je te vois trop bien taper la pose quand le petit t’a remarqué, attendant le compliment du siècle et il t’a descendu en un coup 


-Sa chance c’est qu’on est dans son pays. Au pays il allait me saluer à distance 


-Mais tu veux quoi toi aussi? Dans son pays on mange les dindes mais vous c’est sur tissu que vous allez imprimer ça.


-Nous hein. Parce que Akueson là c’est français?


-Est-ce que tu es aussi l’enfant d’ “Elle connait pas Paris”? 


-Exquiiseeezzz tu as raison, ce n’est pas mon level, il répond avec humour. Dis-moi plutôt ce que tu as écouté aux conférences? Ou tu mangeais ton bic? 


-Heeeeyyy mon cerveau est en compote mon frère. Je te raconte quand on arrive 


-Tu as la chance Jennifer a fait un stock de soupe aux potirons. Tu vas boire et dormir direct. 


-franchement je manque trop de sommeil. Sinon elle a bien commencé? 


-Elle a bien commencé oh la petite fille là. Après m’avoir fatigué avec les crises liées au stress et à la déprime, ce sont les larmes de joie que j’ai eu lorsqu’elle a eu l’e-mail de confirmation, il dit avec un sourire large comme une orange tranchée 


-en même temps c’est pas facile de gérer le stress surtout qu’elle attendait une opportunité depuis quoi un an bientôt? 


-un an. C’est vrai que c’est pas très long comparé à d’autres qui cherchent des emplois depuis trois, cinq ans mais des fois ça m’affectait de la voir abattue à cause des silences suivant les envois de CV. Des fois c’est moi que j’encourageais en l’encourageant. Dieu merci j’te dis. Dieu merci qu’on l’ait retenu à la fondation Alumni liée à l’université de NB. 


-et elle a vu cette Marlène....


-Lol Toi et les prénoms, c’est Marianne. 


-Ouais elle 


-pas encore. Elle a en fait commencé il y’a trois jours de ça. Pour le moment elle a reçu et discuté de son contrat avec l’HR et on lui fait une présentation globale de la fondation. Marianne je pense arrive dans deux jours et la formation à proprement parler commencera.


-Tout va bien se passer Elio, je dis face à un ton légèrement anxieux sur lequel il l’a dit 


-Oui et tu vas voir enfin mon condo hein. On t’a préparé une chambre comme tu aimes avec les draps violet et l’huile d’eucalyptus diffusée pour tes allergies, Il dit fièrement et je rigole. C’est le premier dont il paie le loyer de sa poche exclusivement donc il se sent grand. Un point pour le violet ma couleur favorite et mon huile essentielle de choix aussi. Je vais bien dormir. 


Il m’a aussi raconté mais je n’ai pas retenu tous les détails. L’essentiel c’est que cette Marianne est une ancienne amie de Jennifer. Les deux se sont retrouvées dans une sorte d’imbroglio à cause d’un mec et Jennifer craint que Marianne lui rende la vie difficile parce que le poste qu’elle va reprendre est l’ancien de cette fille. Depuis le temps qu’elle cherche ça serait dommage qu’elle perde cette opportunité. Romelio se gare enfin dans le sous-sol d’un immeuble et nous sortons dans le froid qui n’a pas fait semblant de diminuer. Je cours comme un lièvre pour entrer dans le building vu qu’il m’a fait les gros yeux quand je voulais sortir ma valise. 



***Romelio Bemba***


Je me retiens mais vraiment d’exploser. Je lui ai dit qu’Elikem venait à la maison. Ce n’est pas comme si j’ai décidé puis je l’ai mis devant le fait accompli. Je débarque et c’est sa tante que je trouve à la maison. La tante qui est sortie d’où moi je ne comprends pas! 


-Chéri s’il te plaît calme-toi...


-ne me dis pas de me calmer Jennifer! Je tranche. Ta tante a quitté Lomé quand pour arriver ici? 


-Je suis aussi surprise que toi je t’assure. Apparemment mon oncle a décidé de lui faire la surprise en lui achetant le billet. Elle m’a appelé une fois à l’aéroport. Je lui ai fait prendre le taxi pour arriver à la maison. J’ai même essayé de te joindre, tu n’as pas vu? 


-Mais on fait ça? Je te rappelle qu’on a que deux chambres! On débarque chez les gens sans prévenir? C’est la surprise de quoi? Ton oncle s’est pris pour le père Noël?


Elle me regarde avec ses grands yeux innocents. Comme si ça pouvait faire quelque chose. Je pousse un juron et vais dans la salle de bain pour tourner en rond là-bas et me calmer. Est-ce qu’on est au pays ici pour quitter tout un continent et arriver ici sans prévenir? C’est vrai qu’on leur avait écrit une lettre d’invitation tout comme à mes parents aussi mais c’était pas pour maintenant. Ils devaient venir ok mais on en discute ou pas? Je sais que ma mère et mon père vont arriver ici dans sept mois. C’est quelle histoire même, pfff! Je sors pour aller retrouver Elikem que j’ai carrément oublié en voyant Jennifer causer avec sa tante dans notre cuisine. 


-béb....


-pas maintenant! Je dis et quitte la chambre pour le salon 


-Mon fils j’espère qu’il n’y a pas de problème, me dit la vieille 


J’ai au bout de la langue un “selon toi” sur un ton bien insolent mais la politesse crie dans ma tête. Si elle savait combien je déteste qu’on me mette devant le fait accompli. 


-Ça va maman. C’est qu’on attendait mon amie et nous n’avons pas de place p...


-Tchaa toi aussi, je vais aller à l’hôtel sans souci


-pourquoi? Moi je ne prends pas beaucoup d’espace hein. Je peux même dormir par terre ma fille et tu prends le lit 


-oh non non tata, tu as quand même fait un long voyage. En plus c’est pas bon pour ton corps à cet âge 


-mais j’insiste. Hein. C’est quand même moi qui ait gâté les plans. Tu ne vas pas aller jeter l’argent dans hôtel pour ça 


-Je vais payer son hôtel maman tu n’as pas à t’en faire, je réponds 


-Ah pardon ne faites pas ça. Ou de me mettre à genoux pour vous? Jenny il faut m’aider à demander pardon s’il te plaît, elle dit et Jennifer apparaît à nos côtés 


-Désolée vraiment Elikem. On ne s’est pas bien organisé mais la chambre est grande. Le lit aussi, en plus on a un lit gonflage si ça ne vous suffit pas. Pas vrai chéri? 


-Ne vous inquiétez pas. Ça suffira, Elikem réplique tout en me disant par le regard “laisse ça fait rien” 


Sauf que ça fait quelque chose. Et je continue de râler mentalement même au pieux. 


-Jennifer laisse mon dos, je dis quand elle y passe sa main pour la septième fois 


-Maintenant tu es fâché, je dois faire quoi si ce n’est m’excuser?


-Me laisser en paix comme j’ai demandé!


Sa main quitte mon dos et je sens du mouvement sur le lit comme si elle se tournait dans le sens opposé. Je m’endors dans cette position. Dimanche on se rend ensemble à la messe. Je m’installe de telle façon qu’Elikem soit sur ma gauche et Jennifer sur ma droite. Je baisse la tête vers Elikem pour causer de temps en temps 


-La vieille a ronflé durant la nuit? Tu as pu dormir? je murmure durant le sermon et elle pouffe de rire 


-Tu es malade. 


-dis-moi la vérité. 


-Suis la messe Tchaa et laisse la vieille des gens. Toi tu ne ronfles pas? 


-Hum tu me dis s’il y’a un problème hein. 


Jennifer met sa main sur ma cuisse. Probablement je parle trop donc je me reprends. 


Après la messe nous allons au resto. Un italien. Elikem est fan à mort des pâtes carbonara. Jennifer meurt pour les pizza. La vieille a trouvé son bonheur aussi. Nous sommes rentrés l’esprit plus léger. Bilal nous a visité donc j’ai profité pour sortir tous mes jeux de société qu’on ne pouvait pas faire qu’à deux. Compte sur la mauvaise joueuse pour être aussi une mauvaise perdante. Elikem volait à un moment mes cartes pour les cacher dans sa poche. Mais je l’ai bien corrigé quand même. Le soir au pieux, Jennifer est revenue à la charge. 


-Toujours fâché chéri? Elle demande avec sa petite tête sur mon torse 


-Est-ce que tu comprends quand même que ta tante a mal agi?


-bien sûr mais que voulais-tu que je fasse aussi? La remettre dans l’avion pour qu’elle retourne à Lomé? Je lui en ai parlé. Elle ne le fera plus 


-Hum 


-Allez Romy....tu me fais la tête depuis. Je n’ai même pas eu de bisou hier ni ce matin. 


Elle envoie son visage vers le mien et pour la faire chier je lui souffle dessus. Elle me frappe le torse et me tourne le dos. Je la rejoins et l’embête jusqu’à ce que le sommeil nous prenne. 



***Elikem Akueson***


J’ai dormi avec Zizèle un tas de fois donc les ronflements ça ne me dit rien. Les nombreux réveils pour pisser aussi. Et comme j’ai dit à Tchaa lui même est un grand ronfleur. On se connaît. Il avait pris des jours de congés pour ma venue donc j’ai eu deux jours de visite guidée à Saint John. Les soirs on bavardait dans leur sous-sol qu’il a transformé en bureau. Normalement chacun allait pour travailler  mais le kongossa sur son travail et mes études ne laissait pas. Jennifer ne pouvait pas rester longtemps avec nous vu qu’elle travaillait. Je lui ai parlé de mon possible déménagement à Libreville si tout se passe bien avec le papa de Ray. Il jure qu’il boude parce que le Gabon a gagné et maintenant il doit se chercher une autre future voisine à Lomé. Je ne sais pas qui lui a dit qu’on allait être voisins à Lomé mais bon. 


Aujourd’hui par contre il a dû s’absenter. Des erreurs dans un dossier de patient et un radiologue ne cessait de l’appeler hier concernant ça. Il a décidé d’aller sur place pour voir ce qui se passe. 


Jennifer est rentrée un peu plus tôt aussi avec plein de courses que j’ai aidé à décharger 


-Ça va ma fille? Pourquoi ton visage est comme ça? Lui demande sa tante 


-Je me sens pas très bien. Vous ça va? Tu as mangé Elikem? Et toi ma tante? 


-Oui oui bien sûr, t’en fais pas pour moi, je réponds 


-Laisse ça, toi va prendre tes médicaments et tu te reposes 


-Hum d’accord, elle dit fébrilement et s’en va 


-Elikem ma fille viens m’aider pardon comme Jennifer ne va pas bien, faisons quelque chose de chaud pour elle pour son réveil, elle dit quand je m’apprêtais à retourner dans ma chambre pour étudier 


-Ah ok, je réponds, pensant que ça devait être rapide comme c’est pour Jennifer 


Je n’ai jamais lavé et éplucher autant de carottes de ma vie. Quand je finissais elle rajoutait. Ensuite ce fut le tour des courgettes, puis elle a sorti les poissons qu’elle a ramené du pays. Pour faire une soupe elle a dit. Après c’est la viande hachée qu’elle a dit d’assaisonner. J’ai fait une sauce bolognaise pour quinze personnes. Ensuite la sauce blanche pour dix avec les champignons et le poulet. La notion de petit est vraiment relative. 


-le sac de poireau aussi s’il te plaît il faut le sortir et le découper 


-ahem....c’est que....ça va encore durer? Parce que je....ummm....je suis un peu fatiguée 


-Oh comment ça? Tu es quand même une femme hein ma fille. Si tu es fatiguée pour une petite cuisine tu vas faire comment pour nourrir ta famille? En plus tu es en bonne santé. Tu vois comment ma Jennifer travaille malgré sa santé qui n’est pas du tout solide non? Hein il faut travailler. C’est votre pays même qui est comme ça. J’ai donné un mortier à Jennifer quand elle venait. Il faut regarder en bas de l’évier s’il est là tu sors. On va piler l’igname. 


J’aurais aimé lui répliquer sèchement quelle petite cuisine parce qu’on y est depuis presque cinq heures de temps. Le soleil qui était debout (à midi) se couche (dix-sept heures, à cause de l’hiver les nuits sont plus longues). Mon esprit s’envole vers Océane qui aurait probablement sorti un truc du genre “quand tu vois ma manucure là tata tu penses qu’elle a coûté combien? On touche les carottes avec ça”. Le hic c’est que mes ongles ne sont pas fait et je n’aurais pas eu le ton exact pour le dire comme elle. Je pense aussi au “dans la vie il faut des cuisineuses et des goûteuses. Je suis dans la deuxième catégorie” qu’aurore aimait servir à sa mère quand on lui disait de venir apprendre mais C’est ici que mon respect envers les aînés devient un poids. Je ne sais pas comment me défiler de façon respectueuse. 


La porte d’entrée s’ouvre et Romelio apparaît avec lui aussi des sacs de course. 


-Sorry Perlan j’ai tra.....tu fais quoi? Il demande quand il me voit enfin 


-Bonne arrivée mon fils. C’était comment la journée?


-Bien mais tu fous quoi dans ma cuisine Elikem? Il me demande à moi et ignore la tante 


-heuh j’aide pour le dîner 


-lave tes mains et suis-moi. 


-oh mais on a presque...


-Je vais venir t’aider à finir maman, il tranche et lui dit 


Mes mains sont propres. Je suis le chef mais ne manque pas les lèvres que la tante serre. 


-Invité là tu connais ce mot ou c’est nouveau pour toi? 


-Mais pourquoi tu écarquilles les narines comme le rhinocéros sur moi? 


-Je dis invité tu sais ce que ça veut dire mahhh? Tu fous quoi en cuisine au point de sentir fort les condiments comme ça? 


-Va aider la vieille Hein, tu as déjà parlé comme un grand là-bas. 


-pfff que je te vois encore mettre un pied en cuisine d’ici ton départ 


Heureusement je suis habituée à rester debout donc je ne ressens pas trop la fatigue. Romelio a géré le foufou. Je mange sur le bout des doigts. La fatigue me rattrape finalement. Je me couche tôt et me réveille aussi tôt. La tante n’est pas à mes côtés. Je me lève pour aller me chercher à boire un et marche sur la pointe des pieds vu qu’il n’y a pas de lumière dans le couloir. Par contre j’en vois depuis la salle à manger et j’entends des fois. Comme j’entends mon nom je m’arrête pour écouter 


-hoo donc Elikem c’est la reine de Saba? On ne peut pas lui demander de cuisiner mais elle se lève ici, mange trois fois, reste longtemps dans la salle de bain à gaspiller l’eau et mange votre argent au restaurant? Jenny, c’est comme ça que tu laisses les failles dans ton couple? La tante dit 


-C’est pas ça toi aussi. Je n’avais pas dit de cuisiner tout ça. En plus Romelio était déjà fâché que tu sois venue sans prévenir. Maintenant tu fais travailler son invitée. Il n’aime pas les choses comme ça 


-reste là à me dire ce qu’il n’aime pas. Au lieu d’ouvrir tes yeux pour voir. Tu as déjà vu ton oncle partir dans sous-sol pour discuter avec femme et moi je suis dans la chambre? Ou tu n’as pas bien regardé top model? Tu crois que comme ton mari est beau c’est seulement toi qui le voit? Je ne t’ai pas dit qu’un homme on le garde sinon il va te fuir? 


-yeee pardon je suis déjà fatiguée. Ne laisse plus Elikem faire la cuisine simplement. Le reste là je m’en charge 


-Hum! En tout cas je suis là pour quatre mois. La reine de Saba va m’expliquer le comment elle a la bouche pour manger mais on ne peut pas lui donner à cuisiner. Ou elle croit que la bouche c’est seulement pour causer et rire avec le mari des gens


-C’est une fille de riche non. Elle n’est pas comme nous. Leur genre n’aime pas le travail manuel donc tu veux quoi? 


-je veux que tu t’imposes! C’est ça que je veux. Au lieu que ton mari rentre et court vers toi, il est là à causer avec elle. C’est quoi? On a déjà entendu ça où? 



-La reine de Saba s’en va aujourd’hui, c’est ce que j’ai annoncé deux jours plus tard après le petit déjeuner. Les deux ont blêmit tandis que Romelio semblait confus. Jennifer devait filer pour le travail donc elle m’a bredouillé un “je t’appelle”. Non Tchaa je vais prendre un ride pour l’aéroport, je lui redis quand il veut prendre sa clé pour me déposer après que j’ai fini de me préparer 


-il y’a un problème? 


-Du tout. J’ai vu ton appart. Tu travailles bien. Je suis fière de toi mais j’ai besoin de ma liberté, tu me connais. 


-c’est la vieille qui a asphyxié la pièce avec les pets dans le sommeil? il me dit tout bas 


-lol tu as des problèmes, je dis et sors avec lui qui a ma valise dans ses mains 


-ummm....bon voyage ma fille, la mère me dit 


-Bon séjour madame. 


-tu ne vas plus revenir hein, il me dit après avoir mis ma valise dans le coffre du taxi 


-Tu le sais, mais on reste en contact. Ne va pas faire la guerre à quelqu’un. Il y’a des choses qui ne peuvent juste pas marcher. Comprend ça comme tu peux. Rentre avant de geler 


Il soupire longuement et me frotte la tête.


-Merci d’avoir essayé et d’être venue


-on est ensemble, je dis et monte 


Je lui fais un bye de la main avant de faire face à la route. Je vais poireauter à l’aéroport mais mieux ça que de supporter une seconde de plus dans cette maison. J’ai cherché un vol plutôt le soir même où j’ai entendu leur conversation. C’est le plutôt que j’ai pu avoir. Après le fait qu’on m’impose des gens ou choses, ce que je déteste le plus c’est qu’on essaie de profiter de moi. Travailler, aider ça ne m’a jamais dérangé. Ça fait partie de ma personnalité. Je ne vais pas faire semblant d’être comme Océane quand je ne suis pas fondamentalement comme ça. Par contre je déteste qu’on abuse de ma bonne volonté. Autant je n’aime pas juger sur la première impression, autant je ne dépasse pas la troisième impression avec les gens. Quand ça ne passe plus après ça je ne vois pas ce qui pourrait changer mon opinion. À moins qu’on se retrouve toutes les deux sur une île déserte et ma survie dépend d’elle Je n’ai plus grand chose à dire à Jennifer. 


J’embarque vers quinze heures et arrive à Paris après sept  heures de vol. 


-la fille de riche, bienvenue, ray me dit avec un sourire heureux puis me prend dans ses bras 


-Toi-même fille de riche, je dis contre son torse solide. Le bonheur d’être avec quelqu’un qui veut vraiment me voir est sans pareil. 


-lol c’est toi qui veut le prendre comme une insulte hein Perla. Que l’univers entende et m’envoie les richesses. Allons-y que je te fasse laver le basilic à la maison, il dit sur un ton moqueur 


-continue tu vas voir si je vais encore te raconter un truc 


Il éclate de rire et continue à me charrier jusqu’au retour à la maison. On a commencé les réconciliations avec mon dos collé contre la paroi de la douche. Détail que je n’aime pas en général à cause de ma manie à facilement imaginer des trucs dégueulasses mais le manque a enlevé toute inhibition. Puis nous avons fini dans son lit douillet, mon endroit favori, en cuillère, ma position favorite aussi. Je cambrais mon dos comme si j’étais faite de gomme. Il s’arc-boutait à chaque mouvement pour que les frictions soient plus intenses. Ma tête était tournée vers la sienne et nos souffles s’entremêlaient au fur et à mesure que sa main caressait ma gorge. Je me suis endormie comme un bébé dans ses bras après ça. 



Mot de Gioia: ne commencez pas avec les ragots. Jennifer ne savait vraiment pas que sa tante arrivait le jour là. Elle a été mise devant le fait accompli donc accusez bien. C’est pour dire qu’après Elle était derrière la mort de Kennedy là on vous connaît 

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