55: guerriero

Write by Gioia


***Romane Ekoue***


Est-ce que je peux dire que la vie chez mon père est meilleure? On vit dans une maison de deux chambres plus un salon mais nous sommes dix enfants contre trois chez maman. Dix qui dorment tous dans la même pièce. Comme je suis la nouvelle arrivée, on m’a fait un petit coin au sol. Ici ce sont les aînés qui font la loi. On mange quand ils ont fini. Ensuite on fait la vaisselle pour tous. Par on je parle de moi et les deux dernières de papa. La plus jeune a sept ans. Le plus âgé de la maison en a dix-neuf je pense. Comme c’est mon demi-frère je ne suis pas sûr mais il a la barbe donc je suppose. Il sort quand papa s’en va dispenser les cours à l’université. Quant à papa je pense qu’il sait que les aînés imposent leurs règles mais il ferme les yeux dessus. Je ne me plains pas de toute façon. C’est plutôt une de mes demi-sœurs qui lui raconte absolument tout de ce qui se passe en son absence. Et en général il rétorque seulement qu’elle doit écouter les grands et arrêter les bêtises. J’ai aussi appris que bientôt il va me reconnaître. Je ne serais plus Ekoue mais Laban. Bizarre pour moi parce que j’ai toujours été Romane Ekoue. La curiosité aussi me souffle quelque fois de lui demander pourquoi il ne l’avait pas fait avant. Puis je me rappelle d’Imogen claudiquant avec le gros sac à dos pour me mettre dans le bus et je tue cette curiosité. Je me suis jurée quand papa a dit à maman que je ne retournerai pas que  je serai un fantôme ici. Je ne vois rien, n’entends rien, ne dis rien. Je travaille, me fait petite jusqu’à l’obtention de mon bac et je déguerpis retrouver mes sœurs. Au moins on ne frappe pas à tout va ici. C’est déjà ça. 



***Océane Ajavon***


Franchement Quand le chat n’est pas là les fucking souris dansent. Les miennes se trémoussent carrément avec les tapettes aux pieds! Mon spa dans lequel j’ai mis toutes mes économies pour qu’il soit un endroit distingué, prisé, un lieu qui inspire la relaxation, elles me le ternissent avec les comportements agraires. À la base je rentrais pour des vacances bien régulières. Mais j’ai avancé mon arrivée après avoir reçu des notes vocales de ma tante vero sur mon WhatsApp de Lomé. Elle est venue solliciter mon aide selon ses dires parce que mon père devient fou au pays. Apparemment une ancienne prostituée l’aurait envouté pour qu’il lui ouvre un spa avec l’argent de sa retraite et il l’a mis à la tête de la direction. Elle a aussi envoyé des messages d’autres employées, qui confirmaient qu’Emily avait jeté le grappin sur mon père et ce dernier n’écoute qu’elle. Mes fesses sont actuellement posées sur un banc dans la salle d’attente de mon spa. Depuis l’ouverture officielle du spa, aucune de mes employées ne sait à quoi je ressemble parce que je traitais exclusivement avec mon père. Ce dernier lui-même ignore que je suis là. En matière de business c’est lui-même qui m’a appris qu’on ne peut se fier à personne. Donc je suis descendue à l’hôtel, j’ai pris une journée pour me reposer et ce matin je me suis présentée en tant que cliente qui avait booké un massage Lomi-lomi de 90 minutes. Il y’a trois filles pour l’instant à l’accueil. Deux qui papotent comme si l’endroit était leur salon. Une qui mange les gâteaux huileux et les écoute. Je me lève une quatrième fois et me dirige vers elles. L’une des bavardes me dévisage déjà. Celle qui mange m’offre un sourire plutôt accueillant. 


-Une bouteille d’eau merci. 


-Ça fait mille francs, dit l’une des bavardes après l’avoir ramené 


-Parce que? Je rétorque 


-Parce que comment? C’est le prix non 


-Le massage me coûte 70000 francs cfa! C’est la bouteille que vous ne pouvez pas m’offrir? 


La deuxième bavarde bondit vers l’avant et veut me l’arracher mais c’est mal me connaître. Je la tiens fermement aussi. 


-Yoh! (Traduisant l’étonnement et l’agacement à la fois). Vous allez me donner la bouteille oui!!! Elle dit et se débat mais ne fait pas le poids face à moi et aussi le comptoir qui nous bloque 


-Laisse lui la bouteille toi aussi, dit la mangeuse 


-Jamais! Soit vous payez soit vous laissez madame!


-C’est quoi cette attitude de bas étage? N’est-ce pas votre fameux établissement qui se vante d’être un coin huppé? C’est ainsi que vous traitez vos clientes pour une simple bouteille?


-On va régler ça au plus vite, dit l’autre bavarde derrière le comptoir puis prend le téléphone 


-Allô la sécurité.....


-Haaaa, toi aussi laisse comme ça non, la mangeuse commence à dire mais Elle est interrompue par l’arrivée d’un client et une fille, nettement mieux apprêtée que les trois ici. Vu son petit panier remplis de serviette sous les bras et l’air satisfait du client, la fille vient de finir sa séance avec lui. L’air satisfait disparaît pour un confus quand ils arrivent à notre niveau. 


-C’est quoi ce cirque? La fille demande durement 


-Rien, dit entre ses dents celle avec qui je luttais puis elle me laisse la bouteille 


Le sachet de bouffe de la mangeuse a lui aussi disparu. Celle qui allait appeler la sécurité parle au téléphone comme si elle s’entretenait avec un client. La fille les dévisage un bon moment avant de m’offrir un sourire chaleureux et demander à quelle heure est prévue mon rdv. Puis elle remercie son client qui sans gêne ou considération pour l’alliance à son doigt lui caresse la joue avant de lui dire d’appeler plus souvent. 


Ce n’est pas elle qui s’occupe de mon massage mais la gourmande qui est plutôt douée. Deux jours après je reviens pour un bain carbogazeux. Cette fois je croise papa qui est surpris de me voir mais outre son regard, il ne pipe pas de mot. J’observe encore les filles. On ne croirait pas que c’était les mêmes qu’il y’a deux jours. Tirées à quatre épingles, toujours du oui Monsieur, oui madame, sourires immenses. Pendant que je réglais la moitié de mon paiement après le soin, j’ai entendu quand même des ragots. Encore une fois Emily qui rencontre les maris des clientes en dehors du centre. Mon père m’appelle le soir là pour savoir à quoi je joue. Je lui dis de juste me laisser jouer. Je me pointe encore, quatre jours plus tard. Cette fois pour un massage aux pierres chaudes d’une heure. La masseuse n’est autre qu’une des anciennes bavardes. Elle est piaille comme pas permis. Interrompt mon moment pour me dire qu’elle s’en va chercher du matériel additionnel et à la fin ne me propose même pas de lui laisser un avis sur notre page Facebook. Pourtant elles savent qu’il y’a des promotions liées à ça. Après ses quatre visites j’en savais assez. Je suis rentrée chez mon père. 


-Tu as fini de jouer? Il demande tout en ajustant ses lunettes sur ses yeux 


-à toi de me le dire. Selon ta sœur tu es envoûté par une prostituée qui essaie de transformer mon spa en maison close, je dis avant de plonger dans le fauteuil à ses côtés et poser ma tête sur ses genoux 


-Ma soeur? tu parles de Véronique? Il fait perdu


-Tu n’as qu’elle aux dernières nouvelles où je me trompe? Je rétorque avec une pointe d’ironie 


-Tu veux dire que Véronique t’a...non mais quelle absurdité! Elle t’a pondu ses obscénités quand au juste?


Je lui narre l’histoire jusqu’au premier jour de mon retour. Il est maintenant furax.


-Attend Elles t’ont dit ça?


-Ouais Monsieur “je m’y connais mieux en stratégie d’affaires que toi” 


-Tu n’as pas besoin de te moquer non plus. Elles n’étaient pas comme ça.....enfin quand elles sont devenues ainsi ses filles? C’est étonnant. Et Emily qui ne m’a rien dit aussi! 


-Qu’est-ce qui se passe entre cette Emily et toi? Si ça a un lien avec le bas de ta ceinture, s’il te plaît évite d’être graphique, je dis avec un frisson de dégoût. Papa quand même. Il a déjà dans la cinquantaine 


-Je forme Emily pour qu’elle soit ton bras droit quand je prendrais officiellement ma retraite 


-Lol, ta copine mon bras droit quoi? C’est pas une affaire familiale hein 


-Elle n’est pas ma copine mais une jeune femme remplie de talents. Elle a formé la bonne partie des masseuses actuelles, aidé celles qui avaient déjà de l’expérience  à s’améliorer et en plus, elle a des grandes aptitudes de leader. L’idée des cartes de fidélité à points qu’on peut accumuler pour obtenir un massage gratis vient d’elle. Les vendredis et samedis demi prix sur certaines séances aussi. Les cours pour les couples sur lesquels on travaille actuellement également. C’est elle qui aussi proposé qu’on ne fasse le massage aux pierres chaudes que dans la troisième pièce parce qu’elle reçoit moins de lumière naturelle que les autres. Ce qui permet de créer plus facilement l’ambiance de détente que tu veux. Imagine toi avec quelqu’un comme ça à la tête de ton établissement. 


-Hum, je ne veux pas de conflits d’intérêt papa. Ce n’est pas la première fois que tu vantes ses mérites. Si...


-J’en parle en bien parce qu’elle le mérite. Si quelque chose devait arriver, ce qui est invraisemblable, tu sais bien que je ne nuirai jamais à ton travail ma chérie. 


****


-Mon père n’avait que des éloges à ton sujet, je dis à Emily durant notre entretien en début de semaine 


-Heuh....J’en suis ravie si le service vous convient, elle dit un peu hésitante 


-Écoute je ne sais pas tourner autour du pot donc voici mes conditions. Ce que tu fais de ton entrejambe je m’en fous mais tu gardes tout ça bien loin de mon établissement. Si jamais tu finis dans le lit de mon père sache que c’est juste son lit et non le mien. Ta place ici ne changera en rien à moins que ton travail me fait penser que tu devrais passer à un niveau supérieur. Je me suis fait comprendre? 


-Bien, elle dit sans sourciller 


-Et je n’ai pas à entendre de mon père que tu te plains de moi. Si tu as quelque chose à me reprocher dans ma façon de gérer mon business, tu me le dis directement. Si tu n’apprécies toujours pas tu déposes ton tablier. Et si tu pratiques la sorcellerie laisse déjà tomber. Je serai deux fois la sorcière que tu es si je t’y prends 


Là elle m’offre un sourire en coin. 


-Bien, elle répète. 


-Objections?


-Suggestions peut-être? 


-Je t’écoute


-Ne renvoyez pas Bertha. 


-Qui est Bertha? 


-taille moyenne, coupe de cheveux à la Toni Braxton. 


-Ah la mangeuse de gâteaux. Et pourquoi?


-Elle apprend vite. Juste qu’elle se retrouve souvent mêlée dans des histoires connes 


-Elle a rigolé quand les autres échangeaient des mots peu glorieux sur ton corps 


-Je sais, elle dit d’une voix monocorde 


-Et tu veux que je la garde bien qu’elle cafte sur toi? je fais perplexe 


-Je vous trouve hautaine et probablement vous avez un avis sur moi. Mais vous n’allez pas me renvoyer, enfin j’imagine. Elle et moi n’avons pas besoin de nous entendre non plus pour être collègues. Ça serait un gâchis de libérer une bonne employée pour des cancans. En plus après la peur que j’ai lu chez elle aujourd’hui quand votre père vous a présenté comme la propriétaire, je doute qu’elle continue. 


-Si tu le dis. Tu es donc responsable d’elle. Autre chose? 


-Non c’est tout. 


-Tu peux disposer et oh, mon père, tu le traites doucement quand tu seras dans son lit. Il n’est plus tout jeune 


-Son lit, pas le vôtre, elle me dit avec un sourire narquois puis s’en va 


-Ah la la. Les hommes et leur crise. À cause de lui je vais me taper une petite effrontée 


-Lol regarde celle qui parle, répond Elikem qui était en ligne durant tout ce temps 


-Pfff je ne suis pas effrontée mais déterminée. 


-Ouais les faces d’une même pièce quoi. 


-C’est ça. Si je suis effrontée c’est que tu es insolente 


-Lol mais moi je ne refuse pas hein.


-Va prendre ton avion au lieu de dire les mots doux ici. Je ne vais pas te ramener les arachides sucrées 


-Tu es malade ma vieille, elle dit en riant. Rentre vite, moi je t’attends 


-Essaie de ne pas trop faire ton rat de labo le temps que j’arrive. Bon retour dans le froid de Colorado. Je t’aime 


-Les cœurs 


-villageoise, je la taquine parce qu’Elikem aime trop économiser ses je t’aime. Et elle se justifie par son bon vieux “c’est pas en stock illimité”.  Le fameux “les cœurs” là est arrivé après un long travail que Romelio et moi avons fait face à son côté récalcitrant. Ça me rappelle comment on disait à son papa Eli que tout ça c’est la faute du Xena qu’il lui a donné et qu’il répliquait avec humour qu’il en est fier. 

Dans mes souvenirs je devais normalement attendre mon premier gosse l’année dernière. Mais me voilà à 26 piges. Ma vie est plutôt bien. Je ne vais pas me plaindre. Financièrement je suis à l’aise. Je peux avoir mieux et je l’aurai mais ce que j’ai actuellement c’est un bon niveau. Toni est....lol je ne sais quoi dire si ce n’est une belle surprise. Hier je me suis plains qu’il ne m’écrit jamais le matin. C’est toujours moi qui le fait. Je me suis réveillée ce matin avec une vidéo de lui torse nu, tasse de café fumante en main, visage légèrement fatigué et dans sa voix super sexy du matin me sort un, “bonjour ma pupuce, c’est bon tu es contente”? Pupuce qu’est ce que ça peut faire nunuche et comment je fonds quand il me dit ça, c’est ridiculement hilarant. Dans un an, j’espère qu’on pourra avoir en moyenne une vingtaine de clients par mois au spa. Dans un an je me vois bien être en passe de devenir maman et madame Ekim à la fois. 



***Romelio Bemba***


-Je dis, Jeje ne va pas fréquenter cette année? Je demande exaspéré à Jennifer quand on entre dans la chambre à coucher 


Elle tord ses doigts et me sort son visage de chien battu. Celui auquel j’ai droit quand elle n’a pas de réponse claire. Je me dirige simplement dans notre douche. C’est qu’il faut voir ce que je vis pour le comprendre. L’oncle de Jennifer et son fils se sont rajouté à sa tante. Lui au moins a prévenu avant son arrivée. Je n’ai absolument rien contre le petit. C’est un chic garçon et plutôt poli. Ce qui me saoule c’est qu’on fini bientôt Janvier donc la tante boucle deux mois ici. C’est le max que je m’étais donné pour la faire déguerpir. J’avais prévu mal sauter sa fille, mais je dis bien la baiser comme je l’ai fait une fois après trois mois sans se voir et en plus se disputer. Je l’avais tellement retourné dans la chambre qu’elle a dû me fuir pour qu’on arrête. À l’époque ce n’était pas nécessairement calculé. C’est le grand manque qui poussait mes reins. Maintenant j’ai des scrupules. Toutes les fois que je pense à le faire, je vois la tête innocente de Jeremy se réveiller de son sommeil par les cris de Jennifer vu comment nos cloisons sont minces. Ça n’a pas de sens d’être prisonnier dans sa propre maison. Et je demande une solution à Arthur. L’autre con me dit de me balader nu dans la maison. Ne pas répondre quand Jennifer me parle. Et je verrai si les trois ne vont pas déguerpir plus vite que les cafards quand tu allumes la lumière. J’ai bien dit un con. Je n’en ai pas parlé à Elikem. Je digère déjà mal le fait qu’elle soit partie à cause d’un manque de savoir vivre de la tante. J’ai envoyé spirituellement un message au beau pour qu’il lui remonte au mieux le moral qu’on a gâté un peu chez moi. Si je me fies à ses messages, elle est rentrée en pleine forme et requinquée. Je dis bien il faut savoir choisir ses beaux. Je suis fier du mien et moi-même je sais qu’il a entendu mon message spirituel. Pas besoin de confirmer. Revenons à nos moutons. Je sors de mon lieu de réflexion et me couche contre ma chérie. 


-Je leur ai demandé, tu étais là. Tu as entendu quand ils ont parlé de la permission de l’école.


-Ouais mais une permission pour des vacances c’est comment? Ce n’est pas parce que c’est le primaire qu’ils ne doivent pas prendre ça au sérieux 


-Toi tu ne supportes vraiment pas grand chose. Dans trois semaines tout au plus mon oncle rentre avec Jeje. C’est pas la mer à boire non plus 


-Trois semaines ce n’est pas la mer à boire Jennifer? C’était quand la dernière fois que je t’ai léché au salon? Han? 


-Mais dans la chambre on se fait nos trucs aussi bébé 


-La chambre et le salon ce sont les mêmes endroits? Ou tu veux dire que le blanc était bête quand il a décidé de donner des noms différents aux deux endroits 


-Je ne me suis pas plaint pour ça Romy. Ça me va moi. 


-Eh bien moi non. J’ai 27 ans, pas 75. On a qu’un an de mariage sous la ceinture. C’est le moment de faire les cons, les fous, vivre à notre façon, avant que les enfants n’arrivent et la vie nous rajoute des responsabilités plus lourdes sur les épaules. Et venir te déranger au salon pour te lécher quand tu es sur ton ordi, ou te malaxer le postérieur quand tu remplis la machine à laver, ce sont mes délires  personnels qui me font me sentir bien. Si ça ne te dit rien c’est ton problème. 


-Oh pardon, je n’ai jamais dit ça. Ne te fâche pas, Loulou.....hum? Elle chuchote pendant que ses lèvres dansent sur ma mâchoire et sa main s’insinue entre mes jambes à la recherche de ma tige. 



***Jennifer Bemba***


Mon mec c’est le roi des engueulades. Depuis que ma tante est là je marche sur les œufs. C’est pas facile de contenter tout le monde. 


C’est pas comme ça que je voyais la première visite de ma famille. Mais j’espère pour lui qu’avec tout le bruit qu’il me fait que sa mère ne va pas essayer de me faire la misère quand elle sera là. Les matins restent mes moments favoris. Je me lève toujours tôt pour dresser la table, y mettre un peu de tout pour qu’on soit bien à l’aise. Depuis que tonton est là, il oblige enfin ma tante à se reposer. Je lui disais moi mais elle ne m’écoutait pas. Toujours entrain de s’occuper de mes tâches. Sa façon de m’aider, elle disait. Or c’est à moi de prendre soin d’elle maintenant. Elle a déjà plus que nécessaire. J’entends leur porte s’ouvrir et les trois me rejoignent quand je finis de casser les œufs. 


-bonjour vous trois, bien dormi?


-Hum le lit était un peu dur cette nuit, dit mon oncle


-Eh Gaëtan le lit sur lequel tu dors depuis huit jours est devenu brusquement dur? 


-C’est à toi qu’on a posé la question? Il dit à ma tante pendant je rigole 


-Tu fais quoi Jenny? Jeje me demande en se mettant sur la pointe des pieds pour voir 


-des pancakes aux bleuets. Ça te dis?


-Les pancakes? C’est quoi ça? 


-c’est comme des crêpes mais en plus épais 


-Ouiiiii si ce sont les crêpes, il dit avec un immense sourire 


On entend du mouvement derrière. Je reconnais le parfum de mon Loulou avant qu’il ne montre sa tête. C’est pas possible comment il est beau ce mec malgré son air ennuyé lol. Il a cette fraîcheur qui lui est propre. Il salue les autres et m’entoure la taille de ses bras avant de m’embrasser la joue. 



***Gaëtan Ekoue***


Sehr Gut. Plus que Sehr Gut d’ailleurs. Jennifer a fait de l’excellent travail. Ce petit lui mange proprement dans la main.  C’est dans un très bel appartement que je l’ai trouvé avec en prime une Subaru Outback flambant neuve. Bon elle dit que c’est la voiture de son mari mais comme il la lui laisse en général et prend les transports en commun, je considère que c’est la sienne. 


D’ailleurs ils sont mariés sous la communauté des biens. Tout ça c’est pour Jennifer. En plus de l’appartement et de la voiture, elle m’a dit qu’elle a trouvé un nouvel emploi qui paie mieux. En résumé son rôle consiste à  contacter les anciens étudiants de l’université NB et les informer sur des campagnes en cours ou à venir dans lesquelles ils auraient envie d’investir. Je ne sais pas ce que les diplômes qu’elle a souffert pour avoir viennent faire dans levée de fonds mais elle a dit que c’est une des options de carrière qu’elle rêvait d’avoir depuis. Ça paie mieux. C’est ce qui m’intéresse. Je ne regrette pas d’avoir épuisé mes économies pour nos billets. Je vais rentrer avec une nouvelle télé, des vêtements plus classes et aussi l’argent. Comme ça quand Ama rentrera à Lomé pour être avec Jeje, je vais vendre la voiture qu’on a puis aller en Allemagne et m’acheter ma BMW dont j’ai toujours rêvé. Mes cours d’allemand évoluent d’ailleurs bien. 


Ama me croit bête mais c’est mal me connaître. Depuis le pays elle me mettait quelques fois des blocages quand je voulais demander un service à ma propre fille. Comme les deux ont fini de manger mon argent elles pensent que la vie s’arrête à ça. J’ai donc changé de stratégie en commençant par l’envoyer ici avant moi sans rien demander. Et depuis mon arrivée, je me fais petit. Quand on sort je fais mon petit touriste. Photos ici, vidéos par là. Même quand Jennifer veut nous offrir le café, je refuse, prétextant qu’on rentre bientôt et ça ne sert à rien de gaspiller. Faut pas voir les sourires de ma femme en plus de Jennifer qui me gronde que j’exagère et elle n’est pas à un café près. Aujourd’hui je sors seul avec Jennifer. L’arthrose d’Ama s’est enfin réveillée. Elle va passer la journée au lit. Jennifer nous emmène au McAllister place (centre commercial) parce qu’il y’a des offres chez The Children’s place et Ama avait ciblé certaines chaussures là-bas. 


-Mais chef Tchaa pourquoi tu viens pas avec nous? Mon fils demande pendant que Romelio lui met l’écharpe autour du cou 


-Ah si je viens avec vous mon patron va me gronder lundi. Ou c’est ça que tu veux?


-Non mais c’est Samedi. On travaille pas Samedi 


-Ah c’est pas ça chez mon patron hein. Ils sont où tes gants? 


-Ils sont déjà dans mon sac chéri, Jennifer répond après avoir enfilé ses bottes 


-Il est méchant ton patron, il dit et on éclate de rire 


-Mais non il n’est pas du tout méchant. D’ailleurs je vais vous rejoindre une fois que je finis le travail. En attendant tu écoutes papa et ta soeur quand on te dit d’être tranquille d’accord? 


Mon fils hoche la tête. Nous partons tous les trois. Le premier stop c’est à l’hôpital où travaille le petit Romelio. 


-Six jours sur sept pour une semaine de travail c’est vrai que ça fatigue. Il faut le faire, je dis


-n’est ce pas, elle poursuit sur un ton admiratif. Heureusement que c’est pour un temps. En été il n’en fait pas trop pour qu’on puisse avoir nos week-ends. 


-Ah donc c’est temporaire hein.


-Oui ce sont en fait des heures supplémentaires qu’il prend. Vu qu’à cause de mon ancien emploi on avait pas les mêmes jours de congés, il a dit qu’il s’ennuyait des fois et c’est comme ça qu’il a commencé. Depuis il s’est habitué et le fait de temps en temps, vu que dans deux on compte s’acheter une maison et plus tard adopter. 


-Ah c’est très bien ça, je dis émerveillé. Quelle pépite. Sans même chercher, elle est tombée dans notre famille. Très concentré et ordonné comme garçon. Pendant que des vauriens seraient dehors à courir les filles quand Jennifer travaillait, il est parti s’occuper pour faire avancer sa famille. 


-Comme ça la prochaine fois que tu viens tu auras un jardin pour jouer avec ton chef, n’est ce pas Jeje, Elle dit toute contente, et l’autre en arrière partage son excitation. 


Travaillons à trouver des bons maris pour nos filles. Être père c’est ça. 


Je laisse qu’on achète en premier les effets de Jeremy. Comme la promo c’était du deux pour le prix d’un, elle a pris trois modèles. À la sortie j’ai lancé l’offensive.


-On a fini comme ça ou nous allons faire encore un tour?


-Je vais juste faire un saut à Marshalls pour chercher la mousse à raser de Romelio avant d’oublier. Ensuite on peut aller peut-être à Sport Chek? Tu peux trouver des choses pour toi là-bas. 


-Non va chercher le gel douche de ton mari. Pendant ce temps Jeje et moi on va aller à The Source. 


-Ok on fait comme ça. Je vous rejoins 


Je m’y dirige en me léchant mentalement les babines. Le vendeur qui m’a conseillé les trois fois que je suis venu ici m’attendait déjà avec un immense sourire. Ma Sony X900F flambant neuve aussi était là, en display dans toute sa splendeur. J’essaie de négocier des cadeaux avec le vendeur le temps que Jennifer nous retrouve. Mais les blancs sont durs en affaire. Outre me montrer ses dents légèrement jaunâtres sous prétexte qu’il sourit, il ne m’a encore rien offert. Pourtant la commission ira dans sa poche si j’achète et il ne cesse de m’encenser pour que je sorte la carte. La détentrice de la carte nous rejoint finalement.


-Tu as trouvé ce que tu cherchais? Je m’enquiert 


-Yes, elle dit en soulevant le sachet. Et vous? Jeje tu as été sage?


-Laisse il regarde cette télé comme s’il a l’argent de ça. Tu en penses quoi? 


-Elle est vraiment jolie.


-En plus grande, et.....


Je lui récite fidèlement toutes les caractéristiques de cette merveille.  


-Eh bien, tu connais déjà tout sur elle tonton, elle plaisante 


-Je voulais un modèle similaire il y’a deux ans. Celle qu’on a cause beaucoup de problèmes. L’image n’est pas bonne et ça fatigue les yeux de ta vieille tante. Mais comme il fallait choisir entre le voyage, j’ai dû laisser tomber. 


-Oh....je....elle coûte combien? Elle s’adresse directement au vendeur 


-1400 CAD, Madame. 


-ouh si tu rajoutes les taxes c’est un peu cher. Ummm....vous n’avez pas d’autres modèles? 


Le vendeur lui offre un sourire de convenance puis hoche la tête et nous dirige vers d’autres stands. 


Vingt minutes plus tard ma télé a remporté le match. Le vendeur connaît son travail. Il a su démonter un par un les arguments de Jennifer qui s’attachait seulement aux choses cheap. Comme sa tante cette petite. Elles ne connaissent rien de la qualité. 


***Jennifer Bemba***


C’est la première fois que je vais dépenser une aussi grosse somme d’un coup mais quand je pense à ce qu’il a sacrifié en billet pour ma tante et Jeremy c’est peu. En plus dans deux semaines je vais recevoir mon salaire qui couvrira une bonne partie de ce que je vais sortir maintenant. Je donne l’affirmative qu’on nous sorte un modèle neuf. La joie de mon oncle est à son apothéose. Ils m’amusent lui et Jeremy à faire les plans des films et dessins animés qu’ils vont regarder une fois à Lomé. Je demande qu’on rajoute aussi un bon adaptateur et convertisseur de courant vu que nos prises sont différentes de celles du pays. Le vendeur rajoute des cadeaux à Jeremy, des petites figurines et babioles, me donne le montant  complet et je passe ma carte. Mais le paiement ne fonctionne pas. Peut-être ils n’ont pas le paypass donc Je l’insère dans la machine au deuxième essai. 


-il y’a un problème? Me demande mon oncle au deuxième échec 


-nnn...onnn, j’ai de l’argent, je balbutie nerveusement. Vous pouvez essayer encore une fois s’il vous plaît? je dis au vendeur 


Le résultat est le même à la troisième tentative. Le paiement est refusé. Je leur demande d’attendre au magasin et cours vers un guichet. En début de semaine j’ai consulté mon solde et j’ai 2500$ dans mon compte chèques. Outre la facture de téléphone qui passe automatiquement je n’ai aucune autre charge. C’est Romelio qui s’occupe du reste. Donc personne ne peut avoir volé mon argent. Impossible. Je ne trouve pas le guichet de ma banque mais celui-ci fera l’affaire comme je ne vais faire qu’un retrait......Mais le retrait aussi est refusé. J’essaie deux fois encore. Totalement dépassée, j’abandonne et retourne avec la honte au magasin.


-Mais non Elle a un bon travail je vous dis. C’est sûrement la carte qui est endommagée, les choses électroniques vraiment on ne peut pas faire confiance, c’est pour ça que je préfère le cash, j’entends mon oncle dire à un Jeremy qui renifle. 


-le monsieur il veut pas me donner les jouets Jen, il dit en larmes tandis que le vendeur range au calme les effets 


-Ma fille travaille pour une grande fondation. C’est le triple de votre sal.....


-Tonton! Je dis mortifiée mais il continue sa diatribe sans m’écouter 


Le vendeur est rejoint par ses collègues et ils nous mettent dehors comme des voleurs. 


-Tu vois le racisme!! Mes ancêtres ont fini de construire le pays pour vous maintenant vous faites les fiers! 


-Ça suffit tonton! Tout le monde nous regarde! 


-Qu’est-ce que j’en ai à foutre? Je ne vais pas me laisser traiter comme un moins que rien par un tas de mayonnaise avariée! Hein! On a emmené les épices dans votre pays mais utiliser vous dépasse! Vous connaissez le phosphate qu’il y’a au Togo? Imbebo que vous êtes un à un! Il continue dans son indignation. Je veux seulement que le sol s’ouvre et m’avale. Il y’a quand même quelques francophones à Saint John. Même si l’accent est différent du nôtre, ils doivent capter que mon oncle injurie les quelques vendeurs qui refusent de retourner dans la boutique et nous regardent comme un spectacle 


-Jennifer qu’est ce qui se passe ici? J’entends d’une voix familière 


-Des Yaourt sans nature! Blanc de poulet sec comme ça! Avec les longs nez comme Cyrano de Bergerac là! poursuit mon oncle quand Marianne et une dame que je reconnais comme sa mère apparaissent à nos côtés 


-Parce que le chocolat amer a une saveur appétissante peut-être monsieur? Demande la mère de Marianne avec une pointe de sarcasme 


-Qui vous a invité ici vieille peau? 


-Ici c’est une aire publique vieux croûton. Apprenez à vous tenir quand même non mais. Voici ceux à qui on devait refuser le visa! 


-Maman...., Marianne dit mais la vieille jette son visage en pâture sur le côté 


-Je....oh Seigneur, je suis vraiment désolée. C’est qu’on était au magasin, j’ai eu un souci sur ma carte et mon oncle tape un esclandre qui n’a pas de nom je chuchote à Marianne puis dit tout haut pour mon oncle, “et surtout pas lieu d’être”!


-Donc c’est comme ça que tu te laisses sous-estimer par les gens dans ce pays Jennifer? J’ai dépensé pour que tu sois cultivée et tu baisses encore la tête? Bonté divine! 


-Visiblement il fallait garder un peu de fonds pour investir dans votre culture personnelle.


-qui vous a sonné la vieille chèvre? Vous connaissez Cyrano de Bergerac peut-être? 


-Un inculte comme vous....


-Maman arrête oh, Marianne dit à la vieille avant de se diriger vers Jeje qui n’a pas cessé de pleurer dans les bras de mon oncle. À ce stade je ne sais plus si c’est toujours pour les jouets ou la honte comme moi. Il a quoi le chouchou? 


-Il est révolté face au traitement peu cavalier dont il a été victime à cause d’un simple défaut de technologie! 


-Marianne on a mieux à faire. En plus l’ignarerie est contagieuse, allons-y dit sa maman qui lui prend la main 


Elle lui répond en Wolof, ce qui pousse la dame à nous regarder avec dédain puis hausser les épaules 


-Je peux aller avec lui dans le magasin monsieur? Au moins on peut lui acheter ses jouets.


-Oh non maria....je commence mais elle m’interrompt 


-Tu me rembourseras. En plus Ce n’est pas l’idéal qu’il pleure comme ça en hiver. Une grippe est vite arrivée. 


-Un grand merci, je réponds terriblement gênée 


Jeje se laisse prendre et les deux entrent dans The Source. À cause du scandale qu’il a tapé, je n’essaie même pas de suivre Marianne dans la boutique.


-Son coeur d’artichaut, c’est ce qui causera sa perte, je lui ai toujours dit. 


-Vous devriez vous en acheter un tiens. Ça vous donnerait dix ans de moins


-maintenant ça suffit mon oncle! Je dis à bout de nerfs 


-si c’est pour ressembler à cet être primitif que vous êtes, je préfère nettement garder mes ridules, synonyme de sagesse au passage. Mais bon un pétrousquin comme vous ne connaît certainement pas ce mot. 


Ils continuent à se lancer des piques jusqu’au retour de Marianne et un Jeremy enchanté. Je multiplie excuses et remerciements jusqu’à notre séparation. J’avise Romelio par message qu’on rentre directement et je passerai le chercher à la clinique quand il finira.


-Je te dis Ama les africains, zéro solidarité. Après on se demande pourquoi nous sommes en arrière. Je ne sais pas ce qu’ils croient qu’ils sont au Sénégal avec leur accent là, ou la vieille pensait masquer ça avec le vieux français, mais je l’ai démasqué, il râle à ma tante depuis une heure qu’on est rentré. Je ne veux pas exploser donc je me concentre sur l’appel que je fais à ma banque pour comprendre ce qui se passe. Bonjour la longue attente vu que c’est le week-end 


-J’avais dit dans ce pays Hein. J’avais dit que Yasmine n’est pas une bonne compagnie pour Jennifer mais est-ce que tu voulais écouter? Non.  


-Affaire de Yasmine vient chercher quoi dans le comportement archaïque de cette vieille? 


-Selon toi? Tu crois que Marianne n’a pas raconté à sa mère comment George lui a fait un enfant dans le dos? Pourquoi tu penses que Marianne est froide avec Jennifer depuis qu’elle a pris le poste à la fondation? Tchrrr. Yasmine est tranquille chez elle pendant ce temps nous on a les problèmes ici. Voilà ce qui se passe quand tu ne veux pas m’écouter, elle dit sur un ton de reproche 


-donc on traite ton mari comme les sandalettes. Je viens te faire part de ma peine et ce que tu trouves comme solution c’est de me frapper avec la pelle pour que je tombe dans le trou creusé par mes ennemis? Merci. J’ai fini de te faire venir dans ce pays avec ton comportement de pétrousquin là! 


-Oh Gaëtan mais.....


-Fous moi la paix! Et Jennifer chauffe moi bien la banque. On va trouver une meilleure télé dans un magasin qui sait traiter sa clientèle avec dignité, il dit et quitte le salon dans un vacarme pour la chambre 


-Pétrous là c’est encore quoi Jennifer? 


Le ridicule de notre situation me fait fondre en rires. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre. 


-Pardon c’est mieux que j’aille chercher Romelio. Je n’ai plus d’énergie, je dis après que mon cell m’ait signalé un message venant de l’intéressé 


-Ah ok, je sors quoi comme sauce? 


-la sauce blanche au saumon. Je vais faire les pâtes qua...


-Pars seulement. Je vais le faire, elle dit et se met déjà au travail. 


On ne peut pas la calmer cette femme. Jeje me suit, car trop excité de voir son chef. En vingt minutes je suis à la clinique. J’envoie un message à mon chéri et au passage vois celui que j’avais envoyé à Elikem le lendemain de son départ. Message qu’elle n’a jamais lu. Pourtant je venais expliquer les choses pour qu’elle comprenne que ce n’est pas contre elle. Juste que ma tante est d’une autre époque. Celle où les femmes doivent savoir tenir une maison donc si tu paresses elle le dira. Elle est juste trop honnête et sans filtre.  Mais comme Elikem n’a pas jugé nécessaire de lire j’ai laissé. Dieu m’est témoin que j’ai essayé. 


-Hey hey par ici, Romelio dit après avoir ouvert la portière. 


-Salut, ça s’est bien passé?


-Oui m...


-Chef Tchaa on est parti au magasin pour la télé, après le monsieur m’a donné les cadeaux et il a pris parce que la carte de tata ça marchait pas et puis papa il s’est fâché et il a dit les vilains mots jusqu’à et une...., il lui raconte durant tout le trajet 



-Allô, je dis avec un brin d’espoir quand 

enfin quelqu’un prend l’appel au niveau de la banque. Je reste sur la ligne pendant qu’on entre dans notre chambre. Oui oui je suis toujours là. Oui bonsoir, j’appelle concernant mon compte chèques. Ah oui mon nom c’est Jennifer Adjele Bemba.....

Adresse:....., je continue de m’identifier puis explique le problème 


-Vous dites vous même voir le solde. Alors comment expliquez-vous ce qui s’est passé? 


-bah Madame votre limite d’achat et de retrait est à 200$ par jour, la fille sur la ligne me dit d’une voix monocorde comme si je la dérangeais 


-Ccccomment ça? 


-Vous pouvez le voir vous-même sur votre application, à moins que vous ne sachiez pas comment y accéder 


-heuh si si, mais je n’ai pas souvenir d’avoir déjà vu ça


Elle me dirige pendant que je la mets sur HP et je change la limite. Mille excuses et mercis plus tard, je raccroche. Romelio finit pendant ce temps de se mettre en tenue de maison. 


-Tu sais ce que ça veut dire cette limite toi? Parce qu’il y’a quinze jours de ça  quand on est allé à Costco avec ma tante j’ai dépensé 350$ donc......ou bien elle m’a menti la fille? 


-J’ai changé ta limite. On mange quoi pour le dîner? J’ai une faim de loup 



***Romelio Bemba***


-Hey oh, je dis en bougeant la main devant sa face inerte depuis quelques minutes suite à ma révélation 


-Tu n’as pas dit que tu as changé ma limite n’est ce pas? Elle demande avec une face d’étonnement. Le genre qui va bientôt friser la folie 


-Si c’est ce que j’ai dit, je réponds implacable tout en croquant dans la poire que j’avais ramassé sur la table au salon avant qu’on entre en chambre 


3,2,1....., le temps que je m’asseye sur la chaise dans notre chambre et elle explose.


-Comment tu as osé!!!! Non mais de quel droit!!!! Tu sais ce que j’ai vécu comme honte aujourd’hui!!!! Putain Tu veux dire que c’est de ta faute!!! Ta putain de faute que j’ai couru dans tous les sens comme un canard affolé!! Si Marianne n’était pas là.....et bla et bla et bla 


Oui je l’ai fait dès que son rapace d’oncle a mis les pieds ici. Si je peux reprocher à la tante de fourrer un peu trop son nez dans la vie de ma femme, je ne peux pas l’accuser d’être vénale. Si elle l’est elle le cache bien ma foi. Les fois où nous sortons, elle me dit de ne pas céder aux caprices de Jeremy, qu’on est un jeune couple qui se construit tralala. L’oncle a tenu un discours un peu pareil, croyant peut-être être futé mais s’est tiré seul dans le pied quand je l’ai entendu demander à Jennifer combien elle gagnait, et comment on gérait nos finances. J’y suis allé par présomption de culpabilité au lieu d’innocence, quitte à juger mais je m’en fous. Trouver son mot de passe c’était un jeu d’enfant. Une combinaison de mon nom et celui de Jeremy. Comme elle n’est pas très portée sur la technologie je me disais bien qu’elle n’allait pas s’en douter. Cette semaine j’ai descendue la limite à 200$. Je comptais la baisser à 100$ la suivante et jusqu’à 50$ jusqu’à me faire prendre ou pas. Dommage je vais devoir trouver une autre solution maintenant. 


-Maintenant tu me grondes pourquoi? Je demande quand je juge qu’elle s’est assez défoulée


-C’est un manque cruel de respect et une entrave à ma vie privée! Depuis quand j’ai déjà osé te faire un truc comme ça? 


-vie privée? Je dis avec ironie. Il n’y a aucune vie privée entre nous mon amour. Ton argent c’est le mien. 


-qqquoiii??? Elle fait effarée. C’est le ciel qui t’est tombé sur la tête? Tu travailles avec moi pour te proclamer maître de mon argent? 


-C’est la brique même que j’ai reçu sur la nuque. Ne pense pas que parce que je n’ai jamais pipé un mot quand tu as commencé à te faire plaisir en rentrant avec les petites boites de Call it spring (magasin de chaussures, sacs et accessoires) que je n’ai pas un droit de regard sur ton argent. Quand les factures tombent tu me vois faire le bruit que c’est mon argent pour les payer? 


-Mais c’est toi qui a voulu t’en charger 


-Parce que tes factures sont miennes. Ça te plaît que je sois en charge ou pas? Pourquoi tu fais l’étonnée maintenant? 


-Les factures c’est mon salaire? 


-Notre Jennifer. Habitue-toi à le dire. Notre salaire. Le tien plus le mien. Notre, je dis et elle se met à rire comme une hystérique 


-Donc je n’ai plus le droit sur mes dépenses ici. C’est la prison? Dis-moi de virer directement mon salaire dans ton compte pendant qu’on y est tchrrrr 


-Les dépenses au delà de 200$ me regardent. Tout comme je ne me lève pas pour faire n’importe quoi sans te prévenir, tu n’as pas à le faire sans en discuter avec moi. Tu n’es pas un électron libre mais ma femme. Et au troisième juron que tu me pousses je vais tirer ta bouche au point où elle balaiera le sol. 


Elle me lorgne proprement avant de s’en aller. L’ironie c’est que j’ai utilisé la menace de tirer sa bouche plus de fois que je ne l’ai fait en réalité. D’ailleurs on fait ça comment, je me demande. Mais la façon dont elle me prend au sérieux quand je lui dis peut me tuer de rire. Je mange allègrement pendant que les expressions faciales sont sombres. En tout cas Jeje est content comme moi, c’est l’essentiel. L’oncle me signale les Sénégalais. Rien que des inepties auxquelles je ne prête pas attention. À la fin du dîner, je descends avec Jeje au sous-sol pour qu’on regarde des courses de voiture sur mon ordi. Je l’ai transformé en fan fini de formule un. On joue un petit peu avec ses figurines et sa mère l’appelle pour rejoindre le lit. Je fais pareil et glisse contre ma femme qui jure qu’elle campe sur son côté. 


-Ooohhh c’est quoi? Tu ne vois pas que je peux tomber? Elle dit avec hargne 


-Comment tu peux tomber quand je suis là fort comme ça à tes côtés? Jamais de la vie, je lui susurre bien qu’elle essaie de me pousser avec son postérieur 


-Regarde Romelio faut me laisser. Parce quand toi tu es fâché, on ne te touche pas 


-mais c’est qui qui est fâché dans cette chambre? Toi ma pulchérie? Hum? Je dis tête dans son cou, avec ma langue qui y trace des sillons 


-Laisse moi laisse moi, elle murmure 


-hum, ne me laisse pas ne me laisse pas, je chuchote pendant que ma main masse délicatement ses courbes. 


Les protestations s’affaiblissent petit à petit et se transforment en gémissements quand mes dents se referment légèrement et tour à tour sur les pointes de ses seins encore recouverts par son soutien-gorge. Je suis trop chaud, il a fait froid aujourd’hui donc je trempe un peu d’abord pour goûter. On reprendra les préliminaires apr......Punaise! Sa moiteur me monte comme une drogue au cerveau. Je me baisse pour lui sucer la langue avidement. Elle passe une jambe dodue à ma taille et me palpe les pectoraux. Juste ce qu’il faut pour que j’oublie les bonnes manières. Je me redresse sur les genoux et laisse la drogue prendre le contrôle. Tant pis pour Jeremy s’il ne suit pas mes conseils. 



***Ama Ekoue***



-Gaëtan ce sont tes écouteurs?! Je demande vexée et mortifiée quand Jennifer crie “bébé un coussin” 


-Haaaa mais on ne va pas dormir dans cette maison aujourd’hui?


-Maintenant tu gardes les écouteurs mais tu fais le commentaire? Tchrrr


Han Han Han Rom....


-mamamaa donc ce sont les cris de désespoir là que tu as dit à Jennifer qu’on fait dans la chambre? Ama toi même tu savais parler mais on ne t’entendait pas? 


Je ne lui réponds même pas. Mon cou chauffe de trop. Je descends vérifier que Jeje dort paisiblement sur son lit gonflable. Dieu merci il a le sommeil  profond quand il est fatigué et depuis trois jours il garde les bouchons d’oreille parce qu’on ronfle trop il a dit. 


Aaaawwwnnn, Han, Han! 


J’ai fui pour aller dans la salle de bain et ouvrir l’eau. Je ne pouvais plus supporter. 


Le lendemain je ne sais même pas comment sortir de la chambre pour les voir. Donc j’attrape la main de Gaëtan avant qu’il ne le fasse. 


-Pardon ne fais pas les histoires aujourd’hui. C’est entre un mari et sa femme 


-Est-ce que j’ai ce temps? Pfff, il piaffe et me retire la main 


Romelio est le seul qu’on trouve en cuisine entrain de lancer sa machine à café pour chauffer l’eau chaude. Un Romelio torse nu. 


-Bonjour vous. Bien dormi? Il demande avec un sourire radieux


-Hein...heu....Oui. 


-Tu n’économises pas ma fille hein. Tu sais qu’elle est SS quand même? Mon traitre de mari dit et me fait lâcher ce que je tiens 


-Merci de me rappeler, il réplique après un rire


-Et ton T shirt tu l’as oublié? Continue Gaëtan sur ce ton de réprimande  


-Non Jennifer est sur les nerfs dernièrement comme elle ne voit plus mes pecs durant le petit déjeuner


La concernée nous rejoint quand on est déjà à table. À ce stade c’est évident que le petit se fatigue de nous. Parce qu’il n’était pas comme ça avant l’arrivée de Gaëtan. Même lorsque Jennifer lui a ramené un t shirt, il l’a plié et posé le dossier de sa chaise avant de continuer à manger son toast. C’est Jeremy seulement qui trouve ça amusant que non la chaise a porté le t shirt au lieu du chef. 



***Gaëtan Ekoue***


Ce petit croit jouer mais ce qu’il fait là je suis un maître dedans en plus d’être son aîné. Il va s’épuiser avant moi. Je l’ignore royalement et parle à ma fille. 


-hum....alors tu as eu des nouvelles de la banque Jennifer? 


-ahem....Oui, ils regardent ça 


-C’est bien. J’ai regardé d’autres places sur internet. C’est pas facile aussi de faire les magasins dans votre ville mais j’ai trouvé un autre modèle à Best Buy. On peut aller aujourd’hui si tu as le temps 


-Aujourd’hui c’est dimanche non Gaëtan. On ouvre les boutiques le dimanche?


-Où est mon problème dedans? Est-ce qu’on allait devoir y aller aujourd’hui si la banque n’avait pas gâté les choses? Hier Jeremy a eu ses jeux. Toi Ama tu as tes trucs et moi? Qui pense à moi? Jeje c’est juste ça? Je dis fâché par le manque de considération d’Ama.


-Tu as raison. Je t’emmène moi-même après qu’on ait fini de regarder le culte, répond Romelio. Enfin! 


Et bien sûr Jennifer ne pouvait pas se trouver un catholique. Voilà le culte qu’on suit sur leur télé et depuis trente minutes on ne fait que chanter. Faut voir son mari siffler et chanter que “oh the overwhelming, never ending reckless love of God” comme s’il n’a pas piné la fille des gens hier comme si c’était la vengeance. L’hypocrisie des chrétiens charababa vraiment. Les vrais pineurs dans ce monde. Bandit jusqu’à l’os, les frères Dalton ont menti. 


Trois heures et quinze hausses de tension plus tard on est finalement au Best Buy là. L’anglais c’est pas mon fort. Au moins le vendeur à The Source se battait avec le français. Donc c’est le petit seul qui mange l’anglais comme les céréales avec le vendeur. 


-Toshiba 50 UHD? Je demande éberlué. C’est quoi ça? Ce que j’avais vu c’était la qualité hein! Je ne regarde pas les chinoiseries


-Toshiba c’est Japonais mon oncle et une marque fiable 


-ce sont les cousins en plus ça c’est 650$. L’autre c’était le top. Si on l’a on aura plus besoin d’acheter de télé avant sept ans. 


-Ah Dans ce cas tu complètes les 650 que je te donne et je t’emmène dans la boutique pour que tu achètes ça. 


Je le dévisage. Une main dans la poche. Avec son bonnet de voleur sur la tête. Sans sourciller il m’a parlé à moi son père comme ça. 


-Jennifer était prête à me l’acheter hier. Si ce n’était sa carte j’allais rentrer avec ma chose 


-hum vilaine carte vraiment. Bon on fait comment? Je dis au vendeur de l’emballer ou on rentre? 


-Elle ne t’a pas fait de virement? Pour compléter l’argent?


-Nope. 


On se calme, je me répète mentalement. Le but est plus important que les émotions. 


-Donc toi grand chef de ton état tu vas me dire que tu n’as pas les moyens? Hein Jeje va rire de toi s’il entend ça hein, je tente la flatterie 


-Ah mais c’est la tendance chez la nouvelle génération de rire des anciens. On va faire comment? En plus tu sais tout sur les blancs racistes. Le petit coba (argent) qu’ils acceptent de nous laisser suffit à peine et comme tu m’as bien rappelé, ma femme est SS donc je dois faire attention. Donc bon on fait quoi? On s’en va ou....


-Laisse, je dis entre mes dents après un long moment à le contempler 


Un insolent qui sort à peine des couches! C’est ce qu’est ce morveux. Tu te demandes ce que Jennifer fait dans son mariage à part prendre le poids et crier han han comme si la morve avait obstrué  ses narines. 



***Jennifer Bemba***


Avant de me mettre l’embarras la nuit là Romelio avait déposé son véto. On ne donnera pas plus de 700$ à mon oncle pour sa télé. S’il veut plus qu’il attende l’année prochaine et on verra. Personnellement je trouvais le montant correct. Mais mon oncle a refusé et pesté contre la terre entière. Donc au quotidien je lui répétais que la banque n’a pas trouvé le problème. Le week-end suivant,  Ma tante a dit qu’elle rentrait avec lui contrairement au plan initial. Je lui ai expliqué que Romelio ne faisait plus de problèmes pour qu’elle reste mais elle a dit que c’est mieux comme ça. Je suis sûr qu’elle nous a entendu le soir là même si Romelio jure que ce n’était pas aussi grave que je le pense. Le filou avait piqué mon coussin avant de me prendre contre notre table....bref nous allons déposer ma famille. Ce n’est pas le moment que mes pensées s’envolent là et que mon entrejambe réagisse. 


Mes yeux par contre ont réagi quand je devais me séparer des miens. Même mon oncle qui continuait à bouder et me rappelait d’économiser vite parce qu’il viendra chercher la télé prochainement va me manquer. Jeje qui s’est attaché à Romelio et tout. C’était les montagnes russes mais ça m’a réchauffé de le voir. 


Heureusement que Romelio était avec moi. La peine était supportable. Nous sortions de l’aéroport quand nous sommes tombés sur Marianne. Son visage portait la même tristesse que la mienne.


-Hello, je lui dis. Tu es venue accompagner ta maman? 


-Oui, et ta famille aussi j’imagine. Elle hoche la tête et se frotte les bras. 


-Oui. Je t’ai fait le virement. 


-reçu aussi merci. 


-non c’est à moi de te dire merci. Tu m’as sauvé  


-Oh c’était pas grand chose....


Un petit flottement suit. Puis elle continue 


-Umm bon bonne journée alors. J’attends mon taxi 


-On peut te déposer....si tu veux, Romelio propose avant que je le fasse 


-Oh non je ne veux pas déranger. 


-Ça va. On est pas dérangé, en plus une tempête s’annonce bientôt, je dis 


-Dans ce cas....okay, merci 


On rejoint à la course la voiture. Elle habite un peu plus loin de l‘aéroport que nous. Je ne cesse de jeter des coups d’œil dans le miroir, hésitant mais finalement je craque.


-Tu as un truc de prévu? Parce qu’on se fait un aprèm fondue si ça te dit. Il y’aura de la viande halal et un autre invité, un ami de Romelio. 


-heuh....comme il y’a la tempête, c’est mieux que je rentre...


-Ah ok, je fais déçue


-Sinon ca ne me gène pas de ramener Hein. Le rôle de chauffeur je maîtrise en plus Jennifer a découpé une tonne de fruits comme si on était une centaine à la maison. Donc si c’est juste la tempête, on gère ce côté. 


-en fait...j’ai rien de prévu sinon Netflix et manger des popcorns 


-J’ai un stock de pop-corn là tu ne vas pas y croire, Romelio lance sur un ton plaisantin 


-Curieuse de voir ça alors, elle répond avec un petit sourire 


Je pose la main sur la cuisse de Romelio et la caresse pour lui témoigner mon affection pour cette intervention. 


-C’est super cozy chez vous, j’aime trop les tons clairs et comment ils contrastent avec le sofa rouge, elle dit 


-Hum il ne faut pas blaguer Jennifer avec son sofa rouge hein, elle va se prendre pour une pro en déco 


-lol non mais c’est toi qui le traîne depuis Montréal ce sofa 


-Marianne parle à ta collègue. Je n’aime pas les préjugés. Je dois aimer le rouge parce que je suis congolais? Il dit faussement fâché et on éclate de rire 


-Elle ne sait même pas que tu es congolais mon frère yeeeuchh. 


-Bien sûr. Comme si on ne sait pas combien tu aimes faire ma pub. En attendant je vous ouvre un cidre? Sans alcool bien sûr Marianne 


-Ça me va, elle réplique avec un sourire amusé 


Il le fait pendant que je cours ôter mon jean et enfiler un legging puis je reviens. Les fruits sont dehors. Et on sonne. Il s’en va ouvrir. Marianne s’éclipse pour aller aux toilettes. Bilal apparait quelque minutes plus tard avec des sachets d’épicerie.


-Ça caille hein piiinaiseeee! Il dit avec sa bonne humeur légendaire 


-décidément on ne peut jamais compter sur toi. C’est le quatorze heures qu’on s’était donné ça? Réprimande Romelio 


-yo mais avoue que j’ai quand même bien fait de traîner. Tu as vu l’heure à laquelle madame m’a prévenu que vous quittiez l’aéroport? 


-Et alors? Ta face devait à la base nous suivre ou c’est pas ce que tu avais raconté à la tante? Dès que la nourriture entre dans ton cerveau tu débloques seulement. 


-Notre femme tu es d’accord avec la façon dont on traite ton beau? 


-Laisse il ne connaît pas le valeureux guerrier que tu es. 


Marianne refait son apparition tandis que je débarrasse Bilal des sachets.


-Tiens toi sauvageon on a de la visite, Romelio lui dit sur un ton blagueur tandis que l’autre retire son bonnet et tend une main vers Marianne 


-Bilal Keita, celui qui met du piquant dans la vie du fanfaron ici et le préféré de sa femme. J’espère qu’on ne s’est pas déjà croisé.  


-Marianne Sow et non pas  à ma connaissance mais pourquoi?


-Une gifle aurait été nécessaire pour rappeler à mon cerveau qu’on n’oublie pas l’essentiel 


-heyeee viens on part bandit, Romelio dit et le tire au sous-sol tandis que je meurs de rire 


-il est un peu taquin comme gars mais très gentil et respectueux ne t’en fais pas. 


-pas de soucis. Oh....Mais je pensais que les fruits étaient déjà coupés, elle dit face aux sachets 


-Lol excuse Romelio s’il te plaît. Il a dit ça pour te convaincre d’accepter l’invitation parce que depuis un moment je voulais te parler mais je ne trouvais pas le courage comme tu étais un peu sur la défensive. 

Mais installe toi, je vais les apprêter en un rien de temps. Je suis une pro pour ça


-Ah non je peux t’aider ça ne me gêne pas. 


-Naannn fais toi plaisir, comme ça. Tu t’assois ou encore mieux tu peux manger de temps en temps des fruits si ça te dit. 


On se met à papoter du travail en gros. Elle me demande comment je m’intègre. Si je m’adapte. Je lui demande comment ça fonctionne la gestion d’une fondation. Elle me parle un peu de son poste aussi. Dans les échanges, j’entends qu’elle a envoyé sa voiture au pays pour sa mère et va s’en acheter une nouvelle ici. Puis finalement on tombe sur le sujet épineux.


-Je te jure que je n’ai appris l’histoire de George et Yasmine que bien plus tard. C’est vrai qu’à ton niveau ça peut ressembler à un coup dans ton dos mais j’étais pas du tout au courant.


-tu avais fait ton choix. Et l’eau a coulé sous les ponts 


-Ok.....je suis quand même désolée pour la peine causée 


Elle hoche la tête sans rien dire. On reparle d’autre chose et finalement elle revient dessus 


-Pourquoi tu as choisi son camp? Même si tu n’étais pas au courant au début tu l’as quand même su à un moment. Je pensais qu’on était amies mais tu es délibérément restée à ses côtés, jouant à la tante avec son enfant. C’est tout le tableau que les trois formiez qui m’a fait le plus mal. Cette fille me narguait ouvertement, appuyait où ça fait mal le jour là et tu es restée malgré tout son amie. 


-Je....j’aimerais pouvoir dire que j’ai des raisons mais....c’est que le bébé....j’ai eu de la peine pour elle durant sa grossesse et puis je me suis attachée à la petite. Mais jamais je n’ai cautionné ses actions. Tu te souviens bien de ma réaction au resto non. 


-Ouais le bébé. J’imagine que c’est dur de résister aux enfants, elle dit en haussant les épaules 


-Si je peux faire quelque chose pour aider avec la peine hésite pas 


-Arrêtons d’en parler. Ça me ramène en arrière et honnêtement j’ai dépassé ça. 


-D’accord 



***Romelio Bemba***


Je lui monte sur Power Bi, ce que j’ai déjà pu faire concernant les bases de données qu’il m’a envoyé. Il veut lancer un outil d’analyse de la performance des employés et compte le commercialiser à quelques entreprises du pays. Comme c’est mon dada l’informatique de gestion, il a demandé mon aide. Mais au lieu de m’écouter ses oreilles sont perchées comme celles d’un Dobermann. 


-C’est comment? Tu as laissé quelque chose à l’étage?


-Man tu n’es pas sérieux. Vous cachiez le trésor au visage de coeur là où pendant que je souffrais ici?


-ah Les retardataires ont toujours tort mon frère 


-pfff donne moi plutôt les bonnes infos 


-Fionfion si c’est pour emmener tes comportements de nomade là chez la fille des gens il faut tenir tes longues couilles loin d’elle, je dis et il éclate de rire 


-Merde j’ai changé hein je te dis 


-Hum donne ton téléphone je vois alors si tu dis vrais. On connaît le renard et sa ruse 


Il continue à rire et me remet l’appareil. Je fais un tour rapide dans sa messagerie. Le type dès qu’il a un petit temps il est au Québec. On sait ce qu’ils font à Sin City alias Montréal là-bas. 


-Bon R.A.S, je dis en lui remettant 


-lolll et ça te peine hein. 


-Qui sait peut-être tu as supprimé les preuves avant de venir ici 


-haha mais au nom de quoi? Je savais que j’allais croiser ma destinée ici peut-être?


-Lol ah oui rien que ça. Tu tentes déjà les tirs à la première minute du match 


-Balance plutôt les vraies infos, âge, profession, statut, il dit amusé 


-mais je ne te reconnais pas là. Un guerrier n’a pas besoin d’aide. Il se lance et conquiert


-Mais la préparation est quand même importante avant chaque match et dans ce domaine tu es mon coach 


-Moussaillon, tu as ta réponse sous les yeux. Pas d’alliance, zéro problème de conscience. S’il y’a déjà un blocage sur le terrain, je lui fais confiance pour te le dire.


-N’est-ce pas, attend je vais aider à couper les bananes alors, il dit et détale pour l’étage pendant que je rigole 


Eh Garçon. Quand je lui donne un simple verre à rincer lorsqu’il nous visite faut pas l’entendre se plaindre. Mais pour femme le con sait découper les bananes. En tout cas si quelqu’un doit la faire tomber, et que mon avis compte je préfère placer mon gars. C’est un rigolo c’est vrai, pire que moi mais un mec digne de confiance. Dans ma vie j’ai vite appris que les amis se séparent des connaissances quand tu as un besoin qui sort du cadre de l’amusement. Brusquement chacun se rappelle qu’il a une famille, des études, engagements, so on and so forth. Je ne peux leur en vouloir. La vie et ses coups foireux font que chacun se préserve maintenant. Mais deux personnes de mon vivant se sont déplacées presque toutes les fois où j’ai tendu la main. Elikem et Bilal. Quelque soit la distance, ils étaient là si possible pour m’aider à déménager, emménager. Quand j’étais malade, c’était le genre à passer te voir à l’hosto au lieu d’attendre que tu rentres à la maison. Le genre qui fait des courses et prend un truc en double en pensant à toi. Le genre qui voit une offre d’emploi passer et te la transfère. Le genre à qui tu fais les problèmes parce qu’il n’a pas demandé d’après toi depuis un moment. Ce genre là je m’y accroche quand je le trouve parce qu’il est rare. J’avais même prévu dans le temps brancher Elikem à Bilal, avant que le beau n’apparaisse mais j’ai hésité à cause des histoires de conversion, le caractère rigide d’Elikem et l’amour de mon gars pour gros seins. Faut comprendre. Moi même j’aime la chair mais lui pouah ce n’est pas possible. En tout cas Marianne n’est plus du tout celle dont je me souviens. Tout comme Jennifer elle a pris des courbes et c’est ça qui allumé le cerveau de mon petit con là. J’espère que personne n’est sur ce dossier. Et que les deux vont se rendre fous l’un de l’autre pour notre plaisir. Autant que j’aille commencer à fondre le chocolat blanc. 


Mot de Gioia: Les mea culpa pour la longue attente. Je vais essayer de faire mieux next Time. 

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