60. Virée au Bénin 5 : Ouidah.

Write by Benedictaaurellia

Virée au Bénin 5 : Ouidah.

Edmund.

Le programme d’aujourd’hui, nous l’avons arrêté hier.

Ce matin nous partons pour Ouidah. Une ville chargée d’histoires.

Après avoir pris notre petit déjeuner au festival des glaces cette fois-ci, nous avons pris la route pour Ouidah. Ce n’était pas aussi festif que le buffet d’hier à l’hôtel du lac mais c’était bien aussi. Ce n’était d’ailleurs pas un buffet, nous  avons été servis à la carte.

Ouidah est située à une heure de Cotonou.

Il est 9h et nous venons à peine d’arriver.

La première chose qui me frappe, c’est  découvrir que le temple des pythons, un des lieux sacré de la tradition béninoise est juste en face de la Cathédrale de la ville.

Nous ferons d’abord le tour de la ville avant de venir finir avec le temple des pythons et la cathédrale.

Nous commençons la visite par le Musée d'histoire de Ouidah.

Il est aménagé dans l'enceinte du fort portugais de São-Jão-Batista-de-Ajuda et permet de compléter le parcours de la route des esclaves.

Une fois au musée, c’est dirigé par un guide que nous avons marché sur les traces de nos ancêtres.

Ouidah, autrefois également appelée Juda, est une ville du Bénin, située à quarante-deux (42) kilomètres de Cotonou. Sa population est actuellement d’environ soixante mille (60 000) habitants. Cette ville a été au dix-huit (XVIII) ième siècle un des principaux centres de vente et d'embarquement d'esclaves dans le cadre de la traite occidentale.

 

Établie sous le Royaume de Xwéda, la ville de Ouidah (connue autrefois sous le nom de Gléhué) est devenue célèbre à l'époque du commerce des esclaves.

Aujourd'hui, cette ville historique tranquille offre aux visiteurs une vue exceptionnelle des vestiges du commerce négrier tout en mettant en valeur sa position du haut lieu du Vaudou.

Le site de Ouidah était « soigneusement isolé du reste du royaume afin de garantir le monopole royal ». En effet, sous le contrôle d'un grand dignitaire de l'État, le yovoghan (ce qui signifie littéralement « chef des Blancs ») il constituait l'interface commerciale entre les négriers européens et l'État négrier d'Abomey.

 Dans ce royaume relativement centralisé mis en place par le roi Agaja d'Agbomi (1708-1740), la traite négrière fut érigée en monopole royal par le roi Kpengla (1774-1789) et alimentée par de périodiques razzias aux marges du royaume, au bénéfice de l'ethnie des Fons.

Depuis 1992, il a été mis en place, un balisage ostensible   qui désigne au visiteur les lieux qui furent, d'une manière ou d'une autre, « les théâtres et les témoins de la pratique de l'esclavage à Ouidah », tels que la Place des Enchères (ou Place Chacha), l'Arbre de l'Oubli, le Mémorial de Zoungbodji et surtout la Porte du Non-Retour, face à l'Océan. C’est ce parcours qui a été nommé « la route des esclaves ».

Les esclaves étaient rassemblés sur une place (la place des enchères ou place chacha) pour y être vendus. Puis, ils parcouraient enchaînés les quelques kilomètres qui les séparaient de la plage. Enchaînés les uns aux autres, ils montaient dans des canots pour être entassés dans les cales des navires avant la longue traversée vers le Nouveau Monde.

Ouidah constituant l'un des principaux ports d'exportation d'esclaves, plusieurs pays européens étaient présents sur place, disposant de forts spécifiques : fort français, fort anglais, fort danois, fort portugais, fort hollandais. Le roi et les élites du royaume pouvaient ainsi faire monter les enchères pour obtenir le meilleur prix pour la « marchandise » dont ils disposaient. C'est de Ouidah qu'est parti le dernier navire négrier américain, le Clotilda, avec 110 esclaves à bord (1860).

Les emplacements du fort français, du fort danois et l'enclos des esclaves du comptoir anglais sont encore visibles. Tous ces lieux apparaissent dans le film documentaire La Côte des Esclaves réalisé en 1993 par le cinéaste français Elio Suhamy pour la chaîne franco-allemande Arte. Le film décortique l'organisation de la traite négrière au temps du royaume d'Abomey.

Six étapes marquent cette route.

La route des esclaves commence  par la place Chacha.

Cette place doit son nom à Francisco Felix de Souza. Chacha était son surnom. Il était le plus connu des négriers. Marchand d’esclaves comme son père, ce natif de Salvador de Bahia se serait installé au Dahomey en 1788. Devenu conseiller personnel du roi Guézo, il se comportera jusqu’à sa mort, en 1849, comme le véritable maître de la cité, où un quartier perpétue encore aujourd’hui son souvenir. Sur la célèbre place, l’immeuble de la puissante famille de Souza est immanquable. Une partie de ses nombreux descendants y vit encore, sous la direction d’un chef de famille très respecté.

Là, un million (sinon plus) d’hommes, de femmes et d’enfants ont été vendus aux enchères. D’autres étaient échangés contre du tabac, des armes ou des tissus.

Un homme valait moins d’une centaine de dollars.

L’exemple type étant le suivant : si un colon se présentait avec un canon, le roi indigène devait lui donner vingt et une (21) femmes ou quinze (15) hommes.

Près du grand arbre de la place, le guide nous désigne une maison en disant :

« Dans cette maison, on marquait les esclaves au fer rouge derrière l’épaule, explique-t-il. On gravait dans la peau l’initiale de l’acheteur et celle du pays de destination. Il fallait bâillonner les esclaves avec un bout de bois pour ne pas qu’ils mordent le bourreau… Ils avançaient ensuite enchaînés, reliés par le cou. »

 

Ensuite, ils étaient enchainés et marchaient vers la plage comme nous en cet instant.

 

La deuxième étape est celle de l’arbre de l’oubli. C’est un arbre mystique qui a été planté par les rois du Bénin. Arrivés là, les esclaves devaient faire le tour de l’arbre et devaient ainsi « perdre la mémoire » et devenir faibles. Les hommes effectuaient neuf (09) fois le tour de l’arbre de la droite vers la gauche et les femmes sept (07) fois de la gauche vers la droite. 

En lieu et place de l’arbre maudit, il y a aujourd’hui une statue réalisée par l’artiste béninois Dominique Kouas. Elle représente une silhouette en forme d’hippocampe lançant symboliquement un appel à la diaspora pour qu’elle revienne fouler cette terre africaine.

Ils sont ensuite gardés pendant deux (02) semaines dans une case noire (Zomayi) où certains perdaient la vie. Il s’agit là de la troisième étape. Dans cette case, aucune lumière ne pénétrait. Cette case a été construite après des expériences de voyage. Au départ, les colons voyant que peu d’esclaves supportaient le voyage (trente (30) à peine sur une centaine survivaient) ont eu l’idée de construire cette case pour y enfermer les esclaves et les tester. Ils étaient nourris une fois tous les deux (02) jours et même pour leurs besoins, ils le faisaient dans la case.

Ceux qui ne réussissaient pas cette épreuve ou qui agonisaient étaient enterrés dans une fosse commune non loin de la case. Les malades y étaient enterrés vivants pour éviter qu’ils n’aillent raconter ce qu’ils y subissaient. A une cinquantaine de mètres, ces fosses sont recouvertes par de larges dalles de béton.

Ceux qui réussissent le test sont soumis par la suite à un dernier rite. Ils font à nouveau le tour d’un arbre : l’arbre du retour. Trois fois, dans le but de faire revenir leur âme au pays à leur mort (mystiquement parlant).

Parfois dans la  nuit nous raconte encore le guide, on entend les cris des damnés.

Après Zoungbodji (le dernier village avant la plage), il faut passer sur un pont pour enjamber la zone marécageuse qui précède la plage. Ici commence la fin. Ils ont tous foulé ce sable. Dans ces grains minuscules, les esclaves du Dahomey ont laissé leurs dernières empreintes en Afrique. 

 « Marchez doucement sur cette terre, elle est sacrée », nous a recommandé notre guide.

En silence et d’un pas lent, nous montons les quelques marches qui mènent à la Porte du non-retour, érigée par l’Unesco et inaugurée en 1995 face à l’Atlantique. Puis, nous avançons symboliquement dans la mer en guise d’hommage. Au-delà de la barrière formée par les vagues, l’immensité de l’Océan semble dangereusement calme. Nous restons de longues minutes à contempler sa couleur argent qui se confond à l’horizon avec le ciel.

Nous pensons à la dernière étape, l’embarquement. Ils étaient embarqués à plusieurs dans une barque avant de rejoindre le grand navire. Nombreux sont encore ceux qui sont morts à cette étape. En témoigne un rescapé, un ancien esclave :

« Quand nous avons atteint la plage et que nous nous sommes tenus debout sur le sable, j’ai espéré qu’il s’ouvre et m’engloutisse, relate Mahommah Gardo Baquaqua. Je ne peux pas décrire la misère dans laquelle j’étais. C’était au-delà de toute description. »

L’arrachement au continent se faisait dans la fureur. « Certains se jetaient au sol pour tenter de se suicider en mangeant du sable, explique Nadal. Souvent, les chaloupes qui emmenaient les esclaves enchaînés vers les navires se retournaient au milieu des requins. » Mahommah Gardo Baquaqua, lui, n’avait jamais vu de bateau avant de s’asseoir dans la pirogue qui l’a emmené vers le large. « J’étais à la pire des places mais Dieu m’a épargné, raconte-t-il après avoir vu la chaloupe qui le précédait se renverser et précipiter au fond de l’océan une trentaine de personnes. Comment peut-on décrire de telles horreurs ? Frères de l’humanité, ayez pitié pour ces pauvres Africains qui ont été envoyés loin de leurs amis et de leur maison. »

 

Chacun de nous, d’une manière ou d’une autre a écouté l’histoire de la traite négrière mais, là, vivre l’histoire, voir les lieux et écouter comment nos ancêtres étaient traités, ça me fend le cœur.

 

Même après avoir visité le temple des pythons c’est le cœur bien lourd que nous avons repris la route de Cotonou.

Le Temple des Pythons, construit en 1863 est l'un des sanctuaires mythiques du Bénin. Cet espace sacré, avant tout destiné à honorer les quelques dizaines de serpents légendaires (mais vivants) qu'il abrite, attire chaque année des milliers de touristes. Certains n'hésitent pas à les faire passer autour de leur cou pour la photo : il s'agit de pythons royaux, une espèce inoffensive pour l'homme.

Mais aucun de nous ne l’a passé autour de son cou.

Pour les autres je ne sais pas mais moi, j’ai la phobie des serpents.

« On laisse sortir les serpents sacrés une fois par mois, raconte le guide à l’intérieur du temple. Souvent, ils reviennent tous seuls, mais il faut parfois que les habitants les ramènent. » 

Dans la cour se trouve un iroko sacré vieux de six cent (600) ans. Devant son tronc massif, chaque matin, le chef du temple invoque les esprits qui l’habitent afin de demander leur clémence.

Nous allons ensuite au musée d’art contemporain de la Fondation Zinsou, du nom d’une grande famille béninoise qui a notamment donné au pays un président de la République (Emile, de 1968 à 1969) et, plus récemment, un premier ministre, économiste de son état (Lionel, le neveu d’Emile, de 2015 à 2016).

La Fondation Zinsou, qui est dirigée par l’historienne Marie-Cécile, la fille de Lionel, est hébergée dans la maison Ajavon, une superbe bâtisse de style afro-brésilien. Il y a une bibliothèque, des espaces de lecture et ce musée, dont les pièces appartiennent à la famille Zinsou.

L’entrée est gratuite et un bus va même chercher des enfants dans les écoles des alentours dans le but de les familiariser à l’art.

A l’intérieur du Musée d’art contemporain de la Fondation Zinsou nous avons pu voir les masques réalisés par l’artiste béninois Kifouli Dossou ; des clichés du photographe belge Jean-Dominique Burton, grand passionné d’Afrique et des collages de Bruce Clarke, artiste né à Londres de militants sud-africains anti-apartheid.

A l’occasion de l’élection présidentielle de 2011, la Fondation Zinsou avait demandé à l’artiste béninois de traverser son pays pour recueillir les attentes de la population. De son voyage est née la fabrication de dix masques réunis dans une œuvre qui s’appelle Le Sondage et sur lesquels sont développés les thèmes de l’accès à l’eau, de l’électricité, de la sauvegarde de l’environnement…

C’est sur cette dernière note que nous avons repris la route pour Cotonou.

Sous l’insistance de Marc, ce soir, nous ferons la fête.

Histoire de décompresser avec les émotions vécues ce matin. Je ne sais pas ce qu’il prépare mais, je prie juste pour ne pas que ça tourne au vinaigre.

 

Marc.

Tourisme c’est bien. Mais, ce qui est meilleur, c’est de faire la fête.

L’histoire de nos ancêtres est triste.

Il est nécessaire, même primordial de savoir tout cela.

Non pas pour ressasser le passer mais pour apprendre à reconstruire.

Dans toute l’histoire de la colonisation, presque tout le monde jette le blâme aux colons.

Mais moi je dis non à cela.

Les premiers responsables, ce sont nous.

Oui. Nous.

Si nos ancêtres n’avaient pas acceptés vendre leurs frères en serait-on arrivé là ?

Non.

L’exemple le plus palpable est celui du roi Béhanzin.

De ce que j’ai compris de son histoire, il mettait en déroute les colons.

Mais, c’est son propre frère qui l’a vendu.

C’est à cause de son frère que les colons ont pu l’avoir.

Et il est en de même pour tous les héros africains.

De Chaca Zoulou jusqu’à Thomas Sankara de notre époque.

Alors moi je dis, la première chose que nous devons faire, c’est d’être soudés entre nous.

C’est malheureux de le dire mais, l’africain n’aime pas l’africain.

Un africain n’aime jamais voir un autre africain réussir.

Comment les communautés réussissent-elles ?

Prenez l’exemple sur les chinois.

Voyez les juifs ou encore les arabes.

Quand un juif voyage dans un pays, la première chose qu’il cherche à faire, c’est de voir s’il y a un autre juif là où il est.

S’il faut qu’il fasse des achats, il va privilégier la boutique de son frère juif.

C’est comme ça que toutes ces communautés se sont hissées haut.

Mais chez nous les africains, nous préférons toujours l’attrait de l’étranger.

Comment voulons-nous que ces mêmes étrangers nous traitent bien alors que nous ne nous traitons pas bien entre nous ?

Réfléchissons les amis.

Réfléchissons et agissons bien.

 

Bon c’était mon coup de gueule.

Oui, je m’amuse beaucoup avec les femmes mais, j’en ai aussi dans la tête.

 

Pour en revenir à ce soir, je pense qu’il faut qu’on se remue un peu.

C’est ce que j’ai servi à tous comme argument pour qu’ils acceptent de me laisser mener la barque pour ce soir.

Je nous ai concocté tout un programme.

Il est 21h.

D’ici une trentaine de minutes, nous nous retrouverons.

First, nous irons diner au Veniz Sky. J’y avais déjà diné avec Guillaume et j’ai trouvé sympa.

Ensuite direction le pacha.

Ce soir le dress code, c’est le pagne.

J’ai déjà pu remarquer qu’elles s’habillent toutes toujours avec un détail en pagne. Si ce n’est leur bombers, ce sont des boucles d’oreilles ou encore leurs sacs ou leurs chaussures.

S’il y a bien des femmes qui aiment le pagne, c’est bien elles.

Voilà des valeurs que je prône et valide complètement.

Soutenons nos entreprises locales.

Ça va le faire.

J’en suis sûr.

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