64: avant de partir
Write by Gioia
***Garcelle Ekim***
Je me rends sans tarder chez la tante de TH. Son coup de fil m’a tellement
intrigué que j’ai inventé une petite histoire au boulot pour m’absenter. À mon
arrivée je trouve cette nounou dehors entrain de fumer une clope. Encore une
qui refuse d’accepter que tenues moulantes et ventre sorti ne font pas bon
ménage. Nos pauvres yeux. Je sonne et j’entre dès qu’on m’ouvre. C’est le petit
cousin de TH qui tient un ballon dans les bras. Il s’éloigne avec la nounou en
question.
-Vient t’asseoir ma chérie, tu es toute pimpante, me complimente la tante
-ah il faut bien. Une femme ne se laisse pas aller.
-Tu as raison. Profite de ta jeunesse parce qu’une fois casée tout ton
temps est pris par des enfants criards et un mari ingrat, dit-elle sur un ton
légèrement amer.
-heu....tout va bien tata?
-non, répond-elle après un gros soupir comme si elle en avait gros sur le
cœur. Je me demande vraiment pourquoi Dieu a fait l’homme comme ça. Tu prends
soin des enfants qu’il a eus avant toi, lui donne ton corps pour lui en faire
un autre et il ne se gêne pas pour te tromper. Tu l’attrapes, mais c’est encore
lui qui se fâche, gronde et te rappelle qu’il ne vit pas chez toi, mais
l’inverse.
-Oh je suis désolée tata.....,ne pleure pas, rajoutai-je quand ses épaules
se sont mises à trembler
Les larmes se répandent quand même sur son visage pendant que je câline son
dos pour lui témoigner de la compassion.
-En même temps tata, fallait t’y attendre. En tant que femme c’était pas
judicieux d’engager une jeune fille qui s’habille comme la nounou là
-La nounou? fait-elle perdue.
-La première et unique fois que je l’ai vu avant aujourd’hui, elle portait
un maillot de bain bien trop petit pour elle et nageait dans ta piscine
gonflable. Ce n’est pas pour remuer le couteau dans la plaie, mais tu lui as
donné trop de liberté.
-Vita ne fait rien avec mon mari. C’est plutôt avec une fille à Libreville
qu’il entretient une relation.
-Oh, fais-je surprise à mon tour
-Et il ose....heeeyyy...il...hum...ose me dire que ça ne me regarde pas;
que je peux rentrer au pays si je ne suis pas contente; que je me trouve
quelque chose à faire au lieu de fouiller dans sa vie
-La mentalité d’un cancrelat
-qui s’associe à une frauduleuse! J’écris à la fille sur Facebook pour lui
dire que son compagnon est un père de trois enfants marié de surcroît et elle
me répond d’aller au diable. Pourtant sur sa page il faut la voir se mettre
devant le micro de l’église et chanter.
-Mais où va le monde? m’exclamais-je
-Attends que je te la montre, me dit-elle avant de prendre son téléphone
-Psssttt! Merde il ne t’a pas respecté tonton. Une pouilleuse comme ça.
Regarde ce qu’elle porte en plus.
-Et parce que j’ai écrit à sa copine, il me refuse l’argent qu’il m’avait
promis. J’ai même honte parce que tu es ma fille, mais cet argent devait servir
à payer les frais médicaux de notre aîné.
-Toi aussi depuis le temps tu ne vois pas qu’on est une famille? Il n’y a
aucune honte à avoir. De combien tu aurais besoin?
-300 euros s’il te plaît. Bien sûr je vais te rembourser. Tu n’as même pas
à t’en faire.
-Il n’y a pas de problème pour l’argent tata. Seulement tu dois régler le
cas de tonton. Ce n’est pas normal qu’il te manque autant de respect surtout
qu’on vit chez les blancs. On a des lois ici.
-Non Garcelle je dois penser aux enfants et...
-penser à quels enfants pardon? Tu n’as qu’un avec lui. Et lui ne sait pas
penser aux enfants d’abord? Regarde même comment il était sur le dos de TH
pourtant c’est un salopard. Toi non plus tu ne faisais rien pour couvrir ton
neveu.
-Je devais faire quoi? hein? se lamente-t-elle. C’est lui le chef de
famille. En plus il a ouvert les portes de sa maison à Thierry. Je n’allais pas
en plus commencer à le contredire dans sa propre maison.
Voilà où ça t’a conduit, j’ai envie de lui dire, mais vu son air de misère
je ravale la phrase.
-Bon OK. C’est toi qui vois. Ce qui est sûr ne lui adresse plus la parole,
comme il a dit que chacun s’occupe de sa vie. Ignore-le. Il va rapidement
mettre sur le côté la chantre de l’éternel. Et fais aussi le ménage ici en
commençant par te trouver une nounou appropriée parce que le genre de tonton se
trouve toujours un exutoire. Si bien sûr il ne la couche pas déjà en douce.
Pour ma part j’en suis sûr.
-Vita est trop jeune pour lui
-Lol Tata excuse-moi, mais tu vis sur quelle planète? Tu ne sais pas que
c’est net net leur goût ça? Et les petites filles de cité là ne font rien de
leurs vies à part faire la fête et baiser donc sois sûr qu’elle va bien
mystifier tonton sur le plan là
-Fille de cité c’est encore quoi?
-Hoo ma pauvre tata , fais-je incrédule; elle ne s’y connaît vraiment pas.
Ne t’en fais pas, je suis là pour toi, la rassurai-je. Je vais t’aider à mettre
tonton au pas.
-De toute façon Vita finir son service à la fin de cet été même si je ne
vois pas Firmin faire quelque chose avec elle
-C’est même bien. Bon débarras
Je lui file encore quelques astuces, mais ne peux rester plus longtemps,
car le travail m’attend. Je lui confirme que le transfert d’argent sera fait
d’ici demain.
Le restant de la journée je l’occupe à fouiner le compte Facebook de Bertha
la chantre de l’éternel. Quand on te dit que les hommes n’ont pas de goût. Tata
avoisine certes la quarantaine, mais le boudin de Bertha lui arrive où d’abord
pour qu’il ose descendre à ce niveau?
Je note au passage le nom de son église et maman m’appelle dès que j’arrive
à la maison.
-Tu tombes à pic, lançai-je après avoir répondu
-J’ai déjà dépensé tout mon argent du mois ma chérie
-Pourquoi tu es comme ça? Genre moi je sais seulement te soutirer le blé
quoi
-On se connaît Garcelle, tu vas commencer à me parler de traitement pour le
visage et après ça finir où on sait, plaisante-t-elle
-Quand ton visage éclate comme le soleil et ton mari te complimente tu
n’aimes pas, lui demandai-je et elle rigole comme réponse
-Si c’est seulement le visage qui retenait ton père c’est qu’il allait
épouser d’autres avant moi. Dis-moi plutôt pourquoi je tombe à pic.
-L’assemblée chrétienne Philadelphie là tu connais des gens là-bas non?
-Eh je pense hein. Si mes souvenirs sont bons, c’est là-bas que se rend la
femme de mon chauffeur. Pourquoi?
-Il faut lui dire de m’appeler pardon. Y’a une pute de première qui salit
le micro là-bas qu’elle chante pour Dieu pourtant elle mange la bite du mari
d’autrui.
-Garcelle, je t’ai dit quoi sur la vulgarité
-il faut m’excuser cette fois seulement maman. On ne peut pas être aussi
hypocrite. Je lui raconte l’histoire de tata dans tous les détails.
-je ne veux pas que tu t’en mêles. Tu ne sais pas comment ça a commencé
pour venir te jeter dedans
-C’est toi qui parles comme ça? Toi qui récites les versets bibliques du
lundi au dimanche? Je suis déçue.
-Je ne récite pas les versets et même si je le faisais ce n’est écrit nulle
part que tu dois sauter dans les problèmes d’autrui. Tu peux écouter,
conseiller et conforter, mais mettre ta bouche dedans comme je connais, je
refuse.
-en tout cas je suis la gardienne de ma sœur. En attendant faut prier pour
nous comme c’est ton domaine et que la femme du chauffeur m’appelle hein
-personne ne va t’appeler et tu n’as pas intérêt à me harceler le pauvre
homme sinon ça remontera chez papa
-eeeh ça se fait de menacer son unique fille comme ça madame?
-Quand la fille pense connaître plus que moi oui, je le fais
-Hmmphh! fis-je exaspérée. Ne dérange pas mon père avec les histoires de
fille. Il est déjà occupé avec Ray et E-Tronics.
-Ça fait trois semaines maintenant que Ray a commencé. Ton père continue à
se rendre sur place uniquement parce qu’il ne sait pas lâcher la bride sinon
ton frère s’en sort bien.
-Ah c’est bien ça. Et il s’est finalement trouvé un logement ou il vit
encore à la maison?
-Pourquoi ne pas lui demander directement au lieu de fouiner chez moi?
-je lui demande dans quel cadre? Il a fini de gâcher mon anniversaire?
-Garcelle on va à un mois maintenant ou pas? Grandir ce n’est pas
uniquement dans les chiffres, mais aussi la tête. Ce sont les enfants qui
pleurent les fêtes d’anniversaires.
-On a compris, abrégeai-je. Comme tu ne veux m’aider sur rien, je vais te
laisser.
-Hum ne fais pas de bêtises ma jolie. Je ne veux rien entendre sur toi.
-promis, dis-je en toute honnêteté. Je t’aime bisous.
-moi aussi bisous, me répond-elle avant de raccrocher
En tout cas j’aurais essayé. Si ma tante ne veut pas se bouger, ça la
regarde. J’ai aussi mes problèmes comme TH qui ne m’a pas fait signe depuis
trois semaines. Des fois je doute. Je me dis que je devrai lui écrire, mais
c’est comme si je cédais et la leçon passera au-dessus de sa tête. Je me
demande aussi comment se déroule son stage. J’imagine comment il doit être beau
habillé en style formel. Les prises de tête en couple c’est nul franchement.
Surtout quand le gars ne capte pas vite qu’il doit juste s’excuser pour qu’on
avance.
***Modestine Ekoue***
-dans un mois tu quittes cette maison avec Joyau, annonçai-je à Imogen dès
qu’elle est rentrée de Dieu sait où
-quitter? rétorque-t-elle le visage plissé. De ne qu’à partir où?
-En quoi c’est mon problème? m’emportai-je
-C’est ton problème. Ce n’est pas toi qui as dit de ne qu’à rester ici au
lieu de repartir dans le village. Je reste seulement.
-hmmtsss!!! Je ne suis pas entrain de rire avec toi Imogen! Si le mois
finit et que je....
-Je ne pars pas ohhh! me coupe-t-elle
Cette fille oublie souvent qu’elle ne pèse rien. Je la tire sans taxer pour
lui rappeler que je ne suis pas son amie. J’essaie de la jeter au sol pour
m’asseoir sur elle, mais elle s’enroule autour de mes hanches telle une liane à
un arbre.
-Imo....,harhhgg..., je vais te....je te blesser....! m’essoufflais-je tout
en secouant son corps de mes mains pour me défaire d’elle. J’ai même perdu mon
pagne dans la foulée. Je colle ma main à son visage pour la pousser au loin et
la morsure qui suit est si violente que je ne peux retenir le cri strident qui
monte.
-Mais...mais il y’a quoi ici? demande Billy que nous avons réveillé
-Descend sur moi sorcière! m’efforçai-je toujours à me dégager de son
emprise
-Imogen c’est bon il faut laisser la main de ta sœur! lui crie Billy et
c’est seulement là que le boa se laisse tomber et recule vivement
-Viens non! Imbécile! Viens encore me mordre!
-Toi aussi arrête! C’est toi l’aînée! m’ordonne Billy qui se met entre
nous.
-Ho toi ne m’énerve pas! J’ai commencé quoi tu as vu? lui lançai-je très
irritée tandis qu’il criait à Imogen de rentrer dans sa chambre.
-Tu es folle ma parole? Est-ce qu’on se bat avec les enfants?
-Pffff! Une qui connaît les hommes est une enfant dans quel cadre? Je lui
ai dit de nous libérer la maison et madame se permet de dire non. Comme si elle
a construit quelque chose.
-est-ce que toi même tu as d’abord construit ici?
-pardon? C’est pour que je le fais et tu m’attaques maintenant? Billy!
J’espère pour toi que tu n’as pas des vues sur Imogen! J’espère très bien!
-Regarde ne m’énerve pas davantage. Je suis rentré pour me reposer et non
séparer les querelles de femmes. Si tu comptes me gaspiller l’après-midi c’est
mieux que je retourne d’où je viens, dit-il avant de me quitter.
La colère fait que je continue à faire des tours sur moi. Impossible de me
calmer donc je rejoins Imogen dans sa chambre et ferme la porte sur nous
-Je sais très bien crier, me menace-t-elle
-tais-toi rapidement! je la menace en retour. Je ne sais pas ce que tu
crois faire, mais sache que les fois où je t’ai frappé au village ne seront
rien comparé à la correction que je vais te donner si jamais je te trouve dans
le lit de Billy. Je vais te faire regretter d’avoir vu la lumière du jour.
-Il faut alors nous laisser tranquilles sinon je vais le laisser me monter
dessus correctement et tous les jours comme il veut
Je recule de deux pas, choquée par son manque de respect. C’est quelle
fille j’ai mise au monde ça.
-envoyée du diable!
-c’est toi le diable qui m’a envoyé ici donc y’a pas problème. Laisse-moi
tranquille avec mon joyau. On ne t’a pas parlé. Fais tes choses comme tu aimes.
Nous aussi on fait pour nous. On va voir ce qui est devant pour tout le monde.
-Alors ferme la bouche de Joyau avec le français bancal qu’il copie chez
toi parce que la prochaine fois qu’il m’appelle mamie....
-il n’y aura pas de prochaine fois! me coupe-t-elle agressivement.
Je la dévisage un long moment avant de sortir. Qui a dit que tous les
enfants sont des bénédictions? Je maudis les gènes blancs de son père qui lui font
croire que je suis son égale. Parce que de toutes j’ai toujours eu des
problèmes avec elle.
***Bill Attipoé*** (ou encore Billy)
-Chéri on ne va quand même pas se fâcher pour les histoires comme ça,
Modestine tente de m’amadouer
Je ne lui réponds toujours pas. Ses mensonges je m’en fous. Je me suis
moi-même inventé une identité. D’ex-gardien je suis devenu ex-douanier. Donc
elle peut se faire passer pour une grande sœur au lieu de la mère de cette
petite quand on voit clairement la ressemblance entre les deux. Et en plus le
fait que la petite semble bien jeune pour avoir un garçon de trois ans. Même si
elle dit en avoir 18. Bref je m’en fous de cette partie. C’est Modestine qui
m’intéresse et les enfants ne font aucun bruit dans cette maison. Donc je refuse
que Modestine en fasse surtout que c’est le bruit qui m’a poussé à m’éloigner
de ma femme. Bon le bruit et le refus de me faire un autre enfant après notre
fille Thérèse.
Je compte sur Modestine pour me donner au moins deux garçons, mais ce n’est
pas pour autant que je vais tolérer le bruit au quotidien.
Je finis par me laisser convaincre quand sa main tâte mon entrejambe. Après
tout je l’ai assez puni et j’étais même rentré pour reprendre un peu de force
en elle. Une fois la force récupérée, je dors encore un peu puis me lève pour
prendre une douche, me fais beau et ressors, en lui donnant comme consigne ce
que je veux manger au retour. Je klaxonne quand je reconnais le dos de la
petite Imogen sur le chemin.
-Monte je vais te déposer, lui dis-je après avoir baissé la vitre
-Non
-Mais viens je te dis. Ce n’est pas Joyau que tu vas chercher?
-Patron faut avancer, me répond-elle avant de partir à la course
Cette petite est très étrange. Je ne la vois à la maison que lorsque le
petit est là. Sinon personne ne sait où elle part. Mais bon ça ne me regarde
pas. Comme Modestine a dit qu’elle connaît les hommes, elle sait ce qu’elle
fait.
Je monte le volume de la radio et tape le rythme sur le volant avec mes
pouces. Comme le dit l’adage, on ne vit mieux que chez soi. Ou quelque chose
dans le genre. Depuis le temps j’ai fait l’effort d’améliorer mon français en
lisant énormément, mais la langue de Molière me joue encore des tours.
Le Ghana c’était bien, mais pas pour moi. Ma fille a par contre bien
réussi. Elle a enchaîné bachelor et master. Aujourd’hui elle travaille dans les
médias et compte déménager à Johannesburg l’année prochaine. Au lieu de la
laisser vivre sa vie, ma femme la colle comme une seconde peau. C’est évident
qu’Églantine ne s’attendait pas à mener une vie comme celle qu’on a eue en
déménageant sur le Ghana. Maintenant madame en oublie ses devoirs de femme.
Elle ne veut plus revenir à Lomé. Ce que je veux ne l’intéresse plus. Et quand
tu grondes, Thérèse te dit seulement de la comprendre et qu’elle va lui parler.
Ça fait combien d’années? Je suis fatigué pour ma part. L’argent de Monsieur
Martin nous avait certes aidés à tenir au Ghana, mais j’ai aussi investi. Comme
la famille maternelle d’Églantine vient de Wa, j’ai racheté un terrain et
construit une demeure modeste dessus qu’on continue de louer. Nous avons vécu à
Tema pour un temps, avant de rejoindre Accra où nous vendions des cartes de
recharge téléphoniques. Sans nous en rendre compte, nous avons fait notre
chemin et je suis revenu à Lomé avec dix millions encore en poche ainsi que
l’Acura que ma fille m’a laissé l’an dernier quand son employeur lui a offert
une voiture de service. Ce qu’il me reste maintenant c’est me trouver une
activité pour fructifier mes millions. L’accident de l’ancien ministre Sani
s’était promené dans les groupes WhatsApp de la diaspora. Certains ont même
partagé les photos de son cercueil même si on n’a rien vu à la télé concernant
son enterrement. Quoiqu’il en soit je sais qu’il est hors d’état de nuire donc
aucune chance pour que nos routes se croisent. Je suis donc libre comme l’air
et m’envole pour rencontrer Gaëtan Ekoue, qu’une connaissance au Ghana m’avait
recommandé, comme étant un vrai débrouillard qui connaît presque tout ce qui se
passe dans la ville. Mon prochain objectif: devenir milliardaire. Qu’Églantine
se blague avec les sud africains. Nous on avance notre pays.
***Jennifer Bemba***
Un message de Marianne entre sur le forum qu’on utilise pour le chat entre
employés. Je l’ouvre, me gratte la tête une seconde, et pouffe de rire quand je
comprends. Heureusement seuls mes voisins m’ont entendu vu que je suis dans le
fond de la salle. La réunion poursuit sur cours, pendant que je réponds à
Marianne.
-toi-même quand tu entends chirag tu n’as pas pitié du petit? C’est
l’enfant de mon frère Bilal ou bien Jacques Chirac?
-Lol tu es trop conne. Fais vite tu passes me voir madame CEO. Si tu peux
attraper quelques membres de la team pour venir aussi je ne serais pas contre. I
miss you guys
-We miss you too babe
mais ton mari a été clair. Pas
de travail pour toi. Laisse ses bébés cook et sortir en paix comme ça on
reparle du travail tranquille.
-tsuipps il dit ça parce qu’il sort de la maison lui. Depuis que Junaid a
commencé la garderie je m’ennuie comme pas permis.
-oh courage ma chérie. Ça va bientôt
finir, l’encourageai-je
Mais en réalité je ne peux rien faire en dehors de ça. Avant même que leur
petit garçon n’ait un an, les Keita ont remis le couvert et Marianne attend des
qua......druplés. Ça fait déjà deux mois qu’ils nous ont annoncé la nouvelle,
mais j’avoue que ça me choque toujours. Je connais des mamans de jumeaux, mais
quatre? Quatre-uh? Nope jamais entendu.
Comme c’est une grossesse à risque elle n’a pas eu le choix que de prendre
son congé au plus tôt. Mais comme elle n’est pas le genre à se reposer, cette
situation la frustre par fois. Un week-end sur deux, nous les visitons pour voir
Junaid bien sûr, mais aussi leur changer les idées.
La journée finit sur cette réunion. Celui qui m’a surnommé madame CEO
m’attend déjà. Les fois où je lui rappelle que je ne suis CEO de personne, il
rajoute qu’on dit amen quand le mari te bénit au lieu de contredire.
Cette semaine il a pris deux jours off en plus des week-ends donc je me
fais conduire, n’ayant pas une bonne santé. Le
mois passé la drépanocytose m’a rappelé qu’elle n’avait pas disparu comme
je me plaisais à imaginer. Ce que je prenais pour une toux régulière s’est
avéré être des caillots de sang dans les poumons. On a dû annuler le petit
déplacement en amoureux qu’on avait programmé depuis l’année dernière. Des fois
je suis vraiment lassée de mon état, mais comme m’a dit Romelio, il faut
essayer de voir le verre à moitié plein. Je suis sur pieds contrairement à
d’autres. Des voyages on en fera plein. L’essentiel c’est d’être sur pieds et
bien portant.
-La journée du CEO s’est bien déroulée?
-Oui monsieur CEO et toi? lui répondais-je après un bisou
-j’en ai fini avec les affreux pissenlits, annonce-t-il fièrement et
j’éclate de rire
On a emménagé dans notre maison en hiver et dès le premier jour du
printemps monsieur a lancé l’offensive contre les pissenlits de notre arrière-cour.
Il prend son appel pendant que je continuais à me moquer de lui.
-Allô Daktari
-Je n’ai pas ton temps aujourd’hui, tu es occupé? lui répond Elikem
-hapana. Umeanza....les cours de swahili?
-il faut aussi dire le reste en swahili non, dit-elle avant de pousser un
juron
-jalouse, je dirai une fois que je serai à ce chapitre, réplique-t-il avec
humour
-Tu ne l’as pas entendu de moi, mais débrouille-toi pour que ton CV
atterrisse dans le courriel que je vais t’envoyer. Un CV bien fourni.
-Ne me dis pas que....
-Si Mr Laré Aw a enfin décidé de lever le pied. Ce qui veut dire que le
poste de directeur sera libre, continue-t-elle joyeusement
-Mais....heu...., lol, il rit d’étonnement. Je ne m’attendais pas à ce que
ça se passe maintenant.
-Moi non plus. Je ne l’ai pas entendu de lui directement, mais l’info est
sûre. Il ne te reste plus qu’à foncer Tchaa.
-Je...je sais pas hein Perlan. Diriger un hôtel....j’ai jamais fait. En
plus un aussi grand que LI. J’ai juste 29 ans et.....
-Attend c’est toi que j’entends douter Romelio? l’interrompis-je. Bonsoir
au passage Elikem
-Salut.
-Je ne doute pas chérie. On parle d’un hôpital de 49 petites chambres et
120 grandes. Sans compter le centre de naissance de quinze chambres. Dix
départements disponibles: obstétrique et gynécologie, urologie, hématologie,
oncologie, gériatrie, néonatalogie, pédiatrie, neurologie, chirurgie digestive.
Et tu rajoutes les radiologues.....
-Tu en connais plus sur l’hôpital que moi Romelio. C’est le stress qui te
fait parler sinon tu es prêt.
-Docteur je ne suis pas encore prêt je sais de quoi je parle
-Hmmphh. Ok, je te passais le message. Tu fais comme tu veux.
-Elikem on te revient dessus, envoie quand même le courriel s’il te plaît,
j’interviens
-Ok. Je vous laisse. Bonne soirée
-merci toi de même
-Jennifer ce n’est pas la peine d’insister. C’est ce qu’on peut soulever
qu’on porte, dit-il avant même que je l’ouvre.
-Dans ce cas il ne faut plus m’appeler madame CEO aussi
-Mais où est le rapport?
-le rapport vient du fait que jamais tu ne m’as demandé si j’étais prête
avant de me coller ce titre. Tu as dit que c’était une bénédiction. Ton amie
t’en apporte une aussi et tu fuis la tienne au nom de “je ne suis pas prêt”
-Si je me goure là-bas c’est toi qui te retrouveras au chômage? Un hôpital
c’est pas seulement l’endroit où tu t’en vas recevoir des soins chérie. Pour le
public c’est ça. Pour le gestionnaire ce n’est qu’une entreprise comme toutes
les autres. La structure reçoit un budget annuel et tu réponds au conseil
d’administration qui s’attend que tu améliores leur rendement sans occasionner
des coûts supplémentaires. Ils ont peut-être pitié des malades, mais au final
ce n’est pas leur problème si les clients sont mourants, mais ne peuvent pas
payer leurs factures. Les médecins ne vont pas se priver de salaires et ce
n’est pas le conseil d’administration qui les paiera quand le client ne
retournera rien. Je n’ai pris été qu’à la tête d’un département depuis que je
travaille, un seul et tu as entendu toutes les péripéties que j’ai vécues
depuis.
-Justement Romy j’ai entendu et c’est pour ça que je ne doute pas de tes
aptitudes. Rappelle-toi de comment tu étais contrarié par les coupures
ridicules que proposait votre ancien gestionnaire?
-j’étais contrarié parce que le gars n’avait clairement aucune idée des
nécessités d’un hôpital. Il voulait juste réduire ses coûts et attendait quand
même qu’on améliore nos performances. Ça n’enlève pas le fait qu’il avait
beaucoup de défis.
-Tu connais le fonctionnement de l’hôpital LI comme ta poche. Ta mère y a
travaillé. En plus tu es presque un fils pour papa Eli. Et en dernier lieu tu
sais garder le bien-être du patient en tête tout en travaillant sur les
objectifs que demande ton poste. La première année sera certainement difficile,
mais tu es un battant punaise. Tu es tellement dévoué à ton travail que tes
collègues en font une blague. Rien ne te manque chéri. Et si on se casse la
figure....oui on parce que je serais toujours avec toi.....si on tombe on se
relèvera. Je t’aiderai. On repartira à zéro.
La flamme était allumée dans son regard après mon discours. Il ne me
restait plus qu’à patienter qu’elle grandisse. Onze jours que ça a pris. À un
moment je désespérais même. Mais il a finalement envoyé son CV après une longue
liste d’avertissements, que non si on insulte l’enfant d’hana là-bas, s’il se
casse la figure, ainsi de suite.
Je n’avais qu’un immense sourire et des bisous pour lui comme réponse. On
avait reçu plus d’infos d’Elikem durant les onze jours que ça a pris à Monsieur
pour se décider. Apparemment papa Eli ne comptait pas traîner pour prendre sa
retraite. Il quitte la direction, mais rejoint le conseil d’administration à la
fin de ce mois ce qui veut dire que dans un mois, si la réponse est favorable
nous serons à Lomé.
-et ton travail tu n’y as pas pensé hein. C’est seulement pousser l’humain
que tu connais.
-lol laisse ça mon cher. Madame CEO ne va pas chômer.
-ta bouche là, ironise-t-il tout en tapant ma cuisse avant de se lever de
table
En ce qui me concerne, je prends rendez-vous avec notre agent immobilier.
Il faut se libérer de l’hypothèque prise pour cette maison. Et avant vendre les
meubles. Je commence déjà une liste des choses à vendre et celles qu’on va
envoyer par conteneur pour notre maison au pays qui est déjà fini aussi. Aussi
ma lettre de démission je commence à l’écrire.
-Donc tu veux me dire que je me suis battu avec les pissenlits pour rien quoi,
je vais même pas bien profiter de mon jardin, dit-il depuis la baie vitrée
l’air dégoûté
-il faut laisser les mauvaises herbes repousser en paix bébé. Chacun sa
place dans la vie, rigolai-je. Il me regarde de travers et sort bière à la main
pour s’asseoir sur le patio.
Le pays nous attend please. Rien ne vaut son chez-soi.
***Vitalia Andrade***
Le plan c’était d’attendre la fin de l’été pour retourner à Paris, mais pai
(papa) arrête pas de se plaindre que je l’ai délaissé cette année. Du coup j’ai
décidé d’avancer la date de ma fête et partir trois jours après. C’est pas
évident de vivre dans deux maisons mais je trouve que mes parents se sont
plutôt bien adaptés au divorce. Sept ans séparés et depuis cinq ils ont des
rapports plutôt cordiaux donc je vais pas me plaindre non plus.
Je sais pas d’où je l’ai sorti cette motivation, mais je regrette de m’être
lancée dans cette cuisine au lieu de commander comme prévu. Le pire c’est que
je fais j’en suis uniquement à la pâte des pastels et il me reste encore celle
du pain à faire, ainsi que quelques bricoles.
Mãe devait normalement me filer un coup de main, mais on ne peut pas
compter sur elle après une soirée avec ses copines du quartier. Elle dort
encore à l’heure qui parle. Je m’active donc et suis rejoint par des amis; ceux
qui arrivent en général à l’heure lol. Il ne me restait plus qu’à mettre ma
trempette chaude d’artichaut et de poireau au four.
La table était déjà disposée dans le jardin avec quelques mets dessus. On
est entre potes même si Mãe a invité des gens aussi. On se connaît à peu près
donc je les laisse entre eux sans souci pour aller me pomponner. Une douche
rapide, j’enfile ma robe pour l’occasion, mes espadrilles aux pieds parce que
ça va danser fort et je sors rejoindre les autres. Mãe comme d’hab était déjà
dans la cour entrain d’amuser la galerie. Je fais un câlin aux enfants, dont
Rayan et Lilou puis tombe sur leur nounou de la journée.
-Salut Tee.
-Le H n’est pas pour les chiens, me répond-il
-J’aime Tee. C’est court
comme Vi.
-ah bon hein. Est-ce que tu as les épaules pour être comme moi?
-Selon toi, je lui réponds tête penchée sur le côté et rigole quand son
regard s’attarde sur ma bouche
Je le quitte au plus vite avant de l’attirer à moi pour un baiser pas
catholique du tout. Depuis qu’on a sauté le cap tous les deux, j’ai
l’impression d’être attirée à lui comme un aimant. Je fais le tour pour saluer
le restant des invités et me distraire de cette petite envie que sa voix rauque
avait fait naître dans mon bas ventre.
Les distractions se multiplient avec la musique, les pitreries de mãe et
deux amies qui essaient de me soutirer des infos sur lui. Infos que je refuse
bien sûr de donner et leur dit clairement qu’il est intouchable
-Pourquoi? Il est gay?
-Non je me le suis fait
-Nooonnnnnn, l’une crie
-lol t’es folle arrête de hurler
-tu es trop une tueuse. T’avais pas dit que tu ne voulais pas de gars?
l’autre me demande
-J’ai pas dit que c’était mon gars non plus.
-ok mais grosse ou pas? Il s’en sert bien?
-va au diable, rigolai-je
Comme si j’allais leur dire. Pas qu’elles vont essayer de vérifier. On se
connaît depuis belle lurette, y’a pas de ça entre nous. Par contre elles sont
super bavardes. Ça peut remonter à Douai si jamais elles ont des détails. Et
d’autres essaieront de tester. Il a assez de problèmes avec sa tante et son
oncle pour se rajouter des meufs curieuses sur le dos. Et peut-être bien que je
veux me le garder. Même si on a n’a jamais parlé d’avenir. J’y pense même pas.
Mais revisiter de temps en temps quand je descendrai voir mãe pourquoi pas s’il
est chaud.
La fête fut un succès. Mon cœur de guimauve a lâché. J’ai pleuré en faisant
mes derniers câlins à mes gens. Je reviendrai c’est vrai, mais ça sera plus
pareil surtout que certains aussi prennent leurs envols vers d’autres
destinations.
Le ménage est rapidement fait. Merci aux plats jetables y’a pas grand-chose
à laver en dehors des gros plats dans lesquels j’ai cuisiné. Mãe poursuivait la
fête chez les voisins. Quelques potes étaient restés pour nettoyer les plats
avec moi. J’allais troquer mes espadrilles contre des pantoufles quand je suis
rentré dans un torse solide. Les bras m’ont retenu. Et bien sûr ce Bentley
intense pour homme que je lui associe désormais me donnait encore une fois
envie de le manger de la tête au pied. La vraie question par contre c’est...
-qu’est-ce que tu fais là?
-On chasse aussi les invités de la fête?
-lol c’est pas ça. Je te croyais parti avec les enfants, dis-je en entrant
dans ma chambre avec lui derrière
-Je les ai ramenés puis je suis revenu. La moindre des choses c’est d’aider
à ranger.
-genre t’es gentil maintenant, blaguai-je
-Je suis gentil quand tu te tiens bien. En passant tu peux me donner le
numéro de la personne qui t’a fait les bedoumes et les pastels?
-les quoi?
-les petits beignets, clarifie-t-il
-Ah elle est chère hein tu peux gérer?
-c’est seulement pour le reste que je suis un prolétaire. Si c’est pour la
bouffe je vais trouver. Envoie aussi le numéro de la personne qui a fait le
gâteau tranché au citron là
-C’était du pain, pull apart bread au citron, pas du gâteau, dis-je amusée
-peu importe, tu as compris.
-j’ai pas son numéro, je la vois en vrai donc passe cinquante euros et je
place la commande pour toi
-Cinquanteee? C’est pour aller où avec? Je n’ai pas demandé mille beignets
et pastels non plus. Une trentaine pour les beignets et vingt pastels me vont.
-Genre tu paies juste les ingrédients quoi. Tu sais pas qu’on doit
rémunérer la main-d’œuvre.
Il maugrée quelques trucs, des plaintes sûrement lol et me dépose trente
euros sur la table.
-Je t’enverrai le reste.
-Ok dans ce cas je te ferai les pastels et bedoumes tu as dit?
-tu? C’est toi qui as fait la bouffe?
-yours sincerely même, confirmai-je avec un petit sourire moqueur puis je
me tourne pour chercher mon portefeuille, mais je me fais attaquer dans ma
propre chambre. Oh c’est ma tune maintenant, dis-je luttant pour esquiver ses
bras qui essaient de me retirer mon dû.
-on ne fait pas payer son grand, donne mon argent
-Non je garde, refusai-je avant de cacher mon butin dans le haut de ma robe
-c’est là-bas que je ne peux pas aller? souffle-t-il contre mon oreille,
mains soupesant mes lolos.
-pervers, murmurai-je d’une voix traînante, trahissant mon ressenti
-c’est ce que tu aimes ne fais pas semblant, se moque-t-il, soulève mon
menton et nos lèvres se joignent
Peut-être c’est le fait de savoir que c’est fini. Ou les dix verres de
punch que j’ai bu. Mais le baiser était rude. Avec des caresses gauches. Je
voulais juste me faire prendre sauvagement en levrette et comme je fais en
général ce que je veux, je me suis penchée, robe remontée à la taille par ses
soins, lui présentant ma croupe qu’il pressait fort il y’a quelques minutes et
il a saisi le message.
-fais-moi suer, je lui dis quand son gland danse à mon entrée
Il s’enfonce en un coup sec m’arrachant un ouf guttural. Un autre ouf a
suivi. Puis d’autres sons incompréhensibles tandis que mon entrejambe se
faisait ravager. Je dois m’accrocher à la table pour ne pas m’écrouler sous la
force de son corps frappant le mien.
-merde le préservatif, dit-il et s’arrête brusquement en plein culbutage
-Je suis clean et sur stérilet, me plaignis-je
Il ne faut pas le lui redire. Le coup suivant est si profond que je le
ressens jusqu’à la racine des cheveux. Je perds la notion de temps et d’espace.
La petite partie de mon cerveau qui peut encore réfléchir pense quand même aux
potes dans la cuisine, mais je ne peux retenir mon cri quand je jouis ni mes
mains qui pressent si fort mes lolos que j’aurais giclé du lait si j’en avais.
***TH Ndouo***
Je suis son cri avec un grognement incontrôlé et presse fort mon gland
dégoulinant de mouille contre sa fesse gauche ou droite je ne sais plus. Je le
presse encore...puis une troisième fois. Un bisou sur le front quand elle se
laisse tomber sur le lit. Je tombe à côté d’elle aussi, jean à mes chevilles,
fouine dans ma poche et me lance.
-c’est pour toi, dis-je un peu gêné, mais lui présente quand même le
collier que j’ai choisi depuis qu’elle m’a dit qu’elle s’en allait. C’est pas
la chinoiserie donc il faut en prendre soin. Je l’ai acheté à Top shop,
radotai-je davantage gêné. Moi aussi je suis trop sentimental des fois.
-on dit ça, mais qui sait si le manufacturier de Topshop ne se trouve pas
en Chine, plaisante-t-elle
-Avec le prix qu’ils m’ont chargé pour ce petit collier? Ils n’ont pas
intérêt, répondis-je et elle rigole puis se tourne avant de mettre sa tresse
sur le côté
Je comprends qu’elle veut que je lui mette le collier donc je m’exécute.
-ça me va bien non?
-bien sûr c’est quand même moi qui l’ai choisi
-Lol tu es incorrigible. Ton insolence va me manquer, elle me dit.
-Regarde qui parle, répondis-je avec un sourire moqueur
Je ne sais pas vraiment quoi rajouter et suis reconnaissant qu’elle ne
s’épanche pas trop en mots. Les au revoir c’est pas mon truc. Mais elle a été
une figure constante dans ma vie depuis ma venue en France. Je voulais lui
témoigner par ce collier qu’elle a compté à sa manière et va me manquer même si
elle me prenait beaucoup la tête.
Je rentre à la marche l’air un peu maussade et fredonne pitbull de booba
jusqu’à arriver chez moi, attendu par Garcelle la revenante. Je veux la
dépasser pour entrer, mais la fille me pousse avec ses deux mains.
-D’où viens-tu? elle me crie dessus de surcroît
-Mais attends, ton cerveau s’est noyé dans du jus ou quoi?
-J’ai dit tu rev-i-e-.....
Je la tire et la balance sur le côté avec le reste de sa phrase avant de la
plaquer contre le mur avec mon corps.
-Tu m’écoutes clair et bien. Je ne suis pas ton frère. On se comprend?
Denola c’est lui qui est né après toi. Je le suis peut-être, mais dans cette
relation je suis l’homme. Et je ne suis pas le genre sur qui tu feras tes simagrées
Garcelle. Si tu voulais savoir où je me trouvais, tu avais plusieurs jours pour
prendre ton putain de téléphone et m’appeler.
-tu ne m'as pas appelé non plus
-Je t’appelle parce que quoi? Tu as fini d’être fâchée? Ou de t’offrir les
meilleurs week-ends à Lille avec ton argent?
-J’ai....j’ai pas dit ça pour te blesser Thierry je suis désolé
-et c’est presque un mois plus tard que tu te sais désolée? dis-je avant de
la lâcher
-S’il te plaît...je me suis emportée le jour là, mais.....avec le
recul...je sais que je n’aurai pas dû. C’est juste que c’était 25 ans et...
-et 25 ans c’est l’âge où on a droit le droit de dénigrer l’effort des
gens? Tu ne peux pas savoir combien ton attitude m’a refroidi. J’aurais pu
faire mieux avec mon argent justement. Mais....
-Non non s’il te plaît....ne te fâche plus....oublions ça Thierry, me
dit-elle après s’être jetée à mon cou.
Les larmes m’émeuvent facilement. Elle m’a aussi manqué même si j’étais en
colère. Je referme mon étreinte tandis qu’elle me câline la tête et continue à
répéter ses excuses. Je comptais juste embrasser son front, mais elle me prend
un baiser qu’elle approfondit. Quand on se détache, Vita est non loin de nous. Le
regard neutre. Ma bouche est ouverte, mais je ne sais quoi dire. Mon cerveau
tourne à la vitesse de la lumière. Quand est-elle apparue? Qu’est-ce qu’elle
fait ici? Qu’a-t-elle vu?
-Oui qu’est-ce que tu veux? Garcelle demande depuis mes bras.
-Je venais retourner ceci. Rayan l’a oublié chez moi, dit-elle en montrant
le fidget spinner que Rayan a constamment en main. Garcelle lui retire. Je suis
toujours prostré bêtement, partagé entre la peur et l’envie de m’expliquer à
Vita. Oh ça aussi, rajoute-t-elle, puis enlève le collier avant de le déposer
sur mon épaule puis s’en aller
-les filles de cité vraiment. Elle nous voit collés, mais ça ne lui dit
rien. Elle doit nous déranger. Et elle portait même le collier de Lilou dans
quel cadre? Heureusement que tata s’en défait bientôt.
Vita n’a jamais répondu à mes messages que je lui ai envoyés le soir là. En
réalité je lui ai juste écrit des désolé, parle-moi et laisse-moi t’expliquer.
Pourtant j’ignorais par où commencer. Le lendemain je me suis rendu chez elle
pour apprendre par sa mère qu’elle était retournée sur Paris. Plutôt que la
date qu’elle m’avait donné en tout cas.
C’était l’histoire d’un été que je raconterai à mes garçons lorsqu’ils
seront ados. Une histoire sans règles, qui n’avait pas d’avenir, mais qui sans
être préméditée fut un bel exutoire pour moi. Arrivée au moment où je me
sentais acculé par la rigueur de mon quotidien. Je me rends chez Garcelle avec
qui nous avons une soirée cinéma prévue. La reprise de la vraie histoire. La
seule qui mérite que je m’investisse à fond.