7: Even when I dream of you, the sweetest dream will never do, I’d still miss you baby

Write by Gioia


***Essohana Bemba***



Depuis le début des vacances mon fils se fait rare. Il m’a parlé d’un souci avec une fille de sa classe qu’il aide. Une fille que je connaissais à la base comme l’amie d’Elikem et voilà qu’il m’apprend qu’elle est sa copine. Une idée qui ne m’enchante guère mais il est jeune donc je doute que ça aille loin. L’histoire qu’il m’a raconté avec la petite était plutôt sérieuse donc je n’ai pas trop insisté sur le côté petite amie outre la conversation que son père et moi avons eu avec lui. 


Sauf que comme je disais plus haut, les vacances ont filé à la vitesse de la lumière et je compte sur les doigts le nombre de fois que j’ai vu mon fils dans cette maison. 

J’ai dû l’appeler aujourd’hui et lui dire que je voulais le voir à la maison quand j’allais rentrer aujourd’hui. c’est lui qui m’a ouvert le portail à mon arrivée. Je lui ai remis mon sac et nous sommes entres ensemble. Je le tire dernièrement pour qu’il vienne voir ce que je fais en cuisine comme l’année prochaine il ne sera plus avec nous. Durant le repas je l’informe du programme du samedi prochain. 


Hana: on va aller à togoville donc tu ne bouges pas 


Elio: enfin maman tu me dis ça un peu tard. J’ai déjà un truc de prévu 


Hana: tu annules alors! 


Elio: tu as encore commencé hein. 


Hana: j’ai commencé quoi hein? Dis le moi donc. Le samedi prochain c’est dans cinq jours. Tu as quoi de si important à faire quand on va aller voir ton frère que tu n’as pas vu depuis plus de deux mois? 


Elio: voilà que tu bascules sur le chantage. En quoi j’ai dit que ce que j’avais à faire était plus important qu’Arthur? 


Hana: tu me parles de ce fameux truc important pour quoi alors? Ne pousse pas le bouchon Romelio. Personne ici ne t’empêche d’avoir ton programme. Même durant ton anniversaire tu nous a privé ton père et moi de ta présence pour la moitié de la journée. Aider ton amie c’est bien. Louable même. Mais le faire au point d’oublier que les autres existent c’est non. 


Elio: Ok. Mais il faut corriger, c’est ma petite amie. 


Hana: on a compris mr le copain des gens. Tant que tu me suis Samedi à togoville tu peux être le copain de qui tu veux. 


Elio: hum. Je vais venir surtout pour m’assurer que tu ne lui mentes pas que je préfère une fille à lui


Hana: ah on ne sait jamais. Un mot de travers est vite sorti, je dis pour le taquiner 


Je me réjouis quand il se prête au jeu et s’accroche à mon cou avec son bras 


Elio: je vais t’apprendre la vie aujourd’hui seulement tu vas voir 


Hana: (rires) hey Si jamais ma louche tombe de ma main tu verras! 


C’est mon mari qui vient le tenir par le col et lui rappelle qu’il a dit avoir une copine donc d’aller entourer son cou et laisser celui de sa femme. Après le repas, nous regardons ses séries favorites en famille. Il aime tellement les séries médicales mon fils. Mais je n’ai pas le droit de soulever les erreurs de pratique. On m’a dit de ne pas gâter son fun avec mes histoires. Je profite donc pour le questionner sur sa copine.


Hana: comment va ta copine depuis le temps? 


Elio: Oceane c’est son nom et elle tient comme elle peut 


Auxanges: Elle a décidé de quoi concernant sa mère au final. Elle ne veut pas la connaître? 


Elio: ca dépend des jours papa. Des fois elle dit qu’elle n’a pas besoin de quelqu’un qui ne s’est jamais intéressé à elle. Puis d’autres, elle se pose des questions. Elle se demande si elle vit bien. Si elle arrive à être en paix malgré tout. Ça elle ne le dit pas mais je pense qu’elle a du mal à assimiler le fait qu’une mère puisse laisser son enfant sans remords. 


Auxanges: tu m’étonnes. (Expression utilisée dans le sens de je ne suis pas étonné.) ce n’est pas monnaie courante donc ça peut choquer. 


Elio: du coup je ne sais pas quoi lui dire quand elle est comme ça. Quand elle a l’air.....amère.....et elle dit des trucs vraiment durs. Des insultes des fois. Je sais que c’est la douleur qui la fait parler mais je sais pas. Je la laisse dire jusqu’à quand avant de lui dire que c’est pas sain comme attitude et qu’elle doit laisser cette rancoeur sur le côté 


Hana: ah faut savoir qu’on ne guérit pas tous de la même façon. Je peux te dire dans un mois. Tu le fais et tu vas te buter à un mur. Elle peut même se retourner contre toi, tout comme elle peut ne pas. Rien n’est garanti dans la vie. Il te faudra t’armer de courage si tu dis l’aimer et vouloir être là pour elle. Et garde espoir qu’elle ira mieux un jour. Quand elle aura fini de verser son venin ou qu’elle se sentira à terre, rappelle lui que ça aussi passera. Rien n’est éternel. Et surtout tu n’exagères pas. Ton nom ce n’est pas Jesus mais Romelio. Tu n’es pas là pour sauver quelqu’un. Aider ok. Aimer ok. Mais sauver non. Ce n’est pas ton travail. 


Elio: d’accord maman 


Plus tard au lit, mon mari se met sur son coude avec la main sous le menton et me regarde comme si j’étais une nouvelle personne. 


Hana: c’est la même robe de nuit depuis deux jours hein papa. Les étoiles dans les yeux viennent d’où? 


Auxanges: trois fois rien. Je me rejoue les conseils que tu as donné à Romelio. 


Hana: j’ai exagéré tu trouves? Je demande confuse. On sait que le diplomate et grand conseiller parmi nous c’est mon mari. Moi je suis plus abrupte et je classe plus facilement les trucs de stupides et bêtes que lui. 


Auxanges: c’était si joliment dit que je n’avais rien à ajouter. On m’aurait rapporté que ma femme avait dit ça que j’aurais demandé si on parle bien de ma Hana. Je me demande quand est-ce que tu es passée de cette femme qui affichait cinq au comptoir de la tolérance à 95? Je dormais ou j’étais trop sous ton charme pour ne pas avoir remarqué? 


Hana: pour un homme de foi tu aimes trop être sous le charme toi, je dis amusée avant de me coucher 


Auxanges: je suis réconforté dans ma faiblesse parce qu’elle ne s’exprime qu’avec ma femme. 


Hana: (rires) tu veux quoi cette nuit auxanges le poète. 


Auxanges: te dire que je t’aime et ton évolution me rend fier, il dit avant de m’embrasser 


Hana: je t’aime aussi chéri. Te côtoyer me rend meilleure, je ne le dirai jamais assez. 


Auxanges: je peux donc compter sur toi pour ne pas aller te bagarrer avec la grand-mère d’Arthur vu que je ne pourrais pas faire le déplacement? 


Hana: hum! Tant qu’elle ne déborde pas je resterai dans mon sentier


Auxanges: tu es incorrigible, il dit après un rire joyeux et me serre plus fort contre lui. 

Je ferme les yeux et pose ma main paisiblement contre son torse. 


Elikem Perla Xena Akueson


Les Adamou sont encore de visite chez nous aujourd’hui. Honnêtement, je ne m’attendais pas à passer des vacances pareilles. Océane n’aurait pas son problème que j’aurais déclaré ses vacances les meilleures depuis un moment. Et je donne tout le crédit à ce petit groupe de marmots qui traîne dans ma chambre sans invitation. Je nomme Aurore, Hope, Aïdara, Ida, Mally et Snam. Dommage la tête de file soit Aurore n’est pas de la partie aujourd’hui. Il y’a six jours elle s’envolait avec papounet et tata pour Paris. On sent son absence mais l’ambiance n’en est pas moins intéressante. Papa a fait craqué maman et j’ai eu ma TV en chambre ces vacances. Ma tête est posée sur les cuisses de Hope à sa demande. Le massage qu’elle me fait est digne d’un traitement royal. Du moins je pense. Faudra vérifier avec les reines pour savoir si elles reçoivent ça. J’ai connecté mon ordi et je leur cherche quoi regarder.


Elikem: alors trolls? 


Ida: oh j’ai déjà regardé. En plus y’a ma chanson favorite dedans.


Mally: je veux pas regarder un truc de fille


Elikem: regarde celui qui parle. Tu ne regardes pas correct.....


Mally: ehhhhhhh rahhhh....il crie en sautant sur moi pour couvrir ma bouche 


Aï:  Mally hegarde teletssubies, Elle dit en rigolant 


Mally: c’est pas vrai et d’abord c’est un secret il crie en pleine face d’Aïdara avant de se jeter sur elle aussi pendant que les autres rient 


Elikem: vous deux je vais vous sortir hein. Faut pas saccager mon lit. Bon, Charlie et la chocolaterie alors? Le 2 est ici je pense 


Ida: oh non j’ai peur de Willy Wonka 


Elikem: heuh ok. Bon ici ça dit les cinq légendes, ça serait....


Ida: c’est sur un méchant esprit Pitch qui arrive sur terre pour attaquer les enfants. Très bon. 


Aï: woawooowwww sou connaît tout tout 


Elikem: je ne te le fais pas dire. Je rajoute surprise 


Ida: désolée c’est que j’ai tout regardé sur Netflix avec maman. Elle dit avec un sourire contrit 


Elikem: eeekkk tout? Je dis toujours surprise 


Ida: anhan (hochant la tête), les congés et vacances on fait que regarder les films, tricoter et manger. 


Macy: oh donc tu fais pas le vélo ou la piscine? 


Elikem: on ne fait pas la piscine. On y va 


Elle répète avec la correction avant qu’Ida ne réponde en secouant la tête et mon idiot de frère de rire qu’elle sait pas faire le vélo à son âge et bien sûr Aï aussi rigole. Je leur fais les gros yeux. Mally se range mais Aï continue à rire et répéter comme si j’étais invisible. 


Ida: mais papa a promis que je vais faire un jour! Elle dit un peu sur la défensive 


Elikem: faut pas regarder ses deux là. Ils sont nuls 


Mally: eh maman a dit de ne pas nous insulter 


Aï: c’est vrai ça. 


Elikem: courrez lui répéter alors. Tant que vous allez rire d’Ida vous serez nuls. 


Snam: Mais pourquoi tu vas pas à la piscine? C’est ton papa et ta maman qui t’ont puni parce que t’as fait les choses? Elle demande confuse


Ida: bah non j’ai rien fait. Elle aussi répond confuse.


Macy: moi aussi je....ummm.....le vélo j’aime pas trop tu sais. Elle dit en prenant la main d’Ida. Je rigole doucement dans ma tête. Celle qui dit ne pas aimer le vélo c’est celle-là même qui rappelle à tonton Magnim de gonfler ses pneus presqu’un mois avant le début des vacances parce qu’elle le veut tout prêt pour sa première sortie. Qui ne connaît Macy et sa hope mobile (surnom du vélo) dans leur petit coin du quartier. Mais C’est du Macy tout craché ça. Dès qu’elle pense que tu es triste, elle doit essayer de te remonter le moral, quitte à minimiser ou mentir. 


Mally: je peux t’apprendre le vélo tu sais


Ida: Ho pour de vrai? Elle demande en se redressant avec un immense sourire au visage 


Elikem: ne commence pas les promesses que tu ne peux pas tenir monsieur 


Mally: mais je sais faire le vélo. Pas vrai que c’est moi qui t’ait appris Aï? 


Aï: tsou m’a poussé toi. C’est papa qui m’a mantré 


Mally: c’est comme ça qu’on apprend. Il faut tomber un peu. 


Elikem: le grand prof, je dis moqueuse 


Mally: c’est pas drôle Perla. Je vais pas t’apprendre si tu continues 


Elikem: lol fini de regarder les teletubbies avant le grand prof 


Mally: ça c’est les choses que j’aime pas moi! Il grogne tout en quittant la chambre avec l’air bien renfrogné 


Elikem: il faut bien signaler à maman aussi, je rajoute en plein rire comme les autres 


Mally: j’vous aime pas! Il nous crie au loin 


Elikem: on s’en fout, je réplique tout en rigolant jusqu’à mettre la main sur mon front 


On se choisit un film et en plein milieu celui qui ne nous aime pas revient avec une glace dans sa main.


Mally: que personne ne me demande. 


Macy: mais.....


Elikem: lol Macy c’est toi qui le regarde.  Genre c’est toi seul qui a le droit à la glace dans cette maison quoi 


Mally: c’est ma maman qui m’a donné. 


Elikem: mieux de toi. Tu as ta maman. Qui veut quoi comme glace? 


Mally: papaaaaaaa Elikem elle me copie encore!!!!! 


Elikem: la chanson dit quoi encore? Tinky winky.....


Aï: dipsy laa-laa.....


Elle continue sa chanson comme si Mally ne lui lançait pas le regard de la mort. La façon dont je ris, c’est pas normal pour mon âge mais faut m’excuser. Ce petit se prend trop pour le roi de la maison. 


Je sors avec les commandes de chacune des filles et vais chercher les glaces. Au retour, les filles sont à côté des parents qui discutent joyeusement. 


Ida: papa on va aller faire le vélo devant la maison avec les autres dis? 


Tao: tu ne sais pas faire le vélo mon ange. 


Ida: Mally il va m’apprendre. Il a dit qu’il a montré à Aï, pas vrai? 


Belle: Yeee qui a montré quoi à Aï? 


Mally: mais si j’ai montré. Je l’ai poussé 


Eli: mais oui tu as très bien poussé d’ailleurs, il réplique avec ironie 


Magnim: j’étais moi-même là et j’ai tout vu correctement. Il a montré de façon exhaustive. Il rajoute sur le même ton que papa 


Mally: Voilà, il dit puis me tire la langue. 


Elikem: l’enfance c’est trop bien lol 


Belle: laisse ton frère vivre un peu sa gloire, elle aussi dit avec amusement 


Ida: bon y va papa. À toute 


Tao: ah ah ah, on revient ici, il dit en l’attrapant quand elle allait filer à la course. Tu reste avec moi. Mon bébé me manque 


Ida: mais bon papa, je veux aller faire le vélo, elle dit en rigolant à cause de ses chatouilles


Tao: quand on arrivera à l’hôtel on va en faire 


Ida: non tu mens c’est pas vrai 


Farida: chérie on ne dit pas à un adulte qu’il ment. Elle dit sur un ton conciliant 


Elikem: En....


Je sens qu’on me tient la main. Je lève la tête et c’est maman. Elle me mime non de la bouche. Les minutes qui suivent, je vois la petite essayer de s’extirper des bras du général Tao sans succès. Même pour revenir dans la chambre avec nous, sa mère a dit non de façon déguisée. Elle est trop fatiguée, c’est ce qu’elle a dit avec un sourire de circonstance. Je lui ai remis sa glace et la dernière image que j’ai vu en entrant ce sont les deux larmes rouler sur ses joues tandis qu’elle nous regardait retourner en chambre. Le film n’était plus intéressant pour nous. Même Mally qui est soit taquin ou joueur, était tristounet. Nous sommes ressortis quand Tata Ciara est venue chercher les filles pour rentrer. J’en ai profité moi pour dire le fond de mes pensées. Bien sûr quand les enfants n’étaient pas à côté.


Elikem: je sais qu’on m’a rien demandé mais je dois quand même dire. Avouez que vos amis ils exagèrent quand même. 


Ciara: ma belle c’est pas de ton âge donc laisse seulement, elle dit tout en câlinant mon dos


Elikem: ah non. Ok On comprend qu’il y’a un passé douloureux entre vous mais en tant qu’amis vous devez leur dire qu’ils ne font pas du bien à leur fille. Qu’est ce qui allait se passer s’ils permettaient qu’elle fasse du vélo devant la maison avec nous? J’allais être présente. 


Mally: c’est vrai! 


Belle: C’est comme ça que tu m’attends dans la salle de bain Mally? 


Gisèle: en plus nous montrer son cacayi (quequette) fata (cadeau) 


Mally: ho t’a rien vu! Il dit avec les mains cachant son petit truc là et court vers la chambre des parents comme il est arrivé brusquement aussi 


Magnim: faut prendre le cœur ma puce tu sais. Ne crois pas qu’on ne voit pas tout mais certaines choses doivent se faire en douce sinon on obtiendra rien 


Elikem: hum. Je fais faussement conciliante. Clairement personne ne comprend ou essaie de comprendre la position d’Ida. 


J’attends que le monde s’éparpille avant d’aller en causer avec celle qui comprend tout. Je raconte à grand maman ce qu’Ida m’a dit sur son quotidien à Marseille. 


Elikem: alors c’est moi qui exagère? 


Gisèle: non tu n’as dit que la vérité mais dans cette vie là les choses sont pas simples oh. Mieux il faut faire doucement. 


Elikem: genre Elle allait disparaître sous mes yeux dehors quoi! Dehors avec moi? 


Gisèle: on sait quoi? Avec les crimes que j’entends à la radio. Mieux tout le monde garde son enfant dedans. Toi même tu sais que je n’aime pas voir le pied d’Aïdara et Mally dehors. Toi c’est parce que tu fais la forte tête sinon tes sorties de vacances aussi j’aime pas ça 


Elikem: zizèle c’est toi même qui me dit ça? Qu’est ce que tu as mangé? 


Gisèle: il faut venir écouter la radio avec

moi tu vas comprendre. Vol à gauche à droite. Disparition bizarre. Les temps sont dangereux. 


Je la regarde un peu déçue, moi qui cherchait un appui. Après le dîner je me retire en chambre. Comme la rentrée approche à grands pas je prépare les fournitures de tous en couvrant les cahiers.


La voix de papa me fait sursauter et lâcher mon ciseau. Il le ramasse tire la chaise de bureau que j’ai ramené dans ma chambre pour jouer des fois. 


Eli: tu as bien avancé à ce que je vois


Elikem: ummm ouais j’ai commencé depuis un moment aussi. 


Eli: envoie les par ici comme ça je finis. 


Elikem: d’accord.  


Ainsi on travaille à la chaîne comme les employés de Ford dans le début des années 1900. Je couvre de papier brun. Il plastifie. 


Eli: donc tu nous reproches notre silence face à l’attitude de nos amis. 


Elikem: c’est pas que je vous reproche mais......oui je vous reproche. Avoue que c’est abusé. Pourquoi elle ne pouvait pas revenir dans la chambre avec nous? Je dis pas qu’ils sont des mauvais parents mais c’est lourd comme vie je trouve. Autant on a besoin du cocon familial autant on a besoin de s’en détacher un peu aussi pour faire nos propres expériences. 


Eli: tu as raison. 


Elikem: mais? Je rajoute après un moment 


Eli: pas de mais. Tu as raison. 


Elikem: ok? Je....heuh tu vas leur dire? Essayer au moins? 


Eli: Oui 


Je me jette à son cou et l’enlace sans retenue. 


Elikem: tu es le meilleur 


Eli: j’aimerais le rester....si tu permets que je respire un peu....il dit d’une voix étouffée 


Je me détache brusquement et croise mes mains sur ma poitrine. J’ai même pas de soutien et me voilà me jetant encore dans la gueule du loup en collant mon corps à celui du type qui hante mes rêves. 


Elikem: je...ummm...oh....j’ai bien sommeil. Je dis en baillant faussement 


Je ne le regarde pas directement mais je sens bien ses yeux sur moi. Il se lève et tapote ma tête. 


Eli: quand tu seras prête à me parler sache que je serais toujours là. D’ici là dors bien. Il dit puis me fait un bisou sur la tête avant de sortir 


Je me couche directement et pries fort que les rêves ne reviennent pas à cause de ma bourde de ce soir. 



Farida Adamou


Il ne nous reste qu’une semaine à faire ici. Vivre cette anxiété quotidienne mais faire semblant de tenir. Une semaine avant de retrouver la sécurité de notre maison à Marseilles. Je devais me déplacer pour rencontrer la communauté qui fabrique le beurre de karité que j’utilise pour confectionner les produits que j’offre sur mon site. Mais c’est finalement Tao qui fera le déplacement à l’intérieur aujourd’hui . Magnim lui a proposé de faire le trajet avec lui parce que lui même devait aller dans un village proche du mien. 


J’aurais passé la journée ici à l’hôtel avec Ida mais Ciara a réussi à me convaincre de venir voir son agence. C’est vrai que nous devons discuter aussi de quelques affaires. Elle se charge après tout de l’acheminement de ma marchandise jusqu’au port pour qu’elle me soit livrée en France. Mais trouver la force de détacher de ma fille c’est au dessus de moi. Si elle est loin de mes yeux, je dois au moins entendre sa voix. C’est ce qui m’apaise. Toutes les fois où nous allons chez les Laré AW, Belle dit à ses enfants de laisser la porte ouverte lorsqu’ils s’en vont ensemble. Toute la nuit derrière, on a du lui expliquer encore que ce n’est pas contre elle. Nous essayons simplement de faire notre travail de parent. De ne plus refaire les mêmes erreurs. Je ne pense pas qu’elle ait compris parce qu’elle n’a pas cessé de pleurer jusqu’à s’endormir. Et je n’ai pas fermé les yeux. Toute la nuit je regardais son beau visage angélique dormir paisiblement dans mes bras, contre mon cœur. Je ne veux pas me retrouver dans une situation où je dois imaginer son sourire, son rire, son toucher. 

Heureusement Ciara pour me faciliter la tâche a proposé qu’elle viendra me chercher. Depuis qu’elle sait qu’on sort, Ida est de meilleure humeur. Je lui ai sorti sa chemise rose ainsi que la culotte jean qu’elle voulait. Ciara a prévenu par message qu’elle était en bas. Avant de sortir j’ai pris la main de ma fille et je l’ai fait asseoir sur mes jambes pour lui parler 


Farida: on va aller à l’agence de tata Ciara pour quelques minutes. Tu restes sage je t’en prie chérie. Tout ce que je dis tu le fais ok? 


Ida: maman rien ne va m’arriver je te promets 


Farida: je ne dis pas ça bébé mais tu dois faire ce que je te dis toujours. Promets le Pour moi s’il te plaît. 


Ida: promis de promis et d’accord. Croix de bois 


Farida: (rires) mon bébé ne va pas aller en enfer, pas la peine. 


Elle prend ma main et nous sortons toutes les deux. Son sourire est immense quand elles voient les filles de Ciara à l’arrière qui lui font des signes de main aussi. On s’engouffre dans l’intérieur climatisé. Moi devant. Elle derrière avec ses amies. 


Farida: coucou les filles ça va? 


Snam: oui, on va travailler avec maman aujourd’hui 


Ciara: c’est ça. Faut pas prendre mes papiers rames pour aller à Togoville surtout, elle dit en rigolant avant de démarrer 


À notre arrivée, Hana est sur place accompagnée de son fils ainsi qu’Elikem et ses deux petits. 


Farida: c’est la réunion on dirait bien


Hana: ah je suis en partance pour Togoville donc je passais chercher les filles. 


Farida: oh tout le monde part?


Macy: non moi je vais pas aller. Il y’a les crocodiles dans le lac


Hana: On y va en voiture demoiselle. 


Macy: oui mais y’a les crocodiles. 


Hana: Mally et Snam n’ont pas peur et c’est une grande comme toi qui fait le bébé? 


Elle s’accroche à la main de sa mère ce qui fait rire Ciara et soupirer Hana. 


Nous entrons dans le bureau de mon amie, le temps qu’elle remette un colis à Hana puis elle est partie avec son monde. Nous restons ensemble avec Macy et Ida. Ciara s’excuse pour un appel qu’elle doit faire en urgence donc je discute avec les filles qui se moquent de mes bâillements incessants. 


Elikem Perla Xena Akueson 


On se retient à peine de rire romelio et moi. Pauvre tata Hana a sorti sa Honda Pilot de huit places juste pour le voyage et voilà que Hope annule à la dernière minute ainsi qu’Océane. Aïdara ne voulait plus sortir de la maison aussi dès que sa tata d’école madame Héloïse est venue aujourd’hui. Son père ne voulait pas qu’elle fasse un trajet si long. Aussi il a dit qu’ils allaient recevoir quelqu’un à la maison. 


Tata n’est pas habituée à conduire la grosse voiture de son mari. Elle c’est sa Kia Forte que Romelio partage de force avec elle. Mais elle refuse aussi que Romelio gère simplement la conduite. Sur le chemin, elle s’est même rendue compte qu’elle n’avait plus son sac à main. Nous avons donc refait le trajet jusqu’à l’agence de tata mais il n’était pas non plus là. La pauvre tata Farida était écroulée de sommeil sur la table de tata Ciara par contre. Nous avons fait doucement pour ne pas la réveiller. Nous comptions retourner chez tata Hana quand tonton auxanges a appelé pour justement lui dire qu’elle avait laissé le sac sur la table. Les soucis quand tu utilises le même sac pour le travail puis change les jours de congés. Les habitudes sont dures. En tout cas il était déjà en chemin pour venir lui donner comme elle lui a indiqué. Comme les enfants jouaient à côté de la secrétaire et tata s’était lancée dans une conversation passionnée avec madame Ama, Romelio et moi avons tracé en direction de la petite buvette pour nous acheter de quoi rafraîchir nos cœurs par cette chaleur accablante. Tata Hana nous rejoint même pas cinq minutes plus tard comme quoi elle ne voulait pas déranger madame Ama dans son travail. Mais Romelio s’est dépêché de lui dire que c’est pas grave, elle peut admettre qu’on l’a chassé sans problèmes. Elle frappe sa cuisse et lui demande de lui offrir un petit pompom comme il est même le copain des gens maintenant. Il réplique que sa moquerie de la relation des gens n’est vraiment pas bien tout en lui payant la boisson. L’attitude de tata me fait vraiment plaisir. Vu ses sous-entendus sur nous je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle soit aussi relax mais la vie est faite de surprises après tout. Nous quittons la buvette quand tonton auxanges appelle. On discute un moment avec tonton dehors avant de partir. Snam nous rejoint un moment avec ses nombreuses questions. Puis elle monte et je vois déjà la tête de Mally derrière. Bien concentré sur la tablette de tata. Même les canettes de fantas qu’on leur a pris ne les intéressaient pas. Nous avons repris la route. Romelio était à côté de sa mère, lui donnant des cours non sollicités sur comment bien conduire. J’ai enfilé mes écouteurs moi et fermé mes yeux. 


Ida Adamou 


(En arrière de la voiture, les enfants chuchotent) 


Snam: tu es sûr qu’on va pas nous attraper? 


Mally: chut mais non. Hope a dit que la tata secrétaire faisait beaucoup les va-et-vient et ta maman est très occupée donc personne ne va voir. 


Ida: et puis on va vite rentrer han? Je dois revenir avant que maman se réveille. Je dis depuis le pagne sous lequel je me suis cachée.


Je suis montée avec l’aide de Mally et snam quand tata Hana discutait avec son mari et les grands. Comme la porte coulissante était déjà ouverte, je suis entrée pendant que Snam discutait avec Elikem pour la distraire. Je me suis couchée et Mally a tiré un pagne dans les affaires sur le siège derrière nous pour mettre sur ma tête. Hope a refusé de venir. Elle a dit qu’elle allait rester comme ça la tata secrétaire ne va pas se poser trop de questions. Je suis trop contente. C’est la première fois que je sors avec des amis. C’est pas comme quand maman est derrière moi tout le temps. On joue sur la tablette avec Mally et Snam. Des fois on rit trop fort mais heureusement on est loin et tata Hana a mis la musique. 




C’était très difficile de rester couchée avec les jambes au sol mais finalement Mally m’a soufflé que nous sommes arrivés. 


Elikem: allez non, vous ne sortez pas? 


Mally: je....je me sens pas très bien 


Elikem: tu as quoi? 


Mally: j’ai trop mangé de bonbons à la maison je pense 


Hana: vous faites quoi en arrière? Elle demande au loin 


Elikem: Mally dit qu’il ne....


Mally: j’ai déjà bu le médicament. Je vais me coucher un peu avant de venir 


Snam: je vais rester avec lui. 


Elikem: hum. Ok je reviens dans cinq minutes. Restez dans la voiture. Elle dit puis ferme la portière coulissante 


Je me lève enfin et respire un bon coup. 


Ida: oh la terre rouge partout. 


Snam: c’est le village. 


Ida: ah oui? 


Mally: non c’est une petite ville. C’est ça que Arthur a dit. 


Ida: Arthur c’est qui? 


Mally: le petit frère de Romelio. C’est lui qu’on vient voir. 


Ida: on sort voir la terre rouge? 


Snam: il y’a aussi le lac ici. On va voir. 


Ida: su......


Je me courbe en vitesse mais c’est trop tard. La porte s’ouvre et Elikem nous dit d’une voix très sévère de nous lever. 


Snam: c’est Mally qui a dit 


Mally: hey tu étais dedans! 


Ida: pardon faut pas les punir c’est ma faute. 


Elikem: vous foutez quoi ici enfin Ida! Vous avez fait comment? Elle dit très fâchée 


Snam se met à renifler. Je mets la main autour de son épaule et j’essaie de la consoler. Elikem nous donne un coup sur la tête à chaque personne quand on descend. Ça fait si mal que je tiens ma tête. On lui raconte à tour de rôle ce qu’on a fait. Comment l’idée nous est venue quand ils sont revenus à l’agence et on a profité d’un petit moment pour le faire. 


Ida: je voulais regarder togoville et faire le voyage avec tout le monde Perla. C’était pas pour être désobéissante. 


Elle nous regarde durement pour un moment puis elle prend nos mains et nous entrons dans une maison pas belle de l’extérieur. La porte est rouillée. Mais l’intérieur est très grand. C’est bizarre de voir les poules marcher dans la maison. Elles sont même pas dans le poulailler. Les moutons aussi. Tata Hana est assise sur un tabouret. Tout comme Romelio. Un petit garçon est à ses côtés. Et une mamie est sur un autre tabouret. Dès qu’elle me voit tata Hana se met à crier 


Hana: IDA! C’est comment! 


Elikem: j’ai déjà réglé le tout tata 


Hana: régler? Mais enfin IDA???? MALLY? 


La mamie parle le mina. Je reconnais quelques mots mais je ne parle pas. Tata lui répond tandjs que je m’assois avec snam sur les jambes de Romelio puis Mally est avec Elikem. 


Romelio Tchaa Bemba 


Treize ans ce n’est pas trop tôt pour avoir le béguin non? Parce qu’Arthur n’a pas cessé de jeter des coups d’œil vers Ida. Après nous avoir gratifié de son appétit financier vorace la mamie d’Arthur nous a finalement donné un peu d’intimité avec mon petit. Faut juste voir maman pour comprendre qu’elle veut étriper les petits filous ici mais aussi ne supporte pas la mamie qui nous invente toujours un souci quand on arrive ici. Aujourd’hui c’est son genou qui la fait souffrir. Elle veut venir à Lomé pour se faire soigner. L’hôpital où elle va ici et que maman l’air ne lui convient plus. Elle a même dit qu’elle doit venir à Lomé pour un bon mois. Le fait qu’elle vit seule avec Arthur et le petit se trouverait seule en son absence lui a clairement échappé. 


Une fois seuls, nous pouvons papoter. 


Hana: et tu manges assez tu dis mon petit? 


Arthur: oui tata. Ça va bien ici. 


Hana: ok, je vais te remettre de l’argent. Comme je t’ai dit tu le gardes et en cas d’urgence tu cours à une cabine pour m’appeler d’accord? 


Arthur: oui. 


Ida: c’est quoi une cabine? 


Elio: un endroit où on fait des appels après avoir payé. Un peu comme un poste téléphonique publique 


Ida: oh wow. On peut aller pour appeler maman? 


Hana: eh merde! Je n’ai pas appelé Farida. Vous allez me tuer ces enfants, je reviens! Elle dit tout haut sur un ton affolé en partant avec son téléphone 


Elio: vous avez vraiment déconné. 


Arthur: ils ont fait quoi? 


Mally: on a caché Ida dans la voiture pour venir te voir. Elle n’a jamais le droit de sortir donc on l’a aidé 


Arthur: pourquoi tu n’as pas le droit de sortir? 


Ida: parce que ma maman a peur que je disparaisse comme mon grand frère Laith 


Arthur: .....ok. Mais il faut faire attention alors. Si ta maman a peur tu ne dois pas lui en faire davantage. C’est pas donné à tout le monde d’avoir une mère tu sais. Je n’en ai pas moi donc tu dois être gentille avec la tienne 


Ida: tu n’as pas de maman? Elle est partie au ciel? Elle demande tristement 


Arthur: oui. Mais j’ai ma mamie, ma tante, tata Hana, Rome et tout le monde 


Ida: moi aussi, elle rajoute 


Arthur: ah ouais? Il dit avec un sourire. Celui que je lui ai appris à sortir sur maman quand il fait une bêtise 


Elle hoche la tête et lui prend la main. 


Ida: je vais te donner le numéro de téléphone à la maison tu vas m’appeler dans la cabine des fois? 


Elio: heba le premier jour comme ça échange de numéros? Tu es fort oh Arthur 


Elikem: pauvre con 


Les enfants rigolent tandis que maman revient avec un air inquiet. La séparation est toujours difficile. Surtout pour moi. À Lomé on a assez de place pour Arthur mais cette tante là qu’il a à l’étranger met son veto quand ça lui plaît. On ne peut pas emmener Arthur. Nous lui ramenons autant de choses que possible. Cette fois il y’avait des fournitures, tenues scolaires, quelques vêtements, des livres, et une game boy toute simple que je lui ai pris pour qu’il puisse se distraire de temps en temps. Bien sûr maman achète du maïs, charbon, riz, de l’huile, de la tomate en pâte, des sardines, du Lait Nido, du chocolat Ovaltine en plus de mettre une somme dont je ne connais pas le montant dessus le tout à la demande de papa. On lui achète les vivres directement pour qu’elle évite d’envoyer constamment Arthur au marché. 


Après une heure trente de trajet, nous débarquons au Radisson Blu lieu de résidence d’une Ida qui a tellement aimé la visite à togoville qu’elle ne parlait que de ça durant le trajet. On monte avec maman bien qu’elle ne veuille pas au début. La porte s’ouvre et tata Farida est entourée par tata Ciara. Dès que je vois le visage des deux je ressens la tension et gravité de la chose. 


Elio: tout s’est bien passé. Elle ne voulait pas faire du mal. Je dis en tentant une approche. 


Elikem: oui en plus je l’ai déjà puni très sévèrement, elle rajoute quand Ida quitte derrière elle pour se diriger vers sa maman 


Ida: maman s’il te plaît faut pas....


La gifle sonore que tata Farida colle à sa fille nous choque tellement que nos corps réagissent presque en même temps. Tata Ciara la tient par l’arrière. Maman lui prend les épaules par l’avant. Tata Farida pleure silencieusement. Sur son visage se lit la peur et la colère. Sa poitrine se soulève avec force comme si elle respirait difficilement. Elikem est accroupie à mes côtés et je tiens une Ida qui tremble dans mes bras. Je ne comprends même pas comment elle ne pleure pas vu la violence de la gifle. Elle a juste la main sur la joue et regarde sa mère comme si elle était en état de choc. 


D’amour, D’amitié